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Full text of "Dictionnaire des sciences naturelles, dans lequel on traite méthodiquement des différens êtres de la nature, considérés soit en eux-mêmes, d'après l'état actuel de nos connoissances, soit relativement à l'utilité qu'en peuvent retirer la médecine, l'agriculture, le commerce et les artes. Suivi d'une biographie des plus célèbres naturalistes"

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DICTIONNAIRE 

DES 

SCIENCES  NATURELLES, 

DAIVS    LEQUEL 

ON  TRAIJF.  MÉTHODIQUEMENT  DES  DIFFÉRENS  ÊTRES  DE  LA  NATOJIE  , 
CON'âlDélVÉS  SOIT  EN  EUX-MÊMES,  d'aFRÈS  T/ÉTAT  ACTUEL  DE  NOS 
COlàNOISSANCES  ,  SOIT  RELATIVEMENT  A  l'utILITÉ  QU'eN  PEUVENT 
RETIRER  LA  MÉDECINE  ,  l'aGRICULTURE  ,  LE  COMMERCE  ET  LES  ARTS. 

SUIVI    D'UNE   BIOGRAPHIE   DES    PLUS    CÉLÈBRli 
NATURALISTES. 

PAR 

Plusieurs  Professeurs  du  Jardin  du  Roi  et  des  principales 
Ecoles  de  Paris. 

TOME  QUARANTIÈME. 


PHOR-PO.. 


m 


F.  G.  Leveault,  Editeur,  )à  STRASBOURG, 
et  rue  de  la  Harpe,  N.''  81 ,   à  PAB,IS. 

Le  Normant,  rue  de  Seine,  N.*"  8,   à  PARIS. 
1826. 


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LIBRARY     OF 


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DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES  NATURELLES- 

TOME  XL. 


PHOR  =  PIM. 


Le  nombre  d'exemplaires  prescrit  par  la  loi  a  été  dé- 
posé. Tous  les  exemplaires  sont  repêtus  de  la  signature 
de  l'éditeur. 


DICTIONNAIRE 

DES 

SCIENCES  NATURELLES 


DANS   LEQUEL 

aN  TRAITE  METHODIQUEMENT  DES  DIFFÉRENS  ÊTRES  DE  LA  NATURE, 
CONSIDÉRÉS  SOIT  EN  EUX-MÊMES,  d'aPRÈS  l'ÉTAT  ACTUEL  DE 
NOS  CONNOISSANCES,  SOIT  RELATIVEMENT  A  l'gTILITÉ  Qu'eN 
PEUVENT  RETIRER  LA  MÉDECINE,  l'aGRICULTURE  ^  LE  COMMERCE 
ET    LES    ARTS. 

SUIVI  D'UNE  BIOGRAPHIE  DES  PLUS   CÉLÈBRES 
NATURALISTES. 

Ouvrage  destiné  aux  me'decins,  aux  agriculteurs,  aux  commercans, 
aux  artiste*,  aux  manufacturiers,  et  à  tous  ceux  qui  out  intérêt 
à  connoître  les  productions  de  la  nature,  leurs  caractèresgént'riques 
et  spécifiques,  leur  lieu  natal,  leurs  propriétés  et  leurs  usages. 

fAR 

Plusieurs  Professeurs  du  Jardin  du  Roi,  et  des  principales 
Ecoles  de  Paris. 

TOME  QUARANTIÈME. 


F.  G.  Levrault,  Editeur,  à  STRASBOURG, 

et  rue  de  la  Harpe,  n.**  81,  à  PARIS. 

Le  Normant,  rue  de  Seine,  N.^'S,   à  PARIS. 

1826. 


Listp  des  Auteut^s  par  ordre  de  Matières. 


Phjsique  générale. 
M.   LACROIX  ,    membre  de  l'Acadéaiie  des 
Sciences     et     professeur     au     Collège     de 
France.  (L.) 

Chimie. 
M.   CIIEVREUL,  professeur  an  CoUëge  royal 
de  Charlemagne.   (Cb.) 

Minéralogie  et   Géologie 
M.  BRONGNIART,    membre  de  l'Académie 

des  Sciences,    professeur   à  la  Faculté  des 

Sciences.  (B.) 
M.    BROCHANT   DE   VILLIERS  ,     membre 

de  l'Académie  des  Sciences.    (B.  deV.  ) 
M.   DEFRANCE,    membre     de    plusieurs 

Sociétés  savantes.  (D.  F.) 

Botanique. 

M.  DESFONTAINES,  membre  de  l'Académie 
des  Sciences.    (Desf.) 

M.  DE  JUSSIEU,  membre  de  l'Académie  des 

Sciences,  prpfesseurau  Jardin  du  Roi.  (J.) 
M.  MIRBEL,    membre    de    l'Académie     des 

Sciences  ,      professeur    à     la     Faculté     des 

Sciences.   (B.  M.) 
M.  HENRI  CASSINI  ,  membre  de  la  Société 

pbilomatique  de  Paris,  (II.  Cass.) 
M.   LEMAN,   membre  de  la  Société  pbiloma- 

li<jue  de  Paris.  (Lem.) 
M.  LOISEI.EUR   DESLONGCHAMPS, 

Docteur  en  médecine  ,  membre  de  plusieurs 

Sociétés  savantes.  (L.  D.) 
M.  MASSEY,  (Mass.) 
M.   POIRET,  membre  de  plusieurs  Sociétés 

savantes    et    littéraires  ,     conlinualeur     de 

l'Encyclopédie  botanique.  (PoiR.) 
M.    DE    TUSSAC,    membre    de    plusieurs 

Sociétés   savantes,    auteur  de  la   Flore   des 

Antilles.  (De  T.) 

MM.  DE  HUMBOLDT  et  RAMOND  donneront  quelques 
qu'ils  ont  observés  dans  leurs  voyages,  ou  sur  les  sujets  d 
rement  occupés.    M.   DE    CANDOLLE 

M.  PREVOT  a  donné  l'article  Occi 


Zoologie  générale ,  Anatomie  et 
Physiologie. 
M.  G.   CUVIER,   membre  et  secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  des  Sciences,  prcf.  au 
Jardin  du  Roi,  etc.  (G.  C.  ou  CV.  on  G.) 
M.  FLOURENS.   (F.) 

Mammifères. 
M.  GEOFFROY  SAINT-HILAIRE,  membre 
de  l'Académie  des  Sciences,  prof,  au  Jardin 
du  Roi.  (G.) 

Oiseaux. 
M.  DUMONT  DE  s.' 


CROIX  , 


de 


plusieurs  Sociétés  savantes.  (Cb.  D.) 
Reptiles  et  Poissons. 

M.  DE  LACÉPÈDE,  membre  de  l'Académie 
des  Sciences,  prof,  au  Jardin  du  Roi.  (L.  L.) 

M.  DUMERIL,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences,  prof,  à  l'École  de  médecine.  (C.  D .) 

M.  CLOQUET,  Docteur  en  médecine,  (H.  C.) 
Insectes. 

M.  DUMERIL,  membre  de  l'Académie  des 
Sciences,  professeur  a.  l'École  de  médecine. 
(C.  D.) 

Crustacés. 

M.  W.  E.  LEACH,  membre  de  la  Société  roy. 
de  Londres  ,  Correspond,  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  France.  (  W.   E.   L.  ) 

M.  A.  G.  DESMAREST,  membre  titulaire  de 
l'Académie  royale  de  médecine  ,  professeur 
à  l'école  royale  vétérinaire  d'Alfort,  etc. 

Mollusques ,  Vers  et  Zoophjtes. 


M.  DEBLAINVILLE,  professeur  i  la  Faculté 
des  Sciences,  (De  B.) 


M.  TDRPIN,  naturaliste,  est  chargé  de 
l'exécution  des  dessins  et  de  la  direction  de 
la  gravure. 

clcs  sur  les  objets  nouveaux 
ils  se  sont  plus  parliculiè- 
is   a   fait   la    même    promesse. 
M.  VALENCIENNES  plusieurs  articles  d'Orni. 
Ihologie,  et  M.  DESPORTES  Tarticle  Pigeon  domtsUqtie. 

M.   F.   CUVIER  est  chargé  de   la  direction    générale  de  l'ouvrage,    et  il  coopérera  auï 
articles  généraux  de  zoologie  et  à  l'histoire  des  mammifères.  (F.  C) 


DICTIONNAIRE 

DES 

SCIENCES  NATURELLES. 

PHO 

Jr^HOR.  {Entom.)  Arîsfote  emploie  ce  mot  de  Çicop,  (paptoç 
(Hist.  des  anim.,  livre  5  ,  chap.  22),  pour  indiquer  une  sorte 
d'abeilles,  probablement  les  mâles,  qui  se  nourrissent  du  miel 
et  n'en  recueillent  pas.   (C.  D.) 

PHORACIS  ou  PHORAXIS.  (Bot.)  Genre  que  Rafînesque 
établit  dans  la  famille  des  algues  ,  pour  y  placer  plusieurs 
espèces  de  Fucus,  Linn.  Il  le  caractérise  ainsi  :  Fronde  co- 
riace ou  membraneuse,  rameuse  ou  de  forme  variée;  fruc- 
tification en  forme  de  petits  grains,  fixés  extérieurement  à 
la  tige  ou  aux  rameaux  ;  d'abord  charnus  à  l'intérieur,  puis 
polyspermes  et  percés  à  la  maturité.  Ce  genre  diffère  d'un 
autre,  que  M.  Rafiuesque  nomme  Phj'solris,  par  ses  fructifica- 
tions ,  qui  ne  sont  point  d'abord  vésiculeuses  ni  remplies 
d'eau  ,  comme  dans  ce  dernier  genre. 

Le  Phoracis  Jilicina,  Rafinesque,  Caratt. ,  p.  99,  est  une 
plante  verte  ou  brune,  à  fronde  rameuse,  ayant  les  ramifica- 
tions éparses,  distiques,  pennées  ou  dentelées,  aiguës,  et  les 
fructifications  brunes.  Cette  plante,  qui  croit  sur  les  côtes 
de  la  Sicile,  paroit  être  le  fucus  filicinus  de  Wulfe/i  et  des 
auteurs,  qui  rentre  dans  le  genre  Delesseria  de  Lamouroux, 
et  dont  Agardh  a  fait  une  espèce  de  son  grateloupia.  Les 
caractères  de  ce  dernier  genre  sont,  à  très- peu  de  chose 
près,  ceux  du  phoracis.  Nous  croyons  même  qu'un  jour  l'on 
confondra  ces  deux  genres  en  un  seul.  Voyez  l'article  Pal- 
MARiA.  (Lem.) 

40.  1 


2  PHO 

PHORANTHE.  (Bot.)  Nom  donné  par  M.  Richard  au  ré- 
ceptacle des  synanthérées.  (Mass.) 

PHORBION.  {Bot.)  Suivant  C.  Bauhin,  quelques  auteurs 
ont  pensé  que  cette  plante  ,  citée  par  Galien,  é.toit  la  grande 
sclarée  ou  orvale,  salvia  sclarea.  (J.) 

PHORCYNIE,  Phorcjynia.  (Arachnoderm.)  Genre  de  la  fa- 
mille des  méduses ,  établi  par  Pérou  et  Lesueur  pour  quel- 
ques espèces  qui  sont  gastriques  monostomes,  sans  pédoncule  , 
ni  bras,  ni  tentacules,  et  dont  le  corps  forme  un  disque  or- 
biculaire,  convexe  et  comme  tronqué  en  dessus  comme  en 
dessous,  à  bord  épais,  obtus  et  entier;  l'estomac  garni  de 
plusieurs  bandelettes  musculaires. 

Les  trois  espèces  qui  constituent  ce  genre  ,  ont  été  obser- 
vées dans  l'Australasie. 

La  P.  codonoïde;  P.  cudonoidea ,  Ter.,  Lesueur.  Ombrelle 
subconique,  de  couleur  hyalino-bleuâtre,  avec  six  protubé- 
rances à  son  rebord  supérieur,  six  dents  et  six  échancrures 
profondes  au  rebord  ;  estomac  en  forme  de  pyrami  de  hexaèdre 
renversée,  pourvue  de  six  bandelettes  bleues  et  de  six  filets. 
De  la  terre  de  Witt, 

La  P.  PÉTASELI.E  ;  p.  petasella,  Pér. ,  Lesueur.  Ombrelle  dé- 
primée, subpétasiforme  ,  hyaline,  à  rebord  entier;  bouche 
petite  et  circulaire;  trois  bandelettes  à  Pcstomac.  Des  îles 
Furneaux. 

La  P.  istiophore;  P.  istiopliora,  Pér.,  Lesueur.  Ombrelle 
légèrement ,  convexe  de  couleur  hyaline  ,  avec  un  rebord 
entier,  formant  comme  un  large  voile  tout  autour  d'elle.  Des 
îles  Hunter.  (De  B.) 

PHORE  5  P/iora.  (Enfom.)  M.  Latreillese  sert  de  ce  nom  pour 
designer  un  genre  d'insectes  à  deux  ailes,  qui  ont  été  aussi 
nommés  trinerva  par  Meigen  ,  à  cause  de  trois  nervures  qui 
s'observent  sur  la  longueur  de  leurs  ailes.  Fabricius  les  a 
rangé  parmi  les  tephrites  ou  mouches  à  ailes  vibratiles.  (C.  D.) 
PHÔRIMA;  Phorina,  Steud.  {Bot.)  Rafînesque-Schmaltz 
dit  que  ce  genre  de  champignons  ressemble  aux  bolets  ses- 
siles ,  déprimés,  et  qu'il  a  de  plus,  en  dessous,  des  fossettes 
ou  cavités,  au  lieu  de  pores.  Il  le  place  entre  ses  dœdalea, 
alveolinus  ei  /avaria ,  qui  sont  des  démembremens  du  genre 
Boletus ,  Linn.    Il  indique   les  phorima  betulina,   coccinea  et 


PHO  S 

minula,  qui  croissent  dans  diverses  parties  des  Etats-Unis,  et 
qui  doivent  être  rapportés,  ainsi  que  les  genres  cités,  aux 
dœdalea  de  Persoon ,  Pries,  etc.;  car  ils  en  diffèrent  très- 
peu.  Le  fuvolus  de  P.  Beauvois  paroît  comprendre  les  genres 
Phorima,  Favaria  et  Al^eolinus,   (Lem.) 

PHORINA,  de  Steudel.  (BoL)  Voyez  Phorima.  (Lem.) 
PHORMIUM.  {Bot.)  Genre  de  plantes  monocotylédones, 
à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  aspJiodélées,  de  Vhexan- 
drie  monogjnie  de  Linnseus,  très- rapproché  des  lachenalia, 
offrant  pour  caractère  essentiel  :  Une  corolle  divisée  en  six 
pétales,  les  trois  intérieurs  plus  longs;  point  de  calice;  six 
étamines  ascendantes  et  saillantes  ;  un  ovaire  supérieur  ;  un 
style;  une  capsule  oblongue ,  à  trois  côtes,  à  trois  loges;  les 
semences  nombreuses  ,  comprimées  ,  membraneuses  à  leurs 
bords. 

L'importance  de  cette  plante  a  déterminé  à  en  faire  un 
genre  particulier,  très- peu  distingué  des  lachenalia,  excepté 
par  son  port,  auquel  elle  avoit  d'abord  été  rapportée.  Ce 
genre  a  été  nommé  phormium ,  du  mot  grec  (popfxoç ,  qui 
signifie  un  petit  panier. 

Phormium  TEXTILE  :  Phormium  tenax,  Forst. ,  Gen.,  tab.  24; 
Cook,  Itin,  2  ,  page  96  ,  tab.  g6"  ;  Mill.,  fasc.  1  ,  Icon.;  Gaertn. , 
Defruct.,  tab.  18;  Lamck.,  III.  gen.,  tab.  267,  fig.  2;  Fauj. 
S.-Fond ,  in  Ann.  mus.,  vol.  19,  icon.;  Lachenalia  ramosa, 
Encyl.;  Thieb.  Bern  ,  in  Journ.  botan. ,  vol.  4,  page  200, 
tab.  17  et  18;  vulgairement  Lin  de  la  Nouvelle-Zélande. 
Cette  plante  s'élève  à  la  hauteur  de  six  ou  huit  pieds  sur 
une  hampe  ou  une  tige  droite,  très- forte,  presque  d'un 
pouce  de  diamètre,  ramifiée  en  panicule  à  sa  partie  supé- 
rieure, enveloppée  à  sa  base  de  feuilles  nombreuses,  engai- 
nées  ,  de  consistance  sèche  et  filamenteuse,  disposées  sur 
deux  rangs  opposés,  larges,  comprimées,  aiguës,  finement 
striées,  longues  de  cinq  à  six  pieds,  d'un  beau  vert  foncé  en 
dessus,  un  peu  blanchâtres  en  dessous,  bordé  d'un  liséré 
rouge.  Lorsqu'on  y  fait  une  ou  plusieurs  blessures ,  il  en  dé- 
coule un  suc  insipide,  transparent,  d'un  jaune  clair  de  paille, 
assez  semblable  à  la  gomme  arabique.  Les  fleurs,  placées 
sur  les  rameaux  de  la  tige ,  forment  une  ample  et  belle  pa- 
nicule terminale  :  elles  n'ont  point  de  calice.  Leur  corolle 


4  PIIO 

est  composée  de  six  pétales,  dont  les  trois  intérieurs  plus 
longs,  d'un  jaune  foncé;  les  trois  extérieurs  d'un  jaune 
pâli? ,  légèrement  réfléchis.  Les  étamines  au  nombre  de  six, 
dont  trois  plus  courtes,  ont  les  filamens  élargis  à  leur  base; 
l'ovaire  est  supérieur,  trigone;  le  style  long;  le  stigmate  an- 
guleux. La  capsule  est  trigone,  un  peu  torse,  à  trois  loges 
polyspermes;  les  semences  sont  nombreuses  ,  charnues,  com- 
primées ,  membraneuses  a  leurs  bords  :  on  en  retire,  par  la 
pression,  une  substance  grasse  d'une  odeur  nauséabonde. 

Nous  devons  la  connoissance  de  cette  plante  intéressante, 
et  des  avantages  économiques  qu'elle  présente,  au  capitaine 
Cook,  qui  la  découvrit  à  la  Nouvelle-Zélande.  Il  a  vu  les 
habitans  de  ces  contrées  s'en  servir  en  place  de  chanvre  et 
de  lin  ;  leur  habillement  ordinaire  est  composé  des  feuilles 
de  cette  ])lante  ;  sans  beaucoup  de  préparations,  ils  en  fabri- 
quent leuts  cordes,  leurs  lignes  et  leurs  cordages,  qui  sont 
beaucoup  plus  forts  que  tous  ceux  qu'on  fait  avec  du  chan- 
vre, et  auquel  ils  ne  peuvent  pas  être  comparés.  Ils  tirent 
de  la  même  plante,  préparée  d'une  autre  manière,  de  lon- 
gues fibres  minces  ,  luisantes  comme  de  la  soie  et  aussi 
blanches  que  la  neige  ;  ils  manufacturent  ces  fibres,  qui  sont 
aussi  d'une  force  surprenante.  Leurs  filets ,  dont  quelques- 
uns  sont  très-grands,  sont  formés  de  ces  feuilles  :  tout  le  tra- 
vail consiste  à  les  couper  en  bandes  de  largeur  convenable, 
qu'on  noue  ensemble.  On  trouve  cette  plante  également  sur 
les  collines  et  dans  les  vallées ,  sur  le  terrain  le  plus  sec  et 
dans  les  marais  les  plus  profonds  :  elle  semble  partout  pré- 
férer les  endroits  marécageux  ;  car  nous  avons  observé,  ajoute 
Cook,  qu'elle  y  étoit  plus  grande  que  partout  ailleurs. 

Des  expériences  faites  par  M.  Labillardière,  pour  déter- 
miner la  force  et  la  ténacité  des  fils  du  phormium ,  compara- 
tivement à  ceux  de  Fagavé  ou  aloès  pitte  ,  du  lin ,  du  chanvre , 
de  la  soie,  ont  confirmé  le  récit  du  capitaine  Cook,  et  ont  pro- 
duit les  résultats  suivans  :  11  a  été  reconnu  que  la  force  des 
fibres  de  Yalocs  pitte ,  étant  égale  à  sept;  celle  du  lin  ordinaire 
est  représintée  par  onze  trois  quarts;  celle  du  chanvre  par 
seize  un  tiers;  celle  du  phormium  par  vingt -trois  cinq  on- 
zièmes, et  celle  de  la  soie,  par  vijigt-quatre  :  mais  la  quan- 
tité  dont  ces  fibres  se  distendent  avant  de  se  rompre,  est 


PIIO  9 

dans  une  autre  proporfion  ;  car,  étant  évaluée  à  deux  et 
demi  pour  les  filamens  de  l'aloès  pitte,  elle  n'est  que  d'un 
et  demi  pour  le  lin  ordinaire;  d'un  pour. le  chanvre:  d'un 
et  demi  pour  le  phormium,  et  de  cinq  pour  la  soie.  11  est 
aisé  de  pressentir  ,  dit  M.  Labillardière,  tous  les  avantages 
qui  peuvent  résulter  de  la  culture  de  ce  précieux  végétal, 
surfout  pour  la  marine. 

L'introduction  en  Europe  d'une  plante  aussi  utile  ,  devoit 
réveiller  le  zèle  des  agriculteurs  :  elle  a  d'abord  été  essayée 
par  M.  Freycinet,  père,  dans  le  département  de  la  Drôme. 
Il  eut  la  douce  satisfaction  de  la  voir  fleurir  et  produire 
de  nombreux  rejetons,  qui  ont  également  prospéré,  même 
en  pleine  terre.  M.  Faujas  de  Saint-Fond,  qui  en  a  suivi  le 
développement  avec  cet  esprit  d'observation  toujours  dirigé 
vers  l'utilité  publique,  a  donné  à  ce  sujet  un  très -bon  mé- 
moire dans  les  Annales  du  Muséum  cVhistoire  naturelle  de  Paris, 
dans  lequel  il  expose,  avec  beaucoup  d'exactitude,  les  soins 
qu'exigent  la  culture  de  cette  plante,  le  sol  et  le  climat  qui 
lui  conviennent,  et  l'espoir  de  la  voir  bientôt  accliu)atéc  dans 
nos  départemens  méridionaux. 

La  culture  de  cette  plante  est  extrêmement  facile,  peu 
sujette  aux  inconvéniens  qui  font  manquer  si  souvent  le  lin 
et  le  chanvre;  la  production  en  filasse  très-abondante.  Lrs 
plus  mauvaises  terres  suRîsent  au  phormium  ;  mais  il  profite 
davantage  dans  celles  qui  sont  fertiles  :  on  peut  donc  le  met- 
tre dans  toutes.  Les  foibles  gelées  du  climat  de  Paris  ne  l'af- 
fectent nullement;  mais  on  a  lieu  de  craindre  qu'il  n'en  soit 
pas  de  même  des  fortes:  on  sait  qu'il  peut  passer  toute  Tannée 
sans  couverture  dans  les  parties  méridionales  de  la  France. 
Il  a  été  depuis  quelques  années  également  cultivé  sur  les  côtes 
de  la  Normandie,  a  Cherbourg,  et  il  y  a  parfaitement  réussi: 
il  y  a  produit  des  graines  qui  ont  été  distribuées  en  differens 
endroits,  et  ont  produit  de  nouveaux  individus.  11  perd  ses 
feuilles  extérieures  chaque  année,  à  mesure  qu'il  en  pousse 
de  nouvelles  au  centre;  il  en  résulte  que  la  récolte  des  feuilles 
doit  être  faite  successivement  et  dès  que  les  extérieures  sont 
parvenues  à  toute  leur  croissance.  On  le  multiplie  par  les  œil- 
letons qui  naissent  tous  les  ans  autour  du  collet  des  racines. 
On  peut  obtenir  au  moins  cinq  à   six   de  ces  œilletons  pai? 


^  PHO 

an,  des  pieds  en  pleine  terre.  C'est  au  printemps  qu'on  les 
sépare  par  éclatement;  pourvu  qu'ils  aient  trois  ou  quatre 
fibrilles  de  racines,  ils  reprennent  sans  difficulté. 

Les  naturels  de  la  Nouvelle-Zélande  emploient  un  moyen 
très-lent  et  fort  fatigant  pour  isoler  les  fibres  des  feuilles  du 
phormium  :'ils  raclent  ces  feuilles  des  deux  côtés  avec  une 
coquille  de  manière  à  enlever  leur  épiderme  et  une  partie 
de  leur  tissu  cellulaire;  ensuite  ils  la  divisent  en  lanières, 
qu'ils  tordent  et  battent  dans  l'eau  pendant  long-temps  pour 
enlever  le  reste  du  tissu  cellulaire.  Ces  procédés  seroient 
trop  coûteux  en  Europe  pour  y  être  mis  en  usage.  RL  de 
Faujasa  cherché  à  les  suppléer  par  une  opération  chimique, 
qui  lui  a  très-bien  réussie. 

«  Le  décreusage  delà  soie,  dit-il,  dont  le  but  est  de  dé- 
«  barrasser  ce  tissu  précieux  d'une  substance  gommo-rési- 
«  neuse,  qui  voile  son  éclat  et  ternit  sa  blancheur,  m'a  sug- 
«  géré  ridée  très-simple  et  très-naturelle  d'appliquer  la  même 
«  opération  au  phormium.  Voici  comme  je  m'y  suis  pris  :  on 
«  recueille  à  la  fin  du  mois  de  Septembre,  époque  où  la 
«  plante  est  d'une  belle  venue,  vingt-cinq  livres  pesant  des 
«  plus  belles  feuilles,  qui  ne  soient  point  tachées;  on  en 
«  forme  une  botte  ou  deux,  qu'on  laisse  en  tas  dans  un  rez- 
«  de-chaussée  à  l'ombre  pendant  huit  à  dix  jours,  sans  y  tou- 
«  cher.  Ce  terme  expiré  (il  peut  être  prolongé  de  plusieurs 
<r  jours  encore),  on  prend  chaque  feuille  une  à  une,  on  la 
<(  coupe  longitudinalement  en  deux,  en  la  fendant  par  le 
<f  milieu,  soit  par  le  bas  ou  par  le  haut,  avec  la  pointe  d'un 
«  couteau,  et  ensuite,  en  la  déchirant  avec  la  main,  elle  se 
if  sépare  facilement.  On  divise  de  la  même  manière  chaque 
fr  feuille  en  quatre  rubans  ou  lanières  dans  toute  leur  lon- 
«  gueur,  pour  les  arranger  ensuite  en  petits  faisceaux  com- 
«  posés  d'une  quarantaine  de  lanières,  disposées  dans  leur 
<;<  sens  naturel,  c'est-à-dire,  les  pointes  du  côté  des  pointes, 
«  et  les  bases  du  côté  des  bases  ;  on  les  lie  fortement  vers  le 
*<  haut  avec  de  petites  cordes  ou  ficelles.  Cette  ligature,  qui 
«  est  faite  pour  les  réunir  et  les  fixer,  ne  doit  occuper  qu'un 
«  demi-pouce  de  largeur  au  plus.  ^' 

«  Tous  les  faisceaux  ainsi  disposés  seront  placés  avec  ordre 
(■/  dans  une  chaudière  oblongue,  de  grandeur  proportionnée 


PHO  7 

«  à  la  quantité  de  feuilles  qu'on  veut  expérimenter  :  on  rem- 

«  plit  ensuite  la  chaudière  d'une  eau  dans  laquelle  on  a  fait 

«  dissoudre  trois  livres  de  savon  coupé  en  morceaux,  pour 

«  chaque  vingt-cinq  livres  pesant  de  feuilles  réduites  en  la- 

«  niéres  et  réunies  par  paquels,  ainsi  que  nous  Tavons  dit.  II 

«  faut  fixer  ces  feuilles,  soit  par  un  corps  pesant,  soit  par  des 

«  bois  placés  en  travers  dans  la  chaudière ,  afin  que  les  plantes 

«  soient  bien  submergées,  et  ne  cessent  pas  d'être  mouillées. ^^ 

«  On  peut  employer  les  savons  de  Marseille,  les  savons  de 

«  Suisse  ,  ceux  de  graines,  et  même  les  savons  verts  en  partie 

«  liquides;   on  met  seulement  une  demi-livre  de  plus  de  ce 

«  dernier.  La  chaudière  doit  être  tenue  en  ébullition  pendant 

«  cinq  heures;  la  liqueur  étant  ensuite  refroidie,  de  manière 

«  à  pouvoir  facilement  en  supporter  la  chaleur,  on  prend  un 

«  fiïisçeau  avec  la  main  gauche  par  le  haut,  c'est-à-dire  par 

<ic  la  partie  liée,  et  l'on  serre  avec  la  main  droite,  en  la  pro- 

«  menant  de  haut  en  bas,  les  lanières,  pour  en  exprimer  et 

«  en  détacher  la  partie  mucilagineuse ,   qui  s'enlève   facile- 

«  ment  alors.  On  continue  de  même,   et  on  achève  ensuite 

«  de  les  nettoyer  en  les  lavant  dans  une  eau  courante  ,  avec 

«  l'attention  de  ne  pas  embrouiller  les  fils  et  de  les  conserver 

«  dans  toute  leur  longueur,  autant  que  la  chose  est  possible. 

«  La  belle  filasse  qu'on  obtient  d-c  cette  manière,  est  séchée 

«  à  l'ombre  et  peut  être  employée  alprs  à  faire  d'excellens 

„  cordages.  Ainsi  les  fibres  du  phormium,  à  l'avantage  de  la 

«  force,  joignent  une  éclatante  blancheur  et  un  coup  d'œil 

«  satiné,  qui  les  rendront  d'un    emploi  bien  moins   dispen- 

«  dieux  dans  la  fabrication  des  toiles ,  puisque  ces  toiles  n'exi- 

«  geront  pas  l'opération  du  blanchissage,  o-pération  si  coû- 

K  teuse,  et  qui  affoiblit  encore  si  considérablement  les  fibres 

«  du   chanvre  ou  du  lin   qui  les  composent.  Peut-être   les 

«  toiles  qu'on  en  fera  seront- elles  inférieures   en   finesse  à 

«  celles  de   chanvre,  et  encore  plus  à  celles  de  lin,  mais 

«  elles  seront  moins  coûteuses  et  plus  durables  ;  les  plus  grands 

«  avantages  sont  particulièrement  pour  la  marine.  ^^  (Poir.) 

PHORULITHE.  {Conch-yl.)  Nom  spécifique,  donné  par 
Denys  de  Montfort  à  la  coquille,  dont  il  a  formé  son  genre 
Phorus.  (Desm.) 

PHORUS.  {Concli-yl.)  Nom  latin  du  genre  Frippier,  établi 


8  PHO 

par  Denys  de  Montfort  avec  le  trochus  agglutinans ,  vulgaire- 
ment la  frippière.  (De  B.) 

PHOS ,  Plios.  (Conchyl.)  Genre  de  coquilles  établi  par 
Denys  de  Montfort  (Conchyl.  syst.,  t.  2  ,  page  493)  pour  une 
coquille  du  genre  Murex  de  Linné  et  de  M.  de  Lamarck , 
qui  a  le  tube  très-court,  au  point  que  quelques  auteurs  en 
font  un  buccin,  et  qui,  en  outre,  a  une  sorte  de  pli  oblique 
à  la  fin  de  la  colurnclle  et  la  fente  ombilicale  ouverte  :  c'est 
le  murex  senticosiis,  Linné:  le  Rocher  lime  de  M.  de  Lamarck. 
Denys  de  Montfort  le  nomme  P.  chardon,  P.  senticosus. 
Voyez  Rocher.  (DeB.) 

PHOSGENE.  (C/iim.)  Nom  donné  à  Pacide  chloro-oxicarbo- 
nique,  parce  qu'on  Pobtient  en  exposant  au  soleil  un  mé- 
lange de  volumes  égaux  de  chlore  et  d'oxide  de  carbone. 
(Ch.) 

PHOSPHATES.  {Chim.)  Combinaisons  salines  de  l'acide 
phosphorique  et  des  bases  saliliables. 

Composition, 

Elle  est  assez  difficile  à  établir;  cependant  on  peut  admettre: 

1.°  D'après  les  expériences  de  M.  Dulong  et  de  M.  Berze- 
lius,  que  dans  les  phosphates  neutres  l'oxigène  de  l'acide  étant 
6  ,  celui  de  la  base  est  2  ;  et  que  dans  les  phosphures  à  pro- 
portions constantes  préparés  par  le  procédé  de  M.  Dulong, 
si  la  base  peut  former  un  protoxide  capable  de  saturer  les 
acides ,  le  phosphore  est  au  métal  dans  la  proportion  néces- 
saire pour  faire  un  phosphate  de  protoxide  neutre. 

2."  D'après  les  expériences  de  M.  Bei'zelius ,  que  le  phos- 
phate de  chaux  contient  un  peu  plus  de  base  que  la  combi- 
naison neutre  devroit  en  contenir,  si  on  l'établissoit  d'après 
l'analyse  des  phosphates  neutres  de  baryte,  de  soude  et  de 
protoxide  de  plomb. 

3."  D'après  les  expériences  de  M.  Berzelius ,  qu'il  existe  des 
sous-phosphates  qui  contiennent  une  fois  et  demie  plus  de 
base  que  les  phosphates  neutres  (je  les  désignerai  par  l'ex- 
pression de  sesqui-sous-phosphate)  ;  qu'il  en  existe  qui  en 
contiennent  deux  fois  plus. 

4."  D'après  les  expériences  de  Berzelius,  qu'il  existe  des  sur- 
phosphates qui   contiennent   une  fois  et  demie  plus  d'acide 


PHO  9 

que  les  phosphates  neutres  (je  les  désignerai  pax^  l'expression 
de  sesqui-phosphates)  ;  qu'il  en  existe  d'autres  qui  en  con- 
tiennent deux  fois  plus. 

Action  du  feu. 

Excepté  le  phosphate  d'ammoniaque,  dont  la  base  ftsi  vo- 
latile ,  tous  les  phosphates  neutres  sont  indécomposables  par 
la  chaleur;  et  s'il  est  vrai,  comme  on  l'a  dit,  que  quelques 
surphosphates  perdent  leur  excès  d'acide  par  l'action  du  feu, 
on  peut  dire  que,  pour  que  cet  effet  soit  produit,  il  faut 
une  température  très-élevée. 

Action  de  l'eau. 

Parmi  les  phosphates  neutres  ,  il  n'y  a  que  les  phosphates 
de  potasse  ,  de  soude  et  d'ammoniaque  qui  soient  très-so- 
lubles  :  le  phosphate  de  magnésie  l'est  un  peu  ;  la  plupart 
des  phosphates  insolubles  sont  dissous  par  un  excès  de  leur 
acide. 

Action  du  charhoîi. 

En  général  les  phosphates  neutres  métalliques  tendent  à 
donner  un  phosphure  ou  un  sous-phosphure  quand  on  les 
chauffe  avec  du  charbon,  et  les  sur-phosphates  métalliques 
tendent  en  outre  à  donner  du  phosphore  ,  lequel  provient 
pour  la  plus  grande  partie  de  facide  en  excès. 

^    Phosphate  d'alumine. 

Berzelius. 

Acide 67,57 

Alumine 32,40. 

On  le  prépare  en  précipitant  le  sulfate  d'alumine  par  le 
phosphate  d'ammoniaque. 

Ce  sel  est  insoluble  dans  l'eau;  il  est  dissous  par  l'eau  de 
potasse. 

Il  se  fond  en  verre  transparent. 

Sous- PHOSPHATE    d'alUMINE. 
Berzelius. 

Acide 5i,o6 40559 

Alumine 48,94 S^jD^ 

Eau . . , 20,46. 


PHO 

M.  Berzclîus  a  Irouvé  ce  sel  dans  la  wawellite,  où  il  est 
mélangé  avec  quelques  centièmes  de  phthorure  d'aluminium 
et  d'oxides  de  fer  ,  de  manganèse  et  de  calcium. 

Il  a  exposé  au  feu  rouge,  pendant  une  demi-heure ,  200  p. 
de  wawellite,  i5o  parties  de  cristal  de  roche  et  600  parties 
de  sous-carbonate  de  soude.  Il  a  fait  digérer  la  masse  pen- 
dant vingt- quatre  heures  avec  de  l'eau. 

L'eau  a  dissous  du  phosphate  de  soude  et  de  la  soude  rete- 
nant un  peu  de  silice. 

Le  résidu  étoit  formé  d'alumine ,  d'oxides  de  fer,  de  man- 
ganèse et  de  calcium,  et  de  la  majeure  partie  de  la  silice. 

Phosphate  d'ammoniaque. 

Berzelius. 

Acide Sy^yo 67,55 

Ammoniaque ^.2j,jS 32,47  ' 

Eau 14,55. 

On  le  prépare  en  unissant  l'acide  phosphorique  ,  étendu 
d'eau,  à  l'ammoniaque,  également  étendue;  on  mêle  un 
léger  excès  d'ammoniaque  et  on  fait  évaporer  à  une  très- 
douce  chaleur  ;  ou  bien  encore  on  neutralise  le  phosphate 
acide  de  chaux  par  l'ammoniaque  ou  le  sous-carbonate  d'am- 
moniaque. Dans  ce  cas  on  sépare  par  la  filtration  un  préci- 
pité de  phosphate  de  chaux. 

Il  cristallise  en  tables  hexagonales  ou  en  prismes  à  quatre 
pans,  terminés  par  des  pyramides  à  quatre  faces.  On  a  en- 
core indiqué  des  cristaux  de  forme  octaédrique.  ' 

Sa  saveur  est  fraîche ,  salée  et  piquante. 

Il  n'est  ni  déliquescent ,  ni  efRorescent. 

Il  exige  4  parties  d'eau  à  i5'*,5  pour  se  dissoudre. 

Les  acides  sulfurique ,  nitrique  et  hydrochlorique  parois- 
sent  le  réduire  en  bi-phosphate. 

La  potasse,  la  soude  en  chassent  l'ammoniaque  ;  la  chaux, 
la  baryte  ,  la  strontiane  précipitent  Tacide  de  sa  solution 
aqueuse. 

1  II  ne  se  oit  pas  impossible  que  ces  formes,  ou  quelques-unes  seule- 
ment, appartinssent  au  sous-pliospliate  ;  car  Berzelius  dit  que  le  phos- 
phate cristallise  difficilement,  tandis  que  le  sous- phosphate  cristallise 
aisément. 


PHO  1» 

Au  feu,  il  donne  de  l'eau  et  de  l'ammoniaque;  mais,  quoi 
qu'on  en  ait  dit ,  il  n'est  pas  possible  d'en  chasser  assez  exac- 
tement cette  dernière,  pour  qu'on  puisse  indiquer  la  calcina- 
tion  du  phosphate  d'ammoniaque  comme  un  moyeu  de  pré- 
parer l'acide  phosphorique. 

Il  n'est  pas  aussi  facile  à  décomposer  par  le  charbon  que 
l'est  l'acide  en  excès  du  sur- phosphate  de  chaux. 

Rouelle,  Lavoisier  et  Vauquelin  sont  les  chimistes  qui 
nous  ont  fait  connoitre  ce  sel. 

Bl-FHOSFHATE    d'aMMONIAQUE. 
Berzelius. 

Acide 80,61 67,00 

Ammoniaque JQj^g 16,11 

Eau 16,8g. 

Ce  sel  ne  cristallise  pas  ou  que  très -difficilement,  suivant 
Berzelius. 

Sous -PHOSPHATE    d'aMMONIAQUE. 

Berzelius. 

Acide 58,09 

Ammoniaque 41,91. 

Suivant  ce  chimiste,  il  contient  1'/^  fois  la  quantité  de 
Lase  contenue  dans  le  phosphate  neutre. 

Phosphate  d'argent. 

Berzelius. 

Acide 23, 5i 

Oxide  d'argent 76,49. 

Telle  est  la  composition  théorique  du  phosphate  d'argent 
neutre ,  mais  il  paroit  qu'on  n'a  point  encore  obtenu  ce  com- 
posé ;  car,  d'après  M.  Berzelius,  le  phosphate  d'argent  jaune 
qui  se  produit,  lorsqu'on  mêle  des  solutions  de  nitrate  d'ar- 
gent et  de  phosphate  de  soude  cristallisé,  est  un  sous-phos- 
phate contenant  1  '/^  fois  autant  de  base  que  le  phosphate 
neutre,   c'est-à-dire  qu'il  est  formé  de 

Acide i7jOi 

Oxide  d'argent. 82,99. 

Conformément  à  ce  résultat,  on  observe  que  la  liqueur 
d'où  il  s'est  séparé,  est  acide,  quoiqu'on  ait  employé  des 
solutions  neutres. 


^^  PHO 

Le  sous -phosphate  d'argent  ne  contient  pas  d'eau;  il  se 
fond  au  feu  en  une  substance  semblable  au  chlorure  d'argent 
fondu. 

Lorsqu'on  met  ce  phosphate  encore  frais  avec  l'acide 
phosphorique  aqueux,  une  portion  est  dissoute.  La  liqueur 
est  jaune;  elle  dépose  de  petits  grains  jaunes  cristallisés  par 
l'évaporation ,  qui  ont  paru  à  M.  Berzelius  être  du  sous- 
phosphate.  Quant  au  liquide  acide,  il  a  donné,  par  l'évapo- 
ration spontanée,  de  petits  cristaux  pluwiformes  blancs,  qui 
sont  devenus  jaunes  par  le  contact  de  l'eau,  qui,  en  leur 
enlevant  de  l'acide,  les  a  convertis  en  sous-phosphate. 
Phosphate  de  bakyte. 

Berzelius. 
Acide 3l,8o 

Baryte G8,2o. 

On  le  prépare  en  précipitant  de  l'hydrochlorate  de  baryte 
par  le  phosphate  d'ammoniaque.  Il  ne  faut  pas  employer  le 
nitrate  de  baryte  ,  parce  qu'il  se  forme  alors  un  sel  double 
de  nitrate  et  de  phosphate  de  baryte. 

Il  est  en  poudre  blanche  insipide.  Hassenfratz  lui  assigne 
1,2867  pour  densité. 

Il  se  fond  en  émail. 

Il  est  insoluble  dans  l'eau. 

Il  est  soluble  dans  l'eau  acidulée  d'acide  hydrochlorique, 
d'acide  nitrique,  d'acide  phosphorique. 

Il  est  complètement  décomposé  par  l'acide  sulfurique,  sur- 
tout si  on  a  pris  la  précaution  de  le  dissoudre  préalablement 
dans  l'acide  nitrique. 

Bl-PHOSFHATE    DE    BARYTE. 
Berzelius. 

Acide 48,25 40,02 

Baryte 5i,75 46,14 

Eau 1 0,84. 

On  prépare  ce  sel,  suivant  M.  Berzelius,  qui  l'a  ftiit  con- 
noître,  en  étendant  l'acide  phosphorique  concret  ou  siru- 
peux dans  six  fois  son  poids  d'eau  ,  saturant  ce  liquide  de 
phosphate  de  baryte  récemment  précipité  :  filtrant  et  fai- 
sant évaporer  lentement  la  liqueur  :  on  obtient  par  ce  moyen 


PHO  i5 

des  cristaux  de  bi -phosphate  ,  qu'on  fait  égoutter  dans  un 
entonnoir  et  qu'on  soumet  ensuite  à  la  pression  entre  du 
papier  Joseph,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  les  mouille  plus.  Si  l'on 
prend  les  eaux-mères  de  ces  cristaux  et  qu'on  les  Tasse  cris- 
talliser jusqu'à  ce  qu'elles  ne  donnent  plus  de  cristaux  ,  il 
reste  de  l'acide  phosphorique  pur. 

Ce  sel  cristallise  comme  l'hydrochlorate  de  baryte  ;  il  a 
une  légère  saveur  acide  et  est  inaltérable  à  l'air. 

Il  rougit  le  papier  de  tournesol. 

Chauffe  au  feu ,  il  se  boursoufle  en  perdant  son  eau  ,  et 
laisse  une  masse  blanche  poreuse  semblable  à  l'alun  calciné. 

L'eau  bouillante  le  décompose;  l'excès  d'acide  le  dissout 
avec  une  portion  de  phosphate  ,  mais  la  plus  grande  partie 
de  la  baryte  reste  indissoute  à  l'état  de  phosphate  neutre. 

SeSQUI- PHOSPHATE    DE    BARYTE. 
Berzelius. 

Acide 38,33 

Baryte 61,67. 

M.  Berzelius  a  obtenu  ce  sel ,  qui  contient  1  '/,  fois  plus 
d'acide  que  le  phosphate  neutre,  en  précipitant  la  solution 
du  bi-phosphate  par  l'alcool  et  en  lavant  le  précipité  avec 
ce  liquide. 

Comme  le  précédent ,  l'eau  bouillante  lui  enlève  son  excès 
d'acide. 

Remarque.  M.  Berzelius  ,  dans  son  Mémoire  sur  les  phos- 
phates, n'admet  que  ces  trois  espèces,  et  dit  qu'il  n'a  pu  ob- 
tenir de  sous-phosphate  de  baryte.  Cependant,  dans  sa  Théorie 
des  proportions  chimiques,  il  donne  les  proportions  de  deux 
sous-phosphates,  dont  l'un  contient  1 /,  et  l'autre  1'/^  plus 
de  base  que  le  phosphate  neutre. 

Phosphate  de  bismuth. 

Berzeliu5. 

Acide 3i,i3 

Oxide  de  bismuth 68,87. 

Phosphate  de  chaux. 
La  détermination  des  proportions  suivant  lesquelles  l'acide 
phosphorique  s'unit  à  la  chaux ,   présente  de  grandes  difli- 


n  PHO 

cultes,  si  ce  n'est  pas  dans  les  procédés  analytiques,  c'est 
dans  le  mode  de  préparer  des  phosphates  de  chaux  d'une 
composition  constante. 

Le  phosphate  de  chaux  neutre  doit  être  formé  ,  d'après 
M.  Berzelius ,  de 

Acide 55,62    100 

Chaux 44,38   79579« 

Mais  ce  savant,  ayant  voulu  préparer  ce  sel  en  mettant  une 
solution  de  phosphate  de  soude  cristallisé  dans  une  solution 
d'hydrochlorate  de  chaux  neutre  ,  remarqua  les  faits  suivans  : 

La  liqueur  séparée  du  précipité  étoit  acide. 

Le  précipité  avoit  l'aspect  cristallin  ;  au  moyen  du  micros- 
cope on  voyoit  qu'il  étoit  formé  d'une  multitude  de  petits 
cristaux  fibreux ,  dont  les  extrémités  étoient  divisées  en  trois 
ou  quatre  fibres  plus  fines.  M.  Berzelius  détermina  la  propor- 
tion des  principes  immédiats  de  ce  composé,  de  la  manière 
suivante. 

(a)  En  le  faisant  chauffer  au  rouge  dans  une  cornue,  il  en 
sépara  de  l'eau  pure. 

ijb)  En  dissolvant  le  résidu  dans  l'acide  hydrochlorique, 
étendant  d'alcool  la  dissolution  jusqu'à  ce  qu'un  précipité 
commençât  à  paroître ,  y  versant  un  mélange  d'alcool  et  d'a- 
cide sulfurique  aussi  long-temps  qu'il  se  formât  un  précipité  , 
il  obtint  la  chaux  à  l'état  de  sulfate ,  et  trouva  le  sel  formé  de 

Acide  . .   4i,85o  ■    100 

Chaux..  35,475      84,77 

Eau....   22,675.  L'eau  contient  2  fois  l'oxigène delà  chaux. 

100,000 
D'après  cela  on  voit  que  le  phosphate  de  chaux  contient  un 
peu  plus  de  base  qu'il  devroit  en  contenir  d'après  la  théorie. 

SoDS-FHOSPHATE    DE    CHAUX    DES    OS. 

Berzelius. 
Acide....   48,45    ....    100 
Chaux...   5i,55   ....    106,4 

1   Cette  analyse  se  rapproche  de   celle  d'Eckeberg  : 

Acide 39 

Chaux 36 

Eau 25. 


PIIO  aô 

La  quantité  de  chaux  est  i  '/,  plus  grande  que  dans  le  phos- 
phate neutre. 

M.  Berzelius  a  vu  que  le  phosphate  de  chaux,  préparé  de 
la  manière  suivante  ,  est  identique  au  sous-phosphate  des  os. 

On  verse  de  Fhydrochlorate  de  chaux  dans  un  excès  de 
phosphate  de  soude  ,  afin  qu'il  ne  se  développe  pas  d'acidité 
dans  la  liqueur;  on  fait  digérer  le  précipité  avec  l'excès  du 
phosphate  de  soude. 

Le  phosphate  de  chaux,  ainsi  préparé,  est  gélatineux,  et 
conséquemment  non  cristallisé;  après  avoir  été  séché  ,  M.  Ber- 
zelius a  trouvé  qu'il  est  formé  de 

Acide....   48,45    ....    ]oo 
Chaux....    5i,55    ....    106,4, 
et  d'une  quantité  d'eau  dont  l'oxigène  est  la  moitié  de  celui 
de  la  chaux. 

Ce  sel,  dissous  dans  l'acide  hydrochlorique,  et  précipité  en- 
suite par  l'ammoniaque  en  excès,  présente  la  même  composi- 
tion qu'avant  sa  dissolution.  Il  en  est  de  même  quaud,  au 
lieu  de  laver  avec  de  l'eau  pure  ,  le  sel  précipité  de  nou- 
veau, on  le  lave  avec  de  l'ammoniaque. 

Pf^opriétés. 

Ce  sel  desséché  est  en  poudre  blanche,  insipide,  inodore. 

Au  feu  ,  il  se  fond  en  émail  sans  s'altérer. 

Il  est  insoluble  dans  l'eau. 

Il  est  dissous  par  les  acides  nitrique,  hydrochlorique,  et  en 
général  par  les  acides  qui  forment  des  sels  solubles  avec  la 
chaux.  L'ammoniaque,  versée  dans  ces  dissolutions,  en  pré- 
cipite le  sous-phosphale  ;  il  ne  reste  dans  la  liqueur  que  des 
atomes  de  ce  même  sel ,  qu'on  peut  en  séparer  en  faisant 
évaporer  le  liquide. 

L'acide  phosphorique  dissout  le  phosphate  de  chaux  et 
forme  un  sursel. 

L'acide  sulfurique  concentré,  mis  avec  son  poids  de  phos- 
phate de  chaux  ,  le  décompose  en  totalité.  La  décomposition 
est  plus  facile,  si  l'on  mêle  la  solution  de  sous-phosphate 
dans  l'acide  hydrochlorique  avec  une  solution  alcoolique 
d'acide  sulfurique.  (Voyez  plus  haut.) 
Si  on  emploie  de  2  à  3  parties  d'acide  sulfurique  concentré 


i6  PHO 

et  4  p.  de  phosphate  ,  et  si  on  lessive  la  masse  avec  de  l'eau, 
on  sépare  du  sulfate  de  chaux  et  on  obtient  une  liqueur  qui, 
évaporée  ,  donne  un  surphosphate  de  chaux  qui  cristallise 
en  paillettes,  et  qui  a  été  décrit  par  MM.  Fourcroy  et  Vau- 
quelin. 

Le  sous- phosphate  de  chaux,  chauffé  avec  deux  fois  son 
poids  de  charbon  à  une  très- haute  température,  perd  une 
portion  de  son  acide,  laquelle  est  probablement  réduite,  par 
le  charbon  ,  en  oxide  de  carbone  et  en  phosphore  ,  suivant 
l'expérience  de  M.  Th.  de  Saussure. 

La  potasse  et  la  soude  ne  décomposent  pas  le  sous-phosphate 
de  chaux  desséché;  mais,  lorsque  celui-ci  est  gélatineux,  ces 
alcalis  dissolvent  et  de  l'acide  phosphorique  et  de  la  chaux  , 
suivant  un  rapport  qui  n'a  pas  été  déterminé. 

Le  sous -phosphate  de  chaux  dont  nous  venons  de  parler, 
est  la  partie  essentielle  des  os.  Il  est  probable  qu'il  se  trouve 
dans  les  végétaux. 

Il  sert  à  la  préparation  du  phosphore. 

Sous -PHOSPHATE    DE    CHAUX    FOSSILE    CRISTALLIsé. 

(Apatite,  pierre  d'asperge.) 
Klaproth.  Berzelius. 

Acide....    loo  ....   45,52    ....    100 

Chaux...    116, i5     54,/,8    122,1. 

L'acide  sature  donc  1  %  fois  plus  de  base  que  dans  le  phos- 
phate neutre. 

Quant  aux  propriétés  physiques  de  ce  sel,  voyez  l'article 
Chaux  phosphatée,  tom.  VIll,  pag.  324. 

Sur- PHOSPHATE    DE    CHAUX. 

MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  ont  obtenu ,  en  traitant  les  os 
calcinés  par  les  trois  quarts  de  leur  poids  d'acide  sulfurique 
concentré,  ajoutant  de  l'eau  à  la  masse,  puis  en  la  lessivant 
et  faisant  évaporer  doucement  le  lavage  ,  un  sel  acide  cristal- 
lisé en  paillettes  nacrées  ,   doué  des  propriétés  suivantes. 

Ce  sel  a  une  légère  saveur  acide. 

Il  s'humecte  légèrement  par  son  exposition  dans  une  atmo- 
sphère humide. 

11  se  fond  au  feu  en  verre  transparent,  sur  lequel  l'eau  n'a 


PHO  i? 

pas  d'action  sensible  ,  au  moins  pendant  un  contact  de  plu* 
sieurs  heures.  Selon  MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  ,  ce  résultat 
est  tout  simple  ,  parce  qu'ils  pensent  que  la  chaleur  est  ca- 
pable de  volatiliser  rexcès  d'acide  du  sur-phosphate  de  chaux. 

Suivant  les  mêmes  chimistes  ,  il  est  dissous  par  l'eau  sans 
éprouver  d'altération.  Suivant  Berthollet  ,  au  contraire,  il 
se  réduit  en  phosphate  plus  acide,  soluble ,  et  en  phosphate 
moins  acide,  insoluble. 

Suivant  les  premiers  chimistes,  le  sous-carbonate  d'ammo- 
niaque précipite  du  sous-phosphate  de  la  solution  du  sur-phos- 
phate ,  et  non  du  sous-carbonate  de  chaux  ,  comme  Berthollet 
l'a  prétendu. 

Le  sur-phosphate  de  chaux  peut  être  entièrement  décom-» 
posé  par  l'acide  sulfurique  ;  et,  suivant  M.  Gay-Lussac,  par  l'a^ 
cide  oxalique.  Pour  obtenir  ce  dernier  résultat,  il  faut  mêler 
au  sur-phosphate  épaissi  de  Tacide  oxalique,  et  traiter  le  mé-- 
lange  par  l'alcool,  qui  dissout  l'acide  phosphorique  et  l'acide 
oxalique  en  excès  :  il  reste  de  l'oxalate  de  chaux. 

Le  sur- phosphate  de  chaux  ,  chauffé  avec  du  charbon  au 
l-ouge  blanc  dans  une  cornue  de  grès,  est  réduit  en  sous- 
phosphate,  en  phosphore  qui  se  volatilise,  en  oxigène  qui 
se  dégage  à  l'état  d'oxide  de  carbone. 

Le  sur- phosphate  de  chaux  a  été  trouvé  dans  des  calculs 
urinaires  par  MM.  Fourcroy  et  Vauquelin. 

Remorque. 

M.  Berzelius  a  cherché  à  déterminer  la  composition  du  sur^ 
phosphate  de  chaux;  mais  il  n'est  arrivé  à  aucun  résultat 
positif:  il  attribue  le  peu  de  succès  de  ses  recherches  à  ce 
qu'il  n'a  point  obtenu  de  sur-phosphate  cristallisé.  11  est  mal-' 
heureux  que  cet  habile  chimiste  n'ait  pas  connu  le  sur-phos- 
phate décrit  par  MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  ;  car  il  l'auroit 
certainement  obtenu  ,  en  suivant  le  procédé  des  chimistes 
françois. 

M.  Berzelius,  en  précipitant  par  de  l'alcool  une  dissolution 
saline  de  phosphate  de  chaux  dans  l'acide  phorique  étendu  '  , 
a  obtenu  un  sur-phosphate  qui  lui  a  donné  une  quantité  d'a- 

\    Provenant  du  pliospliale  (raiiiinoniaque  décomposé  par  le  feu- 
Ao<  ■  2 


18  PHO 

cide  non  pas  double  de  celle  du  phosphate  neutre  de  chaux, 
mais  double  de  celle  du  sous- phosphate  de  chaux  des  os, 
c'est-à-dire , 

Acide  phosphorique   .. .    loo 

Chaux 53,2. 

M.  Bcrzelius  a  remarqué  que  l'acide  phosphorique  sur- 
saturé de  phosphate  de  chaux,  est  représenté  par 

Acide 100 

Chaux 49- 

11  a  vu  que  cette  solution  ,  chauffée,  se  réduit  en  phosphate 
de  chaux  neutre,  qui  se  précipite,  et  en  un  sur- phosphate 
solublc  ,  formé  de 

Acide loo 

Chaux 3o. 

Phosphate  de  cobalt. 

Berzelius. 

Acide 48,75 

Protoxide  de  cobalt 5i,25. 

On  prépare  ce  sel  en  versant  du  phosphate  de  soude  dans 
du  nitrate  ou  de  l'hydrochlorate  de  cobalt. 

Ce  phosphate  est  rose  ,  parce  qu'il  contient  de  l'eau;  mais 
en  la  perdant  par  l'action  de  la  chaleur,  il  passe  au  bleu. 

C'tst  sur  cette  propriété  qu'est  fondé  la  fabrication  du  bleu 
de  Thénard.  Nous  allons  la  décrire  d'après  ce  célèbre  chimiste. 

«  On  traite,  dit  M.  Thénard,  à  l'aide  de  la  chaleur,  la 
<j  mine  de  cobalt  de  Tunaberg  grillée,  par  un  excès  d'acide 
«  nitrique  foible  ;  on  fait  évaporer  la  dissolution  presque 
«  jusqu'à  siccité;  on  fait  chauffer  le  résidu  avec  de  l'eau; 
«  on  filtre  la  liqueur  pour  en  séparer  une  certaine  quantité 
«  d'arseniate  de  fer,  qui  se  dépose  :  alors  on  y  verse  une 
„  dissolution  de  sous- phosphate  de  soude,  et  l'on  obtient 
,t  un  précipité  violet  de  sous -phosphate  de  cobalt.  Ce  pré- 
«  cipité  étant  lavé,  rassemblé  sur  un  filtre  et  emore  en 
«  gelée,  on  en  prend  une  partie,  que  l'on  mêle,  le  plus 
«  exactement  possible  ,  avec  huit  parties  d'hydrate  d'alu- 
«  mine  ou  d'alumine  en  gelée.  On  reconnoîtra  que  le  mé- 
«  lange  sera  bien  fait,  lorsqu'il  sera  également  coloré,  ou 


PHO  19 

-ï  qu'on  n'y  apercevra  plus  de  petits  points  de  phosphate 
«  isolé:  dans  cet  état,  on  le  fera  sécher  à  l'étuve  ou  sur 
«  un  fourneau,  et  lorsqu'il  sera  assez  sec  pour  être  cassant, 
«  on  le  calcinera  dans  un  creuset  de  terre  ordinaire.  A  cet 
«  effet,  on  remplira  le  creuset  de  matière;  on  le  recouvrira 
«  de  son  couvercle;  on  le  chauffera  peu  à  peu,  jusqu'au- 
«  dessus  du  rouge-cerise,  et  on  le  tiendra  exposé  à  ce  digré 
«  de  chaleur  pendant  une  demi-heure;  on  retirera  le  creu- 
«  set,  et  l'on  y  trouvera  une  belle  couleur  bleue,  qu'on 
^  conservera  dans  un  flacon.  L'opération  réussira  constam- 
t(  ment,  si  on  a  le  soin  d'employer  un  suffisant  excès  d'am- 
«  moniaque  pour  préparer  l'alumine,  de  la  laver  à  plusieurs 
«  reprises  avec  des  eaux  très-limpides,  par  exemple  iiltrées 
«   au   charbon. 

«  Le  phosphate  de  cobalt  peut  être  remplacé,  dans  la 
«  préparation  de  cette  couleur,  par  l'arseniate  de  cobalt  : 
»t  seulement ,  au  lieu  d'employer  une  partie  d'arseniate  sur 
«  huit  d'alumine,  il  ne  faudra  en  employer  qu'une  demi- 
«  partie.  On  obtiendra  d'ailleurs  ce  sel  de  même  que  le 
«  phosphate,  c'est-à-dire,  en  versant  dans  la  solution  de 
<f  cobalt,  préparée  comme  nous  venons  de  le  dire ,  une 
«   dissolution  d'arseniate  de   potasse. 

«  En  mêlant  intimement  et  en  proportions  convenables, 
„  de  l'alumine  en  gelée  ou  de  l'alun  à  base  d'ammoniaque 
f<  avec  une  solution  de  nitrate  de  cobalt,  desséchant  et  cal- 
^  cinant  le  mélange ,  il  se  produit  encore  une  couleur  bleue, 
K  analogue  à  la  précédente  :  ce  qui  tend  à  prouver  que  cette 
«  couleur  n'est  qu'un  composé  d'alumine  et  d'oxide  de  co- 
«  balt.  Celle  que  donne  l'alumine,  est  assez  belle  ;  mais 
«   celle  qui  provient  de  l'alun  est  pâle,  » 

Phosphate  de  deutoxide  de  cuivre. 
Berzelias. 

Acide  ....' .- 47,37 

Deutoxide  de  cuivre....    52,63. 
On  le    prépare   en  mêlant  une  solution  de  phosphate  de 
soude  avec  du  sulfate  de  cuivre. 

Ce  sel  est  d'un  bleu  tendre  quand  il  est  hydraté  ;  mais 
quand  on  le  chauffe  il  devient  brun,  en  perdant  son  eau. 


20  PHO 

Il  est  insoluble  dans  l'eau  ,  et  soluble  dans  tous  les  acides 
qui  dissolvent  le  deutoxide  de  cuivre. 
La  potasse  le  décompose. 
Il  se  trouve  dans  la  nature. 

Phosphate  de  protxoide  d'étain. 

Berzelius. 

Acide 34,82 

Protoxide  d'étain....   65, 18. 
On  le  prépare  en  versant  du  phosphate  de  soude  dans  de 
l'hydrochlorate  de  protoxide  d'étain.  Le  phosphate  d'étain  se 
précipite. 

Phosphate  de  deutoxide  d'étain. 

Berzelius. 

Acide 48,82 

Deutoxide....    5i,i8. 
On  le  prépare  en  versant  de  l'eau  dans  de  l'hydrochlorate 
de  peroxide  d'étain.  Ce  sel  est  insoluble. 

Phosphate  de  protoxide  de  fer. 
Berzelius. 

Acide 50,59 

Protoxide....   49,61.. 

On  obtient  ce  sel  en  décomposant  le  sulfate  de  protoxide 
de  fer,  par  le  phosphate  de  soude.  Ce  sel  se  précipite  en 
flocons  gélatineux  d'un  blanc  sale,  quand  on  a  eu  le  soin 
d'écarter  l'oxigène  atmosphérique  des  liqueurs;  autrement  il 
est  d'un  blanc  grisâtre  ;  et  s'il  a  le  contact  de  l'air,  il  devient 
d'un  bleu  d'ardoise. 

On  a  généralement  décrit  comme  phosphate  de  protoxide 
de  fer,  le  phosphate  bleu  de  la  nature,  ainsi  que  le  phos- 
phate artificiel  devenu  bleu  par  son  exposition  à  l'air.  J'avoue 
que  je  suis  assez  porté  à  croire  que  le  phosphate  bleu  résulte 
de  l'union  de  l'acide  phosphorique  avec  le  protoxide  et  le 
peroxide  de  fer.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  sels  de 
fer  au  minimum,  et  les  sels  au  maximum,  ne  donnent  pas 
de  précipité  bleu,  et  qu'il  faut,  pour  obtenir  celui-ci,  ex- 
poser à  Pair  le  phosphate  préparé  avec  un  sel  de  fer  au  mi- 
nimum ,  lorsqu'il   est   encore   gélatineux.    En    outre,   il  est 


PHO 

certain  que  l'absorption  de  l'oxigène  par  le  phosphate  blanc 
ne  porte  pas  le  protoxide  au  maximum,  pu  sque  le  phos- 
phate bleu,  traité  à  chaud  par  la  potasse,  se  réduit  en 
acide  phospborique  qui  s'unit  à  l'alcali ,  et  en  oxide  de  fer 
noir,  qui  est  évidemment  du  deutoxide  de  fer,  ou  plutôt 
une  combinaison  de  protoxide  et  de  deutoxide. 

Le  phosphate  de  fer  bleu,  calciné,  devient  rouge  en  ab- 
sorbant de  l'oxigène. 

Il  est  soluble  dans  les  acides  sulfurique,  hydrochlorique, 
etc. 

JI  est  réduit  par  le  charbon  en  phosphure  de  fer. 

Phosphate  de  peroxide  de  fer. 
Beizelius. 

Acide 57,77 

Peroxide  de  fer. . . .    42,23. 

On  le  prépare  en  précipitant  l'hydrochlorate  de  peroxide 
de  fer  par  le  phosphate  de  soude.  Le  phosphate  récemment 
précipité  est  d'un  blanc  légèrement  jaunâtre. 

Par  la  çalcination  il  devient  rougeàtre  en  perdant  son  eau. 

Comme  le  phosphate  de  fer  bleu  ,  il  est  soluble  dans  les 
acides  sulfuiùque ,  hydrochlorique;  il  est  décomposé  par  la 
potasse  et  réduit  par  le  charbon  rouge  en  phosphure. 

MM.  Fourcroy  et  Vauquelin  avoient  avancé  que  le  sang 
devoit  sa  belle  couleur  à  du  phosphate  de  peroxide  de  fer 
qui  avoit  été  réduit  en  sous -phosphate  de  peroxide  par 
l'alcali  du  sang. 

Phosphate  de  glucine. 

Berzelius. 

Acide 56,84 

Glucine....   43,16. 

M.  Vauquelin  l'a  obtenu  en  précipitant  le  sulfate  ou  Phy- 
drochlorate  de  glucine  par  le  phosphate  d'ammoniaque. 

Il  est  en  poudre  blanche. 

Il  se  fond  au  feu  en  un  verre  transparent. 

Il  est  soluble  dans  un  excès  de  son  acide,  et  dans  les  acides 
qui  forment  des  sels  solubles  avec  sa  base. 


^a  PHO 

Phosphate  de  magnésie. 
Berzelius. 

Acide 63,33 

Magnésie....    36,67. 

On  le  prépare  en  mêlant  des  solutions  de  phosphate  de 
soude  et  de  sulfate  de  magnésie  :  si  les  solutions  sont  sutii- 
samnient  étendues  d'eau,  le  phosphate  qui  se  dépose  est  sous 
forme  crisialline. 

11  cristallise  en  prismes  hexaèdres  dont  les  côtés  sont  iné- 
gaux. A  la  longue  il  imprime  à  la  langue  une  saveur  dou- 
ceâtre et  amère. 

Au  feu  il  se  fond  en  un  verre  transparent. 

Il  est  (flflorescent. 

Il  est  légèrement  soluble  dans  l'eau  bouillante  -.  par  le  re^ 
frnidissenient ,  la  liqueur  dépose  des  cristaux,  et  il  ne  reste 
que  très- peu  de   phosphate  en   dissolution. 

Il  est  très-soluble  dans  un  excès  de  sou  acide,  et  dans  l'eau 
acidulée  d'acides  hydrochlorique  ,   nitrique  ,    etc. 

L'acide  sulfurique  le  dissout.  Par  l'évaporation ,  on  obtient 
le  sulfate  de  magnésie  en  cristaux. 

La  potasse,  la  soude ,  la  baryte  ,  la  strontiane  ,  la  chaux  , 
le  décomposent. 

L'ammoniaque  le  décompose  en  partie;  la  portion  indé- 
composée forme  un  sel  double  avec  le  phosphate  d'ammo- 
niaque qui  s'en  produit. 

Ce  sel  fut  découvert,  en  1773  ,  par  Bergman. 

11  se  troiive  dans  les  os,  dans  les  urines  de  plusieurs  ani^ 
maux,  et  dans  les  plantes. 

Bl-PHOSFHATE    DE    MAGNÉSIE. 

Acide 775^5 

Magnésie....   ^^,45. 

Phosphate  ammoniaco- magnésien. 

Fourcrov. 
Phosphate  d'ammoniaque. ...   35 

Phosphate   de   magnésie 55 

Eau 33. 

Fourcroy  a  découvert  ce  sel.  Il  l'a  préparé,  soit  en  préci- 


PHO  23 

pitant  par  l'ammoniaque  le  phosphate  de  magnésie  dissous 
dans  un  excès  de  son  acide,  soit  en  mélaiigeiint  des  solutions 
de  phosphate  d'ammoniaque  et  de  sur-phosphate  de  uiagnésie. 

Il  cristallise  en  prismes  tétraèdres  très  petits,  terminés  par 
des  pyramides  irrégulières  à  quatre  faces. 

Il  est  insipide. 

M.  Vauquelin  dit  qu'au  feu  il  perd  son  ammoniaque  sans 
que  le  résidu  soit  acide.  L'acide  du  phosphate  d'ammoniaque 
se  volatilise-t-il  P  ou  bien  le  phosphate  de  magnésie,  qui  est 
uni  au  phosphate  d'ammoniaque,  est-il  un  bi-sous-phosphate? 
et  dans  ce  cas  la  pro,nortion  de  ce  sel  seroit-elle  convenable 
pour  que  l'acide  uni  à  l'ammoniaque  égalât  l'acide  de  la 
magnésie?  c'est  ce  qui  n'a  pas  encore  été  examiné. 

Il  est  presque  insoluble  dans  l'eau. 

Le  phosphate  auimoniaco  -  magnésien  se  dépose  de  l'urine, 
qui  s'altère  spontanément  par  son  exposition  à  l'air  ;  il  se 
dépose  d'un  grand  nombre  de  sucs  végétaux  qui  contiennent 
du  phosphate  de  magnésie  et  une  matière  azotée  putréfiable. 
Je  peux  citer  pour  exemple  le  suc  de  pastel  qui  a  été  coagulé 
par  la  chaleur. 

Le  phosphate  ammoniaco- magnésien  existe  dans  les  con- 
crétions animales. 

Phosphate  »e  manganèse. 

Bcrzelius. 

Acide 49j47 

Protoxide  de  manganèse  ... .    5o,55. 

On  le  prépare  en  mêlant  des  solutions  de  sulfate  de  manga- 
nèse et  de  phosphate  de  soude. 
Il  est  blanc. 
Il  est  décomposé  par  la  potasse  et  la  soude  bouillantes. 

Phosphate  de  protoxide  de  mercure. 
Berzelius. 

Acide    14,60 

Protoxide.  . . .    85, 5o. 
On  l'obtient  en  mêlant  le  nitrate  de  protoxide  de  mercure 
avec  le  phosphate  de  soude. 
Il  est  blanc  grenu. 


24  PHO 

Phosphate  de  pero.xide  de  iMercure, 

Berzelius. 

Acide 24,62 

Peroxide....   76,08, 

II  se  prépare  en  mêlant  des  solutions  de  phosphate  de  soude 
et  de  peroxide  de  mercure. 
Il  est  d'un  jaune  léger. 

Phosphate  de  potasse. 

Acide .    43,06 

Potasse 56, (j4. 

Ce  sel  s'obtient  en  neutralisant  la  potasse  par  l'acide  phos- 
phorique. 

Il  verdit  légèrement  la  couleur  de  violette. 

Il  ne  cristallise  pas.  Il  est  presque  insipide. 

Au  feu,  il  se  fond  d'abord  dans  son  eau  de  cristallisation) 
ensuite  il  éprouve  la  fusion  ignée. 

Il  est  déliquescent  ,  et  par  conséquent  très-soluble  dans 
Peau. 

Les  eaux  de  baryte,  de  strontiane  et  de  chaux,  précipitent 
son  acide. 

Il  est  décomposé  quand  on  le  chauffe  très-fortement,  avec 
le  double  de  son  poids  de  charbon,  dans  une  cornue  de  por^ 
celaine  lutée, 

B1-PHOSPHATE    DE    POTASSE, 
ISeiïplius. 

Acide 60,20 

Potasse 09,80, 

En  ajoutant  à  la  potasse  deux  fois  plus  d'acide  phosphorique 
qu'il  ii'tn  faut  pour  la  neutraliser,  on  obtient  un  sel  qui  cris- 
tallise en  prismes  quadr.jngulaires  terminés  par  d<  s  pyramides 
à  quatre  faces. 

Le  même  sel  parort  se  former  quand  on  traite  le  phosphate 
neutre  par  les  acides  nitrique,  hydrochlorique  et  même  acé- 
tique. 

Il  a  une  saveur  très-aisre.  11  rougit  fortement  le  tournesol. 


PHO  35 

II  se  fond  au  feu  en  un  verre  transparent ,  qui  devient 
opaque  en  refroidissant. 

Il  est  assez  soluble  dans  l'eau. 

Sous-phosphate  de  potasse. 

Lorsqu'on  fait  chauffer,  dans  un  creuset  de  platine,  deux 
parties  de  phosphate  de  potasse  mêlées  à  une  partie  de  potasse 
à  l'alcool,  et  qu'on  lave  la  masse  fondue  avec  de  l'eau,  il 
reste  une  poudre  blanche  ,  qui  est  un  sous-phosphate  de  po- 
tasse,  suivant  Darracq. 

Ce  sel  n'a  presque  pas  de  saveur.  Il  se  fond  au  feu  en  un 
verre  qui  devient  opaque  par  le  refroidissement. 

Il  est  presque  insoluble  dans  l'eau  froide. 

L'eau  bouillante  en  dissout  une  quantité  notable  :  aussi 
précipite-t-elle  l'eau  de  chaux  et  le  nitrate  d'argent. 

Il  est  dissous  dans  les  acides  nitrique  ,  hydrochlorique. 
Ces  dissolutions  sont  épaisses  comme  de  l'empoi  concentré. 

Elles  donnent  par  les  alcalis  un  précipité  qui  est  soluble 
dans  un  excès  d'eau. 

C'est  surtout  cette  préparation  qui  avoit  fait  croire  à  Guy- 
ton  et  à  Desormes,  que  quand  on  calcine  le  chlorate  de  potasse 
avec  l'acide  phosphorique,  on  changeoit  la  potasse  en  chaux j 
mais  la  description  que  Darracq  a  donnée  des  propriétés  du 
sous-phosphate  de  potasse  ,  explique  l'erreur  de  Guyton  et  de 
Desormes. 

Phosphate  de  nickel. 

Bcrzelius. 

Acide 48,71 

Oxide  de  nickel. .. .   61,29. 
On  le  prépare  en  mêlant  du  phosphate   de  soude  avec  du 
sulfate  de  nickel. 

Il  est  insoluble  ;  d'une  couleur  verdàtre. 

Phosphate  de  plomb. 
Berzelius. 

Acide 24,24 

Protoxide. . . .   75,76. 
On  le  prépare  en  décomposant  une  solution  de  chlorure 


^6  PHO 

de  plomb  par  le  phosphate  de  soude.  Si  l'on  employoit  le 
nitrate  de  plomb,  on  obtiendroit  un  sel  double  de  nitrate 
et  de  phosphate  de  plomb. 

Le  phosphate  de  plomb  est  blanc  ;  on  le  trouve  dans  la 
nature  cristallisé  en  prismes  hexaèdres.  Exposé  à  la  flamme 
du  charbon,  il  se  fond  en  un  verre  transparent  qui  cristal- 
lise en  polyèdres  par  le  refroidissement. 

Jl  est  insoluble  dans  l'eau. 

Il  faut  une  assez  grande  quantité  de  son  acide  pour  le  dis- 
soudre. 

L'acide  sulfurique  le  décompose  complètement. 

L'acide  hydrochlori({ue  bouillant  le  dissout.  Par  le  refroi- 
dissement il  se  dépose  des  cristaux  de  chlorure  de  plomb;  mais 
la  décomposition  du  phosphate  n'est  pas  complète. 

L'acide  nitrique  le  dissout.  La  potasse,  la  soude,  l'ammo- 
niaque ,  précipitent  de  cette  solution  un  phosphate  qui  con- 
tient probablement  un  excès  de  base. 

Quand  onchaufle  le  phosphate  de  plomb  avec  du  charbon, 
on  obtient  un  phosphure  métallique. 

Phosphate  et  nitrate  de  plomb. 

Ce  sel  se  produit  lorsqu'on  verse  du  phosphate  d'ammo- 
niaque dans  du  nitrate  de  plomb.  Il  se  dépose  quelques  heures 
après  le  mélange  en  petits  grains  cristallins. 

Ces  cristaux  sont  presque  inattaquables  par  l'eau  froide; 
mais  l'eau  bouillante  en  sépare  du  nitrate  de  plomb. 

Au  feu  ils  perdent  leur  acide  nitrique  et  il  reste  du  sous- 
phosphate  de  plomb  ,  dans  lequel  la  quantité  de  base  est 
1  )(,  celle  du  phosphate  neutre  ,  d'oîi  M.  Berzelius  conclut 
que  dans  le  sel  double  deux  proportions  de  protoxide  sont 
unies  à  l'acide  phosphorique ,  tandis  qu'une  seule  l'est  à  Pa- 
cide  nitrique. 

SeSQUI- sous -PHOSPHATE    DE    PLOMB. 

M.  Berzelius  a  obtenu  ce  sel  en  faisant  digérer  le  phos- 
phate neutre  de  plomb  dans  l'ammoniaque;  lavant  le  résidu 
et  le  faisant  rougir  :  il  Ta  trouvé  formé  de  i  '/^  fois  autant  de 
base  que  le  phosphate  neutre,  c'est-à-dire, 

Acide. J7>38 

Protoxide  de  plomb....   'd-j,/i-j. 


PHO  37 

Sesoui  5Ur-?hosi'hate  de  plomb. 
M.  Berzelius  a  obtenu  ce  sel  en  versant  du  bi-phosphate  de 
soude  dans  une  solution  bouillante  de  chlorure  de   plomb, 
lavant  le  précipité  a  l'eau  froide,  puis  à  l'eau  bouillante.  Le 
précipité  rougissoit  le  tournesol ,  et  étoit  formé  de 

Acide ^9?9o 

Protoxide  de  plomb, .. .    70,10, 

c'est-cà-dire,  que  ce  sel  contient  1  '/^  plus  d'acide  que  le  phos- 
phate neutre. 

Phosvhate  de  silice. 
Lorsqu'on  fond  l'acide  phosphorique  avec  une  proportion 
suffisante  de  silice,  on  obtient  un  verre  qui  n'est  pas  déli- 
quescent comme  l'est  le  verre  d'acide  phosphorique  pur,  et 
qui  est  une  vraie  combinaison  des  deux  corps.  Mais,  si  l'on 
considère  l'acidité  de  la  silice,  on  ne  peut  comparer  ce  com- 
posé aux  sels  proprement  dits  ;  car  la  disparition  plus  ou  moins 
-grande  de  l'acidité  de  l'acide  phosphorique  tient  uniquement 
à  l'insolubilité  de  la  silice  dans  Teau. 

Phosphate  de  soude. 
Thcnaid.  Beraelius. 

Acide i5    ....   55,3    ....    20,41 

Soude. —    19    ....   46,7    ....    17,88 

Eau 06    61,7  1  ,  dont  l'oxigène  est 

double  de  celui  de  la  base. 
On  obtient  ce  sel  en  grand  ,  en  neutralisant  ,  par  le  sous- 
Carbonate  de  soude,  l'excès  d'acide  de  sur-phosphate  de  chaux 
provenant  du  traitement  des  os  par  l'acide  sulfurique,  ou  en 
neutralisant  l'acide  phosphorique  par  la  soude.  Si  l'on  ne 
met  pas  un  excès  d'alcali  bien  sensible,  on  obtient  des  cris- 
taux de  phosphate  alcalins  au  sirop  de  violette  et  une  eau- 
mère  acide  au  tournesol ,  ainsi  que  M.  Thénard  l'a  remarqué 
il  y  a  long-temps. 

Ce  sel  cristallise  en  prismes  rhomboidaux  ;  quelquefois  en 
prismes  hexaèdres. 

Il  n'a  qu'une  légère  saveur;  il  verdit  le  sirop  de  violette  et 
rougit  l'hématine  comme  le  font  les  alc,ilis  foibles. 


28  PHO 

Au  feu  il  se  fond  dans  son  eau  de  cristallisation,  puis  il  se 
vitrifie.  Ce  verre  cristallise  en  se  refroidissant,  et  finit  par 
devenir  opaque. 

Il  s'effleurit  à  l'air  avec  une  grande  facilité. 

Il  demande  4  parties  d'eau  à  1  5''  et  2  parties  d'eau  bouil- 
lante pour  se  dissoudre. 

Comme  le  phosphate  de  potasse  ,  il  est  en  partie  décom- 
posé par  le  charbon  rouge  de  feu. 

Les  acides  sulfurique,  nitrique,  hydrochlorique  ,  le  ré- 
duisent en  sur-phosphate  de  soude. 

Les  alcalis  solubles  en  précipitent  l'acide  ,  si  ce  n'est  en  to- 
talité,  du  moins  en  partie. 

Ce  sel  existe  dans  l'urine,  mais  en  combinaison  avec  le 
phosphate  d'ammoniaque. 

Il  est  employé  en  médecine  comme  purgatif.  Outre  l'avan- 
tage qu'il  a  de  n'avoir  pas  de  saveur  amère ,  il  a  celui  de 
purger  sans  occasioner  des  nausées.  Il  peut  être  substitué  au 
borax  dans  la  soudure  :  il  sert  de  flux  dans  les  essais  au  cha- 
lumeau. 

SuR-PHOSPHATE    DE    SOUDE. 

Le  sur- phosphate  de  soude,  qu'on  obtient  en  traitant  le 
phosphate  neutre  par  les  acides ,  a  été  appelé  sel  perlé  de  Haupt , 
parce  que  c'est  Haupt  qui  l'a  découvert.  Le  nom  de  sel  perlé 
lui  a  été  donné  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  les  perles 
lorsqu'on  l'a  fondu.  Proust  pensa  qu'il  contenoit  un  acide 
particulier,  qu'il  appela  acide  du  sel  perlé  ;  mais  Klaproth 
en  fit  connoitre  la  vraie  nature. 

Le  sur- phosphate  de  soude  cristallise  en  petites  paillettes 
semblables  à  l'acide  borique. 

Il  est  vraisemblable  qu'en  ajoutant  à  du  phosphate  de  soude 
de  l'acide  phosphorique,  puis  de  l'alcool ,  le  précipité  qu'on 
obtient  alors  est  semblable  au  précédent.  M.  Berzelius ,  qui  a 
recueilli  ce  précipité,  n  en  a  pas  Tait  une  an^ilyse  assez  rigou- 
reuse pour  en  établir  la  composition  ;  mais  il  pense  qu'il  est 
très-probable  qu'il  contient  deux  fois  plus  d'acide  que  le 
phosphate  neutre  ;  qu'il  est  par  conséquent  un  bi-phosphatc. 


PHO  29 

Phosphate  AiMmoniaco  de  soude. 
Sel  microcosmique.  =  Sel  fusible  de  l'urine, 
Fourcroy. 

Acide 32 

Ammoniaque....    19 

Soude ^4 

Eau 25. 

Margraff  reconnut  dans  ce  sel,  qu'on  obtint  d'abord  âû 
l'urine  ,  l'ammoniaque  et  le  phosphore  ;  Fourcroy  ensuite 
en  fit  connoitre  la  nature.  On  peut  l'obtenir  en  mêlant  des 
dissolutions  de  phosphates  de  soude  et  d'ammoniaque. 

Ce  sel  est  eflflorcscent  ;  en  perdant  de  l'eau  ,  il  perd  une 
petife  quantité  d'ammoniaque. 

Au  feu  il  se  convertit  en  sur- phosphate  de  soude. 
On  dit  qu'il  ne  dégage  pas  d'ammoniaque  quand  on  le  tri- 
ture avec  de  la  soude. 

Phosphate  de  strontiane. 
Berzelius. 

Acide 40,8 

Strontiane....    69,2. 

On  le    prépare   en   précipitant  une  solution   d'un  sel  de 
strontiane  par  le  phosphate  d'ammoniaque. 
Il  est  en  poudre  blanche. 
Il  se  fond  en  émail. 

Il  est  soluble  dans  les  acides  nitrique  et  hydrochlorique. 
Il  est  complètement  décomposé  par  l'acide  sulfurique. 
Il  a  été  découvert  par  Hope  en  1797. 

Phosphate  de  zinc. 

Berzelius. 

Acide 4^,99 

Oxide  de  zinc...    55, 01. 

On  le  prépare  en  mêlant  le  phosphate  de  soude  avec  le 
sulfate  de  zinc. 

Ce  sel ,  insoluble  dans  l'eau  ,  le  devient  dans  un  excès  de 
son  acide. 


ôo  PHO 

Phosphate  de  zircone. 

On  ignore  la  proportion  des  principes  immédiats  de  ce  sel: 
on  ^ait  seulement  qu'ils  forment  un  composé  insoluble;  car 
l'acide  phosphorique  précipite  les  sels  solubles  de  zircone. 

Phosphate  d'yttria. 

On  sait  que  ce  sel  est  insoluble  ;  car  les  phosphates  de  soude , 
d'ammoniaque,  précipitent  les  solutions  salines  d'yttria.  (Cii.) 

PHOSPHATIQUE  [Acide].  (Chim.)  M.  Dulong  a  proposé 
ce  nom  pour  désigner  Tacide  qui  se  produit  lorsque  le  phos- 
phore brûle  lentement  dans  l'air  atmosphérique.  Sage  avoit 
bien  vu  qu'il  diffère  de  l'acide  phosphorique;  mais  ce  ne  fut 
qu'en  1777  que  r,avoisier  démontra  que  cette  différence  tient 
à  ce  qu'il  contient  moins  d'oxigène  que  ce  dernier  :  en  consé- 
quence on  l'appela  acide  phosphoreux  dans  la  nouvelle  nomen- 
clature chimique.  M.  Davy  reconnut,  en  1800,  qu'il  contenoit 
constamment  de  l'icirle  phosphorique,  et  en  même  temps  il  fit 
connoître  le  véritable  acide  phosphoreux:  il  considéra  Tacide 
phdspliatique  comme  un  mélange  d'acides  phosphoreux  et 
phosphorique.  M.  Dulong  ,  au  contraire,  en  1816,  ayant  repris 
l'examen  de  cet  acide  ,  le  regarda  comme  un  composé  de  ces 
deux  acides  ;  et  c'est  d'après  cette  manière  devoir  qu'il  proposa 
le  nom  d'acide  phosphatique.  M.  Dulong  s'appuya  principale- 
ment sur  ce  que  cet  acide  contient  une  proportion  constante 
d'oxigène  et  de  phosphore,  et  sur  ce  qu'il  ne  donne  pas, 
quand  on  l'unit  aux  bases  salifiables ,  des  srls  particuliers  ,  mais 
bien  des  phosphates  et  des  phosphites.  Si  l'on  vouloit  suivre  le 
principe  de  nomenclature  qu'on  a  établi  dans  ces  derniers 
temps ,  il  faudroit  l'appeler  acide  hypophosphorique. 

Composition. 


Tlienard. 

Du 

long. 

Ixigène   . . . 

.    1 10,4  •  •  ■ 

.  .    log    . . 

...    112,4, 

par  le  calcul. 

hosphore    , 

. .   100 

.  .    100    . 

. . .    100 

Propriétés. 

Toutes  les  propriétés  de  cet  acide  sont  celles  qui  doivent 
résulter  d'un  mélange  d'acides  phosphorique  et  phosphoreux. 


PHO  3i 

Préparation. 

Pour  préparer  cet  acide  ,  il  faut  introduire  dans  de  petits 
tubes  de  verre  ,  effilés  à  un  bout,  des  bâtons  de  phosphore; 
placer  ces  tubes  dans  un  entonnoir  qui  repose  sur  un  fla- 
con .  mettre  l'appareil  dans  une  assiette  couverte  d'eau  ,  puis 
recouvrir  le  tout  d'une  cloche  de  verre  portant  deux  ouver- 
tures, l'une  à  son  sommet  et  l'autre  latérale.  Par  ce  moyen 
la  combustion  du  phosphore  est  toujours  [ente,  et  à  mesure 
qu'elle  a  lieu  ,  la  vapeur  d'eau  dissout  l'acide  produit  et  Pen- 
traine  dans  le  flacon.  (Ch.) 

PHOSPHITES.  (  Oiïm.  )  Combinaisons  salines  de  l'acide 
phosphoreux  avec  les  bases  salifiables. 

Composition. 

Dans  les  phosphites  neutres  à  base  d'oxides ,  le  phosphore 
est  au  métal  dans  le  même  rapport  que  dans  les  phosphures 
neutres;  et  comme  il  en  est  de  même  des  phosphates  ,  on 
conçoit  que,  si  l'acide  d'un  phosphite  passe  à  Pétat  d'acide 
phosphorique  ,  la  neutralité  de  la  combinaison  restera  cons- 
tante :  tel  est  aussi  le  résultat  des  observations  de  M.  Gay- 
Lussac  ,  qui  ont  été  confirmées  par  celles  de  M.  Dulong  et 
de  M.  Berzeliiis, 

Dans  les  phosphites,  Poxigène  de  Pacide  est  à  celui  de  la 
base  ::  3:2. 

Il  existe,  outre  les  phosphites  neutres  ,  des  sous-phosphifes 
et  des  sur-phosphites. 

Préparation. 

On  prépare  les  phosphites  en  unissant  directement  Pacide 
phosphoreux  avec  les  bases  salifiables. 

Les  oxides  métalliques  faciles  à  réduire  ne  forment  pas  de 
phosphites,  parce  qu'ils  sont  réduits,  non-seulement  par  Pa- 
cifie phosphoreux,  mais  ils  le  sont  encore,  au  moins  pour 
la  plupart,  par  les  phosphites. 

Pœmarque. 

Les  phosphites  n'ont  été  que  peu  examinés,  et  encore  ne 
peut-on  compter  jusqu'ici  que  sur  les  observatioc»  He  M.  Du- 
long; car  avant  ce  chimiste,  qui  a  étudié  quelques  espèces 


3â  PHO 

de  phosphites  préparés  avec  l'acide  phosphoreux  de  Davy, 
l'on  avoit  toujours  décrit  comme  des  phosphites  les  matières 
salines  obtenues  en  unissant  avec  les  bases  l'acide  que  donne 
le  phosphore  en  brûlant  spontanément  dans  l'air:  or,  il  est 
bien  prouvé  maintenant  que  par  ce  moyen  on  ne  peut  obtenir 
que  des  phosphates  ,  ou  un  mélange  de  phosphites  et  de  phos- 
phates ;  c'est  pour  cette  raison  que  nous  ne  pouvons  citer  ici 
le  travail  de  MM,  Fourcroy  et  Vauquelin. 

Phosphite  d'ammoniaque. 

11  cristallise,  mais  si  confusément,  que  M.  Dulong  n'a  pu 
en  déterminer  la  forme* 

Il  est  déliquescent ,  conséquemment  très-soluble  dans  l'eau  ; 
mais  il  est  insoluble  dans  l'alcool. 

Par  la  chaleur  il  laisse  dégager  de  l'ammoniaque;  et,  à  un 
certain  degré  de  concentration  ,  de  l'hydrogène  proto-phos- 
phuré  qui  s'enflamme  à  l'air  ,  si  la  température  du  sel  est 
suffisamment  élevée. 

Pkosphite  de  baryte. 

Le  phosphite  neutre  est  soluble  et  susceptible  de  cristal-* 
liser,  quand  la  solution  est  évaporée  spontanément;  mais,  si 
l'on  chauffe  la  liqueur  lorsqu'elle  a  atteint  de  5o  à  6o'\  il  se 
dépose  de  petits  cristaux  nacrés  de  sous-phosphite ,  absolu- 
ment insolubles  dans  l'eau  ,  et  il  reste  en  dissolution  un  sur- 
phosphite  plus  difficilement  cristallisable. 

Le  phosphite  neutre  de  baryte,  mis  sur  un  charbon  ardent, 
produit  une  flamme  jaune;  le  sous-phosphite  en  produit  une 
moins  intense,  et  le  sur-phosphite  une  plus  intense. 

Le  sous-phosphite  de  baryte  distillé  donne  de  l'hydrogène 
proto-phosphuré ,  un  peu  de  phosphore,  et  un  phosphate 
coloré  en  jaune  fauve;  et  ce  qui  est  remarquable,  c'est  que 
ce  phosphate  ne  perd  point  sa  couleur  lorsqu'on  le  calcine 
avec  l'oxigène  :  cependant  elle  est  due  à  la  matière  rouge 
qu'on  a  appelée  oxide  de  phosphore,  et  qui  est  combustible* 
Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  traiter  ce  résidu  par  de  l'acide 
hydrochlo."!que  ou  nitrique  ,  qui  dissout  le  phosphate  ,  h 
l'exclusion  de  la  matière  rouge- 


PHO  53 

Phosphite  de  potasse. 
Il  est  déliquescent.   M.  Dulong  n'a  pu  faire  cristalliser  sa 
dissolution. 

Il  est  insoluble  dans  l'alcool. 

Le  phosphite  de  potasse  se  comporte  à  la  distillation  comme 
le  sous-phosphite  de  baryte.  Le  résidu  de  phosphate  est  rouge; 
en  le  traitant  par  l'eau,  la  matière  rouge  n'est  pas  dissoute; 
celle-ci,  traitée  par  les  acides,  donne  lieu  à  un  foible  déga- 
gement d'hydrogène  phosphore. 

Phosphite  de  soude. 
II  est  très-soluble  dans    l'eau.    La  solution   cristallise  en 
rhomboïdes  qui  s'approchent  beaucoup  du  cube. 
Il  est  insoluble  dans  l'alcool. 
Il  se  comporte  à  la  manière  du  phosphite  de  potasse. 

Phosphite  de  sïrontiane. 
Il  présente  des  propriétés  tout-à-fait  analogues  à  celles  du 
phosphite  de  baryte.  (Ch.) 

PHOSPHITES  [Hypo-].  (  Chim.)  Combinaisons  salines  de 
Pacide  hypophosphoreux  avec  les  bases  salifiables. 

Ces  sels  n'ont  été  étudiés  que  par  M.  Dulong,  qui  les  a 
découverts  :  voici  les  propriétés  qu'il  leur  a  reconnues. 
Action  de  l'eau. 
Tous  les  hypophosphites  sont  solubles  dans  Peau.  L'hypo- 
phosphite  de  potasse  est  beaucoup  plus  déliquescent  que  le 
chlorure  de  calcium.  Les  hypophosphites  de  baryte  et  de 
strontiane  ne  peuvent  être  obtenus  cristallisés  régulièrement, 
à  cause  de  leur  extrême  solubilité. 

Action  de  l'alcool. 
Les   hypophosphites  de  potasse  et  de  soude  sont  solubles 
dans  l'alcool   en  toutes  proportions. 

Action  de  la  chaleur. 
Ils  donnent   à   la  distillation    du    gaz  hydrogène  perphos- 
phuré  ,   du  phosphore,  et  un  phosphate  mêlé  d'oxide  rouge 
de  phosphore,  qu'on  peut  en  séparer  au  moyen  de  tout  acide 
susceptible  de  dissoudre  le  phosphate. 

Ce  résultat  explique  pourquoi  les  hypophosphites  projetés 
sur  un  charbon  ardent ,  produisent  une  belle  flamme  jaune. 
40 .  3 


34  fHO 

Action  de  Voxigène. 
Les  hypophosphites  neutres  absorbent  lentement  Foxigène 
de  Fair  et  deviennent  acides.    C'est  par  une  suite  de  cette 
propriété  qu'ils  précipitent  l'or  à  l'état  métallique  de  la  solu- 
tion du  chlorure  d'or;  l'argent,  de  ses  dissolutions,  etc.  (Ch.) 
PHOSPHOLITHE.  (Mm.)    Kirwan   a  donné  ce  nom   à  la 
combinaison  de  l'argile  ou  alumine  avec  l'acide  phosphorique, 
que  M.  Proust  attribue  à  une  pierre  vitreuse  qu'il  désigne  sous 
le  nom  de  grenats  de  Valence  ,  qui  se  boursoufle  au  chalumeau 
et  qui  est  ensuite  très-difficile  à  fondre  (Ann.de  ch.,  t.  i,  p.  ig6). 
Il  soupçonne  ,    mais  sans  motifs  suffisans  ,  que  ces  grenats 
pourroient  bien  être  ceux  qui  sont  mentionnés  par  de  Born 
sous  la  désignation  de  grenats  couleur  dlvyacinthe ,  transparensr 
dodécaèdres ,  à  plans  rliombes,  venant  d'Espagne.  Cat.  de  Raab. , 
tom.  1.",  pag.  i55.  (B.) 

PHOSPHORE.  (Chim.)  Corps  simple,  non  métallique,  doué 
des  propriétés  suivantes  : 

Le  phosphore,  parfaitement  purifié,  est  transparent  et inco- 
lore.  Il  a  un  tissu  lamelleux;  il  peut  cristalliser  en  octaèdres 
alongés;  il  est  insipide  :  dans  l'air  il  répand  une  odeur  d'ail. 
A  quelques  degrés  au-dessus  de  lo  il  jouit  d'une  ductilité  très- 
sensible;  aussi  peut-on  le  couper  au  couteau  :  au-dessous  de 
zéro  il  est  cassant. 

Il  a  une  pesanteur  spécifique  de  1,77. 

Le  phosphore  se  fond  à  43*^;  il  ressemble,  quand  il  est 
fondu  ,  à  une  huile  grasse.  M.  Thénard  a  observé  des  échan- 
tillons de  phosphore  qui  lui  ont  présenté  la  propriété  de  de- 
venir noirs  quand  ,  après  les  avoir  fondus  de  60  à  70*^,  on  les 
plongeoit  dans  Peau  froide.  Ces  mêmes  phosphores,  fondus  à 
45*^  et  refroidis  lentement  dans  Pair,  redevenoient  transpa- 
rens  et  incolores.  M.  Thénard  avoit  cru  que  ce  phénomène 
étoit  général  ;  mais  il  a  reconnu  qu'on  ne  Pobserve  que  sur 
les  échantillons  de  phosphore  qui  ont  été  distillés  trois  ou 
quatre  fois  et  même  neuf  ou  dix  fois.  11  n'est  pas  éloigné  de 
penser  que  ces  distillations  ont  pour  objet  de  séparer  l'hydro- 
gène du  phosphore  ,  et  que  le  phénomène  qu'il  a  observé 
est  essentiel  au  phosphore  pur. 

Le  phosphore  bout  à  271'',  suivant  Davy  ;  à  290"*,  suivant 
suivant  Thénard.  Il  paroît 


PHO  35 

qu'on  peut  en  volatiliser  une  petite  quantité  en  le  distillant 
avec  He  l'eau. 

Le  phosphore  exposé  à  la  lumière  devient  rouge  ;  et  s'il  est 
cassant,  il  devient  flexible.  Ce  phénomène  se  produit  dans 
le  vide  de  Toritelli,  dans  les  gv./.  hydrogène  et  azote,  l'eau 
bouillie  ,  etc.  M.  Vogel  pense  qu'il  se  produit  un  oxide 
rouge  de  phosphore;   mais  point  d'acide  phosphoreux. 

Le  phosphore  fondu  ,  exposé  à  une  décharge  voltaïque  , 
donne  un  peu  d'hydrogène  phosphuré;  mais  cet  hydrogène, 
suivant  Davy,   n'est  point  essentiel  à  sa  nature. 

Le  phosphore  forme  quatre  acides  avec  l'oxigène ,  et,  dit- 
on  ,  deux  oxides. 

Sous  la  pression  barométrique  de  o,'"76o  et  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  le  phosphore  plongé  dans  le  gaz  oxigène  n'y 
brûle  pas  :  si  on  le  chautTe  à  38  environ,  il  brûle  en  déga- 
geant beaucoup  de  lumière  et  de  chaleur.  Le  résultat  de  la 
combustion  est  de  l'acide  phosphorique.  (Pour  opérer  la  com- 
bustion du  phosphore  dans  le  gaz  oxigène,  voyez  Qxigene.) 

Sous  la  pression  barométrique  de  o,"*!  à  o,'"o5  et  à  des  tem- 
pératures comprises  entre  27  et  5  ,  le  phosphore  brûle  spon- 
tanément dans  le  gaz  oxigène  humide;  mais  ce  n'.  st  plus  de 
l'acide  phosphorique  qui  se  forme  ,  c'est  de  l'acide  phospha- 
tique  ou  hypophosphorique.  M.  Bellani  ,  à  qui  nous  devons 
cette  observation  curieuse,  observe  que  la  température,  à 
laquelle  le  phosphore  brûle  dans  l'oxigène  est  d'auiant  plus 
élevée,  que  la  tension  de  ce  gaz  est  plus  forte. 

On  doit  ajouter  que  si  au  gaz  oxigène  on  mêle  de  l'hydro- 
gène ,  de  Tacide  carbonique  ,  de  l'azote  provenant  de  l'ana- 
lyse de  l'air  par  le  phosphore  '  ,  de  manière  à  diminuer  la 
tension  de  l'oxigène,  celui-ci  devient  susceptible  de  brûler 
le  phosphore  au-dessous  de  27  :  c'est  ainsi  que  ce  combus- 
tible brûle  dans  l'air  et  produit  de  l'acide  phosphatique. 

A  la  température  ordinaire  il  se  forme  assez  de  vapeur  de 
phosphore  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique,  d'hydro- 
gène ,  etc.,  pour  que  ces  gaz  deviennent  lumineux  dans 
l'obscurité,  quand  on  y  mêle  de  l'oxigène.  La  vaporisation  a 

1  Suivant  M.  Thénard,  l'expérience  ne  réussit  pas  avec  l'azote  pro- 
venant de  l'analyse   de  l'air  faite  par  un  mélange  de  fer  et  de  soufre- 


ol^  PIIO 

lieu  dans  Toxigène  sous  la  pression  ordinaire  ;  mais  ,  pour  que 
la  vapeur  devienne  lumineuse ,  il  faut  mêler  le  gaz  avec  l'azote. 

Le  phosphore  n'est  pas  dissous  par  l'eau.  Quand  on  le  con- 
serve dans  ce  liquide  ,  qui  a  bouilli  pendant  long-temps,  il  se 
recouvre  d'une  croûte  blanchie,  il  devient  rouge  dans  l'inté- 
rieur, et  l'eau  acquiert  une  odeur  alliacée  :  elle  contient  de 
l'acide  phosphoreux  et  de  l'hydrogène  phosphuré  en  disso- 
lution. On  n'est  pas  encore  certain  que  l'eau  soit  décomposée. 

Le  phosphore  s'unit  au  chlore  en  deux  proportions  à  la 
température  ordinaire.  Il  y  a  dégagement  de  chaleur ,  fu- 
sion du  phosphore,  émission  de  lumière.  Il  peut  se  former 
un  chlorure  liquide  ou  de  l'acide  chloro-phosphorique. 

Le  phosphore  s'unit  à  l'iode  et  au  soufre  à  l'aide  de  la 
chaleur  en  toutes  proportions. 

Il  s'unit  également  à  l'arsenic,  quand  la  température  est 
suffisamment  élevée. 

Suivant  Proust ,  il  s'unit  au  carbone. 

Enfin,  la  plupart  des  métaux  sont  susceptibles  de  former 
des  phosphures. 

Le  phosphore  enlève  l'oxigène  à  un  grand  nombre  d'acides 
et  d'oxides  métalliques.  Avec  ces  derniers  il  se  forme  pres- 
que toujours  un  phosphate  et  un  phosphuré. 

Le  phosphore  est  considéré  comme  un  excitant  très-éner- 
gique. On  l'a  administré  à  la  dose  d'un  grain  par  jour,  en 
dissolution  dans  l'alcool,  l'éther,  et  sous  la  forme  de  pilules, 
avec   les  huiles,  la  mie  de  pain. 

Si  le  phosphore  peut  être  considéré  comme  un  excitant 
général ,  on  doit  dire  qu'il  excite  les  organes  de  la  généra- 
tion d'une  manière  toute  spéciale. 

Éfaf. 

Le  phospliore  ne  se  trouve  pas  libre  dans  la  nature.  M. 
Vauquelin  dit  qu'il  est  à  l'état  de  combustible  dans  la  ma- 
tière cérébrale,  les  nerfs,  la  laitance  des  carpes;  mais  il  ne 
seroit  pas  impossible  qu'il  y  fût  a  l'état  d'acide  phosphorique 
uni  à  une  matière  grasse. 

L'acide  phosphorique,  combiné  avec  diverses  bases  ,  est, 
si  non  très-abondant,  au  moins  très  répandu  dans  la  nature.  Le 
phosphate  de  chaux  est  la  base  inorganique  des  os. 


PHO  57 

Préparation. 

Avant  que  Gahn  eût  découvert  l'acide  phosphoriqne  dans 
les  os,  on  retiroit  le  phosphore  de  l'urine:  ou  la  faisoit  éva- 
porer et  on  en  distilloit  l'exlrait  à  une  température  très-éle- 
vée.  Dans  cette  opération,  le  phosphate  d'ammoniaque  de 
l'urine  donnoit  du  phosphore.  MargrafF  conseilla  de  mêler 
l'extrait  d'urine  avec  du  chlqrure  de  plomb  contenant  de 
l'oxide  :  par  ce  moyen,  on  obtient  du  phosphore  non-seule- 
ment du  phosphate  d'ammoniaque  ,  mais  encore  du  phos- 
phate de  soude. 

Aujourd'hui  on  suit  communément  le  procédé  que  nous 
allons  décrire. 

On  prend  des  os  calcinés  au  blanc,  on  les  réduit  en  poudre 
dans  un  mortier  de  fer  et  on  les  tamise.  On  met  la  poudre 
dans  des  terrines  de  grès;  ensuite  on  verse  sur  100  p.  de 
poudre  76  p.  d'acide  sulfurique  à  Q,Ç>'^ ^  étendues  dans  Son  p. 
d'eau.  On  laisse  agir  les  matières  pendant  plusieurs  jours,  en 
ayant  soin  de  les  agiter  avec  une  spalule  de  verre  ou  de  bois. 
On  met  la  masse  sur  un  filtre  de  toile  ou  dans  des  tonneaux. 
On  la  lave  avec  de  l'eau  à  plusieurs  reprises,  et  on  la  soumet 
ensuite  à  la  presse.  Toutes  les  liqueurs  réunies  sont  éva})orées 
dars  une  capsule  ou  dans  une  chaudière.  Lorsque  la  liqueur 
est  concentrée,  on  la  laisse  refroidir;  elle  dépose  du  sulfate 
de  chaux'  ;  on  la  décante,  on  lave  le  dépôt  et  on  réunit  le 
lavage  avec  la  liqueur,  qui  tient  du  sur-phosphate  de  chaux 
en  dissolution;  on  fait  évaporer  le  tout  à  siccité ,  et  on 
ajoute  environ  un  quart  de  charbon  au  résidu  :  on  peut 
faire  cette  opération  dans  un  bassine  de  plomb  ou  de  fonte. 
On  introduit  ce  mélange  dans  une  cornue  de  grès  éprouvée, 
qui  a  été  enduite  d'un  lut  composé  de  terre  et  de  fiente 
de  cheval.  On  place  la  cornue  dans  un  fourneau  à  réver- 
bère construit  d'une  telle  manière,  que  la  flamme  du  bois 
qui  sert  à  chauffer  la  cornue  descend  dessous  ,  et  se  re- 
lève ensuite  pour  la  chauffer  dans  toutes  ses  parties.  11  faut 
que  l'air  qui  doit  alimenter  la  combustion  ne  pénètre  dans 
le  fourneau  que  par  les  petits  interstices  qui  existent  entre 
les  portes  du  foyer  et  du  cendrier,    et  les  parois  du  iour- 

1  On  peut  faire  évaporer  en  consistance  de  sirop,  et  traiter  le  jcsidu 
par  4  fois  son  volume  d'eau  froide.  Le  sulfate  de  chaux  ne  se  dissout 
pas  ;  ou   \o.  sépare  par   le  filtre. 


38  PHO 

neau.  On  adapte  à  la  cornue  un  récipient  de  cuivre  qui  a  la 
forme  d'une  cornue  renversée,  dont  le  bec  iroit  s'engager  avec 
celui  de  la  cornue  de  grès  ;  on  remplit  d'eau  à  moitié  le  réci- 
pient :  de  cette  manière  l'air  n'a  point  d'accès  dans  l'inté- 
rieur de  la  cornue.  Après  avoir  luté  le  récipient  à  la  cornue, 
et  le  col  de  celle-ci  au  fourneau  ,  on  chauffe  graduellement. 
Au  rouge  cerise  il  se  dégage  du  gaz  oxide  de  carbone  et 
du  gaz  hydrogène,  tfui  proviennent  de  la  décomposition 
de  l'eau  contenue  dans  les  matières.  Quatre  heures  environ 
après  qu'on  a  mis  le  feu  sous  la  cornue,  lorsque  la  tempéra- 
ture est  au  rouge  blanc,  le  phosphore  commence  à  se  dégager 
avec  du  gaz  oxide  de  carbone  et  de  l'hydrogène  carboné:  le 
premier  provient  de  l'oxigène  de  l'acide  phosphorique  ,  et  le 
second  de  l'hydrogène  du  charbon.  Quand  il  ne  se  dégage 
plus  de  gaz,  l'opération  est  terminée. 

Le  phosphore  obtenu  par  le  procédé  précédent  n'est  pas 
pur.  Pour  l'avoir  dans  cet  état,  on  le  met  sur  une  peau 
de  ctiamois  dont  on  relève  les  bords  ,  qu'on  attache  ensuite 
avec  une  ficelle  :  on  plonge  dans  l'eau  chaude  à  5o  le  phos- 
phore ainsi  enfermé;  on  presse  la  peau  avec  la  main  ou  avec 
des  pinces  :  le  phosphore  fondu  se  filtre  et  se  sépare  ainsi  d'une 
matière  rouge.  Si  l'on  veut  l'obtenir  le  plus  pur  possible, 
on  le  distille  dans  une  cornue  de  verre.  Pour  le  mouler  en 
bâtons,  on  le  fond  dans  l'eau  chaude  à  46'  ;  on  y  plonge 
Pextrémité  d'un  tube  de  verre;  on  aspire  par  l'autre  extré- 
mité avec  la  bouche.  Quand  le  phosphore  occupe  les  deux 
tiers  de  la  capacité  du  tube,  on  soulève  ce  dernier,  on  met 
le  doigt  sous  Pextrémité  ouverte,  et  on  le  porte  dans  Peau 
froide.  E.e  phosphore  se  solidifie;  on  le  fait  sortir  du  tube  au 
moyen  d'une  tige  de  fer. 

On  conserve  le  phosphore  dans  de  l'eau  bouillie,  qui  est 
contenue  dans  des  flacons  opaques. 
Usages. 

J^e  phosphore  sert  à  faire  des  briquets,  à  préparer  l'acide 
phosphorique  ,  etc. 

Histoire. 

Le  phosphore  fut  découvert,  par  hasard ,  en  1(169,  par  un 
alchimiste  de  Hambourg  nommé  Brandt.  Kunckel,  ignorant 


PHO  59 

le  procédé  de  Brandt ,  le  retira  de  l'urine  en  1674.  Boyle, 
en  1679,  fit  la  même  découverte.  Mais  ce  ne  fut  qu'en  lySS 
que  la  préparation  du  phosphore  cessa  d'être  un  secret, 
parce  que  Hellot  publia  le  procédé  qu'un  étranger  avoit 
vendu  au  gouvernement  françois,  MargrafF,  Lavoisier,  Gahn, 
Schéele  et  Pelletier,  MM. Thénard,  Davy,  Dulong,  Berzelius , 
examinèrent  ensuite  les  propriétés  de  ce  corps. 

Des  combinaisons  du  phosphore  avec  plusieurs  corps. 
De  l'oxide  de  phosphore. 

Les  chimistes  ont  décrit  sous  ce  nom  deux  corps  differens, 
^u  moins  sous  le  rapport  de  leurs  propriétés  physiques. 
De  l'oxide  rouge. 

Suivant  M.  Vogel ,  on  l'obtient  de  la  manière  suivante  : 

On  étend  du  phosphore  ,  coupé  en  petits  morceaux  ,  sur  une 
assiette  blanche  ;  on  y  met  le  feu  ;  on  lave  le  résidu  rouge  de  la 
combustion  à  l'eau  distillée  jusqu'à  ce  que  ce  liquide  ne  rou- 
gisse plus  la  teinture  de  tournesol.  On  fait  sécher  le  résidu. 

On  obtient  ainsi  une  matière  d'un  rouge  foncé  qui  n'est  point 
acide  ;  qui  exige  ,  pour  se  fondre  ,  une  chaleur  plus  élevée  que 
pelle  de  l'eau  bouillante,  et  qui  est  moins  dense  que  le  phosphore. 

Quand  on  la  chauffe  dans  une  capsule  de  platine,  elle  brûle 
avec  une  flamme  jaunâtre  ,  qui  s'éteint  lorsqu'on  retire  la 
capsule  du  feu. 

Par  la  combustion  opérée,  soit  par  l'air,  soit  par  l'acide 
nitrique,  on  ne  peut  en  retirer  d'acide  carbonique, 

M.  Davy  dit  qu'en  chauffant  le  phosphore  dans  l'air  non 
raréfié  ,  on  obtient  deux  acides  et  un  résidu  rouge  d'oxide. 
De  l'oxide  blanc. 

II  est  solide ,  insipide  ;  il  a  l'odeur  du  phosphore. 

Il  çsi  moins  fusible  que  le  phosphore;  il  brûle  rapidement 
quand  on  le  chauffe  dans  l'eau  et  le  gaz  oxigène, 

11  est  décomposé  par  le  charbon. 

On  le  prépare  en  mettant  du  phosphore  en  petits  cylin- 
dres dans  un  flacon  presque  plein  d'eau  aérée;  on  renouvelle 
l'air  du  flacon  de  temps  en  temps:  il  faut  laver  l'oxide  avec 
de  l'eau  pour  en  séparer  l'acide  phosphoreux. 

Suivant  Steinacher  ,  on  obtient  vn  oxide  blanc  moins 
oxidé  que  cehii-ci  ,  en  chauffant  le  phosphore  à  100    dans 


40  PHO 

un  tube   de  verre  étroit  et  alongé  :   l'oxide  se  condense  en 
flocons  blancs  dans  la  partie  supérieure  du  tube. 

On  ne  sait  point  encore  positivement  le  rapport  qu'il  y  a 
entre  cesoxides  et  la  matière roiigespontanémentinflammable, 
qu'on  obtient  quand  on  a  fait  brûler  vivement  du  phosphore 
en  excès  sous  une  cloche  d'air  reposant  sur  le  mercure. 

Quant    aux    oxides    de   phosphore  ,    voyez    Phosphoreux 
[AriDEJ,  Phosphoreux  (Hypo-)  [Acide],  Phosphorique  [Acide], 
Pho^phatique  ou   Hypophosphorique  [Acidê]. 
Du  chlorure  de  thosphore. 
Covipos'ition. 

Davy.  Dulong. 

Chlore   355    327 

Phosphore    ...    100 100. 

SuivantM.  Davy,  l'acide  chlorophosphorique  contiendroit, 
pour  100  de  pliosphore,  666  de  chlore;  et  suivant  M.  Dulong, 
54g  :  conséqueniuient  le  phosphore  se  combineroit  à  des 
quantités  de  chlore  qui  seroient  entre  elles  ::  1  :  2,  suivant 
M.  Davy;  et  comme  5:5,  suivant  M.  Dulong.  C'est  ce  rap- 
port que  nous  adopterons. 

Pj^opriélés. 

11  est  liquide  ,  Incolore  comme  l'eau. 

11  a  une  pesanteur  spécifique  de  1,45. 

Il  ne  rougit  pas  le  papier  de  tournesol  parfaitement  desséché. 

11   est  volatil:  une  chaleur  rouge  ne  le  décompose  pas. 

Lorsqu'on  le  fait  passer  dans  un  tube  de  porcelaine  rouge 
de  feu  avec  du  gaz  oxigène ,  le  phosphore  est  brûlé  et  le 
chlore  séparé. 

Il  est  entièrement  soluble  dans  l'eau;  mais  il  éprouve  une 
décomposition.  L'oxigène  d'une  portion  d'eau  s'unit  au  phos- 
phore ,  et  l'hydrogène  au  chlore.  11  en  résulte  de  Pacide  phos- 
phoreux pur  et  de  l'acide  hydrochlorique. 

Le  chlorure  de  phosphore  ne  s'enflamme  point  à  Pair; 
il  y  répand  des  fumées  blanches,  dues  à  ce  que  sa  vapeur 
produit  de  l'acide  phosphorique  et  de  Pacide  hydrochlorique 
par  le  contact  de  l'humidité.  Le  gaz  ammoniaque  en  sépare 
du  phosphore  et  forme  du  chloro-phosphate  ? 

Le  chlorure  de  phosphore  peut  dissoudre  du  phosphore. 


PHO  4» 

Dans  cet  état,  exposé  à  l'air  sur  un  papier  Joseph ,  il  y  en  a 
une  portion  qui  se  volatilise,  et  celle  qui  reste  sur  le  papier 
produit  assez  de  chaleur,  en  se  décomposant  par  Thumidité  , 
pour  enflammer  le  phosphore  qui  étoit  en  simple  dissolution 
dans  la  liqueur. 

Le  chlorure  de  phosphore,  exposé  à  un  courant  de  chlore, 
l'absorbe,  devient  solide,  et  passe  ainsi  à  l'étal  d'acide  chloro- 
phosphorique. 

Préparation. 

1.*'  Procédé.  On  prépare  le  chlorure  de  phosphore  en  met- 
tant 25  grammes  de  phosphore  bien  sec  au  fond  d'un  tube 
fermé  à  une  de  ses  extrémités;  on  ajoute  liîo  grammes  de 
sublimé  corrosif.  On  place  le  tube  dans  un  fourneau  de  ma- 
nière à  ce  que  la  partie  qui  contient  le  phosphore  ne  soit 
pas  chauffée.  On  adapte  à  l'extrémité  ouverte  du  tube  un 
petit  tube  courbé  qui  va  plonger  au  fond  d'une  éprouvette 
bien  sèche,  et  fermée  avec  un  bouchon  auquel  on  a  pratiqué 
une  légère  ouverture.  On  chauffe  le  sublimé  à  200  environ, 
puis  on  fait  passer  dessus  le  phosphore  réduit  en  vapeur  :  ce- 
lui-ci enlève  le  chlore  au  mercure  et  la  nouvelle  combinai- 
son se  condense  dans  réprouvelte. 

2."  Procédé.  On  met  du  phosphore  desséché  dans  une  cornue; 
ce  vaisseau  communique  par  une  tubulure  à  un  appareil 
propre  à  préparer  du  chlore  sec,  et  par  son  bec  à  un  petit 
récipient,  dont  la  tubulure  est  garnie  d'un  tube  qui  plonge 
dans  une  couche  légère  de  mercure.  On  fait  arriver  du  chlore 
dans  la  cornue  jusqu'à  ce  que  tout  le  phosphore,  après  s'être 
complètement  liquéfié ,  commence  à  déposer  de  facide  chloro- 
phosphorique.  A  cette  époque  on  supprime  l'appareil  d'où  le 
chlore  se  dégage.  On  bouche  la  tubulure  de  la  cornue;  on  vo- 
latilise doucement  le  chlorure  de  phosphore  dans  le  récipient. 

5."  Procédé.  M.  Davy  fait  le  chlorure  de  phosphore  en  mêlant 
7  p.  d'acide  chlorophosphorique  avec  1  p.  de  phosphore. 

Histobe. 
MM.  Gay-Lussac  et  Théuard  l'obtinrent,  en  1808,  en  fai- 
sant passer  du  phosphore  sur  du  mercure  doux  ;  mais  celui 
qu'ils  ont  décrit  contenoit  du  phosphore  en  dissolution.  C'est 
M.  Davy  qui  l'a  préparé  le  premier  à  l'état  de  pureté  avec  le 
sublimé  corrosif. 


4?  PHO 

Iode  et  phosphore. 

L'iode  se  combine  au  phosphore  en  un  grand  nombre  de 
proportions.  L'union  a  lieu  à  froid  avec  dégagement  de  cha- 
leur; mais  sans  lumière.  Si  les  corps  ne  sont  pas  desséchés,  on 
obtient  de  l'acide  pliosphoreux,  du  gaz  hydriodique  et  même 
de  l'hydrogène  proto-phosphuré.  On  peut  opérer  la  combinai- 
son des  corps  dans  un  petit  tube  de  verre  fermé  à  un  bout. 

1  p.  de  phosphore  et  8p.  d'iode  donnent  une  combinaison  d'un 
rouge  orangé,  brun  ,  fusible  à  loo'',  volatile.  Lorsqu'on  la 
met  dans  l'eau  ,  il  y  a  dégagement  de  gaz  hydrogène  phos- 
phuré,  formation  d'acides  phosphoreux  et  hydriodique  ,  et  un 
dépôt  de  phosphore  :  l'eau  reste  incolore. 

1  p.  de  phosphore  et  i6p.  d'iode.  Matière  d'un  gris  noir,  fu- 
sible à  29  .  Lorsqu'on  la  met  dans  l'eau,  il  ne  se  dégage  pas 
de  gaz  hydrogène  phosphuré  ;  il  se  produit  des  acides  phos- 
phoreux et  hydriodique  :  l'eau  ne  se  colore  pas. 

1  p.  de  phosphore  et  2l\ p.  d'iode.  Matière  fusible  en  partie  à 
46  ;  l'eau  la  dissout  et  se  colore  en  brun.  Elle  contient  des 
acides  phosphorique  et  phosphoreux,  de  l'iode  et  de  l'acide 
hydriodique. 

1  p.  de  phosphore  et  l^p.  d'iode.  Il  en  résulte  deux  matières 
différentes  :  l'une  est  analogue  à  la  combinaison  de  1  partie 
de  phosphore  et  de  8  p.  d'iode  ;  l'autre  ,  qui  est  rouge  ,  paroît 
dépourvue  d'iode  et  analogue  à  ce  qu'on  appelle  l'oxidç  rouge 
de  phosphore. 

Phosphore  et  arsenic. 

Pelletier  dit  avoir  opéré  la  combinaison  dç  ces  deux  corps 
soit  en  les  distillant  à  parties  égales  ,  soit  en  les  chauffant 
dans  la  même  proportion  au  milieu  de  l'eau.  Le  composé  est 
noir  et  brillant.  Pelletier  dit  qu'il  faut  le  conserver  sous  l'eau. 

Soufre  et  phosphore. 
Le  soufre  paroît  s'unir  au  phosphore  en  toutes  proportions; 
mais  il  est  vraisemblable  que,  si  l'on  pouvoit  obtenir  des  cris- 
taux de  ces  composés,  on  #'ainoit  qu'un  certain  nombre  de. 
combinaisons  déterminées  ;  car  il  est  vraisemblable  que  les 
diffcrens  composés  qu'on  obtient  en  unissant  1  p.  de  phos- 
phore avec  toutes  sortes  de  proportions  de  soufre  ,  sont  des 
combinaisons  déterminées,  dissoutes  dans  un  excès  d'un  des. 
élémens. 


PHO  43 

Pour  faire  ces  composés ,  on  prend  un  tube  de  huit  à  dix 
centimètres  de  longueur  et  d'un  à  deux  ceiîtimèfres  de  dia- 
mètre,  qui  est  fermé  à  un  bout  et  ouvert  à  l'autre-,  on  y 
introduit  2  ou  5  grammes  de  phosphore,  on  les  fait  fondre, 
puis  on  y  jette  peu  à  peu  le  soufre  qu'on  veut  y  combiner: 
on  n'ajoute  de  nouvelles  portions  de  soufre  que  quand  celles 
qu'on  y  a  mises  précédemment  sont  entrées  en  combinaison. 
L'action  des  deux  corps  est  assez  vive  pour  que  la  combi- 
naison se  fasse  spontanément,  lorsqu'on  met  dans  une  petite 
cloche  2  gr.  de  phosphore  et  1  de  soufre. 

Lorsque  le  soufre  s'unit  au  phosphore  qui  est  fondu ,  il  se 
produit  une  détonation  ,  qui  seroit  très-forte  ,  si  l'on  mettoit 
d'une  seule  fois  tout  le  soufre  qu'on  veut  y  combiner. 
Cette  détonation  est  due  au  grand  dégagement  de  chaleur 
qui  se  fait  et  à  la  production  d'une  certaine  quantité  d'hy- 
drogène sulfuré.  La  chaleur  réduit  en  vapeur  une  partie  de 
la  combinaison.  La  production  de  l'hydrogène  sulfuré  étant  ac- 
compagnée de  celle  de  l'acide  phosphoreux  ,  il  paroît  s'en 
suivre  qu'elle  est  due  à  un  peu  d'eau  contenue  dans  le  phos- 
phore ,  et  aussi  à  l'hydrogène  qui  peut  exister  dans  le  soufre. 
En  opérant  la  combinaison  du  phosphore  et  du  soufre  sous 
l'eau  ,  on  obtient  dans  ce  liquide  l'hydrogène  sulfuré  et  l'acide 
phosphoreux. 

Le  soufre,  uni  au  phospliore  dans  la  proportion  de  1  à  2  , 
donne  un  composé  fusible  a  i5'',  qui  est  jaune,  très-com- 
bustible, susceptible  de  se  volatiliser.  11  paroit  que  les  pre- 
mières portions  qui  se  volatilisent  contiennent  plus  de  phos- 
phore  que  les  dernières. 

Le  soufre  ,  uni  au  phosphore  dans  la  proportion  de  2  à  i  , 
donne  un  (-(imposé  fluide  à  ejiviron  3o^  ,  qui  est  jaune 
quand  il  est  fondu  ,  et  qui  donne  à  la  distillation  un  premier 
produit  beaucoup  plus  phosphore  que  le  second. 

Combinaison  du  phosphore  avec  le  carbone. 

Le  phosphure  de  carbone  est  solide  ,  pulvérulent ,  d'un 
jaune  orangé  vif. 

11  n'a  ni  odeur  ni  saveur. 

A  une  chaleur  rouge  le  phosphore  s'en  sépare,  et  il  reste 
du  charbon. 


'.4  PHO 

Chauffé  avec  le  contact  de  l'air ,  il  brûle  et  laisse  du  charbon. 

Ce  composé  a  été  découvert  par  M.  Proust  dans  la  matière 
rouge  qui  reste  dans  la  peau  de  chamois  après  la  fillration  du 
phosphore  brut.  Mais  comme  le  carbure  est  mêlé  à  un  excès 
de  phospliore  ,  il  faut  mettre  la  matière  rouge  dans  une  cor- 
nue,  et  l'y  chauffer  au-dessous  du  rouge,  afin  de  dégager  le 
phosphore  en  excès. 

On  avoit  pensé  que  la  matière  rouge  qui  colore  le  phos- 
phore qu'on  a  exposé  dans  plusieurs  gaz  à  la  lumière  ,  et  que 
le  résidu  rouge  que  laisse  le  phosphore  après  sa  combustion 
rapide  dans  Tair atmosphérique,  étoicnt  du  phosphure  de  car- 
bone contenudansle  phosphore  employé;  mais  M.  Vogel,  ayant 
rassembléune  assez  grande  quantité  de  résidus  rouges  de  la  com- 
bustion du  phosphore  ,  s'est  assuré  qu'ils  ne  contenoient  pas  sen- 
siblement de  carbone  ;  car ,  chauffés  avec  de  l'acide  nitrique  , 
ils  ne  produisoient  point  de  gaz  acide  carbonique.  11  les  a  en 
conséquence  regardé  comme  un  oxide,  ainsi  qu'on  l'avoit  fait 
avant  lui.  Suivant  le  même  chimiste,  le  phosphore  distillé 
deux  fois  ne  contient  plus  de  carbone;  cependant  il  fournit 
toujours  de  la  matière  rouge  par  la  combustion. 

Depuis  M.  Vogel ,  M.  J.  P.  Boudet  a  examiné  la  matière 
à  laquelle  M.  Proust  a  donné  le  nom  de  carbure,  et  il  lui  a 
paru  que  ce  n'étoit  que  de  l'oxide  rouge  de  phosphore. 

Quant  aux  combinaisons  binaires  du  phosphore  qui  ne  sont 
pas  acides,  on  en  trouvera  Phistoire  aux  articles  des  corps 
qui  sont  unis  au  phosphore.  (Ch.) 

PHOSPHORE  D'ANGLETERRE.  {Chim.)  C'est  le  corps 
simple  que  nous  avons  décrit  sous  le  nom  de  Phosphobe.  (Ch.) 

PHOSPHORE  DE  BAUDOUIN.  {Chim.)  Les  anciens  appe- 
loient  phosphore  de  Baudouin  ou  de  Balduinus,  le  nitrate  de 
chaux  qui  avoit  été  exposé  à  la  chaleur;  c'étoit  du  nitrate  de 
chaux  anhydre,  quiétoitsouvent  mêléd'unpeu  dechaux.  (Ch.) 

PHOSPHORE  DE  BOLOGNE.  {Chim.)  C'est  le  sulfate  de 
baryte  qu'on  a  pulvérisé,  réduit  en  pâte  avec  de  la  gomme 
adraganthe,  moulé  en  gâteaux  de  l'épaisseur  d'une  lame  de 
couteau  au  plus,  calciné  au  milieu  du  charbon,  dans  un 
fourneau  à  réverbère,  laissé  refroidir  et  enfin  exposé  pen- 
dant quelques  minutes  au  soleil.  Après  cette  préparation,  la 
matière  portée  dans  un  lieu  obscur  répand  une  vive  lumière. 


PHO  45 

Il  est  clair  que  le  phosphore  de  Bologne  est  un  sulfure.  (Ch.) 

PHOSPHORE  DE  BOLOGNE.  {Min.)  C'est  cette  baryte  sul- 
fatée dans  laquelle  on  a  remarqué,  il  y  a  déjà  assez  long-temps 
et  d'une  manière  très-distincte  ,  la  phosphorescence  par  in- 
solation. Voyez  Barvte  sulfatée  radiée,  tom.  IV,  pag.  94, 
et  Phosphorescence  de  minéraux  à  Particle  Minéraux,  tom. 
XXXI,  pag.  2  23.  (B.) 

PHOSPHORE  DE  HOMBERG.  {CUm.)  C'étoit  de  l'hydro- 
chlorate  de  chaux  calciné,  ou  plutôt,  du  chlorure  de  cal- 
cium, retenant  de  la  chaux.  (Ch.) 

PHOSPHORE  DE  KUNCKEL.  {Chim.)  C'est  le  corps  simple 
que  nous  avons  décrit  sous  le  nom  de  Phosphore.  (Ch.) 

PHOSPHORE  D'URINE.  {Chim.)  C'est  le  corps  simple  que 
nous  avons  décrit  sous  le  nom  de  Phosphore.  (Ch.) 

PHOSPHORES  PIERREUX.  {Chim.)  On  donnoit  autrefois 
ce  nom  à  des  substances  inorganiques,  en  général  de  nature 
saline,  qui  étoient  susceptibles  de  briller  dans  l'obscurité, 
après  qu'on  les  avoit  exposées  au  feu  suivant  un  procédé 
convenable.  Ces  substances,  étant  regardées  par  les  anciens 
comme  des  pierres,  furent  appelées  phosphores  pierreux;  tel 
est  le  phosphore  de  Bologne.  On  regardoit  encore  comme 
phosphores  pierreux,  le  nitrate  de  chaux  et  Phydroclilorate 
de  chaux  calcinés  :  le  premier  étoit  connu  sous  la  di'nomi- 
natiqn  de  phosphore  de  Baudouin,  et  le  second  sous  celle  de 
phosphore  de  Homherg.  (Ch.) 

PHOSPHORESCENCE  DE  LA  MER.  {Zoolog.)  On  a  donné 
ce  nom  à  la  propriété  qu'offrent  les  eaux  de  la  mer  de  de- 
venir lumineuses.  Les  causes  auxquelles  on  a  attribué  ce 
phénomène,  ont  long-temps  partagé  le  jugement  des  savans, 
et  même  aujourd'hui  on  n'est  point  fixé  d'une  manière  posi- 
tive sur  ce  sujet.  Les  anciens  navigateurs,  frappés  de  la  vive 
lumière  dont  briiloit  POcéan  entre  les  tropiques  ,  en  firent 
une  peinture  pompeuse  et  peut-être  exagérée.  Ce  ne  fut 
qu'après  qu'on  eût  étudié  avec  plus  de  soin  la  phosphores- 
cence, qu'on  la  rangea  au  nombre  des  faits  physiques  les 
plus  singuliers  et  les  plus  remarquables. 

Peu  de  sujets  dans  les  sciences  ont  autant  occupé  les  natu- 
ralistes et  les  physiciens  que  la  phosphorescence,  nommée 
aussi ,  mais  à  tort ,  météore  des  mers.  Les  titres  seuls  des  Mé- 


46  PHO 

moires  publiés  sur  ce  sujet,  formeroient  une  liste  volumi- 
neuse ,  et  il  seroit  assez  fastidieux  de  reproduire  la  plupart 
des  hypothèses  qu'ils  renferment. 

La  première  idée  qu'on  trouve  émise  sur  la  phosphores- 
cence est  celle  qui  la  considère  comme  une  modification  des 
divers  phénomènes  électriques,  et  c'étoit  l'opinion  de  Robert 
Boyle,  de  Nollet  et  de  Leroy.  Bajon  {Hist.  Caj.)  l'attribuoit 
au  frottement  des  courans  opposés  entre  eux  ou  heurtés  par 
la  proue  du  navire,  d'où  naissoit  une  sorte  d'électricité. 
Enfin,  d'autres  pensoient  qu'elle  étoit  due  à  l'inflammation 
du  gaz  hydrogène  ou  à  des  feux  pho.sphoriques. 

Rejetant  ces  opinions,  quelques  auteurs  modernes  ont 
adopté  la  manière  de  voir  des  missionnaires  Bourzes  et 
Canton,  qui,  avant  1769,  l'attribuèrent  à  la  putréfaction  des 
poissons  et  autres  animaux  morts  dans  la  mer.  Ce  fut  aussi 
celle  de  Commerson  ,  qui  consigna  dans  ses  manuscrits  cette 
théorie  :  «  La  phosphorescence  est  due  à  une  cause  générale, 
«  celle  de  la  décomposition  des  substances  animales,  et  sur- 
«  tout  des  cétacés,  des  phoques,  riches  en  matières  hui- 
«i  leuses.  »  M.  Bory  de  Saint- Vincent  [Anim.  microscop.,  1826) 
y  ajoute  ses  propres  observations,  et  dit  formellement  :  «Nous 
«  n'avons  trouvé  que  par  hazard  des  microscopiques  dans 
«  les  eaux  srintillantes,  et  ils  n'y  scintilloient  pas  :  il  nous 
«  est  démontré  que  les  animalcules  marii]s  ne  sont  pour  rien 
^<  dans  le  phénomène  qu'on  leur  attribue  généralement.  * 
Cette  opinion  est  défendue  par  MM.  Oken  ,  Lehelvig.  M. 
Kéraudren  [Ann.  marit. ,  1817),  d'après  Forster,  l'attribue  à 
trois  causes,  à  des  mollusques  et  crustacés,  à  l'électricité  et 
à  la  formation  du  phosphore.  Dans  ce  dernier  cas,  on  s'étaie 
de  la  propriété  dont  jouissent  certaines  substances  animales 
de  briller  avec  plus  ou  moins  de  vivacité,  suivant  le  degré 
de  leur  putréfaction. 

A  ces  opinions  nous  ferons  succéder  les  observations  de 
divers  naturalistes  et  voyageurs  :  il  en  résultera  que,  dans  les 
neuf  dixièmes  des  cas,  la  phosphorescence  est  due  à  des 
animaux  marins,  appartenant  à  des  classes  difierentes,  sui- 
vant les  lieux,  et  le  plus  communément  à  des  crustacés  mi- 
croscopiques. 

Rigaud,  dès  1768,  avoit  vu  la  phosphorescence  produite 


PHO  4f 

paî*  ce  qu'il  nommoit  des  polypes  sphéroïdes  diaphanes  ; 
mais,  dès  1749,  Vianellila  considéroit  comme  le  résultat  d'une 
néréide.  Newland  ,  en  1772,  pensoit  qu'elle  étoit  produite 
par  des  animalcules  provenant  du  frai  de  poisson,  et  Tern- 
stein  ,  Dagelet,  ne  sont  point  éloignés  de  cette  manière  de 
voir.  Un  grand  nombre  d'observateurs  signalèrent  bientôt 
cette  propriété  phosphorescente  à  un  haut  degré,  dans  les 
méduses  (Spallanzani,  Forskal ,  Macartney,  Banks);  dans  la 
nereis  noctiluca  (Viviani)  ;  dans  des  polypiers  flexibles  (Shaw)  ; 
dans  la  noctiluque  miliaire  (Suriray,  de  Blainville,  Desma- 
rest);  dans  des  animaux  de  forme  ronde  (Dicquemare)  ;  dans 
le  beroe  fulgens  (Mitchill);  dans  des  animaux  d'une  ténuité 
extrême  (Quoy  et  Gaim. ,  Artaud  )  :  enfin ,  nul  être  organisé 
peut-être  ne  présente  la  phosphorescence  la  plus  éclatante 
et  la  plus  magique  que  le  pyrosome  (Pérou  et  Lesueur,  de 
Humboldt),  qui  semble  convertir  l'espace  qu'il  occupe  dans 
la  mer,   en  coulées  incandescentes  de  métal  fondu. 

Plusieurs  écrivains  attribuent  la  phosphorescence  à  des 
crustacés  marins  d'une  grande  ténuité,  et  c'est  ce  que  nous 
espérons  démontrer  ailleurs.  Forster  l'avoit  en  effet  observé 
sur  des  crustacés,  de  même  que  Banks,  et  ensuite  de  Langs- 
dorff.  Anderson  décrivit,  sous  le  nom  d''oniscus  fulgens ,  un 
crustacé  phosphorifère  ;  Pallas  le  cancer  pulex  ;  Riville  croyoit 
qu'elle  étoit  due  à  Phuile  d'un  monocle,  etc. 

D'après  nos  propres  observations,  et  obéissant  à  notre  con- 
viction ,  nous  ne  regardons  nullement  la  phosphorescence 
comme  susceptible  d'être  produite  par  une  action  purement 
physique  ou  chimique.  Nous  dirons  qu'elle  est  due  à  des 
animaux  marins,  appartenant  le  plus  souvent  à  des  crustacés 
de  genres  très-différens  :  qu'elle  est  propre  à  toutes  les  lati- 
tudes, dans  toutes  les  saisons  ;  mais  qu'elle  est  plus  habituelle 
et  plus  remarquable  sous  la  zone  torride  :  que  le  foyer  de 
cette  lumière,  émise  par  irritation  ou  à  l'époque  de  la  pro- 
création, inconnu  pour  le  plus  grand  nombre,  réside  dans 
des  glandes  placées  en  nombre  variable  sur  les  côtés  du  tho- 
rax de  certains  crustacés,  à  la  manière  des  foyers  lucifuges 
de  quelques  insectes  ;  qu'enfin,  on  doit  la  regarder,  jusqu'à 
ce  que  des  recherches  complètes  et  suivies  viennent  fixer 
l'opinion ,  comme  une  modification  des  lois  de  la  vie  ,  dif- 


48  PHO 

férenfe  de  la  simple  lumière  scintillante,  qui  résulte  de  la 
décomposition  des  substances  animales.  (  R.  P.  Lesson.) 

PHOSPHORESCENCE  DES  MINÉRAUX.  (  Min.  )  Nous 
avons  traité  de  cette  propriété  dans  les  minéraux  avec  le 
développement  suffisant  à  l'article  Minéralogie  ,  §.  7  ,  tom. 
XXI,  pag.  218.  (B.) 

PHOSPHOREUX    [Acide].  (Chim.) 

Composition. 

Thomson.  Davy.  Berz.  Diilong. 

Oxîgène...     66,67...     76,6...     76,92...     74,88 
Phosphore.    100 100 100 100. 

Préparation. 

On  verse  le  chlorure  de  phosphore  dans  l'eau  ;  il  s'y  dissout. 
Le  phosphore  absorbe  l'oxigène  d'une  portion  d'eau,  et  le 
chlore  l'hydrogène  de  cette  même  portion;  il  en  résulte  de 
l'acide  phosphoreux  et  de  l'acide  hydrochlorique  :  en  faisant 
évaporer  le  liquide  doucement,  on  chasse  l'acide  hydrochlo- 
rique ,  et  on  obtient  un  sirop  qui  se  prend  en  masse  cristal- 
line par  le  refroidissement.  C'est  l'acide  phosphoreux  hy- 
draté. 

On  prouve  l'existence  de  l'eau  dans  cet  acide  en  le  chauf- 
fant dans  un  tube  contenant  du  gaz  ammoniac  ;  celui-ci  est 
absorbé  ,  et  la  combinaison  ,  n'ayant  pas  la  même  affinité  pour 
Peau  que  l'acide,  l'abandonne. 

Propinétés. 

L'acide  phosphoreux  est  toujours  combiné  à  l'eau  ou  à  une 
base  saliliable.  Dans  le  premier  cas  il  est  sous  la  forme  siru- 
peuse quand  il  est  un  peu  échauffé ,  ou  sous  la  forme  de 
petits  cristaux  prismatiques  alongés  quand  il  est  refroidi. 

L'acide  phosphoreux  hydraté  ,  dissous  dans  Peau  ,  exposé 
à  l'air,  en  absorbe  peu  à  peu  l'oxigène  et  se  convertit  en 
acide  phosphorique. 

Lorsqu'on  Pexpose  à  la  chaleur  dans  une  petite  cornue 
dont  le  bec  s'engage  sous  une  cloche  pleine  de  mercure  , 
on  obtient  le  gaz  hydrogène  phosphore,  dans  lequel ,  suivant 
M.  Davy,  l'hydrogène  est  condensé  de  la  moitié  de  son  vo- 
lume; il  reste  dans  la  cornue  de  l'acide  phosphorique  solide. 


PHO  49 

L'oxîgène  de  l'eau  s'est  porté  sur  l'acide  phosphoreux,  et 
l'hydrogène  du  même  liquide  a  enlevé  une  portion  de  phos- 
phore à  l'acide,  de  sorte  que  celui-ci  s'oxigène  dans  cette 
opération  en  perdant  de  son  radical  et  en  recevant  de  l'oxi- 
gène. 

Si  on  chauffe  l'acide  phosphoreux  avec  le  contact  de  l'air, 
le  gaz  hydrogène  phosphuré s'enflamme  dans  l'air;  il  se  dépose 
un  peu  de  matière,  qu'on  regarde  comme  un  oxide  rouge 
de  phosphore  (qui  provient  du  gaz  hydrogène  phosphuré), 
et  il  se  forme  de  l'acide  phosphorique. 

L'acide  phosphoreux  est  décomposé  à  une  température 
élevée  par  le  charbon. 

11  est  converti  en  acide  phosphorique  par  l'acide  nitrique, 
l'eau  de  chlore ,  plusieurs  oxides  métalliques ,  tels  que  ceux 
de  mercure,  d'argent. 

Usage. 

Il  n'est  pas  employé  dans  les  arts. 

HistoiT^e. 

L'acide  phosphoreux,  décrit  par  Sage,  par  Pelletier,  etc. , 
étoit  un  mélange  ou  une  combinaison  d'acides  phosphoreux 
et  phosphorique.  Voyez  Phosphatique  (Acide).  C'est  M.  Davy 
qui  a  fait  connoitre  l'acide  phosphoreux  hydraté  pur.  (Gh.) 

PHOSPHOREUX  (HYPO-)  [Acide].  {Chim.)  Nous  devons 
la  découverte  de  cet  acide  à  M.  Dulong. 

Composition. 

Oxigène ^7,44 

Phosphore 100. 

Préparation. 

On  met  du  phosphuré  de  baryte  dans  l'eau  ;  il  se  dégage 
d'abord  de  Phydrogène  perphosphuré ,  easuite  de  Phydro- 
gène  protophosphuré.  Quand  le  dégagement  se  ralentit,  on 
élève  la  température  du  liquide;  enfin,  quand  il  ne  se  dégage 
plus  rien,  on  verse  le  tout  sur  un  filtre.  Il  reste  sur  le  pa- 
pier du  phosphate  de  baryte,  mêlé  d'une  très-petite  quantité 
40.  4 


5o  PHO 

de  phosphure  avec  excès  de  base,  et  l'on  obtient  une  solu- 
tion d'hypophosphite  de  baryte.  Pour  en  précipiter  la  base, 
il  faut  opérer  de  la  manière  suivante.  On  partage  la  liqueur 
en  deux  quantités  inégales;  dans  la  plus  forte,  on  verse  de 
l'acide  sulfurique  en  léger  excès,  pour  que  le  sulfate  de  ba- 
ryte, qui  se  forme,  puisse  être  séparé  facilement  par  la  fil- 
fration  ;  puis  on  précipite  l'excès  d'acide  sulfurique  par  la 
portion  d'hypophosphite  qu'on  a  mise  de  côté. 

L'acide  liypophosphoreux,  ainsi  préparé,  est  étendu  d'eau;, 
si  on  le  distille  de  manière  à  l'amener  doucement  à  la  den- 
sité de  1,84  environ,  on  n'en  dégage  que  de  l'eau  pure. 

Pj^opriétés. 

M.  Dulong  n'a  pu  l'obtenir  cristallisé  j  il  est  sous  la  forme 
d'un  sirop. 

11  a  une  saveur  très -acide. 

Il  est  très-soluble  dans  l'eau. 

L'iode  s'y  dissout;  l'eau  est  décomposée:  son  oxigène  se 
porte  sur  l'acide  phosphoreux  et  son  hydrogène  forme  de 
l'acide  hydriodique. 

Il  décolore  le  sulfate  rouge  de  manganèse,  en  s'emparant 
de  l'excès  d'oxigène  de  l'oxide. 

L'eau  de  chlore  le  convertit  en  acide  phosphorique. 

Exposé  à  l'air,  il  n'en  absorbe  pas  l'oxigène.  (Ch.) 

PHOSPHORIQUE  [Acide].  {Chim.) 

Composition. 

Lav.  Davy.  Rose.    Btrth.  Berzelius.  Dulong.  Berzelius. 

Oxigène..  1 54  55,5  65,8  64,42  119,39  124,8  128,17. 
Phosphore  100     46,6     4^)2     45,58     100  100         100. 

Préparation. 

1.  On  peut  faire  l'acide  phosphorique  sec  en  brûlant  du 
phosphore  dans  du  gaz  oxigène  ou  de  l'air  sec.  Pour  cela  on 
met  du  phosphore  dans  une  petite  capsule  d'os  de  mouton 
ou  coupelle  ;  on  place  celle-ci  sur  le  mercure  ;  on  la  recouvre 
d'une  cloche  de  verre  pleine  d'air  (pour  dessécher  le  gaz,  on 
y  laisse  séjourner  quelques  morceaux  de  chlorure  de  calcium). 
On  élève  le  mercure  sous  le  récipient;  on  fait  rougir  un  fer 


PHO  5i 

recourbé,  puis  on  plonge  le  crochet  dans  la  coupelle  où  se 
Irouve  le  phosphore.  Celui-ci  prend  feu  et  donne  naissance 
à  une  fumée  blanche  d'acide  phosphorique  qui  se  condense 
en  flocons  sur  les  parois  de  la  cloche. 

Cet  acide  est  exempt  d'humidité,  mais  il  contient  toujours 
un  peu  de  silice  et  de  potasse  ou  de  soude,  par  la  raison 
qu'il  se  trouve  avoir  le  contact  du  verre  à  une  tempéra- 
ture très -élevée.  Lorsqu'on  verse  de  l'eau  dessus,  il  fait 
entendre  un  petit  bruit,  et  une  portion  reste  sous  la  forme 
d'une  gelée  opaque. 

2.  Le  meilleur  procédé  qu'on  puisse  suivre,  est  celui  d(? 
Lavoisier.  Il  consiste  à  mettre  dans  une  cornue  tubulée  à 
l'émeril ,  qui  communique  avec  un  Lallon ,  8  parties  d'acide 
nitrique  à  02°,  de  faire  chauffer,  puis  de  projeter  dans  In 
cornue  une  partie  de  phosphore  qu'on  a  divisée  en  plusieurs 
portions.  On  en  ajoute  de  nouvelles,  aussitôt  que  celles  qu'on 
y  a  mises  sont  brûlées.  Après  que  tout  le  phosphore  est  dis- 
sous,  on  distille  pour  chasser  la  plus  grande  partie  de  l'excès 
d'acide  nitrique,  puis  on  met  la  liqueur  concentrée  dans  un 
vaisseau  de  platine,  où  on  la  fait  évaporer  jusqu'à  ce  qu'elle 
soit  en  fonte  vitreuse. 

Dans  cette  opération  le  phosphore  s'empare  de  l'oxigène 
de  l'acide  nitrique,  c'est  ce  qui  est  prouvé  par  le  dégage- 
ment des  gaz  azote  ,  nitreux  et  acide  nitreux ,  qui  a  lieu  tant 
qu'il  reste  du  phosphore  à  l'état  combustible. 

3.  Un  procédé  économique  pour  faire  l'acide  phosphori- 
que, c'est  de  traiter  par  l'acide  nitrique  l'acide  phosphatique 
préparé  par  le  procédé  de  Pelletier.  Il  est  plus  économique 
que  le  précédent,  parce  qu'il  faut  employer  beaucoup  moins 
d'acide  nitrique. 

Propriétés  de  l'acide  hydraté. 

L'acide  phosphorique  sec  est  vitreux  ou  sous  la  forme  de 

flocons  Jjlancs.  11  n'a  pas  d'odeur;  il  a  une  saveur  trés-aigre, 

mais  qui  n'est  pas  caustique. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  plus  grande  que  celle  de  l'eau. 
Exposé  au  feu  dans  un  creuset  de  platine,  il  se  fond  et 

présente   un  liquide  vitreux  transparent.  On  peut  le  couler 

dans  une  capsule  de  platine. 


5j  PHO 

M.  Davy  prétend  que  l'acide  phosphorique  anhydre  est 
aussi  fixe  que  Test  l'acide  borique.  M.  Vauquelin  prétend 
au  contraire  qu'il  est  volatil.  Quand  on  fond  cet  acide  dans 
des  creusets  de  terre,  il  s'unit  à  la  matière  du  creuset. 

Il  se  décompose  par  la  pile  en  oxigène,  qui  se  dégage  au 
pôle  positif,  et  en  phosphore  qui  se  dépose  sur  la  surface 
électrisée  négativement:  comme  il  est  non  conducteur  quand 
il  est  isolé ,  il  faut  l'humecter  légèrement  à  sa  surface. 

L'acide  phosphorique  n'éprouve  pas  d'altération  de  la  part 
de  l'air  sec,  mais  il  attire  puissamment  l'eau  de  celui  qui 
^est  humide. 

L'acide  phosphorique  est  très-soluble  dans  l'eau;  il  forme 
lin  liquide  oléagineux  qui  a  une  saveur  très-aigre  :  et  qui 
est  susceptible  de  cristalliser.  Quand  on  met  de  l'acide  phos- 
phorique bien  sec  dans  un  verre  d'eau ,  il  se  brise  en  faisant 
entendre  de  petites  détonations,  dues  vraisemblablement  à 
Xa  séparation  subite  de  ses  particules. 

Il  est  probable  que  le  bore  et  l'hydrogène  décomposent 
l'acide  phosphorique  vitreux  à  une  température  rouge. 

Le  charbon  le  décompose  ,  et  c'est  sur  ce  procédé  qu'est 
fondé  l'extraction  du  phosphore  des  os.  On  peut  s'en  con- 
vaincre, au  reste,  en  mettant  i  partie  d'acide  lîhosphorique 
vitreux  et  3  p.  de  charbon  calciné  dans  une  cornue  de  grès  à 
laquelle  on  adapte  un  récipient  à  moitié  rempli  d'eau.  Si  l'on 
veut  recueillir  les  gaz  ,  on  adapte  un  tube  au  récipient.  A  une 
chaleur  rouge -blanche  l'acide  est  décomposé,  le  phosphore 
se  sublime  et  l'on  obtient  du  gaz  oxide  de  carbone,  un  peu 
d'acide  carbonique  et  du  gaz  hydrogène  carburé;  mais  il 
faut  observer  que  dans  cette  opération  il  y  a  beaucoup  d'acide 
qui  échappe  à  la  décomposition  parla  volatilité,  c'est  pour- 
quoi, lorsqu'on  veut  se  procurer  le  phosphore,  il  est  bien 
préférable  de  décomposer  l'excès  de  l'acide  du  sur-phosphate 
de  chaux  au  lieu  d'agir  sur  l'acide  pur. 

Si  le  cai"bone  enlève  l'oxigène  à  l'acide  phosphorique,  le 
phosphore  peut  à  son  tour  enlever  l'oxigène  au  carbone,  qui 
est  a  l'état  d'acide  carbonique  et  engagé  avec  une  base  alca- 
line, de  laquelle  la  chaleur  ne  peut  l'en  d'égager  ,  ou  si 
elle  l'en  sépare,  il  faut  qu'elle  ait  un  certain  degré  d'intensité. 
Cela  est  dû  à  ce  que  le  phosphore  j  l'oxigène  et  la  base  sa- 


PHO  53 

lifiable  du  carbonate  peuvent  former  une  combinaison  beau- 
coup plus  fixe  à  une  température  très- élevée,  que  le  car- 
bone, l'oxigéne  et  la  même  base.  Pour  faire  l'expérience, 
on  met  du  phosphore  bien  sec  dans  un  tube  de  verre  vert 
luté;  on  a  soin  de  fondre  le  phosphore  dans  le  tube,  afin 
d'en  dégager  l'humidité.  On  y  passe  ensuite  un  papier  Joseph  , 
puis  on  remplit  presque  la  totalité  du  tube  de  sous -carbo- 
nate de  soude  ou  de  chaux  bien  desséché.  On  chauffe  le 
tube  de  manière  à  ne  faire  rougir  que  le  carbonate,  ensuite 
on  approche  des  charbons  de  l'extrémité  qui  contient  le 
phosphore  ,  celui  se  vaporise  et  décompose  l'acide  carboni- 
que ;  il  se  produit  du  phosphate  de  soude  ou  de  chaux.  On 
peut  séparer  le  phosphate  de  soude  du  charbon  au  moyen 
de  l'eau  bouillante,  et  le  phosphate  de  chaux  au  moyen  de 
l'acide  nitrique  ou  hydrochlorique. 

Èlat. 

L'acide  phosphorique  ne  se  rencontre  dans  la  nature  qu'à 
l'état  salin.  (Ch.) 

PHOSPHORITE.  (Min.)  C'est  le  nom  univoque  que  Kirwan 
a  donné  ta  la  chaux  phosphatée  ,  et  que  nous  avons  adopté 
dans  le  tableau  minéralogique  inséré  dans  le  tome  XXXI , 
article  Minéralogie  ,  pag.  277.    Voyez  ce  tableau   et  Chaux 

PHOSPHATÉE,    tom.  VIII  ,    pag.    022.    (  B.  ) 

PHOSPHORES.  {Chim.)  Combinaisons  du  phosphore  avec 
les  corps  simples  ou  les  oxides  qui  sont  électro-positifs,  rela- 
tivement au  phosphore. 

Composition. 

D'après  M.  Dulong,  il  existe  des  phosphures  métalliques  à 
proportions  fixes,  qu'on  peut  obtenir,  lorsque  les  métaux  qui 
les  forment  ne  se  fondent  pas  au-dessous  de  5oo  à  600  ,  en 
faisant  passer  le  phosphore  en  vapeur  sur  ces  métaux  chauffés 
au  rouge  dans  un  tube  de  verre. 

Ces  phosphures  correspondent  aux  protoxides,  qui  ont  la 
propriété  de  neutraliser  les  acides,  et  leur  composition  est 
telle  que  ,  si  le  phosphore  passe  à  l'état  d'acide  phosphorique, 
et  le  métal  à  celui  de  protoxide  basique  ,  l'oxigéne  absorbé 


54  PHO 

par  le  premier  est  à  l'oxigène  absorbé  par  le  second ,  comme 

5  ,-2. 

Nous  traitons  des  phosphures  à  l'article  du  corps  qui  est 
susceptible  de  constituer  un  composé  de  ce  genre  en  s'unis- 
sant  au  phosphore  ,  excepté  cependant  pour  le  phosphure  de 
carbone,  qui  est  décrit  au  mot  Phosphore.  Quant  aux  com- 
binaisons du  phosphore, 

1.°  Avec  le  chlore  ,  il  en  est  traité  aux  mots  Chloro- 
PHOsPHonrçcE  (acide)  ,  Phosphore  (voyez  Chlorure  de  phos- 
ipnORE); 

2."  Avec  l'iode,  au  mot  Phosphore; 

3.°  Avec  le  soufre,  au  mot  Phosphore. 

Les  phosphures  métalliques  sont  solides;  ceux  qui  sont  for- 
més de  métaux  peu  fusibles,  sont  plus  fusibles  que  ces  métaux  ; 
tandis  que  les  phosphures  formés  de  métaux  fusibles  sont  moins 
fusibles  que  les  métaux  qui  les  constituent. 

En  général  ,  ils  ont  l'éclat  métallique  et  la  propriété  de 
cristalliser. 

Ils  sont  cassans. 

Une  température  élevée  les  décompose  ,  sinon  complète- 
ment ,   du  moins  en  partie. 

Excepté  les  phosphures  des  métaux  de  la  2."  section,  ils 
sont  peu  altérables  à  l'air  aux  températures  ordinaires ,  et 
ils  sont  insolubles  dans  l'eau. 

L'acide  nitrique  les  convertit  en  phosphates. 

Le  meilleur  procédé  pour  phosphurer  les  métaux  qui  ne 
se  fondent  pas  à  5oo  ,  est  le  procédé  de  M.  Dulong ,  dont 
nous  avons  déjà  parlé.  Il  faut  que  la  température  à  laquelle 
on  expose  le  métal,  soit  suffisante  pour  le  faire  rougir;  mais 
non  pour  le  fondre  :  il  faut  en  outre  que  le  métal  soit  en 
fils  ou  très-divisé. 

Le  meilleur  procédé  pour  phosphurer  les  métaux  qui  tien- 
nent peu  à  l'oxigène,  comme  l'or,  etc.  ,  consiste  à  faire 
passer  un  courant  d'hydrogène  phosphure  dans  leur  dissolu- 
tion. 

On  peut  encore  se  procurer  des  phosphures  qui  tiennent 
beaucoup  de  phosphore,  en  faisant  rougir  les  phosphates  au 
milieu  du  charbon;  mais  le  charbon  et  la  chaleur  expulsent 
presque  toujours  une   portion  de  phosphore.  (Ch.) 


PHO  55 

PHOTIZITE.  (Min.)  C'est  un  manganèse  lithoide  ,  bru- 
nâtre, rougeàtre ,  rosàtre ,  passant  même  au  jaunâtre  ou  au 
blanc,  compacte,  ayant  l'apparence  d'un  jaspe,  un  peu  plus 
dur  que  le  felspath  ;  d'une  pesanteur  spécifique  de  2,8  à  5; 
difficilement  fusible  et  seulement  sur  les  angles  :  à  peine 
translucide  dans  les  parties  minces. 

Le  jaune  rosâtre  est  composé  ,  d'après  l'analyse  de  Brandes  , 
de  manganèse  oxidé  46, i3  ,  de  silice  09,  d'acide  carbonique 
i  1  ,  et  d'eau  3.  11  se  trouve  à  Schebenholz,  dans  les  envi- 
rons d'Elbingerode  ,  au  Harz  ,  avec  l'allagite  verdàtre  ,  autre 
manganèse  silicate  et  carbonate  sans  eau  ,  suivant  M.  Du- 
ménil,  qui,  d'ailleurs,  n'en  indique  pas  non  plus  dans  le 
photizite.  Toutes  ces  espèces  demandent  à  être  étudiées  plus 
exactement  et  à  être  déterminées  avec  plus  de  précision. 
Voyez  Manganèse  lithoide.  (B.) 

PHOTOPHYGES  ou  LUCIFUGES ,  Coleoptera  lucifuga.  {Ent.) 
jNous  avons  ainsi  nommé  une  famille  d'insectes  coléoptères 
héléromérés,  qui  ont  les  élytres  très-durs,  soudés  et  sans  ailes. 

Leur  nom  emprunté  du  grec,  indique  Pune  des  principales 
particularités  de  leurs  mœurs,  qui  est  de  chercher  les  lieux 
peu  éclairés,  et  de  marcher,  pour  subvenir  à  leur  nourriture, 
dans  le  silence  et  Pobscurité  des  nuits.  Le  mot  (puyctç-,  signifie 
fujard,  ct<Ç>a1oç,  delà  lumière.  La  plupart  de  ces  insectes 
habitent  cependant  les  pays  chauds;  on  les  trouve  dans  les 
lieux  arides  -.  ils  ne  peuvent  pas  voler,  parce  que  leurs  ély- 
tres durs,  soudés  le  long  de  la  suture,  ne  sont  propres  qu'à 
protéger  leur  abdomen;  ils  sont  privés  d'ailes  membraneuses. 

Nous  avons  fait  représenter  une  espèce  de  chacun  des  huit 
genres  qui  composent  cette  famille,  dans  Patlas  qui  fait  partie 
de  ce  Dictionnaire,  sur  la  planche  14.  Ce  sont  :  les  Blaps, 
les  Pimélies,  les  Eurychores,  les  Akides,  les  Scaures,  les 
Sépidies,  les  Érodies,  les  Zophoses  et  les  Tagénies,  qui  sont 
faciles  à  distinguer  entre  eux,  ainsi  que  nous  le  verrons  par  le 
tableau  synoptique  qui  termine  cet  article,  en  considérant 
la  forme  générale  de  leur  corps,  celle  de  leurs  pattes  ou 
même  de  leurs  jambes. 

Il  est  d'ailleurs  aisé  de  distinguer  cette  famille  de  toutes 
celles  qui  sont  comprises  dans  le  même  sous-ordre  (voyez 
HetEi103ier.es}  ,  en  remarquant  que  dans  les  épispatiques  seule- 


56  PHO 

ment,  comme  les  cantharides,  les  ëlytres  sont  mous  et  flexi- 
bles; que  dans  les  ornéphiles  et  les  sténoptères,  comme  les 
cistèles  et  les  mordclles,  les  élytres  sont  durs  et  les  antennes 
en  fil,  tandis  que  ces  derniers  organes  sont  en  chapelet  ou 
grenus,  le  plus  souvent  en  masse,  et  les  élytres  non  soudés 
entre  eux  dans  les  lygophiles,  comme  les  ténébrions,  et  dans 
les  mycétobies,  comme  les  diapères. 

Voici  le  tableau  des  genres  compris  dans  cette  famille,  tel 
que  nous  Favons  rédigé  pour  la  Zoologie  analytique,  n."  i35. 

iS."  Famille.  Lucifuges  ou  Photophyges. 
Coléoptères  hétéromérés,  à  élytres  durs,  soudés,  sans  ailes. 

jambes;  corps  ovalaire,  plat  en  dessus.    7.   Erodie. 


rentiees  aux,       .  ,         ,  1       ,  ,         „    „ 

cuisses;   corps  alonge,  ventre  bombe..     5.  Scaure. 

i  concave. ...  3.  Eurychore. 

Plî"» 4-  Akide. 

,        ,   ,  convexe 6.  Sépidie. 

mples,  a  )  j         ,         , 

<  l  prolonges   en   pointe 1.   Blaps. 

corps.      )  I  , 

i  lisses;    I  non  pro- 1  en   carène 8.  Zophose. 

'•îljlresj    longés;  |noncarén.;|  épineuses      2.  Pimélie. 
[poitrine,  (jambes.  ..  (simples  .  .     9.  Tagénie. 

(CD.) 

PHOXICHILE,  PhoxicliUus.  [Entom.)  M.  Latreille  décrit  sous 
ce  nom  de  genre  quelques  jjycnogo/wns  ou  poux  de  baleines, 
qui  ont  les  pattes  fort  longues  et  deux  mandibules  sans  palpes. 
(CD.) 

PHOXINUS.  {Ichthyol.)  Voyez A^'éron  et  Able  dans  le  Sup- 
plément du  tome  I.'"'  de  ce  Dictionnaire.  (H.  C) 

PHRAGMIDIUM.  {Bol.)  Genre  de  la  famille  des  cham- 
pignons ,  de  l'ordre  des  mucédines  et  de  la  série  des  ento- 
phj'tes  dans  la  méthode  de  Link.  Il  a  été  établi  par  Link  et 
adopté  par  Pries  sous  celui  à^aregma.  Il  n'est  qu'un  démem- 
brement du  puccinia.  Il  comprend  essentiellement  les  espèces 
qui  croissent  sur  l'épiderme  des  pîatites  et  non  dessous.  Il  est 
caractérisé  par  ses  sporidies  pédicellées ,  divisées  intérieure- 
ment  par  trois  cloisons  ou  plus,  et  par  ses  pédicelles  renflés 
à  leur  base.  Ce  genre  comprend  trois  espèces,  qui  sont  des 
vredo  de  Strauss  et  des  ascophora  de  Tode. 

].°  Le  Phragmidium  hulbosum,  Sclmi.  et  Kunze,  qui  est  le 


PHR  57 

Puccinia  hulhosa,  Rœhl;  le  Puccinia  ruli ,  Hedw.  ;  VAregma 
hulbosa,  Pries  ;  YUredo  hulbosa,  Strauss;  VAscopliora  discijlora, 
Tode. 

2."  Le  Phragmidium  mucronatum ,  Link,ou  Puccinia  rosœ , 
Decand. 

3.°  I,e  Phragmidium  ohtiisum,  Schm.  et  Kunze ,  ou  Poten- 
lillœ,  Persoon.  Voyez  Puccinia.   (Lem.) 

PHRAGMITES.  {Bot.)  Ce  nom  grec ,  donné  par  Dioscoride 
au  roseau  ordinaire,  arundo,  lui  a  été  conservé  comme  spéci- 
fique. (J.) 

PHRAGMOTRICHUM.  {Bot.)  Genre  de  la  famille  des 
champignons  établi  par  Kunze,  qu'il  caractérise  ainsi  :  Spo- 
ridies  riiomboïdales,  cloisonnées,  opaques,  séparées  par  des 
étranglemens  ou  isthmes  cylindriques,  transparens,  réunis 
en  fibres  droites,  agrégés,  partant  d'une  base  gélatineuse, 
mais  finissant  par  se  détacher  et  se  disperser.  Ce  genre  ap- 
partient à  Pordre  des  urédinées.  Le  ph.  Chailletii  ,  Kunze  , 
Aijcol.,  2,  pag.  84,  pi.  2,  fig.  4,  est  la  seule  espèce  de  ce 
genre  ;  elle  a  été  découverte  par  M.  Chaillet  sur  les  cônes 
du  sapin  aux  environs  de  Neufchatel  en  Suisse.  (Lem.) 

PHRENOTRIX.  {Ornith.)  M.  Horsfield,  dans  son  Arrange- 
ment systématique  des  oiseaux  de  Vile  de  Java,  dont  l'extrait  se 
trouve  pages  578  et  suiv.  du  tome  1."  du  Bulletin  des 
sciences  naturelles,  Avril  1824,  a  créé  sous  ce  nom,  dans  sa 
famille  des  corvidœ ,  un  genre  caractérisé  par  la  forme  du 
bec,  qui  est  élevé,  régulier,  et  a  la  base  bordée  de  plumes 
veloutées.  Ce  genre  diffère  des  autres  de  la  même  famille, 
en  ce  que  les  côtés  du  bec  sont  plans,  depuis  le  bord  de  la 
mandibule  jusqu'à  la  carène.  L'espèce  indiquée  par  Pauteur 
porte  le  nom  de  temia.  (Ch.  D.) 

PHROCALIDA.  {Bot.)  Voyez  Mauronu.  (J.^ 
PHROMYME;  Phronjma,  Latr.  {Crust.)  Genre  de  Crus- 
tacés de  Pordre  des  Amphipodes,  que  nous  avons  décrit  à 
Parlicle  Malacostracks  ,  tome  XXXVIII,  page  346.  (Desm.) 
PHROSINE,  Phrosina.  {Crust.)  Autre  genre  de  Crustacés, 
voisin  du  précédent,  et  décrit  dans  le  même  article,  page 
348.  (Desm.) 

PHRYGANE.   {Entom.)  Voyez  Frigake.  (C.  D.) 
PHRYGA^'ELLA.  {Bot.)  Fronde  filiforme,  très-rameuse, 


53  PHR 

dernières  Ramifications  sétacées,  le  plus  souvent  imbriquées, 
des  tubercules  terminaux  contenus  dans  la  substance  de  la 
fronde,  ovales,  rameux  ;  fructification  terminale  formant  un 
tout  rameux.  Ce  genre  de  plantes  marines,  établi  par  Stack- 
house,  comprend  les/ucus  erinoides ,  abrotanifolius,  nodicaulis, 
discors,  barbatus  et  concatenatus  des  auteurs,  qui  rentrent 
dans  le  genre  Cjstoseira  de  M.  Agardh ,  et  dans  le  genre 
fucus  de  Lamouroux.  Voyez  Fucus.  (Lem.) 

PHRYGIA.  [Bot.)  Division  du  genre  Centaurea  de  Lin- 
naeus,  dont  quelques  auteurs  ont  fait  un  genre.  Il  contient 
les  espèces  de  Centaurea,  dont  les  écailles  calicinales  sont  ci- 
liées. (Lem.) 

PHRYMA,  (Bot.)  Ce  genre  de  Forskal ,  qu'il  ne  faut  point 
confondre  avec  le  pliryma  de  Linnœus,  avoit  été  réuni  par 
Vahl  à  la  verveine  sous  le  nom  de  verbena  Forskalii;  mais 
plus  récemment  il  a  été  reconnu  qu'il  appartient  au  genre 
Priva  dans  la  même  famille.  (J.) 

PHRYMA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédonées,  à  fleurs 
complètes,  irrégulières,  de  la  famille  des  labiées,  de  la  didy- 
nainie  gjmnospermie  de  Linnaeus  ,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Un  calice  persistant,  cylindrique,  à  deux  lèvres, 
la  supérieure  plus  longue,  trifîde,  l'inférieure  a  deux  dents; 
une  corolle  labiée;  la  lèvre  supérieure  fort  courte  :  une  seule 
semence  au  fond  du  calice. 

Phryma  en  épi  :  Phryma  leptostachia ,  Linn.  ,  Aman.,  3, 
p.  19;  Lamck. ,  ILl.  gen.,  tab.  5i6  ;  Pluken.,  Amalth.,  tab.  38o  , 
fig.  5.  Espèce  remarquable  par  le  caractère  de  ses  tiges  arti- 
culées à  de  longues  distances,  renflées  aux  articulations,  puis 
redressées  au-dessus,  où  elles  se  plient  et  se  redressent  comme 
un  genou:  elles  sont  hautes  d'un  pied  et  plus,  presque  tétra- 
gones  ;  les  rameaux  opposés ,  peu  nombreux  ,  garnis  de 
feuilles  opposées,  pétiolées,  ovales,  un  peu  rudes  au  tou- 
cher, obtuses  à  leur  sommet,  à  grosses  dentelures  inégales; 
les  supérieures  sessiles,  un  peu  lancéolées,  aiguës;  les  infé- 
rieures portées  sur  des  pétioles  très- courts.  Les  fleurs  sont 
sessiles ,  solitaires,  opposées,  horizontales,  écartées  les  unes 
des  autres,  un  peu  inclinées  après  la  floraison  ,  formant  par 
leur  ensemble  un  épilàche ,  terminal.  Chaque  fleur  est  accom- 
pagnée à  sa  base   de  trois  bractées  très- étroites  ,  subulées  ; 


PUR  59 

l'inférieure  de  la  longueur  du  calice  ;  les  deux  latérales 
droites  et  plus  courtes.  Le  calice  est  cylindrique,  strié,  re- 
levé en  bosse  un  peu  au-dessus  de  sa  base  ,  dur,  roide,  tu- 
bulé,  partagé  en  deux  lèvres  à  son  orifice;  la  supérieure 
purpurine,  étroite,  à  trois  dents;  Finférieure  bifide  et  plus 
courte:  la  corolle  blanche;  le  tube  de  la  longueur  du  calice; 
la  lèvre  supérieure  très-courte,  purpurine  en  dehors,  droite, 
presque  ovale  ,  échancrée  au  sommet  ;  Tinférieure  plus 
grande,  très-ouverte,  à  trois  divisions,  celle  du  milieu  plus 
alongée  ;  les  quatre  étamines  sont  didynames,  rapprochées  deux 
à  deux;  les  deux  supérieures  plus  courtes;  les  anthères  arron- 
dies, conniventes;  l'ovaire  est  supérieur,  oblong  ;  le  style  de 
la  longueur  des  étamines;  le  stigmate  obtus.  Le  fruit  consiste 
en  une  seule  semence  oblongue,  sillonnée  d'un  côté,  ren- 
fermée dans  le  fond  du  calice.  Cette  plante  croit  dans  l'Amé- 
rique septentrionale. 

Le  Pkrj'ina  dehiscens  de  Linnaeus  a  été  converti  en  un  genre 
par  Necker,  sous  le  nom  de  Deniscea,  fondé  sur  le  calice 
fendu  dans  sa  longueur  à  un  de  ses  côtés,  à  l'époque  de  la 
maturité;  et  sur  la  corolle,  plus  régulière,  approchant  de 
celle  de  la  verveine ,  tubulée  ,  divisée  à  son  orifice  eu  cinq 
lobes  arrondis,  presque  égaux.  La  tige  est  presque  ligneuse 
à  sa  base;  les  rameaux  sont  droits,  peu  nombreux;  les  feuilles 
pétiolées  ,  opposées  ,  cunéiformes  à  leur  base,  arrondies  à 
leur  partie  supérieure,  presque  aussi  larges  que  longues,  un 
peu  épaisses,  munies  d'environ  neuf  dents;  les  fleurs  dispo- 
sées (  n  grappes  terminales,  accompagnées  de  très-petites  brac- 
tées subulées.  Cette  plante  croit  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
(PoiR.) 

PHRYNE,  Phrynus.  {Entom.  )  Nom  d'un  genre  d'insectes 
aptères  ,  de  la  famille  des  acères  ou  aranéides  ,  établi  par 
Olivier  pour  y  ranger  quelques  espèces  d'araignées  étrangères, 
caractérisées  par  la  longueur  excessive  et  la  ténuité  de  leurs 
pattes  antérieures;  en  outre  parleur  corps  aplati  et  parleurs 
palpes  simulant  des  pattes  et  terminés  en  griffe,  comme  on 
peut  le  voir  sur  la  figure  2,  de  la  planche  66,  de  l'atlas  de 
ce  Dictionnaire. 

Le  nom  de  phryne,  emprunté  du  grec  Ç/pvvoç,  signilioit  prc~ 
bablement  un  crapaud  vivant  dans  .les  lieux  secs. 


^«  PHR 

Les  espèces  de  ce  genre  n'ont  été  observées  qu'en  Amérique 
et  aux  Séchelles  dans  les  Indes  orientales.  Elles  ressemblent 
un  peu  aux  scorpions,  mais  elles  sont  privées  de  la  queue  et 
n'ont  pas  les  lames  en  forme  de  branchies  sous  l'abdomen 
qu'on  a  appelées  des  peignes.  On  ignore  leurs  mœurs,  mais 
il  est  très-probable  que  ces  insectes  sont  carnassiers. 

Celui  que  nous  avons  fait  figurer,  avoit  déjà  été  décrit  par 
Pallas  ,  et  figuré  dans  le  neuvième  fascicule  de  ses  Glanures 
zoologiques.  C'est  le 

Phryne  RÉNiFORME,  Phrynus  rcniformis  {Phalangium  Linn.)  , 
que  nous  avons  fait  peindre  d'après  nature.  (C.  D.) 

PHRYNION.  (Bot.)  Un  des  noms  grecs  anciens,  cités  par 
Ruellius,  Matthiole  et  Daléchamps,  du  poterium  de  Diosco- 
ride ,  qui  est  Vastragalus  tragacantha ,  duquel  découle  la 
gomme  adraganthe.  Daléchamps  le  cite  encore  sous  le  nom  de 
nevras.  Il  parle  aussi  d'un  autre  poterium,  de  Lobel,  dont  il 
donne  la  figure:  c'est  à  celui-ci  que  Linnaeus  a  conservé  le 
nom  générique  de  poterium  avec  le  nom  spécifique  de  spino' 
sum.  (J.) 

PHRYNIUM.  {Bot.)  Genre  de  plantes  monocotylédones , 
à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  amomées,  de  la  mo- 
nandrie  monogjnie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère  essen- 
tiel :  Des  fleurs  réunies  en  iète  ;  point  de  calice;  une  corolle 
à  trois  divisions  extérieures  très-profondes  ;  trois  intérieures 
égales,  soudées  sur  un  tube  filiforme;  limbe  à  quatre  lobes  ; 
une  seule  étamine  ;  un  style  ;  un  ovaire  inférieur  ;  un  stig- 
mate creux;  une  capsule  à  trois  loges;  une  noix  dans  chaque 
loge. 

Cette  plante  ,  d'abord  imparfaitement  connue ,  avoit  été 
placée  par  Linné  parmi  les  pontederia.  Loureiro  en  avoit 
fait  un  genre  particulier,  sous  le  nom  de  PhjUodes,  auquel 
"VVilldenow  a  substitué  le  nom  de  Phrjnium. 

Phrynium  en  tête  :  Phrjnium,  capitatum,  Willd. ,  Spec. ,  i  , 
page  17;  Pontederia  ovata,  Linn.,  Spec;  Swartz,  Obs.  bot., 
lia;  Phyllodes  placentaria  ,  Lour.  ,  Flor.  Cochin. ,  page  16; 
Naru-Kila,  Rhéed.,  Hort.  malab.,  11 ,  page  67,  tab.  04.  Cette 
plante  s'élève  à  la  hauteur  de  cinq  pieds  ;  elle  n'a  point  de 
tige  proprement  dite.  De  ses  racines  s'élèvent  des  pétioles 
cylindriques,  très-droits,  longs  de  quatre  pieds,  soutenant 


PHT  Cl 

une  feuille  longue  d'un  pied,  plane,  ovale,  alongée  ,  glabre, 
aiguë,  très-entière,  coriace,  à  stries  obliques.  Du  milieu  de 
ces  feuilles  sortent  des  fleurs  blanches,  assez  grandes,  sessiles, 
réunies  en  tête,  ou  en  une  cîme  hémisphérique,  pourvues 
d'un  involucre  à  deux  folioles,  et  de  spathes  partielles,  ai- 
guës, imbriquées;  les  trois  divisions  extérieures  de  la  corolle 
sont  droites,  subulées  ,  égales;  les  trois  intérieures  aiguës, 
réfléchies,  presque  égales.  Un  tube  droit,  alongé,  canaliculé. 
se  divise  en  quatre  lobes  droits,  obtus,  inégaux;  il  n'existe 
qu'un  seul  filament  soudé  sur  le  tube,  terminé  par  une  an- 
thère alongée,  irrégulière.  L'ovaire  est  inférieur,  ovale,  à 
trois  côtés,  surmonté  d'un  style  court,  épais,  terminé  par 
un  stigmate  concave,  incliné  vers  l'anthère.  Le  fruit  est  une 
capsule  trigone,  obtuse,  à  trois  loges;  chaque  loge  renferme 
une  noix  lisse,  ovale.  Cette  plante  croit  aux  lieux  o^ibragés 
dans  la  Chine  et  la  Cochinchine.  (Pom.) 

PHTANITE.  (  Min.  )  Haiiy  a  senti  la  nécessité  de  déterminer 
et  de  décrire ,  d'une  manière  particulière  ,  les  masses  miné- 
rales, tant  homogènes  qu'hétérogènes  qui  se  présentent  si  fré- 
quemment et  sous  une  si  grande  étendue  à  la  surface  de  la 
terre  ,  et  qui  ne  sont  pas  assez  pures  ,  lors  même  qu'elles  pa- 
roissent  homogènes ,  pour  cristalliser  ou  pour  être  rapportées 
avec  sûreté  à  des  espèces  minérales  réellement  déterminées. 
11  a  ensuite  senti  la  nécessité  de  donner  à  ces  masses  des 
noms  univoques,  tirés  d'une  langue  éminemment  propre  aux 
sciences,  et  qui,  par  sa  haute  antiquité,  n'appartient,  pour 
ainsi  dire,  en  propre  à  aucun  peuple.  Il  a  appliqué  ces  prin- 
cipes au  minéral  en  masse  que  nous  avons  placé  parmi  les 
jaspes  sous  le  nom  de  Jaspe  schistelx  ,  en  cherchant  à  rendre 
par  cette  dénomination  le  nom  de  Kiesdscliiefer ,  sous  lequel 
il  est  décrit  dans  les  ouvrages  de  minéralogie  allemands. 

La  place  que  nous  avions  donnée  à  cette  pierre  parmi  les 
jaspes,  étoit  la  seule  qui  nous  parut  lui  convenir  à  l'époque 
où  nous  le  fîmes;  car  c'est  une  pierre  éminemment  siliceuse, 
mais  elle  est  parfaitement  opaque ,  et  ne  pouvoit  donc  être 
placée  parmi  les  silex  ,  qui  pour  nous  sont  toujours  trans- 
lucides. 

C'est  une  pierre  qui  paroît  renfermer  de  l'argile ,  du  fer 
et  du  charbon  ;  elle  ressemble  donc  au  jaspe  par  les  deux 


62  PUT 

premiers  corps  ;  enfin  ,  elle  a  souvent  une  structure  schistoïde 
en  grand  et  même  en  petit.  Plusieurs  jaspes  font  aussi  voir 
cette  structure;  en  sorte  que  cette  pierre  ne  nous  paroissoit 
différer  des  jaspes  que  par  la  couleur  et  le  corps  qui  la  lui 
donnoit. 

Mais  ces  ressemblances  minéralogiques  n'étant  pas  assez 
complètes  pour  établir  une  véritable  identité  d'espèces  ,  et 
les  positions  géologiques  du  jaspe  et  du  phtanite  étant  souvent 
très-différentes,  nous  pensons  qu'il  est  convenable  d'en  faire, 
avecHaiiy,  une  espèce  particulière  de  roche  homogène  ;  et, 
en  adoptant  le  nom  de  phtanite  ,  qu'il  lui  a  donné  ,  sans 
vouloir  chercher  à  prouver  la  bonté  de  sa  signification,  nous 
le  substituerons  à  celui  de  Jaspe  schisteux  (voyez  ce  mot). 

Il  n'y  a  point  d'analyse  de  phtanite  à  laquelle  on  puisse 
se  fier  :  celle  de  Wiegleb,  qu'on  a  rapportée  à  l'article  du 
Jaspe  schisteux,  paroît  tout-à-fait  étrangère  à  ce  que  tous  les 
minéralogistes  (Haîiy,  d'Aubuisson  ,  Léonhard  ,  de  Bonnard  , 
etc.)  présument  de  la  composition  de  cette  pierre,  sans  ce^ 
pendant  qu'aucun  ,  à  notre  connoissance  ,  l'ait  encore  prouvé. 
(B.) 

PHTEIRES.  (Entom.)  On  trouve  ce  nom  dans  Aristote.  pour 
désigner  un  grand  nombre  d'animaux  parasites,  tels  que  les 
poux  ,  les  tiques,  les  îxodes,  les  ricins ,  les  pycnogonons  et  un 
grand  nombre  d'autres  entomostracés,  désignés  vulgairement 
sous  le  nom  de  poux  de  poissons.  C'est  du  mot  (pSupiç  que 
sont  venus  les  noms  de  phthiriase ,  ou  maladie  pédiculaire, 
(pSiû}ot.<rtç ■)  et  de  phthiropliages  ,  mangeurs  de  poux,  comme  le 
sont  Jes  singes  et  les  Hottentots.  (C.  D.  ) 

PHÏHIRIDE,  Phthiridium.  {Entom.)  Herman  fils  a  donné 
ce  nom  à  l'hippobosque  de  la  chauve -souris,  dont  M.  La- 
treille  a  formé  le  genre  Nyctéribie.  (Desm.) 

PHTHIRIE,  Phthiria.  {Entom.)  Ce  genre  d'insectes  dip- 
tères, formé  par  M.  Mcigen ,  renferme  les  volucella  pygrnœa 
et  minuta  de  Fabricius.  Il  ne  diffère  des  bombyies ,  de  la  famille 
des  sclérostomes,  qu'en  ce  que  les  deux  premiers  articles  des 
antennes  sont  courts  et  égaux  ,  et  que  le  dernier  est  en  fuseau. 

Ces  petits  insectes,  dont  le  corps  est  simplement  pubesr 
cent  et  non  velu  ,  se  trouvent  dans  les  lieux  secs  sur  les 
fleurs.  (Desm.) 


PHT  €S 

PHTHIRION.  (Bot.)  Daléchamps  indique  et  figure  sous  ce 
nom  une  plante  qu'il  croit  être  une  crête -de- coq,  r/iinan- 
thus ;  mais  qui,  à  cause  de  son  port  et  de  ses  feuilles  pennées, 
appartient  plus  certainement  au  genre  Pedicularis,  dont  il  lui 
donne  même  le  nom  comme  synonyme,  parce  qu'elle  engen- 
dre, dit-il,  des  poux  aux  moutons  et  aux  chevaux  qui  pais- 
sent dans  les  prés  où  elle  abonde.  Il  ajoute  que  les  Allemands 
la  nomment  hraunrodel.  (J.) 

PHTHIROCTONON.  {Bot.)  Nom  grec  de  la  staphysaigrc , 
delphinium  staphysagria ,  suivant  C.  Bauhin.   (J.) 

PHTHIROPHAGES.  {Zool.  )  Ce  nom  est  donné  aux  animaux 
qui  mangent  des  poux.  Plusieurs  peuplades  d'hommes  sont 
phthirophages.  (Desm.) 

PHTHORE  ou  PHTORE.  (Chim.)  M.  Ampère  a  donné  ce 
nom  à  un  corps  simple  comburant  qu'il  suppose  former  l'acide 
fluorique,  lorsqu'il  est  uni  à  l'hydrogène. 

Le  phthore  n'a  point  encore  été  obtenu  à  Pétat  de  pureté. 
Il  a  des  affinités  si  énergiques,  qu'il  est  difficile  de  le  cliasser 
de  ses  combinaisons;  et,  en  second  lieu,  il  agit  sur  un  si 
grand  nombre  de  corps,  qu'il  n'a  pas  été  possible  jusqu'ici 
de  se  procurer  des  vaisseaux  sur  la  matière  desquels  il  n'exer- 
çât pas  d'action  corrosive  :  c'est  même  de  cette  action  qu'est 
dérivé  son  nom  '.  Les  caractères  du  phthore  ne  sont  donc 
tirés  que  de  ses  combinaisons,  et  tout  l'art  du  chimiste  est 
jusqu'à  présent  réduit  à  faire  passer  ce  corps  d'une  com- 
binaison dans  une  autre. 

Les  combinaisons  caractéristiques  du  phthore  sont  :  PAcidiv 
HVDRaPHTORiQUE  (voyez  ce  mot),  l'acide  phtoroborique  (voyez 
Phtorobobique  [Acide],  et  l'acide  phtorosilicique  (voye? 
Phtorosiilcique  [Acide].  Il  s'unit  et  forme  en  outre,  avec 
ia  plupart  des  métaux,  des  composés  appelés p/itor«res.  (Ch.) 

PHTORA.  (Bot.)  Lobel  et  d'autres  citoient  sous  ce  nom  le 
ranunculus  thora.  (J.  ) 

PHTOROBORIQUE  [Acide].  (Chim.) 

Sj77077jmie  et  coin  position. 
Dans  Phypothèse  deshydracides,  appliquée  par  M.  Ampère 
aux  composés  fluoriques ,  l'acide  phtoroborique  est  un  com- 

'  Phthore  est  tiré  du  grec  t^ui»,  corrumpo. 


64  PHT 

j)osé  de  phtofe  et  de  bore  ;  dans  l'hypothèse  des  oxacides, 
cet  acide  est  un  composé  d'acide  fluorique  et  d'acide  bo- 
rique. Il  est  désigné  par  le  nom  d'acide  Jluoborique. 

Préparation. 

Premier  procédé.  MM.  Gay-Lussac  et  Thénard  l'ont  préparé, 
les  premiers,  en  chauffant  dans  un  tube  de  fer,  qui  commu- 
niquoit  à  une  cloche  pleine  de  mercure  au  moyen  d'un  tube 
de  verre  ,  un  mélange  de  3o  grammes  d'acide  borique  vitrifié 
et  de  60  grammes  de  phtorure  de  calcium.  A  une  tempéra- 
ture élevée,  une  partie  d'acide  cède  son  oxigène  au  calcium; 
il  en  résulte  de  la  chaux,  qui  s'unit  à  l'acide  borique  indé- 
composé, tandis  que  le  phtore  s'unit  au  bore  et  forme  le 
gaz  qu'on  recueille  sur  le  mercure. 

Deuxième  procédé.  M.  J.  Davy  a  simplifié  ce  procédé  de  la 
manière  suivante.  Il  met  dans  une  fiole  à  médecine  un  mé- 
lange de  1  partie  d'acide  borique  vitrifié  et  de  2  parties  de 
phtorure  de  calcium,  réduites  en  poudre  impalpable;  il  verse 
par-dessus  12  parties  d'acide  sulfurique  à  i,85;  il  adapte  un 
tube  recourbé  à  la  fiole  et  l'engage  sous  le  mercure.  A  l'aide 
de  la  chaleur  le  calcium  s'oxigène  aux  dépens  de  l'acide  bo- 
rique ;  le  bore  s'unit  au  phtore,  et  la  chaux  à  l'acide  sulfu- 
rique. Il  faut  chauff'er  assez  doucement  pour  ne  pas  faire 
bouillir  l'acide  sulfurique.  Si  l'on  employoit  une  quantité 
d'acide  inférieure  à  12  parties,  l'eau  qui  seroit mise  en  liberté 
dissoudroit  tout  le  gaz  phtoro-borique  :  si  l'on  mettoit  plus  de 
12  parties  d'acide  sulfurique,  celui-ci  le  dissoudroit.  C'est  sur 
la  fin  de  cette  opération  que  se  dégage  un  composé  visqueux 
d'acide  sulfurique  et  d'acide  phtoro-borique. 

Quand  on  veut  obtenir  de  l'acide  phtoro-borique  dissous  dans 
l'eau ,  on  adapte  un  tube  de  sûreté  à  la  fiole  qui  contient 
le  mélange  ci-dessus  ,  et  on  fait  plonger  le  tube  dans  une 
éprouvette  contenant  de  l'eau. 

Propriétés. 

Il  est  gazeux,  incolore.  Il  a  une  odeur  piquante  comme 
celle  de  l'acide  hydrochlorique;  on  ne  sauroit  le  respirer  sans 
être  suffoqué  :  il  éteint  les  corps  en  ignilion  et  rougit  très- 
fortement  le  tournesol. 


PHT  «5 

Sa  pesanfeur  spécifique  est  de  2,371. 

II  est  sans  action  sur  le  verre  ;  mais  il  en  exerce  une  très- 
vive  sur  les  matières  organiques  :  il  les  charbonne  en  déter- 
minant une  formation  d'eau  aux  dépens  de  leur  oxigène  et 
de  leur  hydrogène.  On  peut  le  toucher  sans  être  brûlé, 

IL  ne  peut  être  liquéfié  par  le  froid. 

Il  n'est  pas  décomposé  par  la  chaleur  et  la  lumière. 

Le  gaz  oxigène  sec  et  les  corps  combustibles  simples  et 
composés  non  métalliques   n'ont  aucune   action  sur  ce   gaz. 

L'acide  plitoro  -  borique  a  une  action  extrêmement  forte 
sur  l'eau;  car,  quand  on  débouche  sous  l'eau  un  flacon  d'un 
litre  qui  en  est  rempli ,  le  liquide  s'élance  avec  une  telle 
force  dans  le  flacon,  qu'il  peut  le  mettre  en  pièces.  D'après 
M.  J.  Davy  ,  1  mesure  d'eau  peut  en  dissoudre  700  de  gaz 
phtoro- borique  ou  environ  deux  fois  son  poids.  La  glace 
mêtne,  l'absorbe  avec  rapidité.  Il  se  dégage  beaucoup  de  ca- 
lorique pendant  la  liquéfaction  du  gaz  ,  et  l'eau  augmente 
beaucoup  de  volume.  Quand  l'eau  est  aussi  saturée  d'acide  que 
possible,  elle  est  caustique  et  fumante;  elle  a  une  pesanteur 
spécifique  de  1,77.  Elle  charbonne  les  matières  organiques. 
Quand  on  la  chauffe,  elle  perd  le  cinquième  de  son  gaz,  et 
le  résidu  est  encore  caustique  et  fumant.  Il  peut  s'élever  à 
la  distillation  et  se  condenser  ensuite  sans  éprouver  de  chan- 
gement. 11  n'entre  en  ébuUition  qu'à  une  température  supé- 
rieure à  100.  11  a  beaucoup  d'analogie  avec  l'acide  sulfu- 
rique. 

La  grande  affinité  de  l'acide  phtoro-borique  le  rend  très- 
propre  pour  reconnoitre  si  un  gaz  est  parfaitement  desséché. 
En  effet,  si  on  mélange  un  gaz  humide  avec  le  gaz  phtoro- 
borique,  il  se  produit  sur-le-champ  une  fumée  blanche,  due 
à  la  condensation  du  gaz  acide  par  l'humidité,  ainsi  que 
MM.  Gay-Lussac  et  Thénard  l'ont  observé. 

Quand  on  met  de  l'air  ou  du  gaz  oxigène,  du  gaz  hydro- 
gène, du  gaz  oxide  de  carbone,  du  gaz  acide  carbonique, 
du  gaz  hydrogène  carburé,  du  gaz  hydrogène  phosphuré  ,  du 
gaz  hydrogène  sulfuré  ,  du  gaz  acide  sulfureux,  du  gaz  azote, 
du  gaz  oxidule  d'azote,  du  gaz  nltreux,  de  la  vapeur  acide 
nilreuse,  du  chlore,  du  gaz  hydrochlorique  ,  desséchés  au 
moyen  d'un  contact  de  plusieurs  heures  avec  l'un  ou  l'autre 
/|0,  5 


66  PHT 

des  corps  suivans ,  les  acides  sulfurique,  nitrique,  concen- 
trés, phosphorique  vitreux,  arsenique  desséché,  potasse  et 
soude,  barvie  et  strontiane  sèches,  chaux  vive,  chlorure  de 
calcium  ,  sulfate  de  chaux  calciné ,  etc.  ;  quand  on  met , 
dis-je  ,  ces  gaz  desséchés  avec  le  gaz  phtoro-borique  ,  il  n'y  a 
pas  de  fumée  blanche;  mais  celle-ci  paroît  dès  qu'on  intro- 
duit dans  le  mélange  un  cinquantième  de  leur  volume  de 
gaz  humilie. 

Un  froid  de  20  —  o  dessèche  les  gaz  comme  les  corps  ci- 
dessus  nommés. 

Suivant  MM.  Gay-Lussac  et  Thénard  ,  les  fluides  élastiques 
très-solubles  dans  l'eau,  tels  que  le  gaz  ammoniac,  la  vapeur 
acide  nitreuse,  le  gaz  hydrochlorique  ,  ne  contiennent  pas 
d'eau  hygrométrique  ;  suivant  M.  Davy ,  ces  gaz  peuvent  con- 
tenir un  peu  de  vapeur  d'eau,  non  pas  à  l'état  de  pureté, 
mais  à  l'état  d'acide  hydraté. 

Si  les  gaz  phtoro-borique  et  phtoro-silicique  contiennent  de 
l'eau,  ce  liquide  ne  peut  y  exister  que  dans  l'état  d'acide 
hydraté. 

Une  mesure  d'acide  sulfurique  peut  en  absorber  5o  de  gaz 
phtoro-borique  ;  ce  composé  est  fumant  et  plus  épais  que 
l'acide  sulfurique.  On  peut  obtenir  une  combinaison  des 
deux  acides  qui  paroît  contenir  moins  d'eau  que  celle-ci , 
dans  l'opération  où  l'on  prépare  l'acide  phtoro-borique.  Cette 
dernière  combinaison  donne  un  précipité  blanc,  quand  on 
la  mêle  avec  l'eau  :  il  est  si  visqueux  qu'il  coule  lentement  ; 
il  est  beaucoup  plus  volatil  que  l'acide  sulfurique  pur. 

Une  mesure  de  gaz  phtoro-borique  peut  absorber  i  mesure 
de  gaz  ammoniac  et  donner  naissance  à  un  sel  concret  blanc 
opaque;  une  mesure  de  gaz  phtoro-borique  peut  absorber 
2  mesures  et  même  3  mesures  de  gaz  ammoniac,  et  produire 
alors  deux  composés  salins  qui  sont  liquides  à  la  température 
ordinaire  :  lorsqu'ils  sont  exposés  à  l'air  ou  dans  toute  autre 
atmosphère,  ils  perdent  1  ou  2  mesures  de  gaz  et  se  conver- 
tissent en  sel  concret.   (J.  Davy.) 

État. 
Il  n'a  jamais  été  trouvé  dans  la  nature. 


PHT  67 

Histoire. 

Découvert  par  MM.  Gay-Lussac  et  Thénard ,  étudié  par 
M.  Davy.  (Ch.) 

PHTORO-SIIJCATES.  (  C/m/ti.  ) 

Combinaisons  de  V acide  phtoro-silicique  avec  les  bases 
.  salijiables. 

On  ne  connoit  guère  que  le  phtoro-silicate  d'ammoniaque 
(voyez  Phtoro-silicique  [Acide])  ,  par  la  Raison  que  jusqu'ici 
on  a  étudié  l'action  que  cet  acide,  dissous  dans  Tcau ,  exerce 
sur  les  bases  saliliables  plutôt  qu'on  n'a  cherché  à  déterminer 
l'action  qu'il  exerce  directement  sur  elles.  Or,  dans  le  pre- 
mier cas,  l'acide,  en  se  dissolvant  dans  Teau  ,  se  dénature, 
au  moins  en  partie;  l'eau  est  décomposée  :  il  se  produit  de 
la  silice,  dont  une  partie  se  précipite,  et  de  l'acide  hydro- 
phtorique,  qui  reste  en  dissolution.  (  Ch.) 

PHTORO-SILICIQUE  [Acide].  {Oiim.) 

Synonymie  et  composition. 

Dans  l'hypothèse  des  hydracides,  appliquée  par  M.  Ampère 
aux  composés  fluoriques,  l'acide  phtoro-silicique  est  un  com- 
posé de  phtore  et  de  silicium  ;  dans  l'hypothèse  des  oxacides, 
cet  acide  est  un  composé  d'acide  fluorique  et  de  silice,  et 
il  est  désigné  par  le  nom  d'acide  Jluorique  silice. 

Préparation. 

On  met  dans  une  fiole  à  médecine  ou  une  cornue  3  parties 
de  phtorurede  calcium  et  1  partie  de  sable,  exactement  pul- 
vérisées et  mélangées.  On  verse  par-dessus  assez  d'acide  sul- 
furique  concentré  pour  faire  une  bouillie  épaisse;  on  fait 
chauffer  et  on  recueille  le  gaz  sur  le  mercure.  11  est  pur, 
quand  il  e&t  absorbé  en  totalité  par  l'eau.  Dans  cette  opéra- 
tion le  silicium  du  sable  cède  son  oxigène  au  calcium  ;  la 
chaux  produite  s'unit  à  l'acide  sulfurique  et  le  silicium  au 
phtore. 

Propriétés. 

Il  est  incolore  ,  gazeux. 

Il  a  une  odeur  analogue  à  celle  de  l'acide  hydrochlorique 
et  une  saveur  très-acide  sans  être  caustique. 


€8  PHT 

Il  a  une  pesanteur  spécifique  de  3,574. 
Il  est  très- acide  ù  la  teinture  de  tournesol. 
Il  éteint  les  bougies. 

La  chaleur,  la  lumière  et  l'électricité  né  j^aroissent  pas 
le  décomposer. 

Le  gaz,  oxigène  n'a  pas  d'action  sur  lui. 
Les  corps  combustibles  simples   et  composés  non  métalli- 
ques n'en  ont  pas  davantage. 

Quand  il  est  en  contact  avec  l'eau,  il  s'y  dissout  et  laisse 
déposer  en  même  temps  de  la  silice.  Suivant  MM.  Gay-Lus- 
sac  et  Thénard  ,  cette  silice  retient  de  l'acide;  suivant  M.  J. 
Davy,  elle  est  parfaitement  pure  quand  elle  a  été  lavée  et 
chauITée  au  rouge;  i  mesure  d'eau  absorbe  365  mesures  de 
gaz  phtoro-silicique,  suivant  J.  Davy.  Le  liquide  retient  beau- 
coup de  silice  en  dissolution. 

M.  Davy  pense  que  l'acide  phtoro-silicique  décompose 
l'eau,  qu'il  se  produit  de  la  silice  et  de  l'acide  hydrophto- 
rique  ;  la  quantité  de  cet  acide  n'étant  pas  sullisante  pour 
dissoudre  toute  la  silice,  une  partie  de  cette  substance  doit 
nécessairement  se  déposer. 

Le  gaz  phtoro-silicique  répand  d'épaisses  fumées  blanches 
dans  l'alm^osphère  en  s'emparant  de  l'eau  hygrométrique. 
L'hydrogène  s'unit  au  phtore  et  l'oxigène  au  silicium,  et  eu 
même  temps  l'acide  hydrophtorique  absorbe  de  l'eau  ,  qui  le 
condense. 

L'acide  phtoro-silicique  n'a  pas  d'action  sur  le  verre. 
L'acide  hydrochlorique  gazeux  qu'on  fait  arriver  dans  de 
l'eau  à  laquelle  on  a  fait  absorber  du  gaz  phtoro-silicique  et 
dont  on  n'a  pas  séparé  la  silice  précipitée,  détermine  une  for- 
mation d'eau  et  de  gaz  phtoro-silicique  ;  il  se  produit  en  même 
temps  une  solution  d'acide  hydrochlorique  pur. 

L'acide  sulfurique  paroit  avoir  la  même  action  que  l'acide 
hydrochlorique;  ces  effets  sont  dus  à  l'affinité  de  ces  acides 
pour  l'eau. 

La  solution  aqueuse  d'acide  phtoro-silicique,  qui  a  été  fil- 
trée ,  est  décomposée  par  l'acide  hydrochlorique  et  par  l'a- 
cide sulfurique;  mais  il  est  vraisemblable  qu'il  reste  dans  la 
liqueur  une  portion  d'acide  hydrophtorique  qui  ne  se  vola- 
tilise pas ,  faute  de  silice. 


PHT  (^9 

L'acide  borique  décompose  cette  solution  ;  l'oxigène  de 
l'acide  borique  s'unit  à  l'hydrogène  de  l'acide  hydrophto- 
Hque,  et  le  bore  se  combine  avec  le  phtore  :  il  se  préci- 
pite de  la  silice.  Si  l'on  admet  que  l'acide  phtoro-borique, 
dissous  dans  l'eau,  est  une  combinaison  d'acide  hydrophto- 
rique  et  d'acide  borique,  on  expliquera  cette  expérience 
en  disant  que  l'acide  boracique,  ayant  plus  d'afïinité  que  la 
silice  pour  l'acide  hydrophtorique,  en  prend  la  place. 

Lorsqu'on  chauffe  l'acide  phtoro-silicique  dissous  dans  l'eau 
dans  une  cornue  qui  communique  à  une  cloche  pleine  de 
mercure,  on  obtient  du  gaz  phtoro-silicique,  et  il  doit  rester 
de  l'acide  hydrophtorique,  qui  décompose  le  verre  avec 
rapidité  et  passe  à  l'état  d'acide  phtoro-silicique. 

Le  gaz  phtoro-silicique  condense  deux  fois  son  volume  de 
gaz  ammoniac  sec.  lise  produit  un  sel  qu'on  peut  volatiliser 
sans  décomposition  ;  mais,  dès  qu'on  le  met  en  contact  avec 
l'eau,  il  se  produit  de  l'acide  hydrophtorique  qui  sature 
l'ammoniaque,  et  de  la  silice,  dont  une  partie  se  précipite. 
Le  précipité  est  égal  à  celui  qui  auroit  eu  lieu  par  l'action 
de  l'eau  sur  le  gaz  phtoro-silicique  pur. 

L'acide  phtoro-silicique,  dissous  dans  l'eau  ,  peut  être  privé 
de  toute  sa  silice  au  moyen  de  l'ammoniaque  ou  de  la  soude; 
mais  avec  la  potasse  on  obtient  une  silice  retenant  de  l'acide 
et  de  l'alcali.  MM.  Gay  Lussac  et  Thénard  ont  dit  que  l'am- 
moniaque ne  précipitoit  pas  toute  la  silice;  mais  ils  ont  été 
contredit  en  cela  par  M.  J.  Davy.  Les  chim.istes  François  au- 
ront opéré  dans  des  vaisseaux  siliceux. 

Lorsqu'on  met  du  verre  en  contact  avec  l'acide  hydro- 
phtorique concentré,  il  se  développe  de  la  chaleur,  et  de  l'a- 
cide phtoro-silicique  se  dégage  avec  effervescence  :  dans  ce 
cas,  une  portion  de  l'acide  est  décomposée;  son  hydrogène 
s'unit  à  l'oxigène  de  la  silice  du  verre  et  le  phtore  s'unit  au 
silicium. 

EtaL 

Il  n'existe  pas  dans  la  nature. 

Histoire. 

Il  a  été  découvert  par  Schéele,  et  examiné  par  MM.  Gay- 
Lussac  ,  Thénard,  J.  Davy  et  l?erzelius.  (Ch.) 


70  PHU 

PHU.  (Bot.)  Nom  sous  lequel  Dioscoride  désignoit  une  va- 
lériane ,  nommée  pour  cette  raison  valeriana  phu  par  Linnaeus. 
On  le  retrouve  encore  donné  à  la  viilériane  ofiirinale,  à  la 
mâche,  valeriandla  ,  et  même  au  polemonium.,  nommé  pour 
cette  raison  valériane  grecque,  phu  grœcum  de  Dodoëns.  (J.) 
PHUCAGROSTIS.  {Bot.)  Ce  genre  de  plantes  marines,  éta- 
bli par  M.  Cavolini  ,  a  été  réuni  au  zostera  par  M.  De  Quidolle 
dans  la  Flore  françoise.  (J.) 

PHUCOS.  {Bot.)  Voyez  Phycos.  (Lem.) 
PHULMAN.  {Mamm.)  Le  Lacomvs  }'ika  reçoit  ce  nom  des 
Ostiaques.  (Desm.  ) 

PHUSICARPOS.  {Bot.)  Poir.,  Encycl. ,    Suppl.;  Poiretia  , 
Smith.  Voyez  Hovea.  (Poir.) 

PHYCERUS.  {Bot.)  Genre  créé  par  Rafinesque-Schmall? 
(Tableau  de  l'univers),  dont  les  caractères  nous  sont  in- 
connus, et  qu'il  met  près  des  éponges,  dont  il  paroit  être 
un  démembrement;  l'un  et  l'autre,  joints  au  spontham.nium , 
forment  un  groupe  particulier,  les  spongidiées,  que  Rafines- 
que-Schmaltz  place  dans  le  règne  végétal  et  dans  la  famille 
des  algues:  mais  ce  rapprochement  n'est  pas  heureux.  (Lem.) 
PHYCIS.  {Entoin.)  Nom  de  genre  indiqué  par  Fabricius, 
pour  réunir  certaines  espèces  de  teignes  dont  les  palpes  sont 
garnis  de  faisceaux  de  poils  ou  d'écaillés  à  leur  second  article, 
tandis  que  le  troisième,  relevé  et  coudé,  est  presque  nu.  Telle 
est  la  linea  guttella. 

Le  nom  de  phycis  étoit  employé  par  Aristote  pour  dési- 
gner un  poisson  qui  se  trouve  au  milieu  des  algues  ou  varecs, 
(C.  D.) 

PHYCÎS.  Ph-ycis.  {Ichthyol.)  Artédi  et  MM.  Schneider  et 
Fr.  De  la  Roche,  et,  après  eux  ,  M.  le  professeur  Cuvier,  de 
Paris,  ont  donné  ce  nom  à  un  genre  de  poissons  holo- 
branches,  de  l'ordre  des  jugulaires  et  de  la  famille  des  au- 
chénoptères  ,  reconnoissable  aux  caractères  suivans  : 

Catopes  sous  la  gorge  et  à  un  seul  ou  deux  rayons  ;  corps 
alongé,  coniprirré;  yeux  et  trous  des  branchies  latéraux;  deux 
nageoires  anales;  deux  nageoires  dorsales;  un  barbillon  sous  le 
menton  ,  le  plus  ordinairement. 

Ce  genre,  dont  le  nom  ,  fort  ancien,  étoit  appliqué  chez 
les  Grecs  à  un  poisson  mal  déterminé  dans  Pétat  actuel  de 


PHY  7' 

la  science,  diffère  évidemment  des  Morues,  des  Merlans, 
des  Merluches,  des  Lottes,  des  Mustèles,  des  Brosmes  ,  qui 
ont  six  rayons  aux  cafopes,  des  Chrysostomes  et  des  Kurtes, 
qui  ont  le  corps  ovale  ,  des  Vives,  qui  n'ont  qu'une  nageoire 
anale,  des  C^lliomores  ,  dont  le  corps  est  déprimé  vers  la 
queue,  des  Callionymes  ,  qui  ont  les  branchies  ouvertes  sur 
la  nuque,  des  Uranoscopes  et  des  Batrachoïdes  ,  qui  ont  les 
yeux  verticaux.  (Voyez  ces  différens  noms  de  genres  et  Au- 
chénoptères.  ) 

Nos  mers  possèdent  quelques  espèces  de  phycis  ;  parmi 
elles  nous  citerons  : 

La  Tanche  de  mer  :  Phycis  medilerraneus  ,  Laroche  ;  Pliycis 
linca  ,  Schneider;  Blennius  phycis,  Linnœus;  Asrlliis  callarias, 
Salviani;  Tinca  mor/ria,  Willughby.  Nageoires  dorsales  égale- 
ment élevées;  l'antérieure  ronde;  catopes  à  un  seul  rayon 
fourchu  et  à  peu  près  de  la  longueur  de  la  tête,  qui  n'est 
nullement  épineuse;  dents  disposées  sur  plusieurs  rangées  en 
une  arcade  étroite;  teinte  générale  d'un  brun  noirâtre;  un 
appendice  auprès  de  chaque  narine  ;  nageoires  pectorales 
rouges  ;  anus  entouré  d'un  cercle  noir. 

Ce  poisson,  dont  la  taille  se  balance  entre  dix- huit  et 
vingt- quatre  pouces,  vit  près  des  côtes  de  roches  dans  la 
Méditerranée.  Il  a  la  chair  ferme  et  délicate  :  il  est  commun 
à  Iviça,  où  on  le  désigne  sous  le  nom  de  mollera  et  où  on 
le  pêche  au  large  avec  les  palangres.  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  le  phjcis  tinca  de  l'Océan  ,  décrit  par  Bloch,  ni 
avec  le  gadus  bifurcus  de  Pennant.  De  la  Roche  en  a 
donné  une  bonne  figure  dans  les  Annales  du  Muséum. 

Le  Merlus  barbu:  Ph-ycis  llcnnioides ,  Schneider;  Gadus  al- 
lidus  ,  Gmel.;  Blennius  gadoides  ,  Kisso  ;  Gadus  fuscatus ,  Pen- 
nant. Un  filament  sous  le  menton  ;  point_d'appendicc  sur  la 
tête  ;  deux  rayons  aux  catopes  ,  qui  sont  plus  longs  que  la 
tête  de  deux  fois. 

Ce  poisson  a  été  découvert  par  Brunnich  dans  la  Méditer- 
ranée. Son  corps,  mou  et  étroit,  n'a  guère  plus  de  sept 
pouces  de  longueur,  et  offre  une  teinte  générale  blanchâtre; 
sa  tête  est  rouge  ;  des  nuances  noirâtres  régnent  sur  le  haut 
de  la  première  nageoire  dorsale  et  sur  celle  de  la  queue. 

Le  Phycis  deG.melin:  Phfcis  Gmelini ;  N.  ;  Batrachoides  Gmc- 


7>  PHY 

Uni,  Rîsso.  Corps  ensiforme,  d'un  gris  rougeâtre,  couvert 
en  dessus  de  petites  écailles  peu  adhérentes  ;  léte  grosse  , 
comprimée,  effilée,  de  couleur  lilas  ;  opercules  et  ventre 
décorés  des  teintes  brillantes  de  l'or  et  de  l'argent  polis; 
mandibule  plus  longue  que  la  mâchoire,  qui  est  garnie  d'un 
long  filament  j  bouche  ample;  dents  rongeàtres  à  la  base;  yeux 
grands,  dorés,  à  iris  argenté  et  à  pupille  noire;  nageoires 
grises,  lisérées  de  noir. 

Ce  poisson  ne  parvient  guère  qu'à  la  taille  de  six  pouces. 
Sa  chair,  quoique  molle,  a  une  fort  bonne  saveur.  On  le 
pêche  dans  les  rochers  de  Villefranche  ,  sur  la  côte  des  Alpes 
maritimes,  oîi  il  a  été  découvert  par  l'infatigable  M.  Risso. 
qui  en  a  fait  d'abord  un  batrachoïde. 

C'est  encore  aux  Phycis  qu'il  faut  rapporter  le  gadus  ame- 
ricanus  de  M.  Schntider  ou  hlennius  chubs  des  naturalistes  de 
Berlin  (Vil.  i43),  et ,  peut-être ,  après  un  plus  mûr  examen, 
on  le  confondra  avec  le  merlus  harbu  dans  le  genre  dont 
nous  écrivons  l'histoire.  (H.  C.) 

PHYCODENDRUM.  {Bot.)  Nom  donné  à  une  plante  ma- 
rine,le  laminaria  digitata,  Lamk. ,  ou  fucus  digitatus ,  Linn. , 
par  Olafsen,  dans  son  Voyage  en  Islande,  11  signifie /ucus 
en  arhre  ,  en  grec.  (  Lem.  ) 

PHYCOMYCES.  {Bot.)  Genre  de  plantes  cryptogames  établi 
par  M.  Kunze  ,  et  qu'il  caractérise  ainsi  :  Flocons  filamen- 
teux, couchés,  continus,  simples  et  flasques;  sporidies  oblon- 
gues ,  rassemblées  aux  extrémités  autour  d'une  vésicule  en 
forme  de  poire. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  est  le  Phj'comjces  nilens  de 
Kunze,  Mjcol.  ,  2,  p.  ii3,  pi.  2  ,  fig.  9.  Selon  cet  auteur, 
c'est  la  même  plante  que  l'uU'a  nitens  d'Agardh  {Sp.  alg.,  i  , 
p.  426),  qui  croît  en  Suède  sur  les  murailles  et  dans  les 
canaux  en  bois  qui  font  aller  les  moulins  à  huile.  Pour  lui, 
les  filamens  de  cette  plante  sont  des  frondes  tubuleuscs, 
très -transparen tes  .  simples,  filiformes,  d'un  vert  olivâtre, 
rassemblées  en  une  membrane  comprimée,  extrêmement 
mince  et  flasque  ,  qui,  étant  desséchée,  est  tellement  légère 
que  le  moiiidre  soufle  l'enlève.  M.  Agardh  n'ayant  pas  ob- 
servé la  fructification  de  sa  plante  et  doutant  qu'elle  puisse 
être  considérée  comme  une  espèce  d'ulya,  il  i-ésulte  de  ses 


PHY  73 

observations  et  de  celles  de  Kunze,  que  le  phvcomyces  est 
un  genre  qui  tient  le  milieu  entre  les  algues  et  les  cham- 
pignons filamenteux  ,  tels  que  les  byssoïdées  et  quelques 
mucédinées.  (Lem.) 

PHYCOS  et  PHUCOS.  (Bot.)  Les  Grecs,  selon  Théo- 
phraste,  Dioscoride ,  etc.,  donnoient  ce  nom  à  des  plantes 
marines,  qui  croissoient  attachées  aux  rochers,  aux  pierres, 
aux  coquillages,  et  même  sur  d'autres  débris  quelconques, 
n'ayant  pas  de  racines,  mais  fixées  le  plus  souvent  par  une 
rondelle  ou  patelle  nue.  Les  Latins,  en  changeant  ces  noms 
en  ceux  de  fucus,  ficus  et  alga  marina,  leur  ont  laissé  la 
même  acception.  Ce  nom  s'appliquoit  d'une  manière  géné- 
rale aux  plantes,  et  même  à  quelques  zoophytcs  marins; 
car,  d'après  ce  qu'en  disoient  Théophraste ,  Dioscoride, 
Pline,  etc.,  on  en  reconnoissoit  de  leur  temps  beaucoup 
d'espèces  qui,  par  leur  forme  ou  quelque  autre  ressem- 
blance, étoient  comparées  à  des  herbes,  à  des  buissons,  à 
de  la  mousse,  d'autres  à  des  feuilles  de  chêne,  à  des  bran- 
ches de  sapin,  à  des  palmiers,  au  thym,  au  laurier,  etc.; 
c'est  même  à  cette  grande  diversité  que  ces  plantes  dévoient 
leurs  noms  collectifs  de  Phucos  ou  Phucus ,  synonymes  de 
notre  mot  trompeur.  Quelques  espèces  de  phucos  servoient 
à  fabriquer  une  couleur  rouge,  dont  les  coquettes  se  ser- 
voient pour  s'embellir  et  tromper  ainsi  les  ravages  du 
temps,  d'où  l'on  explique  mieux,  selon  quelques  auteurs, 
l'étymologie  de  phucos,  qu'ils  rendent  synonymes  de  fraude 
ou  tromperie:  notre  mot  fard  même  en  dériveroit.  Les  an- 
ciens tiroient  de  plusieurs ///eus  une  teinture  rouge,  assez 
solide,  et  particulièrement  de  celui  qu'ils  comparoient  au 
chêne  et  qui  se  trouvoit  dans  les  eaux  profondes,  qui  avoit  un 
coude  de  longueur,  et  qu'ils  disoient  porter  des  glands  :  es- 
pèce qui  est  la  même  que  noire /wc«s  vesicuiosus.  \,^ahies  ma- 
rina, une  autre  espèce,  qui  portoit  des  fruits,  semblables 
à  des  grains  de  raisin,  en  donnoient  encore.  C'étoit  parti- 
culièrement la  laine  qu'on  teignoit  avec  la  couleur  obtenue 
par  les/ucw5.  On  pourroit  s'étendre  davantage  sur  les  phucos 
ou  fucus  des  anciens,  mais  ce  que  nous  en  disons,  suffit  pour 
y  reconnoître  nos  î^arecs  qu  fucus ,  ou  mieux  nos  algues  ma- 
rines. 


74  PHY 

On  faisoit  usage  des  fucus  comme  réfrigérant,  et  pour  en 
composer  des  cataplasmes,  propres  à  calmer  les  inflamma- 
tions ,  occasionées  par  la  goutte. 

Nous  terminerons,  en  faisant  remarquer  que  quelques  au- 
teurs pensent,  que  le  phjcbs,  décrit  par  Dioscoiide  ,  pour- 
roit  être  une  plante  phanérogame  de  la  famille  des  synan- 
thérées,  un  conjza  ;  mais  en  lisant  la  descriptioii  de  Dios- 
coride,  on  ne  peut  être  de  celte  opinion. 

On  trouve  dans  le  Lexicon polj'gloUon  de  Mentzel,  que  les 
anciens  donnoient  aussi  ce  nom  à  une  espèce  de  conyza,  dont 
on  tiroit  une  sorte  de  teinture.  (Lem.) 

PHI  LA.  (Bot.)  Genre  de  Lourerro  ,  espèce  de  verveine 
ou  dezapania,  qui  paroit  devoir  se  rapporter  au  uerèena  no- 
di/lora  de  Linné.  Voyez  aux  mots  Verveine  et  Zapania. 
(PoiR.) 

PHYLACON.  (Bot.)  Nom  égyptien  de  la  clématite,  cité 
par  Mentzel.  La  même  est  mentionnée  par  Ruellius  sous  celui 
de  philacrion.  (  J.  ) 

PHYLICA.  (Bot.)  Ce  nom,  donné  primitivement  à  Talaterne, 
alaternus  de  Pline  et  de  Tournefort,  rhamnus  alaternus  de 
Linnaeus,  a  été  transporté  par  ce  dernier  à  un  autre  genre 
de  la  même  famille,  nommé  auparavant  alaternoides  pa.r  Com- 
melin.  On  trouve  encore  des  phjllirea  dans  Daléchamps  sous 
le  nom  de  phjdica.  Voyez  Phylique.   (J. ) 

PHYLIDRUM.  (Bot.)  Voyez  PHmor.E.  (Poir.) 

THYUQUE,  Phjlica.(Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
a  fleurs  complètes,  polypéfalées,  de  la  famille  des  rhamnées , 
de  la  pentanàrie  monogynie  de  Linnaeus  ,  dont  le  caractère 
essentiel  est  d'avoir  :  Un  calice  persistant,  turbiné,  à  cii^q 
découpures;  cinq  pétales  fort  petits,  presque  en  forme  d'é- 
cailles;  cinq  étamines  insérées  sous  les  pétales;  les  anthères 
simples;  un  ovaire  supérieur;  un  style;  un  stigmate;  une 
capsule  presque  en  baie,  à  trois  coques  bivalves;  les  semences 
solitaires  dans  chaque  coque. 

Ce  genre  est  composé  de  petits  arbrisseaux  très-rameux, 
presque  en  buisson,  garnis  de  feuilles  nombreuses ,  éparses, 
linéaires,  fort  étroites ,  presque  imbriquées,  souvent  pubes- 
centes  et  blanchâtres  en  dessous  ;  dans  quelques  espèces  ces 
feuilles    sont    oa  aies ,    assez  larges,    moins  nombreuses;    les 


PHY  75 

fleurs  réunies  pour  fa  plupart  en  une  tête  terminale  ,  ovale 
ou  globuleuse  ,  environnée  de  bractées  presque  en  forme 
d'involucre  ;  chaque  fleur  est  de  plus  environnée  de  petites 
Lracfées  plus  courte^  que  le  calice.  Ces  petits  arbrisseaux 
sont  d'ailleurs  assez  élégans  et  ont  le  port  des  bruyères,  ce 
qui  les  fait  rechercher  ;  mais  leur  culture  est  un  peu  diffi- 
cile et  exige  des  soins  particuliers  :  ils  craignent  également 
le  trop  grand  chaud  et  le  trop  grand  froid  ,  ainsi  que  l'excès 
de  la  sécheresse  et  de  Thumidité.  On  ne  les  multiplie  guère 
que  par  marcottes  et  par  boutures,  dans  une  terre  franche, 
mêlée  à  moitié  de  terre  de  bruyère. 

Phyuoue  a  feuilles  de  bruyère  :  Pliylica  ericoidcs,  Linn.  , 
Spec;  Lamk.,  III.  gen.,  tab.  127,  lig.  i;  Commel. ,  Hort.  , 
2,  page  1  ,  tab.  1;  Gaertner,  De  fruct. ,  tab.  36.  Arbrisseau 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  dont  les  tiges  sont  hautes  d'un 
à  deux  pieds,  pubescentes  dans  leur  jeunesse,  divisées  en 
rameaux  nombreux,  qui  en  produisent  d'autres  presque  fas- 
cicules, garnis  de  feuilles  éparses ,  presque  sessiles,  étroites, 
linéaires,  presque  verticillées,  roulées  à  leurs  bords,  de 
couleur  cendrée  et  pubescentes  en  dessous,  glabres  et  d'un 
vert  foncé  en  dessus ,  obtuses ,  assez  semblables  à  celles  des 
hruyères.  Les  fleurs  sont  un  peu  odorantes,  réunies,  à  l'ex- 
trémité des  rameaux,  en  petites  têtes  terminales,  envelop- 
pées d'un  duvet  cotonneux  d'une  grande  blancheur.  Les  fo- 
lioles de  l'involucre  sont  ovales,  un  peu  subulées;  le  calice 
blanc  et  cotonneux;  les  pétales  fort  petits.  Cette  plante  est 
aujourd'hui  très-multipliée,  non  qu'elle  séduise  par  l'éclat  de 
ses  fleurs,  mais  par  l'avantage  qu'elle  a  de  se  conserver  avec 
ses  feuilles  tout  l'hiver,  et  de  produii'c  un  grand  nombre  de 
fêtes  de  fleurs  d'une  blancheur  éclatante  ;  ce  qui  en  fait  un 
arbrisseau  d'appartement  assez  élégant. 

Phvlique  axillaire  :  Phylica  axillaris,  Poir.  ,  Encycl.;  Lamk., 
m.  gen.,  n."  2616.  Cette  espèce  est  remarquable  par  ses 
fleurs  axillaires  et  solitaires.  Ses  tiges  sont  ligneuses  ,  pubes- 
centes ;  les  rameaux  lâches  ,  étalés  ;  les  feuilles  presque 
planes,  sessiles,  linéaires,  lancéolées,  un  peu  ouvertes, 
blanches  et  pubescentes  en  dessous,  luisantes,  glabres  et  ra- 
boteuses en  dessus,  d'un  vert  sombre,  obtuses,  un  peu  rou- 
lées  à  leurs   bords.  .  Les    fleurs   naissent  dans  l'aisselle  des 


76  pj^Y 

feuilles,  à  l'extrémité  ries  rameaux;  elles  forment,  par  leur 
rapprochement,  des  épis  courts  et  lâches,  portés  sur  des 
péioncules  courts,  tomenteux  ,  un  peu  jaunâtres ,  ainsi  que 
le  calice,  à  l'extérieur,  d'un  jaune  de  rouille  à  l'intérieur, 
ainsi  que  les  pétales.  Cette  plante  croît  au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  On  la  cultive  au  Jardin  du  Roi. 

Phylique  a  feuilles  de  romarin  :  Phjylica  rosmarinifolia  ,  Foir., 
Er.cycl.;  Lamk.,  lU.  gen.,  n."  2614.  Cette  plante  est  très- 
rapprochée  de  la  précédente,  quant  à  son  port;  elle  en 
dilïere  par  ses  fleurs  en  tête.  Ses  tiges  sont  droites,  pubes- 
centes;ses  rameaux  courts,  presque  fascicules:  les  feuilles 
presque  imbriquées,  planes,  un  peu  roulées  à  leurs  bords, 
linéaires,  obtuses,  tomenteuses  et  blanchâtres  en  dessous, 
un  peu  pileuses  et  d'un  vert  noirâtre  en  dessus,  dressées  le 
long  des  rameaux.  Les  fleurs  sont  réunies  en  une  tête  ter- 
minale, un  peu  globuleuse,  blanche  et  tomenteuse  ;  les 
bractées  roussàtres  ,  couvertes  d'un  duvet  très- abondant. 
Cette  plante  croît  au  cap  de  Bonne -Espérance. 

Phylique  bicolore;  Phjlica  hicolor,  Linn.,  ManL,  208.  Ses 
tiges  sont  ligneuses;  les  rameaux  ellilés ,  de  couleur  rous- 
sàtre,  couverts  dans  leur  jeunesse  d'un  duvet  blanchâtre.  Les 
feuilles  sont  éparses,  linéaires,  lancéolées,  assez  semblables 
à  celles  de  l'if,  étalées,  roulées  à  leurs  bords,  un  peu  pubes- 
centes,  blanches  et  tomenteuses  en  dessous.  Les  fleurs  sont 
réunies  en  une  tête  terminale;  les  folioles  de  l'involucre 
plus  courtes  que  le  calice,  en  forme  d'écaillés,  lancéolées, 
rouges  sur  le  dos,  chargées  de  poils  en  dehors;  également 
pileux.  Cette  plante  croit  dans  les  plaines  sablonneuses,  au 
cap  de  Bonne- Espérance. 

Phylique  plumeuse  :  Phjdica  plumosa  ,  Linn.,  Spec;  Lamk., 
m.  gen. ,  tab.  1 2  7  ,  fig.  4  ;  Séb. ,  Thés. ,  1  ,  tab.  20  ,  fig.  4 ,  5  ; 
Burm.,  Afric,  tab.  44,  fîg.  3;  Pluken.  ,  ManL,  tab.  541, 
fig.  3.  Espèce  très -remarquable  par  des  touffes  de  longues 
feuilles  étroites,  plumeuses ,  chargées  de  poils  abondans, 
soyeux,  d'un  blanc  ronssàtre  ,  qui  terminent  les  rameaux  et 
enveloppent  les  fleurs,  qu'elles  dérobent  à  la  vue.  Ses  tiges 
s'élèvent  à  la  hauteur  de  deux  ou  trois  pieds  ;  elles  sont  de 
couleur  sombre,  un  peu  purpurines,  droites,  velues;  ïes 
rameaux  alternes,  irréguliers;  les  feuilles  éparses,   un  peu 


PHY  7? 

épaisses,  coriaces,  lancéolées,  subulées ,  tomenteuses  et 
blanchâtres  en  dessous,  roulées  cà  leurs  bords,  glabres,  lui- 
santes et  un  peu  rudes  en  dessus  ;  les  supérieures  plus 
étroites,  couvertes  de  longs  poils  grisâtres;  celles  qui  termi- 
nent les  rameaux  ont  un  duvet  plumeux ,  trés-épais,  qui  les 
recouvrent  en  totalité,  qui  masquent  les  fleurs,  disposées  en 
un  épi  court  on  en  une  tête  terminale.  Cette  plante  croit 
au  cap  de  Bonne-Espérance;  on  la  cultive  au  Jardin  du  Roi. 
Elle  fleurit  pendant  tout  l'hiver. 

PhylI(^)UE  fubescente  :  PJLylica  piibescens  ,  Lamk.,  III.  gen.  , 
tab.  127,  fig.  2  ;  Ait.,  Hort.  Kew.  ;  Ph-ylica  capitata  ,  Willd., 
Spec,  2,  page  1109.  Arbrisseau  qui  a  de  très-grands  rapports 
avec  l'espèce  précédente  ;  mais  ses  feuilles  sont  beaucoup  plus 
étroites,  très  aigu  es  ,  éparses  ,  un  peu  cotonneuses  en  des- 
sous, glabres  en  dessus;  les  supérieures  velues.-  les  termi- 
nales chargées  d'un  grand  nombre  de  poils  grisâtres  ou  d'un 
blanc  jaunâtre.  Les  fleurs  sont  axillaires  et  forment  un  épi 
un  peu  alongé.  Le  fruit  est  une  capsule  un  peu  globuleuse, 
noire,  très- lisse,  couronnée  par  le  calice,  qui  persiste  avec 
son  tube  alongé,  cylindrique,  long  d'environ  deux  lignes, 
pubescent,  et  à  cinq  dents;  les  semences  sont  dures,  lui- 
santes, ovales,  aiguës.  Cette  plante  croît  au  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

Phylique  a  feuilles  en  cœur:  Phjlica  cordata,  Linn.,  Spec; 
Burm. ,  Afric. ,  tab.  44;  Commel.,  Rar. ,  62,  tab.  12.  Cette 
espèce  a  des  rameaux  pubescens  ,  blanchâtres,  très- nom-' 
breux  ,  un  peu  écartés ,  divisés  à  leur  sommet  en  d'autres 
beaucoup  plus  petits,  fort  courts,  rapprochés;  les  feuilles 
éparses,  pétiolées ,  larges,  ovales,  en  cœur,  un  peu  arron- 
dies, médiocrement  roulées  à  leurs  bords,  tomenteuses  en 
dessous,  ridées  et  ponctuées  à  leur  face  supérieure.  Les  fleurs 
sont  terminales,  réunies  en  petites  têtes  très -velues;  les 
calices  pubescens  en  dehors  ,  jaunâtres  en  dedans  ;  ainsi 
que  les  pétales  fort  petits.  Cette  plante  est  cultivée  au  Jar- 
din du  Roi.  Elle  est  originaire  du  cap  de  Bonne  -  Espé- 
rance. 

Phylique  a  feuilles  de  myrte  :  Phylica  mjrlifolia ,  Poir. , 
Encycl.;  PtijUca  paniculata,  Willd.,  Spec.  Celle  espèce  s'é- 
Itfve  à  la  hauteur  de  trois  pieds  sur  des  tiges  ligneuses,  gri- 


7<'5  PHY 

s.ilres,  divisées  en  rameaux  très-serrés  ,  en  forme  de  buisson  , 
blanchâtres,  pubescens,  garnis  de  feuilles  éparses ,  alternes, 
pétiolées,  assez  semblables  à  celles  du  myrte,  luisantes, 
ovales,  aiguës,  pubescentes  et  d'un  blanc  de  neige  en  des- 
sous, longues  de  trois  à  qua're  lignes,  larges  de  deux;  les 
pétioles  courts,  pubescens.  Les  fleurs  sont  presque  termi- 
nales, solitaires,  axillaires ,  dépourvues  de  bractées;  leur 
calice  est  velu,  un  peu  turbiné,  à  cinq  divisions  courtes, 
ovales,  aiguës;  l'ovaire  un  peu  pubescent:  les  capsules  sont 
ovales,  obtuses,  presque  glabres,  un  peu  en  baie,  couron- 
nées par  le  calice.  Cette  plante  croit  au  cap  de  Bonne- Es- 
pérance. On  la  cultive  au  Jardin   du  Roi. 

PHYLiguE  A  FELiLiEs  DE  THYM  ;  Pliylica  thjmifoUa  ,  Vent.  , 
Hort.  Malm.,  i  ,  tab.  67.  Arbrisseau  d'un  port  élégant,  tou- 
jours vert,  dont  les  tiges  sont  glabres,  rameuses  à  leur  partie 
supérieure,  d'un  brun  rougeàtre;  les  rameaux  un  peu  pu- 
bescens dans  leur  jeunesse;  les  feuilles  alternes,  pétiolées. 
rapprochées,  très-ouvertes,  petites,  lancéolées,  aiguës,  rou- 
lées à  leurs  bords,  glabres,  luisantes  en  dessus,  blanches  et 
tomenteuses  en  dessous;  les  pétioles  articulés,  très- courts, 
pubescens.  Les  fleurs  sont  sessiles ,  blanchâtres,  réunies  en 
une  petiJe  tête  terminale,  globuleuse,  accompagnée  de 
bractées  ovales,  aiguës;  leur  calice  est  tubulé ,  pubescent:  la 
corolle  fort  petite;  les  anthères  ont  deux  lobes  ;  l'ovaire  est 
entouré  d'un  disque  charnu;  le  style  très-court,  surmonté  de 
trois  stigmjites  obtus.  Cette  plante  croît  dans  les  îles  de  la 
mer  du   Sud.  (Poir.) 

PHYLIRA.  (Bot.)  Nom  du  tilleul  chez  les  anciens  Grecs. 
(  Lem. ) 

PHYLLACERA.  (Bof.)  Arbrisseau  de  la  Chine,  remarquable 
par  la  riche  parure  de  ses  feuilles,  et  qui  appartient  au 
croton  variegatum   de   Linnesus.   (Poir.) 

PHYLLACHNE.  (Bot.)   Voyez  Forsteka.  (Poir.) 
PHYLLACTERIA.    (Bot.)   Division  du  genre  Thelephora. 
Voyez  ce  mot.  (Lem.) 

PHYLLACTIS.  {Bot,)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à 
fleurs  complètes,  monopétalées,  de  la  {"iimille  des  valérianées , 
de  la  triandrie  monogynie  de  Linnanis,  offrant  pour  caractère 
essentiel:  Un  involucre  commun  d'une  seule  pièce,  à  deux 


PII  Y  79 

lobes  aîgus:  chaque  fleur  munie  d'un  involucre  partiel  ;  un 
rebord  très-petit  constitue  le  calice;  la  corolle  est  monopétale, 
divisée  à  son  limbe  en  trois  lobes;  trois  étamines;  un  ovaire 
inférieur;  un  style;  une  semence  non  aigrettée. 

Ce  genre  est  un  démembrement  de  celui  des  valérianes 
de  Linné,  établi  sur  le  port  de  quelques  espèces  presqu.>  sans 
tige,  à  feuilles  toutes  radicales,  étroites,  alongées,  dispo- 
sées assez  régulièrement  en  rayons  autour  d'un  amas  de 
fleurs  resserrées,  semblables  aux  fleurons  d'une  plante  à  fleurs 
composées,  réunies  dans  un  calice  commun.  Cet  amas  est 
formé  de  beaucoup  de  pédoncules  très-courts,  portant  cha- 
cun plusieurs  fleurs  rassemblées  en  une  ombelle,  munie  d'un 
involucne  général  d'une  seule  pièce  et  d'un  partiel  pour 
chaque  fleur. 

Fhvllactis  spatulée  :  Ph-yllactis  spathulata,  Pers. ,  Sjnops. ,  i  , 
page  Sg  ;  Valeriana  spatliulata,  Ruiz  et  Pav. ,  Flor.  Per. ,  i  , 
tab.  68,  fig.  6.  Cette  plante  est  ramassée  en  gazon.  Ses  ra- 
cines sont  épaisses,  divisées  en  plusieurs  fibres  grêles,  d'où 
s'élèvent  quelques  tiges  basses,  un  peu  comprimées,  à  deux 
angles;  les  feuilles  radicales,  nombreuses,  serrées;  les  cau- 
linaires  éparses ,  spatulées ,  presque  linéaires,  obtuses,  un 
peu  ciliées  et  pubescentes.  Les  fleurs  sont  disposées  en  petites 
ombelles  sessiles,  terminales,  entourées  à  leur  base  de  brac- 
tées en  forme  d'involucre;  la  corolle  est  blanche;  son  tube 
grcle  ,  alongé;  le  limbe  à  trois  lobes  ;  trois  étamines;  les  se- 
mences, couronnées  par  les  bords  du  calice,  ne  sont  point  ai- 
grettées. 

Phyllactis  a  feuilles  roides  :  Pliyllactis  rigida,  Pers.,  lot: 
cit.;  Valeriana  rigida,  Flor.  Per.,  loc.  cit.  ,  tab.  65  ,  iig.  C. 
Cette  espèce  a  des  racines  épaisses,  fusiformes;  elles  pro- 
duisent des  feuilles  nombreuses ,  toutes  radicales ,  étalées 
en  rosette,  linéaires,  lancéolées,  entières,  longues  d'en- 
viron un  pouce  et  demi,  roides,  glabres,  coriaces,  ponc- 
tuées à  leurs  deux  faces,  terminées  par  une  pointe  presque 
épineuse;  les  hampes  sont  très-courtes,  comprimées,  portant 
des  paquets  de  fleurs  sessiles,  réunies  en  une  large  tête 
plane,  arrondie,  entourée  d'un  involucre  d'une  seule  pièce, 
en  gaine  ,  à  deux  lobes  aigus  ;  les  involucres  partiels  sont  de 
même  forme  ,  très-petits  ;  le  calice  est  terminé  par  un  rebord 


8o  PHY 

étroit;  la  corolle  blanche;  le  tube  grêle,  alongé;  le  limbe  à 
trois  lobes  étalés;  trois  étamines;  le  stigmate  est  bifide;  les 
semences  sont  nues.  Cette  espèce  croit  sur  les  hautes  mon- 
tagnes du  Pérou  :  elle  fleurit  dans  les  mois  d'Octobre  et  de 
IVovembre. 

Phyllactis  a  feuilles  étroites  :  Phyllactis  lenuifolia,  Pers. , 
loc.cit.;  Valeriana  lenuifolia,  Flor.  Per. ,  loc.  cit.,  tab.  65,  fig. 
D.  Cette  espèce  a  le  port  de  la  précédente.  Ses  racines  sont 
épaisses,  fusiformes  ;  ses  feuilles  nombreuses,  sessiles,  im- 
briquées, ouvertes  en  étoile,  glabres,  étroites,  linéaires, 
subulées,  très-entières,  roides,  aiguës  à  leur  sommet,  ciliées 
à  leur  partie  inférieure.  Les  Heurs  sont  blanches,  infundi- 
buliformes  ;  le  tube  est  grêle  ;  le  limbe  trifide  ;  trois  éta- 
mines :  le  stigmate  a  deux  divisions  étalées;  les  semences 
sont  nues.  Ces  fleurs  sont  disposées  comme  dans  la  plante 
précédente.  Cette  plante  croit  sur  les  hautes  montagnes  du 
Pérou.   (  Poir..) 

PHYLLADE.  (  Min.  )  Les  principes  que  j'ai  cru  devoir 
suivre  pour  la  spécification  des  roches  mélangées  ,  et  la 
nomenclature  qui  a  dû  nécessairement  l'accompagner,  m'ont 
forcé  quelquefois  ,  pour  être  conséquent,  d'établir  des  es- 
pèces qui  ne  montrent  que  peu  de  différence  avec  les  miné- 
raux ou  roches  homogènes  qui  en  sont  la  base.  De  là  on  en 
a  conclu  ^  et  avec  des  raisons  assez  spécieuses ,  l'inutilité  de 
ces  espèces. 

Les  phyllades  étoient  dans  ce  cas;  c"étoient,  d'après  mon 
ancienne  définition,  de  véritables  schistes  argileux,  mêlés  de 
difîercns  minéraux.  La  nature  du  mélange  étoit  restée  vague, 
et  le  caractère  des  phyllades  ,  comme  roches  mélangées  , 
consistoit  à  être  un  schiste  argileux  hétérogène,  bien  diffé- 
rent en  cela  des  autres  roches,  telles  que  le  granité,  le  gneiss, 
,  le  micaschiste ,  le  porphyre,  etc.,  dont  les  composés  étoient 
spécifiés  et  nettement  circonscrits.  On  pensoit  donc  qu'il  eût 
été  plus  simple  de  dire,  comme  on  peut  encore  le  faire  dans 
quelques  cas,  schiste  maclifère  ,  schiste  micacé  ,  schiste  satiné, 
etc. 

Mais  alors  j'étois  ramené  de  proche  en  proche  au  point 
d'où  je  cherchois  à  m'éloigner,  à  la  confusion  que  je  voulois 
éviter  ,    celle   de   donner  les  niêmes  noms  ii  des   minéraux 


PHY  81 

homogènes  en  masse  qui  renferment  ça  et  là ,  accidentellement, 
quelques  corps  étrangers  ,  et  à  des  masses  minérales  mélangées 
également  dans  toute  leur  masse  ,  composant  des  montagnes  et 
même  des  pays  entiers,  et  présentant  toujours  le  même  mode 
de  mélange  ,  soit  qu'on  le  considère  suivant  la  nature  ,  soit 
qu'on  l'envisage  dans  ses  différences  de  structure. 

L'obligation  d'être  conséquent  aux  principes  posés  m'avoit 
donc  engagé,  peut-être  encore  plus  qu'une  réelle  différence 
entre  les  schistes  et  les  phyllades,  à  établir  cette  dernière  es- 
pèce ;  car  je  conviens  qu'il  y  a  bien  peu  de  schistes  argileux 
parfaitement  homogènes,  et  qu'il  y  a  beaucoup  de  pliyllades 
dont  l'hétérogénéité  est  fort  peu  sensible  :  mais,  entin,  ces  deux 
sortes  de  roches  existent  réellement  et  se  présentent  plus  sou- 
vent qu'on  ne  croit ,  dans  des  circonstances  assez  différentes  , 
pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  les  laisser  confondues. 

Ces  objections,  très-fondées  ,  m'ont  été  faites  principale- 
ment par  M.  Omalius  d'Halloy.  J'ai  cherché  ,  d'après  ces 
justes  observations  ,  à  corriger  dans  mon  travail  ce  qu'il  y 
avoit  de  défectueux  ,  et  à  déterminer  les  ph3llades  par  une 
définition  précise  des  minéraux  qui  les  composent  essentiel- 
lement. 

En  essayant  d'opérer  cette  correction,  j'ai  éprouvé  la  satis- 
faction de  voir  que  l'espèce  avoit  été  mieux  étal)lie  qu'on  ne 
l'avoit  présumé;  car  je  n'ai  point  été  force  de  la  couper  ni 
de  la  diviser,  comme  je  le  craignois:  la  définition  seule  étoit 
fautive  ;  il  a  suffi  de  la  changer  ,  ou  plutôt  de  la  préciser  da- 
vantage ,  pour  faire  de  l'espèce  phyllade  une  roche  hétéro- 
gène aussi  bien  caractérisée  que  le  micaschiste  ,  le  gneiss  , 
etc.  Très-peu  de  variétés  ont  été  exclues  p^r  cette  défi/ùtion 
ainsi  amendée  :  c'est  ce  que  l'on  va  voir  difns  l'exposition 
des  caractères  et  des  variétés  de  cette  roêtie. 

M.  d'Aubuisson  est  l'auteur  de  ce  nom  j  mais,  suivant  les 
principes  de  l'école  allemande  ,  il  n'a  pas  voulu  distinguer 
comme  j'ai  cru  nécessaire  de  le  faire  ,  la  considération  ,  dé- 
termination ,  classification  et  dénomination  des  roches  sous 
le  rapport  minéralogique,  de  la  considération  des  roches  ,  sous 
le  rapport  géognostique  ou  de  gisement.  Il  a  donc  donné  plus 
d'extension  que  je  ne  le  fais  au  nom  de  phyllade,  en  l'appli- 
quant aux  schistes  argileux  homogènes  et  aux  roches  corn- 
.40.  6 


8.  PHY 

posées  dont  cette  roche  homogène  est  la  base.  Nous  n'appl^ 
quons  le  nom  de  phyllade  qu'a  ces  dernières. 

Le  Phyllade  est  une  roche  formée  principalement  par  voie 
de  sédiment  ,  essentiellement  composée  de  schiste  argileux , 
comme  base,   et  de  mica. 

Sa  structure  est  nécessairement  fissile  et  souvent  feuilletée. 

Le  mica  y  est  toujours  en  petites  paillettes  ,  tantôt  dissé- 
minées, tantôt  presque  continues. 

Les  parties  accessoires  sont  :  le  quarz  en  grains  ,  le  felspath 
en  petits  cristaux ,  la  macle,  la  staurotide.  Elles  y  sont  dissé- 
minées assez  également. 

Les  parties  accidentelles  y  sont  généralement  peu  nombreu- 
ses; on  y  observe  : 

La  wavellite  en  enduit  ou  concrétions  dans  les  cavités  et 
fissures. 

Les  grenats  ,  très-rarement.  (  Schnéeberg  et  Rathswald  , 
Léonh.  ) 

L'amphibole  ? 

La  tourmaline  en  petits  cristaiix.  (A  Skrkawsky-skaly , 
dans  la  chaîne  du  Sud,  vers  l'Iser ,  en  Bohème.) 

Le  disthène. 

Le  talc,  remplaçant  des  débris  de  végétaux. 

Le  felspath  en  assez  gros  cristaux.  (Laifour  ,  dans  les  Ar- 
dennes.) 

Le  fer  pyriteux  ,  assez  communément. 

Le  graphite  .  très-souvent. 

Le  cuivre  pyriteux ,  d'une  manière  presque  invisible. 

La  blende.  (A  Andreasbcrg.  ) 

La  structure  du  phyllade  est  ,  comme  on  l'a  établi  en 
exposant  ses  caractères  essentiels ,  fissile  et  même  feuilletée. 
Les  feuillets  qui  le  composent  sont  souvent  droits,  quelque- 
fois ondulés,  comme  plissés  ou  gaufrés.  Les  divers  minéraux 
qui  sont  disséminés  dans  cette  roche  ,  sont  situés  ,  tantôt  entre 
les  feuillets  ou  fissures  de  stratification,  qui  les  contournent  et 
s'y  appliquent  exactement ,  comme  dans  le  felspath  acciden- 
tel, la  staurotide,  etc.;  tantôt  ils  semblent  les  iiilerrompre, 
les  couper  même  :  ils  sont  ce  que  nous  appelons  traversans  , 
et  c'est  le  cas  de  quelques  petits  cristaux  de  felspath,  de 
quarz,  et  surtout  des  pyrites  et  de  la  macle. 


PII  Y  83 

Les  phyllades  sont  formés  en  grande  partie,  et  quelquefois 
même  entièrement,  par  voie  sédimenteuse ,  tels  sont  la  plu- 
part des  phyllades  pailletés;  mais  dans  d'autres,  tels  que  les 
phyllades  satinés  ,  les  maclifères  ,  etc.  ,  l'action  chimique  ou 
de  cristallisation  est  évidente.  On  voit  qu'une  partie  dissoute 
a  cristallisé  dans  une  masse  sédimenteuse  ,  et  que  par  consé- 
quent les  deux  modes  de  formation  sont  simultanés. 

Ces  roches  ont  assez  de  cohésion,  surtout  dans  le  sens  per- 
pendiculaire à  la  stratification.  Leur  cassure  ,  dans  ce  sens,  est 
inégale,  esquilleuse ,  tandis  qu'on  opère  dans  l'autre  sens  une 
sorte  de  clivage  qui  découvre  des  surfaces  planes  ou  ondu- 
lées ,  mais  toujours  unies.  Cependant  cette  séparation  par 
faces  planes  a  aussi  lieu  dans  l'autre  sens;  mais,  comme  la 
direction  est  oblique  à  la  surface  des  feuillets ,  elle  donne 
des  fragmens  assez  exactement  rhomboïdaux. 

Les  phyllades  sont  tendres  ^  tousse  laissent  rayer  par  le  fer 
et  même  par  le  cuivre  :  ce  dernier  caractère  les  distingueroit 
.suflisamment  du   schiste   coticule,   des  cornéennes  ,   etc.,  si 
leur  caractère  de  roche  composée  ne  suffisoit  pas. 

Ils  ne  peuvent  recevoir  aucune  espèce  de  poli. 

Tous  les  phyllades  sont  opaques,  et  dans  toutes  leurs  parties, 
même  les  plus  minces.  Leurs  couleurs  sont  assez  variées  ;  la 
couleur  la  plus  générale  est  le  noir  bleuâtre ,  le  gris  foncé , 
brunâtre ,  verdàtre  ou  bleuâtre  :  il  y  en  a  aussi  de  bruns,  de 
rougeàtres,  de  rosàtres  ,  de  Jaunâtres.  Toutes  ces  couleurs 
sont  sales,  répandues  assez  uniformément,  ou  disposées  tan- 
tôt parallèlement  à  la  stra^tifîcation  ,  tantôt  en  taches  con- 
fluentes. 

Les  parties  accessoires,  étant  quelquefois  d'une  couleur  dif- 
férente du  fond,  donnent  à  quelques  variétés  de  ces  roches 
un  aspect  moucheté. 

Action  chimique.  La  pâte  des  phyllades  est  presque  toujours 
fusible  en  un  verre  noir,  quelquefois  aussi  en  un  veiTe  gri- 
sâtre ,  ce  qui  arrive  ordinairement  quand  la  pâte  est  décolo- 
rable  par  le  feu.  Quelques  phyllades  roug»s-;ent  en  totalité  ou 
en  partie  par  l'action  d'un  feu  modéré.  Dans  quelques  cas  la 
pâte  fait  elfervescence  avec  les  acides  ,  mais  cette  efferves- 
cence est  foible ,  de  peu  de  durée,  et  ne  désagrège  pas  le 
Inorceau  ;    néanmoins  les  phyllades   eflfervescens  se  rappro- 


84  PHY 

chent  tellement  des  macignos  par  ce  caractère  ,  qu'on  n'a 
plus  pour  les  en  distinguer  que  l'aspect  plus  terne  ,  la  struc- 
ture plus  fissile.  Ils  ne  font  jamais  pâte  avec  l'eau. 

Les  phyllades  éprouvent ,  par  l'action  de  Tair  et  des  mé- 
téores atciosphériques  ,  divers  genres  à'' altération.  La  plupart 
se  désagrègent,  les  uns  seulement  dans  le  sens  de  leurs  feuil- 
lets :  il  en  résulte  une  multitude  de  lamelles  minces  et  régu- 
lières; les  autres  principalement  dans  deux  sens  :  il  en  résulte 
une  multitude  de  parties  alongées  prismatoïdes  comme  des 
esquilles  de  bois  (  la  plupart  des  phyllades  calcaires  des  îles 
basses  du  golfe  de  Christiania)  ;  d'autres  enfin  à  peu  près 
également  dans  tous  les  sens ,  et  il  en  résulte  une  multitude 
de  débris  grossièrement  rhomboïdaux.  Ils  sont  généralement 
très- fragmenteux ,  et  leurs  fissures  sont  couvertes  d'un  en- 
duit ocracé.  Enfin  les  pyrites  qui  sont  disséminés  donnent 
lieu  à  un  autre  mode  d'altération,  qui  n'est  pas  une  simple 
désagrégation,  mais  une  véritable  altération  chimique. 

Le  phyllade passe  souvent:  au  micaschiste  lorsqu'il  perd  son 
schiste,  que  le  mica  devient  dominant  et  qu'il  prend  de  pe- 
tits lits  de  quarz;  au  phtanite  ;  au  schiste  argileux  ;  au  schiste 
coticule  :  au  psammite  schistoide  ;  au  macigno,  et  il  n'y  a  de 
différence  entre  cette  dernière  roche  et  quelques  phyllades. 
que  l'absence  du  calcaire,  minéral  caractéristique  du  ma- 
cigno. 

Onpeutreconnoître  dans  cette  roche  les  variétés  suivantes, 
comme  étant  assez  bien  caractérisées  par  les  parties  accessoires 
au  mica. 

1.  Phvllade  satiné. 

Le  mica  y  est  en  paillettes  si  petites  ,  si  multipliées,  si  inti- 
mement liées  les  unes  avec  les  autres,  qu'il  forme  un  enduit 
d'un  éclat  soyeux  sur  les  fissures  de  stratification  ,  et  lui 
donne  un  éclat  analogue  à  celui  du  satin.  Au  premier  aspect 
ces  roches  semblent  être  homogènes ,  et  on  peut  même  dans 
certains  cas  les  considérer  comme  telles'.  Quelquefois  les 
feuillets  sont  droits  et  plans;  mais  souvent  aussi  ils  sont  comme 


1  C'est  sous  ce  point  de  vue  que  je  l'ai  considéré  dans  ma  Miné- 
ralogie, tom.  I,  pag.  554,  en  le  décrivant  sous  le  nom  de  schiste  lui- 
sant. 


PHY  85 

plissés  en  petits  plisondoyans:  ils  ont  la  structure  qu'on  nomme 
gaufrée  dans  l'art  des  tissus.  Ses  couleurs  dominantes  sont  le 
gris  verdâtre,  le  rougeàlre,  le  rosàtre  et  le  violâtre. 

Le  phyllade  satiné  passe  donc  au  schiste  luisant;  il  passe  aussi 
au  micaschiste,  et  il  en  est  d'autant  plus  difficile  à  distinguer  , 
qu'il  renferme  quelquefois  assez  de  talc  pour  acquérir  quel- 
ques-uns des  caractères  de  cette  dernière  roche. 

Exemples.  La  plupart  des  schistes  argileux  primitifs  de  la 
Saxe  (  Urthonschiefer  )  appartiennent  à  cette  variété  ;  par 
conséquent  ceux  de  Schnéeberg  ,  de  Hermersdorf. 

On  prendra  encore  des  exemples  de  ces  phylladrs:  dans  les 
hautes  Pyrénées  ,  au  col  deTourmalet,  dans  la  vallée  de  l'Ar- 
boust;  mais  il  est  en  même  temps  maclifère.  —  A  Saint-La- 
zare, dans  le  canton  de  Terrasson  ,  département  de  la  Dor- 
dogne  ;  il  est  verdâtre.  —  A  La-Chaise-le-Vicomte ,  dépar- 
tement de  la  Vendée  ;  il  est  violàfre  et  verdàlre.  —  Entre 
Saint-Bel  et  Lyon,  en  lits  extrêmement  sinueux;  le  fond  en 
est  verdâtre  et  les  feuillets  sont  enduits  de  terre  ocreuse.  —  A 
Vay  ,  aux  environs  de  Nantes;  il  est  d'un  beau  rose  pourpré. 
—  Plusieurs  des  roches  auxquelles  on  donne  le  nom  de  killas  , 
dans  le  pays  de  Cornouailles  ,  sont  des  phyllades,  ou  satinés, 
ou  pailletés. 

2,  Phyllade  pailleté. 

Le  mica  y  est  disséminé  en  paillettes  distinctes  et  très-sé- 
parées les  unes  des  autres.  Sa  structure  est  feuilletée ,  droite; 
sa  couleur,  noirâtre,  brunâtre  ou  jaunâtre.  Le  schiste,  qui 
en  fait  la  base,  est  tantôt  dense  et  assez  luisant,  tantôt  à 
texture  lâche  avec  un  aspect  terne.  Il  ressemble  au  psammite 
schistoïde  ;  mais  il  en  diffère  par  l'absence  du  quarz  en  sable. 
Il  ressemble  aussi  au  macigno  ;  mais  comme  il  ne  contient 
pas  de  calcaire  ,  il  ne  fait  aucune  effervescence  avec  les  acides. 

Exemples.  La  plupai't  des  roches  nommées  schiste  des  houil- 
lières  {schieferthon)  et  schiste  de  la  Grauwake  [Grauwahenschie- 
fer)  :  Goslar  ,  au  Harz.  —  Planitz  ,  en  Saxe. —  MeflTersdorf,  en 
Lusace.  —  Lacombe  Gilliarde-en-Oisans ,  département  de 
risère. —  Beaucoup  de  ces  roches  sont  employées  à  aiguiser  les 
faux  ,  d'où  on  les  nomme  pierres  à  faux  :  celles  de  Viel-Salm  , 
dans  le  pays  de  Liège  ,  et  de  Houffalise  ,  dans  le  pays  de 
Luxembourg.   Ce  phyllade   passe   quelquefois  au  psammite 


8C  PHY 

scJiistoïdc  il  grains  fins'.  —  Les  ardoises  de  Claris,  en  Suisse^ 
qui  renferment  des  ichthyolithes  ;  et  l'ardoise  du  port  de 
Cherbourg,  qui  leur  ressemble  en  tout.  —  Les  environs 
d'Angers  :  il  est  brun,  bleuâtre  et  fissile  comme  l'ardoise-, 
mais  il  offre  des  taches  grisâtres,  rondes  et  confluentes.  — 
Du  cap  Cepet,  près  Toulon:  il  est  brun-rougeàtre.  On  en  voit 
d'absolument  semblable  près  de  Clausthal,  au  Harz. 

Cet;e  variélé  fait  assez  généralement  partie  des  roches  des 
terrains  de  transition  et  des  terrains  houillers.  Elle  renferme 
entre  ses  feuillets  les  débris  organiques  végétaux  qui  appar- 
tiennent à  ces  formations,  tant  en  Europe  (outre  tous  ceux 
des  houilliéres,  on  doit  citer  les  phyllades  pailletés,  noirs  et 
durs ,  dont  les  parties  végétales  sont  remplacées  par  du  talc  , 
du  Mont- Perdu  dans  les  Pyrénées,  du  col  de  Balme  en  Sa- 
voie) que  dans  l'Amérique  septentrionale  (  Wilkesbare  en 
Pensylvanie  ;  Sunderland  en  Connecticut,  etc.). 

5.    PhYLLADE    CAR13UR)é. 

Il  est  noir,  tachant,  décolorable  par  Paction  du  feu;  les 
paillettes  de  mica  y  sont  rares  et  quelquefois  très-peu  dis- 
tinctes. Sa  structure  fissile  est  tantôt  à  feuillets  droits,  mais 
plus  souvent  à  feuillets  ondulés  et  gaufrés  ;  enfin ,  plusieurs 
de  ses  sous-variétés  renferment  du  calcaire  d'une  manière 
invisible  ,  qui  ne  se  manifeste  que  par  Paction  des  acides, 
et  non  par  des  grains  lamellaires  ,  comme  dans  le  ma- 
cigno. 

C'est  par  ce  mode  de  structure,  le  peu  d'abondance  du 
calcaire  ,  et  surtout  pnr  la  présence  du  charbon  ,  que  le 
phyllade  carburé  calcarifère  se  distingue  du  macigno. 

Les  exemples  en  sont  nombreux. 

Bagnère  de  I,uchon  ,  dans  les  Pyrénées  :  ses  feuillets  sont 
plissés.  —  llermersdorf  et  Hartenstein  ,  en  Saxe  :  avec  des  em- 
preintes de  végétaux.  —  Hofnungstolle  près  Lautenthal, 
au  Harz.  —  Gerbstedt  près  d'Eisleben  ,  en  ïhuringe.  C'est 
La  roche  connue  sous  le  nom  de  schiste  marneux  bitumineux, 
et  qui  renferme  du  cuivre  pyriteux  et  des  débris  nombreux 
et  remarquables  de  poissons.  Ces  deux  derniers  sont  calca- 
rifères.  On  trouve  cette  même  roche ,  avec  les  mêmes  cir- 

1   Omalius  d'IIalloj',  Jouru.  des  min.,  tom.  24,  n."  1^3,  p.  363. 


PHY  87 

constances  ,  mais   un   peu   plus  micacée  ,   à  ■yVeslficld    près 
Middeletown  ,  dans  le  Connecticut. 

4.  PhYLLADE    yUARZEUX. 

Des  grains  de  quarz  disséminés,  ou  de  petits  lits  de  cette 
pierre  interposés  dans  le  phyllade,  qui  est  ordinairement  rou- 
geàtre  ou  jaunâtre  dans  le  premier  cas,  brunâtre  ou  noirâtre 
dans  le  second;  dur,  solide,  à  feuillets  ii  peine  séparables. 

Il  passe  au  micaschiste  et  au  phtanite. 

Exemples,  Les  bords  de  la  Mayenne  ,  près  d'Angers. —  Plu- 
sieurs parties  de  la  Bretagne.  —  Hohelstein  et  Braunsdorf,  en 
Saxe. —  Mittengrunde  ,  en  Bohème. 

5.  Phyllade  fétrosiliceux. 

lia,  comme  tous  les  phyllades,  une  structure  stratiforme, 
mais  il  est  très-dur  et  les  feuillets  sont  presque  inséparables; 
la  cassure  transversale  est  éiailleuse  à  petites  écailles.  Le 
mica  y  est  tantôt  disséminé  en  petites  paillettes,  et  tantôt 
étendu  comme  un  enduit  luisant.  Ce  phyllade  est  noir,  gri- 
sâtre ou  jaunâtre.  Il  fond  en  un  émail  gris  et  même  blanc. 

Exemples.  Schnéeberg ,  en  Saxe:  il  est  noir  luisant  et  jau- 
nâtre luisant.  —  Le  Ramelsberg ,  au  Harz  :  il  est  gris ,  bleuâtre , 
pailleté  et  terne. 

6.  Phyllade  porphyroïde. 

Des  cristaux  de  felspath  ,  plus  ou  moins  volumineux  ,  dissé- 
piinésdans  un  phyllade  ordinairement  satiné.  Ils  en  traversent 
ordinairement  les  feuillets  :  ils  sont  souvent  accompagnés  de 
grains  de  quarz  ,  en  sorte  qu'on  pourroit  dire  que  c'est  un 
porphyre  à  base  de  schiste. 

Exemples.  Environs  d'Angers  ;  les  cristaux  de  felspath  y 
sont  petits  et  blanchâtres.  —  Dcville  et  Laifour  ,  dans  les 
Ardennes';  d'un  gris  foncé  bleuâtre  ,  les  cristaux  de  fels- 
path y  sont  gros  et  enduits  de  phyllade  satiné;  ils  sont  associés 
avec  des  grains  de  quarz  hyalin  ,  et  sont  évidemment  de  for- 
mation de  cristallisation  contemporaine  à  la  roche.  —  Mou- 
lin-Bardou  ,  non  loin  de  Limoges.  —  Des  bords  de  la  Mayenne, 
près  d'Angers  :  la  pâte  est  grise  blanchâtre  satinée;  les  cristaux 
de   felspath    sont  petits  et  blancs.   —   Le    col   de   la   petite 

i  Ardoise  porphyroïde.  Omalius  d'Halloy,  Journ.  des  min. ,  toni.  2g, 
p.  55. 


68  PHY 

Fourche,  au  Saint-Gothard,  côté  derifalie:  fond  dephyllade 
satiné  gris- verdàtre,  taches  brunes  rectangulaires  ,  formées 
par  des  petits  paraléllipipèdes  de  mica;  taches  blanches, 
rondes,  de  felspath  grenu.  —  Herzogswald  et  Tharandt ,  en 
Saxe.  —   Les  îles  écossaises  d'isia  et  de  Jura. 

7.  Phyllade  maclifère. 

Des  cristaux  de  macle  traversant  un  phyllade  ordinairement 
terne,  d'une  couleur  noire  tirant  sur  le  bleuâtre,  etc. 

C'est  une  roche  très-répandue  dans  les  terrains  primor- 
diaux schistoïdes  qui  ne  renferment  aucun  débri  organique. 

La  manière  dont  les  maclesysont  placées,  leur  abondance, 
leur  liaison  intime  avec  la  base  schisteuse  ,  indiquent  une 
formation  par  voie  de  dissolution  et  de  cristallisation. 

Exemples.  Alençon  ,  dans  un  phyllade  tendre,  brunâtre,  pail- 
leté. —  Antrain  ,  rive  gauche  du  Coesnan  ,  arrondissement 
de  Fougères,  département  d'Isle  -  et -Vilaine  ,  et  Martilly, 
dans  le  Calvados  :  ils  sont  bruns  et  rougeâtres;  la  macle  y 
forme  des  taches  rectangulaires  noirâtres.  —  S.  Michel- en- 
Grève,  Côtes-du-Nord  :  noir,  grisâtre,  et  des  Salles  de  Rohan  , 
à  l'est  de  Pontivi ,  dans  le  Morbihan.  >—  Les  hautes  Pyré- 
nées, col  de  Tourmalet ,  surtout  à  la  descente  de  ce  col, 
vers  Grippe ,  où  il  se  montre  dur ,  noir  et  pyrileux  ,  et 
dans  la  montagne  de  Comclie  :  très  -  petits  cristaux  de 
macle  dans  un  phyllade  noir- terne.  —  Près  Bagnère  de 
Luchon,  à  Pentrée  de  la  vallée  de  PArboust. —  Burkharts- 
wald  et  Schnéeberg,  en  Saxe.  —  Gefreiss ,  près  Bareuth, 
en  Franconie  :  les  macles  y  sont  petites  et  très-déliées.  —  Les 
killas  de  Camelford  et  de  Saint- Austel,  sont  aussi  des  phyl- 
lades  satinés  maclifères. —  Skiddau  ,  près  Keswig,  en  Cum- 
berland  :  il  est  très-différent  des  précédens.  —  Aux  environs 
de  Dublin. —  Entre   Greifenhagen   et  Braunsrode ,  au  Harz. 

8.  Phyllade  sxaurotique. 

Des  cristaux  abondans  de  staurotide  disséminés  dans  un 
phyllade  ,  tantôt  pailleté ,  tantôt  et  plus  souvent  satiné  :  en 
général  très-abondant  en  mica. 

Ses  couleurs  sont  le  noir  pur  et  le  brun  jaunâtre  métal- 
loïde. 

I-es  cristaux  y  sont  disposés  comme  dans  le  phyllade  macli- 
fère ;  et  quand  ces  cristaux  ne  sont  pas  bien  prononcés  ,  ce 


PHY  89 

qui  arrive  souvent  ,  il  devient  très-difficile  de  distinguer  ces 
deux  variétés  de  phyllade  ,  malgré  les  grandes  différences  des 
espèces  minérales  qu'elles  renferment  et  qui  les  caractérisent. 
Ce  qui  est  encore  et  plus  difficile ,  et  ce  qui  reste  par  consé- 
quent plus  incertain ,  c'est  de  distinguer  ce  phyllade  du  mi- 
caschiste. 

Exemples.  Baud  et  Coray ,  dans  le  département  du  Finis- 
tère  Entre  Keilh  et  Huntly,  en  Ecosse. —  En  Pensylvanie, 

à  12  milles  de  Philadelphie,  et  dans  plusieurs  autres  lieux 
des  Etats-Unis  d'Amérique. 

9.  Phyllade  pvritecx. 

Du  fer  pyriteux  cristallisé ,  disséminé  d'une  manière  visible 
et  à  peu  près  égale  dans  le  phyllade. 

La  couleur  du  phyllade  pyriteux  est  ordinairement  ver- 
dàtre ,  d'un  gris  bleuâtre,  rougeàtre  et  même  jaunâtre.  Les 
pyrites  se  montrent  non -seulement  interposées  dans  les  fis- 
sures de  stratification  ,  mais  elles  sont  aussi  traversantes. 

Exemples.  Les  environs  de  Cherbourg:  le  phyllade  est  ver- 
dâtre  et  satiné.  —  A  Bagnère  de  Luchon  ,  dans  la  mon- 
tagne même  d'où  sourdent  les  eaux  chaudes.  —  A  Deville- 
sur- Meuse,  près  Mézières  :  il  est  en  même  temps  pailleté.  — 
Schnéeberg,  en  Saxe.  —  Andreasberg  ,  au  Harz. —  Dans  la 
montagne  de  Gomlaer,  en  Voigtland. 

Les  phyllades  pailletés  peu  abondans  en  mica  ,  dans  les- 
quels la  base  de  schiste  argileux  domine  ,  fournissent  des 
ardoises  au  moins  égales  en  qualité  à  celles  que  donne  le 
schiste  tégulaire;  cependant  on  peut  remarquer  que,  si  elles 
peuvent  s'exploiter  en  tables  d'une  grande  étendue,  elles  ne 
sont  pas  susceptibles  d'être  divisées  en  feuillets  aussi  minces, 
et  par  conséquent  aussi  légers  que  la  roche  homogène  nom- 
mée schiste  tégulaire ,  qu'on  exploite  auprès  d'x\ngers  et  sur  la 
Meuse,  près  de  Rimogne  et  de  Rocroy. 

Les  plus  grandes  tables  d'ardoises  de  phyllade  pailleté 
viennent  du  Plattenberg  ,  dans  le  canton  de  Claris  et  des  envi- 
rons de  Gênes,  principalement  à  l'orient  de  cette  ville,  où 
elles  sont  connues  sous  le  nom  de  lavegna.  On  en  fait  de 
grands  réservoirs  pour  contenir  l'huile. 

Le  phyllade  pailleté   terne   sert  quelquefois  de  pierre  à 


so  PHY 

faux;  mais  toutes  les  pierres  à  faux  ne  proviennent  cepen- 
dant pas  de  cette  roche. 

La  structure  fissile  des  phyllades  ,  et  surtout  la  facilité  avec 
laquelle  ils  se  désagrègent ,  ne  permettent  que  rarement  de 
les  employer  comme  pierre  de  construction.  (B.) 

PHYLLAMPHORA.  {Bot.)  Voyez  Nepf.nthes.  (Poir.) 

PHYLLANTHE,  Piijllanthus.  {Bot.)  Genre  de  plantes  di- 
cotylédones, <à  fleurs  incomplètes,  monoïques,  de  la  famille 
des  euphorhiacées  ,  de  la  monoécie  triandrie  de  Linnasus,  offrant 
pour  caractère  essentiel  :  Des  fleurs  monoïques,-  un  calice  à 
cinq  ou  six  divisions  profondes;  point  de  corolle;  dans  les 
fleurs  mâles,  trois  étamines,  les  lilamens  connivens  et  glan- 
duleux à  leur  base;  dans  les  fleurs  femelles,  un  ovalr^j ,  en- 
touré à  sa  base,  de  plusieurs  glandes;  trois  styles  rapprochés 
à  leur  base,  bifides;  six  stigmates;  une  capsule  à  trois  co- 
ques bivalves;  deux  semences  dans  chaque  coque. 

Ce  genre,  très-nombreux  en  espèces,  renferme  des  ar- 
bres, des  arbrisseaux,  ou  des  herbes  à  feuilles  alternes,  sou- 
vent fort  petites  et  disposées  sur  les  rameaux  de  manière 
à  représenter  des  feuilles  ailées.  Les  fleurs  sont  axillaires, 
presque  solitaires,  plus  souvent  fasciculées,  accompagnées 
de  bractées. 

*  Espèces  ligneuses ,   à  grandes  feuilles. 

Phyllanthe  A  GRANDES  FEUILLES  ;  Plij'llanthus  graudifoUa,  Linn., 
Hort.  Cliff.  Cette  plante  est  une  des  plus  grandes  espèces  de 
ce  genre.  Sa  tige  arborescente  se  divise  en  branches  étalées, 
chargées  de  rameaux  striés  ,  rougeàtres,  comprimés,  presque 
anguleux,  garnis  de  feuilles  grandes,  alternes,  fermes,  ovales, 
obtuses,  entières,  à  nervures  jaunâtres;  les  pétioles  sont  très- 
courts  ,  ayant  à  leur  base  deux  petites  stipules  courtes ,  obtuses. 
Les  fleurs  sont  axillaires,  presque  terminales,  réunies  plusieurs 
ensemble  et  supportées  par  des  pédoncules  filiformes,  iné- 
gaux, plus  longs  que  les  pétioles;  quelques  fleurs  sessiles  ;  le 
calice  est  fort  petit,  à  cinq  divisions  obtuses.  Cette  plante 
croit  dans  plusieurs  contrées  de  l'Amérique. 

Phyllanthe  du  Brésil  :  Phyllanthus  brasiliensis  ,  Voir. ,  Enc.  ; 
Pliyllanlhus  conami ,  "Willd.  ,  Spec.  ;  S\v. ,  Flor.  Amer.;  Co- 
nami  brasiliensis ,  Aubl. ,  Guian.,  tab.  354  ;  vulgairement  Bors 


PHY  91 

A  ENIVRER.  Arbrisseau  dont  les  tiges  s'élèvent  à  la  hauteur 
de  six  ou  huit  pieds  ,  couvertes  d'une  écorce  rude  et  ver- 
dâtre  ;  les  branches  se  divisent  en  rameaux  grêles,  eflilés , 
garnis  de  feuilles  alternes,  p étiolées,  glabres,  entières,  d'un 
vert  pâle,  ovales,  un  peu  arrondies,  presque  en  cœur;  les 
pétioles  courts;  les  stipules  opposées,  fort  petites.  Les  fleurs 
sont  axillaires,  pédonculées ,  fort  petites,  inclinées;  munies 
de  bractées  arrondies  ;  leur  calice  est  à  six  divisions  verdà- 
Ires ,  aiguës,  connivcntes  à  leur  base;  l'ovaire  environné  à 
sa  base  de  six  petites  écailles  ou  glandes  courtes,  obtuses; 
la  capsule  à  trois  loges,  à  six  valves,  formant  à  l'extérieur 
six  côtes  distinctes  et  marquées  d'autant  de  sillons. 

Cet  arbre  croît  dans  le  Brésil,  auprès  de  Para,  où  il  est 
nommé  conami-para  ou  amazone  par  les  Créoles.  Le  nom  de 
conanii  est  employé  pour  désigner  toutes  les  plantes  dont 
on  se  sert  pour  enivrer  les  poissons:  ce  qui  se  fait  en  pilant 
les  rameaux  chargés  de  feuilles,  que  l'on  jette  de  suite  dans 
le  courant  d'une  rivière.  Lorsque  cet  arbre  est  en  fleur,  il 
exhale  une  odeur  pénétrante  et  désagréable.  On  le  cultive  , 
ainsi  que  le  précédent ,  au  Jardin  du  Roi. 

Phyllanthe  a  grappes  fendantes  :  Phjllanthtts  nu  tans ,  Sw. , 
Flor.  Ind.  occid. ,  i2o5;  Jacq. ,  Hort.  Schccnb.,  2,  tab.  igo; 
Sloan.,  Jam.  Hist.,  1  ,  tab.  i58,  fig.  3.  Cet  arbrisseau  a  des 
tiges  glabres,  cylindriques,  chargées  de  rameaux  alternes, 
garnis  de  grandes  feuilles  ovales,  alternes,  médiocrement  pé- 
tiolées ,  blanchâtres  en  dessous,  lisses  et  vertes  en  dessus, 
à  nervures  purpurines.  Les  fleurs  sont  disposées  en  grappes 
presque  terminales,  feuillées,  pauciflores,  pendantes;  chaque 
fleur  est  portée  sur  un  pédoncule  simple,  alongé ,  de  moitié 
plus  court  que  les  feuilles;  le  calice  est  de  couleur  purpu- 
rine, partagé  en  cinq  folioles  ovales,  obtuses,  réunies  à  leur, 
base.  Celte  plante  croît  à  la  Jamaïque. 

Phyllanthe  a  feuilles  de  ne.iPrun  ;  Phjllanthus  rhamnoides , 
Retz.,  Obs.  lot.,  fasc.  5  ,  page  3o.  Dans  cette  espèce  la  tige 
est  glabre ,  un  peu  ligneuse  ;  les  rameaux  sont  grêles ,  alternes, 
un  peu  eflilés  ;  les  feuilles  très- entières,  d'une  médiocre 
grandeur,  un  peu  pétiolées,  ovales,  obtuses  à  leurs  deux 
extrémités,  glabres  à  leurs  deux  faces;  les  stipules  courtes, 
iicuminées  ,  caduqiies.   Les  fleurs  sont  axillaires,  situées  le 


r,2  PHY 

long  des  Jeunes  rameaux  ;  les  inférieures  mâles  au  nombre 
de  deux  ou  trois;  les  supérieures  solitaires  et  femelles,  por- 
tées sur  des  pédoncules  beaucoup  plus  longs;  les  calices  des 
fleurs  mâles  sont  tronqués,  évasés;  ceux  des  femelles  à  plu- 
sieurs divisions  courtes.  Le  fruit  est  une  capsule  de  la  forme 
et  de  la  grosseur  des  baies  de  genévrier.  Cette  plante  croît 
dans  les  Indes  orientales. 

PHyLLANïHE  RÉTicvLÛE  ;  Phj'llanthus  reticiilata ,  Poir. ,  Enc. , 
n,"  9.  Cet  arbrisseau,  d'un  aspect  assez  élégant,  se  rapproche 
du  précédent;  mais  ses  feuilles  sont  plus  petites,  remar- 
quables par  le  réseau  délicat  qu'elles  présentent  à  leur  face 
inférieure  et  par  ses  jeunes  rameaux  pubescens.  Ceux-ci 
sont  nombreux,  épars  et  confus,  un  peu  anguleux  ;  les  feuilles 
alternes,  médiocrement  pétiolées,  un  peu  coriaces,  ovales, 
moins  larges  à  leur  base  qu'à  leur  sommet,  glabres,  très-en- 
tières, vertes  en  dessus,  d'une  couleur  glauque,  un  peu 
grisâtres  en  dessous,  agréablement  veinées,  quelquefois  mu- 
nies au  sommet  d'une  petite  pointe;  les  stipules  petites,  ai- 
guës. Les  fleurs  sont  nombreuses,  axillaires,  disposées  par  petits 
paquets;  les  pédoncules  inégaux,  plus  longs  que  le  calice; 
le  calice  tsi  d'un  blanc  sale,  à  six  folioles  ovales,  courtes, 
obtuses,  persistantes;  la  capsule  est  de  la  grosseur  d'un  pois, 
globuleuse  et  noirâtre.  Cette  plante  croît  dans  les  Indes 
orientales. 

Phyllanïhe  PENCHÉE;  Phyllanthus  cernua ,  Poir.,  Encycl. , 
n.°  10.  Cette  espèce  se  distingue  par  ses  fleurs  toutes  soli- 
taires, par  ses  feuilles  presque  rondes;  sa  tige  est  ligneuse, 
brune  ou  roussâtre ,  cylindrique;  les  rameaux  sont  souples , 
glabres,  effilés;  les  feuilles  alternes,  pétiolées,  d'une  grandeur 
médiocre,  ovales,  un  peu  arrondies,  très-obtuses,  glabres, 
d'un  vert  sombre  en  dessus,  plus  pâles  en  dessous,  membra- 
neuses; les  pétioles  très-courts  ;  les  stipules  petites,  en  forme 
d'écaillés.  Les  fleurs  sont  solitaires,  alternes,  axillaires;  les 
pédoncules  simples ,  épais,  de  la  longueur  des  pétioles,  re- 
courbées pendant  la  floraison,  puis  redressés;  les  capsules 
sont  glabres,  arrondies,  noirâtres,  à  six  côtes  peu  marquées. 
Cette  plante  croît  dans  les  Indes  orientales. 

Phyllanthe  emblic  :  Phyllanthus  emblica,  Linn.,  Spec;  Mjy~ 
robolanus  emblica,  Rumph. ,  Amb,,  7,  tab.    1  ;  Blackw.,  tab. 


PIIY  95 

400;  N'elli-cemarum.',  Rhéed. ,  Malab.,  \,  tab.  3i  ,  vulgaire- 
ment MiROBOLANS  EMELics.  GaertncF  a  fait,  sous  le  nom  d'em- 
llica,  un  genre  particulier  de  cette  espèce,  à  cause  de  sa 
coque  renfermée  dans  une  baie,  et  les  loges  occupées  par 
deux  semences.  On  lui  donne  aussi  le  nom  A''anvaU.  Cette 
plante  est  connue  depuis  long- temps  par  ses  fruits.  Ce  n'est 
que  depuis  peu  qu'on  a  découvert  que  ces  fruits  apparle- 
noient  à  un  arbrisseau  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  douze 
ou  quinze  pieds,  divisé  en  branches  et  en  rameaux  alternei, 
un  peu  rougeâtres  ,  légèrement  pubescens  ,  garnis  de 
feuilles  disposées  en  aile,  très  -  rapprochées ,  alternes,  pres- 
que linéaires,  glabres,  elliptiques,  longues  d'environ  trois 
lignes,  presque  sessiles,  munies  de  deux  stipules  opposées, 
très-petites,  ovales,  aiguës.  Les  fleurs  sont  axillaires ,  laté- 
rales, fort  petites,  d'un  blanc  roussàtre  ;  les  pédoncules  très- 
courts;  leur  calice  est  partagé  en  cinq  folioles  très-courtes, 
arrondies ,  réunies  à  leur  base  ;  les  filamens  sont  connivens  ;  les 
anthères  fort  petites,  rapprochées.  Les  fruits  sont  arrondis, 
en  forme  de  baie,  de  la  grosseur  d'une  noix  de  gale,  à  sis 
valves  relevées  en  côte  extérieurement,  renfermant,  dans 
leur  intérieur,  une  pulpe  charnue;  les  semences  sont  blan- 
châtres et  anguleuses. 

Cette  plante  croît  dans  les  Indes,  aux  environs  du  Malabar. 
Les  Indiens  se  servent  de  ses  fruits  pour  tanner  le  cuir,  le 
verdir,  et  pour  faire  de  l'encre;  ils  en  mangent  aussi  de 
confits  dans  de  la  saumure  pour  exciter  l'appétit.  Ces  fruits 
purgent  doucement.  Leur  décoction  est  utile  pour  raffermir 
les  dents  ébranlées.  L'eau  ,  dans  laquelle  on  les  a  fait  ma- 
cérer ,  rougit  le  papier  bleu.  Ils  étoient  autrefois  employés 
seuls,  autant  que  le  'sont  aujourd'hui  le  senne  et  le  tamarin 
réunis.  On  ne  nous  apporte  communément  que  les  fragmens 
de  la  pulpe  desséchés.  Ils  sont  noirâtres ,  d'une  saveur  ai- 
grelette,  un  peu  austère.  Les  autres  espèces  de  mirobolans, 
tels  que  mirobolans  chéhules ,  citrins ,  heUerics ,  etc.,  appar- 
tiennent à  d'autres  plantes,  quoique  le  nom  qu'elles  portent 
semble  indiquer  qu'ils  sont  des  fruits  du  même  genre  ;  mais 
on  doit  se  rappeler  que  les  anciens  n'avoient  pour  la  dé- 
nomination des  plantes,  que  des  principes  vagues,  appuyés 
sur  la  ressemblance  extérieure  de  quelques  parties  des  végé- 
taux. (Voyez  Mirobolans.) 


94  PÎIY 

^*  Espèces  à  tige  presque  liej^hacée  ;  les  feuilles  très- 
petites,  disposées  en  aile. 

Phyllanthe  niruri  :  Piiyllanthus  niruri,  Linn.,  Spec;  Burm., 
Zefl.,  tab.  9  ,  fig.  2  ;  Herba  mœroris  alba ,  Rumph.,  Amhoin., 
6,  tab.  17,  fig.  1;  Kirganelli,  Rliéecl. ,  Malab.,  10,  tab.  i5. 
Cette  plante  a  des  racines  blanchâtres,  un  peu  longues,  fili- 
formes; ses  tiges  sont  droites,  hautes  d'environ  un  pied, 
chargées  de  rameaux  droits,  alternes,  glabres,  presque  an- 
guleux;  les  feuilles  sont  distantes,  alternes,  petites,  simples, 
trés-glabres,  en  ovale  ou  en  cœur  renversé,  rétrécies  à  leur 
base,  obtuses  et  quelquefois  échancrées  au  sommet;  les  pé- 
tioles très -courts;  deux  petites  bractées  aiguës,  colorées. 
Les  fleurs  sont  axillaires,  un  peu  inclinées,  les  mâles  mélan- 
gées avec  les  femelles,  à  peine  pédonculées;  leur  calice  est 
composé  de  cinq  folioles  ovales,  obtuses,  presque  spatulées, 
de  couleur  pâle;  les  filamens  sont  rapprochés  en  colonne; 
les  anthères  contiguè's,  à  deux  lobes;  la  base  des  filamens  est 
garnie  de  cinq  glandes;  les  trois  styles  sont  bifides.  Cette 
plante  croît  dans  les  Indes  orientales,  ainsi  qu'en  Amérique, 
aux  lieux  marécageux.  Les  feuilles  de  cette  plante,  infusées, 
sont  un  très -puissant  diurétique,  au  rapport  de  Commerson, 
confirmé  par  Loureiro. 

Phyllanthe  URiNAiRE  ;  Phjllantlius  urinaria,  Linn.,  Spec; 
hamk.fllLgen.,  tab.  736,  Cg.  2  :  Herba  mœroris  rubra,  Rumph., 
Amb.,  6,  tab.  37,  fig.  2.  Cette  espèce  diffère  de  la  précé- 
dente par  ses  feuilles  plus  petites,  nombreuses,  plus  rappro- 
chées, courtes,  elliptiques,  obtuses  à  leurs  deux  extrémités; 
les  tiges  sont  un  peu  rougeâtres,  tombantes  ,  légèrement 
pubescentes.  Les  fleurs  sont  très -nombreuses,  fort  petites, 
axillaires  presque  dans  toute  la  longueur  des  rameaux,  pen- 
dantes, solitaires;  les  pédoncules  très -courts;  le  calice  est 
partagé  jusqu'à  sa  base  en  cinq  découpures  fort  petites,  ar- 
rondies, d'un  blanc  sale;  les  (llamens  des  éfamines  sont  con- 
nivens  dans  toute  leur  longueur;  la  capsule  est  petite,  orbi- 
culaire.  Cette  plante  croit  dans  les  Indes  orientales  et  à 
l'île  de  Bourbon.  Elle  passe  pour  diurétique,  favorable  dans 
les  retentions  d'urine.  On  l'emploie  aussi  dans  les  maladies 
Yénériennes. 


PHY  95 

Phvllanthe  de  Caroline  :  Phjllanthus  caroliniana ,  Walth.  , 
Flor.  CaroL,  228;  Miçh.,  Amer.;  PhjUantlius  olovata  ,  Willd., 
Spec.  Plante  herbacée,  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  six  à  huit 
pouces,  sur  une  tige  droite,  cylindrique,  très-glabre,  cour- 
bée à  sa  base  ;  les  rameaux  sont  grêles  ,  très -lisses,  garnis  de 
feuilles  minces,  alternes,  un  peu  pétiolées,  vertes,  un  peu 
glauques,  surtout  à  leur  face  inférieure,  ovales,  arrondies 
à  leurs  deux  extrémités,  obtuses  au  sommet,  munies  à  leur 
base  de  deux  stipules  ovales,  aiguës,  mucronées,  fort  pe- 
tites. Les  fleurs  sont  un  peu  rougeàtres  ,  pendaufes,  pédon- 
culées,  placées  deux  à  deux,  maies  et  femelles,  dans  l'ais- 
selle des  feuilles,  rangées  le  long  des  rameaux.  Celte  plante 
croît  dans  la  Caroline.  (Poir.) 

PHYLLANTHUS.  {Bot.)  Ce  genre  de  Necker,  différent  de 
celui  de  Linnapus  ,  est  le  niême  que  VepiphjUum  de  He^mann, 
que  Linngeus  avoit  réuni  au  cactus.  (J.) 

PHYLLAUREA.  (Bot.)  Ce  genre,  établi  par  Loureiro , 
s'éloigne  peu  des  Crotons.  M.  Adrien  de  Jussieu  l'a  conservé 
sous  le  nom  de  Codiœum,  employé  par  llumph  pour  l'espèce 
que  Loureiro  a  nommée  phjllaurea  codiœum.  M.  Adrien  de 
Jussieu  y  ajoute  le  croton  variegatum  de  Linné,  Juss.  ,  Eu- 
phorb. ,  page  33.  Voyez  Croton.  (Poir.  ) 

PHYLLEPIDIUM.  [Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  amaranthacées ,  de  la 
pentandrie  digjnie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère  essen- 
tiel :  Un  calice  double,  persistant;  Pextérieur  à  cinq  divi- 
sions lancéolées,  aiguës;  l'intérieur  plus  long,  à  cinq  divi- 
sions oblongues,  obtuses,  échancrées;  point  fie  corolle;  cinq 
étamines  ;  un  ovaire  supérieur;  deux  styles;  une  capsule 
indéhiscente  ,  monosperme. 

Ce  genre  a  été  établi  par  M.  Rafinesque-Schmaltz,  dans 
le  Journal  de  botanique  de  Desvaux,  vol.  1  ,  pagt-  218,  pour 
une  seule  plante  de  l'Amérique,  qu'il  nomme  pliyllepidium 
scariosum ,  dont  la  tige  est  herbacée,  rameuse,  g.irnie  de 
feuilles  alternes,  écailleuses,  à  deuii  -  auipiexicaules ,  agu- 
minées  à  leur  sommet.  Les  fleurs  sont  disposées  en  un  épi 
terminal.  Cette  plante  a  été  découverte  dans  les  Etats-Unis 
d'Amérique,  au  milieu  des  bois,  à  quelque  distance  de  Bal- 
timore. (Poir.) 


96  PHY 

PHYLLERIUM.  (Bot.)  C'est  ainsî  que  Pries  a  cru  devoir 
nommer  un  genre  qu'il  a  créé  sur  une  partie  de  Yerineum 
de  Link,  qui  lui-même  diffère  à  peine  du  genre  Eiineum  de 
Persoon ,  auquel  se  réunissent  les  trois  genres  Taphria ,  llu- 
iigo  et  Phjllerium  de  Fiies.  Celui-ci  donne  le  nom  d'erineum 
au  ruhigo  de  Link,  modifié  par  lui,  opérant  ainsi  des  trans- 
positions de  noms  qui  ne  peuvent  qu'ajouter  encore  à  la 
confusion  qui  règne  déjà  dans  la  nomenclature  cryptogamique. 

Le  Phjllerium ,  caractérisé  par  ses  filamens  longs,  simples, 
flexueux  et  repliés,  sans  cloisons,  atténués  aux  extrémités, 
n'est  pour  M.  Kunze,  et  la  plupart  des  botanistes,  non  un 
genre  distinct ,  mais  une  division  du  grand  genre  Erineum,  de 
M. Persoon,  dont  M.  Kunze  a  donné  une  monographie  dans  la 
deuxième  partie  de  sa  Mycologie,  pag.  i53.  Dans  ce  travail, 
qui  présente  Verineum  divisé  en  trois  sections  [lapliria,  gru- 
maria  et  plijllerium  )  ,  la  section  pliyllerium  comprend  vingt- 
cinq  espèces,  remarquables  parleur  grandeur,  leur  superficie 
tomenteuse,  et  leurs  filamens  floconneux  très -longs;  parmi 
elles  se  trouvent  Verineum  vitis  et  purpureum,  qui  sont  décrits 
à  Particle  Erineum,  oii  nous  n'avons  pu  rendre  compte  du 
travail  de  Kunze,  qui  a  paru  beaucoup  plus  tard.  De  là  nous 
prenons  occasion  pour  signaler  la  monographie  de  Kunze, 
qui  porte  à  quarante-cinq  le  nombre  des  espèces  de  ce  genre; 
mais  il  faut  encore  y  joindre  quelques  espèces  décrites  de- 
puis, et  entre  autres  le  E.  puhinatum ,  Nées,  âi  Noy.  Act.  nat., 
car.,  g,  p.  240,  tab.  5,  fîg.  10,  qui  croit  aux  environs  de 
Sain t- Jacques,  prqis  des  bords  du  torrent  de  Birsa ,  au  Brésil. 
(Lem.) 

PHYLLIDE,  Phjllis.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  monopétalées,  de  la  famille  des  rubiacées  ^ 
de  la  pentandrie  monogynie  de  Linnaeus,  offrant  pour  carac- 
tère essentiel  :  Un  calice  fort  petit,  à  deux  divisions;  une 
corolle  à  cinq  divisions  très-profondes  ;  cinq  étamines  ;  un 
Style  très- court;  deux  stigmates;  un  ovaire  inférieur;  deux 
semences  oblongues  ,  conniventes. 

Phyllide  nobla  :  Phjllis  nohla,  Linn.,  Spec.  ■  Lamk. ,  III. 
gen.,  tab.  186;  Dill. ,  EUham.,  4o5,  tab.  agy,  fig.  586.  Ar- 
brisseau dont  la  tige  est  noueuse,  souple,  verdàtre,  haute 
de  deux  ou  trois  pieds,  rameuse  vers  son  sommet;  les  feuilles 


PHY  97 

sont  verticîllëes ,  ordinairement  trois  à  chaque  verticille , 
presque  sessiles,  lancéolées  ,  longues  d'environ  quatre  pouces, 
étroites,  entières,  rétrécies  à  leurs  deux  extrémités,  d'un 
beau  vert,  luisantes  en  dessus,  très- glabres ,  munis  à  leur 
base  de  stipules  dentées,  caduques.  Les  fleurs  sont  petites, 
de  couleur  herbacée,  d'un  brun  foncé  après  la  floraison, 
disposées  en  corymbes  opposées,  axillaires ,  formant  par  leur 
ensemble  une  panicule  lâche  ;  deux  petites  stipules  sont  à  la  base 
de  chaque  ramification;  la  corolle  est  petite,  à  cinq  décou- 
pures très-profondes,  fortement  réfléchies,  couvrant  l'ovaire 
en  totalité,  lequel  se  convertit  en  un  fruit  court,  obtus,  an- 
guleux, divisé,  comme  dans  les  ombelles  ,  en  deux  semences 
planes  en  dedans,  convexes  et  anguleuses  en  dehors.  Cette 
plante  croît  dans  les  îles  Canaries.  On  la  cultive  dans  plu- 
sieurs jardins  de  l'Europe.  Elle  conserve ,  pendant  toute 
l'année,  ses  feuilles,  dont  le  lustre  et  la  verdure  produisent, 
pendant  l'hiver,  un  effet  assez  agréable.  Ses  fleurs  parois- 
sent  au  printemps  ;  elle  exige  une  exposition  favorable , 
qui  la  mette  à  l'abri  des  froids  et  des  gelées.  (Poir.) 

PHYLLIDIE,  Phjllidia,  (Malacoz.)  M.  G.  Cuvier,  Annal, 
du  Mus.,  t.  5  ,  a  établi  sous  ce  nom  un  genre  de  Mollusques 
qui  constitue  presqu'à  lui  seul  son  ordre  des  inférobranches, 
adopté  par  M.  de  Blainville.  Il  peut  être  caractérisé  ainsi  : 
Corps  ovale,  oblong,  assez  bombé;  tête  cachée,  comme  le 
pied,  par  les  bords  du  manteau  ;  quatre  tentacules,  deux  su- 
périeurs rétractiles  dans  une  cavité  qui  est  à  leur  base ,  deux 
inférieurs  buccaux;  bouche  sans  dent  supérieure  ;  une  masse 
linguale  denticulée  ;  lames  branchiales  tout  autour  du  rebord 
du  manteau,  si  ce  n'est  en  avant;  anus  à  la  partie  posté- 
rieure et  médiane  du  dos;  orifice  des  organes  de  la  géné- 
ration dans  un  tubercule  commun  au  quart  antérieur  du 
côté  droit.  D'après  cette  caractéristique,  il  est  évident  que 
c'est  un  genre  assez  voisin  des  doris  et  des  péronies ,  dont  il 
ne  diffère  essentiellement  que  par  la  position  assez  singulière 
des  branchies.  Je  n'ai  jamais  eu  l'occasion  d'observer  moi- 
même  l'organisation  des  phyllidies;  mais,  d'après  ce  qu'en 
dit  M.  Cuvier  dans  le  Mémoire  cité,  elle  n'offre  rien  de 
bien  remarquable.  Le  corps  est  ovale,  bombé  en  dessus,  cou- 
vert d'un  manteau  plus  ou  moins  tuberculeux,  qui  déborde 
40,  7 


98  PHY 

de  toutes  parts  la  tête,  peu  ou  point  distincte,  et  le  pied 
qui  est  assez  étroit  ;  les  tentacules  supérieurs  ont  cela 
de  semblable,  à  ce  qui  existe  dans  les  doris  ,  qu'ils  peu- 
vent être  retirés  dans  une  cavité  située  à  leur  base  ;  les 
yeux  n'ont  pas  été  observés;  la  bouche  est  formée  par  un 
petit  orifice  arrondi,  et  pourvue  à  droite  et  à  gauche  d'un 
petit  tentacule  conique  ;  la  masse  buccale  est  ovale  ;  ses 
muscles  rétracteurs  vont  s'attacher  à  l'enveloppe  musculaire 
vers  le  tiers  antérieur  de  la  longueur  du  corps  :  il  n'y  a  pas 
de  dents;  mais  la  langue,  dont  la  forme  n'a  pas  été  obser- 
vée, est  garnie  de  denticules;  l'œsophage  est  fort  long  et 
très-grêle  ;  les  glandes  salivaires  sont  petites  et  tout  près  de  la 
bouche  ;  l'estomac  est  simple  et  membraneux;  le  foie  est  assez 
considérable  ;  le  canal  intestinal  est  court  et  se  porte  direc- 
tement à  l'anus  :  celui-ci  est  à  la  partie  supérieure  et  posté- 
rieure du  dos,  dans  la  ligne  médiane;  il  est  percé  dans  un 
tubercule  assez  gros;  l'appareil  branchial  est  formé  par  un 
cordon  de  petites  lames  triangulaires ,  fort  alongées  ,  adhé- 
rentes par  leur  côté  supérieur  à  la  partie  inférieure  du  bord 
saillant  du  manteau  ,  et  ne  cesse  qu'en  avant  pour  le  passage 
de  la  tête.  C'est  par  des  artères  situées  latéralement  que 
le  sang  est  porté  aux  branchies.  De  chaque  côté  naît  une 
grosse  veine  branchiale,  qui  aboutit  au  cœur.  Celui-ci  est 
placé  dans  son  péricarde  au  milieu  du  dos  :  il  est  alongé. 
L'oreillette  est  placée  en  arrière.  II  naît  du  ventricule  une 
seule  aorte ,  qui  se  porte  en  avant.  L'appareil  générateur  n*a 
pu  être  observé  complètement  ;  mais  cependant  l'a  été  assez 
pour  qu'on  pût  voir  qu'il  n'offre  rien  de  contraire  à  ce  qui 
existe  dans  les  genres  voisins.  Le  cerveau  a  paru  former  une 
petite  masse  globuleuse,  placée  comme  à  l'ordinaire,  four- 
nissant des  rameaux  aux  tentacules,  à  la  bouche  et  au  gan- 
glion sous-œsophagien,  d'où  partent  les  filets  des  viscères. 

Les  mœurs  des  phyllidies  ne  sont  pas  connues;  mais ,  sans 
doute  ,  diffèrent  fort  peu  de  celles  des  doris  et  des  tritonies. 
Les  espèces,  en  petit  nombre,  qui  constituent  ce  genre,  sont 
toutes  des  mers  de  l'Inde. 

M.  Cuvier  en  définit  trois  espèces. 

La  P.  A  TROIS  LIGNES  :  P.  trUineata ,  G.  Cuv. ,  loc.  cit.,  pi. 
18  ,  fig.  1  — 4  ;  P.varicosa,  de  Larak.j  Anim.  sans  vert.,  t.  6, 


PHY  99 

.1."  part.,  page  514,  n."  i.  Corps  ovale-oblong;  dos  de  cou- 
leur noire,  avec  trois  rangs  lungiiudiuaux  de  verrues  rappro- 
chées, de  couleur  jaunâtre,  commençant  en  arriére  des  ten- 
tacules supérieurs  et  finissant  à  l'anus.  Mers  de  Tlnde. 

La  P.  pustuleuse;  P.  puslulosa,  G.  Cuvier,  /oc.  cit,,  fig.  8. 
Corps  subovale;  dos  noir,  couvert  par  des  pustules  larges, 
inégales,  irrégulièrement  éparses,  de  couleur  d'un  jaune 
pâle.  Des  mers  de  l'Inde. 

La  P.  ocellée;  p.  ocellata ,  G.  Cuv. ,  loc.  cit.,  fig.  7.  Corps 
suboA'^ale  ;  dos  cendré,  parsemé  de  petits  tubercules  jau- 
nâtres entre  cinq  grosses  pustules  pédicellées,  jaunes,  avec 
un  cercle  noir  ,  ce  qui  les  rend  ocellées.  Les  petits  tuber- 
cules du  milieu  réunis  par  une  ligne  saillante  ,  longitudinale. 
Rapportée  de  la  mer  des  Indes  par  MM.  Pérou  et  Lesueur, 
comme  les  précédentes. 

La  P.  A  CINQ  lignes;  P.  quinquelineata,  de  Blainv.  ,  Cinq, 
raém.  sur  les  mollusq. ,  Bull,  par  la  Soc.  phil. ,  ann.  1816. 
Corps  ovale- alongé,  assez  déprimé,  arrondi  aux  deux  ex- 
trémités; cinq  séries  de  tubercules  comprimés,  une  médiane 
et  deux  latérales  ;  les  pustules  de  celle-ci  assez  rapprochées 
pour  former  une  sorte  de  crête  dentelée.  Couleur  blanche, 
sans  doute  par  l'action  de  la  liqueur  conservatrice. 

Je  n'ai  observé  qu'un  individu  de  cette  espèce  dans  la 
collection  du  Muséum  britannique. 

M.  Quoy  et  Gaimard  ont  rapporté  de  Timor  une  phyllidie , 
qu'ils  figurent  pi.  87,  n.°'  7  à  10  de  V Atlas  du  voyage  de  PV- 
ranie.  Ils  la  regardent  comme  étant  une  variété  de  la  P.  a 
TROIS  LIGNES,  daus laquelle  les  tubercules  de  la  ligne  du  milieu 
sont  les  seuls  qui  se  touchent  presque,  tandis  que  ceux  des 
deux  rangées  latérales  sont  bien  séparés. 

M.  G.  Cuvier,  Règne  anim. ,  tome  2  ,  page  SqS  ,  en  annonce 
plusieurs  espèces  nouvelles.  (De  B. ) 

PHYLLIDOCÉ,  Phjllidoce  (Chétop.),  du  Nouveau  Dic- 
tionnaire d'histoire  naturelle.  Voyez  Phyllodocé.  (Desm.) 

PHYLLIE,  Phjdlium.  (Entom.)  Genre  "d'insectes  orthoptères 
de  la  famille  des  anomides  ou  difformes,  voisin  des  mantes, 
établi  par  Illiger  et  caractérisé  par  les  pattes  antérieures 
qui  ne  forment  pas  le  crochet,  mais  dont  les  hanches  sont 
courtes,  les  cuisses  et  les  jambes  dilatées,  membraneuses; 


loo  PHY 

l'abdomen  et  les  él^  très  excessivement  élargis,  et  les  antennes 
de  forme  variable  suivant  les  sexes. 

Nous  avons  fait  figurer  une  espèce  de  ce  genre  dans  l'atlas 
joint  à  ce  Dictionnaire,  planche  20,  fig.  2.  Le  mot  de  phyl- 
lie  est  emprunté  du  grec  ÇvXXiov,  feuille ,  du  nom  de  l'espèce 
même  que  nous  avons  fait  représenter,  et  qu'on  appelle,  à 
cause  de  la  disposition  et  de  l'apparence  de  ses  élytres,  la 
feuille  ambulante. 

On  ne  connoît  pas  les  mœurs  de  ces  insectes  :  il  est  pro- 
bable, qu'ils  sont  carnassiers  comme  les  mantes.  Les  deux 
espèces  qu'on  rapporte  à  ce  genre,  n'ont  été  observées  qu'aux 
Indes  orientales.  Les  voyageurs  qui  reviennent  des  Séchelles, 
en  rapportent,  parce  que  les  naturels  les  recueillent  pour 
les  vendre  aux  amateurs  étrangers.  (C.  D.) 

PHYLLINE,  PltYlline.  (  Entomoz.  )  Genre  établi  par  M. 
Oken  (Man.  de  zool. ,  1.™  part.,  page  070)  pour  un  petit 
nombre  de  sangsues  ,  dont  le  corps  est  aplati ,  court,  ovale, 
et  dont  le  disque  postérieur,  très-grand,  est  pourvu  de  cro- 
chets. Les  espèces  qu'il  y  rapporte  sont  VHirudo  hippogtossi , 
VH.  grossa  de  Muller,  ainsi  que  les  H.  diodontis  et  slurionis , 
que  je  ne  connois  pas.  Ce  genre  a  été  nommé  Entobdelle  par 
moi.  Voyez  Sangsue  et  Vers.  (De  B.) 

PHYLLIREA.  {Bot.)  Voyez  Fxlaria.  (Lem.) 

PHYLLIREASTRUM.  {Bot.)  Vaillant,  dans  les  Mémoires 
de  l'Académie  des  sciences,  avoit  fait  sous  ce  nom  un  genre, 
auquel  Linnaeus  a  substitué  celui  de  mjginda,  qui  a  été  adopté. 
(J.) 

PHYLLIROE,  Pliylliroë.  {Malacoz.)  MM.  Péron  et  Lesueur, 
dans  leur  Mémoire  sur  l'ordre  des  ptéropodes  (Ann.  du 
Mus.,  tome  i5,  page  65)  ont  établi  sous  ce  nom  un  genre 
avec  un  animal  mollusque  qu'ils  ont  recueilli  dans  la  mer 
de  Nice.  Voici  les  caractères  que  j'ai  assigné  à  ce  genre, 
d'après  un  examen  attentif  du  seul  individu  connu  jusqu'ici. 
Corps  libre,  nu,  très-comprimé  ou  beaucoup  plus  haut  qu'é- 
pais, terminé  en  arrière  par  une  sorte  de  nageoire  verticale; 
céphalothorax  fort  petit  et  pourvu  d'une  paire  d'appendices 
natatoires,  triangulaires,  comprimés  et  simulant  des  espèces 
de  longs  tentacules  ou  de  branchies;  bouche  subterminale  en 
forme  de  fer  à  cheval .  avec  une  trompe  courte  et  rétrac- 


PHY  'ox 

file;  anus  au  côté  droit  du  corps;  orifice  des  organes  de  la 
génération  unique,  du  même  côté  et  plus  antérieur  que  l'anus; 
organes  de  la  respiration  inconnus.  Pour  bien  entendre  cette 
caractéristique  et  concevoir  pourquoi  elle  diffère  assez  de 
celle  de  Pérou,  ainsi  que  de  celle  de  M.  de  Lamarck,  nous 
allons  donner  une  description  un  peu  complète  du  phylliroè". 
Son  corps  peut  être  divisé  en  deux  parties,  comme  celui  de 
l'hyale,  et  même  des  bulles  et  buUées,  une  abdominale  beau- 
coup plus  grande  et  une  antérieure  ,  qui  représente  à  la  fois 
la  tête  et  le  thorax  ;  ce  qui  m'a  fait  la  désigner  sous  le  nom 
de  céphalothorax.  La  partie  abdominale,  à  peu  près  quadri- 
latère ,  est  remarquable  par  sa  grande  compression  ,  en 
sorte  que  le  dos  est  mince  et  presque  tranchant,  que  le 
ventre  et  que  les  côtés  sont  très-élevés;  il  n'y  a  aucune  trace 
de  pied  ou  de  disque  musculaire,  pas  plus  que  de  nageoire 
inférieure,  comme  dans  la  carinaire  ;  mais  le  corps  se  termine 
par  une  sorte  de  nageoire  verticale,  un  peu  élargie  en  arrière 
et  rétrécie  en  avant;  ce  qui  la  fait  assez  bien  ressembler  à  la 
pinnule  caudale  des  poissons.  Les  parois  de  cet  abdomen  sont 
si  minces  et  si  gélatineuses,  qu'on  peut  aisément  apercevoir 
à  travers  tous  les  viscères  de  la  digestion  et  de  la  génération, 
presque  comme  s'ils  étoient  hors  de  la  cavité.  On  y  voit  ce- 
pendant quelques  faisceaux  de  fibres  longitudinales,  qui  se 
portent  essentiellement  sur  les  côtés  de  la  queue.  Le  céphalo- 
thorax, bien  plus  petit  que  Pabdomen  et  plus  épais  que 
lui,  forme  comme  une  sorte  de  tête  carrée.  De  chaque  côté 
s'attache  un  appendice  triangulaire-,  aplati ,  plus  épais  en  avant 
qu'en  arrière  ,  et  que  l'action  de  la  liqueur  conservatrice  a  l'ait 
contracter  de  manière  à  ressembler  un  peu  à  des  espèces  de 
cornes.  Pérou  y  a  vu  des  tentacules:  il  y  aura  même  vu  en- 
core des  espèces  de  nageoires  branchiales,  comme  dans  les 
hyales;  car  on  peut  y  apercevoir  aussi  des  stries  ou  plis  per- 
pendiculaires à  1^  longueur:  mais  réellement  ce  sont  des  ap- 
pendices natatoires  sans  branchies,  absolument  comme  dans 
les  hyales  et  les  clios.  La  masse  buccale  fait  une  saillie  assez 
distincte  par  un  petit  étranglement  à  l'extrémité  tout-à-fait 
antérieure  du  corps.  Je  n'y  ai  pas  aperçu  de  tentacules  pro-^ 
prement  dits.  Pour  terminer  l'examen  de  ce  qui  existe  à 
l'extérieur  du  corps  du  phylliroë,  il  ne  reste  plus  qu'à  notep 


PHY 

la  terminaison  du  canal  intestinal,  ainsi  que  celle  de  l'appareil 
générateur  à  droite  dans  un  tubercule  commun,  comme  cela 
a  été  exposé  dans  la  caractéristique.  L'anafomie  de  ce  singulier 
mollusque  peut  être  presque  faite  à  travers  sa  peau.  On  voit 
que  la  bouche,  en  forme  de  fer  à  cheval,  conduit  dans  une 
masse  buccale  évidente,  quoique  petite  et  pouvant  probable- 
ment sortir  et  rentrer  un  peu  à  la  manière  d'une  trompe.  Il  en 
part  un  œsophage  bien  distinct,  assez  long,  étroit,  droit,  qui 
bientôt  se  renfle  en  un  estomac  ovale,  simple,  complètement 
dans  sa  direction.  Un  peu  en  arrière  du  pylore  ou  du  com- 
mencement de  l'intestin,  on  voit  très-aisément  la  réunion  des 
canaux  hépatiques  qui  proviennent  du  foie ,  divisé  en  quatre 
lobes  alongés  et  divergens  ,  deux  en  dessus  ,  un  en  avant  et 
un  en  arrière,  et  deux  en  dessous,  un  en  arrière  et  un  en 
avant.  Ce  sont  ces  lobes  que  Pérou ,  et  par  suite  M.  de  La- 
marck,  ont  regardés  comme  des  branchies  internes.  Le  ca- 
nal intestinal  proprement  dit  est  court  et  se  recourbe  pres- 
que auprès  de  son  origine  pour  aller  à  l'anus.  Je  n'ai  pu  voir 
d'une  manière  distincte,  ni  le  cœur,  ni  des  branchies  pro- 
prement dites,  à  moins  que  de  croire  que  les  appendices 
antérieurs  en  tiennent  lieu  :  ce  que  je  ne  pense  pas.  MM.  Péron 
et  Lesueur  figurent  le  cœur  d'une  manière  évidente  vers  le 
milieu  du  corps,  donnant  un  gros  vaisseau  en  arrière;  ce 
qui  peut  être.  Quant  à  sa  connexion  avec  un  des  lobes  du 
foie,  il  est  certain  que  ce  n'est  qu'une  apparence.  L'appa- 
reil de  la  génération  est  au  contraire  très-visible  et  disposé 
comme  dans  tous  les  maîacozoaires  subcéphalés  monoïques, 
ou  portant  les  deux  sexes  sur  le  même  individu.  La  partie 
femelle  se  compose  d'un  ovaire  ou  masse  arrondie  ,  située  en 
arrière;  d'un  oviducte,  d'abord  plus  étroit,  puis  plus  renflé 
et  droit,  qui  se  continue  jusqu'au  tubercule  extérieur.  Le 
testicule  est  au  contraire  assez  éloigné  et  antérieur  ;  mais 
je  n'ai  pu  suivre  sa  communication  avec  la  partie  femelle, 
ni  connoîlre  la  forme  de  l'organe  excitateur,  qui  paroit  ce- 
pendant être  assez  considérable.  Je  ne  serois  pas  éloigné  de 
penser  que  son  orifice  seroit  très-distant  de  celui  de  l'ovi- 
ducte  et  au  céphalothorax,  comme  dans  l'hyale.  On  voit  à 
peu  près  tout  cela  dans  la  figure  donnée  par  Péron,  mais 
dans  des  connexions  évidemment   erronnées,    ce  qui  lui  a 


PHY  icrS 

fait  supposer  des  branchies  internes.  Elle  est  du  reste  tort 
bonne. 

On  ne  connoît,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  qu'une 
espèce  dans  ce  genre.  Les  zoologistes  cités  la  nomment  le 
Ph.  BOCBPHAtE  ,  P.  bucephalum.  C'est  un  animal  d'un  pouce  et 
demi  à  deux  pouces  de  long  sur  un  pouce  de  large;  de 
couleur  jaunâtre.  Il  a  été  recueilli  dans  la  Méditerranée  sur 
les  côtes  de  Nice.  (De  B.  ) 

PHYLLIS.  (Bot.)  Les  Grecs  donnoient  ce  nom  à  plusieurs 
plantes.  D'abord  à  un  arbre  qu'on  croit  être  l'amandier, 
auquel,  dit-on,  PhjlUs ,  fille  de  l^ycurgue ,  roi  de  Thrace  , 
se  pendit  ;  2.°  à  une  fougère ,  qu'on  croit  être  le  pferis  aquilina, 
grande  espèce  qui  croit  dans  nos  bois,  et  qui  se  fait  remar- 
quer par  l'étendue  de  son  feuillage;  3.°  au  phyllitis,  décrit 
ci -après;  enfin  4.°  à  la  mercuriale.  Les  botanistes  du  i5.* 
siècle  l'ont  donné  à  une  espèce  de  potamogeton,  et  aux  va- 
riétés de  la  Scolopendre.  Voyez  Phyilitis.  (  Lem.  ) 

PHYLLITIS.  (Bol.)  Mœnch  forme  sous  ce  nom  un  genre 
dans  la  famille  des  fougères,  pour  y  placer  les  asplenium 
adiantum  nigrum  ,  trichowanes  ,  lànn.;  germanicum  ,  V^  eiss , 
et  ruta-muraria ,  Linn. ,  que  Roth  avoit  réunis  à  son  genre 
Scolopendrium.  Dans  \c  phjllitis  la  {ructihcation  ,  située  comme 
dans  ï asplenium  ,  à  la  surface  inférieure  de  la  fronde,  y 
forme  plusieurs  lignes,  qui,  par  la  maturité,  finissent  par 
couvrir  entièrement  cette  surface.  Ce  caractère  ne  s'observe 
pas  dans  V asplenium ,  Mœnch  ,  lequel  ne  comprend  que  Vasple- 
nium  scolopendrium  ,  vrai  phjllitis  des  anciens,  d'où  l'on  voit 
qu'il  n'est  pas  d'accord  avec  la  plupart  des  botanistes,  qui  font 
au  contraire  un  genre  distinct  de  ï  asplenium  scolopendrium; 
le  phyilitis ,  Mœnch,  est  donc  Y  asplenium  des  modernes. 

Necker  a  cru  devoir  aussi  former  avant  Mœnch  un  genre 
Phyilitis,  fondé  aux  dépens  des  acrosticlium.  Il  n'a  pas  été 
adopté,  de  même  qu'un  autre  genre  du  même  auteur,  Phjllitri- 
clium,  fondé  sur  des  espèces  de  mousses  du  genre  Brjum  ,  tel 
que  Linnaeus  l'avoit  établi,  et  dont  les  feuilles  imitent  par 
leur  disposition  la  forme  de  la  fronde  de  certaines  fougères. 

Chez  les  anciens  Grecs  le  phjllUis  étoit  une  plante  sans 
tige  ni  fleurs ,  et  uniquement  formée  de  feuilles  semlila- 
bles  à  celles  de  l'oseille,  mais  plus  grandes,  plus  oblongues. 


104  PHY 

plus  vertes,  au  nombre  de  six  à  sept,  droites,  lisses  à  la  sur- 
face supérieure  et  présentant  en  dessous  de  petits  corps 
minces ,  semblables  à  des  vermisseaux  qui  y  seroient  atta- 
chés. Elle  croissoit  à  l'ombre  dans  les  jardins  et  les  vergers. 
On  en  faisoit  usage  en  décoction  dans  la  dyssenterie,  contre 
les  morsures  desserpens,  etc.  On  peut  reconnoître  très-bien 
par  ces  lignes  extraites  de  Dioscoride,  notre  scolopendre, 
asplenium  scolopendrium  ,  Linn.,  ou  scolopendrium  qfficinarum  , 
"Willd.,  ou  scolopendrium  pliyllitis  ,  Roth.  Il  ne  s'est  élevé  au- 
cun doute  sérieux  sur  ce  rapprochement  depuis  Gaza  ,  qui 
convertit  le  nom  dephjllitis  en  lingua  cervina.  Depuis  lors  cette 
fougère  a  été  décrite  par  tous  les  botanistes  anciens  ,  jusqu'à 
Linnaeus,  sous  les  noms  dephj/Uilis,  lingua  cervina  et  scolopen- 
drium. Cependant  le  nom  dephylUtisne  lui  est  pas  resté  exclu- 
sivement. Indépendamment  du phyllitis  laciniata  jDod, ,  qui  est 
une  variété  de  la  scolopendre  à  feuilles  laciniées  au  bout ,  on 
trouve  encore  le  phyllitis  lacustris  ^  Cord.,  qui  est  le  polygo- 
num  amphibium.  Insensiblement  l'on  a  désigné  quelque  autre 
plante  par  ce  nom,  et  particulièrement  des  fougères.  Petiver 
n'a  pas  indiqué  autrement  ces  plantes  dans  son  Pterigraphia 
americana,  où  il  a  fait  connoître  des  espèces  des  genres  Da- 
nœa,  Acrostichum,  Tœnitis  ,  Poljpodium  ,  Aspidium  ,  Asplenium  , 
Pteris  et  Vittaria.  Morison ,  Rai,  Sloane,  Plumier,  en  ont  fait 
également  usage.  (Lem.) 

PHYLLITRICHUM  {Bot.),  de  Necker,  genre  qui  comprend 
des  mousses  du  genre  Bryum  ,  Linn.  11  n'a  pas  été  adopté. 
Voyez  Phylutis.  (  Lem.  ) 

PHYLLOCARPOS.  {Bot.)  On  trouve  sous  ce  nom,  dans 
l'Encyclopédie  méthodique  ,  le  genre  Cenomyce  d'Acharius. 
Cet  auteur  avoit  nommé  phjllocarpa ,  dans  sa  Lichénographie 
universelle ,  la  première  section  du  genre  Cenoniyce ,  qui 
comprenoit  des  lichens  à  expansion  foliacée,  lobée,  imbri- 
quée, et  à  apothéciums  presque  sessiles  ;  tels  que  les  C.  rubi- 
formis ,  strepsiiis  et  epiphjlla,  qu'il  avoit  placés  antérieurement 
dans  le  genre  Bcemyces.  Depuis,  Acharius  a  supprimé  cette 
divison  ,  et  même  il  a  porté  le  C.  rubiformis  dans  son  genre 
Lecidea.  (Lem.) 

PHYLLOCARPUS.    (Bot.)    Voyez   Phyuccarfos.    (Lem.) 

PKYLLOCHARIS.  {Bot.)  Genre  de  la  famille  des  lichens, 


PHY  ïo5 

établi  récemment  par  M.  Fée,  ainsi  que  les  genres  Nematnra, 
Bacoplaca,  Craspedon ,  Melanophthalmum  et  Aulaxina.  Tous 
ces  genres  forment  la  seconde  section  ,  celle  des  squammariées 
épiphjlles ,  de  la  huitième  tribu,  les  squammariées  du  troi- 
sième ordre  ,  les  vrais  lichens  ,  dans  la  distribution  des  genres 
de  cette  famille  ,  d'après  Fauteur  que  nous  venons  de  citer. 
Voici  les  caractères  qu'il  assigne  aux  genres  nommés  plus 
haut  et  les  espèces  qu'il  y  rapporte ,  d'après  son  très-utile  et 
fort  intéressant  Essai  sur  les  cryptogames  des  écorces  exotiques 
officinales^ ,  ouvrage  accompagné  de  figures  d'une  exactitude 
rare,  et  dont  le  texte  ne  laisse  rien  à  désirer  aux  bota- 
nistes par  son  exactitude,  sa  clarté  et  les  remarques  neuves 
dont  il  est  rempli.  Nous  avons  le  regret  de  n'avoir  pu  en 
faire  mention  à  l'article  Lichen,  sa  publication  plus  tardive 
nous  en  a  seule  empêché. 

Nematora.  Thallus  byssoïde  ,  à  expansions  divergentes, 
noduleuses,  avec  les  extrémités  renflées  et  obtuses.  Apothé- 
ciums  en  forme  de  tubercules,  situés  à  l'extrémité  des  ra- 
meaux, en  partie  enfoncés  ,  très-noirs,  homogènes  à  Finté- 
rieur. 

Le  Nematora  argentea,  Fée,  Ess.  int. ,  p.  gg ,  pi.  2  ,  fig.  4- 
Il  forme  sur  les  feuilles  de  divers  arbres  de  Saint-Domingue 
de  petites  rosettes  minces  de  deux  à  quatre  lignes,  d'un  blanc 
argentin  ;  vus  à  une  forte  loupe  ,  les  rameaux  sont  entre- 
lacés et  anastomosés  de  manière  à  représenter  un  réseau 
irrégulier,  à  ramifications  filiformes  très-élégantes,  ce  qu'ex- 
prime nematora,  tiré  du  grec 

Le  Nematora  viridissima,  Fée,  loc.  cit.,  fig.  8,  forme  sur 
les  feuilles  des  arbres  du  royaume  d'Oware  de  très -petites 
étoiles  d'un  beau  vert,  d'une  ligne  environ,  éparses,  rare- 
ment confluentes  ;  chaque  étoile  offre  des  rayons  ou  rameaux 
simples,  élargis  arrondis,  lobés,  renflés  ;  les  apothéciums  sonl 
infiniment  petits,  enfoncés,  épars  près  des  bords  des  expan- 
sions. 

Racoplaca.  Thallus  membraneux,  réticulaire,   très -lisse. 


1  Cet  ouvrage  ,  entièrement  terminé,  forme  un  volume  petit  in-folio} 
orné  de  36  planches;  il  se  trouve  chez  Firmin  Didot  père  et  fils,  rue 
Jacob,  n.°  24,  à  Paris. 


io6  PHY 

découpé  en  lanières  fort  étroites  et  anastomosées;  apothé- 
ciiims  épars,  noirs,  luisans  ,  homogènes. 

Le  Raccplaca  subtilissima,  Fée ,  loc.  cit. ,  tab.  2  ,  fig.  5  ,  forme 
sur  les  feuilles  du  cacaoyer  et  des  ananas  de  petites  taches 
de  quatre  à  six  lignes  de  large,  olivâtres,  membraneuses, 
minces,  oblongues  et  arrondies;  les  apothéciums  sont  situés 
sur  l'expansion  ;  celle  -  ci  semble  une  croule  déchirée  en 
lambeaux  :  c'est  ce  qu'exprime  en  grec  son  nom  générique 
de  racoplaca. 

Phyllocharis.  Thallus  crustacé  ,  uniforme,  orbiculaire,  à 
ramifications  épaisses,  arrondies,  divergentes,  soudées  entre 
elles;  apothéciums  tuberculeux,  épars,  noirs,  perforés,  à 
bords  obtus,  et  intérieur  homogène.  Les  trois  espèces  qui 
composent  ce  genre  sont  re-uarquables  parleur  élégance; 
c'est  pourquoi  on  a  nommé  celui-ci  p/y//ocharis,  qui  signifie 
feuilles  élégantes. 

Le  Phyllocharis  complanata,  Fée,  loc.  cit.,  fig.  5,  est  crus- 
tacé, orbiculaire,  de  deux  lignes  de  diamètre,  plan,  d'un 
jaune  vert,  avec  le  centre  plus  foncé  et  se  détruisant  le 
premier;  les  apothéciums  sont  situés  vers  le  centre.  Cette 
espèce  croît  à  Saint-Domingue  sur  les  feuilles  du  diypis 
glauca. 

Le  Phyllocliaris  elegans ,  Fée,  loc.  cit.,  fig.  7,  est  d'un 
blanc  vert,  crustacé,  orbiculaire,  à  contour  irrégulier  et 
lobé;  les  apothéciums  sont  très-petits.  Cette  espèce  forme  des 
taches  d'une  ligne,  rarement  deux,  sur  les  feuilles  des  arbres 
à  l'Isle-de-France,  oix  elle  a  été  découverte  par  M.  du  Petit- 
Thouars. 

Cp.aspeuox.  Thallus  épais,  élevé,  dans  le  centre  arrondi, 
sublobé,  frangé  sur  les  bords,  offrant  sur  toute  sa  surface 
des  enfoncemens  puncfiformes,  épars;  apothéciums  tubercu- 
leux, épars,  d'un  noir  foncé,  luisant,  homogène  à  l'intérieur. 

Le  Craspedon  concretum,  Fée,  loc.  cit.,  pag.  100,  pi.  2, 
fig.  1  ,  est  d'un  blanc  verdàtre  avec  les  apothéciums  noirs  ; 
il  forme  sur  les  feuilles  de  divers  poivriers  des  Antilles  de 
petites  crustules  de  trois  lignes  de  diamètre,  qui,  vues  à  la 
loupe,  imitent  des  franges,  d'où  le  nom  grec  de  craspedon, 
donné  à  ce  genre.  Cette  espèce  a  été  découverte  par  M. 
Foiteau. 


PHY  i"7 

M.  Fée  fait  observer  que,  soit  qu'elle  délnnse  en  végétant 
le  parenchyme  de  la  feuille,  soit  que  cet  hahitus  lui  soit 
particulier,  on  la  trouve  assez  constamment  pUicée  autour 
des  trous  qui  existent  accidentellement  sur  les  feuilles;  elle 
est  rarement  orbiculaire,  et  lorsque  cela  a  lieu,  le  centre 
du  lichen  est  détruit. 

Melanophthalmum.  Thallus  orbiculaire,  crustacé,  un  peu 
lobé;  apothéciums  tuberculeux,  noirs,  rassemblés  dans  le 
centre  au  nombre  de  quatre  à  six  et  distinct. 

Le  Melanophthalmum  Antillarum  ,  Fée  ,  toc.  c'iL,  fig.  2  ,  forme 
sur  les  feuilles  des  divers  arbres  des  Antilles  de  petites 
crustules  d'une  ligne  de  diamètre  ,  épars  ou  rarement  con- 
tigues,  d'un  vert  jaunâtre  et  dont  le  centre  porte  des  apo- 
théciums noirs,  de  telle  sorte  que  ce  lichen  imite  un  œil, 
d'où  son  nom  générique  grec.  Cette  espèce,  dans  sa  vieil- 
lesse, ne  ressemble  plus  qu'à  une  croûte  rugueuse  de  cou- 
leur noire. 

AuLAxiNA.  Thallus  orbiculaire,  membraneux,  marqué  de 
stries  ou  sillons  concentriques  ;  apothéciums  tuberculeux  , 
triangulaires,  avec  un  enfoncement  dans  le  milieu  ,  ayant  les 
angles  aigus. 

VAulaxiiia  opegraphina,  Fée.  loc.  cit..  fig.  6,  est  membra- 
neuse ,  ori)iculaire ,  striée,  d'un  vert  jaunâtre,  ayant  au 
centre  un,  rarement  deux  à  trois  apothéciums  triangulaires, 
d'un  noir  foncé  sur  le  bord  ,  grisâtre  dans  le  milieu  avec  le 
centre  noir.  Cette  espèce  croit  sur  les  feuilles  de  divers 
arbres  à  Cayenne  et  dans  les  Antilles;  elle  forme  des  cruS; 
tules  d'une  ligne  au  plus  de  diamètre  et  éparses.  Ce  gt^nre 
doit  son  nom,  tiré  du  grec,  aux  stries  qui  entourent  les 
apothéciums.  Ces  apothéciums  rappellent  les  lirelles  des  ope- 
grapha. 

Tous  les  lichens  que  nous  venons  de  décrire,  vivent  sur 
les  feuilles  et  ont  cependant  le  port  des  lichens,  qui,  chez 
nous,  ne  se  rencojitrent  que  sur  les  pierres  ou  sur  les  écorces 
des  arbres.  (  Lem.) 

PHYLLOCHNOIS.  (Bot.)  Nom  que  Reneaulme  donnoit  à 
une  bugle,  ajuga  pyramidalis.  (J.) 

PHYLLODE,  Phyllode.  (Conchjl.)  M.  Schumacher  a  établi 
sous  ce  nom,  dans  son  Nouveau  S}'Stème  de  conchyliologie, 


^o8  PHY 

un  genre  avec  le  tellina  foliacea  ,  vulgairement  la  langue  d'or, 
probablement  à  cause  de  la  grande  compression,  et  surtout 
parce  que  les  dents  latérales  de  la  charnière  sont  extrême- 
ment rapprochées  des  cardinales.  Voyez  Tei.line.    (  De  B.  ) 

PHYLLODES.  {Bot.)  Ce  genre  de  Loureiro  est  maintenant 
le  phijnium  de  Willdenow,  dans  la  famille  des  amomées.  (J.) 

PHYLLODIIJM.  {Bot.)  Genre  établi  par  M.  Desvaux  ,  Journ. 
bot.,  3  ,  page  i25,  pour  quelques  espèces  de  Sainfoin.  Voyez 
ce  mot.  (PoiR.  ) 

PHYLLODOCÉ,  Phyllodoce.  (Chefop.)  Subdivision  généri- 
que, établie  par  M.  Savigny  et  adoptée  par  M.  de  Lamarck 
pour  une  espèce  de  néréide  proboscidée  sans  dents,  avec  deux 
paires  de  tentacules  céphaliques  supérieurs  et  quatre  paires 
de  latéraux;  les  branchies  nulles:  deux  paires  d'yeux;  les  ap- 
pendices mucronés,  avec  les  cirrhes  tentaculaires  supérieurs, 
foliacés,  et  le  corps  très-long.  Le  type  de  ce  genre  est  la  JV. 
lamelligera,  Linn.,  Gmel.  Voyez  NÉRÉmE ,  tome  XXXIV,  p. 
444,  où  cette  espèce  est  décrite.  (De  B.  ) 

PHYLLODOCÉ,  Phjllodoce.  {Chdtop.)  M.  Ranzani  (Mém. 
d  hist.  nat. ,  Decad.,  i  ,  page  i)  établit  sous  cette  dénomina- 
tion un  autre  genre  de  la  même  classe  avec  un  animal  jus- 
qu'alors inconnu.  Les  caractères  qu'on  peut' lui  assigner  sont 
lessuivans:  Trompe  considérable,  exseriile,  pourvue  de  mâ- 
choires cornées,  se  mouvant  verticalement  l'une  sur  l'autre, 
et  de  deux  tentacules  médians ,  l'un  en  dessus,  l'autre  en 
dessous;  corps  large,  déprimé;  deux  yeux  pédoncules  sur  le 
premier  anneau  ;  trois  paires  de  cirrhes  tentaculaires,  dont 
deux  de  chaque  côté  courtes,  et  une  interne  beaucoup  plus 
longue:  anneaux  du  corps  assez  peu  nombrevix,  pourvus 
chacun  d'une  paire  d'appendices  biramés  ;  la  rame  supé- 
rieure formée  d'un  cirrhe  tcntaculaire  inférieur,  d'un  double 
pinceau  de  soies  et  d'un  cirrhe  tcntaculaire  supérieur,  pres- 
que toujours  lamelleux  et  probablement  branchial  ;  la  rame 
inférieure  beaucoup  plus  petite  et  à  peu  près  composée  de 
même  ;  le  cirrhe  tcntaculaire  court  et  conique.  L'anim;il  qui 
sert  de  type  à  ce  genre  et  que  M.  Ranzani  nomme  la  P. 
MAxiLLÉE ,  P.  maxiUosa,  loc.  cit.,  pi.  i  ,  fig.  2  —  9,  ressemble 
assez  bien  à  une  aphrodite.  Son  corps  ovale,  déprimé,  a 
trois  pouces  et  quelques  lignes  de  long  sur  un  pouce  de  large 


PIIY  iog 

dans  la  partie  la  plus  renflée.  La  partie  à  laquelle  M.  Ran- 
zani  a  donné  le  nom  de  tête  et  qui  paroît  être  une  sorte  de 
trompe  ,  susceptible  de  rentrer  et  de  sortir,  est  ovale  ,  un  peu 
comprimée,  d'un  pouce  deux  ou  trois  lignes  de  longueur  , 
sa  surface  est  lisse;  à  son  extrémité  elle  présente  une  bouche 
très-fendue  ,  oblique ,  avec  des  espèces  de  lèvres  tubercu- 
leuses dans  toute  leur  longueur  et  un  cii'rhe  tentaculaire 
médian,  en  haut  comme  en  bas;  mais,  ce  qu'elle  offre 
de  plus  remarquable ,  c'est  que  de  chaque  côté  et  à  chaque 
mâchoire  un  grand  nombre  de  soies  dures  et  cornées,  de 
longueur  de  plus  en  plus  grafide ,  depuis  la  postérieure  jus- 
qu'à l'antérieure,  se  réunissent  à  la  base,  se  serrent  assez 
complètement  pour  constituer  de  véritables  mâchoires  , 
coznme  denticulées  sur  leur  bord  et  terminées  par  un  long 
crochet,  agissant  les  deux  de  la  lèvre  inférieure  sur  les  deux 
de  la  lèvre  supérieure.  Comme  il  y  a  un  intervalle  nu  entre 
le  bord  denticulé  et  le  crochet  terminal,  il  semble  qu'il  y 
ait  des  dents  molaires  et  des  dents  canines.  Dans  l'intérieur 
de  la  bouche  il  y  a  un  palais  à  superficie  inégale.  Le  pre- 
mier anneau  du  corps  est  le  plus  petit  et  s'avance  au-dessus 
de  la  base  de  la  trompe.  Dans  son  milieu  et  à  son  bord  an- 
térieur sont  des  yeux  comme  pédicules  ou  cylindriques, 
longs  d'une  ligne  environ ,  et  portés  sur  une  base  commune. 
De  chaque  côté  est  une  paire  d'appendices  tentaculaires 
courts,  soutenus  chacun  par  une  petite  proéminence.  Au- 
dessous  de  ces  yeux  et  de  leur  base,  un  peu  en  dehors, 
sortent  deux  autres  tentacules  filamenteux  assez  longs.  Le 
reste  du  corps  est  composé  de  quarante-six  anneaux,  séparés 
par  dessillons  transverses  peu  profonds;  la  face  ventrale  pré- 
sente, dans  son  milieu,  une  série  de  tubercules,  décroissant 
de  grosseur  du  premier  au  dernier.  Les  appendices ,  en  gé- 
néral fort  petits,  sont  composés  chacun  de  deux  rames, 
une  ventrale  et  l'autre  dorsale,  séparées  par  un  assez  grand 
intervalle.  La  rame  ventrale,  en  forme  d'un  mamelon  com- 
primé, porte  à  son  extrémité  deux  faisceaux  de  soies  iné- 
gaux et  deux  cirrhes  tentaculaires  ,  l'un  en  dessus,  l'autre  en 
dessous;  la  rame  dorsale  est  formée  à  peu  près  de  même,  si 
ce  n'est  que  deux  faisceaux  de  soies  ont  leur  pédoncule  ma- 
melonné bien  plus  distant .  ef  que  le  cirrhe  tentaculaire  supé- 


PHY 

rieur  est  élargi  en  une  sorte  de  lame  branchiale.  Les  diffé- 
rences des  appendices  sur  chaque  anneau  paroissent  assez 
peu  considérables.  Ceux  de  l'extrémité  postérieure  sont  in- 
connus: car  il  me  paroît  fort  probable  que  l'individu  ob- 
servé par  le  zoologiste  bolooois,  n'étoit  pas  tout-à-fait  com- 
plet; mais  qu'il  lui  uianquoit  un  certain  nombre  d'anneaux 
postérieurs.  On  ignore  du  reste  la  patrie  de  cet  animal.  Ce- 
pendant il  est  assez  vraisemblable  qu'il  provient  des  mers 
d'Italie.  II  est  conservé  dans  la  Collection  de  l'académie  de 
BolognA   (De  B.) 

FHYLLODOCE.  (Bot.)  Sous  ce  nom  M.  Salisbury  a  séparé 
des  bruyères  Verica  carulea,  dont  la  capsule  s'ouvre,  selon 
lui ,  comme  dans  les  rhodoracées.  Dans  cette  supposition  ce 
genre  devroit  être  reporté  au  menziezia ,  avec  Verica  daboecii. 
Voyez  Menziezia.  (J.  ) 

PHYLLODORA.  {Bot.)  Genre  établi  par  Salisbury,  tab. 
36  ,  pour  Vandromeda  cœrulea ,  Linn. ,  qui  est  ïerica  taxifolia, 
Willd.  (PoiR.) 

PHYLLOMA.  (Bot.)  Genre  de  la  famille  des  algues  ,  établi 
par  Link,  dans  les  Horœ  physicœ  berolinenses  ,  pour  placer 
une  grande  partie  des  espèces  du  genre  IJlya ,  Linn.  Il  le 
caractérise  ainsi  :  Thallus  membraneux,  large,  entier;  fruc- 
tilication  externe  nulle  ;  une  matière  verte  distribuée  dans 
des  aréoles  très -petites.  Link  ayant  supprimé  le  nom  d'ul^'a 
comme  générique,  on  peut  considérer  qu'il  a  conservé  néan- 
moins le  genre,  en  le  modifiant  un  peu  et  en  changeant  seu- 
lement le  nom.  (Lkm.) 

PHYLLON,  PHYLLUM.  {Bot,)  Nom  grec  de  la  mercu- 
riale, adopté  par  la  plupart  des  auteurs  anciens.  On  le  trouve 
encore  cité  par  Daléchamps  pour  le  draba  alpina,  et  par  Cé- 
salpin  pour  un  cotylédon.  (J.) 

PHYLLONA  {Bot.),  de  A^iggers  {Prim.  Flor.  Hob.),  cité 
par  Agardh ,  est  le  même  genre  que  le  Phylloma  de  Link. 
"Wiggers  y  rapporte  les  ufva  latissima  et  linza.  (Lem.) 

PFIYLLONOMA.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  polypétalées,  de  la  famille  des  rhamnées, 
Juss. ,  célastrinées ,  Kunth  ,  de  la  pentandrie  digjnie  de  Lin- 
naeus ,  offrant  pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  persistant, 
adhérent  à  l'ovaire ,   à  cinq  dents  ;  cinq  pétales  insérés  sur 


PHY  11» 

les  bords  d'un  disque,  ainsi  que  les  cinq  étamines,  alternes 
avec  les  pétales;  les  anthères  à  deux  loges;  un  ovaire  infé- 
rieur, entouré  d'un  disque  orbiculaire  ;  point  de  style;  deux 
stigmates  recourbés.  Le  fruit  est  une  baie  globuleuse,  de  la 
grosseur  d'un  pois,  couronné  par  les  dents  du  calice  avec 
les  pétales  et  les  étamines  ,  à  demi  divisé  en  deux  loges  ;  deux 
ou  trois  semences  tuberculées  dans  chaque  loge. 

Phvllonoma  a  feuilles  de  houx  :  Phjilonoma  ruscifolia^ 
Rœm.  et  Schutt.  ,  Syst.  vég. ,  6,  page  210;  Dulongia  acumi- 
nata ,  Kunth  in  Humb.  et  Bonpl. ,  Nov.  gen.,  vol.  7,  p.  78, 
tab.  623.  Arbre  ou  arbrisseau  dont  les  rameaux  sont  al- 
ternes, d'un  brun  foncé,  glabres,  sans  épines,  un  peu  angu- 
leux ;  les  feuille/ alternes,  pétiolées,  oblongues,  lancéolées, 
longuement  acuminées,  rétrécies  à  leur  base,  un  peu  den- 
tées en  scie  vers  leur  sommet,  veinées,  réticulées,  glabres, 
membraneuses,  luisantes  en  dessus,  longues  d'environ  deux 
pouces,  larges  de  cinq  à  six  lignes;  les  pétioles  courts;  point 
de  stipules  ;  des  grappes  partent  de  la  nervure  mitoyenne 
des  feuilles  à  la  face  supérieure  ;  elli^s  sont  courtes,  sessiles, 
bifides,  quelquefois  chaque  division  dichotome,  divergente. 
Les  fleurs  sont  fort  petites,  pédicellées  ;  leur  calice  se  ter- 
mine par  cinq  dents  égales,  ovales,  arrondies,  un  peu  ai- 
guës; la  corolle  est  composée  de  cinq  pétales  ovales,  aigus, 
élargis  à  leur  base,  étalés,  un  peu  épais,  persistans;  cinq 
étamines  alternes  avec  les  pétales,  et  trois  fois  plus  courtes, 
persistantes;  les  filamens  glabres,  subulés  ;  les  anthères  glo- 
buleuses, à  deux  loges;  l'ovaire  inférieur,  ovale,  presque 
turbiné,  glabre,  uniloculaire  ,  entouré  d'un  disque  orbicu- 
laire, et  porte  deux  stigmates  sessiles,  aigus,  étalés,  recour- 
bés. Le  fruit  est  une  baie  globuleuse  ,  à  une  seule  loge  ,  de  la 
grosseur  d'un  grain  de  poivre,  occupé  par  deux  placentas 
latéraux,  saillans,  formant  comme  deux  demi- loges;  dans 
chaque  loge  deux  ou  trois  semences  elliptiques,  presque  en 
rein,  tuberculées.  Cette  plante  croit  dans  les  environs  de 
Popayan.   (Poir.) 

PHYLLOPES,  Phjllopoda.  (Crust.)  Ordre  d'entomostracés, 
fondé  par  M.  Latreille ,  et  qui  renferme  principalement  le 
genre  Apus.  Nous  en  avons  fait  connoître  les  caractères  dans 
notre  article  Malacostracés.  Voy.  t.  XXVIII,  p.  aga.  (Desm.) 


n.  PHY 

PHYLLOPHARES  ,  TRIPEDILON.  (Bot.)  Noms  grecs  an- 
ciens du  marrube,  cités  par  Ruellius.  (J. ) 

PHYLLOPODES.  (Crust.)  Voyez  Phyllopes.  (Desm.) 

PHYLLORCHIS.  (Bot.)  Ce  geni'e  de  la  famille  des  or- 
chidées, établi  par  M.  du  Petit  -  Thouars ,  rentre  dans  le 
genre  Dendrobium ,  Svvartz.  (Lem.) 

PHYLLOSOME;  Phjllosoma ,  Leach.  [Crust.)  Genre  de 
crustacés  malacostracés  stomapodes,  que  nous  avons  décrit 
dans  l'article  Malacostracés,  tom.  XXVill,  pag.  344.  (Desm.) 

PHYLLOSTAPHYLON.  [Bot.)  Un  des  noms  grecs  anciens 
du  câprier,  suivant  Ruellius  et  Mentzel.  (J.) 

PHYLLOSTEMA.  {Bot.)  Necker  nommoit  ainsi  le  genre 
Aruha  d'Aublet,  réuni  maintenant  au  simaba  du  même.  (J.) 

PHYLLOSTICTA.  (Bot.)  Sous-genre  établi  par  M.  Persoon 
dans  le  genre  Sph^ria  (voyez  ce  mot)  ,  de  la  famille  des 
hypoxylées.  (Lem.) 

PHYLLOSTOME,  Phjllostoma.  (Mamm.)  Genre  de  mam- 
mifères carnassiers,  delà  famille  des  chéiroptères  ou  chauve- 
souris,  particulier  à  l'Amérique  méridionale,  et  caractérisé 
principalement  par  l'existence  de  deux  crêtes  membraneuses, 
nasales,  l'une  en  forme  de  fer  à  cheval,  sur  le  haut  de  la 
lèvre  supérieure,  et  l'autre  ,  située  au-dessus  de  la  première, 
en  forme  de  feuille  ou  de  fer  de  lance. 

Ce  genre,  fondé  par  M.  Geoffroy,  a  été,  en  dernier  lieu, 
partagé  en  deux  autres  par  le  même  naturaliste ,  d'après  la 
considération  des  différences  de  formes  qu'on  observe  dans 
la  langue  de  plusieurs  des  animaux  qui  y  sont  compris,  et 
d'après  celles  que  présente  également  leur  système  dentaire. 

Le  genre  Phyllostoime  ne  comprend  plus  que  les  chauve- 
souris,  douées  des  caractères  suivaus  :  Il  y  a  trente -deux 
ou  trente-quatre  dents  en  totalité  ;  savoir  ,  quatre  incisives 
à  chaque  mâchoire,  souvent  serrées  entre  les  canines,  les 
latérales  étant  très -petites  et  les  intermédiaires  plus  larges 
et  taillées  en  biseau  '  ;  deux  canines  en  haut  et  en  bas,  très- 


I  Ce  nombre  tles  incisives  n'est  pas  constant,  on  en  trouve  sou- 
vent deux  de  moins  ou  point  du  tout,  à  l'une  ou  à  l'autre  inâchoire, 
ce  qui  nous  paroît  du  à  ce  qu'elles  ont  été  chassées  par  le  dévelop- 
penienl  souvent  excessif  de  la  base  des  canines. 


PHY  w3 

grosses  à  leur  base  et  se  touchant  presque  l'une  l'aulre  par 
leurs  collets  ;  quatre  ou  cinq  molaires  à  couronne  hérissée  de 
tubercules  aigus,  à  droite  et  à  gauche,  aux  deux  miichoircs; 
la  tête  est  longue,  uniformément  conique,  à  gueule  très- 
fendue,  des  lèvres  de  laquelle  sortent  les  canines;  le  nez 
a  la  forme  décrite  ci- dessus  ;  les  oreilles  sont  grandes,  nues, 
non  réunies  à  leur  base,  et  leur  oreillon,  qui  est  interne, 
naît  du  bord  du  trou  auriculaire  et  est  denté  sur  son  bord  ; 
les  yeux  sont  très -petits  et  latéraux;  la  langue,  de  forme 
simple,  est  hérissée  de  papilles  cornées,  dont  la  pointe  est 
dirigée  en  arrière;  les  ailes  ont  bei'ucoup  d'envergure,  et  le 
doigt  du  milieu  a  une  phalange  de  plus  que  les  autres;  la 
queue  est  variable  dans  sa  longueur  et  manque  même  dans 
quelques  espèces  ;  la  membrane  est  plus  ou  moins  dévelop- 
pée ;  le  poil  est,  en  général,  court  et  lustré;  la  taille  est 
moyenne. 

Les  habitudes  de  ces  animaux  sont  peu  connues  :  néan- 
moins on  sait  que  ce  sont  les  plus  sanguinaires  de  fous  les 
chéiroptères;  qu'ils  ne  se  contentent  pas  de  vivre  d'insectes, 
et  qu'ils  attaquent  les  gros  animaux  endormis  ,  pour  en 
sucer  le  sang,  qu'ils  font  sortir  de  la  peau  en  l'incisant  avec 
les  papilles  cornées  dont  leur  langue  est  munie. 

Parmi  les  espèces  pourvues  d'une  queue,  toujours  plus 
courte  que  la  membrane  interfémorale ,  on  distingue  : 

Le  PHYLI.0ST0ME  CRÉNELÉ  { Phyllostoma  crenulatum,  GeoflTr.  ; 
Desm.,  Mamm.  ,Sp.  i68),  dont  l'envergure  est  d'un  pied  et 
la  longueur  totale  du  corps  et  de  la  tête  de  trois  pouces  deux 
lignes;  à  corps  assez  trapu;  à  museau  court;  à  oreilles 
ovales  et  à  feuille  verticale  du  nez  en  forme  d'un  long 
triangle,  dont  les  côtés  sont  dentelés  et  dont  la  base  est 
jointe  à  la  feuille  en  fer  à  cheval  :  le  bout  de  la  queue  est 
libre.  La  patrie  et  les  habitudes  de  cette  espèce  sont  in- 
connues. 

Le  Phyllostome  a  feuille  alongée  [  Phyllostoma  eJons;atum , 
Geoffr.  ;Desm. ,  Mamm.,  Sp.  169),  a  quaire  pouces  trois  lignes 
de  longueur  totale,  et  son  envergure  est  d'un  pied  trois  pouces. 
Il  a  la  feuille  verticale  de  son  nez  très-longue  et  très-aiguë, 
sinueuse  à  sa  base  et  de  bien  peu  débordée  par  la  feuille  en 
fer  à  cheval;  les  oreilles  ovales,  striées  et  étroites  vers  le 
40.  8 


314  PHY 

hout;  le  museau  gros  et  court;  le  bout  de  la  queue  libre 
en  dessus  de  la  membrane  interfémorale.  Sa  patrie  et  ses 
habitudes  sont  inconnues. 

Le  Phvllostome  fer  de  lance  :  Phyllostoma  hastatum  ,  GeofFr.  ; 
Desm.,  Mamm.,  Sp.  170;  Chauve -soiris  fkr  de  lance,  BufiT,, 
lome  i3,  pi.  33.  Long  de  cinq  pouces  trois  lignes  et  avec 
un  pied  six  pouces  d'envergure.  Ce  phyllostorae  est  carac- 
térisé par  sa  feuille  nasale,  verticale,  qui  est  entière,  sans 
échancrure  à  l'extrémité  et  sans  bourrelet,  avec  le  milieu 
légèrement  renflé  et  la  base  fort  étroite,  et  débordée  par 
la  feuille  de  la  lèvre,  qui  est  en  forme  de  large  fer  à  cheval  ; 
ses  oreilles  sont  longues  et  étroites  vers  le  haut;  sa  lèvre  in- 
férieure est  pourvue  de  verrues;  sa  queue,  très- courte,  est 
renfermée  toute  entière  dans  la  membrane  interfémorale, 
qui  se  prolonge  en  pointe  beaucoup  au-delà  de  son  extrémité  , 
son  poil  est  court,  marron  en  dessus  et  brun  en  dessous. 
Cette  espèce  vit  à  la  Guiane. 

D'autres  phyllostomes  sont  dépourvus  de  queue;  ce  sont  -. 

Le  Phvllostome  lunette  :  Pliyllostoma  perspicitlatum  , 
GeoflTr.  ;  Desm. ,  Mamm.,  Sp.  171  ;  Vesperfilio  americanus  vul- 
garis  ,  Séba  ,  Thés.,  tome  1  ,  pi.  55;  Vespertilio  perspicillatus, 
Linn.  ;  Gmel.  ;  le  Guand  fer  de  lance  ,  Buff. ,  Hist.  nat. , 
Suppl. ,  tome  7,  pi.  74.  11  a  environ  quatre  pouces  de  lon- 
gueur et  une  envergure  d'un  pied  cinq  pouces.  Son  mu- 
seau est  court  et  large;  sa  feuille  verticale  est  courte,  for- 
mée d'un  large  bourrelet  et  de  membranes  sur  les  côtés,  qui 
n'accompagnent  pas  celui-ci  jusqu'à  sa  pointe,  qui  est 
échancrée  ,  et  sa  base  est  arrondie  en  ovale;  ses  oreilles  sont 
légèrement  échancrées  à  leur  bord  extérieur  ;  ses  oreillons 
sont  finement  dentelés;  ses  lèvres  sont  garnies  de  verrues: 
sa  membrane  interfémorale  forme  un  angle  rentrant  dans  son 
milieu,  et  les  osselets  qui  la  soutiennent,  sont  très- petits; 
son  pelage  est  d'un  brun  noirâtre  sur  le  dos,  d'un  brun 
clair  sous  le  ventre,  et  l'on  remarque  une  ligne  blanche  de 
chaque  côté  de  la  tête,  partant  du  nez  et  allant  à  Toreille. 

M.  Geoffroy  regarde  la  chauve-souris  brune  et  rayée  de 
d'Azara  comme  une  variété  de  cette  espèce,  quoique  sa 
■taille  soit  plus  grande,  que  sa  feuille  soit  plus  longue  et  que 
les  couleurs  de  son  pelage  soient  plus  roussàtres. 


PHY  ^i5 

Le  phyllostome  lunette  se  trouve  à  la  Guiane,  et  la  va- 
riété décrite  par  d'Azara,  au  Paraguay. 

Le  Phyllostome  rayé  :  Phjllostoma  lineatum ,  Gcoffr.  ; 
Desm. ,  Mamm.,  Sp.  172;  la  Chauve -souris  brune  et  rayée, 
d'Azara.  Il  a  un  pied  un  pouce  d'envergure  ;  le  museau  ob- 
tus ;  la  feuille  verticale  de  son  nez  pointue  et  entière;  le 
pelage  brun  et  seulement  plus  clair  en  dessous  qu'en  dessus, 
avec  une  raie  blanche  sur  la  ligne  moyenne  du  dos,  une 
autre  allant  de  chaque  narine  à  Toreille  du  même  côté,  et 
une  troisième  partant  de  l'angle  de  la  bouche  jusqu'à  la 
base  de  l'oreille  et  parallèle  à  la  précédente  ;  roreillon 
pointu. 

Selon  d'Azara,  il  y  a  seulement  deux  incisives  à  la  mâ- 
choire supérieure,  et  cette  sorte  de  dent  manque  tout-à-fait 
à  l'inférieure,  11  y  a  cinq  molaires  de  chaque  côté  en 
haut  et  sept  en  bas,  ce  qui  porte  le  nombre  total  des  dents 
à  trente- deux.  Cette  espèce  est  du  Paraguay.  Ses  mœurs 
sont  inconnues. 

Le  Phyllostome  a  feuille  arrondie  :  Phyllostoma  rotunda- 
lum  ,  Geoffr.  ;  Desm.,  Mamm.,  Sp.  170  ;  la  Chauve-souris  brune, 
d'Azara.  Son  envergure  est  d'un  pied  quatre  pouces  environ. 
Son  museau  est  plutôt  aigu  que  plat;  sa  feuille  verticale 
entière  et  arrondie  à  son  extrémité;  son  pelage  d'un  brun 
rougeàtre.  Cette  chauve -souris  est  très -commune  au  Para- 
guay. 

Le  Phyllostome  fleur-de-lis  :  Phj'Uostoma  lilium,  Geoflr.  ; 
Desm.,  Mamm.,  Sp.  174.  Son  envergure  est  d'un  pied  et  sa 
longueur  totale  de  deux  pouces  trois  lignes;  les  oreilles  ont 
six  lignes  de  longueur  et  sa  feuille  trois  lignes.  Cette  feuille 
est  aussi  haute  que  large,  et  étroite  à  sa  base.  Les  mâchoires 
sont  alongées:  les  oreilles  droites;  les  yeux  assez  grands  et 
placés  à  égale  distance  de  l'oreille  et  du  museau  ,  qui  est  obtus 
et  peu  fendu.  Le  pelage  est  dun  brun  roussàtre  en  dessus 
et  d'un  brun  blanchâtre  en  dessous. 

D'Azara  dit  qu'il  y  a  deux  incisives  à  chaque  mâchoire 
dans  cette  espèce.  Une  chauve-souris,  rapportée  du  Brésil 
par  M.  Auguste  de  Saint- Hilaire,  et  qui  nous  paroit  s'en 
rapprocher  beaucoup ,  a  néanmoins  quatre  incisives  infé- 
rieures et  seulement  deux  supérieures 5  mais  cette  irrégula- 


n6  PHY 

rite  dans  le  nombre  de  ces  dents  peut  provenir  de  la  cause 
que  nous  avons  indiquée  plus  haut  (voyez  la  note  de  la 
page  112). 

Cette  espèce  est  du  Paraguay. 

Le  Phyllostome  vamure  :  Phjilosioma  spectrum ,  Geoffr.  ; 
Desm.  ,  Mamm. ,  Sp.  176  :  Andica  guacu  ,  Pison  ?  Canis  volans 
maxima  aurita,  Séba ,  Thés.,  tome  1,  pi.  56;  le  Vampire, 
BuflF.  ,  Vespertilio  spectrum,  Linn.  ;  Gmel.  Cette  espèce,  dont 
M.  Leach  a  proposé  de  former  un  genre  particulier,  a  cinq 
molaires  à  chaque  côté  de  la  mâchoire  supérieure  et  six  à 
ceux  de  l'inférieure.  Son  corps  a  près  de  six  pouces  de  lon- 
gueur totale,  sur  quoi  la  tête  prend  un  pouce  dix  lignes;  ses 
oreilles  ont  treize  lignes  ;  les  dents  incisives  sont  évidem- 
ment serrées  entre  les  canines;  son  museau  est  long;  sa  feuille 
verticale  nasale,  moins  large  que  haute,  se  prolonge  sur  le 
fer  à  cheval  sans  être  découpée  à  sa  base  ;  son  bourrelet  du 
milieu  est  peu  épais,  et  les  lobes  latéraux,  arrondis,  vont 
mourir  en  pointe  vers  son  extrémité,  qui  n'a  pas  d'échan- 
crure  ;  la  membrane  des  ailes  s'étend  jusqu'à  la  base  du 
doigt  extérieur  du  pied  de  derrière  ;  le  milieu  du  bord  pos- 
térieur de  la  membrane  interfémorale  se  prolonge  en  angle 
saillant;  son  pelage  est  doux,  de  couleur  marron  en  dessus 
et  dun  jaune  roussâtre  en  dessous. 

On  rapporte  de  cet  animal  ,  qui  habile  la  Nouvelle- 
Espagne,  qu'il  s'approche  des  hommes  endormis  ou  des  ani- 
maux pendant  la  nuit,  et  qu'en  en  léchant  la  peau  il  leur 
fait  des  plaies,  dont  il  suce  le  sang.  On  ajoute  même  qu'il 
peut  causer  ainsi  la  mort,  ce  qui  paroit  peu  probable. 

Un  cheiroptère  de  ce  genre,  ou  peut-être  du  genre  Glos- 
sophage  ,  et  rapporté  du  Brésil  par  M.  Auguste  Saint-Hilaire  , 
a  neuf  pouces  d'envergure;  la  feuille  nasale  très- courte, 
deux  incisives  supérieures  assez  larges,  quatre  incisives  infé- 
rieures bien  rangées  et  serrées  entre  les  canines  ;  point  de 
membrane  interfémorale  et  le  pelage  d'un  gris   fauve. 

Un  autre,  rapporté  du  même  pays  par  le  même  natura- 
liste, a  la  taille  de  notre  vespertilion  sérotine  d'Europe; 
la  membrane  interfémorale,  au  plus  longue  de  six  lignes, 
forme  un  angle  rentrant;  les  oreilles  sont  grandes  et  latérales; 
les  dents  semblables   à  celles  du  premier  par  leur  nombz'e 


PîIY  1^7 

et  leurs  dimensions  relatives;  sou  pelage  est  d'un  gris  fauve. 
Nous  n'avons  pu  voir  sa  feuille  ,  qui  doit  être  fort  petite. 

Le  genre  Glossophage,  Glossophaga,  Geoffroy,  démembré 
de  celui  des  Phyllostomes  par  M.  Geoffroy,  en  diffère  par 
un  moindre  nombre  de  molaires  ,  puisqu'on  n'en  compte 
que  trois  à  chaque  côté  de  la  mâchoire.  Il  y  a  d'ailleurs  quatre 
incisives  supérieures  et  quatre  incisives  inférieures,  bien 
rangées,  et  les  molaires  sont  à  tubercules  aigus  h  leur  cou- 
ronne, comme  celles  des  phyllostomes.  La  tête  est  longue  et 
assez  uniformément  conique;  la  langue  offre  un  caractère 
tout  particulier ,  en  ce  qu'elle  est  très-longue  ,  roulée ,  étroite , 
extensible,  avec  ses  bords saillans  ou  en  bourrelet,  faisant  la 
fonction  d'un  organe  de  succion  ;  le  nez  supporte  une  petite 
crête  en  forme  de  fer  de  lance  ;  la  queue  est  tantôt  nulle, 
tantôt  plus  ou  moins  longue;  la  membrane  interfémorale  est 
très- petite  ou  presque  nulle;  les  membranes  des  ailes  sont 
médiocrement  développées  ;  la  taille  est  plus  petite  que  celle 
des  phyllostomes.  La  patrie  des  animaux  compris  dans  ce 
genre  ,  est  l'Amérique  méridionale. 

On  attribue  aux  glossophages  des"  habitudes  semblables  à 
celles  des  phyllostomes,  et  l'on  pense  que  la  conformation 
de  leur  langue  doit  leur  donner  encore  plus  de  facilité  pour 
sucer  le  sang  des  animaux. 

Le  Glossophage  de  Pallas  [Glossophaga  soricina ,  Geoffr. ; 
Desm.,  Mamm. ,  Sp.  176),  est  l'espèce  la  plus  anciennement 
connue.  Pallas  l'a  décrite  sous  le  nom  de  Vespertilio  soriciauSf 
et  Buffon  l'a  mentionnée  sous  celui  de  Musaraigne  volante  : 
c'est  la  Feuille  de  Vicq-d'yVzyr.  Sa  longueur  totale  est  de  deux 
pouces  une  ligne  ;  sa  tête  a  onze  lignes  et  son  envergure  huit 
pouces  trois  lignes;  son  museau  est  très-long  et  presque 
cylindrique;  sa  langue  fort  longue  et  canaliculée  vers  l'ex- 
trémité, avec  les  bords  du  sillon  garnis  de  papilles,  divi- 
sées en  deux  branches  ou  de  soies  se  renversant  de  côté; 
les  yeux  sont  assez  grands;  les  canines  distinctes;  les  oreilles 
petites  et  oblongues  ;  sa  feuille  est  petite ,  en  forme  de 
cœur,  un  peu  moins  large  que  haute,  et  se  termine  par  une 
pointe  aiguë  ;  sa  membrane  interfémoraîe  est  coupée  en 
angle  rentrant.  Il  n'a  point  de  queue  ;  son  poil  est  doux  et 
laineux,  d'un  cendré  brun  en  dessus  et  d'un  brun  très- clair 


313  VH\ 

en  dessous  ;  sos  membranes  sont  brunes.  Il  habite  Cayenne  et 
Surinam. 

Le  Glossophage  a  ^ueue  enveloppée  {Glossophaga  amplexi- 
caudata  ,  Geoffr.  ;  Desm.,  Mamm. ,  5p.  177),  a  la  membrane 
interféiiiorale  large;  une  queue  courte  et  terminée  par  une 
nodosité;  son  pelage  est  d'un  brun  noirâtre,  plus  clair  en 
dessous  qu'en  dessus.  Cette  espèce  a  été  découverte  par  feu 
ÎVl.  Delalande  aux  environs  de  Rio-Janeiro. 

Le  Glossophage  caudalatre  {Glossophaga  caudifcr ,  Geoffr.; 
Desm.,  Mamm.,  5p.  n.°  178),  a  la  membrane  interfémorale 
très -courte;  une  queue  qui  la  déborde,  et  le  pelage  d'un 
brun  noirâtre.  11  se  trouve  avec  le  précédent  et  a  été  comme 
lui  découvert  par  M.  Delalande,  ainsi  que  le  suivant. 

Le  Glossophage  SANS  queue  :  Glossophaga  ecaudata,  Geoffr.; 
Desm.,  Mamm..  5p.  179.  Celui-ci,  de  couleur  brune  obs- 
cure, manque  de  queue,  comme  le  glossophage  de  Pallas  ; 
mais  il  en  diffère  par  sa  membrane  interfémorale  ,  beaucoup 
plus  courte  que  celle  de  cet  animal. 

Nous  croyons  devoir  joindre  à  cet  article  l'extrait  d'un 
travail  de  M.  Leach,  publié  dans  les  Transactions  de  la  So- 
ciété linéenne,  tome  i5,  1 J"  partie,  et  dans  lequel  se 
trouve  la  proposition  de  plusieurs  genres  nouveaux  et  l'indi- 
cation d'un  certain  nombre  de  chéiroptères  non  encore  dé- 
crits, qui  se  rapporteroient  entièrement  au  genre  des  Phyl- 
lostomes,  tel  que  M.  Geoffroy  l'avoit  établi  d'abord,  c'est-à- 
dire,  en  y  comprenant  les  glossophages. 

Le  premier  genre  est  nommé  Artibée,  Artibeus;  il  a  pour 
caractères:  quatre  incisives  à  chaque  mâchoire,  dont  les 
supérieures  biiides  et  les  inférieures  tronquées;  deux  ca- 
nines en  haut  et  en  bas,  dont  les  supérieures  ont  un  re- 
bord interne  à  leur  base  ;  quatre  molaires  supérieures  et 
cinq  inférieures  de  chaque  côté  ;  les  feuilles  nasales  au 
nombre  de  deux,  l'une  horizontale  et  l'autre  verticale:  la 
queue  nulle;  une  seule  phalange  à  l'index  ou  second  doigt  , 
quatre  au  médius  et  trois  aux  quatrième  et  cinquième  doigts; 
oreilles  écartées,  médiocrement  grandes;  des  oreillons. 

L'AîiTiBÉE  DE  la  Jamaïque  (Artibeus  jamaicensis ,  Leach) 
est  brun  en  dessus  et  gris  de  souris  en  dessous  ;  ses  membranes 
et  ses  oreilles  sont  brunâtres. 


♦ 
PHY  ^19 

Un  second  genre  est  appelé  Monophylle,  Monopliyllus , 
parce  qu'il  ne  présente  qu'une  seule  feuille  droite  sur  le  nez. 
Il  a  quatre  incisives  supérieures  inégales,  dont  les  deux  du 
milieu  plus  longues  que  les  latérales  et  bifides,  et  point  d'in- 
férieures; deux  canines  à  chaque  mâchoire;  cinq  molaires 
supérieures  et  six  inférieures  de  chaque  côté  ;  la  queue 
courte;  les  doigts  pourvus  de  phalanges,  en  même  nombre 
que  les  artibées,  et  les  oreilles  écartées  et  garnies  d'oreillons, 
comme  celles  de  ces  mêmes  chéiroptères. 

Le  Monophylle  DE  Redmann,  M onophjllu s  Redmanni  ,Lc'dch, 

se  trouve  à  la  Jamaïque,  Il  est  brun   en  dessus  et   gris  en 

■  dessous;  ses  oreilles  sont  arrondies;  sa  feuille,  qui  est  aiguë, 

est  couverte  de  petits  poils  blanchâtres;  ses  membranes  sont 

brunes. 

Un  troisième  genre  a  reçu  le  nom  de  Mormops,  Mormops,. 
Il  a  quatre  incisives  supérieures  inégales,  dont  les  intermé- 
diaires sont  largement  échancrées;  quatre  incisives  inférieures 
inégales  trifides;  deux  canines  à  chaque  mâchoire,  dont  les 
supérieures  sont  doubles  en  longueur  des  inférieures,  pres- 
que comprimées  et  canaliculées  en  devant  ;  cinq  molaires 
en  haut  et  six  en  bas  de  chaque  côté;  une  seule  feuille  na- 
sale droite  et  réunie  aux  oreilles,  qui  sont  très- vastes,  com- 
pliquées et  pourvues  d'un  oreillon  ;  l'index  à  deux  phalanges; 
le  médius  à  quatre;  le  quatrième  et  le  cinquième  doigt  en 
ont  trois. 

Le  Mormops  de  Blainville  {Mormops  Blainvillii ,  Leach  , 
Trans.^  loc.  cit.,  pi.  7),  est  remarquable  par  l'élévation  ex- 
trême de  son  front,  l'excavation  de  son  chanfrein,  la  forme 
lobée  et  crénelée  de  sa  lèvre  supérieure,  la  division  de  Fin» 
férieure  en  trois  lobes  membraneux  ,  l'existence  sur  la  langue 
de  papilles ,  dont  les  antérieures  sont  bifides  <  t  les  postérieures 
multifides,  le  plissement  de  sa  feuille  nasale,  la  division  du 
bord  supérieur  de  ses  oreilles  en  deux  lobes.  Il  est  aussi  de 
la  Jamaïque. 

Le  «enre  Nyctophile,  Njclophilus ,  du  même  naturaliste, 
ayant  été  décrit  d'après  lui,  à  sa  lettre,  nous  nous  bornerons 
à  y  renvoyer.  (Voyez  Nyctophile,  tome  XXXV,  page  244.) 

Enfin,  le  dernier  genre  dont  nous  ferons  mention,  est 
nommé  Madatée  ,  Madatœus ,  par  M.  Leach.  Il  présente  quatre 


incisives  à  chaque  mâchoire;  les  deux  inlermédiaires  supé- 
rieures ayant  plus  de  longueur  que  les  latérales  et  bifides  ; 
les  inférieures  étant  égales,  simples  et  aiguës;  quatre  mo- 
laires supérieures  et  cinq  inférieures  de  chaque  côté;  deux 
feuilles  nasales,  une  verticale  et  l'autre  horizontale  et  lu- 
nulce  ;  la  queue  nulle;  la  lèvre  pourvue  de  papilles  molles, 
comprimées  et  frangées  au  bout;  la  langue  antérieurement 
divisée  en  deux  filamens  comprimés;  le  doigt  index  de  l'aile 
à  deux  phalanges;  le  médius  à  quatre;  les  quatrième  et  cin- 
quième doigts  en  ayant  trois  seulement  ;  les  oreilles  distantes 
et  pourvues  d'un  oreillon. 

Le  Madaték  de  Levts  {Madatœus  Levisii,  Learh  ,  de  la  Ja- 
maïque) a  sa  feuille  nasale  verticale  ,  à  bords  brusquement 
atténués  et  formant  la  pointe  vers  le  haut;  les  oreilles  mé- 
diocres, arrondies  et  légèrement  pointues;  le  pelage  noirâtre; 
la  membrane  intcrfémorale  échancrée  :  l'envergure  de  ses 
ailes  de  dix-sept  pouces  anglois. 

Tous  ces  genres  auront  sans  doute  besoin  d'être  examinés 
de  nouveau  ,  et  il  sera  utile  de  faire  entrer  dans  les  carac- 
tères des  anciens  phyllosfonics  et  des  glossophages ,  la  consi- 
dération du  nombre  des  phalanges.  Ces  observations  nouvelles 
mèneront  vraisemblablement  à  mieux  distinguer  ces  animaux 
et  peut-être  aussi  à  faire  disparoitre  quelque  double  emploi, 
qui  aura  pu  s'introduire  dans  leur  nomenclature.  Toutefois  est- 
il  remarquable  qu'avant  le  travail  de  M.  Leach  nous  ne  possé- 
dions aucun  renseignement  sur  les  chéiroptères  des  îles  du 
golfe  du  Mexique,  et  que  les  premières  recherches  qu'on  a 
faites  dans  une  seule  d'entre  elles,  la  Jamaïque  ,  aient  procuré 
la  connoissance  d'un  aussi  grand  nombre  ,  sinon  de  genres 
nouveaux,  au  moins  d'espèces  jusqu'alors  inconnues.  (Desji.) 

PHYLLURE,  Phyllurus.  (Erpét.)  M.  Cuvier  a  donné  ce 
nom  à  un  genre  de  reptiles  sauriens,  de  la  famille  des  eu- 
mérodes,  très-voisins  des  geckos,  et  reconnoissables  aux  ca- 
ractères de  ces  derniers,  à  la  différence  près  seulement  que 
leurs  doigts  ne  sont  point  aplatist 

On  ne  connoît  encore  qu'une  espèce  dans  ce  genre  ; 
c'est  le  : 

Phyllure  de  la  Nouvelle -Hollande  :  Phyllurus  vulgarisf 
^.  ;  Stellio  plij'llurus,    Schneider;    Lacerta   platura  ,   "\^'hite. 


PÎIY  12X 

Corps  gris,  marbré  de  brun  en  dessus  et  hérissé  de  petits 
tubercules  pointus;  queue  lisse,  déprimée,  en  forme  de 
cœur;  taille  de  cinq  à  six  pouces. 

On  a  trouvé  ce  hideux  reptile  dans  la  Nouvelle- Hollande, 
près  de  Botany-Bay  et  dans  toute  la  Nouvelle- Galles  méri- 
dionale. (H.  C.) 

PHYMARIA.  (  Bot.  )  Nom  proposé  par  M.  Rafinesque- 
Schmaltz  pour  désigner  la  famille  des  Lichens.  (Lem.) 

PHYMATE,  Ph^mata.  {Entom.)  M.  Latreille  avoit  désigné 
sous  ce  nom  un  genre  d'insectes  hémiptères,  de  la  famille 
des  frontirostres  ou  des  punaises,  mais  dont  les  pattes  anté- 
rieures se  terminent  par  un  crochet  mobile,  comme  dans  les 
mantes,  et  chez  lesquels  les  antennes  entrent  ou  sont  re- 
çues sous  le  corselet  dans  une  rainure  qui  s'y  trouve  pra- 
tiquée; telle  est  le  syrlis  crassipes  de  Fabricius  ,  qui  est  la 
punaise  à  pattes  de  crabe  de  Geoffroy.  (C.  D.) 

PHYSA.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
incomplètes,  de  la  famille  des  car-yophjUées  ,  de  la  décan- 
drie  trigjnie  de  Linnaeus,  établi  par  M.  Du  Petit-Thouars , 
jSoi'.  gêner.  Madagase. ,'  22  ,  n.°  67  ,  pour  une  plante  de  Ma- 
dao^ascar  ,  dont  le  caractère  essentiel  consiste  dans  un  ca- 
lice à  cinq  folioles  concaves,  colorées  en  dedans;  point  de 
corolle;  dix  filamens  ;  les  alternes  plus  courts;  les  anthères 
à  deux  lobes  séparés;  un  ovaire  simple;  trois  stigmates;  une 
capsule  à  trois  sillons;  nn  réceptacle  central;  trois  loges  ; 
trois  valves  séparées  par  autant  de  cloisons  conniventes  avec 
le  réceptable  ;  les  semences  nombreuses,  fort  petites,  pres- 
que en  rein.  Les  tiges  sont  couchées,  articulées;  les  feuilles 
verticillées  ou  quaternées,  inégales;  les  pédoncules  unidores. 
(PoiR.) 

PHYSALE ,  PHYSALION ,  PHYSALIS  ou  même  PHYSA- 
LIDIDIS.  {Malacoz.)  Genres  d'animaux  extrêmement  bizarres, 
aperçus  depuis  long-temps  par  les  marins,  qui  les  nomment 
galères ,  frégates  ou  même  vaisseaux  de  guerre,  à  cause  de  la 
manière  élégante  dont  ils  semblent  voguer  à  la  surface  de 
la  mer;  phjsales ,  pliysalies  ou  vessies  de  mer,  à  cause  de  leur 
ressemblance  avec  une  vessie,  ou  même  orties  de  mer,  parce 
qu'il  paroît  qu'ils  produisent  sur  la  peau  ,  qu'ils  touchent, 
le  même  effet  que  les   orties  ,  absolument  comme  les  me- 


PHY 

duses.  Browne  ,  dans  son  Histoire  naturelle  de  la  Jamaïque, 
est  le  premier  qui  ait  cru  devoir  en  former  un  genre  distinct, 
sous  le  nom  à'arethusa.  Osbeck,  dans  son  Voyage  à  la  Chine, 
les  désigna  depuis  sous  la  dénomination  de  phjsalis,  qui  a  été 
adoptée  par  M.  de  Lamarck  et  tous  les  zoologistes  subséquens, 
quoique  Linné  et  Gmelin  aient  réuni  ces  animaux  avec 
les  biphores  ou  salpas  parmi  leurs  holothuries.  Cette  place, 
assignée  par  Linné  aux  physales  dans  la  série  animale  ,  a 
sans  doute  été  la  raison  pour  laquelle  les  zoologistes  les 
plus  récens  n'ont  pas  balancé  à  les  ranger  parmi  les  zoo- 
jrtiytes  ou  actinozoaires  ,  quoiqu'elles  soient  si  différentes 
des  genres  dont  on  les  a  rapprochées,  qu'il  est  absolument 
impossible  d'y  trouver  rien  qui  rappelle  une  disposition  ra- 
diaire.  Aussi  ai-je  dans  ces  derniers  temps  été  porté  à  con- 
clure de  cette  considération  de  la  l'orme  des  physales,  que 
ce  n'étoient  réellement  pas  des  animaux  de  ce  type,  comme 
on  va  le  voir  par  la  description  de  l'espèce  la  plus  commune, 
dont  j"ai  vu  plusieurs  individus  bien  conservés,  rapportés  par 
MM.  Quoy  et  Gaimard.  Le  corps  d'une  physale  est  ordinai- 
rement ovale,  plus  ou  moins  alongé,  plus  obtus  à  une  ex- 
trémité qu'à  l'autre,  qui  même  se  prolonge  en  une  sorte  de 
trompe,  relevée  un  peu  à  sa  terminaison.  A  cette  extrémité 
on  voit  souvent  aisément,  mais  quelquefois  plus  difiicile- 
ment,  deux  tubercules  ou  mamelons,  dont  l'un  est  plus  ter- 
minal que  l'autre.  Ils  sont  percés  d'une  ouverture  étoilée 
ou  plissée  d'une  manière  très-serrée ,  en  sorte  qu'il  est  assez 
difficile  d'y  introduire  de  l'air  et  d'insufler  ainsi  le  corps 
de  l'animal.  Sur  un  des  côtés  du  corps  et  obliquement  di- 
rigée de  l'extrémité  biforée  à  l'autre,  est  une  crête  membra- 
neuse, assez  épaisse,  comme  denticulée  ou  mieux  festonnée 
à  son  bord  supérieur,  et  de  chaque  côté  de  laquelle  on  voit 
des  espèces  de  cannelures,  évidemment  formées  par  des 
vaisseaux  intérieurs.  Cette  crête  ,  que  nous  allons  voir  n'être 
qu'une  véritable  branchie,  est  susceptible  d'un  grand  nombre 
de  variations  dans  son  étendue  et  son  développement,  en 
hauteur  surtout ,  principalement  dans  les  individus  conservés 
dans  l'esprit  de  vin.  On  en  trouve  même  quelquefois  où 
elle  est  presqu'entièrement  rentrée  et  ne  paroît  que  par  un 
bourrelet  plus  brun,  resté  à  la  surface  du  corps  de  l'animal. 


PII  Y  »23 

A  son  exfrémifé  la  plus  épaisse,  ou  à  Topposite  des  deux  ori- 
fices, est  un  faisceau  d'organes  listuleux,  eylindroides ,  quel- 
quefois fusiformes,  terminés  dans  un  certain  état  de  dévelop- 
pement par  un  petit  bourrelet  percé  d'un  orifice,  et  ces  or- 
ganes sont  en  nombre  variable ,  yans  disposition  évidemment 
paire  et  encore  moinsradiaire.  Jen'airéellementjamais  trouvé 
deux  individus  semblables  sous  ce  rapport ,  pas  plus  que  dans 
la  composition  d'un  autre  faisceau  d'organes  analogues,  et  en 
général  bien  plus  compliqués  dans  leur  forme  et  dans  leur 
nombre,  qui  occupent  une  plus  ou  moins  grande  partie  du 
côté  inférieur  de  la  physale.  C'est  cette  masse  que  la  plu- 
part des  personnes  qui  ont  observé  des  pliysales,  ont  re- 
gardée comme  composée  d'organes  analogues  aux  tentacules 
ou  aux  cirrhes  des  méduses.  On  peut  y  distinguer  réellement 
trois  ou  quatre  espèces  d'appendices  cœcaux ,  tous  également 
vésiculeux.  Dans  l'individu  que  je  décris,  comme  le  plus 
complet  de  ceux  que  j'ai  vus  ,  il  y  avoit  d'abord,  et  assez 
rapproché  du  groupe  précédent,  un  faisceau  d'appendices 
de  même  forme  que  ceux  de  celui-ci.  On  pouvoit  y  distin- 
guer quelque  chose  de  pair,  c'est-à-dire,  un  partage  en  deux 
divisions,  l'une  à  droite  et  l'autre  à  gauche  d'un  seul  appen- 
dice médian  ,  beaucoup  plus  gros,  ayant  lui-même  à  sa  base 
un  faisceau  de  cœcums  plus  courts ,  portés  par  un  seul 
pédoncule.  La  disposition  paire  étoit  beaucoup  plus  sensible 
encore  pour  l'autre  partie  du  faisce<''u  inférieur.  En  elfet, 
outre  un  très-grand  nombre  d'appendices  cœcaux  ordinaires, 
il  y  avoit  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  médiane  un  ap- 
pendice beaucoup  plus  gros ,  bien  plusalongé,  en  forme  de 
trompe  ,  quoique  de  même  structure  que  les  autres  et  du 
côté  externe  de  la  base  duquel  sortoit  un  filament  d'une 
longueur  extrêmement  considérable,  finement  plissé  en  tra- 
vers et  qui  sembloit  ne  pouvoir  atteindre  toute  l'extension 
dont  il  étoit  susceptible,  à  cause  d'une  membrane  étroite 
qui  en  retenoit  les  plis  dans  toute  sa  longueur,  comme  le 
mésentère  fait  à  l'intestin  grêle  des  mammifères. 

Cette  description  extérieure  de  la  physale  est  toute  diffé- 
rente de  celle  qu'en  ont  donnée  les  naturalistes  qui  pensent 
l'avoir  mieux  observée  ;  ce  qui  tient  surtout  à  ce  qu'ils  n'ont 
pas  examiné  tous  la  même  espèce  ,   et  à   et  qu'ils  ne  l'ont 


^=4  PHY 

pas  fait  d'une  manière  suffisante.  Ainsi  M.  Bosc,  quoiqu'il 
ait  vu  des  physalides  vivantes  ,  ne  fait  aucune  mentioa 
des  deux  orifices  étoiles;  aussi  pense -t -il  que  la  bouche 
de  ces  animaux  est  placée  inférieurement  un  peu  à  droite  et 
accompagnée  d'un  grand  nombre  de  tentacules  de  cinq  formes 
différentes  :  ï."  un  beaucoup  plus  grand  que  les  autres,  placé 
sur  le  bord  même  de  la  bouche  et  qui  peut  acquérir  jusqu'à 
onze  pouces  de  long;  2."  deux  autres  de  même  forme  et 
structure  ,  mais  beaucoup  moins  longs  ;  3.°  beaucoup  de 
plus  petits,  fusiformes,  formant  une  grosse  masse  globuleuse, 
située  k  droite  des  précédens  ;  4."  enfin,  vingt-quatre  autres, 
fusiformes,  très-épais,  s'alongeant  peu,  terminés  par  un 
suçoir  large  et  jaunâtre ,  et  que  M.  Bosc  regarde  comme  les 
vrais  bras  de  l'animal.  Quant  aux  tentacules  de  la  cinquième 
sorte,  probablement  que  ce  sont  ceux  qui  existent  à  une 
extrémité  de  l'animal  et  qu'il  décrit  comme  des  tubercules 
plus  ou  moins  longs;  car  il  n'en  fait  pas  de  description,  et 
la  figure  qu'il  donne  ne  pourroit  guère  y  suppléer. 

M.  Tilésius,  dans  son  Voyage  autour  du  monde  avec  le  capi- 
taine russe  Krusenstern  ,  a  combattu  d'une  manière  victorieuse 
cette  supposition  de  M.  Bosc,  d'une  bouche  inférieure,  en- 
tourée de  tentacules,  et  quoiqu'il  ait  fort  bien  décrit  et  figuré 
les  deux  ouvertures  étoilées ,  il  croit  que  tous  les  tentacules  ou 
suçoirs  servent  réellement  de  bouches,  ou  qu'il  y  a  autant  de 
bouches  ou  de  suçoirs.  Du  reste ,  sa  description  de  la  dispo- 
sition des  tentacules  dans  l'espèce  qu'il  a  le  mieux  observée, 
e&i  toute  différente  de  ce  que  M.  Bosc  a  dit.  En  voici  la 
traduction  :  Toutes  les  physales  consistent  en  une  longue 
vessie  gonflée  d'air,  flottante  sur  l'eau,  ayant  au-dessus  une 
espèce  de  peigne  qui  tient  lieu  de  voile,  et  en  dessous  de 
longs  tentacules,  qui  constituent  à  la  fois  ïa  bouche  et  le 
gouvernail.  Quoique  leur  examen  soit  assez  difficile,  d'abord 
à  cause  qu'ils  brûlent  plus  fortement  que  des  orties  quand 
on  les  touche,  et  surtout  à  cause  de  leur  grand  nombre  et 
de  la  manière  dont  ils  s'entortillent,  j'ai  pu  en  distinguer 
de  trois  espèces,  du  moins  sur  plusieurs  individus.  Ceux  de 
la  première  sorte  sont  plus  épais  à  leur  racine,  en  forme 
d'intestins,  d'un  bleu  foncé,  parsemé  de  points  bruns;  ils 
sont  suspendus  en   dessous  presqu'au   milieu  du  ventre  de 


PHY  125 

l'animal  et  s'étendent  en  formant  une  sorte  d'entortillement 
spiral,  à  une  grande  profondeur  dans  la  mer.  Ils  sont  trans- 
parens  h  leur  racine  et  dans  le  reste  de  leur  étendue  par- 
semés de  cercles  réguliers,  riombreux,  de  couleur  rouge,  ou 
de  cellules  renflées,  interrompues  ou  articulées,  presque 
comme  dans  les  conferves.  Ils  ont  en  outre  la  faculté  de  se 
rétracter  fortement  jusqu'à  leur  racine  et  de  se  rassembler 
en  un  seul  faisceau.  Les  tentacules  de  la  seconde  espèce  sont 
également  plus  épais  à  leur  racine  ;  mais  ils  y  sont  aussi 
plus  serrés  :  aussi  n'ai- je  jamais  pu  parvenir  à  les  compter. 
Ils  sont  aussi  fort  longs  et  pourvus  d'une  espèce  de  bande 
frangée  de  couleur  rouge,  qui  de  la  racine  se  perd  en  une 
espèce  de  tronc.  L'espèce  de  physalide  observée  par  Laniar- 
tinière  ,  Bory  et  Péron  ,  a  un  tentacule  de  cette  sorte  qui 
n'est  du  reste  terminé  par  aucun  suçoir  ,  et  qui  paroît 
seulement  servir  comme  de  piège ,  afin  que  les  animaux 
qui  servent  de  nourriture  aux  physalides,  puissent  s'y  embar- 
rasser. Au  contraire,  les  tentacules  delà  première  sorte  sont 
terminés  par  un  suçoir  et  sont  susceptibles  d'une  extension 
considérable.  La  troisième  sorte  est  constituée  par  des  ten- 
tacules courts,  cylindroïdes,  attachés  dix  ou  douze  à  la  fois 
à  une  tige  commune.  Ils  forment  la  plus  grande  partie  de 
la  masse  tentaculaire,  et  leur  usage  paroit  être  d'attirer  et 
de  prendre  tout  ce  qui  a  pu  échapper  aux  suçoirs  uni- 
ques des  longs  tentacules:  il  paroit  qu'ils  ne  sont  pas  pour- 
vus de  fibres  longitudinales  comme  les  deux  premières  sortes  ; 
mais,  au  contraire,  on  observe  beaucoup  de  fibres  circu- 
laires dans  leur  structure,  en  sorte  qu'ils  peuvent  s'alonger 
et  se  raccourcir  seulement  fort  peu,  tandis  qu'ils  peuvent 
très- bien  s'étendre  et  se  tordre  de  tous  côtés;  l'orifice  ou 
suçoir  qui  les  termine,  est  fort  grand  et  de  couleur  jaune. 
La  viscosité  qui  enveloppe  les  tentacules  de  la  physalide,  et 
surtout  ceux  de  couleur  rouge,  est  excessivement  brûlante 
etcorrosive,  sans  qu'on  puisse  apercevoir  même,  à  la  loupe, 
aucun  crochet  ou  aiguillon  qui  puisse  produire  cet  effet. 

La  structure  anafomique  des  physalides  n'a  encore  été  exa- 
minée que  d'une  manière  très -incomplète;  aussi  la  plupart 
des  naturalistes  pensent  que  ce  n'est  qu'une  vessie  libro-mus- 
culaire  gonflée  d'air.  Voici  ce  qu'eu  dit  M.  Tiiésius,  le  na- 


126  PU  Y 

tiiraliste  qui  s'en  est  le  plus  occupé,  et  sur  des  individus  frais 
et  même  vivans.  La  membrane  qui  forme  la  vessie  et  la 
crête  ,  est  transparente  ,  lorsqu'elle  est  dilatée  par  l'air  qu'elle 
renferme.  Elle  consiste  en  un  tissu  de  fibres  longitudinales 
et  circulaires,  qui  tiennent  peut-être  la  place  de  vaisseaux. 
En  etfet,  premièrement  tout  le  tissu  de  la  peau  et  de  ses 
libres  est  spongieux,  outre  qu'on  ne  trouve  aucune  trace  de 
vaisseaux  qui  pourroient  servir  à  faciliter  l'absorption;  se- 
condement, la  vessie  et  sa  crête  perdent  tout-à-fait  l'aspect 
d'une  membrane  transparente,  aussitôt  qu'on  les  a  ouvertes, 
de  manière  à  laisser  échapper  l'air  qui  les  tenoit  distendues, 
et  semblent  alors  n'être  qu'un  tissu  poreux  ,  opaque,  sale, 
grisâtre,  spongieux,  qui  bientôt  se  change  en  une  mucosité 
de  mauvaise  odeur;  troisièmement  les  fibres  longitudinales, 
pendant  la  vie  de  l'animal,  sont  de  couleur  bleue  et  les  cir- 
culaires de  couleur  rouge;  celle-ci  étant  plus  sensible  aux 
endroits  où  ces  fibres  sont  plus  fortes,  comme  à  la  racine 
du  faisceau  tentaculaire  et  où  elles  se  rassemblent  en  fais- 
ceau comme  sur  la  crête.  En  admettant  que  des  fluides  cir- 
culeroient  dans  quelques-unes  de  ces  fibres,  dont  se  compose 
le  tissu  spongieux  et  double  de  la  vessie,  on  pourroit  s'ex- 
pliquer pourquoi,  lorsque  celle-ci  est  morte,  et  encore 
gonflée  d'air,  celles-là  sont  extrêmement  hygrométriques, 
comme  j'ai  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  l'observer.  Il  faut 
encore  remarquer  que  ces  animaux  jouissent  de  la  faculté  de 
pouvoir,  sans  aucune  irritation  extérieure,  colorer  en  un 
instant  toute  leur  peau  en  bleu  :  ce  qui  est  peut  être  dû, 
ajoute  M.  Tilésius ,  à  une  sorte  de  contraction  volontaire 
intérieure,  par  exemple  à  un  enroulement  delà  vessie  ou 
à  la  rentrée  de  la  crête,  comme  le  pense  M.  Bosc.  Toujours 
est-il  que  les  mouvemens  sont  tellement  évidens ,  qu'on  ne 
peut  méconnoitre  l'action  des  fibres  dans  l'extension,  le  rac- 
courcissement et  le  tortillement ,  du  moins  sur  la  crête. 
Quoique  M.  Tilésius  ait  eu  une  idée  qui  nous  paroit  erronée 
sur  le  mode  de  nutrition  des  physales,  il  n'en  a  pas  moins 
fort  bien  décrit  et  figuré  les  deux  orifices  du  corps  de  la 
vessie.  11  a  remarqué  en  outre  qu'ils  étoient  au  milieu  d'es- 
pèces de  papilles  ou  de  verrues  entourées  de  raydns  concen- 
triques et  de  libres  circulaires  rouges  aussi  concentriques,  en 


PHY  î-7 

ajoutant  même  que  ce  sont  sans  cloute  des  muscles  dilata- 
teurs et  constricteurs.  Quant  aux  tentacules,  le  même  au- 
teur dit  qu'ils  sont  creux  et  composés  de  fibres  circulaires 
et  longitudinales  ;  il  les  regarde  comme  de  véritables  suçoirs 
et  il  dit  même  qu'il  a  trouvé  dans  leur  intérieur  de  petits 
poissons  à  demi  digérés;  ce  qui  l'a  porté  à  penser  que  ces 
animaux  ont  autant  de  bouches  que  de  suçoirs. 

Je  n'ai  disséqué  que  des  physales  conservées  depuis  un 
assez  long  temps  dans  l'esprit  de  vin,  et  voici  ce  que  j'ai 
vu  de  leur  structure  :  Le  corps  de  la  physale  et  sa  crêfe 
branchiale  m'ont  paru  être  formés  par  une  même  enveloppe, 
évidemment  libro-musculaire.  On  y  distingue  aisément  deux 
couches  de  libres;  les  unes  longitudinales  et  les  autres  circu- 
laires; celles-ci  sont  cependant  beaucoup  plus  nombreuses 
et  plus  serrées.  A  la  base  de  la  crêfe  elles  se  réunissent  en  fais- 
ceaux verticaux,  distincts,  qui  se  portent  plus  ou  moins 
obliquement  jusqu'à  son  sommet.  A  l'endroit  oii  se  trouvent 
les  orifices,  on  voit  aussi  d'aulres  faisceaux  distincts,  qui 
constituent  autour  de  ceux-ci  une  sorte  d'étoile.  Je  n'y  ai 
pas  remarqué  les  fibres  annulaires  dont  parle  M.  Tilésius. 
Les  tentacules  m'ont  paru  également  composés  de  deux  or- 
dres de  fibres  musculaires,  plus  épaisses  à  leur  base  et  à  leur 
sommet  que  dans  d'autres  parties  de  leur  étendue.  Quand  on 
a  fendu  cette  enveloppe  extérieure  ou  musculo-cutanée,  ou 
entrouve  une  seconde,  évidemment  beaucoup  plus  mince 
et  qui  n'adhère  à  l'autre  qu'autour  des  deux  orifices.  Elle 
se  continue  visiblement  dans  la  crête  branchiale,  et  c'est 
dans  cette  membrane  que  se  trouve  contenu  l'air  qui 
convertit  le  corps  de  la  physale  en  une  sorte  de  vessie.  A 
la  partie  supérieure  de  cette  poche  intérieure  on  remarque 
plusieurs  taches  un  peu  irrégulières,  ayant  quelque  épais- 
seur, et  que  je  suis  tenté  de  regarder  comme  constituant  une 
sorte  de  foie.  Au  même  endroit,  c'est-à-dire,  au  dos  de  l'a- 
nimal, j'ai  aussi  remarqué  une  autre  tache  ou  corps  fort 
mince,  ovale,  que  l'on  pourroit  concevoir  en  connexion 
avec  des  lignes  brunes  s'élevant  verticalement  dans  la  crête, 
et  alors  ce  seroit  le  cœur  recevant  des  veines  branchiales. 
Les  tentacules  m'ont  aussi  paru  formés  d'un  tissu  contractile, 
dans  lequel  ou  peut  même  quelquefois  distinguer  des  libres 


1.8  PHY 

surtout  transversales  ;  mais  je  n'oserois  pas  assurer  que  ces 
fibres  ne  fussent  pas  de  simples  rides,  déterminées  par  la  ré- 
traction de  l'organe.  En  effet ,  quand  ces  tentacules  sont  com- 
plètement distendus,  leurs  parois  sont  excessivement  minces, 
et  ils  présentent  une  cavité  étendue  d'une  extrémité  à  l'autre 
et  s'ouvrant  largement  par  des  orifices  ovalaires ,  groupés 
comme  eux  dans  la  cavité  formée  par  fenveloppe  extérieure. 
J'ai  souvent  trouvé  ces  tentacules  ou  espèces  de  cœcums 
remplis  en  plus  ou  moins  grande  quantité,  de  matière  pul- 
tacée  jaunâtre  ,  mais  dans  un  état  tel  qu'il  m"a  été  impos- 
sible  de  reconuoître  ce  que  c'étoit. 

D'après  le  peu  que  je  viens  de  dire  de  l'organisation  des 
physales  ,  il  me  semble  qu'elle  concorde  fort  bien  avec  la 
forme  extérieure  pour  constituer  un  animal  voisin  des  as- 
cidies et  des  biphores,  puisqu'on  y  remarque  deux  orifices 
extérieurs ,  qui  ne  sont  pas  plus  la  bouche  et  l'anus  que  dans 
ces  derniers;  une  enveloppe  ou  sac  extérieur  n'adhérant  à 
l'intérieur  qu'à  l'endroit  des  deux  orifices,  comme  dans 
ceux-ci;  une  disposition  radiaire  des  muscles  à  ces  orifices; 
une  sorte  de  branchie  anomale  et  oblique,  comme  chez  eux, 
mais  qui  diffère  de  la  leur  en  ce  que  le  plus  souvnet  elle  est 
extérieure  ;  la  disposition  du  foie  et  peut-être  du  cœur  est 
encore  assez  semblable  :  quant  aux  tentacules  des  physales, 
qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  tuniciers ,  peut-être 
faut-il  y  voir  des  espèces  d'ovaires,  ou  bien  seroit-ce  réelle- 
ment un  nouveau  point  de  rapprochement  avec  les  animaux 
radiaires. 

La  physiologie  des  physales  a  également  besoin  d'être 
observée.  Leur  mode  de  locomotion  a  réellement  quelque 
chose  de  celui  des  biphores,  en  ce  qu'elles  paroissent  tou- 
jours être  flottantes  dans  les  eaux  et  même,  dit-on,  cons- 
tamment à  leur  surface.  La  structure  musculaire  de  leur 
enveloppe  extérieure  ne  permet  cependant  pas  de  croire 
qu'elles  soient  toujours  à  un  même  élat  de  distension ,  et 
alors  elles  doivent  plus  ou  moins  s'enfoncer.  Mais  d'où  vient 
le  fluide  aérifôrme  qui  remplit  leurs  corps?  Si  c'est  de  l'air 
atmosphérique,  ce  qui  est  probable  ;  alors  n'est  -  il  pas 
puisé  à  la  surface  de  l'eau  au  contact  de  l'atmosphère  ?  Leur 
mode  de  nutrition  se  fait-il,   comme  le   veut  M.  Tilésius, 


PHY  129 

par  un  grand  nombre  de  bouches  ou  de  suçoirs  P  c'est  réel- 
lement ce  qui  n'est  pas  probable  ,  puisque  les  tentacules 
s'ouvrent  largement  dans  la  cavité  qui  sépare  l'enveloppe  ex- 
térieure de  l'intérieure.  S'il  étoit  vrai  que  les  tentacules  fus- 
sent pour  ainsi  dire  autant  d'estomacs,  comme  le  croit  l'au- 
teur que  nous  venons  de  citer,  et  que  les  animaux  pussent  y 
pénétrer  et  y  être  convertis  en  une  sorte  de  chyme;  comment 
ensuite  ce  chyme,  converti  en  chyle,  on  ne  sait  où ,  iroit-il 
dans  toutes  les  parties  de  l'animal  ?  Nous  croyons  donc  plus 
probable  que  le  mode  de  nutrition  des  physales  se  fait 
comme  dans  les  biphores,  chez  lesquels,  il  est  vrai,  il  n'est 
pas  encore  bien  connu.  Quant  à  celui  de  la  génération  aucun 
auteur  ne  nous  a  donné  de  renseignemens  à  ce  sujet. 

I-es  physales  jouissent  de  deux  propriétés  assez  singulières 
et  dont  la  cause  est  à  peu  près  inconnue.  Elles  sont  d'abord 
plus  ou  moins  phosphorescentes,  et  ensuite  elles  produisent 
sur  la  main  qui  les  touche,  une  sensation  douloureuse,  que 
l'on  a  comparée  à  celle  que  produit  le  contact  des  orties  , 
absolument  comme  certaines  méduses,  qui  ont  été,  à  cause  de 
cela,  appelées  orties  de  mer.  M.  Tilésius  est  encore  le  natu- 
raliste qui  a  fait  le  plus  d'observations  à  ce  sujet.  Il  s'est 
d'abord  assuré  que  la  sensation  de  brûlure  qu'on  ressent 
quand  on  a  touché  plus  ou  moins  fortement  les  tentacules 
d'une  physalide  vivante ,  et  qui  est  plus  intense  que  celle 
produite  par  les  orties,  est  due  ,  non  pas  à  une  matière  mu- 
queuse qui  les  recouvre,  comme  il  l'avoit  cru  d'abord, 
mais  à  de  petits  poils,  de  couleur  rose  que  la  mucosité  in- 
troduit dans  les  pores  de  la  peau.  En  effet,  un  jour  qu'il 
s'étoit  fortement  brûlé  en  maniant  beaucoup  les  tentacules 
d'une  physalide,  après  avoir  essayé  inutilement  de  calmer 
la  douleur  au  moyen  de  vinaigre  étendu,  d'eau  salpétrée  , 
de  sel,  d'acide sulfurique  ou  d'ammoniaque,  il  ne  put  réussir 
à  peu  près  complètement  qu'en  employant  de  fréquentes  lo- 
tions sur  les  parties  douloureuses  avec  de  l'eau  de  savon  , 
toutefois  après  avoir  préalablement  enlevé  les  petits  poils  a 
l'aide  d'une  pince.  11  faut  cependant  croire  que  la  mucosité 
elle-même  a  aussi  une  action  brûlante;  car  le  même  obser- 
vateur a  éprouvé  qu'un  vase  de  porcelaine  dans  lequel  une 
physalide  avoit  été  conservée,  n'ayant  pas  été  suffisamment 
40.  9 


i3o  PHY 

nettoyé,  îl  se  brûla  les  lèvres,  le  nez  et  les  joues,  en  se  servant 
de  ce  vase  pour  se  laver. 

Les  physales  vivent  dans  les  eaux  de  la  mer  à  d'assez 
grandes  distances  des  rivages,  si  ce  n'est  sans  doute  quand 
elles  y  sont  poussées  par  des  courans  ou  par  le  vent.  Les 
observateurs  ne  les  ayant  vues  qu'à  la  surface,  on  a  admis 
généralement  qu'elles  y  sont  toujours,  la  vessie  en  partie 
hors  de  l'eau ,  ainsi  que  la  branchie ,  et  les  tentacules  flot- 
tans  plus  ou  moins  profondément  dans  la  mer.  M.  ïilésius 
ajoute  que  ces  animaux,  quand  ils  sont  bien  vivans ,  son- 
dent avec  leurs  tentacules  tous  les  corps  qui  peuvent  se 
trouver  avec  eux  sous  l'eau  ,  et  que  les  suçoirs  s'appli- 
quent sur  le  bois  ,  la  pierre  et  même  sur  le  verre  et  la 
porcelaine,  et  qu'ils  y  déposent  de  la  mucosité  qui  leur 
transmet  la  propriété  brûlants  des  tentacules  eux-mêmes^ 
L'habitude  qu'ont  les  physales  de  se  trouver  ainsi  flottantes  à 
la  surface  de  l'eau,  entraînées  sans  doute  par  les  courans, 
les  a  fait  comparer  à  des  vaisseaux,  dans  lesquels  la  crête 
branchiale  a  été  regardée  comme  la  voile,  et  les  tentacules 
comme  les  rames.  On  admet  ensuite  que  ces  animaux  se 
servent  des  tentacules  qui  garnissent  la  partie  inférieure  du 
corps,  pour  saisir  et  même  sucer  ou  avaler  leur  proie.  Du 
moins  dans  l'opinion  de  M.  Tilésius,  qui  dit  positivement 
qu'ayant  développé  quelques-uns  des  gros  tentacules ,  entor- 
tillés les  uns  avec  les  autres  à  l'aide  de  petites  pinces,  il  re- 
marqua que  des  places  de  trois  ou  quatre  pouces,  dilatées 
inégalement,  dévoient  cette  dilatation  à  la  présence  de  corps 
étrangers,  parmi  lesquels  il  reconnut  entre  autres  une  petite 
athérine  toute  entière,  enveloppée  de  mucosités,  d'autres 
petits  poissons  presque  complètement  digérés  et  quelques  pièces 
du  cartilage  d'une  vélelle.  Ainsi  ces  tentacules,  ou  au  moins 
quelques-uns  d'entre  eux,  ne  seroient  pas  seulement  des 
suçoirs,  mais  formeroient  de  véritables  estomacs;  ce  qui  pa- 
roît  contradictoire  avec  tout  ce  qu'on  connoit  dans  les  autres 
animaux.  M.  Tilésius  admet  en  outre  que,  près  la  racine  de 
ces  tentacules,  à  l'endroit  où  ils  sont  attachés  à  la  vessie,  il 
y  a  d'autres  organes  dans  l'intérieur  des  tentacules  rouges 
qui  servent  de  suçoirs,  et  qui ,  après  avoir  extrait  de  la  proie 
les  sucs  nourriciers,  les  portent  à  toutes  les  parties  du  corps  î 


PHY  i3i 

ce  qui  l'engage  à  regarder  ces  organes  comme  analogues 
aux  villosités  intestinales  de  Lieberkiihn. 

On  rencontre  des  physales  dans  les  mers  de  tous  les  pays 
chauds  et  même  clans  la  Méditerranée.  Malheureusement  ce 
sont  des  animaux  assez  difficiles  à  étudier  et,  par  consé- 
quent, à  caractériser,  parce  que  hors  de  l'eau  ils  perdent 
presque  complètement  leur  forme.  M.  Tilésius  est  encore  le 
seul  naturaliste  qui  se  soit  occupé  de  cette  distinction,  d'a- 
bord dans  le  Voyage  autour  du  monde  par  le  capitaine 
Krusenstern,  et  ensuite  dans  un  volume  à  part,  intitulé:  Na~ 
turhistorische  Friichle  der  ersten  haiscrlich-russischen ,  unter  dem 
Kommando  des  Herrn  von  Krusenstern  ,  etc.  Sanct- Petersburg , 
i8i3. 

Nous  allons  d'abord  donner  la  caractéristique  de  ce  genre, 
d'après  nos  nouvelles  observations,  après  quoi  nous  donne- 
rons celle  des  espèces  que  M.  Tilésius  établit. 

G.  Physale.  Corps  ovale,  plus  ou  moins  alongé,  symé- 
trique ou  pair,  vésiculeux ,  pourvu  de  deux  orifices  plus 
ou  moins  rapprochés,  stelliformes;  d'une  crête  branchiale , 
oblique  à  sa  partie  supérieure,  et  d'un  ou  de  plusieurs  fais- 
ceaux d'appendices  en  forme  de  cœcums,  très -contractiles 
à  sa  partie  inférieure. 

La  P.  ARÉTHUSE;  P.  arethusa,  Browne ,  Jam.  Corps  très- 
grand  ,  terminé  à  une  extrémité  par  un  rostre  assez  alongé 
de  couleur  rose,  et  obtus  à  l'autre  ;  tentacules  ou  appendices 
de  couleur  bleue,  en  un  seul  faisceau  vers  l'extrémité  ob- 
tuse ;  crête  longitudinale  veinée  de  rose  et  de  bleu.  Les  ou- 
vertures stelliformes,  distantes  ;  l'une  sur  le  rostre,  l'autre 
au-dessus  de  la  racine  du  faisceau  tentaculaire. 

De  l'océan  Équatorial  ,  d'un  tropique  à  l'autre. 

Cette  espèce,  l'une  des  plus  grandes,  est  connue  au  Brésil, 
où  elle  est  nommée  moocicu.  Les  Portugais  l'appellent  cara- 
vella. 

La  physale  dont  parle  Molina  dans  son  Histoire  du  Chili, 
page  172  de  la  traduction  françoise,  appartient- elle  à  cette 
espèce  ?  Elle  a ,  dit-il ,  la  forme  et  la  grosseur  d'une  vessie 
de  bœuf. 

La  P.  glauque:  P.  glauca,  Til.  Corps  de  même  forme  que 
la    précédente,    dont  elle    n'est  peut-être    qu'une  variété, 


PHY 

mais  plus  petit,  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon  ;  de  cou- 
leur plus  ou  moins  glauque  ;  le  rostre  roux  ;  les  tentacules 
glauques. 

Des   mêmes  lieux. 

La  P.  PÉLAGIQUE;  P.  pelagica,  Bosc ,  Vers,  tome  2,  page 
i5g,  pi.  19,  fig.  1  ,  2.  Corps  oblong  ,  subrostré  à  une  ex- 
trémité, ventru  et  subbifurqué  à  l'autre,  qui  est  pourvue 
de  tentacules  de  différentes  formes  et  longueur,  non  véné- 
neux ;  crête  crépue,  crénelée,  avec  des  veines  roses. 

Cette  espèce  ,  dont  le  corps  est  de  la  grosseur  d'une 
amande,  est  commune  en  haute  mer,  entre  l'Europe  et 
l'Amérique. 

La  P.  DE  Lamartinière,  Til.  ;  Lamartin.,  Voyage  de  La 
Pérouse ,  tome  4-  P^*  20,  fig.  i3  ,  14;  Médusa  utriculus , 
Linn.;  Gmel.,  p.  3i55,n.°  20.  Corps  atténué  aux  deux  extré- 
mités, pourvu  à  l'une  d'un  rostre  très-long,  terminé  par  une 
papille  et  bordé  de  suçoirs,  en  dessous  de  tentacules  papil- 
lifères  simples  etrameux,  avec  un  cirrhe  très-long,  solitaire 
et  cilié;  enfin,  en  dessus  d'une  crête  assez  basse  et  quelque- 
fois indiquée  seulement  par  une  ligne  sillonnée  en  travers. 

C'est  cette  espèce  qui  a  été  observée  par  Péron  et  par 
M.  Bory  de  Saint- Vincent.  Lamartinière,  qui  l'a  vue  le  pre- 
mier, dit  que  cet  animal  pouvoit  se  fixer  aux  parois  d'un 
vase  au  moyen  des  suçoirs  qui  bordent  le  rostre  à  sa  partie 
inférieure. 

La  P.  CORNUE  ;  P.  cornuia,  Til. ,  loc.  cit. ,  t.  1  ,  fig.  14 —  16. 

Rostre  nul  ou  très -court,  à  peine  papillaire,  de  couleur 
jaune;  corps  claviforme,^  pourvu  d'un  appendice  latéral  en 
forme  de  corne;  d'une  crête  déprimée,  crénelée,  plus 
élevée  en  avant  qu'en  arrière,  et  d'un  très -long  cirrhe  soli- 
taire, avec  plusieurs  tentacules  glanduleux  ou  papillifères 
à  la  racine. 

C'est  la  plus  petite  des  espèces  de  physales,  puisqu'elle 
n'est  guère  plus  grande  qu'une  grosse  fève.  Elle  a  été  ob- 
servée dans  la  mer  entre  la  Chine  et  Sainte-Hélène. 

La  P.  DE  Gaimard,  P.  Gaimardi.  Corps  ovale,  obtus  en  ar- 
rière, un  peu  atténué  en  avant;  les  deux  orifices  très-rap- 
prochés  à  cette  extrémité  ;  un  faisceau  de  tentacules  assez 
courts  à  Pextrémité  postérieure  i  l'inférieur  très- considérable 


PHY  i55 

et  formé,  outre  un  grand  nombre  de  tentacules  semblables, 
d'un  beaucoup  plus  gros  proboscidiforme  ,  et  d'un  très-lon<f 
filament  cirrheux,  bridé  par  une  sorte  de  mésentère. 

Cette  physale  ,  dont  j'ai  étudié  la  structure  ,  diffère-t-elle' 
des  précédentes?  C'est  ce  que  je  ne  veux  pas  assurer.  Elle 
offre  cependant  un  caractère  remarquable  dans  le  rapproche- 
ment de  ses  deux  ouvertures. 

Je  dois  encore  ajouter  que  dans  les  physales  qui  m'ont 
été  remises  par  MM.  Quoy  et  Gaimard,  et  qui  ont  été  re- 
cueillies dans  leur  circumnavigation,  j'en  ai  cru  distinguer 
deux  espèces.  L'une  offre  tous  les  caractères  de  la  physale 
de  Lamartiniére  et  de  M.  Tilésius  :  son  enveloppe  est  plus 
épaisse,  plus  solide;  elle  a  des  suçoirs  tout  le  long  du  bord 
inférieur  de  son  extrémité  rostrée  ,  et  le  faisceau  tentaculaire, 
moins  considérable  que  dans  les  autres  espèces,  entoure  un 
long  filament  fort  grêle,  filiforme  dans  une  grande  partie 
de  son  étendue,  garni  dans  toute  sa  longueur  de  petits  su- 
çoirs cupuliformes. 

L'autre  espèce,  que  je  crois  pouvoir  distinguer,  est  ovale 
et  à  peu  près  également  atténuée  vers  ses  extrémités  ,  à 
chacune  desquelles  se  trouve  un  orifice  ;  mais  en  quoi  elle 
diffère  principalement  de  toutes  les  autres,  c'est  que  le 
groupe  inférieur  des  tentacules  est  partagé  en  deux  faisceaux  , 
qui  accompagnent  chacun  un  gros  suçoir  proboscidiforme, 
collé,  dans  une  grande  partie  de  son  étendue,  à  la  base  d'un 
long  tentacule  cirrheux  et  intestiniforme ,  extrêmement  pro- 
longé, comme  celui  de  la  physale  pélagique.  Il  en  résulte 
donc  une  paire  de  ces  singuliers  organes,  l'un  à  droite  et 
l'autre  à  gauche. 

J'ai  vu  deux  individus  de  cette  espèce,  qui  me  paroit  de- 
voir être  différente  de  celles  de  M.  ïilésius. 

Enfin  je  dois  aussi  avertir  que  dans  de  très -petits  indivi- 
dus, que  je  suppose  jeunes,  les  tentacules  sont  beaucoup 
moins  nombreux,  et  surtout  qu'il  ne  paroit  pas  y  avoir  en- 
core d'appendices  intestiniformes.  (De  B.) 

PHYSALE.  (Manim.)  Nom  tiré  du  grec,  et  qui  signifie  souf- 
fleur, donné  par  M.  de  Lacépède  à  un  genre  de  Cachalots. 
Voyez  ce  mot.  (  F.  C.  ) 

PHYSALIDE.  {M alacoz.)  V une  des  dénominations  françoises 


î34  PHY 

du  genre  Phjsale,  employée  par  M.  Bosc ,  par  exemple. 
(De.  B.) 

PHYSALIDE.  (Bot.)  Nom  francisé  du  plijsalis,  plus  connu 
sous  le  nom  ancien  de  Coquereï.  Voyez  ce  mot.  (J.) 

PHYSALIE.  (Malacoz.)  C'est  le  nom  que  M.  de  Lamarck 
donne  aux  physales.  (De  B.) 

PHYSALION,  Phjsalis.  {Malacoz.)  Quelques  auteurs  Fran- 
çois traduisent  ainsi  le  nom  de  Phjsalis  ou  Physale.  (De  B.) 

PHYSALIS.  {Bot.)  Voyez  Coqueret,  (L.  D.) 

PHYSALITHE.  (Min.)  M.  Léonhard  ,  dans  sa  Minéralogie, 
cite  ce  nom  comme  synonyme  de  la  pyrophysalite  de  Berze- 
lius,  qui  est  une  topase  fusible  avec  bouillonnement,  venant 
de  Finbo  et  de  Brodbo  ,  près  Fahlun  ,  en  Suède.  Voyez 
ToPASE.   (B.) 

PHYSALOÏDES.  (Bot)  Sous  ce  nom  Mœnch  a  séparé  du 
genre  Plvysalis  des  espèces  dont  le  calice  est  simplement 
denté  et  la  corolle  un  peu  campaniforme  :  ces  caractères 
ont  paru  insuffisans  pour  en  former  un  genre  distinct.  (J.  ) 

PHYSALUS.  (Mamm.)  Nom  latin  spécifique  de  la  baleine 
gibbar.  Voyez  Physale  et  surtout  Cachalot.  (F.  C) 

PHYSAPE,  Phj^sapus,  (Entom.)  Degéer  a  donné  ce  nom 
au  genre  d'insectes  hémiptères  nommé  Thrips  par  la  plupart 
des  entomologistes.  (DesiM.) 

PHYSAPODES  ou  VÉSITARSES.  {Entom.)  Noms  d'une 
famille  d'insectes  hémiptères,  qui  ne  renferme  que  le  seul 
genre  anomal  des  thrips,  et  qui  a  tiré  son  nom  de  la  singu- 
lière conformation  des  tarses,  lesquels  sont  garnis  de  petites 
vessies ,  qui  font ,  à  ce  qu'il  paroît,  l'usage  de  petites  ventouses  , 
à  l'aide  desquelles  l'insecte  cidhère  sur  les  surfaces  les  plus 
polies  :  les  mots  (pvs'ci  signifiant  une  poche,  une  vessie,  et 
TToç ,  TroS'ûç ,  pied.  Leur  caractère  est  ainsi  exprimé  :  Elytres 
plans,  étroits,  croisés,  couchés  sur  le  dos  dans  l'état  de  re- 
pos; pattes  courtes;  tarses  terminés  par  des  vésicules.  Tels 
sont  les  thrips,  que  nous  avons  fait  figurer  dans  l'atlas  de  ce 
Dictionnaire,  planche  36,  fig.  ihis.  (C.  D.) 

PHY'SARUM.  {Bot.)  Genre  delà  famille  des  champignons, 
créé  par  Persoon ,  qui  le  place  dans  l'ordre  des  champignons 
dermatocàTpes  {gasteronvyci ,  Link;  lycoperdacées),  avec  les 
trichia ,    les  Ljcoperdon.    etc.  Son  caractère  générique  a   été 


PII  Y  i35 

rectifié  par  Link  et  établi  ainsi  :  Péridium  globuleux  ou  ob- 
long,  ou  évasé,  simple  ou  double;  columelle  ou  axe  central 
nul;  filamens  nuls  ou  fixés  vers  la  base  interne;  sporidies 
ou  séminules  agglomérées.  Les  péridiums  sont  situés  sur  une 
membrane  apparente,  surtout  dans  la  jeunesse. 

Le  genre  Phjsarum  a  été  formé  pour  placer  quelques  es» 
pèces  des  genres  Trichia  (Capili.ine)  ,  Sphœrocarpus  et  Re~ 
ticularia  de  Bulliard  ;  Didjmium  de  Schrader,  qui  n'avoient 
pas  les  caractères  des  genres  dans  lesquels  on  les  avoit  placé, 
Persoon  en  portoit  le  nombre  cà  seize  espèces.  Link,  en  révi- 
sant le  travail  de  Persoon  et  en  en  faisant  un  propre  sur  le 
phjsarum,  a  renvoyé  quelques-unes  des  espèces  de  cet  auteur 
et  des  siennes,  qu'il  avoit  fait  connoître  antécédemment,  aux 
genres  Leocarpus  et  Cionium  ,  et,  par  contre,  ramène  au 
physarum  le  diderma  difforme,  Pers.  Malgré  ces  changemens, 
le  phjsarum  oifre  cinquante  espèces  environ  ,  toutes  indi- 
gènes, et  dont  on  doit  la  connoissance  à  Persoon,  Link, 
Albertini  et  Schweinifz,  Ditmar,  Schumacher  et  Ehrenberg. 
Ces  plantes  sont  très-petites,  semblables,  pour  la  grandeur, 
aux  Trichia,  Diderma,  Leocarpus,  etc.,  genres  voisins.  On 
les  rencontre  sur  les  troncs  et  les  branches  des  arbres ,  sur 
le  bois  pourri,  sur  les  mousses,  etc.  Leur  péridium  est  sessile 
ou  stipité,  lisse  ou  comme  farineux  etécailleux;  il  est  com- 
munément cendré  :  dans  quelques  espèces  il  est  vert ,  orangé  , 
blanchâtre ,  purpurin  ,  etc.  Nous  ne  ferons  connoître  que 
quelques  espèces,  et,  selon  notre  usage,  celles  seulement 
propres  à  donner  une  idée  exacte  du  genre  et  de  ses  coupes. 

§.   1.^'  Péridium  sessile  et  lisse. 

1.  Physarum  CHAINETTE;  P/i.  coutextum,  Pers. ,  Sjnops.  Espèce 
d'un  iaune  citron,  formée  de  péridiums  contigus,  le  plus 
souvent  comprimé  et  flexueux ,  rugueux,  s'ouvrant  au  som- 
met en  deux  parties.  On  la  trouve,  en  automne,  sur  la 
mousse,  les  feuilles  mortes  et  les  branches  tombées,  qu'elle 
entoure  en  manière  de  ceinture  ou  de  chaîne. 

,§.  2.  Péridiums  sessiles  et  écai lieux, 

2.  Ph.  bivalve  :  Ph:  bivalve,  Fers.  ,  Ohi.  mjcoL,  i  ,  pag.  6, 


i56  PHY 

tab.  1,  fig.  2;  Relicularia  sinuosa .  Bull.,  Champ,,  tab.  446, 
fig.  3.  Espèce  cendrée  ou  blanchâtre,  formée  par  des  péri- 
diums  irréguliers,  souvent  semblables  à  des  lignes  alongées  et 
flexucuses.  On  la  trouve,  quoique  rarement,  sur  les  feuilles 
et  les  branches  mortes.  Elle  se  compose  de  deux  lames  co- 
riaces, unies  par  un  réseau  filamenteux,  qui  contient  une 
poussière  noirâtre. 

§.  3.  Péridiutn  grenu  ou  écailleux  et  de  couleur 
grise, 

3.  Ph.  penché  :  Ph,  nutans ,  Pers. ,  Sjn.  ;  Spliœrocarpus  al~ 
tus,  Bull.,  Champ.,  tab.  407,  fig.  3,  et  tab.  470,  fig.  1  -,  Péri- 
dium  d'abord  blanc,  puis  cendré  ou  jaunâtre,  sphérique  ou 
lenticulaire,  glabre,  penché,  à  surface  grenue;  stipe  d'un 
gris  blanchâtre  ou  blanc,  quelquefois  cylindrique,  quelque- 
fois renflé  à  la  base.  Cette  espèce  croit  sur  les  feuilles  mortes 
et  sur  les  troncs  d'arbres,  après  les  grandes  pluies  et  quel- 
quefois sur  les  mousses, 

§.  4.  Péridium  grenu  ou  écailleux  et  d'autre 
couleur  que  le  gris. 

il,.  Ph.  vert:  P\i.  viride ,  Pers.;  Sphœrocarpus  viridis,  Bull., 
Champ.,  pi.  481  ,  fig.  1.  Espèce  à  péridium  vert,  sphérique 
ou  un  peu  déprimé;  stipe  grêle,  cylindrique,  brun  ou  d'uu 
rouge  de  brique  ;  membrane  de  la  base  grisâtre  et  très-appa- 
rente. Cette  espèce  se  trouve  sur  les  troncs  d'arbres  morts, 
et  le  plus  souvent  sur  la  terre. 

§.   5.  Péridium  stipité  et  lisse. 

6.  Ph.  vernissé  :  Ph.  vernicosum ,  Pers.,  Obs.  mjyc,  1  ,  pK 
5  ,  fig.  7  —  9  ;  Lycopeidon  fragile  ,  Dicks. ,  PL  crypt. ,  \  , 
pi.  3  ,  fig.  5.  Espèce  à  stipes  réunis  plusieurs  ensemble ,  blan- 
châtres ,  courts;  péridiums  ovales,  brillans  et  translucides , 
bruns  ou  d'un  jaune  fuligineux,  quelquefois  roussàtre  ;  mem-: 
brane,  qui  sert  de  base,  blanchâtre.  Cette  espèce,  remar-? 
quable  par  son  aspect  brillant,  croît  en  automne. dans  les 
bpis ,  sur  lç$  fei^illes ,  les  branchages  tombés  et  particulière^ 


PHY  i37 

ment  sur  la  mousse.  11  y  en  a  une  variété  à  péridîum  pres- 
que rond  et  à  stipe  d'un  blanc  jaunâtre.  Voyez  Trichia  et 
Sph^rocarpus.  (  Lem.  ) 

PHYSCHIUM.  (Bot.)  En  examinant  avec  attention  ce  genre 
de  Loureiro,  nous  avons  reconnu  que  sa  plante  étoit  un 
Vallisneria  dontil  n'avoit  pas  bien  saisi  les  caractères.  Voyez 
ce  mot.  (J.) 

PHYSCIA.  (Bot.)  Genre  de  la  famille  des  lichens,  carac- 
térisé par  ses  expansions  membraneuses  et  foliacées,  libres, 
glabres  ou  ciliées  sur  les  bords  ,  divisées  en  lanières  droites, 
ou  disposées  en  touifes  ou  bouquets  et  quelquefois  en  pla- 
ques, portant  sur  leurs  bords  des  scutelles  sessiles  ou  pédi- 
cules, et  des  points  ou  tubercules  farineux. 

Les  phjscia  sont  de  belles  espèces  de  lichens,  remarqua- 
bles par  leur  grandeur,  leurs  couleurs  quelquefois  vives,  leurs 
scutelles  de  couleur  différente  de  celles  des  expansions.  Elles 
forment  sur  les  écorces  des  arbres,  les  rochers  et  rarement  sur 
la  terre,  des  touffes  et  des  plaques  nombreuses,  qui  les  revê- 
tent de  mille  couleurs.  On  en  connoît  un  assez  grand  nombre 
d'espèces  ,  environ  quarante  à  peu  près  ,  presque  toutes 
d'Europe,   et  dont  plus  de  la  moitié  se  trouve  en  France. 

Une  grande  partie  de  ce  genre  formoit  dans  le  Prodro- 
mus  d'Acharius  une  tribu  particulière.  M.  De  Candolle  y  a 
joint  le  platisma  du  même  auteur;  mais  Acharius ,  en  re- 
prenant son  premier  travail  sur  les  lichens,  a  remplacé  le 
phjscia  de  M.  De  Candolle  par  ses  genres  Borrera,  Cetraria  , 
Ramalina ,  Evernia  et  Dufourea;  de  plus,  quelques  espèces  ont 
été  rejetées  dans  les  genres  Alectoria,   Rocella   et   Parmelia. 

§.  1."  Expansions  divisées  en  lanières  alongées ,  cour- 
bées par  dessous  en  canal  longitudinal.  (Borrera, 
Achar.) 

1.  Ph.  grenue  :  P/i.  furfuracea  ,  Decand.  ;  Lichen  furfura- 
ceus  ,  Linn.;  Engl.  Bot.,  pi.  984  ;  Lichenoides  furfuraceum  , 
Hoffin.,  Lich, ,  pi.  9  ,  fig.  2  ;  Borrera  furfuracea ,  Ach.  ,  Syn.  ; 
Dill.,  Musc,  tab.  21  ,  fig.  62.  Expansion  membraneuse,  d'un 
gris  cendré  en  dessus ,  avec  la  surface  couverte  d'une  pous- 


3  58  PHY 

siére  formée  de  très-petits  grains  noirâtres,  globuleux,  quel- 
quefois rameux,  d'un  violet  noir,  réticulé  et  glabre  en  des- 
sous; découpures  ou  lanières  rameuses,  linéaires;  scutelles 
rares,  grandes,  concaves,  d'un  rouge  brun,  situées  sur  les 
lobes  les  plus  larges.  Cette  grande  et  belle  espèce  se  ren- 
contre dans  les  forets  montagneuses,  sur  les  rochers  et  les 
troncs  des  arbres  ,  particulièrement  dans  les  Alpes  et  les 
Pyrénées.  Il  y  en  a  plusieurs  variétés.  On  pourroit  en  faire 
usage  pour  teindre  la  laine  en  couleur  vert-olive. 

Les  Ph.  tenella  et  ciliaris,  communes  dans  nos  environs  de 
Paris ,  sont  décrites  à  farticle  Borrera  comme  exemples  de 
ce  genre,  ainsi  que  le  Ph.  chrjsophthalma. 

§.  2.  Expansions  divisées  en  lanières  planes  et 
alongées.  (Evernia  et  Ramalina,  Ach.) 

2.  Ph.  du  prunellier  ••  Ph.  prunastri,  Dec.;  Lichen  pru- 
nastri,  Linn.;  EngL  Bot.,  pi.  869  et  i353  (L.stictoceros)  ;  Dill., 
Musc,  tab.  21  ,  fig.  54,  55  ,  A;  Vaill. ,  Bot.,  pi.  20  ,  fig.  11. 
Expansion  molle  et  membraneuse  ,  cendrée-blanchâtre  ,  quel- 
quefois verdàtre,  ridée,  bosselée,  d'un  blanc  de  lait  en  des- 
sous, inégalement  bifurquée  ,  très  -  rameuse  ,  à  découpures 
redressées,  linéaires,  atténuées  et  planes;  scutelles  fort  rares, 
brunes,  marginales;  tubercules  farineux,  marginaux,  très- 
fréquens.  Cette  plante,  excessivement  commune,  est  cepen- 
dant infiniment  rare  avec  les  scutelles,  et  si  l'on  vouloit  une 
preuve  que  ces  organes  ne  sont  point  nécessaires  à  la  multi- 
plication ,  elle  la  fourniroit  complètement.  On  en  connoit 
plusieurs  variétés.  (Voyez  Evernia.) 

Cette  espèce ,  qui  par  son  abondance  intercepte  la  trans- 
piration de  quelques  arbres  fruitiers,  procure  à  la  teinture 
une  couleur  rouge  ou  de  vigogne  claire  et  dorée.  Dambour- 
nay  fait  observer  qu'en  faisant  macérer  ce  lichen  dans  de 
l'urine,  on  pourroit  en  tirer  quelque  chose  de  mieux.  Fors- 
kal  et  Niebuhr  rapportent  que  les  Arabes  l'emploient  pour 
faire  du  pain  et  de  la  bière. 

3.  Ph.  FARINEL3E  :  Ph.farinaceu ,  Dec;  Ramalina  farinacea, 
Ach.  ;  Lichen  farinaceus ,  Linn.  ;  Ach. ,  in  ISov.  act.  Acad. 
Stochh. ,  vol.  i8,  pi.  11,  fig.  1  ;  EngL  Bot.,  pi.  889.  Expan- 


PHY  .39 

sion  cartilagineuse ,  gris-cendrée  ,  glauque  ,  à  découpures  com- 
primées ou  seiui-cylindriques,  glabres,  un  peu  bosselées,  bi- 
furquées  ou  rameuses;  scutelles  éparses,  un  peu  pédiculées 
et  d'un  jaune  pâle  ,  couvertes  de  bouquets  ou  de  tubercules 
farineux.  Cette  espèce  offre  plusieurs  variétés,  toutes  remar- 
quables par  4^  quantité  des  tubercules  farineux  qui  les  re- 
couvrent ;  elle&,se  rencontrent  fréquemment  et  en  abondance 
sur  les  arbres  et  plus  rarement  sur  les  vieux  murs. 

4.  Ph.  des  frênes  :  Ph.  fraxinea ,  Decand.  ;  Lichen,  fraxi- 
neus  ,  Linn.  ;  Flor.  Dan.  ,  pi.  1187  ;  Plafisma  fraxinea  , 
Hoffm.;  Lich.,  pi.  18,  fîg.  1  ,  2;  Dill. ,  Musc,  pi.  22,  fig. 
29  ;  Ram alina  fraxinea ,  Ach.  ,  Synops, ,  296.  Expansion  plane, 
linéaire,  très-découpée  et  laciniée ,  d'un  blanc  grisâtre  ou 
verdàtre ,  glabre,  rugueuse,  bosselée  et  comme  réticulée  des 
deux  côtés,  dernières  découpures  lancéolées,  atténuées;  scu- 
telles marginales,  sessiles ,  d'un  rouge  de  chair  fort  pâle, 
d'abord  concave  et  lisse  ,  puis  ridée  ,  plane  ou  convexe. 
Cette  espèce  est  très-commune  sur  les  arbres,  et  particulière- 
ment sur  les  vieux  chênes ,  les  frênes ,  les  hêtres ,  les  peu- 
pliers. 

Le  PJiyscia  fastigiata ,  Decand.;  Lichen  fastigiatus  ,  Pers. , 
ou  calicaris,  Lamk. ,  est  très-voisin  du  Ph.  fraxinea.  Il  en 
diffère  par  les  scutelles  sessiles,  terminales,  munies  d'un 
petit  appendice  ou  éperon.  Cette  division  offre  plusieurs 
autres  espèces,  intéressantes  par  leur  grandeur  et  leur  fré-^ 
quence. 

§.  3.  Expansions  dwisées  en  lanières  alongées ,  cour 
hées  en  canal  longitudinal  en  dessous.  (Cf.tharij*;, 
Sp.j  Ach.) 

6.  Ph.  d'Islande  :  Ph.  islandica,  Decand.;  Lichen  islandicus, 
Linn.;  F/or.  Dan.,  pi.  i53,  fig.  879;  EngL  Bot.,  pl.  i33o  ; 
Lichenoïdes  islandicum ,  Hoffm.,  Lich.,  pl.  9,  fig.  1  ;  Dill., 
Musc,  pl.  28,  fig.  111,  112.  Expansion  membraneuse  d'un 
brun  châtain,  olivâtre  ou  verdàtre,  d'un  rouge  brunâtre  à 
sa  base,  plus  pâle  en  dessous,  droite,  rameuse,  lobée,  à 
découpures  redressées ,  presque  linéaires,  multifides,  canali- 
culées,  dentées,  ciliées;  les  découpures  fructifères  plus  élar- 


140  PHY 

gies  ;  scutelles  planes ,  sessiles ,  appliquées ,  de  même  couleur  ou 
plus  foncée  que  l'expansion  ,  ayant  le  bord  élevé ,  entier ,  cilié. 
On  rencontre  cette  plante  à  terre  dans  les  bois  montueux,  les 
prairies  montueuses,  quelquefois  dans  les  champs  arides  et 
les  bruyères.  Elle  forme  des  touffes  et  couvre  souvent  un 
grand  espace  de  terrain,  surtout  dans  le  Norc^de  l'Europe. 
On  en  trouve  en  Suède  deux  variétés  :  l'une  a  le  bord  des 
scutelles  élevé  et  denté  ;  l'autre  a  le  disque  des  scutelles  noir, 
plissé  et  rugueux. 

Cette  espèce,  très-çonnue  sous  le  nom  de  lichen  d'Islande, 
est  une  des  plus  célèbres  de  la  famille  par  ses  usages.  En 
Islande,  où  elle  abonde,  on  la  réduit  en  une  farine  ou  gruau, 
que  l'on  met  dans  la  soupe  et  dans  le  pain.  Elle  est  employée 
avec  succès  en  pharmacie  pour  composer  des  pâtes  et  des  si- 
rops pectoraux;  bouillie  avec  du  lait,  on  l'administre  sou- 
vent dans  les  maladies  de  poitrine.  La  décoction  de  cette 
plante  amère  ,  un  peu  astringente  ,  coupée  avec  le  lait,  après 
avoir  rejeté  la  première  eau  ,  fournit  une  nourriture  légère, 
saine,  très- recommandée  dans  la  toux,  l'hémoptopsie,  la 
pulmonie,  etc.  Le  pain  de  lichen,  quoique  mauvais,  est 
nourrissant  et  antiseptique.  Les  vaches  maigres  et  les  co- 
chons s'engraissent  très-bien  en  mangeant  cette  plante  nutri- 
tive. Nous  avons  fait  connoître  son  analyse  par  Berzelius ,  à 
l'article  Lichen,  tom.  XXVI,  p.  266,  et  l'on  peut  y  voir  que 
l'abondance  de  fécule  que  contient  cette  plante,  est  la  cause 
de  sa  propriété  d'être  nutritive. 

On  a  cherché  à  utiliser  cette  plante  dans  la  teinture;  mais 
son  emploi  n'a  pas  eu  de  suite.  Elle  donne  une  couleur 
jaune. 

Plusieurs  autres  lichens  de  ce  genre  pourroient  remplacer 
le  phjyscia  islandica,  et  peut-être  avec  plus  d'avantage,  par 
exemple,  le  Ph.  du  frêne,  décrit  plus  haut.  Villars  fait  ob- 
server qu'il  est  si  chargé  de  mucilage  ,  qu'une  once  de  la 
plante  lui  a  donné  six  gros  d'une  gelée  gris  -  blanchâtre, 
dense,  solide,  d'un  goût  fade,  douceâtre,  mêlé  d'amer- 
tume. 


PHY  Ut 

§.   4.    Expansions   divisées    en  lohes  arrondis  ou  dé- 
chiquetés irrégulièrement.  (Getrari^,  Sp.,  Ach.  ) 

6.  Le  Ph.  du  genévrier  :  P?i.  juniperina,  Dec;  Lichen  juni- 
perinus,  Linn.  ;  HofFm.,  Eniim.  Lich.,  pi.  7  ,  fig.  2  [squammaria). 
Expansion  d'un  jaune  vif,  surtout  en  dessous,  membraneuse, 
glabre,  un  peu  bosselée,  à  découpures  nombreuses,  planes, 
redressées,  comme  déchiquetées,  crénelées  et  crépues:  scu- 
telles  situées  vers  l'extrémité  des  découpures,  élevées,  d'un 
roux  brun,  avec  une  bordure  jaune,  crénelée.  Cette  espèce, 
très-élégante,  se  trouve  sur  les  troncs  et  les  rameaux  des  ar- 
brisseaux, et  principalement  sur  le  genévrier. 

Le  lichen  pinastri ,  Scop.  ou  phjyscia  pinastri,  Decand.,  est, 
selon  Acharius ,  une  variété  du  Ph.  juniperina,  qui  se  dis- 
tingue par  sa  couleur  jaune  jonquille,  quelquefois  un  peu 
verdàtre  ,  et  par  son  expansion  chargée  en  ses  bords  d'une 
grande  quantité  de  tubercules  pulvérulens  ,  d'un  jaune  ex- 
trêmement vif.  Elle  n'a  jamais  présenté  de  scutelles.  On  la 
trouve  particulièrement  dans  les  montagnes,  sur  les  troncs 
des  pins,  des  sapins  et  des  mélèzes,  mais  près  de  terre. 

7.  Ph.  glauque  :  Ph.  glauca,  Decand.  ;  Lichen  glaucus ,  Linn.  ; 
Flor.  Dan.  ,  tab.  698;  Hoffm. ,  Enum.  lich.,  pi.  20,  fig.  1; 
Celraria  glauca ,  Ach.  ;  Dill. ,  Musc,  pi.  2 5  ,  fig.  96  ;  Vaill. ,  Bot. 
Par.,  pi.  21  ,  fig.  12.  Expansion  membraneuse,  lisse  des  deux 
côtés,  luisante,  d'un  blanc  grisâtre,  glauque  en  dessus,  d'un 
noir  brun  en  dessous  ,  étendue  ,  sinuée  et  lobée,  à  découpures 
incisées ,  déchiquetées ,  ascendans ,  entremêlées  et  comme  cris- 
pées; scutelles  éparses,  élevées,  fauves  ou  rouge-bruns.  Cette 
espèce  forme  sur  les  rochers  de  grandes  plaques.  Ses  scu- 
telles ont  un  rebord  grenu  et  grisâtre  ,  produit  par  l'expan- 
sion elle-même.  On  la  trouve  aussi  fort  communément  sur 
les  arbres  ;  mais  elle  s'y  présente  plus  petite  et  toujours  sans 
scutelles. 

Le  Physcia  fallax ,  Decand.,  est  une  variété  du  Ph.  glauca, 
suivant  Acharius.  Il  est  figuré  dans  Dillen. ,  Musc,  pi.  22, 
fig.  58.  Voyez  aussi  Micheli ,  Gen. ,  pi.  07,  et  Hoffm.,  Ph. 
lich.,  pi.  46,  fig.  1  —  3.  (Lem.) 

PHYSE,  Physa.  (Malacoz.)  Genre  de  malacozoaires  sub- 
céphalés,    de    l'ordre  des  pulmobranches,   famille  des  lim- 


^/|2  PIIY 

nées,  établi  par  Draparnaud,  dans  son  Prodrome  de  l'his- 
toire des  mollusques  terrestres  et  fluviatiles  de  France,  mais 
qu'Adanson  (Sénég. ,  p.  5)  avoit  parfaitement  établi,  bien 
auparavant,  sous  le  nom  de  Bulin.  Nous  le  caractérisons  ainsi  : 
Animal  presque  en  tout  semblable  aux  limnées  ;  tentacules 
subconiques  ou  sétacés ,  élargis  à  la  base  ;  manteau  digité  ou 
simple  sur  ses  bords',  pouvant  se  recourber  en  dessus  et  re- 
couvrir plus  ou  moins  la  coquille  ;  coquille  souvent  séniestre, 
ovale,  oblongue  ou  globuleuse,  parfaitement  lisse;  ouver- 
ture ovale,  entière,  rétrécie  postérieurement;  le  bord  ex- 
terne tranchant,  avancé  au-dessous  du  plan  du  bord  colu- 
meKaire  et  s'élargissant  pour  se  joindre  à  la  partie  anté- 
rieure de  celui-ci.  L'animal  des  physes  est  réellement  in- 
termédiaire à  celui  des  limnées  et  à  celui  des  planorbes , 
c'est-à-dire,  qu'il  est  ovale  et  enroulé,  comme  les  limnées; 
mais  que  ses  tentacules  sont  à  peu  près  situés  comme  dans 
les  planorbes.  Quant  à  la  coquille,  elle  a  quelque  chose  de 
celle  des  bulles  par  sa  minceur,  sa  fragilité  et  même  un  peu 
par  sa  forme  ;  mais  sa  spire  est  constamment  saillante.  Elle 
est  d'ailleurs  presque  toujours  sénestre.  La  petitesse  des 
physes  de  nos  pays  n'a  pas  permis  d'en  scruter  l'organisa- 
tion ;  mais  nul  doute  qu'elle  ne  diffère  que  très  -  peu  de 
celle  des  limnées.  Ce  sont  des  animaux  d'eau  douce,  respi- 
rant l'air  en  nature  et  nageant  avec  la  plus  grande  facilité, 
le  pied  en  haut,  le  dos  et  la  coquille  en  bas,  tout-à-fait  à  la 
manière  des  limnées.  Ils  se  nourrissent  également  de  subs- 
tances végétales  et  ils  pondent  aussi  un  assez  petit  nombre 
d'œufs,  réunis  en  une  petite  masse  glaireuse. 

On  connoît  un  assez  petit  nombre  d'espèces  de  ce  genre; 
mais  comme  il  avoit  été  assez  négligé  jnsque  dans  ces  derniers 
temps,  il  est  probable  que  le  nombre  s'en  augmentera  bien- 
tôt. On  en  connoit  déjà  dans  la  Nouvelle-Hollande  et  dans 
l'Amérique  septentrionale,  et  même  en  Afrique,  dont  M. 
de  Lamarck  ne  parle  pas. 

A.  Espèces  suhtui^t^iculées ,  sans  pli  à  la  columelle. 

La  P.  DES  MOUSSES  :  P.  hy^noTum,  Drap.,  Moll.,  pi.  3,  fig. 
12,  i3  ;  Bulla  turrita ,  Linn.  ;  Gmel.  ,  page  3428,  n."  20. 
Petite  coquille  alongée ,  conique,   sénestre,   sujîturriculée, 


PHY  i45 

à  spire  aiguë,  de  couleur  fauve  ou  jaunâtre,  avec  un  peu 
de  blanc  à  la  columelle. 

De  toutes  les  parties  de  la  France,  où  elle  vit  sur  les 
mousses ,  les  herbes  des  vallées  et  dans  les  rivières  elles- 
mêmes. 

La  P.  étroite;  P.angustata,  Lesson.  Petite  coquille  de  quatre 
à  cinq  lignes  de  long  sur  deux  et  demie  de  large,  mince, 
striée,  étroite,  alongée ,  subturriculée  ;  tours  despire  renflés 
et  très-distincts  ;  le  dernier  égalant  les  quatre  autres  pris  en- 
semble ;  ouverture  assez  courte,  ovale  et  presque  semblable 
aux  deux  extrémités;  couleur  d'un  blanc  verdàtre.  De  l'ex- 
pédition du  capitaine  Duperrey.  Elle  ressemble  beaucoup  à 
une  limnée  alongée ,  qui  seroit  sénestre. 

B.  Espèces  ovales  ou  ventrues,    avec  une  torsion 
de  la  columelle. 

La  P,- MARRON  :  P.  castanea,  de  Lamarck  ,  Anim.  sans  vert. , 
tom.  6  ,  part.  2  ,  pag.  i56  ,  n.°  1  ;  Enc.  méth. ,  pi.  469  ,  fig.  i  , 
a,  b.  Coquille  de  neuf  à  dix  lignes  de  long,  jaunâtre,  ovale- 
oblongue,  ventrue,  très-mince,  pellucide ,  à  spire  assez 
courte  ,  à  sommet  carié  ;  couleur  châtaine. 

De  la  Garonne.  Diffère- t-elle  réellement  de  la  Ph.  aiguè' 
de  Draparnaud  ? 

La  P.  AIGUË;  P.  acuta,  Drap.,  loc.  cit.,  page  55,  pi.  3,  fig, 
10,  11.  Coquille  assez  grande  pour  le  genre  (huit  à  dix 
lignes),  sénestre,  ovale,  ventrue,  striée,  un  peu  solide;  à 
spire  aiguë,  très- courte,  de  cinq  tours,  dont  le  dernier 
beaucoup  plus  grand  que  tous  les  autres;  columelle  forte- 
ment tordue;  le  bord  externe  submarginé  en  dedans.  Cou- 
leur un  peu  cendrée. 

De  la  Garonne  et  des  rivières  qui  s'y  jettent. 

La  P.  SOBOPAQUE  ;  p.  suhopaqua ,  de  Lamarck ,  loc.  cit. ,  n."  4. 
Coquille  très-petite  (quatre  lignes  et  demie),  sénestre,  ovale  , 
semi-pellucide,  à  quatre  tours  de  spire;  celle-ci  un  peu  sail- 
lante. Couleur  fauve  pâle. 

Des  eaux  stagnantes  des  environs  de  Montpellier. 

La  P.  DES  FONTAINES  :  P.  fontinalis ,  Bulla  fontinalis,  Linn.  ; 
Gmel. ,  page  3427,  n."  18;  Drap.,  Moll.,  pi.  3,  fig.  8,  9. 
Coquille  petite  (six  lignes),   sénestre,  ovale,  ventrue,  dia- 


M4  PHY 

pliane,  de  quatre  tours  de  spire;  celle-ci  très -courte  et  ob- 
tuse. Couleur  de  corne  pâle.  Le  manteau  de  l'animal  est 
pourvu  de  languettes  linéaires,  qui  se  recourbent  sur  la  co- 
quille quand  il  rampe. 

Dans  les  eaux  des  sources  et  des  ruisseaux  de  toute  la 
France. 

La  P.  DES  sot3RCEs;  P.  scaturiginuni ^  Drap.,  loc.  cit.,  pi.  3, 
£g.  12,  i5.  Très-petite  coquille  ovale,  très-lisse,  diaphane, 
assez  alongée  ;  aspire  courte,  légèrement  obtuse  au  sommet. 
Couleur  blanchâtre ,   avec  une  teinte  jaune. 

Des  sources  froides  des  montagnes. 

La  P.  d'Adanson  :  P.  Adansonii  ;  le  Bulin  ,  Adans.,  Sénég. , 
page  5,  pi.  1.  Très-petite  coquille  (une  ligne  et  demie  de 
long),  ovoïde,  luisante ,  mince  ,  transparente,  sénestre;  à 
suture  presque  canaliculée  ;  à  sommet  pointu.  Couleur  fauve, 
quelquefois  pointillce  de  noir  vers  l'ouverture. 

Très- commune  dans  les  marais  et  les  étangs  de  P^dor  au 
Sénégal. 

Adanson  décrit  très- bien  l'animal  de  cette  coquille,  ainsi 
que  ses  mœurs  et  ses  habitudes.  Il  en  fait  le  rapprochement 
exact  avec  l'espèce  connue  dans  nos  pays;  il  le  place  près 
du  planorbe,  qu'il  nomme  coret  ;  cependant  Draparnaud  ne 
le  cite  pas,  et  le  genre,  établi  par  celui-ci,  a  prévalu.  C'est 
en  parlant  de  ce  petit  animal  qu'Adanson  a  fait  l'observa- 
tion curieuse  que  tous  les  ans,  dans  la  saison  pluvieuse,  les 
individus  sont  tellement  abondans,  qu'on  en  peut  prendre 
d'un  coup  de  main  plusieurs  milliers  ,  quoique  le  terrain 
inondé  où  ils  se  trouvent,  eût  été,  pendant  les  six  mois  pré- 
cédens,  desséché  et  brûlé  par  le  soleil  le  plus  cuisant.  Ce 
qui  confirme  l'expérience  de  M.  Leechs  sur  la  faculté  qu'ont 
les  œui's  de  mollusques,  de  résister  à  une  dessiccation  consi- 
dérable. 

La  P.  DELA  Nouvelle- Hollande  ;  P.  JSSovœ-Hollandiœ ,  PI. 
du  Dict.,  EllipsostOxMEs.  Coquille  grande  (un  pouce  au  moins 
de  long),  ovale,  lisse,  à  spire  très-courte,  obtuse,  de  quatre 
tours  ,  dont  le  dernier  est  huit  fois  aussi  grand  que  tous  les 
autres  pris  ensemble  ;  columelle  nue  ,  tordue.  Couleur  brune 
assez  foncée  ;  la  columelle  d'un  beau  blanc. 

Des  rivières  de  la  Nouvelle-  Hollande. 


PHY  U5 

La  P.  DE  Say  :  p.  Say  ;  Limnœa  heterostropha ,  Say ,  Enc. 
amer.,  Concholopj,  pi.  i,  lig.  6.  Coquille  sénestre  ,  ovale, 
un  peu  alongée  ,  à  spire  très- courte,  pointue-,  ouverture 
ovale  ,  alongée,  avec  un  pli  subonibiliqué  à  la  coluuielle  t 
un  épaiss'ssement  en  dedans  du  bord  ext.  rne.,  Couleur  jaune 
pâle,  quelquefois  noirâtre;  lèvre  externe  teinte  d'un  rouge 
foncé. 

Dans  la  Delavvare  et  d'autres  rivières  des  Etats  -  Unis, 
(Dk  B.) 

PHYSE.  (Foss.)  Les  coquilles  de  ce  genre  se  rencontrent 
à  l'état  fossile  dans  les  terrains  lacustres  postérieurs  à  la  craie, 
La  plus  grande  espèce  que  l'on  connoisse ,  et  qui  a  près  de 
deux  pouces  et  demi  de  longueur,  se  trouve  dans  les  marnes 
calcaires  blanches  de  la  montagne  d'Epernon  près  Epernay. 
Dans  la  Description  des  coquilles  fossiles  des  environs  de  Paris  , 
M.  Deshayes  lui  a  donné  le  nom  de  physe  columellaire  ,  Physa 
columelluris  ,  et  il  en  a  donné  la  figure  pi.  lo  ,  n.°*  )  i  et  12  de 
cet  ouvrage.  Elle  est  élancée,  turriculée,  très-fragile,  lisse  et 
tournée  à  gauche  ;  l'ouverture  est  ovale ,  aiguë  postérieurement  ; 
la  lèvre  est  très-mince,  peu  recouvrante;  la  columelle  est 
lisse,  tordue  dans  son  milieu,  où  elle  s'aplatit  en  s'élargissant, 
pour  se  confondre  avec  le  bord  columellaire,  qui  est  bordé. 
Il  est  rare  de  trouver  cette  coquille  entière. 

M.  de  Férussac  a  été  le  premier  à  indiquer  ce  genre  à  l'état 
fossile:  une  espèce  q\i'on  trouve  dans  les  terrains  d'eau  douce 
de  Lauzerte,  est  Panalogue  du  phjsa  hjpnorum  deDraparnaud  , 
bulla  hypnorum ,  Linné. 

M.  de  Férussac  a  trouvé  dans  le  bassin  d'Épernay  une  autre 
espèce,  à  laquelle  il  a  donnéle  nom  àe  phjsa  antiqua.  (D.F.) 

PHYSENA.  {Bot.)  Petit -Thouars,  Nov.  gen,  Madag,,  page 
6,  n."  20.  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs  incom- 
plètes, dont  la  famille  naturelle  n'est  point  encore  connue, 
de  la  polyandrie  digynie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Un  calice  fort  petit,  à  cinq  ou  six  divisions  ;  point 
de  corolle;  dix  à  douze  étamines  et  plus,  beaucoup  plus 
longues  que  le  calice;  les  fîlamens  foibles,  très-fins;  les  an- 
thères oblongucs ,  acuminées;  un  ovaire  supérieur  fort  petit, 
à  quatre  ovules,  surmonté  de  deux  styles  linéaires;  un  pé- 
ricarpe testacé,  fragile,  enflé,  membraneux,  acuminé ,  à 
A  o .  10 


HG  PHY 

une  seule  loge  ,  ne  renfermant  qu'une  seule  semence  épaîsje, 
attachée  au  fond  du  péricarpe,  qui  ,  après  la  chute  de  ce 
dernier,  devient  libre.  Son  tégument  est  coriace,  toraen- 
teux,  charnu,  traversé  par  une  bande  glabre,  longitudinale; 
la  radicule  est  latérale ,  protubérante  ;  les  cotylédons  sont 
charnus ,  réunis  en  une  masse  solide.  Ces  fruits  portent  le 
nom  de  varontha. 

Ce  genre  a  été  établi  par  M.  Du  Petit-Thouars  pour  un 
arbrisseau  de  l'ile  de  Madagascar,  dont  les  feuilles  sont  al- 
ternes, médiocrement  pétiolées ,  ovales,  aiguës,  ondulées  à 
leurs  bords,  (Poir.) 

PHYSÈTE.  (Ornith.)  Voyez  Macagua.  (Ch.  D.) 

PHYSETÈRE.  (Mamm.)  Les  ancieus  Grecs  donnoient  ce  nom, 
qui  signifie  souffleur,  à  une  espèce  de  cétacé.  Ensuite  il  est 
devenu  générique  pour  les  cachalots,  et  enfin,  M.  de  Lacépède 
l'a  restreint  à  une  des  divisions  de  ces  animaux.  Voyez  Ca- 
chalot. (F.  C. ) 

PHYSICARPOS.  (Bot.)  Ce  genre  de  M.  Sprengel  est  le  même 
que  1&  hovea  de  M.  R.  Brown,  voisin  de  la  crotalaire.  (  J.) 

PHY'SIDIUM.  {Bot.)  Ce  genre  de  Schrader  est  le  même 
que  Vangelomia  de  la  Flore  équinoxiale,  qui  fait  partie  de  la 
famille  des  scrophularinées  ou  personées.  (J.) 

PHYSIDRUM.  (Bot.)  Corps  solitaire,  membraneux,  en 
forme  de  vessie  élastique,  imperforée,  pleine  d'une  liqueur 
aqueuse ,  dans  laquelle  nagent  les  séminules.  Lorsque  la 
plante  est  arrivée  au  degré  nécessaire  de  développement, 
elle  crève  pour  laisser  écouler  le  liquide  intérieur.  Ces  vé- 
gétaux, qui  se  rapprochent  des  ulva,  valonia  etrivularia,  crois- 
sent dans  la  Méditerranée,  sur  les  côtes  de  la  Sicile,  fixés 
aux  pierres  et  sur  les  zoophytes.  Rafinesque,  à  qui  on  doit 
ce  genre,  en  décrit  quatre  espèces. 

Le  Ph.  pisiFORME.  Il  est  sessile ,  pisiforme,  sphérique  et 
d'un  vert  opaque; 

Le  Ph.  hyalinum  est  sessile ,  ovale ,  transparent  et  bril- 
lant; 

Le  Ph.  ruhens  est  rougeâtre ,  sphérique  ,  opaque  et  pédi- 
cule ; 

Le  Ph.  aggregatum  est  ovale  ou  sphérique  ;  vert,  presque 
diaphane. 


PHY  Î/.7 

Rafînesque-Schmaltz  forme  de  ce  genre ,  auquel  il^ associe 
ses  autres  genres  Plvyxalium  ,  Mjriosidrum ,  Vermillara  et  Phj- 
sotris ,  son  groupe  des  physidrées,  qu'il  dit  tenir  le  milieu 
entre  les  rivulinées  ou  rxvulaircs ,  et  les  corallinées,  qui  com- 
prennent  le  ^enre  Corallina^  Linn. ,  de  la  classe  des  zoo- 
phytes.  (  Lem.  ) 

PHYSIGLOCHIS.  {Bot.)  Les  espèces  de  laiche,  carex ,  à 
fleurs  dioïques ,  avoient  été  séparées  sous  ce  nom  générique 
par  Necker.  (J.) 

PHYSIOLOGIE.  {Anat.  et  Phys.)  Voyez  Science  de  l'ojiga- 

>'ISATr0N    ET    DE    LA     VIE.    (F.) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  (Bot.)  Science  qui  a  pour 
objet  la  connoissance  de  la  structure  et  des  fonctions  des 
organes  dans  les  végétaux.  Voyez  l'article  Botanique  ,  t.  V, 
p.   177    et  suivantes.  (Mass.) 

PHYSIQUE.  Suivant  son  étymologie  grecque,  ce  mot  dé- 
signe la  science  de  la  nature,  science  que  les  auteurs  latins 
nommoient  philosophie  naturelle  (voyez  Sénéque ,  lettre  Sg.*"), 
et  dont  l'objet  étoit  d'abord  l'explication  de  tous  les  phéno- 
mènes que  présente  l'universalité  des  corps,  ainsi  qu'on  le 
voit  dans  ce  passage  de  Cicéron  :  «Ils  (Aristote  et  ses  disci- 
«  pies)  se  sont  tellement  appliqués  à  la  recherche  de  la  na- 
«  ture,  qu'à  parler  poétiquement,  il  n'y  a  rien  ni  dans  le 
«  ciel,  ni  dans  la  mer,  ni  dans  la  terre,  qu'ils  aient  passé 
«  sous  silence.*  {De  Jinibus,  lih.  V,  cap.  7.) 

La  dénomination  de  philosophie  naturelle  s'est  principa- 
lement conservée  en  Angleterre,  sans  doute  à  cause  que  le 
jnot  phj^sique  y  désigne  le  plus  souvent  la  médecine;  et, 
quant  à  l'étendue  de  l'acception,  elle  est  à  peu  près  la  même 
que  chez  les  anciens,  du  moins  suivant  la  définition  qu'en  a 
donnée  Maclaurin  .  géomètre  célèbre.  «Décrire,  dit-il,  les 
n  phénomènes  de  la  nature,  exposer  leurs  causes,  indiquer 
«  les  relations *et  les  dépendances  de  ces  causes,  et  recher- 
«  cher  la  constitution  de  l'univers;  tel  est  le  but  de  la  phi- 
«  losophie  naturelle.  *  {An  account  of  sir  Isaac  Newton's 
philosophical  discoi'eries ,  p.  3.) 

Mais  pour  y  parvenir  ,  jusqu'à  Descartes  inclusivement, 
les  philosophes,  partant  de  principes  qu'ils  posaient  à  leur 
gré,   et  dont  ils  ne  tiroient  presque  jamais  que  des  coiisé- 


M8  PHY 

quences  vagues,  qu'ils  u'avoient  pas  la  patience  ni  même  les 
moyens  de  vérifier  par  les  faits,  s'égarèrent  de  système  en 
système,  et  ne  mirent  guères  au  jour  que  des  erreurs.  Ils 
ont  eu,  comme  Descartes,  le  «dessein  d'expliquer  les  effets 
«  par  leurs  causes  et  non  les  cm  ses  par  leurs  effets^*  {Les 
principes  de  la  philosophie ,  S/  partie,  §.4),  ce  qui  est  pré- 
cisément le  contraire  de  la  marche  qui  a  conduit  Newton 
à  la  découverte  des  lois  du  mouvement  des  corps  célestes. 
On  lit  dans  la  préface  de  la  première  édition  des  Principes 
mathématiques  de  la  philosophie  naturelle i  que  f<  toute  la  ditfi- 
«  culte  de  la  philosophie  paroit  consister  à  trouver  les  forces 
«  qu'emploie  la  nature,  par  les  phénomènes  du  mouvement 
»  que  nous  coniioissons  ,  et  à  démontrer  ensuite  par  là  les 
«  autres  phénomènes.  >^  Aussi  à  la  fin  de  cet  immortel  ouvrage 
a-t-il  pu  dire:  «Je  n'imagine  point  d'hypothèses;  tout  ce  qui 
«  ne  se  déduit  point  des  phénomènes  est  une  hypothèse,  elles 
«  hypothèses  ....  ne  doivent  pas  être  reçues  dans  la  philoso- 
«  phie  expérimentale.^^  J'ajouterai,  la  seule  qui  mérite  d'être 
cultivée,  parce  qu'elle  comprend  aussi  tout  ce  qu'il  y  a  de 
vrai  et  d'utile  dans  la  philosophie  dite  rationnelle,  comme 
dans  les  sciences  physiques;  car,  dans  toutes  nos  connois- 
sances,  il  faut  commencer  par  les  faits,  et  y  revenir  souvent 
pour  assurer  ses  pas  et  constater  ses  progrès. 

La  grande  étendue,  qu'ont  acquise  les  diverses  branches 
de  l'étude  de  la  nature,  a  fait  restreindre  la  physique  à  la 
connoissance  des  propriétés  les  plus  générales  des  corps, 
ct-ltes  qui  se  manifestent  par  elles-mêmes,  sans  qu'il  soit 
besoin  de  diviser  les  corps,  afin  de  mettre  leurs  molécules 
en  contact.  C'est  du  moins  par  cette  considération  qu'on  sé- 
pare le  mieux  la  physique  de  la  chimie,  avec  laquelle  elle 
a  de  tels  rapports,  qu^on  a  quelquefois  appelé  la  première 
phjsique  générale,  et  la  seconde  physique  particulière ,  en  com- 
prenant encore  dans  celle-ci  la  physiologie , 'qui  est  la  ph)- 
sique  particulière  de  corps  organisés.  (  Voyez  PHYsior.oGiE.  '  ) 
Considérant   ensuite    que   la  plupart  des  phénomènes  dé- 


I  Ce  mot,  qui  signifie  discours  sur  la  nature  ,  a  été  quelquefois 
appliqué  à  la  philosophie  naturelle,  et  l'on  a  donné  le  nom  de  phj'- 
siolvgistes  aux  premieis  qui  s'en  sont  occupes. 


PU  Y  M9 

pendent  de  l'étendue,  de  la  durée,  et  offrent  des  circons- 
tances susceptibles  de  mesure,  qui  donnent  lieu  à  d'heu- 
reuses et  fréquentes  applications  de  la  science  des  grandeurs, 
on  a  fait  de  cet  ensemble  la  phjsique  malhématique ,  ou  plus 
spécialement  encore  la  phjsique  mécanique. 

J,e  j)rogramme  ,  inséré  dans  V Introduction  (  tome  I."  )  , 
indique  de  quelle  manière  on  a  cru  devoir  exposer  dans  cet 
ouvrage  les  résultats  fondamentaux  de  la  physique;  on  y  voit, 
mais  dans  Tordre  alphabétique,  la  liste  des  principaux  arti- 
cles, où  les  phénomènes  sont  décrits.  Je  crois  devoir  encore 
insérer  ici  cette  liste,  pour  l'étendre  et  la  disposer  dans  un 
ordre  méthodique,  savoir: 

Matière,  Porosité,  Ressort,  Mouvement,  Fluide,  Pesanteur  , 
Air,  Feu,  Lumière,  Température,  Électricité,  Magnétisme, 
Méiéores,  Système  du  monde,  Tubes  capillaires.  (L.  C.) 

PHYSOCARPUM.  {Bot.)  M.  De  Candolle  donne  ce  nom  à 
Tune  des  trois  sections  établies  par  lui  dans  le  genre  Thalic- 
trum  ,  laquelle  est  caractérisée  par  les  graines  ou  fruits  non 
anguleux,  mais  renflés  en  vessie:  les  espèces  de  cette  section 
sont  exotiques,  originaires  du  Pérou. 

Necker  a  aussi  fait  du  Ijchnis  dioica  un  genre,  sous  le  nom 
de  Phjsocarpon ,  qui  n'a  pas  été  admis.  (J.) 

PHYSODES.  [Entom.  et  Crust.)  Nom  que  nous  avions  donné, 
d'après  Fabricius  ,  à  un  genre  cPinsectes  aptères,  de  la  famille 
des  polygnathes  ou  quadricornes ,  correspondant  au  groupe 
désigné  par  M.  Latreille  sous  le  nom  d'asellotes.  Ce  sont  des 
cloportes  aquatiques  dont  le  corps  est  peu  convexe,  alongé, 
et  les  quatre  antennes  visibles  et  sur  une  même  ligne;  les 
palpes  saillans  sur  le  dernier  article  du  corps,  beaucoup  plus 
grand  que  les  autres.  On  les  a  depuis  rangés  parmi  les  crus- 
tacés isopodes,  et  dans  les  genres  Cymodocée,  Cilicée,  Nélo- 
cire  et  Anilocre  :  au  reste,  puisque  l'occasion  s'en  présente, 
nous  ferons  remarquer  la  bizarrerie  des  noms  employés  par 
M.  Leach,  qui  semble  s'être  fait  un  plaisir  de  prendre  abso- 
lument les  mêmes  lettres  qui  composent  les  noms  de  genres, 
pour  établir  les  dénominations  de  ISelocira,  Nerocila,  Olen- 
cira,  Anilocre,  Cirolane,  Rocinela,  Canolire ,  Conilera,  qui  ne 
présentent  qu'un  jeu  de  lettres  sans  aucun  sens.  M.  Desma- 
rest,  dans  l'article  Malacosxracés  de  ce  Dictionnaire,  tome 


,5o  PHY 

XXVin,  page  379,  a  adopté  le  nom  de  genre  Aselle  de  Fa- 
bricius  pour  indiquer  l'espèce  de  physode,  nom  sous  lequel 
se  trouve  inscrit  l'insecte  figuré  dans  l'atlas  des  insectes; 
planche  58,  n.°  2.  (C.  D.) 

PHYSOON,  Pliysoon,  (Actinoz.?)  Genre  proposé  par  M. 
Rafinesque  et  caractérisé  ainsi  :  Corps  renllé,  couvert  de 
tentacules  prenans  ;  bouche  pourvue  de  cinq  petits  tuber- 
cules intérieurs;  anus  terminal  ;  ce  qui  paroît  devoir  le  faire 
j-approcher  des  holothuries.  Il  y  place  deux  espèces,  toutes 
deux  des  mers  de  Sicile  ;  l'une  qu'il  nomme 

P.  ÉCHINÉ,  P.  échinât  us ,  et  l'autre  P.  fusiforme,  P.  fusi- 
formis.  (De  B.) 

PHYSOSPERMUM.  (Bo/.)Cusson  vouloit,  sous  ce  nom  géné- 
rique, séparer  du  ligusticuni  austriacum  de  Linnseus  le  Ugitsli- 
cum  alterum  de  Lobel  ,  qu'il  distinguoit  par  un  interstice 
existant  entre  les  deux  tuniques  recouvrant  la  graine.  (J,  ) 

PHYSOTRIS.  [Bot.)  Tige  ramifiée,  portant  de  petites  vé- 
sicules, qui  renferment  des  séminules,  nageant  dans  un  li- 
quide, Rafinesque-Schmaltz  rapporte  à  ce  genre,  qu'il  dit 
très-voisin  de  ses  genres  Vhysidrum  et  Mjrsidrum,  diverses 
espèces  de  fucus;  mais  il  n'en  indique  que  deux  : 

1."  Le  Ph.  agglomeratus ,  plante  marine  de  la  côte  de  Si- 
cile, d'un  rouge  obscur,  à  tige  irrégulièrement  rameuse, 
flexueuse,  comprimée,  d'un  pied  de  longueur,  à  rameaux 
alternes  et  à  vessies  groupées,  sessiles  et  opaques. 

2°  Le  Ph,  capitatus.  Il  a  la  tige  rameuse,  presque  dicho- 
tome,  filiforme;  les  vessies  solitaires  ,  terminales  ,  globuleuses, 
inégales.  Cette  espèce  croit  sur  les   côtes  de  Sicile. 

Les  fucus  elongatus  et  longissimus  paroissent  être  les  types 
de  ce  genre.  (  Lem.) 

PHYSSOPHORE,  Phj'ssophora.  (Malacoz.?)  Genre  établi 
par  Forskal,  dans  sa  Faune  arabique,  page  119,  pour  un 
animal  fort  singulier ,  très^rapproché  des  physales,  mais  mal- 
heureusement trop  incomplètement  connu  pour  qu'on  puisse 
le  définir  d'une  manière  un  peu  rigoureuse.  Voici  la  ca- 
ractéristique de  Forskal  :  Corps  libre,  gélatineux,  suspendu 
à  une  vessie  aérienne  ;  à  membres  gélatineux  ,  sessiles  sur 
les  côtés  et  à  plusieurs  tentacules  inférieurs  ;  et  voici  la  des- 
cription qu'il  donne  de  l'espèce  qu'il  a  observée  et  qu'il  a 


PHY  i5t 

aommée  la  P.  hydrostatique,  P.  hjdrostatica ,  Faun.  arah., 
p.  1 19,  Icon.,  t.  33  ,  fig.  e  1  ete2  ,  cop.  dans  TEncméth.,  pi.  89  , 
fig.  7  —  g.  Corps  de  l'épaisseur  d'un  pouce ,  sur  une  longueur 
d'un  pouce  et  demi,  ovale,  comprimé,  terminé  supérieure- 
ment par  une  vésicule  ovale,  oblongue  ,  de  la  grosseur  d'une 
plume  de  pigeon ,  droite,  saillante  et  toujours  pleine  d'air;  de 
chaque  côté  sont  des  vessies  hyalines,  trilobées  l'une  sur  l'autre  : 
il  y  en  a  trois  d'un  côté  et  cinq  obliques  de  l'autre;  mais,  pro- 
bablement, par  quelque  disposition  irrégulière.  L'extrémité 
inférieure  est  tronquée  et  terminée  par  une  bouche  orbicu- 
laire  ,  à  limbe  rétractile  et  dilatable.  L'intestin  médian  ,  plus 
étroit  qu'une  plume  de  pigeon,  s'étend  de  la  vésicule  termi- 
nale à  un  estomac  globuleux;  il  est  filiforme,  hyalin  vers 
sa  pointe,  rouge  dans  le  reste  de  son  étendue  et  plus  épais 
à  sa  base.  L'estomac  proprement  dit ,  situé  à  la  partie 
inférieure,  entre  les  vessies  trilobées,  est  globuleux  ,  excavé, 
rouge  à  son  orifice  orbiculaire  ;  il  est  accompagné  par  des 
papilles  blanches,  contournées,  quand  elles  ne  sont  pas  bien 
étendues,  etpar  des  vésicules  globuleuses  du  diamètre  de  l'in- 
testin ;  cinq  d'un  côté  et  quatre  de  l'autre.  Les  tentacules  les 
plus  grands  sont  en  dessous  ,  sur  les  côtés  de  l'estomac,  et  de 
couleur  rouge,  au  nombre  de  trois  d'un  côté,  dont  deux  plus 
grands,  de  la  longueur  d'un  pouce,  et  l'autre  plus  court, 
de  la  grosseur  d'une  plume  de  pigeon,  épaissis  dans  leur  mi- 
lieu ;  ils  se  terminent  par  un  renflement  blanc  ;  de  l'autre 
côté  il  y  en  a  deux  plus  petits;  l'un  ouvert  au  sommet,  le  se- 
cond plus  étroit  que  l'intestin,  subulé  et  d'un  demi- pouce 
de  long. 

Forskal  ajoute  qu'il  en  a  vu  un  autre  individu  avec  des 
tentacules  plus  grands  et  presque  égaux. 

Le  mode  de  locomotion  de  cet  animal  est,  dit  le  même 
observateur,  fort  singulier.  Le  physsophore  est  toujours  à  la 
surface  de  l'eau  ,  au  moyen  de  sa  vessie  supérieure  pleine 
d'air;  celles  qui  sont  trilobées,  stint  toujours  dans  une  sorte 
de  mouvement  de  tremblement,  en  rentrant  et  sortant  les 
bords  de  la  bouche;  il  étend  et  tord  les  tentacules  de  l'esto- 
mac et  dirige  ses  cornes  vers  tous  les  points. 

Forskal  décrit  encore  une  autre  espèce  de  physsophore  , 
la  P.  ROSACÉE,  P.  rosacea,  Enc.  méth.,  pi.  89,  fig.  10,   11, 


i52  PHY 

assez  semblable  à  une  fleur  :  la  vessie  aérienne  est  ovale,  ob- 
tuse et  rous.s:\tre  ;  elle  est  entourée  d'espèces  de  feuilles  ses- 
siles,  obtuses,  planes,  im  peu  courbées,  sur  plusieurs  séries, 
d'un  demi-pouce  de  long,  et  pourvue  en  dessous  de  quelques 
tentacules  filiformes,  brunâtres,  extrêmement  extensibles, 
souvent  plus  longs  que  les  folioles. 

Quant  à  sa  P.  filiforme,  P.  filiformis ,  Enc.  méth.,  pi.  89, 
fig.  12,  elle  me  paroît  appartenir  au  genre  Stéphanomie. 
(Vo^-ez  ce  mot  et  surfout  celui  de  Physale  ,  où  nous  avons 
montré  les  rapprochcmens  qu'il  y  a  entre  ces  genres,  et  à 
quelle  partie  de  la  série  animale  ils  appartiennent.) 

MM.  Péron  et  Lesueur  ont  ajouté  à  ce  genre  une  nouvelle 
espèce,  qu'ils  nomment  P.  muzonema,  P.  muzonema ,  figurée 
dans  l'atlas  du  Voyage  aux  Terres  australes,  pi.  2C) ,  fig.  4. 
Elle  est  oblongue,  portant  des  lobes  distiques  sur  les  côtés, 
et  sa  base,  plus  ample,   est  multilide  et  tentaculée. 

De  l'océan  Atlantique.  (De  B.) 

PHYTADELGES  ou  PLANTISUGES.  [Entom.)  Nous  avons 
désigné  sous  ces  noms,  empruntés  l'un  du  grec  et  Pautre  du 
latin ,  une  famille  d'insectes  hémiptères  à  ailes  membra- 
neuses, à  peu  près  d'égale  consistance,  non  croisées,  n'ayant 
au  plus  que  deux  articles  aux  tarses. 

Leur  nom  dérive  des  mots  (^utov,  plante,  et  d'acTïA^o,  je 
suce,  ou  des  mots  plantarum  suga  ou  suce-plante. 

Ces  insectes  sont  compris  dans  cinq  petits  genres  très- 
faciles  à  distinguer  les  uns  des  autres.  I,eur  bec  ou  suçoir, 
qu'on  nomme  rostrtim  en  latin  ,  paroit  prendre  son  origine  à  la 
base  de  la  tête  en  dessous,  au-devant  du  corselet,  ou  sous  le 
col,  comme  dans  les  cigales.  La  plupart  des  espèces  sont  très- 
Jentes  et  restent  souvent  fixées  sur  les  végétaux,  au  lieu  même 
oii  elles  ont  été  déposées  par  leur  mère,  soit  tout-a-fait  motiles, 
,soit  sous  la  forme  d'œufs.  Il  en  est  beaucoup  qui  n'ont  pas 
d'ailes,  au  moins  dms  le  sexe  femelle,  et  dont  les  pattes,  très- 
courtes,  ne  peuvent  tout  «u  plus  servir  qu'à  les  retenir  sur 
les  feuilles  ou  sur  les  écorces ,  tels  sont  les  gallinsectes,  les 
cochenilles  femelles,  les  chermès,  les  psylles.  D'autres,  comme 
les  pucerons,  les  aleyrodes,  peuvent,  à  l'aide  de  leurs  ailes  ,  se 
transporter  d'une  plante  à  une  autre.  Le  mode  de  génération 
de  ces  insectes  est  des  plus  curieux  a  connoîfre.  (V.  Pucerox.) 


PHY  ^53 

Nous  divisons  les  insectes  qui  appartiennent  à  cette  famille, 
par  la  différence  de  leurs  ailes,  qui  sont  tantôt  nues,  tantôt 
couvertes  d'une  sorte  de  poussière,  ensuite  par  la  confor- 
mation de  la  tête  ou  la  disposition  de  l'extrémité  libre  de 
leur  abdomen. 

Nous  avons  fait  représenter  les  insectes  qui  composent 
cette  famille  des  phytadeiges,  sur  la  planche  Sg  de  l'atlas  qui 
fait  partie  de  ce  Dictionnaire. 

Voici  le  tableau  synoptique  qui  peut  servir  à  la  détermi- 
nation des  genres  par  leurs  caractères  essentiels. 

Phytadelges  ou  Plantisuges. 

Hémiptères  à  ailes  semblables,   non   croisées,  souvent  étendues,  trans- 
parentes;  bec   paroissant   naître   du   cou;    tarses   à   deux   articles. 

icouvertesd'écailles  farineuses  comme  les  lépidopii-res.  i .   Aleyrode. 
j  grosses  ,  coniaie  faisant  partie  du  front.  4.   Chermès. 
nuesou  nulles,!  l  mamelons 3.  Puceron. 

^"'^"""       (anl'/rru;    soies;    front  1^—1--  •  5-   Ps-c- 

^  (entier...   2.   Cocheisille. 

X'^oyez  les  noms  de  chacun  de  ces  genres.  (C.  D.) 
PHYTELEPHAS.  (  Bot.  )    Ce  genre  de  la  Flore  du  Pérou , 
nommé  elephantusia  par  WiUdenow,  a  déjà  été  décrit  dans 
ce  Dictionnaire  sous  ce  dernier  nom.  (J.) 

PHYTELEPHCIS.  (Bot.)  Voyez  Elephantusia.  (Poia.) 
PHYTELIS,  Ph^telis.  {Corallin.  ?)  M.  Rafinesque  a  désigné 
sous  ce  nom  un  genre  de  corps  marins  que  l'on  trouve  assez 
communément  en  forme  d'expansions  crustacées,  irrégulières, 
à  la  surface  des  thalassiophytes,  et  qui  paroit  ne  pas  diflerer, 
comme  le  fait  justement  observer  M.  Desmarest,  du  genre 
Mélobésie  de  M.  Lamouroux  (voyez  ce  mot).  Malheureuse- 
ment il  est  assez  difficile  de  se  faire  une  idée  suffisante  de 
ces  corps,  à  la  surface  desquels  se  remarquent  des  petiis  tu- 
bercules poreux  et  irrégulièrement  épais,  que  M.  Rafi- 
nesque, dans  la  définition  de  son  genre,  nomme  des  fructi- 
fications, probablement  parce  qu'il  le  range  parmi  les  plantes 
marines.  M.  Lamouroux,  au  contraire,  en  fait  des  coralliaes  : 
manière  de  voir  qui  n'est  pas  beaucoup  plus  admissible  que 
l'autre.  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Rafinesque  caractérise  six  es- 
pèces de  phytelis;  parmi  lesquelles  il  se  pourroit  qu'il  y  eût 


i54  PHY 

(les  reufs  àe  mollusques  :  i.°  la  P.  radicée  ,  P.  raàicala.  tuber- 
cules disposés  presque  régulièrement  en  lignes  divergentes; 
2."  la  P.  SILLONNÉE ,  P.  sulcdta  :  petits  sillons  et  petits  tuber- 
cules,  épars  irrégulièrement;  3.°  la  P.  noire,  P.  nigra  ;  tu- 
bercules presque  égaux,  ronds,  convexes,  charnus,  sur  une 
expansion  noire;  4.°  la  P.  macrocarpe,  P.  macrocarpa  :  blan- 
châtre, à  tubercules  gros  et  alongés  ;  5."  la  P.  granuleuse, 
P.  granulosa  ;  tubercules  fort  rapprochés;  6."  la  P.  tubercu- 
leuse, P.  tuherciilosa  :  tubercules  écartés,  convexes  et  bombés. 
(De  B.) 

PHVTEUMA.  (Bot.)  La  plante  ainsi  nommée  par  Diosco- 
ride  est,  selon  Columna,  une  scabieuse,  scabiosa  columbaria. 
Gesner  et  Lobel  citent  sous  le  nom  de  plvyteuma  monspelien- 
sium  le  reseda  phyteuma  de  Linnaeus  ;  V antirrhin um  orontium 
est  un  phyteuma  selon  Belli  ,  cité  par  Chisius  et  C.  Bauhin. 
Le  même  nom  est  donné  par  Matthiole  et  d'autres  au  carri' 
panula  perfoltata:  enfin,  ce  que  ce  dernier  nommoit  rapun- 
culus,  ainsi  que  Tournefort,  étoit  le  phyteuma  de  Césalpin  , 
et  c'est  à  cette  plante  et  à  ses  congénères  que  Linnaeus  a  con- 
servé ce  nom.  Voyez  Raiponce.  (.J. ) 

PHYTEUMOFSIS.  (  Bot.  )  Ce  nom  ,  inscrit  par  Michaux  au 
bas  d'une  planche  représentant  une  plante  composée,  avoit 
été  changé  par  lui  dans  le  texte  de  l'ouvrage  en  celui  de 
persoonia,  que  l'on  a  abandonné  pour  lui  substituer  celui  de 
marshallia .  donné  par  M.  Pursh  à  des  plantes  congénères.  On 
retrouve  encore  le  nom  phjteumopsis  reproduit  pour  les  mêmes 
plantes  dans  le  Supplément  de  l'Encyclopédie  méthodique.  (J.) 

PHYTEUOÏDES.  {Bot.)  Plukenet,  dans  son  Almageste , 
pi.  2i5,  fig.  )  ,  donne  ce  nom  au  scoparia  dulcis  ,  Linn.  (Lem.) 

PHYTIBRANCHES.  (Crust.)  M.  Latreille  adonné  ce  nom 
à  une  division  de  Pordre  des  crustacés  isopodes,  qui  corres- 
pond à  notre  première  section  de  cet  ordre,  et  qui  com- 
prend les  genres  Typhis,  Ancée ,  Pranize ,  Euphée  et  Jone. 
Voyez  l'article  Malacostracés  ,  tome  XXVIII ,  page  366  et 
suivantes.  (Desm.) 

PHYTOBASILA.  (J9o/.)  Un  des  noms  anciens  du  leonto- 
podium  de  Dioscoride,  suivant  Ruellius.  (J.  ) 

PHYÏOCOMA.  (Bot.)  Nom  donné  par  Donati  à  un  genre 
de  la  famille  des  algues,  qu'il  établit  pour  placer  Vabics  ma- 


PHY  ^55 

rina  ou  gongolara  d'Imperato,  c'est-à-cllre  le  fucus  ericoides , 
Linn.  Ce  genre  de  Donati  diffère  de  celui  qu'il  a  nommé 
Virsoides,  par  la  sphéricité  de  ses  fruits.  Ces  deux  genres  ren- 
trent dans  la  première  section  des  fucus,  selon  la  méthode 
de  Lamouroux,  et  dans  le  genre  Cfstoseira,  d'Agardh.  (Lem.) 

PHYTOCONIS.  {Bot.)  Poussière  végétale,  en  grec.  Genre 
proposé  autrefois  par  Bory  de  Saint- Vincent  pour  placer 
quelques  espèces  pulvérulentes  du  genre  Bjsshs  de  Linnœus, 
et  qui  depuis  en  ont  été  également  séparées  pour  être  placées, 
soit  dans  les  lichens,  particulièrement  dans  le  genre  Lepra- 
ria ,  soit  dans  les  algues  articules,  ou  même  dans  le  genre 
Oscillatoria.  l,e  Phytoconis  est  le  même  que  le  Coccodea  de 
Palisot-Beauvois ,  décrit  dans  ce  Dictionnaire  aux  mots  Coc- 
CODÉE  et  Lepraria.  (  Lem.) 

PHYTOLAQUE  ;  Phjtholacca  ,  Linn.  (  Bof.  )  Genre  de 
plantes  dicotylédones  apétales,  de  la  famille  des  alriplicées, 
Juss.  ,  et  de  la  décandrie  décagynie  du  Système  sexuel,  qui 
a  pour  principaux  caractères  :  Un  calice  coloré,  persistant, 
à  cinq  divisions  concaves;  point  de  corolle;  huit  à  dix  et 
même  jusqu'à  vingt  étamines ,  à  filamens  subulés ,  portant 
des  anthères  arrondies  ;  un  ovaire  orbiculaire  ,  déprimé  , 
surmonté  de  huit  à  dix  styles;  une  baie  arrondie,  compri- 
mée, marquée  de  huit  à  dix  sillons  longitudinaux,  et  divisée 
en  autant  de  loges  contenant  chacune  une  seule  graine  réni- 
forme. 

Les  phytolaques  sont  des  arbustes  ou  des  plantes  herba- 
cées, à  feuilles  entières,  et  à  fleurs  petites,  disposées  en 
grappes  ordinairement  opposées  aux  feuilles.  On  en  connoit 
huit  espèces,  toutes  exotiques  à  l'Europe,  mais  dont  une  s'est 
naturalisée  dans  plusieurs  de  ses  parties  méridionales  ,  au 
point  d'y  croître  aussi  abondamment  que  si  elle  étoit  indi- 
gène ;  c'est  la  suivante  : 

Phytholaque  a  dix  étamines  ,  vulgairement  Raisin  d'Amé- 

RIQDE  ,     MOREI-LE    EN    GRAPPE,    HeRBE    DE    LA  LAQUE ,    MÉCHOACAtC 

DU  Canada;  Phjytolacca  decandra,  Linn.,  Spec.  63 1.  Sa  ra- 
cine est  épaisse  ,  charnue,  vivace  ,  divisée  en  plusieurs  grosses 
fibres  ;  elle  produit  une  ou  plusieurs  tiges  cylindriques,  pres- 
que ligneuses,  hautes  de  cinq  à  six  pieds,  souvent  de  cou- 
leur purpurine ,  divisées  dans  leur  partie  supérieure  en  ra- 


i56  PHY 

meaux  nombreux ,  dichotomes.  Ses  feuilles  sont  brièvement 
pétiolées,  alternes ,  glabres,  ovales- lancéolées  ,  longues  de 
quatre  à  cinq  pouces  et  plus.  Ses  fleurs  sont  d'un  rouge 
paie,  disposées  en  grappes  solitaires,  simples,  longues  d'en- 
viron six  pouces  et  opposées  aux  feuilles;  elles  ont  dix  éta- 
mines.  Les  fruits  sont  des  baies  d'un  noir  bleuâtre  et  à  dix 
ou  douze  loges.  Cette  plante  est  originaire  de  l'Amérique 
septentrionale;  introduite  en  Europe,  il  y  a  deux  cents  et 
quelques  années  ,  el'e  croit  aujourd'hui,  comme  si  elle  y 
étoit  naturelle,  en  Espagne,  en  Portugal,  en  Italie  et  même 
dans  plusieurs  parties  du   Midi  de  la  France. 

En  Amérique,  selon  Parkinson  ,  on  emploie,  comme  pur- 
gatif ordinaire ,  le  suc  de  la  racine  de  cette  plante.  Deux 
cuillerées  produisent  beaucoup  d'effet.  Le  suc  des  baies  est 
également  purgatif.  En  An;j,ieterre  et  en  Italie  on  a  fait  usage 
du  suc  de  la  racine  en  application  sur  le  carscer  ouvert.  Ail- 
leurs on  a  vanlé  cette  racine  contre  l'iiydrophobie.  En  Amé- 
rique on  mange  au  printemps  les  feuilles  encore  tendres  et 
les  jeunes  rejetons  cuits  à  la  manière  des  épinards  ;  plus  tard 
ces  parties  deviennent  acres  en  vieillissant  ,  exhalent  même 
une  odeur  un  peu  vireuse  et  ne  valent  plus  rien.  Le  suc  des 
baies  donne  une  belle  couleur  pourpre,  mais  qui  est  très- 
peu  solide  et  qu'on  n'a  pu,  à  cause  de  cela,  employer  utile- 
ment pour  les  étoffes.  En  Portugal ,  il  fut  un  temps  où  les  vi- 
gnerons faisoient  usage  de  ce  suc  pour  donner  une  couleur  plus 
foncée  aux  vins;  mais  cela  leur  donnoit  un  goût  désagréable 
et  nuisoit  à  leur  qualité.  Le  roi  de  ce  pays,  sur  les  plaintes 
qui  lui  furent  faites  et  pour  empêcher  cette  altération  nui- 
"sible  au  commerce,  ordonna  de  détruire  les  tiges  de  cette 
jdante  avant  la  maturité  des  baies.  Dans  quelques  cantons 
au  Midi  de  la  France  on  emploie  plus  utilement  ces  mêmes 
fruits  en  les  faisant  servir  à  la  nourriture  de  la  volaille.  Les 
grappes  de  (leurs  et  de  fruit  de  ce  phytolaque,  qui  se  succè- 
d  nt  les  unes  aux  autres  pendant  tout  l'été,  le  port  général 
de  la  plante,  font  un  bel  effet  dans  les  grands  jardins.  Les 
liges  coupées  avant  la  floraison  ,  ensuite  séchées  et  brûlées, 
l'ournissent  une  grande  quantité  de  potasse. 

Phytolaque  a  huit  étamines  ;  Plijtolacca  octandra,  Linn., 
Sj)ec.,  6'5i.  Sa  tige  est  haute  de  deux  à  trois  pieds,  divisée. 


PII  Y  '57 

(Tans  sa  partie  supérieure  en  quelques  rameaux  garnis  de 
feuilles  ovales- lancéolées  ,  d'un  vert  clair,  traversées  dans 
leur  milieu  par  une  côte  jaunâtre,  et  portées  sur  des  pétioles 
d'un  pouce  de  longueur.  Ses  fleurs  sont  jaunâtres  ou  blan- 
châtres, disposées  en  un  épi  droit,  long  de  cinq  à  six  pouces 
et  opposé  aux  feuilles:  elles  n'ont  que  huit  étamines.  Les  baies 
sont  d'un  noir  rougeàtie.  Cette  espère  est  originaire  du 
Mexique;  on  la  cultive  en  France  et  en  Europe  dans  les  jar- 
dins de   botanique. 

Phytolaque  dioïque;  Phylolacca  dioica,  Linn.,  Spec.  652. 
Sa  tige  est  ligneuse,  arborescente,  haute  de  vingt  pieds  ou 
environ.  Ses  feuilles  sont  ovales,  très- glabres  et  portées  sur 
de  longs  pétioles.  Les  fleurs  sont  disposées  en  grappes  ou  en 
épis  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures;  les  femelles 
et  les  mâles  portées  sur  des  pieds  ditférens;  les  dernières 
sont  <à  quinze  ou  vingt  étamines.  Cette  espèce  est  originaire 
de  l'Amérique  méridionale.  On  fa  cultive  en  caisse  dans 
les  jardins  de  botanique,  afin  de  la  rentrer  dans  la  serre 
pendant  l'hiver,  parce  qu'elle  craint  beaucoup  le  froid. 
(L.  D.) 

PHYÏOLITHES  et  PHYTOTYPOLITKES.  {Foss.)  On  a  gé- 
néralement appliqué  ces  noms  aux  empreintes  de  végétaux, 
et  surtout  de  feuilles  qu'on  trouve  dans  les  lits  des  pierres 
fissiles.  Voyez  l'article  Végétaux  fossu.es.  (Desm.) 

PHYTOLOGIE.  {Bot.)  Ce  nom  de  composition  grecque, 
dont  la  traduction  françoise  est  discours  ou  traité  sur  les 
plantes,  est  synonyme  de  Botaki(^)ue.  (Desm.) 

PHYTON.  {Bot.)  Un  des  noms  grecs  anciens  de  la  cyno- 
glosse  ,  suivant  Ruellius.  (J.  ) 

PHYTOPHAGES  ou  HERBIVORES,  Insecta phytophaga  seu 
herhii^ora.  {Enlow.)  Famille  d'insectes  coléoplères  à  quatre 
articles  à  tous  les  tarses ,  dont  les  antennes  sont  en  fil  et  à 
articulations  plus  ou  moins  grenues,  non  portées  sur  un  bec, 
et  dont  le  corps  arrondi  est  le  plus  souvent  très-convexe. 

Cette  famille  très-naturelle  comprend  toutes  les  espèces  de 
coléoptères  tétramérés  que  Linna-us  avoit  rangées  dans  son 
genre  Chrjysomela.  Elle  se  distingue  facilement,  à  l'aide  des 
caractères  que  noiîî  venons  d'indiquer,  de  tous  les  autres  in- 
sectes de  la  même  famille,  ainsi  qu'on  pourra  s'en  faire  une 


î58  PHY 

idée  exacte,  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  le  tableau  synop- 
tique présenté  à  l'article  Tétramérés. 

Voici  d'ailleurs  les  notes  caractéristiques  à  l'aide  desquelles 
on  parvient  aisément  à  ce  résultat.  Les  rhinocères,  comme 
les  charansons  et  genres  analogues,  ont  tous  les  antennes  sup- 
portées par  un  prolongement  de  la  tête  et  du  front,  qui  si- 
mule une  sorte  de  bec.  Les  cylindroïdcs,  comme  les  clairons, 
les  bostriches,  etc. ,  et  les  omaloïdes,  tels  que  les  mycétophages, 
les  trogosites,  etc.,  ont  tous  les  antennes  en  masse  ou  renflées 
a  l'extrémité  libre;  tandis  que  ces  antennes  sont  en  soie, 
c'est-à-dire,  qu'elles  se  terminent  par  une  partie  plus  grêle  à 
l'extrémité  libre  dans  les  xylophages,  tels  que  les  capricornes, 
les  leptures,  etc.  Il  ne  reste  donc  que  les  deux  genres  ano- 
maux, Spondyle  et  Cucuje  ,  qui  ont  les  antennes  en  fil;  mais 
leurs  articulations  sont  aplaties  dans  le  premier,  et  le  corps 
lui-même  est  très-déprimé  dans  les  seconds,  de  sorte  que  la 
convexité  du  corps,  la  rondeur  des  articles  aux  antennes, 
caractérise  spécialement  les  phytophages. 

Ce  nom  est  formé  de  deux  mots  grecs,  dont  l'un,  (purcvy 
signifie  plante,  et  l'autre,  Çiotyoç,  correspond  à  mangeur  -.  ce 
que  nous  avons  cherché  à  exprimer  par  le  mot  latin  francisé 
lierbivorcs,  ou  qui  se  nourrit  de  feuilles  de  plantes. 

Cette  famille  des  phytophages  est  une  des  plus  naturelles; 
ces  coléoptères  ont  en  effet  les  mêmes  mœurs  et  la  plus 
grande  analogie  dans  leur  structure,  leurs  fonctions  et  leurs 
métamorphoses.  C'est  surtout  dans  la  forme  des  antennes 
qu'il  y  a  une  ressemblance  parfaite;  caria  figure  générale 
du  corps  présente  dans  les  dimensions  respectives  d'assez 
grandes  difïérences,  pour  qu'elles  aient  permis  de  les  parta- 
ger en  genres  fort  naturels. 

Tous  les  phytophages  proviennent  de  larves,  qu'on  trouve 
le  plus  souvent  réunies  en  société  sur  les  feuilles  de  plantes - 
qu'elles  dévorent.  Leur  corps  trapu,  succulent,  mou,  con- 
vexe, offre  une  tête  écailleuse,  une  extrémité  postérieure 
tronquée,  arrondie,  ramassée,  et  la  totalité  de  la  circonfé- 
rence présente  des  rides  transversales.  Quelques-unes  laissent 
exsuder  de  leur  surface  ou  de  porcs  particuliers,  distincts, 
une  humeur  colorée  ou  odorante,  qu'elles  peuvent  repomper 
ou  absorber  à  volonié.   Leurs  pattes  sont  alongées,  cepen- 


PHY  ih 

dant  elles  marchent  assez  lentement;  la  plupart  emploient 
des  manœuvres  curieuses  pour  se  soustraire  à  la  vuç  des 
oiseaux,  qui  en  sont  fort  friands ,  ou  pour  les  dégoûter  à  l'aide 
de  quelques  liqueurs  qu'elles  exhalent.  (Voyez  Chrysomèle, 
Ckiocère,  Casside.) 

Sous  l'état  parfait,  les  insectes  de  celte  famille  ont  géné- 
ralement le  dessus  du  corps  convexe,  bombé,  arrondi  laté- 
ralement; parmi  les  particularités  qui  les  distinguent,  on  re- 
marque surtout  la  disposition  de  l'avant-dernier  article  de 
lerrs  tarses,  qui  offre  une  sorte  d'échancrure  dans  laquelle 
est  reçue  la  pièce  qui  porte  les  ongles,  comme  entre  deux 
lobes  qui  sont  veloutés  en  dessous  :  c'est  à  l'aide  de  ces 
parties  élargies  des  tarses  que  ces  coléoptères  adhèrent  ou 
s'accrochent  avec  beaucoup  de  force  aux  surfaces  des  tiges 
et  des  feuilles  même  les  plus  lisses. 

Les  nymphes  diffèrent  selon  les  genres  :  la  plupart  se  mé- 
tamorphosent ou  prennent  cette  forme  dans  la  terre,  telles 
sont  celles  des  criocères  et  de  la  plupart  des  chrysomèles; 
d'autres  subissent  leur  transformation  dans  une  sorte  de  coque 
ou  de  fourreau  qu'elles  se  filent;  quelques-unes  sont  fixées 
sur  les  tiges  ou  sur  les  feuilles,  et  s'y  transforment  ainsi  à 
l'air  libre,  telles  sont  les  nymphes  des  Cassides. 

Dans  ces  derniers  temps,  M.  Latreille  a  divisé  cette  fa- 
mille en  deux  autres,  les  Eupodes  et  les  Cycliques.  Les  pre- 
miers sont  de  forme  alongée  ;  ils  ont  le  corselet  arrondi, 
étroit  et  cylindrique,  et  souvent  les  cuisses  postérieures  très- 
développées,  ce  qui  leur  a  fait  donner  leur  nom.  M.  La- 
treille y  rapporte  les  criocères  et  quelques  autres  genres 
voisins,  ainsi  que  les  donacies.  Les  cycliques  ont  le  corselet 
de  la  largeur  de  la  base  des  élytres,  tels  sont  les  cassides, 
les  chrysomèles,  les  gribouris,  les  galéruques,  les  altises. 

Nous  avons  fait  représenter  une  espèce  de  chacun  des 
quatorze  genres  qui  composent  cette  famille  des  coléoptères 
phytophages,  sur  les  planches  19  et  20  de  l'atlas  qui  fait  suite 
à  ce  Dictionnaire.  Les  unes  ont  les  antennes  à  peu  près  de 
même  grosseur  dans  toute  leur  étendue,  comme  les  Lupèrcs , 
les  Altises ,  les  Galéruques  ;  d'autres  ont  le  corselet  très-convexe , 
comme  bossu,  couvrant  la  tête,  comme  les  Clythres  et  les  Gri- 
bouris ou  Crfptocéphales.  Le  corseJet  n'est  pas  rebordé  dans 


iGo  PHY 

les  Hispes,  les  Criocères ,  les  Donacies  elles  Alurnes.  Les  an- 
tennes ont  un  léger  renflement  arrondi  à  leur  extrémité  libre 
dans  les  Chrysomèles ,  les  Hélodes  et  les  Cassides  :  ce  renflement, 
qui  est  encore  plus  marqué,  est  en  même  temps  aplati  dans 
les  Flrnfyles. 

Voici  au  reste  le  tableau  synoptique  à  l'aide  duquel  il  est 
facile  d'arriver  très-aisément  a  la  connoissance  des  genres  fort 
naturels  que  renferme  cette  famille. 

Coléoptères  phytophages  ou  herbivores. 


lali  ;     nii-i  °"   corps  au   moins 5.    Lupér 

y.    Altisi 


f   :   ]         >|^'«  J« '"  j  .le    la    moitié    du  <  ""1^"  • 
ongueur        ^  corps;  cuisses  post.  J  simples  . 

....  (  •  (totalement, 

en  fil;  cor-  \  t   I  )  ^n   scie   ■   •< 

Diivcxe;  antennes  \  ('^  l  extréniiii 

(--P'es 

^         1     courts  ,  rappro-    (  ëpineux  . 

ans  rebords  ;  an-  «hés;  corps        ^li^se... 

tenues  à  articles  j    alongës,  ronds  ,    f  ventre  .   . 


corselet 


en   massue,  aplatie . 

distincte  ;     f  coni 
fil  ;  {     grossissant  insensible-    j       .orps        ^  p,3, 


6.    GiLÉnCQDK.  ^ 
9.   Clytbbe. 

I  O.     EOMOLI'E. 

8.    Gribodri. 

3.     HlSPE. 

2.    CniocÈitE. 

I.     DONACIE. 

12,    AlURKE. 

i3.    Erotïle. 
II.    CbrisomÎ-le. 

^  _  ,    , 4       HÉLOTE. 

ment;    l<!le  |  "^ 

chée  sous   le  corselet.       14.    C.iSSioE. 

(CD.) 
PHYTOTOME.  {Omith.)  Cet  oiseau,  de  l'ordre  des  passe- 
reaux, a  été  trouvé  au  Chili,  par  l'abbé  Molina ,  qui  l'a  dé- 
crit dans  son  Histoire  naturelle  de  cette  contrée,  sous 
le  nom  générique  de  phjtotoma,  c'est-à-dire  coupeur  de 
plantes,  et  a  donné  à  l'espèce  le  nom  de  rara,  tiré  de  sa 
voix  rauque,  qui  prononce  avec  quelque  intervalle  les  syl- 
labes ra  ra. 

Il  résulte  des  caractères  établis  par  cet  auteur,  que  le 
phytotome  a  le  bec  droit,  conique,  robuste,  pointu,  dont 
les  mandibules  sont  finement  dentelées;  la  langue  très-courte 
et  obtuse;  quatre  doigts  aux  pieds,  dont  trois  en  devant  et 
un  plus  petit  par  derrière. 

Déjà  Bruce  avoit  trouvé  en  Abyssinie  un  oiseau  appelé 
dans  ce  pays,  Guifso  balito  dimmo- won  jerek  ,  et  Bulfon  , 
l'ayant  vu  représenté  sur  les  figures  de  ce  voyageur,  la- 
voit  décrit  sous    le    nom  de   guifso   balito,    parmi   les   gros- 


PHY  i6i 

becs,  en  observant  qu'il  n'avoit  que  trois  doigts,  dont  deux 
devant  et  un  derrière,  et  que  son  bec  étoit  dentelé  sur 
les  bords. 

Gmelin  ,  dans  sa  treizième  édition  du  Systema  naturœ  de 
Linné,  a  compris  cet  oiseau  comme  quarante-neuvième  es- 
pèce du  genre  Loxia ,  sous  la  dénomination  de  loxia  tridac- 
tjla,  et  il  a  établi  un  genre  particulier  à  pieds  tétradactyles 
pour  l'espèce  de  Molina,  ce  que  Latham  a  aussi  fait  d'après 
lui.  MaisDaudin,  Traité  d'ornithologie,  tom.  2,  p.  564,  a 
réuni  le  rara  et  le  guifso  balito  comme  appartenant  défini- 
tivement au  même  genre,  malgré  la  ditférence  dans  le  nom- 
bre des  doigts,  et  il  a  ajouté  aux  signes  caractéristiques  ci- 
dessus  indiqués  d'après  MoHna,  des  narines  petites,  arron- 
dies, placées  à  la  base  du  bec,  et  des  pieds  à  tarses  maigres, 
annelés,  ayant  trois  ou  deux  doigts  devant  et  un  derrière. 

M.  Vieillot,  suivant  cet  exemple,  et  admettant  l'alter- 
native de  quatre  ou  trois  doigts,  a  divisé  le  genre  Phyto- 
tome  en  deux  sections;  et  M.  Temminck,  p.  LXXll  de  l'ana- 
lyse de  son  Système  d'ornithologie,  a  aussi  adopté  l'alter- 
native de  quatre  ou  trois  doigts,  mais  en  prévenant  que, 
n'ayant  pu  examiner  aucun  des  deux  oiseaux  individuelle- 
ment, il  ne  garantissoit  pas  ces  caractères* 

Outre  les  différences  qu'on  vient  de  signaler  relativement 
aux  phytotomes  du  Chili  et  d'Abyssinie ,  il  paroît  en  exister 
d'autres  dans  leurs  habitudes  et  leur  manière  de  vivre.  Le 
premier,  dit  Molina,  se  nourrit  de  jeunes  plantes,  dont  il 
coupe  les  tiges  près  des  racines ,  se  bornant  quelquefois  à 
les  arracher  ainsi  sans  y  toucher.  Les  Chiliens  lui  font  pour 
cela  une  guerre  continuelle ,  et  ils  mettent  sa  tête  à  prix. 
C'est  sur  les  plus  hauts  arbres  et  dans  des  endroits  peu  fré- 
quentés qu'il  fait  son  nid. 

Quant  au  guifso  balito,  il  habite,  comme  le  premier,  les 
lieux  solitaires,  où  il  ne  se  fait  guères  entendre,  dit  Buffon, 
que  par  les  coups  de  bec  réitérés ,  dont  il  perce  les  noyaux  pour 
en  tirer  l'amande.  11  sembleroit,  d'après  cela,  que  la  circons- 
tance commune  de  la  dentelure  du  bec  est  le  principal  mo- 
tif qui  a  déterminé  les  auteurs  à  associer  des  oiseaux  dont  la 
nourriture  et  l'organisation  extérieure  auroient  si  peu  d'ana- 
logie. 

40.  n 


î62  PHY 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  la  description  des  deux  espèces, 
qui,  comme  on  le  sent  bien,  auroient  besoin  d'être  mieux 
connues,  pour  leur  assigner  la  place  qui  leur  appartient  réel- 
lement. 

Le  Phytotome  du  Chili  (  Phjtotoma  rara  ,  Mol. ,  Gmel. , 
Lath.,  Daud.,  Vieill.  )  est  de  la  grosseur  d'une  caille,  et  a 
le  bec  long  d'un  demi-pouce;  son  plumage  est  d'un  brun 
obscur  sur  les  parties  supérieures,  et  un  peu  plus  clair  sur 
les  inférieures;  les  pennes  alaires  et  caudales  sont  parsemées 
de  points  noirs;  la  queue,  de  longueur  moyenne,  est  arron- 
die ;  il  fait  sur  la  cime  des  arbres  dont  le  feuillage  est  le 
plus  touffu  ,  un  nid  dans  lequel  la  femelle  pond  des  œufs 
blancs,  tachetés  de  rouge. 

Le  Phytotome  d' Abyssinie  ;  Phytotoma  tridactyla,  Daud., 
Vieill.  ;  Loxia  tridactyla,  Gmel.,  Lath.;  Guifso  balito ,  Buff. , 
dont  la  figure  se  trouve  sur  la  planche  28  de  Daudin,  tom.  2. 
Il  est  de  la  taille  du  gros- bec  ordinaire,  et  sa  longueur  est 
d'environ  six  pouces,  la  tête  et  le  devant  du  cou  sont  d'un 
beau  rouge,  qui  se  prolonge,  suivant  Buffon,  en  une  bande 
assez  étroite  sous  le  corps  jusqu'aux  couvertures  inférieures 
de  la  queue.  Les  parties  supérieures  sont  noires,  avec  une 
teinte  verdàtre  ;  la  queue  est  un  peu  fourchue,  et  les  ailes, 
dans  l'état  de  repos,  n'en  atteignent  que  la  moitié;  le  bec  et 
les  pierls  sont  bruns. 

M.  Vieillot  a  présenté,  comme  troisième  espèce  (2.^  de 
sa  première  section) ,  le  Phytotome  du  Paraguay,  Phjtotoma 
rutila,  décrit  d'après  le  Denté  de  M.  d'Azara  ,  n.°  91  ;  mais  il 
est  bon  de  faire  observer  que  l'auteur  espagnol  n'avoit  pu  se 
procurer  qu'un  individu  privé  de  dix  pennes  caudales.  La 
longueur  étoit  de  sept  pouces;  les  deux  mandibules  étoient 
garnies  intérieurement  de  dents  si  fines  qu'on  ne  les  décou- 
vroit  qu'en  ouvrant  le  bec  ,  et  la  langue  se  termino't  en 
pointe  aiguë.  Le  front,  la  gorge,  le  devant  du  cou  et  le  bas- 
ventre  étoient  d'un  roux  vif,  et  il  y  avoit  une  longue  tache 
de  la  m^'nie  couleur  sur  les  côtés  de  la  poitrine;  le  reste  des 
parties  inférieures  étoit  blanchâtre;  la  tête  et  le  dessus  du 
corps  étoient  d'un  brun  lavé  de  vert;  les  ailes  étoient  noi- 
râtres avec  des  taches  blanches  sur  leurs  couvertures,  et  les 
pennes  qui  restoient  au  milieu  de  la  queue  étoient  égale- 
ment noirâtres. 


PIA  i65 

Daudin  fait  aussi  mention,  d'après  le  naturaliste  Maugé, 
de  l'expédition  du  capitaine  Baudin,  que  le  chirurgien  du 
vaisseau  avoit  acheté,  à  un  habitant  de  Porto-Rico,  un  oiseau 
gris,  de  la  grosseur  d'une  grive,  qui  avoit  les  bords  des  man- 
dibules crénelés  ,  et  dont  la  queue  étoit  un  peu  longue. 
Cet  oiseau,  qui  étoit  très- privé,  se  plaisoit  à  pincer  ceux 
qui  jouoient  avec  lui,  et  se  nourrîssoit  de  bananes  et  de  fruits 
succulens  ;  son  cri  aigre  ressembloit  au  bruit  d'une  lime. 
Il  paroît  que  c'étoit  une  espèce  de  rara,  et  l'on  n'en  parle 
ici  ,  que  pour  faire  remarquer  sa  nourriture  frugivore. 
(Ch.  D.) 

PHYXALLIUM.  (Bot.)  Genre  créé  par  Rafinesque  ,  qu'il 
place  entre  ses  genres  Mjriosidrum  et  Phj&idrum ,  près  des 
Rivularia,  dans  la  famille  des  algues.  Nous  n'en  connoissons 
point  les  caractères.  (Lem.) 

PHYXIMILON.  {Bot.)  Suivant  C.  Bauhin  ce  nom  étoit  donné 
par  ^Eschyle  au  bananier.  (J.) 

PI.  (Bot.)  Ce  nom  est  donné  en  Languedoc  aux  PiNSi 
PiGNE  est  celui  du  fruit  de  ses  arbres.  (Lem.) 

PIA,  PIAC.  (Ornith.)  La  pie  commune  a  reçu  ces  noms 
patois  dans  quelques  provinces  de  France.   (Desm.  ) 

PIA.  (Bot.)  Ce  nom  est  donné  dans  l'île  d'Othaïti  à  la  va- 
riété cu'tivée  du  tacca  pinnatijida,  dont  la  racine  tubéreuse 
crue  a  beaucoup  d'amertume  et  d'acrimonie ,  que  la  culture 
diminue  un  peu.  On  la  râpe  dans  l'eau,  comme  la  pomme 
de  terre,  pour  en  retirer  une  fécule  blanche,  que  l'on  a  com- 
mencé à  adoucir  en  la  changeant  plusieurs  fois  d'eau  ;  on  la 
laisse  ensuite  sécher  au  soleil.  Après  en  avoir  rejeté  les 
premières  infusions  ,  on  fait  avec  cette  fécule  une  espèce 
de  pain  très-nourrissant.  Forster,  qui  nous  donne  ces  détails, 
ajoute  qu'on  applique  aussi  cette  racine  en  cataplasme  sur 
les  plaies  profondes.  Il  dit  encore  que  la  variété  sauvage  est 
nommée  e-ve.  (J.) 

PIABA.  (  Bot.  )  Nom  caraïbe  de  ïeupatorium  odoraton , 
cité  par  Surian  dans  le  Catalogue  de  l'herbier  de  Vaillant. 
(J.) 

PIABA.  (IchtliyoL)  Marcgrave  a  parlé  sous  ce  nom  d'un 
petit  poisson  des  rivières  du  Brésil,  et  qui  paroit  devoir  être 
rapporté  au  genre  Piabu^ue.  Voyez  ce  mot.  (H.  C.) 


*64  PIA 

PIABUCU.  (  Ichthyol.  )  Nom  par  lequel  Marcgrave  a  dé- 
signé le  PiABUQiE.  Voyez  ce  mot.  (H.  C.) 

PIABUQUE,  Piabucus.  {Ichlhjol.)  D'après  le  mot  exotique 
piabucu ,  M.  Ciivier  a  créé,  sous  cette  dénomination,  dans  la 
famille  des  dermoptères,  un  genre  de  poissons  holobranches, 
reconnoissable  aux  caractères  suivans  : 

Catopes  abdominaux  ;  branchies  complètes  ;  rayons  pectoraux 
réunis;  opercules  lisses;  deux  nageoires  dorsales;  la  seconde  adi- 
peuse; ventre  caréné  et  tranchant;  dents  tranchantes  et  dentelées^ 
nageoire  anale  très-longue;  corps  comprimé,  haut  verticalement; 
tête  petite;  bouche  peu  fendue.   (Voyez  Dermoptères.) 

On  ne  connoît  encore  dans  ce  genre  que  des  poissons  des 
rivières  de  l'Amérique  méridionale,  qui  montrent  beaucoup 
d'appétit  pour  la  chair  et  pour  le  sang. 

Le  PiABUQUE  COMMUN  :  Piabucus  vulgaris ,  N.  ;  Saimo  argen- 
tinus ,  Linnœus  ;  Characinus  piabucu,  Lacépède.  Nageoire 
caudale  fourchue  ;  mâchoires  garnies  de  dents  à  trois  pointes  ; 
tête  des  plus  petites;  mâchoire  inférieure  saillante;  un  seul 
orifice  à  chaque  narine  ;  ligne  latérale  courbée;  dos  vert; 
nageoires  grises  ;  une  raie  longitudinale  argentée  de  chaque 
côté   du  corps. 

Ce  poisson  n'atteint  guère  qu'à  la  taille  de  onze  à  douze 
pouces.  Sa  chair  est  blanche  et  délicate.  On  le  pêche  avec 
des  hameçons,  armés  d'un  ver -de -terre  ou  d'un  mélange 
de  sang  et  de  farine. 

Le  PiABuyuE  double -mouche  :  Piabucus  bimaculatus ,  N.  ; 
Salmo  bimaculatus,  Linnœus;  Characinus  bimaculatus ,  Lacép. 
Nageoire  caudale  fourchue  ;  deux  taches  noires  de  chaque 
côté,  Tune  auprès  de  la  tête  et  l'autre  auprès  de  la  nageoire 
de  la  queue;  gueule  très  -  étroite  ;  mâchoires  égales;  deux 
orifices  à  chaque  narine  ;  dos  arrondi  ,  verdâtre  ;  côtés  d'un 
bleu  argentin;  nageoire  dorsale  jaune,  de  même  que  les 
pectorales  et  les  catopes  ;  les  autres  nageoires  brunes. 

On  prend  ce  poisson ,  dont  la  chair  est  blanche ,  grasse  et 
délicate  ,  dans  les  rivières  de  Surinam  et  d'Amboine  ;  mais 
nous  n"osons  affirmer  l'identité  parfaite  des  individus  péchés 
dans  ces  deux  localités,  si  éloignées  l'une  de  l'autre. 

Il  paroît  évident  que  Ton  a  confondu  à  tort  cette  espèce 
avec  le  coregonus  amboinensis  d'Artédi, 


PIA  î65 

Le  PiABUQUE  BOSSU  :  Piabucus  gihbosus ,  N.  ;  Salmo  gîhbosus, 
Linnaeus;  Characinus  gibbosus ,  Lacépède.  Nageoire  caudale 
fourchue;  nuque  très -élevée  en  bosse;  un  aiguillon  incliné 
vers  la  queue  et  placé  auprès  de  la  base  de  chacune  des  na- 
geoires pectorales  ;  teinte  générale  d'un  roux  argenté  ;  une 
tache  noire  sur  chaque  côté. 

Des  côtes  de  Surinam. 

Le  PiABUQUE  A  QUEUE  NOIRE  :  Piabucus  melanurus ,  N.  ;  Cha- 
racinus melanurus  ,  Bloch  ,  58,  fig.  2.  Nageoire  caudale  four- 
chue; mâchoires  égales;  un  seul  orifice  à  chaque  narine; 
une  tache  noire  et  irrégulière  sur  chaque  côté  de  la  na- 
geoire de  la  queue;  corps  et  queue  argentés;  dos  gris;  na- 
geoires jaunâtres;  dents  très-petites  ;  un  seul  orifice  à  chaque 
narine. 

Même  patrie  que  le  précédent.  (H.  C.) 

PIADERA,  LADIERNA.  (Bot.)  Noms  portugais  des  p?y/i- 
lirea  à  feuilles  étroites,  suivant  Clusius.  (  J. } 

PIAILLEUR.  [Ornith.)  L'oiseau  auquel,  suivant  Barrère  , 
les  François  de  la  Guiane  donnent  ce  nom  et  celui  de  cor- 
moran des  Amazones,  est  le  vautour  aura,  vultur  brasiliensis , 
Briss.  (Ch.  D.) 

PIAMICH,  YASMICH.  {Bot.)  Noms  péruviens  du  clarisia 
hijlora  de  la  Flore  du  Pérou;  genre  voisin  du  gnetum  ,  avec 
lequel  il  est  placé  à  la  suite  des  urticées,  en  attendant  que 
l'on  établisse  une  famille  dont  ils  feront  partie.  Une  autre 
espèce,  clarisia  racemosa ,  est  nommée  tulpaj.  Ce  sont  des 
arbres  dont  on  extrait  par  incision  un  suc  blanc ,  qui  s'é- 
paissit promptement  à  l'air  en  une  résine  élastique,  propre  à 
prendre  différentes  formes  et  à  former  divers  instrumens.  (J.) 

PIAN  GIN.  (Ornith.)  Un  des  noms  piémontois  de  la  sittelle 
ou  torchepot,  sitta  europœa,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIANIA-TRAVA.  (Bot.)  C'est  une  plante  que  les  Russes 
emploient  pour  guérir  les  rhumatismes  et  les  ulcères.  Selon 
Pallas,   c'est  son  rJiododendrum  chrjysanlhum.  (Lem.) 

PIANNET.  (Ornith.)  Ce  nom  est  donné,  en  anglois ,  à  la 
pie  commune,  corvus  pica,  Linn.,  et  au  petit  pic  varié  ,  pi- 
cus  minor ,  Linn.   (Ch,  D.  ) 

PIAPAU.  {Bot.)  Un  des  noms  vulgaires  de  la  renoncule  hui- 
leuse ou  bassinet.  (Lem.) 


i66  PIA 

PIAPIAC.  (OrrîifTi.)  Nom  imposé  par  Levaillant,  t.  2  ,  p.  14, 
de  son  Ornilhologie  d'^Afrique,  à  une  pie,  dont  M.  Vieillot 
a  fait  sa  pica  nigra,  et  Latham  son  corvus  senegalensis.  (Ch.D.) 

PIARANTilUS.  (Bot.)  R.  Brown  a  distingué  ce  genre  de 
celui  des  stapelia ,  à  cause  de  sa  corolle  campanulée ,  de  sa 
colonne  fructifère  saillante,  et  par  sa  couronne  staminifère 
double.  Ces  caractères  sont  très-foibles ,  aussi  ce  genre  n'est  -  il 
pas  généralement  adopté.  Les  stapelia  punctata  et  pulla  de 
Massoh  y  sont  rapportés.  (  Lem.  ) 

PIARDS.  {Maiiim.)  Les  Nègres,  dont  la  peau  est  tachetée 
de  blanc  ,  ou  conséquemment  les  JNègres  Albinos  pies  ont 
reçu  ce  nom.  (Desm.) 

PIAT.  (Ornith.)  Suivant  Salerne  et  Mauduyt,  ce  nom  est 
donné  aux  petits  de  la  pie,  cornus  pica,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIAUHAU.  {Ornith.)  M.  Vieillot  a  créé  pour  cet  oiseau  de 
la  famille  des  cotingas,  muscicapa  rubricoUis  de  Gnielin  et  de 
Latham,  im  genre  particulier,  qu'il  a  nommé  en  latin  Que- 
rula,  et  qu'il  a  ainsi  caractérisé  :  Bec  très-déprimé  et  garni  à 
sa  base  de  plumes  et  de  soies  dirigées  en  avant,  triangulaire 
et  convexe  en  dessus  et  en  dessous  ;  mandibule  supérieure 
échancrée  et  crochue  vers  le  bout,  l'inférieure  à  pointe  très- 
grêle,  retroussée  et  très -aiguë;  narines  ouvertes,  un  peu 
arrondies,  couvertes  par  les  plumes  du  capistrunt;  bouche 
ample,  garnie  de  poils  sur  les  angles. 

L'espèce  ci-dessus  désignée  et  une  autre  sont  décrites  dans 
ce  Dictionnaire,  tome  XI,  pag.  18  et  suiv. ,  au  mot  Cotinga. 
(Ch.   D.) 

PLAYE.  (Ornith.)  La  description  et  l'histoire  de  cet  oi- 
seau se  trouvent  à  l'article  Coucou,  p.  i32  du  tome  XI  de 
ce  Dictionnaire.  (Ch.  D.) 

PIAZZAJOLA.  (Bot.)  A  Florence  on  donne  ce  nom  aune 
espèce  d'agaric,  qu'on  y  mange  et  qu'on  porte  à  cet  effet 
dans  les  marchés  pendant  le  mois  de  Septembre.  Cet  agaric 
est  petit  et  d'une  consistance  ferme  ;  il  forme  des  touffes 
qui  se  font  remarquer  par  la  couleur  blanche  du  stipe  et  la 
couleur  obscure  de  la  surface  supérieure  du  chapeau.  Les 
feuillets  sont  gris.  Dans  d'autres  parties  de  la  Toscane  cette 
plante  est  connue  sous  le  nom  defoderino.  Paulet  la  désigne 
par  Touffe  bise  et  crise.  (Lem.) 


PIC  167 

PÎBE-LERKE.  (Ornith.)  Ce  nom  danois  est  cité  par  Mul- 
1er,  Zool.  Danic.  Prodr.,  page  29,  comme  synonyme  de  Valauda 
trivialis.  (Ch.  D.) 

PIBOULE.  {Bot.)  Nom  vulgaire  d'une  variété  du  peuplier 
noir.  (L.  D.) 

PIBOULADOS.  (  Bot.  )  Nom  languedocien  de  quelques 
champignons  agarics,  qui  croissent  aux  pieds  des  vieux  peu- 
pliers et  d'autres  arbres ,  et  qui  sont  bons  à  manger.  Voyez 
Pivouj^ADE.  (Lem.) 

PIBOULO.  {Bot.)  Nom  provençal  du  peuplier  noir,  cité 
par  Garidel  :  c'est  le  pîtou  des  Languedociens,  selon  Gouan. 
(J.) 

PIC.  {Ornith.)  Les  naturalistes  réunissent  sous  ce  nom  un 
grand  nombre  d'oiseaux  qui  constituent  un  genre  très-natu- 
rel de  la  famille  des  Grimpeurs  {Scansores).  On  peut  ainsi 
le  caractériser  :  Bec  droit,  pointu,  de  forme  pyramidale;  na- 
rines à  la  base  recouvertes  par  des  soies  roides,  dirigées  en  avant; 
quatre  doigts  aux  pieds,  deux  en  avant,  deux  en  arrière;  queue 
composée  de  pennes  usées  à  leur  pointe ,  et  à  tige  très-roide. 

Les  pics  ont  la  tête  solide,  lourde;  le  bec  en  coin,  le  plus 
souvent  pentaédre;  l'arête  du  milieu  du  bec  supérieur  est 
très-vive;  la  pointe  est  toujours  dans  l'axe  de  la  tête,  ce  qui 
la  rend  une  tête  martelière,  comme  l'a  très-bien  dit  Levail- 
lant.  Ils  ont  la  queue  composée  de  douze  pennes,  quelquefois 
de  dix  seulement,  à  tiges  fortes,  élastiques,  et  toujours  usées 
à  leur  extrémité,  qui  est  pointue. 

Leur  langue  est  longue,  susceptible  de  s'alonger beaucoup, 
à  cause  de  la  longueur  excessive  des  cornes  de  l'hyoïde,  qui 
se  recourbent  sur  le  crâne  ,  et  avancent  sur  le  front,  bien  au- 
delà  des  yeux.  Cette  langue  est  dure,  et  armée  de  papilles 
cornées  solides,  dont  la  pointe  acérée  est  recourbée  vers  le  fond 
du  gosier;  ce  qui  en  fait  une  arme  propre  à  saisir  les  insectes, 
et  surtout  les  larves  molles  que  ces  oiseaux  vont  chercher 
sous  l'écorce  ou  dans  le  bois  tendre  et  pourri  des  vieux  arbres. 

Les  pieds  sont  courts  et  munis  de  quatre  doigts,  dont  les 
ongles ,  forts  et  crochus,  les  aident  à  se  cramponner  le  long  des 
arbres,  sur  lesquels  ils  montent  le  plus  souvent  en  spirale; 
ils  peuvent  encore  courir  contre  leur  propre  poids  le  long 
des  branches  horizontales.  Le  cri  des  pics  est  aigre  etpinchardj 


i68  PIC 

leur  vol  est  lourd  et  par  Londs;  on  les  reconnoîtra  aussi  aux 
coups  redoublés  dont  ils  frappent  les  arbres  pour  épouvanter 
les  insectes,  qui  se  cachent  sous  l'écorce  ,  ou  même  pour  les 
prendre ,  si  le  bois  est  assez  mou  pour  céder  à  leurs  coups.  Les 
pics  ne  sont  jamais  gras  ;  leur  chair  est  dure,  coriace,  noire, 
et  par  conséquent  peu  estimée;  leur  plumage  est  très-varié, 
et  on  trouve  dessus  toutes  les  couleurs,  le  bleu  excepté  :  gé- 
néralement la  femelle  diffère  très -peu  du  mâle,  le  plus  sou- 
vent celui-ci  se  reconnoît  à  une  tache  rouge  oblongue  qui  des- 
cend de  la  base  de  la  mandibule  inférieure  vers  le  cou,  en 
passant  au-dessous  de  l'oreille  :  c'est  ce  que  les  ornithologistes 
nomment  la  moustache. 

Les  pics  sont  toujours  occupés  à  creuser  les  arbres  :  c'est 
dans  les  trous  qu'ils  se  retirent  pendant  la  nuit ,  et  aussi 
pendant  la  saison  de  la  ponte;  la  femelle  y  dépose  ses  œufs 
sans  y  faire  de  nid  ;  le  père  et  la  mère  y  rassemblent 
leurs  petits,  jusqu'à  ce  qu'ils  s'accouplent  eux-mêmes.  Pen- 
dant le  jour  ils  se  tiennent  isolés,  et  leur  vie  paroit  active  et 
pénible.  Les  espèces  de  ce  genre  sont  très-nombreuses,  Buffon 
en  connoissoit  déjà  trente-neuf  ;  mais,  depuis,  ce  nombre  s'est 
beaucoup  augmenté.  Elles  sont  répandues  sur  le  globe  sous 
toutes  les  latitudes  :  les  deux  tiers  se  trouvent  sous  les  tropi- 
ques, et  c'est  dans  les  forêts  humides  de  l'Amérique  que  l'on 
en  voit  le  plus  grand  nombre.  On  a  fait  depuis  long- temps 
l'observation  qu'on  n'en  a  point  encore  rencontré  dans  la 
"Nouvelle-Hollande. 

Quoique  les  pics  constituent  un  genre  bien  naturel,  et  que 
tous  les  individus  soient,  pour  ainsi  dire,  modelés  l'un  sur 
l'autre,  il  y  a  quelques  espèces,  cependant,  dont  les  mœurs 
varient  tellement,  que  nous  en  connoissons  qui  ne  grimpent 
pas,  comme  leur  organisation  sembleroit  le  faire  croire  ;  mais 
qui,  au   contraire,   vivent  à  terre  ou  dans  les  rochers. 

L'Europe  en  nourrit  six  espèces,  qui  font  le  type  de  trois 
petits  groupes,  autour  desquels  on  peut  réunir  les  espèces 
étrangères.  Nous  décrirons  d'abord  les  pics,  dits  pics  -  verts. 
Le  peuple  réunit  sous  ce  nom  deux  oiseaux  que  l'on  peut 
aisément  distinguer  à  la  tête  ;  l'un  a  tout  le  dessus  de  la 
tête  rouge,  tandis  que  le  second  n'a  que  le  front  rouge,  et 
l'occiput  gris.   Nous  nommerons  le  premier 


PIC  169 

Le  Pic  vert  a  tête  rouge,  Buff. ,  879;  Picus  viridis ,  Linn. 
Il  a  le  dos  vert-olive  ,  le  ventre  plus  pâle ,  les  pennes  de  l'aile 
et  de  la  queue  rayées  de  vert  pâle  et  de  noir;  le  croupion  est 
jaunâtre;  les  plumes  du  sommet  de  la  tête  sont  alongées  en 
pointe,  elles  ont  la  base  grise  et  l'extrémité  rouge;  le  tour 
de  l'œil  est  noir,  ainsi  qu'une  bande  qui  va  de  la  mandibule 
inférieure  au-dessous  de  l'œil.  Le  mâle  a  une  tache  rouge-vif 
alongée  sur  cette  bande  noire;  le  bec  et  les  pieds  sont  bruns. 
Dans  la  jeune  femelle  le  rouge  du  sommet  de  la  tête  ne 
descend  pas  jusqu'au  front;  le  ventre  est  plus  pâle. 

Pendant  le  premier  âge  le  corps  est  grivelé  de  traits  noirs, 
qui  s'effacent  peu  à  peu  en  prenant  la  forme  de  points  noirs; 
le  bec  est  aussi  plus  court. 

Le  pic  se  nourrit  d'insectes,  surtout  de  fourmis,  qu'il  saisit 
le  long  des  arbres,  en  étendant  et  appuyant  sa  langue  sur 
Je  chemin  que  ces  insectes  y  suivent;  si  le  froid  les  tient 
enfermés,  il  descend  à  terre,  se  jette  dans  la  fourmilière, 
la  détruit  et  se  repaît  des  insectes  et  de  leurs  larves. 

Le  pic  n'est  que  de  passage  en  France  .-  il  disparoît  de  nos 
contrées  pendant  l'automne  et  l'hiver  ;  son  cri  est  rauque 
et  peut  se  rendre  par  les  syllabes  tiacacan,  tiacacan.  Pendant 
la  saison  des  amours,  sa  voix  change  et  devient  une  espèce 
de  rire  bruyant  et  continu  ,  que  Poiseau  répète  un  très-grand 
nombre  de  fois  de  suite,  tiô,  tiô ,  tiô  ;  quelquefois  aussi  il 
semble  prononcer  les  syllabes  plieu ,  pli -eu,  ce  qui  l'a  fait 
nommer  pleupleu  dans  quelques  provinces  de  la  France , 
particulièrement  en  Normandie.  11  pond  trois  œufs  d'un 
blanc  lustré  dans  les  trous  des  arbres,  au  moins  à  sept  ou 
huit  pieds  de  terre. 

La  seconde  espèce,  que  nous  nommons 
Le  Pic  vert  a  tête  grise,  Edw. ,  68  (Ficus  canus ,  Gmel.) , 
a  le  dos  et  le  ventre    verts  comme  le   précédent  ;   le  cou 
et  la  tête  grises;   une  plaque  rouge  sur  le  devant  du  front 
du  mâle  seulement. 

Les  plumes  de  la  queue  ne  sont  pas  rayées;  mais  elles  sont 
noirâtres  et  bordées  de  jaune -olive. 

Le  bec  est  un  peu  plus  foible  que   celui   du  précédent. 
Nous    connoissons    une   variété   blanche.    La    femelle    est 
tout -à- fait   dépourvue    de   rouge  sur  le    front;    elle   pond 


^70  PIC 

quatre  à  six  œufs  blancs.  Cette  espèce,  rare  en  France,  est 
abondante  en  Norwëge  et  en  Russie;  on  la  trouve  aussi 
dans  le  Nord   de  l'Asie  et  de  l'Amérique. 

Auprès  de  ces  deux  espèces  européennes  nous  en  grou- 
perons un  assez  grand  nombre  d'étrangères,  qui  nous  of- 
frent un  plumage  plus  ou  moins  varié,  presque  toujours  sur 
un  fond  vert;   tels  sont  : 

Le  Pic  vert  et  noir,  Buff.  ,  yif)  [Picus  melanochloros , 
GmeL),  qui  vient  du  Brésil.  Il  est  un  peu  plus  petit  que  le 
commun  ;  son  bec  est  plus  court;  son  dos  est  vert,  rayé  de 
noir  en  travers,  et  le  ventre  est  ponctué  de  même  couleur; 
le  dessus  de  la  tête  est  noir  ;  l'occiput  est  rouge  ,  ainsi  que 
la  moustache  :  le  tour  de  l'œil  est  blanc  ;  les  pennes  des  ailes 
sont  rayées  de  noir  et  d'olive;  les  plumes  moyennes  de  la 
queue  sont  noires,  et  les  deux  latérales  sont  rayées  de  jaune 
et  de  noir.  D'Azara  a  rencontré  ce  pic  au  Paraguay  ,  où  il  vit 
seul  ou  par  paires  dans  les  bosquets  clairs. 

Le  Pic  des  champs  (  Picus  campestris  )  est  de  la  taille  du 
pic  commun.  Il  a  le  dos  rayé  de  noii"  et  de  blanc-olivàtre  ;  le 
ventre  rayé  de  noir  et  de  traits  transversaux  blanchâtres, 
un  peu  mêlés  d'olive;  le  dessus  de  la  tête  et  la  gorge  noir 
foncé;  une  bande  large,  jaune-dorée,  brillante,  allant  de  l'œil 
sur  Poreille,  se  réunissant  à  celle  de  l'autre  côté  sur  Pocciput 
et  le  derrière  du  cou,  et  descendant  ensuite  de  chaque  côté, 
pour  former  sur  la  poitrine  un  large  plastron  jaune.  La 
queue  est  d'un  noir  très- foncé;  la  seule  plume  externe  a  ses 
petites  barbes  rayées  de  jaune. 

D'Azara,  qui  a  vu  cette  espèce  au  Bicsil,  nous  apprend 
qu'il  l'a  nommée  charpentier  des  champs,  à  cause  de  son 
habitude  de  vivre  à  terre  et  d'y  chercher  les  vers  et  autres 
insectes  en  enfonçant  son  bec  dans  le  gazon.  Elle  niche 
dans  des  trous  de  murailles  et  y  dépose,  sans  aucun  apprêt, 
deux  ou  quatre  œufs  d'un  blanc  pur  et  luisant. 

Le  Pic  A  coRGE  JAUNE  (Picus  polyzonus)  est  une  espèce  nou- 
velle du  Brésil ,  un  peu  plus  petite  que  la  précédente.  C'est  M. 
Auguste  de  Saint-Hilaire  qui  l'y  a  découverte.  Son  dos  est  vert- 
olive  foncé;  le  ventre  est  rayé  d'olive  et  de  jaunâtre;  le 
dessus  de  la  têle  est  moins  foncé  que  le  dos;  un  trait  jaune 
part  du  bec  supérieur,  passe  sous  Pœil  et  descend  sur  le  cou  ; 


PïG  171 

la  gorge  est  jaune  ,  plus  pâle  ;  elle  est  séparée  du  trait  jaune 
par  une  large  bande  olive  foncée  ;  la  queue  est  noirâtre  en 
dessus  et  jaune -olivâtre  en   dessous. 

Je  ne  connois  rien  des  habitudes  de  cet  oiseau. 

Le  Pic  laboureur,  Vaill. ,  Afr.,  264  et  a 56  {Ficus  oliva- 
ceus) ,  nous  vient  du  Cap  par  M.  de  Lalande.  Le  dos  est  ver- 
dàlre,  le  ventre  rose,  la  tête  grise  et  la  gorge  blanchâtre; 
les  ailes  sont  vertes,  tachetées  de  blanc- jaunâtre  ;  la  queue 
est  olive,  et  prend  une  teinte  rouge  à  l'extrémité;  elle  est 
rayée  en  travers  d'olive  clair  :  il  est  plus  petit  que  le  pic 
commun.  Cette  espèce  africaine  a  les  mêmes  habitudes  que 
notre  picus  campestris, 

Levaillant ,  qui  a  observé  ce  pic  au  cap  de  Bonne- Espé- 
rance ,  principalement  dans  les  contrées  montagneuses,  dit 
qu'il  ne  grimpe  jamais  aux  arbres.  Il  fouille  la  terre  pour 
y  découvrir  les  insectes,  et  c'est  pour  cela  que  Levaillant 
lui  a  donné  le  nom  de  laboureur.  Il  gratte  la  terre  aussi 
avec  ses  pieds.  Sa  ponte  est  de  cinq  à  huit  œufs  roussâtres, 
que  couvent  les  deux  sexes.  Ils  se  refirent  dans  des  cre- 
vasses de  rochers,  où  ils  déposent  leurs  œufs. 

Le  Pic  tigré,  Vaill.,  Afr.,  260  (Picus  nubicus) ,  est  de 
la  taille  de  notre  moyen  épeiche.  11  vient  du  Cap  :  son  dos 
est  vert;  son  ventre  est  blanchâtre,  tacheté  de  gros  points 
noirs  ;  le  dessus  de  la  tête  et  les  moustaches  sont  rouges  ; 
la  queue  est  jaunâtre,  rayée  de  blanchâtre   en  travers. 

La  femelle  pond  quatre  œufs  tachetés  de  brun  sur  un 
fond  blanc -bleuâtre. 

Le  Pic  ponctué  (Picus punctatus).  Nous  trouvons  au  Sénégal 
un  pic  un  peu  plus  grand  que  le  tigré,  et  qui  n'a  encore  été 
décrit  par  aucun  ornithologiste.  11  a  le  dos  vert,  grivelé  de 
blanchâtre  sur  les  ailes;  le  cou  et  la  poitrine  gris,  grivelés 
de  petits  points  noirs,  qui  s'étendent  sur  les  flancs;  l'abdo- 
men d'un  jaune-olive  ;  le  dessus  de  la  tête  et  la  moustache 
rouges;  la  queue  jaune,  rayée  de  brun. 

Le  Pic  de  Cayenne  (Picus  caj^ennensis  )  est  de  la  même 
taille,  mais  son  bec  est  plus  court.  Il  a  le  dos  vert,  rayé 
de  noir;  le  ventre  olive,  un  peu  roussâtre  et  tacheté  de 
points  noirs;  le  front  noir;  l'occiput  ronge  ;  les  joues  blan- 
ches ;  le    dessous  de  la     gorge  noir,    grivelé  de    blanc.    La 


172  PIC 

femelle  ne  diffère  du  mâle  que  par  l'absence  de  la  mous- 
tache rouge. 

Le  Pic  a  gorge  jadne,  Lath.  (Picus  icterocephalus) ,  nous 
vient  du  Brésil.  Beaucoup  plus  petit  que  le  précédent ,  il  a 
le  dos  olive;  le  ventre  verdàtre ,  rayé  de  blanc;  le  dessus 
de  la  tête  et  la  gorge  d'un  beau  rouge;  les  joues  et  les  côtés 
du  cou  d'un  beau  jaune  doré. 

Buffon  n'a  représenté  que  le  jeune  mâle  ,  qui  a  le  ventre 
marqué  de  larges  taches  blanches  triangulaires,  au  lieu  de 
raies  transversales,  et  dont  le  dessus  de  la  tête  et  les  mous- 
taches seules  sont  rouges;  le  dessous  de  la  gorge  étant  jaune, 
comme  les  joues  :  la  femelle  a  la  iête  toute  jaune. 

Le  Pic  vert  doris  {Pirus  aurulentui)  est  de  la  taille  du 
précédent ,  auquel  il  ressemble  beaucoup.  Le  dos  est  olive 
foncé;  le  ventre  olive,  finement  rayé  de  blanchâtre;  le 
front  jaune -olive;  l'occiput  rouge;  la  gorge  jaune;  l'oreille 
brune  ;  la  moustache  rouge  :  un  trait  jaune  va  du  bec  à 
l'œil. 

Je  n'ai  pas  vu  la  femelle  de  cette  espèce,  qui  habite  le  Bré- 
sil. Ce  pic  est  très- commun  aux  environs  de  Rio -Janeiro. 

Le  Pic  de  Porto-Rico  {Picus  portoricensis)  est  une  espèce 
non  décrite  des  Antilles,  qui  a  le  dessus  noir  brillant,  à  re- 
flets bleus;  la  gorge,  la  poitrine,  le  ventre  rouges;  les  flancs 
gris;  le  front  blanc. 

Le  rouge  augmente  avec  l'âge  sur  le  ventre,  qui  est  tout 
gris  dans  la  jeunesse;  la  queue  est  noire  et  un  peu  grise  en 
dessous;  le  bec  et  les  pieds  sont  noirs. 

Le  Pic  HiRONDiNACÉ,  Buff. ,  pi.  cnlum.  694  {Picus  hirundi- 
naceus,  Gm.) ,  a  le  dos,  la  tête,  la  gorge  et  la  poitrine  noirs, 
à  reflets  bleus,  comme  l'hirondelle  ;  le  ventre  rouge  ;  les 
flancs  rayés  de  brun  et  de  blanc.  Au  milieu  du  dessus  de 
la'  tête  il  y  a  une  petite   plaque  rouge. 

Ce  pic  vient  de  la  Guiane. 

Le  Pic  A  CHEVRON  d'or  {Picus  occipitalis)  vient  aussi  du 
même  pays.  Sous  l'occiput  il  y  a  un  chevron  jaune -d'or.  Il 
est  de  même  taille;  a  le  dos,  la  tête,  la  gorge  et  la  poitrine 
du  même  noir  -  bleuâtre  ;  seulement  ce  noir  descend  plus 
bas  sur  le  ventre.  Il  y  a  moins  de  rouge.  Cette  espèce  n'a 
pas  encore  été  décrite. 


PIC  175 

Le  Pic  couronné  (Pleus  coronatus,  IHig. )  est  delà  taille 
du  précédent;  mais  il  a  le  bec  plus  long;  le  dos  est  noir 
brillant;  le  ventre  est  rouge  vif;  les  côtés  en  arrière  sont 
bruns,  rayés  de  roux;  le  front  et  le  dessous  delà  gorge  sont 
d'un  beau  jaune  doré;  l'occiput  est  rouge;  le  jaune  de  la 
gorge  passe  au  gris  -  roux  sur  la  poitrine  :  le  mâle  n'a  pas 
de  moustaches;  la  femelle  a  l'occiput  noir  et  moins  de  rouge 
sous  le  ventre. 

Nous  conservons  à  cette  espèce  le  nom  de  coronatus ,  qui 
lui  a  été  donné  par  M.  Illiger,  et  nous  n'adopterons  pas  celui 
de  pic  à  ventre  rouge,  que  M.  Vieillot  a  cru  devoir  lui 
donner  (  Gai,  d'ornith.,  pi.  27),  parce  que  ce  nom  est  déjà 
employé  par  d'Azara  pour  une  espèce  dififérente. 

Le  Pic  a  front  gris  {Ficus  ruliginosus ,  Swainson,  ïllust. 
zoo/.,  pi.  14)  a  le  dos  vert- olive;  le  ventre  noirâtre,  rayé 
de  blanchâtre:  le  front  gris  de  fer  foncé,  l'œil  entouré  d'un 
cercle  blanc  :  le  mâle  a  une  moustache  rouge. 

Il  est  plus  petit  que  le  pic  rayé,  et  son  bec  est  plus  court 
que  celui  de  cet  oiseau.  Cette  espèce  habite  à  la  Trinité. 

Le  Pic  rayé,  Buff. ,  pi.  enlum.  281  {Picus  striatus) ,  nous 
vient  également  des  Antilles.  Il  a  le  dos  noir  rayé  de  vert- 
olive  ;  le  front  gris,  ainsi  que  le  sourcil  ;  le  dessus  de  la  tête 
noir  et  l'occiput  rouge  ;  le  ventre  est  roux.  Je  n'ai  vu  que 
la    femelle. 

Le  Pic  olive,  Vaill. ,  Afr.,  pi.  248  et  249  {Picus  capensis  ,Gm.) 
est  vert  olive  sur  le  dos  et  sur  la  poitrine;  sa  tête  est  grise, 
excepté  sur  le  dessus ,  qui  est  rouge  ;  le  dessus  de  son  croupion 
est  de  la  même  couleur:  quand  il  est  jeune,  il  y  a  moins  de 
rouge;  il  n'y  a  pas  de  moustaches  :  la  femelle  n'a  pas  de  rouge 
sur  la  tête;  elle  pond  quatre  œufs  blancs,  que  le  mâle  couve 
avec  elle. 

Le  Pic  A  FRONT  TACHETÉ  {Picus  maculosus)  est  un  petit  pic 
du  Sénégal,  qui  a  le  dos  vert,  le  ventre  rayé  de  noirâtre  et 
de  blanc  olivâtre;  le  dessus  de  la  tête  noir,  tacheté  de 
nombreux  points  couleur  de  rouille. 

Le  Pic  DU  Sénégal  {Picus  sene galensis ,  Gmel.)  e&t  un  très- 
petit  pic  a  dos  vert-olive  un  peu  jaunâtre  ;  et  à  ventre  rayé  de 
blanc  et  d'olive  :  le  mâle  a  le  dessus  de  la  tête  rouge,  et  la 
femelle  l'a  gris. 


174  PIC 

Le  Pic  a  ventre  rubanné  {Picus  dimidiatus)  nous  vient  de 
Java.  Il  est  un  peu  plus  petit  que  le  commun:  le  dos  est  vert- 
olive;  la  poitrine  jaune-olive;  le  ventre  à  flammes  longues  et 
étroites,  noires,  bordées  de  jaune -olive  pâle;  le  dessus  de 
la  tête  rouge  ;  les  moustaches  sont  noires;  la  queue  noire 
dessus,   est  olivâtre  en  dessous. 

Le  Pic  du  Bengale  [Picus  bengalensis ,  Gmel.  )  est  de  la  taille 
du  pic  vert;  le  dos  est  jaune  d'or;  le  ventre  blanc,  à  grandes 
flammes  noires;  la  gorge  noire,  grivelée  de  blanc;  le  dessus 
de  la  tête  huppé  et  rouge;  un  trait  noir  descend  de  l'œil  sur 
le  derrière  du  cou;  les  ailes  sont  noires,  tachetées  de  blanc; 
la  queue  est  noire.  Il  est  remarquable  par  la  brièveté  de  son 
pouce. 

Le  Pic  de  Goa  (Picus  goensis,  Gmel.)  est  une  autre  espèce, 
très-voisine  de  la  précédente,  et  à  peu  près  de  la  même  taille, 
dont  le  dos  est  vert  -  olive  ;  le  ventre  blanc  ,  à  flammes 
noires;  plus  larges  la  gorge  noire  ,  grivelée  de  blanc;  les  ailes 
noires,  à  épaulettes  rouges  ;  la  queue  noire.  Il  a  le  pouce 
encore  plus  rudimentaire  que  le  précédent ,  et  il  conduit 
aux  picoïdes. 

Les  espèces  de  pics  qui  suivent  maintenant,  jusqu'au  grand 
Pic  noir  d'Europe  ,  ont  le  plumage  assez  varié  ;  mais  elles 
n'offrent  plus  de  nuances  vertes  comme  les  précédentes  :  ces 
pics  étrangers  viennent  presque  tous  de  PAmérique,  et  sur- 
tout des  contrées  chaudes  de  ce  continent. 

Le  Pic  jaunet,  Bufï". ,  609  {Picus  exalbidus,  Gmel.),  est  ori- 
ginaire de  Cayenne  et  du  Brésil;  il  est  d'un  jaune  verdâtre 
sur  le  dos,  sur  le  ventre,  sur  la  tête  et  sur  le  cou.  Les  ailes 
sont  de  couleur  marron,  ainsi  que  la  queue  ;  les  petites  cou- 
vertures des  ailes  sont  blanchâtres;  la  tête  est  huppée;  le 
màle  a  une  moustache  rouge;  le  bec  est  jaunâtre  et  court; 
les  pieds  sont  noirâtres  .  sa  taille  est  plus  petite  que  celle 
du  pic  commun. 

Le  Pic  mokdoré,  Buff. ,  624  {Picus  cinnamomeus,  Gmel.), 
est  plus  grand  que  le  précédent  :  il  a  le  bec  plus  long  et  de 
couleur  de  corne.  Tout  le  corps  est  de  couleur  marron;  le 
dessus  de  la  tête  est  huppé  et  de  couleur  jaune-paille,  ainsi 
que  les  flancs;  les  ailes  et  la  queue  sont  noirs  :  le  mâle  a 
une  moustache  rouge. 


PIC  Ï75 

Il  habite  aussi  dans  l'Amérique  méridionale. 

Nous  en  avons  une  variété  qui  a  le  dessus  de  la  tête  de  la 
même  couleur  que  le  reste  du  corps. 

Le  Pic  a  cravate  noire  {Picus  muUicolor  ,  Gmel.  )  vient 
de  Cayenne  :  il  a  le  dos  et  les  ailes  marron  ;  la  poitrine 
noirâtre;  le  ventre  roux-jaunâtre;  la  queue  rousse,  rayée  de 
noir  en  travers,  et  noire  à  sa  pointe;  le  dessus  de  la  tête 
est  roux  :  le  mâle  a  des  moustaches  rouges;  la  femelle  n'en  a 
point,  et  a  le  front  gris.  Il  est  plus  petit  que  le  précédent 
et  il  a  le  bec  plus  foible. 

Le  Pic  A  HurPE  paillée  {Picus  Jlavescens ,  Gmel.)  a  le  corps 
noir  tacheté  en  dessus  et  sur  les  ailes  de  jaune-paille.  La 
tête  est  huppée  et  jaune-paille  :  le  mâle  a  les  moustaches 
rouges;  la  femelle  les  a  noires,  grivelées  de  blanc  .-  il  est  de 
la  taille  du  jaunet,  mais  le  bec  est  plus  long. 

Cette  espèce  est  très-commune  aux  envii'ous  deRio-Janeiro; 
d'Azara  l'a  aussi  rencontrée  dans  les  grands  bois  du  Paraguay. 

Le  Pic  dominicain,  d'x\zara ,  254  {Picus  dominicanus)  se 
trouve  au  Brésil  et  au  Paraguay  :  il  a  le  dos  et  les  ailes  d'un 
noir  foncé;  la  tête,  le  cou,  la  poitrine  et  le  ventre  blancs; 
la  queue  noire,  blanchâtre  en  dessous;  les  pennes  externes 
ou  les  barbes  intérieures  rayées  de  noirâtre. 

D'Azara  nous  apprend  que  ce  pic  vit  en  famille,  qu'il  est 
fort  criard  ,  et  qu'il  fait  entendre  de  fort  loin  sa  voix  rauque 
et  désagréable. 

Il  n'y  a  pas  de  différence  entre  le  mâle  et  la  femelle;  ces 
pics  n'entrent  jamais  dans  les  grands  bois,  mais  ils  se  tiennent 
dans  les  lieux  plantés  de  palmiers,  et  dans  les  endroits  où  il 
y  a  peu  d'arbres.  Ils  ne  vont  cependant  pas  à  terre;  mais  ils 
se  tiennent  sur  les  toits  :  ils  se  nourrissent  de  larves  de  guêpes , 
d'oranges  douces,  de  raisins  et  d'autres  fruits. 

Le  Pic  DES  Philippines  (Picus  Philippinarum)  a  le  dos  et  les 
ailes  d'un  brun  rougeâtre  ;  du  rouge  i:ux  épaulettes;  la  poi- 
trine rousse  et  chaque  plume  bordée  de  brun  foncé  ;  le 
ventre  roussâtre  :  le  mâle  a  la  tête  rouge  ,  et  la  femelle  l'a 
noirâtre,  ponctuée  de  blanc  ;  le  roux  du  cou  et  de  la  poi- 
trine du  mâle  est  blanc  sale  dans  la  femelle.  Je  ne  sais  rien 
des  mœurs  de  ce  pic. 

Le  Pic  a  baguettes  dorées  ,  Bufif. ,  pi.  enlum.  CgS  ,  et  W^s. , 


176  PIC 

Orn.  am.,pL  iii,  fig.  i  {Picus  auratus,  Gmel.),  est  de  la 
taille  de  notre  pic  verf.  Il  a  le  dos  gris-brun ,  rayé  de  brun 
en  travers  ;  le  ventre  gris -vineux,  ponctué  de  noir;  le  som- 
met de  la  tête  gris;  l'occiput  rouge;  le  cou  et  la  gorge  d'un 
roux  vineux  clair;  un  plastron  noir  sur  la  poitrine  ;  les 
tiges  des  pennes  alaires  d'un  beau  jaune  d'or,  ainsi  que 
celles  de  la  queue  :  de  chaque  côté  du  bec  il  a ,  dansle  mâle, 
deux  larges  moustaches  noires,  qui  manquent  à  la  femelle, 
dont  les  couleurs  sont  plus  pâles  :  celle-ci  pond  six  œufs  blancs. 
Cet  oiseau  voyage  aussi  comme  notre  pic  vert;  il  reste  en  Pen- 
sylvanie  pendant  tout  l'hiver.  Il  arrive  à  la  baie  d'Hudson  en 
Août ,  et  la  quitte  en  Septembre  ;  les  naturels  le  nomment  ou- 
thée  quan-nor-ou,  à  cause  de  la  couleur  dorée  de  ses  ailes.  En 
Pensylvanie  il  porte  différens  noms  ,  hittockjjucker,  pint,  etc. 

Le  PETIT  Pic  aux  ailes  dorées,  Vaill.,  Afr. ,  253,  12  [Picus 
cafer,  Lath.),  originaire  du  Cap  ;  il  est  de  la  taille  de  notre  petit 
épeiche.  Le  dos  est  verdàtre,  rayé  de  noir;  le  ventre  est 
plus  clair,  mais  coloré  de  même;  les  ailes  et  la  queue  sont 
rayées  de  vert  et  de  vert  noirâtre;  les  tiges  des  pennes  sont 
d'un  beau  jaune  d'or;  le  front  est  gris;  la  gorge  et  les  joues 
sont  grivelées  de  noir  sur  un  fond  blanc -grisâtre  ;  le  mâle  a 
le  dessus  de  la  tête  rouge  et  l'occiput  noir:  la  femelle  a  du 
brun  au  lieu  de  rouge  ,  qui  se  fond  avec  le  noir  de  l'occiput. 

C'est  un  des  oiseaux  les  plus  communs  aux  environs  du 
Cap,  là  où  l'on  trouve  encore  des  grands  bois.  La  femelle 
pond  de  cinq  à  sept  œufs  blancs. 

Le  Pic  A  DOUBLES  MOUSTACHES,  Vaill.,  261  et  262  [Picus  liaT" 
micus),  est  à  peine  plus  grand  que  notre  épeiche  .-  il  se  re- 
connoit  à  ses  deux  larges  moustaches  noires,  qui  partent  du 
bec  et  dont  l'une  se  dirige  au-dessous  de  l'œil  vers  l'oreille, 
tandis  que  l'autre  descend  sur  le  cou.  Le  dessus  de  la  tête 
est  piqueté  de  roussâtre,  et  l'occiput  est  rouge  vermillon;  le 
dessus  du  corps  est  verdàtre,  à  reflets  gris  ou  bruns,  et 
vermiculé  de  traits  jaunâtres  :  le  dessous  du  cou  et  les  joues 
sont  blanches;  la  poitrine  et  l'abdomen  d'un  blanc  -  grisâtre , 
flambé  de  brun-olive  ;  les  ailes  et  les  plumes  de  la  queue  sont 
olives,  et  ont  leurs  tiges  d'un  jaune  d'or.  La  femelle  n'a  pas 
de  rouge  sur  la  tête;  elle  pond  quatre  œufs  blancs,  que  le 
mâle  couve  avec  elle. 


PIC  177 

Ce  pic  est  très-abondant  dans  tout  le  pays  des  Cafres  ;  il 
vit  liabituellement  sur  les  mimosas,  qu'il  frappe  à  coups  re- 
doublés. 

Le  Pic  a  collier  {Picus  torquatus ,  "VVils.,  Orn.  am.,  t.  111, 
pi.  20  ,  fig.  20)  est  une  belle  espèce  ,  que  l'on  doit  aux  voyages 
de  Lewis  et  Clarck.  Ce  pic,  long  de  onze  pouces,  a  la  tête 
et  le  dos  d'un  vert  foncé;  le  cou  et  la  poitrine  gris;  l'abdo- 
men rose  ;  le  devant  du  front  d'un  beau  rouge. 

Le  Pic  noir,  Buff. ,  pi.  enlum.  696  {Picus  martius,  Linn.), 
est  la  plus  grande  des  espèces  d'Europe  :  sa  taille  égale  celle 
d'une  petite  corneille  ;  il  est  en  entier  d'un  noir  profond. 
L"arête  supérieure  de  son  bec  est  noire,  ainsi  que  sa  pointe; 
le  reste  est  blanchâtre.  Le  màle  a  tout  le  dessus  de  la  tète 
rouge,  tandis  que  la  femelle  n'a  que  l'occiput  de  cette  cou- 
leur :  elle  pond   trois  œufs  blancs. 

Ce  pic  habite  dans  le  Nord  de  l'Europe  jusqu'en  Sibérie: 
il  s'avance  dans  les  forêts  de  l'Allemagne  et  de  la  France; 
mais  on  ne  le  trouve  jamais  en  Hollande. 

Le  Pic  a  bec  d'ivoire,  Buff.,  690  (Wils.,  Orn.  am. ,  t.  4, 
pi.  29  ,  fig.  1  ;  Picus  priiicipalis ,  Gmel.  ]i,  est  plus  grand 
que  le  précédent;  il  est  noir  et  sa  tête  est  huppée;  le  des- 
sous de  son  oreille  est  noir;  un  trait  blanc  qui  descend  sur 
les  côtés  du  cou,  s'élargit  sur  les  couvertures  des  ailes  ;  la 
moitié  postérieure  des  secondes  rémiges  est  blanche  et  dessine 
sur  chaque  aile  un  large  miroir  blanc.  Le  bec  est  très-ro- 
buste et   d'un  beau  blanc  ;  les  pieds  sont  bruns. 

Le  màle,  que  Buffon  a  représenté  pi.  enl.  690,  a  l'occiput 
et  le  derrière  du  cou  d'un  beau  rouge.  La  femelle  a  le 
bec  moindre,  et  toute  la  tête  noire,  glacée  de  vert. 

Cet  oiseau  est  sédentaire  dans  les  contrées  qu'il  habite. 
"Wilson  ne  croit  pas  qu'il  aille  plus  au  sud  que  dans  la  Virgi- 
nie; on  le  trouve  jusque  dans  le  New- Jersey.  La  femelle  pond 
quatre  à  cinq  œufs  blancs;  les  petits  éclosent  à  la  mi-Juin. 

Le  Pic  a  huppe  rouge,  BufF. ,  708  ("VVils.,  Orn,  am,,  t.  4, 
pi.  2g,  fig.  2;  Picus  pileatus ,  Gmel.),  est  un  peu  plus  petit 
que  le  précédent.  11  est  répandu  dans  toute  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  depuis  Pintérieur  du  Canada  jusque  dans  le 
Mexique.  Il  est  tout  noir,  avec  un  petit  miroir  blaiic'sur le  haut 
des  premières  pennes  de  l'aile;  l'oreille  estd'uo  gris  foacé;  un 
40.  1 2 


1^8  PIC 

trait  blanc  est  au-dessus  d'elle;  un  autre,  de  même  couleur, 
part  de  la  narine,  passe  sous  l'œil  et  sous  l'oreille,  descend 
sur  le  cou  en  s'élargissant,  et  va  se  terminer  sur  les  flancs.  Le 
mâle  a  le  dessus  de  la  tête  tout  rouge;  tandis  que  dans  la 
femelle  le  front  est  gris  et  l'occiput  rouge.  Celle-ci  pond  six 
œufs  d'un  blanc  de  neige. 

Le  Pic  a  moustaches  blanches  [Picus  leucopogon)  est  une 
nouvelle  espèce,  qui  nous  vient  du  Brésil  par  M.  Auguste 
de  Saint-Hilaire. 

Ce  pic  est  noir,  avec  le  dos  blanc;  le  dessus  de  la  tête  est 
également  noir  ;  l'occiput  et  les  oreilles  sont  rouges,  ainsi  que 
la  gorge;  un  trait  blanc,  bordé  en  dessus  et  en  dessous  d'un 
autre  trait  noir  ,  descend  de  la  commissure  du  bec  et  se  ter- 
mine un  peu  au-delà  de  l'œil;  le  bec  est  blanc  ;  les  pieds 
sont  bruns. 

Le  Pic  guttural  (  Picus  gulturalis  )  est  un  grand  pic  de 
Sumatra,  découvert  par  M.  A.  Duvaucel.  Le  corps  est  gris 
cendré  uniforme  ;  la  gorge  d'un  blanc  roussâtre  ;  le  bec  cou- 
leur de  corne  ;  les  pieds  sont  noirâtres  :  sa  taille  égale  celle 
du  pic  noir. 

Le  Pic  OUENTOU*,  Buff.,  707  [Picus  lineatus  ,  Gmel.),  a  le 
dos,  la  gorge,  la  poitrine  et  le  front  noirs;  le  vtntre  roux, 
rayé  de  noir;  l'occiput  huppé  et  rouge;  les  joues  blanches; 
(ce  blanc  descend  en  trait  sur  les  côtés  du  cou  et  borde 
ensuite  les  scapulaires)  ;  le  bec  de  couleur  de  corne. 

L'espèce  nominale  que  l'on  a  faite  sous  la  dénomination 
de  picus  melanoleucus,  nous  paroît  être  la  femelle,  qui  ne 
diffère  du  mâle  que  par  son  occiput  blanc.  Ce,t  oiseau  vient 
de  la  Guiane. 

Le  Pic  a  face  rouge  {Picus  erythrops)  en  est  une  espèce 
fort  voisine,  originaire  du  Brésil.  Le  dos,  la  poitrine,  la 
gorge  et  le  ventre  sont  colorés  de  la  même  manière.  Elle 
diffère  par  ses  oreilles,  par  le  dessus  de  la  tête,  rouge  sur 
le  front  dans  le  mâle  (la  femelle  a  le  front  noirâtre),  et 
par  la  direction  du  trait  blanc,  qui,  au  lieu  de  s'étendre 
sur  le  dos,  descend  sur  les  côtés  de  la  poitrine. 

Le  Pic  A  ventre  blanc  {Picus  leucogaster,  Keinvv.).  Ce  pic, 
que  M.  Reinwardt  a  découvert  à  Java,  se  trouve  aussi  à 
Miudanao,  d'où  M.  Regnault  de  la  Susse  l'a  rapporté  et  donné 


PIC  179 

au  cabinet  du  Roi.  Le  dos,  la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  sont 
noirs;  l'occiput  est  rouge,  la  poitrine  est  linéolée  de  rous- 
sâtre;  le  ventre  est  blanc;  le  bec  et  les  pieds  sont  noi- 
râtres. 

Le  Pic  A  OREILLES  BICOLORES  (Picus  robustus  ,  IHig. )  a  le  dos 
blanc;  les  ailes  noires;  le  ventre  rayé  de  roux  et  de  noir; 
la  tête  et  le  cou  rouges;  les  oreilles  grises,  avec  un  trait 
blanc  dessous.  Les  femelles  ont  les  narines  et  les  moustaches 
blanches,  et  le  dos  noir.  Taille  des  précédens. 

Du  Brésil  et  du  Pérou. 

Pic  EN  DEUIL  {Picus  funebris).  Espèce  un  peu  plus  petite 
que  les  précédentes.  Son  plumage  est  d'un  noir  cendré;  le 
dessous  de   la  gorge  est  très- finement   ponctué  de  blanc. 

Il  nous  vient  des  Philippines. 

Le  Pic  ÇRAND  ÉPEiCHE,  Buff. ,  pî.  enlum.  iy6  {Picus  major, 
Linn.),  a  le  dos  noir;  la  gorge,  la  poitrine,  le  ventre  et  le 
sommet  de  la  tête  noirs;  le  front  et  les  joues  blancs;  un 
trait  noir,  qui  part  du  bec  inférieur,  descend  sous  la  joue» 
s'élargit  un  peu  sous  foreille  et  descend  en  croissant  sur  les 
côtés  de  la  poitrine  ;  les  scapulaires  blancs  ;  les  ailes  et  la 
queue  noires,  variées  de  blanc  ;  les  plumes  moyennes  de  celle- 
ci  toutes  noires;  le  dessous  du  croupion  rouge:  le  mâle  ne 
diffère  de  la  femelle  que  par  un  croissant  rouge  au  bas  de 
l'occiput. 

Dans  le  jeune  âge  le  mâle  a  le   dessus  de  la  tête  rou<^e. 

La  ponte  est  de  quatre  à  six  œufs  blancs. 

Il  est  commun  dans  les  bois,  les  parcs  et  même  dans  les 
buissons. 

Le  Pic  a  dos  blanc  {Picus  leuconotos ,  Bechst. )  a  été  long- 
temps confondu  avec  le  précédent.  Il  est  un  peu  plus  grand 
et  il  en  diffère  par  les  caractères  suivans  .•  Le  haut  du  dos 
est  noir,  ainsi  que  les  scapulaires  ;  mais  les  ailes,  le  bas  du 
dos  et  le  croupion  sont  noirs,  rayés  de  blanc;  le  front  est 
blanc;  Pocciput  noir;  les  oreilles  et  le  derrière  du  cou  sont 
de  couleur  blanche,  ainsi  que  la  gorge;  un  trait  noir  part 
du  bec  inférieur,  s'élargit  sous  l'oreille  ,  s'étend  sur  la  poi- 
trine ,  et  devient  de  larges  flammes  noires  sur  le  fond 
blanc  de  la  poitrine  et  blanc- rosé  de  Pabdomen  ;  le  crou- 
pion est  rosé.  Il  est  abondant  en  Silésie ,  en  Courlande ,  en 


jBo  pic 

Livonie,  d'où  11  émigré  rarement  dans  les  provinces  du  Nord 
de  l'Allemagne.  Il  se  tient  dans  les  liantes  futaies  et  assez 
souvent  autour  des  maisons  rustiques.  11  pond  de  quatre  à 
six  œufs  blancs. 

Le  Pic  moven  épeiche,  Buff.  ,  pi.  enlum.  Gii,  ou  le  Pic 
MAR,  Temm.  (Picus  médius,  Linn.),  d'Europe,  est  un  peu 
plus  petit  que  Pépeiche.  11  a  le  dos  et  les  ailes  colorés 
comme  dans  l'épeiche  ;  le  sommet  de  la  tête  d'un  beau 
rouge;  la  gorge  et  la  poitrine  blanches;  le  rouge  du  crou- 
pion s'étend  sur  Pabdomen  et  sur  les  flancs;  ceux-ci  sont 
flambés  de  noir.  La  femelle  diffère  très- peu  du  mâle  :  elle 
a  un   peu  moins  de  rouge  sur  le   dessus  de  la  tête. 

Ce  pic  habite  les  jardins,  les  parcs.  II  est  plus  commun 
dans  le  Midi  de  l'Europe  que  dans  le  Nord.  Il  pond  trois  ou 
quatre  œufs  blancs. 

Le  Pic  PETIT  ÉPEICHE,  Buff. ,  pi.  cnL  ,  SgS  (le  Pic  épei- 
CHETTE  ,  Temm.;  Ficus  minor ,  Linn.);  de  la  taille  de  notre 
moineau.  Il  a  le  bec  court  ;  le  dos  noir  sur  le  haut,  rayé  en- 
suite de  noir  et  de  blanc;  le  sommet  de  la  tête  rouge;  l'oc- 
ciput noir;  Pabdomen  blanc  sale,  flambé  de  noir;  point 
de  rouge  au  croupion.  La  femelle  diffère  par  Pabsence  du 
rouge  sur  la  tête. 

Il  vit  dans  les  grandes  forêts  de  pins  et  de  sapins.  Fendant 
l'hiver  il  se  relire  quelquefois  dans  les  vergers.  II  est  plus 
commun  dans  le  Nord  que  dans  le  Midi  de  l'Europe. 

La  ponte  est  de  quatre  à  cinq  œufs  blancs,  teintés  de  ver- 
dàtre  :  c'est  la  seule  espèce  de  pic  qui  offre  quelque  va- 
riété de  couleur  dans  ses  œufs. 

Le  Pic  CHEVELU,  Wils. ,  Ornith.  anu,  tome  i,  pi.  9,  n.°  3 
(Picus  villosus,  Gmel.),  nous  vient  des  Etats-Unis.  II  est  de 
la  taille  du  moyen  épeiche;  mais  ses  couleurs  sont  semblables 
à  celle  du  picus  major.  Buffon  Va  représenté,  pi.  enlum.  764  , 
sous  le  nom  de  pic  du  Canada.  Mais  il  va  au  Sud  jusque 
dans  la  Géorgie.  La  femelle  pond  cinq  œufs  blancs.  Son  cri 
peut  se  rendre  par  la  syllabe  chuck,  répétée  plusieurs  fois 
de  suite. 

Le  Pic  MiNULE,  Wils.,  Ornith.  am. ,  tome  1,  pi.  9,  n.°  4 
[Picus  pubescens ,  Gmel.),  est  un  autre  petit  pic,  delà  taille 
dup{C«5  mHnor,  qui  habite  aussi  les  États-Unis.  Son  cri  peut 


PIC  181 

être  rendu  par  la  syllabe  chinch,  répétée  fréquemment.  Ce 
petit  pic  s'associe  aux  mésanges  et  aux  troglodytes  pendant 
rhiver.  Il  diffère  du  petit  épeiche,  parce  qu'il  a  le  dessus  de 
la  tête  tout  noir  et  le  ventre  tout  blanc.  La  ponte  est  de  six 
ou  huit  œufs  blancs.  Les  petits  éclosent  en  Juin. 

Le  Pic  carolin  ,  Buff. ,  692  ,  et  Wils. ,  Ornith.  am.,  tome  1  , 
pi.  7,  fig.  2  {Picus  caroliniis,  Gmel.),  a  le  dos,  les  ailes  et 
la  queue  noirâtres  ,  grivelés  de  blanc  ;  le  dessus  de  la  tête  d'un 
beau  rouge  ;  le  dessus  du  corps  gris  ,  teinté  de  rouge ,  sur- 
tout sous  l'abdomen.  Le  mâle  ne  prend  ces  couleurs  qu'à  trois 
ans.  Les  jeunes  ont  la  tête  et  le  cou  d'un  cendré-brunâtre.  La 
femelle  diffère  du  mâle,  parce  qu'elle  n'a  pas  de  rouge  sur 
la  tête,  que  le  front  est  cendré,  et  que  la  partie  noire  est 
moins  intense.  Ce  pic  est  très-abondant  dans  tous  les  États- 
Unis,  depuis  le  Haut-Canada  jusqu'à  la  Louisiane.  Il  est  fa- 
rouche et  préfère  les  grands  bois;  son  cri  peut  être  ex- 
primé par  chow,  suivant  Wilson. 

Le  Pic  A  CAMAiL  ROL'GE ,  Buff.  ,  pi.  cnlum.  17;  Wils., 
Ornith.  am.  ,  tome  1,  pL  9  ,  fig.  1  {Picus  erythrocephalus , 
Guiel.),  a  la  tête  et  le  cou  rouges;  le  dos  noir,  glacé  de 
bleu;  un  large  miroir  blanc  sur  l'aile;  le  ventre  tout  blanc, 
séparé  du  rouge  de  la  poitrine  par  un  croissant  noirâtre. 

Les  jeunes  ont  la  tête  grise,  grivelée  de  noirâtre  sur  le 
devant. 

11  est  plus  grand  que  notre  épeiche.  Il  habite  depuis  le 
Haiît-Canada  jusqu'au  golfe  du  Mexique  et  sur  la  côte  sud- 
oues(  de  l'Amérique.  Il  construit  son  nid  à  la  tin  de  Mai. 
La  femelle  y  dépose  six  œufs  blancs.  Il  se  plaît  dans  le  voi- 
sinage des  grandes  villes  ,  et  ,  en  général ,  il  est  peu  fa- 
rouche. 11  se  nourrit  de  larves  d'insectes  et  de  cerises  sau- 
vages. (Valenc.) 

PIC-BŒUF.  {Ornith.)  Voyez  Pique-bœuf.  (Ch.  D.) 

PIC -BOIS.  {Ornith.)  Lepage  du  Pratz  ,  dans  son  Histoire 
de  la  Louisiane,  tome  2,  page  i36,  écrit  ainsi  le  nom 
des  pics  de  cette  contrée ,  dont  il  désigne  deux  espèces. 
(Ch.  D.) 

PIC-GRIMPEREAU.    {Ornith.)   Voyez  Picucui.e.    (  Ch.  D.) 

PIC -MAÇON.  {Ornith.)  Un  des  noms  vulgaires  de  la  sit- 
telle  ou  torchepot,  sitta  eurapœa,  Linn.  (Ch.  D.) 


i8a  PIC 

PIC- MARC.  (Ornilh.)  Ce  nom,  qu'on  écrit  aussi  pic-mars, 
pic-rnart,  désigne  tantôt  le  pic  vert  ou  le  pic  noir,  et  tantôt 
le  pic  épeiche.   (Ch.  D.) 

PIC-D'MOUNTAGNA.  (Omirti.)  Nom  du  pic  noir,  picus 
martius,   Linn.  ,  dans  le  Piémont.   (Ch.  D.) 

PIC-MURADOUR.  (Omith.)  On  donne  ce  nom  au  grim- 
pereau  de  muraille  dans  le  Piémont,  où  la  sittelle ,  sitta  eu- 
ropœa,   Linn.,  est  appelée  Pic-piouns.  (Ch.  D.) 

PIC  DE  MURAILLE.  [Ormth.)  C'est  le  grimpereau  de 
muraille  ,  dont  M.  Cuvier  a  fait  le  type  de  son  genre  ÉchC' 
lette.  (Desm.) 

PiC-MURAU.  (Omith.)  Voyez  Pic- muradour.  (Desm.) 

PIC-PIOUJNS.  {Omith.)  L'un  des  noms  piémontois  de  la 
sittelle.  (Desm.) 

PIC-TRIL.  (Omith.)  Ce  nom,  suivant  Guillemeau  ,  dans 
son  Essai  sur  Phistoire  naturelle  des  oiseaux  du  département 
des  Deux-Sèvres,  est  donné,  prés  d'Argenton-Chàteau  et  de 
Thouars,  à  la  pie-grièche  grise,  lanius  excuhitor,  Linn.,  qui, 
en  d'autres  endroits  du  même  département,  est  appelée  pic- 
griché.   (  Ch.  D.) 

PIC  A  TROIS  DOIGTS  (Omith.)-.  Picus  Iridacljlus ,  Lath.  ; 
Picus  hirsutus  ,  Vieill.  ,  ou  Pic  tridactvle.  Voyez  Picoïue. 
(Desm.) 

PIC  A.  (Omith.)  Ce  nom  latin  et  italien  de  la  pie  est  ap- 
pliqué avec  diverses  épithètes  à  plusieurs  oiseaux  différens. 
Le  cassenoix,  con'us  caiyocatactes  ,  Linn.,  est  appelé  par 
certains  auteurs  pica  abictum  guttata;  le  tyran  titiri,  lanius 
Ivrannus,  Linn.,  est  nommé  par  Frisch  ,  pica  americana  cris- 
tata;  les  Catalans  appellent,  suivant  Barrère ,  le  grimpereau 
de  muraille,  pica  aranyas ;  l'aracari  bleu  est  désigné  dans 
Aldrovande  sous  la  dénomination  de  pica  hrasilica  secunda; 
le  guêpier  rouge  et  bleu  est  le  pica  brasiliensis  amanissimis 
coloribus ,  de  Séba  ;  le  geai  d'Europe,  cori>us  glandnrius  ,  Linn. , 
est  le  pica  glandaria  de  plusieurs  ornithologistes-,  le  maca- 
reux, alca  arctica ,  Linn.,  est  le  pica  ma/'ina  d'AldroA^inde? 
Phuitrier,  hœinatopus  ostralegus,  Linn.,  est  le  pica  marina  de 
Charleton  ,  comme  le  guillemo  t ,  co/jymtHs  /roi7e,  Linn.,  est 
le  pica  marina  de  Gcsner  ;  le  pica  mexicana  de  Séba,  est 
Pépeidie  du  Mexique;  le  pica  minima  de  Frisch,  est  la  pie- 


PIC  i85 

grîéche  rousse,  lanius  rufus ,  Gmel.  ;  le  pic  a  nigra  jamaicensis, 
de  Klein,  est  l'ani  des  Savanes,  crotophaga  ani,  Liiiii.;  le 
martin-pécheur  à  longs  brins,  alcedo  dea,  Linn.,  est  le  pica 
ternatana,  de  Klein.  (Ch.  D.) 

PICA.  (^Mamm.)  On  a  quelquefois  écrit  à  tort  ce  mot  pour 
celui  de  Pika,  qui  désigne  un  mammifère  rongeur  du  genre 
Lagomys.  (Desm.  ) 

PICA-POULE.  (Bot.)  Nom  languedocien  du  micocoulier, 
celtis  aiislralis,  cité  par  Gouan.  (J.  ) 

PICA -ROCHE  ou  PIC  D'LA  MORT.  (  Ornith.  )  En  Pié- 
mont ces  noms  sont  donnés  au  grimpereau  de  muraille  ,  oi- 
seau du  genre  Echefette.  Voyez  ce  mot.  (Desm.) 

PICACUROBA.  {Ornith.)  Marcgravc  ,  page  204,  indique 
sous  ce  nom  une  tourterelle  du  Brésil  d'un  cendré  roussâtre  , 
que  Buifon,  tome  2  ,  in  4.°,  page  ôSy  ,  rapporte  à  la  tourte- 
relle de  la  Caroline,  de  Catesby  ,  autrement  nommée  tourte. 
(Ch.D.) 

PICAHUAY.  (Bot.)  Nom  péruvien  de  Vembothrium.  emar- 
ginatum  de  la  Flore  du  Pérou.  (J.  ) 

PICALOTL.  (Ornith.)  Fernandez  ,  chap.  u-jS  ,  décrit  cet 
oiseau  comme  long  de  dix-huit  pouces ,  ayant  les  parties  su- 
périeures bleues,  les  inférieures  blanches  ;  le  bec  épais,  long, 
noir,  et  la  tête  surmontée  d'une  huppe  de  cette  dernière 
couleur;  il  ne  chante  pas,  et  ne  fait  entendre  que  des  cris; 
il  vit,  ajoute  l'auteur,  de  semences  de  graminées  et  de  ver- 
misseaux ;  on  rélève  en  domesticité  et  il  est  bon  à  manger. 
(Ch.D.) 

PICAN.  {Bot.)  Voyez  Polan.  (J.) 

PIÇAN.  {Bot.)  Voyez  Pissang.  (J.) 

PICAREL.  {Ichthyol.)  Voyez  Smare.  (  H.  C.  ) 

PICARY.  (Mamm.)  Manière  fautive  d'écrire  le  nom  du 
Pécari.  (  Desm.) 

•  PICASSON.  (Ornith.)  Nom  vulgaire  du  grimpereau  com- 
mun, certhia  familiaris  ,   Linn.   (Ch.  D.) 

PICATA.  {Ornith.)  Un  des  noms  espagnols  de  la  pie  com- 
mune, qui  est  aussi  appelée,  dans  la  même  langue,  picaza  et 
pega.  (Ch.  D.) 

PICATEOA.  {Ornith.)  Nom  provençal  des  Pics.  (Desm.) 

PICAVERET.  {Ornith.)  Ce  nom,  qu'on  écrit  aussi ptcaçre^  , 


184  PIC 

est  donné  par  Belon  au  cabaret,  variété  dans  le  genre  Linotte. 

(Ch.  D.) 

PICAZURO.  {Ornith.)  D'Azara  qui  dit,  que  les  Guaranis  (ha- 
bitans  du  Paraguay)  appellent  pjgflzu  tout  pigeon  de  grande 
espèce,  décrit  sous  le  n.°  Siy  le  picazuro,  que  M.  Temminck 
nomme  aussi  colombe  picazuro,  pag.  m  ,  in  8.",  de  son  His- 
toire des  pigeons.  (Ch.  D.) 

FICCAFIGA.  {Ornith.)  Suivant  Gesner  et  Aldrovande ,  ce 
nom  est  donné  par  les  Italiens  des  environs  du  lac  Majeur, 
au  bec-figue  ou  beque-iique,  c'est-à-dire  à  la  farlouse  ou  fau- 
vette désignée  sous  cette  dénomination  ;  car  M.  Cuvier  pré- 
tend que  c'est  un  oiseau  imaginaire.  (  Ch.  D.  ) 

PICCHIA  FERRO.  {Ornith.)  C'est,  en  sicilien,  le  guêpier 
commun,  merops  apiaster,  Linn.  (Ch.  D.) 

PICCHIO.  {Ornith.)  Pic,  en  italien.  (Ch.  D.) 

PICCHION.  {Ornith.)  Voyez  Échelette.  (Ch.D.) 

PICCIA.  {Bot.)  Necker  a  voulu  substituer  ce  nom  généri- 
que à  celui  de  symphonia ,  donné  par  Linnaeus  fils  à  un  genre 
qui,  postérieurement,  a  été  réuni  au  moronobea  dans  Li  fa- 
mille des  guttifères.  (J.) 

PICCÏONE.  {Ornith.)  Jeune  pigeon  en  italien.  (Ch.  D.) 

PICEA.  {Bot.)  On  désigne  sous  ce  nom  une  section  du 
genre  Sapin  ,  Ahies,  dont  les  diverses  espèces,  plus  résineuses 
que  balsamiques,  ont  le  feuillage  non  aplati ,  mais  circulaire, 
et  les  cônes  renversés.  On  les  nomme  aussi  epicia,  et  il  pa- 
raît que  le  pitjs  de  Tliéophraste  doit  être  assimilé  aux  mêmes 
espèces.  Picea  est  aussi  ie  nom  d'une  espèce  du  genre  Sapin. 
Voyez  ce  mot.  (J.) 

PICHAROUKI.  {Erpét.)  Nom  égyptien  du  crocodile,  d'a- 
près le  Dictionnaire  éiifplien  de  Kircher.  Vovez  Crocodile» 
(H.  C.) 

PICHAR  PEERING.  {Bot.)  Marsden  cite  à  Sumatra  sous  ce 
nom  un  arbrisseau  à  grandes  fleurs  blanches,  qu'il  dit  être 
dans  le  catalogue  de  Batavia  sous  le  nom  de  clerodendrum. 
(J.) 

PICHAlî.  {Mamm.)  Nom  de  tous  les  animaux  à  poils  cré- 
pus au  Paraguay,  suivant  d'Azara.  (F.  C.) 

FICHE.  {Ornith.)  On  lit  dans  les  Mémoires  philosophiques 
de  D.  Ulloa,  trad.  françoise,  tome  premier,  p;!g.    189,  que 


PIC  i85 

parmi  les  oiseaux  du  haut  Pérou  se  trouvent  les  piches,  dont 
le  chant  est  agréable.   (Ch.  D.) 

PICHI.  (Bot.)  Nom  donné  dans  le  Chili  tin  fabiana  de  la 
Flore  du  Pérou.  Cette  plante  passe  dans  le  pays  pour  un  re- 
mède efficace  contre  la  maladie  dite  pizguin,  qui  attaque 
les  chèvres  et  les  moulons.   (J. ) 

PICHO.  {Ichthjol.)  Le  Cyprin  picot  est  ainsi  appelé  dans 
quelques  cantons.  (Desm.) 

PICHOT.  (Ornith.)  Ce  nom  vulgaire  est  donné  au  pinson 
commun, /n)igï7./(^i  calehs,  Linn. ,  et  celui  de  pichot  de  mer,  au 
pinson  d'Ardennes,/r;ng/7/a  montifringilla,  Linn.   (Ch.  D.) 

PICHOT  MONDAIN.  {Omith.)  Le  pinson  d'Ardennes  est 
ainsi  nommé  aux  environs  d'Orléans.   (Desm.) 

PICHOTA  VERMEIL.  {IcUhyol.)  A  Barcelonne,  on  donne 
ce  nom  à  la  flamme  de  mer.  Voyez  Cépole.  (H.  C.  ) 

PICHOU.  {Mamm.)  Lepage  du  Pratz,  dans  son  Histoire  de 
la  Louisiane,  rapporte  que  «le  pichou  est  une  espèce  de 
«  chat  pitois,  aussi  haut  que  le  tigre,  mais  moins  gros,  dont 
«  la  peau  est  assez  belle,  et  qui  est  un  grand  destructeur  de 
«  volailles,  mais  que,  par  bonheur,  il  n'est  pas  commun  à 
«  la  Louisiane.  »  Bulfon  pensoit  que  cet  animal  étoit  le  mar- 
guay  ,  ce  qui  étoit  une  erreur:  le  margua}^  n'est  guère  plus 
grand  que  le  chat  domestique;  cependant  il  est  impossible 
d'en  déterminer  l'espèce  d'après  les  paroles  du  voyageur. 
(F.C.) 

PICHOULINE.  {BoL)  Nom  languedocien,  selon  Gouan  , 
d'une  variété  d'olive,  olea  europœa  ohlonga,  plus  petite  que 
les  autres.  Une  autre  variété  moyenne,  olea  europœa  viridula  , 
est  nommée  pigale,  (J. ) 

PICHOUN-PIC.  {Ornith.)  Nom  provençal  du  petit  épeiche, 
picus  minor ,   Linn.  (Ch.  D. ) 

PICHUIQUITA,  SOCCONCHE.  (Bot.)  A  Huanuco  on 
nomme  ainsi  le  gardoquia  incana  de  la  Flore  du  Pérou.  Cette 
plante  y  est  employée  dans  certains  assaisonnemens,  à  cause 
de  sa  saveur  agréable.  (J.) 

PICHURIM  ou  PÉCHURIM.  {Bot.)  C'est  sous  ce  nom  que 
l'on  connoît  dans  les  matières  médicales  une  graine  apportée 
de  l'Amérique  méridionale.  Sa  forme  est  celle  d'une  grosse 
olive,-  sa  couleur  est  iirunc,   tirant  sur  le  noir;  son  odeur 


186  PIC 

et  sa  saveur  tiennent  du  sassafras  et  de  la  muscade.  Elle  est 
composée  de  deux  grands  lobes,  aplatis  d'un  côté  et  convexes 
de  Fautre,  lesquels  se  détachent  aisément.  Linnœus ,  le  pre- 
mier, a  cru  qu'elle  pouvoit  être  fournie  par  une  espèce  de 
laurier  ;  mais  cette  opinion  n'est  appuyée  d'aucune  preuve 
certaine,  si  ce  n'est  qu'elle  doit  appartenir  à  une  famille  ou 
à  un  genre  dont  la  graine  est  dénuée  de  périsperme  ;  mais 
elle  pourroit  aussi,  pour  la  même  raison,  provenir  d'une 
plante  guttifère,  si  l'on  observe  que  sa  cassure  présente 
une  substance  dure  et  presque  ligneuse.  Suivant  Murray  , 
elle  nous  arrive  du  Brésil  par  le  Portugal,  puisqu'on  la 
nomme  pichurim  du  Maragnon.  Elle  fut  d'abord  vantée 
vers  le  milieu  du  dix -huitième  siècle  à  Stockholm,  par 
un  capitaine  ,  qui  l'apporta  du  Portugal  ,  et  Pannonça 
comme  un  spécifique  contre  la  diarrhée.  Cette  propriété 
fut  confirmée  par  plusieurs  guérisons ,  et  peu  à  peu  cette 
graine  a  été  introduite  dans  plusieurs  pharmacopées  de 
l'Europe. 

Meyer  fait  mention  d'une  écorce  de  pichurim  ,  qu'il  dit  pro- 
duite par  le  même  végétal;  laquelle  a  la  couleur  de  la  can- 
nelle; l'épaisseur  d'une  ligne;  Podeur  supérieure  à  celle  de 
la  muscade  et  du  girofle,  tirant  un  peu  sur  celle  de  l'ambre; 
la  saveur  piquante,  acre  et  astringente.  Elle  est  apportée  de 
Panama  ,  ce  qui  peut  donner  des  doutes  sur  son  identité 
d'origine  avec  la  graiiie.  Murray  dit  qu'elle  a  été  employée 
à  Lisbonne  comme  astringente,  stomachique  et  fébrifuge: 
mais  elle  n'est  point  usitée  en  France. 

M.  Kunth,  parmi  ses  plantes  équinoxiales .  cite  un  arbre 
de  la  famille  des  laurinées,  scus  le  nom  à^ocotea  pichurim  . 
qui  croit  dans  la  province  de  Venezuela  en  Amérique,  où 
on  le  nomme  laurel ;  mais  il  est  incertain  si  son  fruit  est  le 
même  que  le  pichurim  décrit  précédemment.  (J.) 

PICICITLI.  (Ornith.)  Fernandez,  chap.  200,  p.  53,  décrit 
un  petit  oiseau  dont  tout  le  plumage  est  cendré,  à  l'excep- 
tion de  la  tête  et  du  cou  ,  qui  sont  noirs ,  avec  une  assez 
grande  tache  blanche  entourant  les  yeux  et  dont  la  pointe 
retombe  sur  la  poitrine.  On  le  voit  au  Mexique,  après  la  sai- 
son des  pluies,  et  quoiqu'il  ne  chante  point,  comme  on 
ignore  quelle  est  la  contrée  où  il  se  reproduit,  on  essaie  de 


PIC  ïfi? 

l'élever   en  cage;  mais  il   n'y  vit   pas  long-temps.  C'est   un 
fort  bon  manger. 

Séba  a  appliqué  le  même  nom,  tome  i  ,  pag.  gS,  et  pi.  ôcj, 
à  un  petit  oiseau  de  couleur  pourpre,  qui  porte  une  huppe 
jaune,  et  des  naturalistes  en  ont  fait  un  manakin ,  quoique 
son  bec  fût  annoncé  comme  pointu;  mais  le  nom  seul,  qui 
est  mexicain  et  non  brésilien,  suffisoit,  comme  l'a  dit  Buf- 
fon,  pour  prouver  une  erreur  dans  l'origine  supposée  par 
Séba.  (Ch.  D.) 

PICIELT.  {Bot.)  Voyez  Pktum.'(J.) 

PICINNA.  [Bot.)  Nom  malabare,  cité  par  Rhéede ,  du  luffa 
fatida  de  Cavanilles,  genre  de  cucurbitacées ,  qui  est  le  gon- 
salj  des  Brames,  le  pateles  des  Portugais  dePlnde.  On  donne 
aussi,  à  risle-de-France  ,  le  nom  de  paleles  au  ricJiosai-dh es 
angiiina,  autre  cucurbitacée.  (J.) 

PICITE.  (Min.)  C'est  le  nom  que  M.  Fischer  ,  dans  son 
Systema  orjctognosiec  (imprimé  à  Moscou  en  1811),  donne  au 
Pechsteiti  fusible  des  minéralogistes  allemands  ,  à  celui  que 
nous  avons  nommé  Rétimtk.  Voyez  ce  mot,  (  B.  ) 

PICKART.  (Ornitk.)  Un  des  noms  allemands  du  héron  bu- 
tor, ardea  sjellaris  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

PICLO.  (Ichthyol.)  Voyez  Pigo.  (H.  C.) 

PICMAR.  {Ornitli.)  Voyez  Picumar.  (Ch.  D.) 

PICNOCOMON.  [Bot.)  Ce  nom  ancien  a  été  donné  à  des 
plantes  très -différentes.  On  le  trouve  d'abord  appliqué  par 
Daléchamps  à  une  carduacée,  que  Linnaeus  nommoit  cnicus 
acarna  ,  dont  Adanson  faisoit  son  genre  Picnocomon  et  qui  pa- 
roit  devoir  être  réuni  au  cirsium.  Le  pycnocomon  de  Columna 
est  le  scabiosa  succisa.  On  peut  encore  rapporter  ici  le  pyono- 
comos  de  Brunfels,  qui  est  Vœgopodium  podagraria  ;  celui 
d'Anguillara ,  que  C.  Bauhin  soupçonne  être  le  re:?eda  alba; 
enfin,  la  plante  que  Cortusus  cite  comme  étant  le picnocoinon 
de  Dioscoride,  est  assimilée  par  C.  Bauhin  a  la  pomme  de 
terre,  solanitm  luberosum ,  qui  cependant,  suivant  les  rela- 
tions les  plus  accréditées,  n'était  pas  connue  avant  la  dé- 
couverte de  PAmérique,  dont  on  la  croit  originaire.  (J.) 

PICNOME,  Picnomon.  (Bot.)  Ce  genre  de  plantes,  qui 
appartient  à  l'ordre  des  Synanthérées  et  à  notre  tribu  natu- 
relle des  Carduinées,  présente  les  caractères  suivans.- 


i88  PIC 

Calathide  incoiironnée ,  équaliflore,  multiflore,  obringen- 
tiflore,  androgyriiflore.  Péricline  égal  ou  même  un  peu  su- 
périeur aux  fleurs,  ovoïde,  presque  conique;  formé  de 
squames  régulièrement  imbriquées  ,  appliquées  ,  longues  , 
étroites,  coriaces,  plurinervées,  surmontées  d'un  appendice 
étalé,  arqué  en  dehors,  long,  épais,  roide,  linéaire-subulé, 
armé  de  sept  épines  très-longues,  dont  une  terminale  et  six 
latérales.  Clinanthe  épais  ,  charnu  ,  planiuscule,  garni  de  fim- 
brillcs  très-nombreuses,  très-longues,  inégales,  libres,  linéai- 
res-subulées,  laminées,  membraneuses.  Ovaires  comprimés 
bilatéralement,  obovales-oblongs,  glabres,  lisses;  aréole  ba- 
silaire  large,  point  oblique;  aréole  apicihiire  surmontée  d'un 
plateau  subhémisphérique,  qui  porte  le  nectaire  et  la  corolle, 
et  qui  est  entouré  d'un  anneau  pappifère  et  caduc;  aigrette 
longue  ,  égale  à  la  corolle  ,  grisâtre  en  son  milieu  ,  compo- 
sée de  squamellules  très-nombreuses,  plurisériées ,  inégales, 
filiformes,  barbées,  à  barbes  longues  et  capillaires.  Corolles 
à  limbe  étroit,  à  peine  distinct  du  tube,  obringent.  Êta- 
mincs  à  filets  garnis  de  longs  poils;  à  anthères  pourvues  d'ap- 
pendices apicilaires  entregreffés ,  longs,  linéaires,  aigus  au 
sommet.  Style  à  deux  stigmatophores  entregreffés,  libres  et 
divergens  au  sommet. 

Les  squames  extérieures  du  péricline  sont  Hnéaires-subu- 
lées,  presque  inappendiculées,  les  intérieures  linéaires-oblon- 
gues  et  surmontées  de  l'appendice  décrit  ci-dessus.  C'est  pré- 
cisément tout  le  contraire  de  ce  que  disent  les  botanistes  : 
sqiiamis  calycinis  lanceolatis  ,  inferioribus  spina  pinnata  termi- 
natis. 

INousne  connoissons  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre. 

PicNOME  AcARNE  :  Piciiomon  Acarna  ,  H.  Cass.;  Cnicus  Acar- 
na,Linn.  ,Sp.  p/.,  édit.  5,  pag.  ii58.  C'est  une  plante  her- 
bacée, haute  d'environ  un  pied,  à  tige  dressée,  portant  des 
rameaux  très-longs,  étalés;  la  tige  et  les  rameaux  sont  garnis 
tout  autour  d'ailes  longitudinales,  bordées  d'épines,  et  for- 
mées par  les  décurrences  des  feuilles  ;  celles-ci  sont  alternes, 
étalées,  sessiles,  décurrentes,  longues  d'environ  quatre  pouces, 
larges  d'environ  six  lignes,  oblongues- lancéolées,  blanchâ- 
tres ou  grisâtres  ,  et  plus  ou  moins  pubescentcs  ou  tomen- 
teuses  sur  les  deux  faces,  par  la  présence  de  longs  poils  lai- 


PIC  189 

oenx,  couchés,  plus  ou  moins  rapprochés;  ces  feuilles  sont 
boniées  de  petites  épines  en  forme  de  cils,  et  pourvues  en 
outre  de  lobes  distans,  courts,  bifides,  dont  les  deux  divi- 
sions sont  terminées  chacune  par  une  longue  épine  jaune  , 
et  de  manière  que  l'une  est  élevée  au-dessus  de  Ja  feuille  et 
l'autre  abaissée  au-dessous;  les  calathides,  hautes  d'un  pouce 
et  composées  d'environ  trente-quatre  fleurs  purpurines,  sont 
solitaires  au  sommet  de  la  tige  et  des  rameaux,  et  chacune 
d'elles  est  entourée  d'un  assemblage  de  feuilles  courtes,  iné- 
gales, verticillées,  formant  une  sorte  d'involucre;  leur  pé- 
ricline  est  tomenteux  ou  laineux. 

Nous  avons  fait  cette  description  spécifique,  et  celle  des 
caractères  génériques,  sur  un  individu  vivant,  cultivé  au 
Jardin  du  Roi,  où  il  fleurissoit  en  Septembre. 

Le  Picnomon  Acarna  est  une  plante  annuelle ,  bisannuelle, 
ou  vivace ,  suivant  divers  botanistes;  elle  habite  les  champs 
de  l'Espagne ,  et  se  trouve  aussi  sur  les  terrains  pierreux  et 
stériles  de  nos  départemens  méridionaux,  où  elle  fleurit  en 
Juillet.  Tournefort,  dans  son  Corollarium  (pag.  53),  indique 
une  variété  à  fleurs  blanches;  Linné,  d'après  C.  JBauhin,  en 
indique  une  autre  à  tige  basse. 

Cette  planle,  nommée  d'abord  Picnomon  par  Daléchamps  . 
puis  Chamœleon  par  Clusius,  ensuite  Acarna  par  C.  Bauhin, 
fut  attribuée  par  Tournefort  à  son  genre  Cnicus ,  caractérisé 
par  le  péricline  entouré  de  bractées,  et  composé  d'espèces 
presque  toutes  hétérogènes.  Vaillant,  bien  meilleur  observa- 
teur, reconnut,  le  premier,  que  l'espèce  dont  il  s'agit  de- 
voit  seule  constituer  un  genre  particulier,  qu'il  nomma 
Acai^na,  et  qu'il  caractérisa  ainsi  :  Fleur  ordinairement  en 
houppe;  ovaires  lisses,  couronnés  de  plumes,  nichés  entre 
les  poils  du  placenta;  calice  à  pureau  des  écailles  becqué 
d'un  piquant  endenté.  Ce  caractère  générique,  exprimé  en 
style  barbare,  n'en  est  pas  moins  fort  exact,  et  il  auroit  dû 
préserver  le  genre  Acarna  de  l'injuste  oubli  dans  lequel  il 
est  tombé.  Linné,  négligeant  les  excellentes  observations  de 
Vaillant,  confondit  V Acarna,  d'abord  avec  les  Carduus,  puis 
avec  ses  Cnicus.  Le  genre  Cnicus  de  Linné,  très- différent , 
surtout  par  sa  composition,  du  genre  Cnicus  de  Tournefort. 
est  caractérisé  par  le  péricline  entouré   de  bractées,   formé 


19°  PIC 

de  squames  munies  d'épines  rameuses,  et  par  l'aigrette  plu- 
meuse.  Ce  caractère  générique,  dans  lequel  Tauteur  paroît 
avoir  combiné  celui  du  Cnicus  de  Tournefort,  et  celui  de 
VAcarna  de  Vaillant,  convient  très-bien  à  VAcarna,  mais  fort 
mal  à  tous  les  autres  Cnicus  de  Linné,  notamment  à  son 
Cnicus  oleraceus ,  qui  est  le  type  du  genre,  et  dont  le  péri- 
cline  est  muni  d'épines  simples  (voyez  notre  article  Ono- 
TROPHE,  tom.  XXXVI,  pag.  146).  Adanson  nous  paroît  avoir 
voulu  rétablir  le  genre  Acama  de  Vaillant,  sous  le  nom  de 
Picaomon;  car  il  indique  le  Chamœleon  de  L'Écluse  comme 
type  de  ce  genre;  mais  il  le  caractérise  assez  mal  par  les 
feuilles  épineuses,  entières  et  ailées,  les  calajhides  corym- 
bées ,  le  péincline  formé  de  squames  imbriquées,  bordées 
d'épines  ,  le  clinanthe  garni  d'écaillés  entières  ,  l'aigrette 
longue  ,  plumeuse  ,  les  corolles  hermaphrodites  et  à  cinq 
dents.  MM.  de  Lamarck  et  de  Jussieu  ont  rapporté  VAcarna 
au  genre  Carihamus.  Aujourd'hui  les  botanistes  l'attribuent 
à  leur  genre  Cirsium  ou  Cnicus,  qui,  selon  eux,  doit  com- 
prendre tous  les  chardons  à  aigrette  plumeuse. 

Nous  pensons,  comme  Vaillant,  que  VAcarna  constitue  un 
genre  particulier  ,  que  nous  plaçons  auprès  des  Lophiolepis 
et  Eriolepis ,  dont  il  diffère  principalement  par  la  structure 
de  l'appendice  des  squames  du  péricline.  En  effet  ,  dans 
VAcarna,  cet  appendice  est  armé,  sur  chaque  côté,  de  trois 
épines  très-longues  et  roides;  tandis  que,  dans  les  Lophio^ 
lepis,  il  est  bordé  sur  les  deux  côtés  d'un  grand  nombre  de 
petites  épines  molles,  et  que  dans  les  Eriolepis  il  n'est  point 
du  tout  bordé  d'épines.  (  Voyez  notre  article  Lophiolèpe  , 
tom.  XXVIl,  pag.  180,  et  les  articles  Notobase  et  Onotrophe, 
où  nous  avons  indiqué  le  caractère  essentiellement  distinctif 
du  genre  Eriolepis.)  VAcarna  s'éloigne  aussi  des  Eriolepis  et 
Lophiolepis  par  son  port,  que  Linné  comparoît  à  celui  de 
la  Carline  ou  du  Carthame ,  mais  qu'il  est  plus  exact  de  com- 
parer à  celui  de  nos  hamjra. 

Le  nom  à\4carna,  primitivement  imposé  par  Vaillant  au 
genre  dont  il  s'agit,  aurait  dû  être  conservé  par  nous,  si 
Willdenow  ne  l'avoit  pas  appliqué  à  un  genre  de  Carlinées, 
aujourd'hui  généralement  adopté  sous  ce  nom.  Quant  au  nom 
de  Cnicus,  il  doit  certainement  être  consacré  à  un  genre  de 


PIC  191 

Centauriées ,  ainsi  nommé  par  Vaillant ,  Gsertner ,  M.  De  Can- 
dolle.  (Voyez  notre  article  Cnicus,  tom.  IX,  pag.  467,  dans 
lequel  il  faut  lire,  ligne  21  ,  égales  au  lieu  de  également.) 
Il  nous  a  donc  paru  convenable,  en  proposant  (tom.  XXV, 
pag.  22  5)  le  rétablissement  du  genre  Acarna  de  Vaillant, 
de  le  présenter  sous  l'ancien  nom  crétois  de  Picnomon,  adopté 
par  Adanson  ,  d'après  Daléchamps  et  Lobcl,  et  qui  a,  sur 
les  noms  d'' Acarna  et  de  Chamœleon ,  le  précieux  avantage  de 
n'avoir  pas  été ,  comme  ceux-ci ,  appliqué  par  divers  bota- 
nistes à  plusieurs  plantes  hétérogènes.  (H.  Cass.) 

PICO.  (  Ornith.  )  Nom  italien  du  pic  et  de  la  sittelle. 
(Ch.  D.) 

PICO  -  TRIGUENO.  (  Ornith.  )  Sonnini  donne  ce  nom 
comme  se  rapportant  à  une  espèce  de  Grosbec.  (Desm.) 

PICOÏDE,  Picoïdes.  {Ornitji.)  Ce  sont  des  oiseaux  absolu- 
ment conformés  comme  les  pics.  M.  de  Lacépède  a  cru  devoir 
les  séparer  des  pics ,  que  l'on  caractérise  par  leurs  quatre 
doigts,  parce  que  les  picoïdes  n'en  ont  que  trois,  un  der- 
rière et  deux  devant.  M.  Temminck  n'a  pas  adopté  ce 
genre,  parce  qu'il  y  a  des  pics  de  l'Inde  qui  conduisent  à 
nos  picoïdes  ,  ainsi  que  nous  Pavons  indiqué  à  l'article  Pic 
(voyez  ce  mot),  attendu  que  le  doigt  externe  et  postérieur 
est  presque  rudimentaire  ;  mais  pour  se  conformer  aux  ca- 
ractères que  nous  assignons  au  genre  Pic,  nous  croyons  plus 
convenable  d'en  séparer  l'espèce  qui  n'a  que  trois  doigts; 
nous  la  nommerons 

PicoÏDË  VAuiÉ  :  Picoïdes  variegatus  ,  Picus  Iridactylus  ,  Gmel., 
Edw.,  114.  Elle  a  le  dos  noir  grivelé  de  blanc;  le  ventre  blanc 
flambé  de  noir;  la  tête  noirâtre,  avec  une  couronne  d'un 
beau  jaune  sur  l'occiput;  une  moustache  noire,  assez  large, 
bordée  de  blanc  sur  les  deux  côtés,  descendant  de  l'angle  du 
bec  sur  la  poitrine.  La  femelle  diffère  du  mâle,  parce  qu'elle 
n'a  pas  de  jaune  sur  la  tête;  elle  niche  en  Suisse  et  dans  les 
forêts  du  Nord  de  PEurope,  et  pond  quatre  ou  cinq  œufs 
d'un  blanc  pur.  On  le  trouve  aussi  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, et  dans  le  Nord  de  l'Asie.  (Valenc.) 

PICOLAT.  {Ornith.)  On  appelle  ainsi,  dans  le  Périgord, 
le  pic  vert,  picus  viridis,  Linn. ,  lequel,  dans  d'autres  dépar- 
temens,  est  nommé  picosseau,  (Ch.  D.) 


Î92  PIC 

PICOLOTI,  SANGANGOUPI.  (Bot.)  Noms,  cités  dam  un 
Hei'Lier  de  Peudichéry ,  de  la  plante  que  nous  avons  nommée 
ovieda  ovalifoUa  dans  les  Annales  du  Muséum,  vol.  7,  p.  76. 
(J.) 

PICOPOULO.  {Bot.)  En  Languedoc  on  donne  ce  nom  à 
nne  sorte  de  raisin  blanc  à  petits  grains  et  au  fruit  du 
micocoulier.  (L.  D.) 

PICOSSEAU.  {OrnitU.)  Voyez  Picolât.  (Ch.  D.) 

PICOTAZ.  [Bot.)  Nom  provençal  de  l'aconit  napel.  (L.  D.) 

PICOTÉ.  {Conchj'l.)  Nom  spécifique  d'une  espèce  du 
genre  Cône.  (Desm.) 

PICOTELLE.  {Ornith.)  Un  des  noms  vulgaires  de  la  sittelle, 
appelée  en  catalan  picolella.  (Ch.  D.) 

PICOTIA.  {Bot.)  Ce  nom  est  cité  par  MM.  Rœmer  et 
Schultes,  comme  synonyme  de  Vomphalodes ,  qui  lui-même 
a  été  réuni  depuis  long-  temps  au  cjnoglossum  par  Linnaeus. 
(J.) 

PICOTIN.  {Bot.)  Dans  quelques  cantons  on  donne  ce  nom 
au  gouet  commun.   (L.  D.) 

PICOTITE.  {Min.)  C'est  un  minéral  inconnu;  car,  pour 
nous ,  un  minéral  n'est  connu  et  ne  mérite  un  nom  particu- 
lier que  quand  on  connoît  sa  composition ,  ou  au  moins  sa 
forme  cristalline  ,  ou  enfin  quelques  pi'opriétés  physiques 
tellement  éminentes ,  qu'on  puisse  être  sûr  qu'elles  ne  peu- 
vent se  trouver  que  dans  une  espèce  nouvelle  pour  la  science. 

Or  ,  comme  on  va  le  voir  par  la  description  que  M.  de 
Charpentier  en  a  faite,  aucun  de  ces  caractères  déterminans 
n'a  pu  se  reconnoî(re  dans  le  minéral  auquel  il  a  donné  le 
nom  de  Picot  de  la  Peyrouse. 

Il  est  d'un  noir  parfait,  d'un  éclat  vitreux  très-vif:  il  est 
facile  à  casser.  Sa  cassure  est  conchoïde  ;  cependant  dans 
quelques  échantillons  on  aperçoit  une  tendance  à  la  cassure 
lamelleuse.  Il  est  opaque,  dur  ,  rayant  fortement  le  verre. 
Il  donne  une  poussière  d'un  gris  verdàtre  ,  maigre  au  tou- 
cher. 

II  n'a  présenté  aucuae  forme  cristalline.  On  n'a  pu  évaluer 
ea  pesanteur  spécifique.  Il  n'agit  point  sur  l'aiguille  aimantée  , 
même  après  avoir  été  chaufi'é  et  ,  n'acquiert  aucune  élec- 
tricité par  la  chaleur.  Il  est  indissoluble  dans  l'acide  nitrique 


PIC  195 

et  infusible  au  chalumeau.  (Tous  ces  caractères  négatifs  ne 
peuvent  jamais  avoir  la  valeur  des  caractères  positifs.  On  sait 
qu'il  y  a  des  tourmalines  infusibles,  et  dans  lesquelles  il  est 
très-difficile  de  développer  l'électricité.) 

Il  est  disséminé  en  parties  rarement  d'un  volume  hien  sensible 
dans  le  pyroxène  en  roche  des  Pyrénées  de  l'Arriége  :  pyroxène 
auquel  on  avoit  donné  autrefois  le  nom  de  Iherzolite  ,  croyant 
aussi  que  c'étoit  une  espèce  nouvelle,  parce  qu'on  n'avoit  pas 
encore  su  la  reconnoitre. 

Quelle  urgence  y  a-t-il  donc  de  décrire  et  de  nommer  tout  ce 
que  l'on  trouve  ?  Pourquoi  n'a-t-on  pas  la  patience  d'attendre 
qu'on  puisse  savoir  ce  que  c'est ,  pour  le  faire  alors  réellement 
connoître  P  car  un  nom  donné  ne  fait  pas  connoitre  la  chose; 
et,  en  minéralogie,  une  description  des  caractères  extérieurs 
de  Féchantillon  que  l'on  tient,  quelque  minutieuse  qu'elle 
soit,  ne  fait  pas  davantage  connoître  le  corps  auquel  elle  s'ap- 
plique. 

Ce  n'est  pas  à  M.  de  Charpentier  que  nous  adressons  ces 
observations  ,  mais  à  l'ancienne  École  allemande  ,  dont  il  a 
suivi  les  principes ,  si  bons  en  géognosie  ,  et  si  trompeurs  en 
minéralogie.    (  B.  ) 

PICOUTAZ.  (Bot.)  Dans  le  Midi  de  la  France  on  donne 
ce  nom  à   l'aconit  à  grandes  fleurs.  (  L.  D.  ) 

PICOZO.  (Ornith.)  Nom  italien  du  pic  vert,  picus  viridis, 
Linn.,  qui  est  aussi  appelé,  dans  la  même  langue,  pjco  verde. 
(Ch.  D.) 

PICRAMNIA.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à 
fleurs  incomplètes,  dioïques,  de  la  famille  des  térébintacées, 
de  la  dioécie  pentandrie  de  Linnaeus  ,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  Des  fleurs  dioïques  ;  un  calice  à  trois  ou  cinq  di- 
visions.; autant  de  pétales  et  d'étamines  ;  dans  les  fleurs  fe- 
melles, un  ovaire  supérieur;  deux  stigmates  presque  ses- 
siles;  une  baie  à  deux  loges;  deux  semences  dans  chaque 
loge. 

PiCRAMNiA  ANTiDESME  :  Picrumnia  antidesma ,  Swartz,  Flor. 
ind.  occid. ,  21Q  ;  Berberis  fruticosa  ,  Sloan.  ,  Jam.  ,  170 
Hist.,  2,  tab.  209,  fig.  2.  Arbrisseau  dont  la  tige  droite, 
foible,  chargée  de  rameaux  grêles,  étalés,  cendrés,  rabattus, 
un  peu  ramifiés,  garnis  de  feuilles  ailées,  longues  d'un  pied 
40.  i3 


^94  PIC 

et  plus;  les  folioles  pédîcellées  ,  glabres,  alternes,  ellipti- 
ques, obtuses,  entières.  Les  fleurs  sont  dioïques,  disposées 
en  grappes  terminales,  filiformes,  longues  d'un  à  deux  pieds, 
lâches,  pendantes,  chargées  de  fleurs  d'un  vert  blanchâtre, 
pédicellées,  réunies  en^  paquets  alternes;  le  calice  à  trois  di- 
visions droites,  lancéolées;  trois  pétales  lancéolés,  étalés,  un 
peu  plus  longs  que  le  calice;  trois  filamens  plus  longs  que 
la  corolle;  les  anthères  ovales  ,  à  deux  loges;  dans  les  fleurs 
femelles  un  ovaire  oblong,  un  peu  comprimé;  deux  stigmates 
courts,  presque  sessiles,  recourbés.  Le  fruit  est  une  baie 
alongée,  de  la  grosseur  d'une  groseille ,  d'abord  d'un  rouge 
vif,  puis  noire,  à  deux  loges;  deux  semences  ovales,  ob- 
longues  dans  chaque  loge.  Cette  plante  croit  sur  les  montagnes 
à  la  Jamaïque;  elle  est  Irès-amère.  Elle  passe,  chez  les 
Nègres ,  pour  anti-vénérienne  ;  ils  la  prennent  aussi  en  infu- 
sion pour  appaiser  la  colique. 

PicRAMNiA  A  CINQ  ÉTAMiNEs  ;  Picramnia  pentandra ,  Swartz  , 
loc.  cit.  Cet  arbrisseau  ressemble  beaucoup  à  l'espèce  précé- 
dente ,  mais  ses  folioles  sont  plus  larges  ;  les  grappes  beaucoup 
plus  courtes,  inclinées  et  ordinairement  un  peu  ramifiées. 
Les  fleurs  sont  plus  petites;  le  calice  à  cinq  divisions;  les 
étamines,  au  nombre  de  six,  plus  longues  que  la  corolle; 
les  anthères  arrondies;  l'ovaire  un  peu  globuleux;  deux 
stigmates  sessiles  en  tête.  Cette  plante  croît  dans  l'Amérique 
méridionale  et  au  mont  Serrât.  (Poir.) 

PICREUS.  (Bot.)  Ce  genre,  établi  par  Beauvois  dans  sa 
Flore  d'Oware,  t.  86,  ne  paroit  congénère  du  souchet ,  cy- 
perus,  que  par  le  stigmate  double,  qui  se  retrouve  dans 
d'autres  souchets.  (J.  ) 

PIORIA.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
complètes,  mouopétalées,  irréguliéres,  delà  famille  des  per- 
sonnées  ,  de  la  didynamie  angiospermie  de  Linnaeus  ,  offrant 
pour  caractère  essentiel  :  Un  calice  à  quatre  découpures 
profondes,  inégales;  une  corolle  en  masque;  le  tube  resserré 
dans  son  milieu  ;  quatre  étamines  didynames  ;  un  ovaire  su- 
périeur ;  un  style;  deux  stigmates;  une  baie  à  deux  loges 
polyspermes. 

PiCRiE  FIEL  DE  TEKRP  ,  P'icria  fel  tcrrœ ,  Lour. ,  Flor.  cochin. , 
i,   page   7,78.  Plante  herbacée,  dont  les  racines  produisent 


PIC  195 

plusieurs  tiges  droites,  tétragoneS ,  rameuses,  lôiigues  d'un 
pied;  les  feuilles  sont  opposées,  rudes,  ovales,  glabres, 
dentées  en  scie;  les  fleurs  axillaires ,  pédonculées,  réunies 
en  paquets  d'un  blanc  rougeâtre  ;  le  calice  a  quatre  folioles 
caduques,  desquelles  deux  sont  planes,  ovales,  plus  longues 
que  la  corolle  ;  deux  autres  alternes,  linéaires,  plus  courtes; 
la  corolle  est  tubulée,  en  masque;  le  tube  resserré  dans  son 
milieu  ;  la  lèvre  supérieure  spatulée ,  échancrée  au  sommet; 
l'inférieure  plus  ample,  à  trois  lobes  égaux,  arrondis;  des 
quatre  filamens  didynames ,  les  deux  plus  longs  sont  engainés 
par  de  petits  tubes  papilleux  et  leurs  anthères  Séparées ,  in- 
clinées, à  une  seule  loge;  les  deux  filamens  plus  courts, 
courbés  en  dedans;  leurs  anthères  conniventes  ,  à  deux  loges; 
l'ovaire  est  ovale,  à  un  style  de  la  longueur  de  la  corolle  ,  et 
deux  stigmates  droits,  lancéolés;  la  baie  ovale,  à  deux  loges, 
renferme  plusieurs  semences  arrondies.  Cette  plante  est  cul- 
tivée dans  les  jardins,  à  la  Chine  et  à  la  Cochinchine ,  à 
cause  de  Sa  grande  amertume,  qui  la  fait  employer  danà  les 
fièvres  intermittentes,  comme  apéritive  ,  sudorifique  ,  em- 
menagogue  et  diurétique.  (Poir.) 

PICRIDIE,  Picridium.  (Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylé- 
dones, à  fleurs  composées,  de  la  famille  des  chichoracées , 
de  la  syngénésie  polygamie  égale  de  Linnaeus ,  ofirant  pour 
caractère  essentiel  :  Des  fleurs  toutes  hermaphrodites,  semi- 
flosculeuses ,  renfermées  dans  un  involucre  ou  un  calice 
commun  imbriqué,  ventru  à  sa  base,  composés  de  folioles 
membraneuses  sur  les  bords  ;  cinq  étamines  syngénèses  ;  le 
réceptacle  nu;  les  semences  tétragones ,  un  peu  courbées, 
marquées  de  tubercules  disposées  en  séries  transversales;  une 
aigrette  sessile,  à  poils  simples. 

En  rapprochant  des  picris.  ce  genre  établi  par  M.  Desfon- 
taines ,  on  reconnoit  qu'il  en  diffère  par  le  caractère  de  ses 
semenees  quadrangulaires  ,  par  les  tubercules  en  séries  trans- 
versales, dont  elles  sont  hérissées  et  par  le  défaut  de  calice 
extérieur  distinct.  Ce  dernier  caractère  les  avoit  fait  ranger 
d'abord  par  Linné  parmi  les  scorzonèTes  ;  mais  le  caractère 
des  semences  les  en  écartent.  Willdenow  les  rapporte  aux 
ôonchus.  Le  genre  Reiahardia  de  Mœnch  et  de  Roth  est  le 
même  que  celui-ci. 


i^e  PIC 

PiCRiDiE  VULGAIRE  :  Picridium  vulgare ,  Desf. ,  Flor.  Atlaïi.  ^ 
3,  page  22  1  ;  Sonchus  picroides ,  AU.  Jlor.  ped. ,  tab.  16,  fig. 
1  ;  Lobel,  Icon.,  236,  fig.  2;  Scorzonera  picroides ,  Linn.; 
Poir.  ,  Voyag.  en  Bîirb. .  2  ,  page  226.  Cette  espèce  a  des 
tiges  hautes  d'un  à  deux  pieds,  un  peu  fîstuleuses.  Les  ra- 
meaux sont  étalés;  les  feuilles  glabres,  distantes;  les  infé- 
rieures lancéolées,  rétrécies  à  leur  base  en  pétiole  ;  les  unes 
entières,  d'autres  rongées  ou  laciniées  avec  quelques  petites 
dents  aiguës;  celles  des  tiges  très^simples,  embrassantes,  élar- 
gies à  leur  base,  un  peu  denticulées  vers  leur  sommet;  les 
pédoncules  sont  rameux  ,  fistuleux ,  renflés  à  leur  sommet, 
garnis  d'écaillés  éparses,  en  cœur,  membraneuses  à  leurs 
bords.  Les  fleurs  sont  jaunes,  assez  grandes:  leur  calice  est 
ventru,  à  écailles  inégales  :  les  extérieures  très-courtes;  les 
semtnces,  surtout  les  extérieures,  un  peu  courbées  en  arc, 
tétra^ones;  les  intérieures  droites,  presque  ovales;  leur  ai- 
grette est  sessile,  simple  et  velue.  Cette  plante  croît  dans  les 
contrées  méridionales  de  la  France.  Je  l'ai  trouvée  en  Bar- 
barie ;  Tournefort  dans  l'ile  de  Mycone.  Il  dit  que  les  habi- 
tans  en  font  des  salades  tout-à-fait  ragoûtantes,  quand  on 
frotte  le  plat  avec  de  l'ail.  (Voyage  du  Levant^  vol.  1  ,  page 
334,  in-8.°) 

PiCRiDiE  DE  Tanger  :  Picridium  tingitanum  ,  Desf.,  loc.  cit.; 
Scorzonera  tingilana,  Linn.,  Spec.  Cette  plante  a  des  feuilles 
assez  semblables  à  celles  du  pavot  sommifère ,  un  peu  char- 
nues, ron<^ées  sur  leurs  bords.  Les  fleurs  sont  grandes,  d'un 
beau  Jaune,  et  méritent  d'être  introduites  dans  nos  parterres 
comme  plantes  d'ornement;  les  tiges  sont  droites,"  glabres, 
cannelées;  les  feuilles  embrassantes,  d'un  vert  glauque,  gar- 
nies à  leurs  bords  de  petites  dents  spinuliformes  :  les  pédon- 
cules très-longs,  uniflores ,  renflés  au  sommet,  parsemés  de 
quelques  petites  folioles  linéaires  ;  le  calice  est  épais  ,  très-ven- 
tru, à  écailles  larges,  ovoïdes,  aiguës,  membraneuses  à  leurs 
bords;  les  demi-fleurons  sont  velus  et  de  couleur  purpurine 
à  l'entrée  du  tube;  le  tube  des  étamines  est  pubescent;  les  se- 
mences sont  tétragones,  obtuses,  tuberculées;  à  aigrette  d'un 
blanc  brillant  et  soyeux.  J'ai  recueilli  cette  plante  sur  les  côtes 
de  Barbarie,  particulièrement  vers  les  côtes  maritimes,  dans 
les  fentes  des  rochers.  On  la  cultive  au  Jardin  du  Roi. 


PIC  '97 

PiCRiDiE  BLANCHATRE  :  Picriditim  albidum  ,  Decand.,  FI.  fr. , 
4,  page  ]6;  Crépis  albida ,  Vill. ,  Dauph. ,  5,  page  iSg,  tab. 
33;  Jacq.,  Jcofi.  rar. ,  i,  tab.  164;  AUion ,  Pei. ,  n."  800, 
tab.  32,  fig.  3.  Cette  espèce  n'est  pas  inférieure  en  beauté  à 
la  précédente,  avec  laquelle  elle  a  beaucoup  de  rapports. 
Sa  racine  est  épaisse  et  profonde;  sa  tige  presque  simple, 
longue  de  douze  à  quinze  pouces,  un  peu  pubescente  ;  ses 
feuilles  sont  assez  grandes,  velues,  oblongues  et  blanchâtres, 
souvent  pinnatifides  ou  dentées,  rarement  entières  ;  les  cau- 
linaires  embrassantes  ou  sessiles;  les  pédoncules  très-longs, 
uniflores.  Les  fleurs  sont  grandes,  d'un  jaune  pâle,  d'un  bel 
aspect;  les  folioles  du  calice  ovales,  oblongues,  presque  gla- 
bres, membraneuses  sur  leurs  bords  ;  les  semences  oblongues, 
amincies  au  sommet;  l'aigrette  très-blanche,  à  poils  simples. 
Cette  plante  croît  aux  lieux  pierreux  des  hautes  montagnes, 
dans  les  Pyrénées  et  les  Alpes. 

PiCRiDiE  d'Espagne:  Pirridiumhispanicum ,  Poir.,  Enc.  suppl.; 
Sonchus  hispanicus,  Willd.,  Spec.  ;  Jacq.,  Horf.  Schanhr. ,  2, 
tab.  143.  Cette  plante  ressemble  beaucoup  au  picridium  tin- 
gitanum  ;  elle  s'en  distingue  par  sa  couleur  plus  glauque, 
par  les  points  blancs  et  nombreux,  dont  les  feuilles  sont 
parsemées;  elles  sont  de  plus  embrassantes,  alongées ,  si- 
nuées  ou  pinnatifides,  dentées  à  leur  contour,  glabres  à  la 
vue  ,  mais  considérées  à  la  loupe,  couvertes  d'un  duvet  très- 
fin  ,  formé  par  de  petits  points  blancs;  les  dentelures  termi- 
nées par  une  pointe  épineuse  ;  les  pédoncules  écailleux  ,  ren- 
flés à  leur  sommet  ;  les  calic^\s  glabres,  raboteux.  Cette  plante 
croit  en  Espagne,  aux  environs   de  Malaga. 

PiCRiDiE  A  FEUILLES  EN  LANIERES  ;  Picridium  Ugulattim  ,  Vent., 
Malw.,  2,  tab.  G8.  Cette  espèce  a  des  tiges  droites,  hautes 
de  deux  pieds  et  plus;  les  feuilles  sont  alternes,  sessiles,  em- 
brassantes, alongées,  en  forme  de  lanière,  obtuses,  légère- 
ment sinuées,  glabres,  d'un  vert  glauque,  un  peu  épaisses, 
longues  de  six  pouces,  bordées  de  dents  aiguës;  les  pé'îon- 
cules  sont  longs,  terminaux,  souvent  «olitaires ,  creux  et 
renflés  à  leur  sommet,  parsemés  de  quelques  petites  écailles. 
Les  fleurs,  de  la  grandeur  de  celles  du  pissenlit  et  d'un  beau 
Jaune,  ont  le  calice  renflé  à  sa  base;  ses  folioles  glabres, 
imbriquées,   aiguës,  membraneuses   à  leurs  bords;   les   se- 


Ȕ>8  PIC 

menées  tétragones,  tuberculées  sur  leurs  angles,  d'un  brus» 

foncé;  l'aigrette  simple,   sessile  ,  pubescente,  très-blanche: 

le   réceptacle  nu,   convexe  ,    alvéolaire.    Cette  plante  croit 

aux  environs   de  Mogador  ,   où  elle  a  été    découverte   par 

Broussonnet. 

PiCRiDiE  d'Orient  ;  Picridium  orientale ,  Poir.  ;  Scorzonera 
orientalis,  Linn.  ,  Spec.  Cette  plante,  qui  a  le  port  et  une 
partie  des  caractères  du  genre  Picridium,  doit  y  être  réuni. 
Sa  tige  est  basse,  presque  simple,  cylindrique,  terminée  par 
une  seule  fleur;  les  feuilles  sont  glabres,  alternes,  sinuées, 
profondément  dentées,  assez  semblables  à  celles  du  leontodon^ 
leurs  découpures  finement  denticulpes.  Les  fleurs  sont  soli- 
taires; elles  ont  leur  calice  composé  d'écaillés  imbriquées; 
les  inférieures  entourées  d'une  large  membrane  scarieuse  ; 
la  corolle  jaune ,  assez  grande.  Cette  plante  croit  dans  le 
Levant.   (Poir.) 

PICRIS.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
composées  ,  de  la  famille  des  chicoracé.c.x  .  de  la  sjngénésie  po- 
ijygamie  de  Linnaeus ,  offrant  pour  caractère  essentiel  :  Des 
fleurs  toutes  hermaphrodites  ,  à  demi-fleurpns  ;  un  involucre 
ou  calice  commun  ,  composé  d'une  rangée  de  folioles  enr 
tourée  à  sa  base  d'un  sepond  rang  de  folioles  beaucoup  plus 
courtes.  Les  fleurs  demi-flosculeuses  ;  cinq  étamin.es  syngér 
nèses;  le  réceptacle  ponctué;  Ips  semences  striées  transver- 
salement ,  surmontées  d'une  aigrette  plumeuse ,  sessile  pu 
presque  sessile. 

On  a  séparé  du  genre  Pipris  de  Linné  toutes  les  espèces 
dont  les  semences  sont  alongées,  rptrécies  en  une  sorte  de  pé- 
dicelle,  qui  supporte  une  aigrette  plumeuse.  Les  semences 
les  plus  extérieures  de  la  circonférence  sont  difformes ,  ve- 
lues ,  adhérentes  à  la  base  des  folioles,  à  aigrette  plu^ 
courte  et  comme  avortée;  les  corolles  pourvues  de  longs 
poils  coniques  à  l'entrée  du  tubç.  Ce  genre  porte  le  nom 
rt'HELMiNTiA.  (Voyez  ce  mot.) 

PiCRis  ÉPERViÈRE  t  PicHs  hicracioUes ,  Linn.,  Speç.;  Lamk., 
m.  gen.,  tab.  648,  fig.  2.  Cette  plante  s'élève  à  la  hauteur 
d'un  ou  deux  pieds  sur  une  tige  dure,  divisée  en  rameaux 
très-divergens  et  roides,  hérissée,  ainsi  que  toiites  les  par- 
ties de  cette  plante,  de  poils  très-rydes,  crochu§ ,  bifurques 


PIC  Ï99 

à  leur  sommet;  les  feuilles  radicales  sont  alongées ,  un  peu 
sinuées,  lancéolées,  rétrécies  en  pétiole  à  leur  base,  longues 
de  six  à  huit  pouces;  celles  de  la  tige  plus  étroites,  sessiles , 
aiguës,  denticulées,  rudes  au  toucher,  d'un  vert  blanchâtre. 
Les  fleurs  sont  jaunes,  d'une  grandeur  médiocre,  la  plu- 
part solitaires  et  pédouculées  à  l'extrémité  des  rameaux  à 
ramifications  divergentes ,  presque  nues.  Celte  plante  croît 
dans  les  champs,  les  bois,  aux  lieux  arides  ;  elle  fleurit  dans 
l'automne. 

Picms  iiUDE  ;  Picris  strigosa  ,  Marsch.  ,  Flor.  taur.  Cauc. ,  2  , 
page  2  5o.  Cette  espèce  ressemble,  par  ses  semences  et  ses 
aigrettes,  à  la  précédente  ;  mais  ses  fleurs  sont  une  fois  plus 
petites  et  la  corolle  d'un  jaune  plus  pâle.  Les  tiges  sont 
droites,  hautes  d'un  pied,  étalées,  très- rameuses  dès  leur 
base,  hérissées  de  poils  rudes,  blanchâtres;  les  feuilles  sont 
alternes  ,  lancéolées  ,  dentées  cà  leur  contour.  Les  fleurs 
éparses  le  long  des  tiges  et  des  rameaux ,  toutes  pédoncu- 
lées,  ont  le  calice  extérieur  lâche  ;  les  semences  sont  petites, 
ridées  et  tuberculées,  de  couleur  brune.  Cette  plante  croit 
sur  Xc!,  collines  orientales  du   Carcase. 

Picris  sprengère  :  Picris  sprengeriana  ^  Poir. ,  Encyci.  ;  Hie- 
racium  sprengerianum  ^  Linn.  ,  Spec.  ;  J.  Bauh.  ,  HisL,  2  ,  page 
■12G,  fig.  ],  bona  ;  Moris.  ,  Hist.  ,  3,  §,  7  ,  tab.  5 ,  fig.  i5; 
Crépis  sprengeriana ,  Willd.  Cette  plante  a  été  successive- 
ment rapportée  à  plusieurs  genres,  aux  Hieracium  par  Linné, 
aux  Crépis  par  Willdenow  ;  mais  son  port ,  l'aspérité  de 
ses  tiges,  ainsi  que  celle  de  ses  feuilles  et  leur  forme  , 
et  surtout  son  calice  caliculé  et  ses  semences  marquées  de 
stries  transversales,  à  la  vérité  fort  menues  ,  visibles  à  la 
loupe ,  doivent  la  ranger  parmi  les  picris.  Ses  tiges  sont 
hautes  d'environ  deux  pieds  ,  divisées  en  rameaux  nom- 
breux; les  feuilles  sont  embrassantes,  lancéolées,  terminées 
par  une  lanière  linéaire  ,  obtuse  ;  rudes ,  velues  ,  presque 
laciniées  ou  découpées  à  leurs  bords  en  dents  courtes, 
droites,  inégales,  obtuses;  les  pédoncules  sont  terminaux, 
la  plupart  uniflores.  presque  fascicules;  la  corolle  est  d'un 
jaune  foncé,  de  grandeur  médiocre-.  Cette  plante  croît  dans 
l'Espagne. 

Le  PiCRia  PABciFioRA  de  De  Candolle,  Flor.  fr.  et  Icort, 


200  PIC 

gdlL,  tab.  20,  est  bien  certainement  une  plante  différente 
de  celle-ci  par  la  forme  des  feuilles  sinuëes  à  leurs  bords, 
point  acurninées,  par  les  fleurs  supportées  par  de  longs  pé- 
doncules rares,  axillaires.  Cette  plante  croit  dans  les  contrées 
méridionales  de  la  France. 

PiCRis  GLOBULEUX  :  Picfis  glohuUfera ,  Hort.par.,  Poir. ,  Enc, 
suppl.;  Crépis  dioscoridis ,  Decand.,  Icon.  galL,  tab.  18;  Linn., 
Spec?  Espèce  remarquable  par  la  forme  des  calices  à  l'épo- 
que de  la  maturité  des  fruits,  etque  Vahl  considéroit  comme 
le  véritable  Crépis  Dioscoridis  de  Linné  :  opinion  adoptée  par 
M.  De  CandoUe.  Ses  tiges  sont  glabres,  cylindriques,  très- 
rameuses;  les  rameaux  nus,  très -étalés;  les  feuilles  infé- 
rieures amplexicaules  ,  larges,  presque  ovales,  assez  grandes, 
glabres,  munies  de  quelqties  dents  inégales,  quelquefois  pro- 
longées en  lanières  linéaires  ;  celles  de  la  base  des  rameaux 
fort  étroites;  les  pédoncules  longs,  glabres,  bstuleux.  Les  co- 
rolles jaunes  ;  quelques  petites  bractées  éparses  ,  subulées ,  qui 
forment  aussi  le  calicule.  Les  folioles  intérieures  du  calice 
sont  un  peu  pubescentes;  elles  se  durcissent  et  prennent  une 
forme  globuleuse  après  la  floraison  ;  les  semences  sont  d'un 
brun  marron  ,  striées,  un  peu  rétrécies  au  sommet;  l'aigrette 
velue,  très-blanche,  plus  longue  que  le  calice.  Cette  plante 
croît  en  France  et  dans  le  Piémont.  On  la  cultive  au  Jardin 
du  Roi. 

PiCRis  DES  DÉCOMBRES  :  Picris  Tudcralis ,  Willd.,  Spec,  3, 
page  )558  ;  Picris  hispida ,  Ait. ,  Eort.  Kew.  Cette  plante  a  des 
racines  épaisses ,  rongées;  des  tiges  droites,  hispides  ,  hautes 
d'environ  six  pouces;  les  feuilles  radicales  étroitt-s ,  lancéo- 
lées, hispides,  ciliées  et  dentées  à  leurs  bords,  longues  d'en- 
viron un  pouce;  les  feuilles  éparses,  graduellement  plus  pe- 
tites; 'es  pédoncules  alternes  ,  distans  ,  placés  le  long  des 
tiges,  très  -  hérissées ,  munis  d'une  foliole  à  leur'  base.  Les 
fleurs  sont  petites,  de  la  grandeur  de  celles  du  crépis  tccto' 
riim;  le  calice  calicule;  ses  folioles  hispides;  les  extérieures 
étalées:  les  semences  elliptiques,  marquées  d'un  grand 
nombre  de  stries  transversales;  l'aigrette  sessile  et  plumeuse. 
Cette  plante  croît  sur  les  rochers,  dans  la  Bohème,  aux  en- 
virons de  Prague. 

Picnis  DF,8  Pyrénées  :  Picris  pfrenaiça^  Linn.,  Spec;  Picris 


PIC  201 

taherosa,  Lapeyr.,  FI.  pyren. ,  467.  Cette  espèce  ne  doit  être 
confondue,  ni  avec  le  picris  paucijlora,  "Willd. ,  ni  avec  le 
sprengdiana,  Encyc.  Elle  est  remarquable  par  ses  racines  en 
forme  de  navet  ,  d'où  sortent  deux  ou  trois  grosses  fibres 
longues  et  charnues.  Ses  tiges  sont  vivaces  ,  droites  ,  fermes  , 
divisées  en  longs  rameaux  ascendans,  ordinairement  uniflores, 
garnis  de  feuilles  embrassantes ,  dilatées  à  leur  insertion , 
ovales,  lancéolées,  aiguës,  hérissées  et  dentées.  Les  fleurs 
sont  grandes,  d'un  jaune  orangé;  les  semences  noirâtres, 
arquées  ,  élégamment  striées.  Lapeyrouse  en  cite  une  variété 
à  feuilles  plus  grandes  et  plus  larges,  presque  pinnatifides. 
Cette  plante  croît  au  mont  Louis,  dans  les  Pyrénées.  (Poir.) 

PICRIS.  {Bot,)  On  trouve  dans  Daléchamps  ce  nom  appli- 
qué primitivement  au  leontodon  autumnale.  Linnaeus  l'a  em- 
ployé pour  désigner  un  autre  genre  voisin.  (J. ) 

PICRITE.  (Mm.)  Blumenbach  a  donné  ce  nom  univoque 
à  la  chaux  carbonatée  magnésifère,  a  laquelle  on  a  étendu  le 
nom  de  dolomie,  qui  ne  s'appliquoit  d'abord  qu'à  la  variété 
saccaroïde.  Voyez  Calcaire  lent  à  l'article  de  la  Chaux  car- 
bonatée, tom.  VIII,  p.  3o8.  (B.) 

PICRIUM.  {Bot.)  Schreber  désigne  sous  ce  nom  le  coutou- 
hea  d'Aublet,  genre  de  la  Guiane ,  qui  appartient  à  la  fa- 
mille des  gentianées.  (J. ) 

PICROLITHE.  {Min.)  C'est-à-dire  pierre  amère  ,  parce 
que  c'est  un  minéral  talqueux ,  ou  renfermant  de  la  magné- 
sie ,  base  du  sulfate  de  magnésie  ,  nommée  sel  cathartique 
amer.  M.  Hausmann ,  qui  a  donné  ce  nom ,  l'a  appliqué  plus 
particulièrement  à  une  variété  de  talc  intermédiaire  entre  le 
talc  écailleux  et  la  serpentine.  11  est  dense  ,  à  texture  fibreuse , 
à  cassure  esquilleuse ,  verdàtre ,  passant  au  jaunâtre. 

M.  Almroth  ,  qui  a  analysé  celui  du  Taberg,  y  a  reconnu 
les  principes  suivans  : 

Magnésie 38, 80 

Fer  oxiflulé  ........     8,28 

Silice 40,04 

Acide  carbonique.  ....     4,70 
Eau 9,08. 

II  forme  des  petits  filons  dans  les  amas  de  fer  oxidulé 
subordonnés  à  la  serpentine   et   au  gneiss    du  Taberg  ,    en 


302  PIC 

Smoland  ,  et  de  Nordmark ,  prés  de  Philippstadt  en  Ver- 
meland  ,  en  Suède.  On  le  cite  aussi  àReichenstein,  en  Silésie. 
(Léonhard,  Oryctognosie  ,  pag.  546.)  (B.) 

PICROMEL.  (Chim.)  Nom  que  M.  Thénard  a  donné  à  une 
matière  qu'il  regarde  comme  un  des  principes  immédiats  de 
la  bile.  Le  nom  de  picromel  est  dérivé  de  Trmpoç-,  amer,  et 
de  /xîA; ,  miel.  11  signifie  donc  miel  amer,  et  c'est  en  effet  à 
cette  matière  que  M.  Thénard  rapporte  la  cause  de  la  saveur 
de  la  bile ,  qui  est  à  la  fois  amère  et  douceâtre.  Au  mot 
Bile  du  Supplément  du  tom.  IV  de  ce  Dictionnaire,  p.  98, 
on  trouvera  la  description  des  propriétés  du  picromel,  d'après 
M.  Thénard. 

Nous  allons  ajouter  ici  à  l'histoire  de  la  bile  quelques 
faits  que  nous  avons  découverts  dans  ces  dernières  années. 

A.  La  matière  qu'on  a  appelée  résine  d  ns  les  biles  de 
bœuf,  d'homme,  d'ours,  et  qu'on  a  considérée  comme  un 
principe  immédiat,  est  formée  :  i."  de  cholestérine  ;  2.° 
d'acide  oléique;  3.°  d'acide  margarique  ;  4.°,  5.°,  6."  et  7.° 
d'une  très -petite  quantité  d'une  matière  grasse  non  acide 
et  de  trois  principes  colorans ,  dont  l'un  est  bleu ,  l'autre 
rose  et  le  troisième  jaune:  peut-être  celui-ci  provient-il  de 
l'altération  des  deux  autres. 

B,  La  matière  qu'on  a  appelée  résirue  dans  la  bile  du  porc, 
est  formée  des  principes  précédens,  et  en  outre  d^ une  subs- 
tance très-remarquable ,  que  je  ne  désignerai  par  un  nom  par- 
ticulier qu'à  l'époque  où  je  l'aurai  mieux  étudiée  que  je 
n'ai  pu  le  faire  jusqu'aujourd'hui,  11  Novembre  1825.  Voici 
les  propriétés  qu'elle  m'a  présentées. 

Elle  est  acide  au  papier  de  tournesol  ;  sa  saveur  est  frès- 
anière,  sans  être  nauséabonde;  pour  la  goûter,  il  faut  la  tenir 
quelque  temps  dans  la  bouche,  parce  qu'elle  est  peu  soluble 
dans  la  salive. 

Elle  est  peu  soluble  dans  l'eau,  très-soluble  dans  l'alcool 
et  dans  l'éther. 

Elle  s'unit  aux  bases  salifiables  en  faisant  de  véritables 
sels  ;  sa  combinaison  avec  la  baryte  est  surtout  remarquable  , 
en  ce  qu'elle  est  très-soluble  dans  l'alcool. 

Elle  s'unit  avec  la  potasse  et  forme  un  sel  amer. 

Elle  brille  à  la  manière  des  corps  qu'an  a  appelés  résineux. 


PIC  ^°5 

Elle  donne  à  la  distillation  un  produit  alcalin. 
C.  J'ai  obtenu  de  la  bile  de  bœuf  un  picromel  dont  la 
saveur  n'a  presque  pas  damertume,  et  qui  rappelle  celle  de  la 
réglisse;  d'un  autre  côté,  la  substance  nouvelle  de  la  bile  de 
porc,  en  «'unissant  à  ce  picromel,  forme  un  composé  très- 
amer.  D'après  cela,  n'est -il  pas  probable  que  le  picromel, 
itel  qu'on  l'a  obtenu  ,  est  un  composé  de  deux  principes  im- 
médiats,  dont  l'un  a  une  saveur  douce  particulière,  et  l'au- 
tre, doué  de  l'acidité,  en  aune  amère  ?  (Ch.) 

PICRO-PHARMACOLITHE.   [Min.)    C'est  une  variété  de 
pharmacolithe   ou  de  chaux  arsenisatée  qui ,   d'après  l'ana- 
lyse de  M.  Sfromeyer  ,  renferme  de  la  magnésie. 
Elle  se  trouve  à  Riegelsdorf  en  Hesse ,  et  contient , 

Chaux 24,65 

Magnésie. 3,22 

Acide  arsenique h^'>i31 

Eau 23,98 

Cobalt  oxidé 1,00. 

Voyez  Pharmacolithe.  (B.) 

PICROTOXINE.  {Chim.)  M.  Boullay  adonnécenojn  au  prin- 
cipe auquel  la  coque  du  Levant,  menispermum  cocculus ,  doit 
son  amertume  et  sa  propriété  d'empoisonner  les  animaux, 
picrotoxine  signifie  poison  amer;  son  étymologie  est  rrinpcç  et 

Composition. 

Elle  est  formée  d'oxigène,  de  carbone  et  d'hydrogène,  dans 
des  proportions  qui  n'ont  point  été  déterminées. 

a)  Cas  où  la  picrotoxine  n'est  pas  altérée. 

Elle  ^^i  incolore,  cristallisée  en  prismes  quadrangulaires, 
microscopiques,  brillans  ,  demi- transparens. 

100  parties  d'eau  bouillante  dissolvent  4  parties  de  picro- 
toxine; par  le  refroidissement  il  s'en  p.écipite  environ  3  p., 
qui  cristallisent  régulièrement  si  la  précipitation  est  lente. 

100  p.  d'alcool,  d'une  densité  de  0,810,  dissolvent  à  chaud 
33  j  p.  de  picrotoxine.  Cette  solution ,  en  se  refroidissant, 
se  prend  en  aiguilles,  qui  retiennent  entre  elles  la  portion 
4e  la  matière  qui  a  conservé  sa  liquidité.  La  solution  alcoo- 


204  PIC 

lique  de  picrotoxine  est  précipitée  par  un  peu  d'eau  ;  un 
excès  de  ce  liquide  redissout  le  précipité. 

loo  p.  d'éther  hydratique ,  d'une  densité  de  0,700,  dis- 
solvent 4  p.  de  picrotoxine.  L'éther  aqueux  en  dissout  da- 
vantage. 

L'oléine  ne  paroît  pas  dissoudre  la  picrotoxine. 

L'huile  volatile  de  térébenthine  chaude  n'en  dissout  que 
très -peu. 

La  potasse,  la  soude,  l'ammoniaque,  là  dissolvent  bien. 

L'iode,  trituré  avec  la  picrotoxine,  la  fait  passer  au  brun. 

Cette  substance  ne  paroit  pas  éprouver  d'altération  de  la 
part  du  chlore  dissous  dans  l'eau. 

b)  Cas  où  la  picrotoxine  est  altérée. 

L'acide  sulfurique  concentré  et  froid  dissout  la  picro- 
toxine, et  se  colore  en  jaune.  A  chaud,  il  se  produit  du 
charbon. 

L'acide  nitrique  bouillant  la  décompose. 

La  picrotoxine,  jetée  sur  un  charbon  ardent,  se  bour- 
soufle sans  s'enflammer,  et  répand  une  odeur  résineuse. 

La  picrotoxine  distillée  donne  une  eau  acide,  une  huile 
empyreumatique  jaune  acide,  du  gaz  carbonique  et  hydro- 
gène perçarburé,  du  charbon. 

M.  Boullay  a  considéré,  dans  un  second  travail,  la  picro- 
toxine comme  un  alcali  organique  d'après  les  considérations 
suivantes  : 

].°  La  solution  aqueuse  de  picrotoxine  ramène  au  bleu  le 
papier  de  tournesol  rougi  par  un  acide. 

1°  La  picrotoxine  s'unit  ou  plutôt  se  dissout  dans  plu- 
sieurs acides,  particulièrement  dans  les  acides  acétique  et 
oxalique.  Mais  les  observations  que  M.  Boullay  rapporte  à 
ce  sujet,  sont  aussi  insuffisantes  pour  démontrer  son  opinion, 
que  la  propriété  qu'a  la  picrotoxine  de  se  dissoudre  dans  les 
eaux  de  potasse,  de  soude  et  d'ammoniaque,  le  sont  pour 
ilémontrcr  qu'elle  est  un  acide. 

Action  de  la  picrotoxine  sur  V économie  animale. 

I,a  picrotoxine  est  inodore;  elle  a  une  saveur  dune  amer- 
tume insupportable ,  dit  M.  Boullay. 


PIC  ^o5 

lo  grains  de  picrotoxine  incorporés  dans  de  la  mie  de 
pain,  ont  occasioné  à  un  jeune  chien  de  moyenne  force, 
vingt-cinq  minutes  après  l'ingestion ,  des  convulsions  ,  uii 
tournoiement,  qui  a  duré  un  quart  d'heure.  L'animal  est 
tombé  sur  le  côté,  et  est  mort  cinq  minutes  après. 

L'orifice  de  l'œsophage  étoit  enflammé;  la  membrane  de 
l'estomac  étoit  rouge,  sans  aucun  signe  de  ramollissement. 

M.  Boullay  ajoute  que  ,  ayant  ingéré  dans  l'estomac  d'un 
autre  chien,  semblable  au  premier,  lo  grains  d'acétate  de 
morphine  cristallisé  et  sec,  l'animal  a  éprouvé  du  mal-aise, 
des  trembleniens;  mais,  trois  heures  après  l'ingestion  du  poi- 
son ,  il  paroissoit  être  dans  son  état  ordinaire. 

Préparation. 

On  traite  par  l'eau  bouillante  les  semences  mondées  du 
menispermum  cocctilus;  on  filtre  la  liqueur;  on  la  fait  évaporer 
en  consistance  d'un  sirop  épais:  on  triture  l'extrait  avec  — 
de  son  poids  de  baryte  ou  de  magnésie;  après  vingt-quatre 
heures  on  épuise  la  masse  de  ce  qu'elle  contient  de  soluble 
dans  l'alcool  absolu  bouillant;  celui-ci  ,  filtré,  est  évaporé  à 
sec  ;  le  résidu  est  repris  par  l'alcool ,  qui  dissoutla  picrotoxine  ; 
si  la  solution  est  colorée,  on  la  traitera  par  le  charbon  ani- 
mal, puis  on  la  concentrera,  et  par  le  refroidissement  la 
picrotoxine  cristallisera. 

Suivant  M.  Boullay,  les  semences  de  menispermum  cocculus 
sont  composées  de 

].°  Environ  o,5o  d'une  matière  grasse,  formée  de  stéarine 
et  d'oléine. 

2.°  D'une  matière  albumineuse  coagulable  par  l'action  de 
la  chaleur. 

3."  D'une  partie  colorante  jaune. 

4.°  De   0,02  environ  de  picrotoxine. 

5.°  De  o,o5  de  matière  fibreuse. 

6.°  D'un  acide  végétal  que  M.  Boullay  appelle  menispermi- 
què.  Les  caractères  que  l'auteur  attribue  à  ce  corps ,  sont  tout- 
à-fait  insuffisans  pour  le  faire  admettre  comme  une  espèce 
de  principe  immédiat. 

7.°  De  sulfate  de  potasse,  de  chlorure  de  potassium,  de 
phosphate  de  chaux,  de  silice  et  de  fer.  (Ch.) 


2o6  PIC 

PICTARNE.  ( Ornith.  )  Les  Écossois ,  selon  Sibbald ,  appel- 
lent ainsi  la  grande  hirondelle  denxer  ,  sterna  hirundo ,  Linn. 
(Ch.  D.) 

PICTETIA.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à  fleurs 
complètes,  papilionacées,  de  la  famille  des  légumineuses,  de 
la  diadelphie  décandrie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère 
essentiel:  Un  calice  campanule,  à  cinq  divisions;  les  deux 
supérieures  plus  courtes;  les  trois  inférieures  acuminées , 
un  peu  épineuses;  une  corolle  papilionacée;  l'étendard  plié, 
un  peu  arrondi;  la  carène  obtuse,  un  peu  plus  courte  que 
les  ailes  ;  dix  étaioaines  diadelphes,  presque  de  même  lon- 
gueur; un  ovaire  supérieur;  le  style  glabre,  filiforme  :1e 
fruit  est  une  gousse  pédicellée ,  comprimée,  souvent  divisée 
par  articulations  monospermes,  quelques-unes  stériles;  les 
semences  planes,  ovales,  un  peu  tronquées  à  leur  base;  les 
cotylédons  plans,  verdàtres  ;  la  radicule  inclinée  sur  leur 
jointure. 

Ce  genre  ,  établi  par  M.  De  Candolle ,  pour  quelques  espèces 
de  robinia  et  d^œschinomene ,  renferme  des  arbrisseaux  origi- 
naires de  l'Amérique,  glabres,  luisans ,  pourvus  de  stipules, 
la  plupart  épineuses.  Les  feuilles  sont  ailées  avec  une  im- 
paire; les  folioles  traversées  par  une  nervure  qui  se  termine 
en  une  pointe  épineuse.  Les  fleurs  sont  jaunes,  axillaires , 
solitaires  ou  disposées  en  grappes  lâches,  articulées  à  l'extré- 
mité des  pédicelles,  munies  de  très-petites  bractées.  Voici 
quelques  espèces  qu'on  doit  rapporter  à  ce  genre. 

PiCTETiA  ÉCAiLLEux  :  Pictetia  squammata,  Decand.  ,  Legum., 
Ann.  des  se.  nat. ,  vol.  4 ,  pag.  94  ;  Robinia  squammata,  Vahl, 
Sjmb.,  5  ,  tab.  69;  Poir. ,  Encycl.,  n.°  6.  Cet  arbrisseau  a  des 
tiges  glabres;  les  rameaux  cylindriques,  grisâtres  ou  de  cou- 
leur purpurine,  divisés  en  d'autres  plus  courts,  alternes, 
presque  tétragones  ,  longs  d'un  pouce  ,  couverts  d'écaillés 
imbriquées,  ovales  ,  acuminées;  les  feuilles  sont  alternes, 
distantes  ,  pétiolées  ,  ailées  avec  une  impaire  ,  composées 
d'environ  dix -neuf  folioles  alternes,  un  peu  pédicellées , 
longues  de  six  lignes;  les  supérieures  plus  petites  ,  toutes 
ovales  ou  presque  rondes,  glabres,  luisantes,  veinées,  obtuses, 
terminées  par  une  pointe  mucronée,  épineuse;  les  pétioles 
munis  à  leur  base  de    deux  épines  roides,  droites,  persis- 


PIC  207 

tantes.  Les  fleurs  sont  disposées  en  petites  grappes  courtes, 
solitaires,  axillaires;  les  pédoncules  filiformes  et  pubescens, 
plus  courts  que  les  feuilles,  chargés  de  quatre  ou  cinq  fleurs 
distantes;  les  pédicelles  géniculés  au  sommet,  munis  à  leur 
base  d'une  petite  bractée  linéaire;  le  calice  est  glabre,  à 
cinq  découpures  lancéolées;  les  gousses  sont  étroites,  linéaires, 
comprimées,  droites,  aiguës,  un  peu  articulées,  contenant 
deux  ou  cinq  semences.  Cette  plante  croît  dans  l'Amérique . 
à  l'ile  de  Saint-Thomas. 

PiCTETrA  ARisTÉ  :  Pictetia  aristata,  Decand. ,  loc.  cit.;  .^Lschi- 
nomene  aristata,  Jacq. ,  Hort.  Schcenbr.  ,  2  ,  tab.  287  ;  Nélitte, 
Poir. ,  Encycl. ,  Suppl. ,  n.°  17.  Arbrisseau  dont  les  tiges  sont 
droites,  élevées,  divisées  en  rameaux  épineux,  garnis  de 
feuilles  alternes,  ailées  avec  une  impaire,  composées  de  fo- 
lioles nombreuses,  alternes,  presque  rondes,  échancrées , 
petites,  terminées  par  une  pointe  alongée.  Les  stipules  sont 
subulées  ,  persistantes,  en  forme  d'épines  ;  les  pédoncules 
axillaires,  chargés  de  trois  fleurs;  les  corolles  jaunes;  les 
gousses  rudes,  tuberculées,  partagées  en  articulations  alon- 
gées.  Cette  plante  croît  dans  l'île  de  Sainte  -  Croix  et  dans 
celle  de  Saint-Domingue. 

A  ces  espèces  M.  De  CandoUe  ajoute  les  suivantes,  décou- 
vertes à  Saint-Domingue  par  le  docteur  Bertéro  :  i."  Picte- 
tia obcordata ,  dont  les  feuilles  sont  composées  de  dix  à  douze 
paires  de  folioles  presque  opposées,  en  cœur  renversé  avec 
la  principale  nervure  prolongée  au  sommet  en  une  épin€ 
courte,  recourbée;  2."  Pictetia  ternata,  les  feuilles  sont  très- 
légèrement  pétiolées  ,  composées  de  trois  folioles  rappro- 
chées, oblongues,  en  coin  à  leur  base,  terminées  par  une 
pointe  droite ,  courte  ,  épineuse  :  les  stipules  droites ,  en 
forme  d'épine  ;  les  fleurs  solitaires  ,  axillaires,  pédonculées; 
les  gousses  linéaires  ,  oblongues ,  aiguës  ,  rétrécies  par  un 
étranglement  à  leurs  articulations.  (Poir.) 

PICTITE.  (  Min.  )  De  la  Mélherie  a  donné  ce  nom  au  titane 
silicéo-calcaire  comme  un  hommage  à  Pictet. 

C'est  un  nouvel  exemple  de  Tinconvénient  qui  résulte  pour 
la  science  de  la  précipitation  qu'ont  mise  quelques  savans  à 
nommer  des  minéraux  qu'ils  ne  connoissoient  pas,  croyant 
les  faixe  connoître  en  les  décrivant.  L'honneur  que  de  la 


.08  PIC 

Métherieacru  faire  à  Pictet,  ne  lui  restera  pas,  €t  empêchera 
probablement  qu'on  ne  lui  dédie  une  véritable  espèce;  car 
la  prétendue  pictite  est  le  titanlte  des  minéralogistes  alle- 
mands, la  chaux  silice -titaniatée  des  minéralogistes- chi- 
mistes et  le  Sfhène  d'Haiiy.  Voyez  ce  dernier  mot.  (  B.  ) 

PICUCULE.  (Ornith.)  BufiFon  a  décrit,  à  la  suite  des  pics, 
deux  oiseaux  qui  lui  ont  paru  faire  la  nuance  entre  le  genre 
des  Pics  et  celui  des  Grimpereaux,  et  il  les  a  fait  peindre, 
n.°'  621  et  6o5  ,  avec  les  noms  de  picucule  et  de  talapiot,  sous 
lesquels  ils  lui  avoient  été  envoyés  de  Cayenne.  La  princi- 
pale différence  qu'on  a  observée  d'abord  entre  ces  oiseaux 
et  les  pics,  a  été  qu'au  lieu  d'avoir,  comme  ceux-ci,  les 
doigts  distribués  deux  en  avant  et  deux  en  arrière,  ils  en 
avoient  trois  en  avant  et  un  en  arrière,  comme  les  grim- 
pereaux; et  que  cependant  les  pennes  caudales  étoient  roides 
et  pointues,  ainsi  que  chez  les  pics. 

Gmelin  et  Latham  ont  ensuite  placé  le  premier  de  ces 
oiseaux  d'Amérique  dans  le  genre  Mainate,  sous  les  dénomi- 
nations de  gracula  cajennensis  et  gracula  scandens,  et  le  second 
dans  le  genre  Loriotsous  le  nom  d'oriofusp(cw5;mais  Hermann, 
dans  ses  Observations  zoologiques,  a  créé  pour  eux  le  genre 
Dendrocolaptes  ,  quoiqu'il  dût  sentir  la  difficulté  de  réunir  deux 
oiseaux  dont  l'un  avoit  le  bec  courbé ,  comme  les  grimpereaux , 
et  l'autre  droit,  comme  les  pics.  Cette  réunion  a  cependant 
été  adoptée  par  lUiger,  par  M.  Temminck  et  par  M.  Vieillot, 
qui  a  seulement  changé  le  nom  de  dendrocolaptes  en  celuii 
de  dendrocopus. 

Dés  l'année  1806,  Levaillant  avoit  publié  l'Histoire  natu- 
relle des  Promérops ,  dont  la  troisième  division  renferme 
la  monographie  des  Grimpars,  et  trois  ans  après  Sonnini  a 
fait  paroitre  sa  traduction  de  POrnithologie  du  Paraguay, 
dans  laquelle  d'Azara  avoit  donné  la  description  de  plusieurs 
pics-grimpereaux. 

Un  assez  grand  nombre  d'espèces  se  trotivoit  ainsi  connu; 
mais  leur  description  particulière  avoit  fait  remarquer  tant 
de  diversité  dans  la  conformation  du  bec,  qu'il  auroit  été 
bien  difficile  d'établir  des  signes  caractéristiques,  sans  for- 
mer des  sections  propres  à  en  faire  disparoitre  les  alterna- 
tives. MM.  Vieillot  et  Temminck  ont  l'un  et  l'autre  préféré. 


pour  le  nom  François  du  genre,  le  mot  pîcuculê  au  mot  grirn- 
par,  imaginé  par  Levaillant,  et  les  caractères  par  eux  assignés 
au  genre  peuvent  être  analysés  en  ces  termes  :  Bec  déprimé 
et  trigone  à  la  base,  comprimé  ou  grêle  à  la  pointe,  sans 
échancrure,  droit  ou  plus  ou  moins  courbé,  presque  sans 
fosses  nasales;  narines  latérales,  ovoïdes  ou  rondes,  situées  à 
la  base  du  bec;  langue  courte,  cartilagineuse,  étroite,  aiguë, 
et  incapable  d'être  poussée  hors  du  bec  ;  trois  doigts  de- 
vant, un  derrière;  les  deux  externes  réunis  k  leur  ba'se  et 
d'égale  longueur,  l'interne  moins  long  et  le  postérieur  plus 
court;  les  ongles  très-arqués  et  sillonnés;  les  ailes  médiocres 
et  la  queue  conique,  à  baguettes  fortes,  terminées  par  des 
piquans. 

M.  Vieillot  n'a  divisé  le  groupe  qu'en  deux  parties  d'après 
la  courbure  ou  la  rectitude  du  bec ,  ce  qui  sépare  les  picu- 
cules  des  talapiofs. 

M.  Temminck  a  formé  quatre  sections,  mais  il  en  a  seule- 
ment indiqué  les  caractères  par  la  citation  de  l'une  des  espèces 
comprises  dans  chacune  d'elles;  et,  comme  ces  espèces  sont 
1."  le gracula  scandens,  2.°  Voriolus  picus,  3.°  le  dendrocolaptes 
procuryus  (probablement  le  grîmpar  nasican)  ,  4.°  le  dendroco- 
laptes xenops,  ou  grimpar  sittelle ,  Lev. ,  pi.  3i  ,  fig.  i  ,  on  a 
lieu  de  penser  qu'il  les  exprimeroit  à  peu  près  ainsi  :  Bec 
courbé  à  l'extrémité  seulement  ;  bec  droit;  bec  trés-courbéj 
bec  retroussé  comme  celui  de  la  sittelle. 

M.  Vieillot  étant  le  seul  qui  ait  distribué  les  espèces  con- 
nues dans  ses  deux  sections,  on  suivra  la  même  marche,  en 
faisant  toutefois  observer  que,  même  pour  les  couleurs,  il 
existe  tant  de  rapports  entre  ces  espèces,  qu'il  est  très-diffi- 
cile de  les  distinguer. 

Les  caractères  physiques  et  moraux  dés  picucules  sont 
d'avoir  les  os  de  la  tête  épais,  durs,  lourds,  et  le  bec  projeté 
de  munière  que  toute  sa  force  répond  au  centre  delà  tête, 
Comme  il  en  est  généralemerit  de  tous  les  oiseaux  qui  piochent 
ou  font  effort  de  cette  partie  pour  se  procurer  leur  subsis- 
tance. Leurs  mandibules  sont  éridées  dans  l'intérieur,  pour 
faire  place  à  la  langue^  qui,  chez  toutes  les  espèces,  est 
cornée,  plate,  triangulaire,  plus  ou  moins  frangée  sur  les 
bords*  La  q[ueue  sert  d'appui  a  l'oiseau ,  qui  s'en  aide  poui* 
4<**  14 


3IO  PIC 

grimper  au  moyen  de  son  élasticité  et  de  la  roideur  de  ses 
pennes,  toutes  terminées  par  une  pointe  cornée.  Chez  ces 
oiseaux  les  muscles  du  cou  sont  très -forts;  les  plumes  sont 
rudes,  sèches;  le  corps  est  nerveux;  la  chair  maigre,  dure 
et  de  mauvais  goût  ;  la  peau  épaisse  et  coriace.  Ils  habitent 
les  grands  bois  et  fréquentent  de  préférence  les  arbres  morts, 
sur  lesquels  ils  trouvent  un  plus  grand  nombre  des  insectes 
et  des  larves  dont  ils  se  nourrissent  ;  mais ,  n'ayant  pas  la 
langue  harponnante  des  pics,  ils  ne  peuvent  que  ramasser, 
à  mesure  qu'ils  montent,  ceux  qui  pullulent  à  la  surface  du 
tronc  et  des  branches,  sous  l'écorce  ou  sous  la  mousse  qu'ils 
détachent.  Ces  oiseaux,  toujours  en  mouvement  et  très- dé- 
fians  ,  se  retirent  dans  des  trous  d'arbres  ,  sans  y  faire  de  nids  ; 
ils  pondent  quatre  ou  six  œufs  sur  la  poussière  du  bois  ver- 
moulu. Lorsque  leurs  petits  ont  pris  l'essor,  ils  rentrent 
tous  les  soirs  avec  le  père  et  la  mère  dans  le  même  trou  qui 
leur  a  servi  de  berceau.  Pendant  le  jour  chacun  vaque  à  ses 
besoins. 

1,'*  Section. 

Bec  plus  ou  moins  arqué. 

PicncuLÊ  proprement  dit  :  Dendrocolaptes  scandens,  Dum.  ; 
Dendrocopus  scandens,  Vieill.;  Gracula  cajennensis ,  Gmel.  ; 
Gracula  scandens,  Lath.;  pi.  enl.  de  Buff.,  n.°  621;  de  Lev. , 
n."  26.  Cette  espèce,  originairement  décrite  sous  le  nom  de 
picucule  de  Cayenne,  a  neuf  à  dix  pouces  de  longueur;  le 
mâle,  dans  son  état  parfait,  a  le  front,  le  dessus  de  la  tête, 
et  le  cou  jusqu'à  la  poitrine,  couverts  de  plumes  rayées  lon- 
gitudinalement  de  roux  clair,  sur  un  fond  brun  roussàtre  ;  on 
voit  sur  tout  le  dessous  du  corps  des  hachures  transversales, 
d'un  brun  roussàtre,  sur  un  fond  plus  clair;  le  haut  du  dos, 
les  scapulaires,  les  couvertures  des  ailes,  les  plumes  uropy- 
giales  sont  d'un  brun  roussàtre;  les  pennes  alaires  et  caudales 
sont  d'un  roux-canelle;  le  bec ,  légèrement  arqué  et  terminé 
par  un  petit  croc ,  est  d'un  brun  noir  ,  jaunissant  vers  la 
pointe  ;  les  pieds  et  les  ongles  sont  d'un  brun  jaunâtre.  Chez 
les  jeunes  la  tête  a  des  raies  transversales  et  non  longitudi- 
nales. 

Grand  Ficucdie  :  Dendrocolaptes  major,  Dum.;  Dendrocopu» 


PIC  2U 

major,  Vieill.;  pi.  2  5  de  Levaillant,  sous  le  nom  de  grand 
Grimpar.  Cet  oiseau,  long  de  douze  pouces  et  demi,  et  qui  se 
trouve  au  Brésil,  a  été  décrit ,  par  d'Azara  ,  sous  le  n."  241. 
Levaillant,  qui  en  a  vu  sept  individus,  a  observé  que  plu-^ 
sieurs  étoient  moins  forts  de  taille  et  se  rapprochoient  ainsi 
de  la  première  espèce,  dont,  en  effet,  Sonnini  ne  regardoif 
celle-ci  que  comme  une  variété;  mais  néanmoins  le  bec  est 
bien  différent;  et,  tandis  que  la  mandibule  supérieure  du 
picucule  proprement  dit  se  termine  en  crochet,  la  cour- 
bure se  continue  sur  toute  la  longueur  chez  l'autre,  qui  est 
étroit   à  sa  base  supérieure  et  long  de  vingt- quatre  lignes. 

Picucule  nasican  ;  Dendrocopus  longirostris ,  Vieill.;  pi.  24 
de  Levaillant ,  sous  le  nom  de  grimpar  nasican  (c'est  proba- 
blement le  dendrocolaples  procurvus  de  M.  Temminck).  Il  sef 
distingue  des  autres  espèces  par  son  bec  très-long,  arrondi 
sur  les  faces  et  dont  la  mandibule  supérieure  est  tez'minée 
par  un  petit  croc.  Le  dessus  de  sa  tête  est  d'un  brun  clair; 
le  derrière  du  cou  porte,  sur  un  fond  d'un  brun  roussâtre, 
deux  bandes  d'un  blanc  sale,  qui,  de  chaque  côté,  remon- 
tent jusqu'aux  yeux;  la  gorge  et  les  joues  sont  blanches; 
les  plumes  du  devant  du  cou  et  de  la  poitrine,  blanches  et 
brunes,  forment  une  sorte  de  marqueterie;  les  parties  infé- 
rieures sont  d'un  roux  pâle;  le  bec  est  jaunâtre  et  les  pieds 
sont  bruns.  Cette  espèce  ,  qui  se  trouve  au  Brésil  et  à  Cayenne, 
et  dont  les  individus  sont  plus  forts  dans  la  première  con- 
trée ,  grimpe  aux  arbres  de  la  lisière  des  grands  bois  et  contre 
les  arbrisseaux  élevés  et  peu  branchus. 

Picucule  enfumé  :  Dendrocolaples fuligino&us ,  Dum.:  Dendro- 
copus fuliginosus ,  Vieill.;  pi.  28  de  Levaillant.  A  l'exception 
de  deux  traits  d'un  roux  clair,  qui  se  font  remarquer  sur 
les  deux  côtés  de  la  tête,  le  plumage  de  cet  oiseau,  qu'on 
trouve  à  Cayenne,  et  qui  est  de  la  taille  du  talapiot,  est  en- 
tièrement de  couleur  de  suie;  son  bec  est  noir  et  ses  pieds 
sont  plombés. 

PicucuLB  brun  :  Dendrocopus  fuscus ,  Vieill.;  Dendrocolaples 
fuscus,  Dum.  Cette  espèce,  qui  a  été  rapportée  du  Brésil, 
par  M.  Delalande  fils,  et  que  M.  Levaillant  a  figurée  sous  le 
nom  de  grimpar  maillé,  pi.  29,  n.°  2,  a  six  pouces  et  demi 
de  longueur  totale;  le  dessus  de  sa  tête  est  d'un  brun  roussâtre. 


fiis  PIC 

marqué  de  petites  taches  jauncàtres;  le  derrière  du  cou  et  k 
dos  sont  d'un  roux- brun  légèrement  olivacé  ;  le  croupion  et 
la  queue  sont  d'un  roux  vif;  la  gorge  est  blanche  et  les  par-* 
lies  inférieures  sont  couvertes  de  plumes  blanches  au  milieu 
et  bordées  de  noir;  les  pieds  sont  bruns  et  le  bec  est  jau- 
nâtre. 

PicLFCULE  flaMbé;  i)e»idrocopi/s  parc/a/ofus,  Vieill.  Cet  oiseau 
de  Cayenne,  figuré  par  Levaillant,  pi.  3o,  sous  le  nom  de 
grimp:ir  flambé ,  est  d'un  brun  terne  sur  la  tête  et  le  cou , 
où  l'on  voit  aussi  des  taches  d'un  roux  jaunâtre  en  forme  de 
larmes;  des  plumes  de  la  même  couleur  et  qui  ressemblent 
à  des  écailles,  couvrent  la  gorge  et  le  devant  du  cou;  le 
haut  du  dos  et  tout  le  dessous  du  corps  sont  d'un  brun  ter- 
i-eux;  les  pieds  sont  bruns,  et  le  bec,  de  couleur  noire,  est 
le  plus  droit  que  présentent  les  espèces  de  cette  famille , 
après  celui  du  talapiot. 

D'Azara  a  décrit  plusieurs  autres  espèces  de  picucules  du 
Paraguay,  dont  M.  Vieillot  a  fait  aussi  mention;  mais,  comme 
il  n'en  existe  ni  dépouilles,  ni  figures,  on  se  contentera  de  les 
indiquer  ici.  Ce  sont  :  le  Picucule  roux  et  brun,  n.°  246  de 
d'Azara ,  Dendrocopus  pjrrhopliius ,  Vieill.;  le  Picucule  a  tête 
GRISE,  n."  244  ,  Dendrocopus  griseicapillus ,  Vieill.;  le  Picucule 
A  BEC  ÉTROIT,  n."  242,  DcTidrocopus  angustirostris )  Vieil!.,  dont 
le  pic-grimpereau  à  bec  court  de  d'Azara,  n.''2i4  3,paroît  àSon- 
nini  ne  pas  différer.  M.  Vieillot  donne  aussi  une  description 
de  deux  picucules  du  Brésil,  sous  les  noms  de  Picucule  a 
GORGE  BLANCHE  et  PicucuLE  MACULÉ,  Dcndrocopus  albicoLUs  et 
JD.  maculatus. 

2."   Section. 

JBec  dt^oit. 

Picucule  TALAPIOT  :  Oriolus  picus,  Gmel.  et  Lath.;  Dendro* 
eolaptes  reclirostris  ,  Dum.  ;  Dendrocopus  rèctirostris  ,  Vieill.  5 
pi.  6o5  de  Buffon,  et  27  des  Prômérops  de  Levaillant.  Cet 
oiseau  de  Cayenne,  qui  est  long  de  sept  pouces,  a  le  bec 
droit,  trigone  et  terminé  en  pointe  mousse.  Le  dessus  de  sa 
tête  et  le  derrièi*e  du  cou  sont  d'un  brun  roux;  les  plumes 
des  côtés,  du  ditvant  du  cou  et  de  la  poitrine  présentent  des 
écailles  blanches,  bordées  de  brun  roussâtre;  les  parties  in- 


PIC  ai5 

férieures  sont  d'un  roux  clair,  et  les  supérieures  d'un  i-oux 
vif:  le  bec  est  jaune  et  les  pieds  sont  de  couleur  de  plomb. 
La  femelle  est  un  peu  plus  petite  que  le  mâle. 

M.  Vieillot  a  décrit  dans  cette  section  deux  autres  espèces, 
savoir:  i.°  le  Talapiot  roix  ,  Dendrocopus  rufus ,  qui  se  trouve 
au  Brésil  et  dont  la  longueur  est  de  six  pouces  et  demi.  Les 
parties  supérieures  du  corps,  les  ailes,  la  queue,  la  gorge, 
sont  d'une  couleur  rousse,  plus  vive  sur  les  sourcils,  les 
joues,  la  gorge  et  les  ailes,  et  rembrunie  sur  le  manleau; 
le  dessus  de  la  tête  est  d'un  gris  sombre;  le  bec  est  noir 
et  les  pieds  sont  bruns;  2."  un  oiseau  décrit  par  M.  d'Azara 
sous  le  n.°  247,  et  sous  la  dénomination  de  Pic- grimpereau 
DORÉ.  L'auteur  espagnol,  en  plaçant  cet  oiseau  à  la  suite 
de  ses  pics-grimpereaux,  ne  se  dissimule  pas  qu'il  s'écarte 
des  caractères  communs  aux  autres  espèces,  en  ce  que  le 
doigt  du  milieu  est  libre  dans  toute  sa  longueur;  mais  il  s'en 
rapproche  par  la  forme  du  bec  et  par  les  piquaus  des  pennes 
caudales.  Au  surplus,  cet  oiseau,  long  de  six  pouces,  a  le 
dessus  de  la  tête  et  du  corps  mordoré  et  presque  tout  1«  reste 
du  plumage  d'une  foible  couleur  d'or;  l'iris  brun;  le  bec, 
noirâtre  en  dessus ,  blanchâtre  en  dessous ,  et  les  tarses  d'un- 
vert  jaunâtre. 

Enfin,  comme  on  Ta  déjà  exposé,  M".  Temminck  forme, 
dans  son  genre  Picucule,  une  section  particulière  du  Grimpar 
siTTELLE  de  Levaillant,  pi.  01  ,  fig.  1  ,  sous  le  nom  de  Dendro- 
colaptes  xenops.  Cette  petite  espèce  se  distingue  des  autres  par 
son  bec  court,  pointu  et  rebroussé  en  l'air,  et  surtout  par  la 
forme  de  sa  queue  très-étagée,  et  dont  toutes  les  pennes, 
terminées  par  une  griffe,  sont  contournées  en  spirale  vers 
le  bout.  C'est  la  Sittine  a  queue  en  spirale,  Neops  spirurus , 
de  M.  Vieillot,  dont  tout  le  plumage  est  d'un  roux  brun  et 
olivâtre,  et  dont  le  bec  et  les  pieds  sont  gris.  (Ch.  D. ) 

PTCUL  {Ornith,)  C'est  au  Paraguay  le  nom  générique  des 
tourterelles,  que  d'Azara  applique  d'une  manière  plus  par- 
ticulière à  l'espèce  par  lui  décrite  sous  le  n.°  524.  (Ch.  D.) 

PICUIPINIMA.  {Ornitlu)  La  petite  tourterelle  du  Brésil, 
décrite  sous  ce  nom  dans  Pison  ,  pag.  &6  ,  et  dans  Marcgrave, 
pag.  204,  est  le  turlur  parvus  americanus  de  Brisson ,  tom.  1  , 


^^^^  PIC 

pag.   ii3,  rapporté  par  lui   au   cocotzin  d'Hernandez   et  de 

Nieremberg;  columha  passerina,  Linn.  et  Temm.  (Ch.  D.) 

PICUIPITA.  {Ornith.)  Les  Guaranis  appellent  ainsi  une 
tourterelle  rougeàtre,  qui  a  été  décrite  par  d'Azara  sous  le 
n.°  325.  (Ch.  D.) 

PICUMAR.  {Ornith.)  Un  des  noms  vulgaires  du  pic  vert, 
picus  viridis ,  Linn.,  qui  s'écrit  aussi  piinard  ou  pieumart. 
(  Ch.  d.  ) 

PICUPIOLO.  {Ornith.)  Nom  italien  du  martin-pêcheur  ou 
alC3'on  commun,  alcedn  ispida,  Linn.  (Ch.  D.) 

PICUS.  (Ornith.)  Nom  générique  despics  en  latin.  (Ch.  D.) 

PIDIP.  {i'i.nith.)  C'est  le  nom  générique  des  perruches  à 
la  Nouvelle-Calédonie.  (Ch.  D.) 

PIDSCHIAN.  {Ichthj'ol.)  Nom  spécifique  d'un  Corrégone, 
décrit  dans  ce  Dic/ionnaire.  (H.  C.) 

PIE.  {Conchjl.)  Nom  marchand  d'une  espèce  de  sabot,  T. 
pica,  parce  qu'à  la  suite  d'un  certain  degré  d'usure  de  sa 
surface  on  lui  donne  une  couleur  noire  et  blanche.  (De  E.) 

PIE,  Pica.  {Ornith.)  Le  babil  continuel  de  notre  pie  a 
rendu  cet  oiseau  célèbre;  sa  pétulance  et  son  incommodité, 
soit  dans  Pétat  de  liberté,  soit  dans  Pétat  privé,  l'ont  fait 
connoître  de  tout  le  monde.  On  peut  grouper  autour  de 
lui  plusieurs  espèces  étrangères,  qui  se  distinguent  des  cor- 
beaux, par  leur  queue  longue  et  étagée,  par  la  brièveté  de 
leurs  ailes,  et  par  la  forme  du  bec  dont  la  mandibule  supé- 
rieure est  la  seule  qui  soit  arquée.  Les  geais  diffèrent  des 
pies  parleur  bec  à  mandibules  égales,  courbées  également  et 
subitement  à  leur  extrémité;  leur  queue  est  courte,  égale,  et 
les  plumes  de  leur  tête,  qu'ils  relèvent  facilement  en  huppe 
dans  la  colère,  leur  donnent  une  physionomie  très-différente. 

La  Pie  ordinaire  (Buff.  ,  pi.  enlum.  148,  Corvus  pica) ,  a 
le  dos  noir,  à  reflets  verdàtres  et  cuivrés;  la  tête  et  la  poi- 
trine d'un  noir  velouté;  le  ventre  blanc;  le  bec  et  les  pieds 
noirs;  les  plumes  de  Paile  ont  leur  barbules  internes  blanches  ; 
les  scapulaîres  sont  de  même  d'un  blanc  pur.  Les  parties 
noires  varient  en  brun  dans  quelques  individus.-  nous  avons 
des  pies  toutes  blanches. 

La  femelle  diffère  du  mâle  par  des  reflets  un  peu  moins 
brillans;  elle  est  très-ardente  pour  lui;  elle  a  aussi  un  très- 


PIE  ^»5 

grand  amour  pour  ses  petits  qu'elle  soigne  avec  beaucoup  de 
sollicitude ,  et  qu'elle  défend  par  son  courage  contre  les  cor- 
beaux et  les  corneilles,  et  par  la  ruse  contre  les  faucons, 
les  buses,  et  autres  oiseaux  de  proie  beaucoup  plus  forts 
qu'elle;  elle  construit  son  nid  au  plus  haut  des  arbres,  avec 
de  petites  branches  d'arbres  cimentées  avec  de  la  boue  ;  le 
mâle  l'aide  dans  cette  fatigue,  et  on  dit  même,  qu'il  partage 
avec  elle  les  soins  de  l'incubation.  Le  fond  du  nid  est  garni 
d'un  matelas  épais  de  duvet  mou  et  chaud,  sur  lequel  elle 
dépose  de  cinq  à  sept  œufs  bleus-verdâtres ,  tachetés  irrégu- 
lièrement de  noir.  Les  petits  de  la  pie  se  noxament  piats ;  ils 
naissent  aveugles  et  très-informes. 

La  pie  est  un  oiseau  vorace ,  omnivore,  qui  fait  de  grands 
dégâts  dans  les  vergers;  elle  mange  les  œufs  et  même  les 
peti's  des  autres  oiseaux,  et  on  s'est  autrefois  servi  de  son 
ardeur  pour  la  dresser,  comme  les  corbeaux,  pour  la  chasse. 
Elle  apprend  à  parler  avec  facilité;  le  nom  de  Margot  est 
celui  qu'elle  paroît  prononcer  le  plus  facilement,  ce  qui  le 
lui  a  fait  donner  dans  quelques  provinces  de  la  France.  Les 
chasseurs  parlent  aussi  avec  beaucoup  d'assurance  de  sa  mer- 
veilleuse aptitude  pour  les  connoissances  arithmétiques  qui 
vont  jusqu'au  nombre  cinq. 

La  pie  ne  mue  qu'une  fois  par  an  ;  les  plumes  du  corps 
tombent  peu  à  peu,  mais  la  tête  se  dépouille  tout  à  la  fois. 

La  pie  est  très-commune  dans  les  climats  tempérés  et  froids 
de  l'Europe;  cependant  elle  ne  s'avance  pas  très  au  Nord, 
on  ne  la  trouve  plus  en  Laponie,  et  elle  ne  s'élève  pas  très- 
haut  sur  les  montagnes;  elle  est  aussi  très- commune  dans 
les  Etats  -  Unis  ;  nous  avons  reçu  au  cabinet  du  Roi  des 
individus  venus  de  Philadelphie,  qui  sont  entièrement  sem- 
blables à  ceux  d'Europe. 

La  Pie  dd  Sénégal  (Buff.,  538,  et  mieux,  Levaill.,Afr. ,  64, 
6OUS  le  nom  de  Piacpiac;  Corvus  senegalensis ,  Gmel.)  est  toute 
noire,  lustrée  à  reflets  un  peu  cuivrés;  les  barbes  externes  de 
l'aile  et  de  la  queue  sont  roussàtres.  Le  mâle  a  le  bec  noir. 
la  femelle  l'a  blanchâtre  à  sa  base  et  noir  à  sa  pointe;  elle 
a  aussi  la  queue  plus  courte. 

Cette  pie  a  la  queue  très-pointue,  et  ses  ailes  sont  moins 
courtes  que  celles  de  notre  pic  d'Europe  ;  aussi  cette  espèce 


«i6  PIE 

africaine  vole  beaucoup  mieux.  Levaillant  l'a  vue  dans  le 
pays  des  grands  Namaquois.  Cet  oiseau  se  perche  sur  le  haut 
des  plus  grands  arbres,  et  vit  par  bandes,  composées  d'une 
vingtaine  d'individus  ;  on  le  trouve  au  Sénégal  et  dans  le 
Sennaar,  d'où  M.  Cailliaud  l'a  rapporté. 

La  Pie  a  culotte  de  peao  (Levaill. ,  Afr. ,  55  ;  Corvus  octopen- 
natus,  Daud.)  est  une  espèce  très-voisine  de  la  précédente, 
que  Levaillant  a  vue  dans  le  cabinet  de  M.  Ray  de  Breuke- 
lerward,  à  Amsterdam  :  il  a  cru  que  cet  oiseau  venoit  des 
îles  de  la  mer  du  Sud.  Ses  formes  sont  semblables  à  celles 
du  piacpiac  ;  tout  le  corps  est  d'un  noir  luisant,  à  reflets 
bleuâtres,  excepté  l'abdomen,  qui  est  d'un  roux  clair,  comme 
celui  que  l'on  voit  sur  notre  huppe  commune  {upupa  epops, 
Linn.  )  ;  quelques  plumes  de  l'aile  sont  bordées  de  rous- 
sàtre. 

La  Pie  rousse  (Levaill.,  Afr.  99;  Cori>us  rufus,  Daud.)  vient 
du  Bengale  et  de  Java. 

La  tête  et  la  poitrine  sont  d'un  noir  cendré;  le  dos  et  l'ab- 
domen jaunâtres;  les  ailes  noires  avec  les  épaulettes  blanches  ; 
la  queue  est  noire  aA'^ec  une  bandelette  blanche  près  de  l'ex- 
trémité de  chaque  penne  :  les  deux  mitoyennes  sont  aussi 
presque  blanches.  Le  bec  est  noir,  plus  court,  plus  haut, 
plus  arqué  que  celui  de  notre  pie  commune.  Les  pieds  sont 
bruns;  le  corps  est  plus  grêle  que  celui  de  la  pie,  et  la 
taille  de  l'oiseau  est  beaucoup  plus  petite. 

La  Pie  de  la  Nouvelle- Çalédonie  (Labill.,  Voy. ,  pi.  19; 
Corvus  caledonicus ,  Lath.j  est  un  oiseau  rare,  que  M.  La- 
billardière  a  fait  connoître  en  France. 

Elle  a  la  tête  et  le  dos ,  les  ailes ,  le  ventre  et  la  queue  d'un 
noir  profond  ;  la  couleur  triste  de  ce  plumage  tranche  avec 
le  blanc  pur  du  cou  et  de  la  poitrine.  Le  bec  est  noir,  et 
blanchâtre  à  sa  pointe.  Sa  taille  est  plus  petite  que  celle  de 
notre  pie. 

La  Pie  bleu-de-ciel  (Temm.  et  Laug. ,  pi.  col.,  168:  Corvus 
azureus)  est  une  des  plus  belles  espèces  de  ce  genre.  Ce  magni- 
fique oiseau,  un  peu  plus  fort  que  notre  pie,  a  la  tête  et  la 
poitrine  noires  ;  le  reste  du  corps  est  d'un  beau  bleu-de- 
ciel  ,  excepté  le  dessous  de  la  queue  qui  est  noir.  Le  bec  est  de 
la  forme  de  celui  de  notre  pie,  et  noir  :  les  pieds  sont  de 


PIE  217 

couleur  de  corne;  dans  la  jeunesse,  il  est  gris  noirâtre.  On 
trouve  cette  espèce  au  Brésil  et  au  Paraguay. 

D'Azara  qui  a  vu  cette  pie  au  Paraguay,  l'a  décrite,  t.  3 , 
p.  i55,  sous  le  nom  que  nous  lui  avons  conservé;  nous  croyons 
qu'il  a  fait  connoitre  le  jeune  sous  le  nom  de  pie  bleue,  pag. 
164  :  les  Guaranis  nomment  ce  jeune  âge,  acahé  hu ,  c'est-à- 
dire,  acahé  noir.  Le  cri  de  cette  pie  est  représenté  parles 
syllabes  cheu  cheu  cheu.  Elle  se  tient  auprès  des  habitations 
et  mange  la  viande  qui  y  est  accrochée.  La  femelle  pond  des 
œufs  blancs  teintes  de  bleuâtre  et  marbrés  de  taches  brunes 
rougeâtres.  D'Azara  n'en  dit  pas  le  nombre. 

La  Pie  bleue  a  tkte  noire  (Levaill. ,  Afr. ,  58  ;  Corvus  mêla- 
nocephalus ,  Daud.)  est  une  belle  espèce  que  Levaillant  nous 
a  fait  connoître.  Elle  a  la  tête  noire,  le  dos  bleu,  le  ventre 
gris -cendré;  les  ailes  et  la  queue  bleues  avec  une  tache 
blanche  à  l'extrémité   de  plusieurs  pennes. 

Levaillant  dit  que  ce  bel  oiseau  vient  de  la  Chine. 

La  Pie  bleue  (Levaill. ,  Afr.,  67;  Corvus  cjaneus,  Gmeh;  Cor- 
vus  erjihrorhjnchos ,  Daud.,  et  peut-être  Corvus  africanus, 
Lath.)  a  la  tête  et  la  poitrine  d'un  noir  bleuâtre;  les  ailes 
et  le  dos  d'un  bleu  de  ciel  ;  le  ventre  blanc ,  teinté  de 
bleu;  la  queue  très-longue,  d'un  beau  bleu,  avec  l'extrémité 
de  chaque  penne  blanche;  le  bec  et  les  pieds  rouges.  Ce  bel 
oiseau  a  le  corps  plus  grêle  que  la  pie;  il  vient  du  Bengale. 
Buffon  en  a  donné  une  figure  inexacte  à  la  planche  622. 
Il  lui  manque  les  deux  longues  plumes  de  la  queue.  Daudin 
en  a  publié  une  très-bonne  pour  les  formes,  dans  son  Traité 
d'ornithologie,  pi.  XV.  La  meilleure  de  toutes  est  celle  de 
Levaillant,  que  nous  avons  citée. 

La  Pie  coeffe  blanche  (Buff.,  pi.  enl.  SyS;  Corvus  cajanus, 
Gmel.)  a  été  rangée  parmi  les  geais  par  Buffon  ;  mais  la 
queue  étagée ,  et  l'ensemble  même  des  couleurs,  doivent 
rapprocher  cet  oiseau  des  pies.  Il  a  le  front,  la  gorge  et  le 
haut  de  la  poitrine  noires  ;  les  moustaches  blanches ,  ainsi  que 
le  derrière  du  cou  et  le  ventre;  le  dessus  du  dos  bleu  cen- 
dré ;  les  ailes  bleues,  ainsi  que  la  queue,  qui  est  terminée 
de  blanc. 

Taille  de  notre  pie  pour  le  corps,  mais  la  queue  plus 
courte. 


2lB  pi£ 

La  Pie  houppette  (Temm.  et  Laug. ,  pi.  col.  1 90;  Corvus  cris- 
tatellus)  nous  vient  du  Brésil.  Cette  belle  pie  a  la  tête  et  la 
poitrine  d'un  brun  noirâtre,  et  le  ventre  blanc.  Les  plumes 
qui  sont  à  la  base  du  bec  supérieur,  sont  plus  longues  que 
les  autres,  et  s'élèvent  sur  la  tête  en  une  sorte  de  petite  ai- 
grette flottante  ;  les  ailes  sont  bleues  ;  la  queue  bleue  à  sa 
naissance,  est  ensuite  toute  blanche,  elle  est  plus  courte  et 
moins  élagée  que  dans  les  autres  espèces;  le  bec  est  corné, 
plus  haut,  plus  court,  plus  arqué  que  celui  de  notre  pie. 
Le  prince  de  Neuwied  a  trouvé  cette  espèce  dans  ses  voyages, 
et  il  l'avoit  nommée  Corvus  cjanoleucus. 

La  PiE  ACAHÉ  (d'Az.  ;  Temm.  et  Laug. ,  pi.  col.,  58  ;  Corvus 
pî7eafj/5,  Illig. ).  Ce  nom  à'acàhé  est  générique  au  Paraguay 
pour  les  diverses  espèces  de  pies.  D'Azara  l'a  donné  à  celle- 
ci  ,  particulièrement  parce  qu'elle  y  est  la  plus  commune. 
Un  caractère  remarquable  de  cet  oiseau  ,  c'est  d'avoir  les 
plumes  de  la  tête  serrées  comme  dans  les  oiseaux  de  paradis; 
et  comme  elles  sont  longues,  elles  forment  une  sorte  de 
casque.  Le  dessus  de  la  tête  ,  la  gorge  et  la  poitrine  sont 
noirs.  L'occiput  est  blanchâtre  ;  cette  couleur  passe  au  bleu 
tendre  et  cendré  sur  le  cou,  et  devient  bleu  d'azur  sur  le 
dos,  les  ailes  et  la  partie  antérieure  de  la  queue,  qui  est  ter- 
minée par  une  large  bande  blanche;  au-dessus  et  au-dessous 
de  l'œil,  il  y  a  une  tache  d'un  beau  bleu  d'azur. 

D'Azara  décrit,  p.  162,  les  habitudes  de  cet  oiseau  :  elles 
sont  semblables  à  celles  de  notre  pie.  Le  mâle  et  la  femelle 
sont  très -tendres  l'un  pour  l'autre.  Leurs  œufs  sont  blancs, 
teintés  de  bleu  terreux  et  tachetés  de  brun. 

La  Pie  geng  (Temm.  et  Laug.  ,  pi.  col.  16g;  Cornus  cjano- 
gogon,  prince  Max.)  vit  aussi  au  Brésil;  elle  est  plus  petite 
que  notre  pie  et  ressemble  au  premier  aspect  à  l'espèce  pré- 
cédente, mais  elle  est  facile  à  distinguer  quand  on  examine 
les  plumes  du  sommet  de  la  tête;  elles  sont  longues,  eflilées, 
mobiles  et  susceptibles  de  se  relever  en  huppe  à  la  manière 
de  nos  geais,  avec  lesquels  cette  espèce  a  beaucoup  de  rap- 
ports. Lqs  couleurs  diffèrent  d'ailleurs  peu  de  celles  de 
j'acahé  ;  le  dessus  de  la  tête,  la  gorge  et  la  poitrine  sont 
ijoirs. 

L'occipui  est  bîanchâtre,  teinté  de  bleu,  et  passe  insensi- 


PIE  219 

hiement  au  f)leu  d'azur  qui  colore  le  dos  :  les  ailes  sont 
bleuâtres;  la  queue  est  noirâtre,  et  terminée  par  une  bande 
blanche  :  le  sourcil  et  la  moustache  sont  d'un  bleu  foncé. 
Dans  la  planche  coloriée  de  MM.  Temminck  et  Laugier,  la 
couleur  du  do?  et  des  ailes  nous  paroît  trop  brune;  et  celle 
du  ventre  est  beaucoup  trop  blanche  :  nous  avons  eu  un 
bel  individu  vivant,  dont  le  ventre  étoit  Jaune-pàle  et  lustré. 

La  Pie  OLIVE  {Coryus  olivaceus ,  Lath.),  dont  nous  ne  pou- 
vons citer  de  figure,  est  la  plus  petite  espèce  du  genre.  Elle 
habite  à  la  Nouvelle -Hollande.  Son  dos  est  vert-olive  assez 
foncé;  la  couleur  de  la  tête,  de  la  gorge,  de  la  poitrine  et 
des  côtés  de  l'abdomen  ,  est  noire  ;  celle  des  moustaches 
ainsi  que  celle  du  milieu  du  ventre,  est  blanche;  la  queue, 
noirâtre  en  dessous,  a  l'extrémité  de  chaque  plume  blanche. 
Cet  oiseau,  dont  nous  ignorons  les  mœurs  ,  est  de  la  taille 
d'un  merle.  (Valenc.) 

PIE  AGASSE  et  PIE  AJASSE.  (Ornith.)  Ces  noms  vul- 
gaires ont  été  donnés  aux  oiseaux  du  genre  des  PiE-cRiÈcHEi. 
(Desm.) 

PIE  DES  ANTILLES,  de  Dutertre.  (Ornith.)  C'est  le  Rol- 
LIER  DES  Antilles.   (Desai.) 

PIE  AUCROUELLE.  (Ornith.)  L'un  des  noms  vulgaires 
de  la  pie-grièche  écorcheur.  (Desm.) 

PIE  DES  BOULEAUX.  {Ornith.)  Le  rollier  d'Europe  a 
quelquefois  été  désigné  sous  ce  nom.  (  Desm.  ) 

PIE  DU  BRÉSIL.  (Ornith.)  Le  Cassique  jaune  dans  Belon  , 
et  le  Toucan  a  gorge  blanche  de  Brisson,  ont  également  reçu 
ce  nom.  (Desm.) 

PIE  CORNUE  D'ETHIOPIE.  {Ornit]i.)  C'est  le  calao  du 
Malabar.  (Desm.) 

PIE  A  COURTE  QUEUE  DES  INDES  ORIENTALES. 
[Ornith.)  Cette  désignation  a  été  quelquefois  appliquée  aux 
brèves.  (  Desm.  ) 

PIE-CRINI.  (Ornith.)  On  appelle  ainsi  à  Nantes  la  pie- 
grièche  grise  ou  commune  ,  lanius  excuhitor,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIE-CROI.  (Ornith.)  Nom  angevin  des  pie  -  grièches. 
(Desm.  ) 

PIE  CRUELLE.  (  Ornith.  )  Aux  environs  d'Orléans  on 
nomme  ainsi  la  Pie -crièche  grise.  (Desm.) 


220  PIE 

PIE  DE  SAINT-DOMINGUE.  (Ornith.)  "Nom  du  tacco 
dans  les  Antilles  françoises ,  selon  le  père  Feuillée.  (Desm.) 

PIE  ESCRAYÈRE.  (Ornith.)  La  pie-grièche  écorcheur  a 
reçu  ce  nom  dans  plusieurs  lieux.   (Desm.) 

PIE  GRIVELËE.  {Ornith.)  Le  casse-noix  ordinaire,  corvus 
caryocatactes,  Linn.,  est  ainsi  nommé  par  quelques  auteurs. 
(Ch,  D.) 

PIE  DES  INDES.  (  Ornith.  )  La  brève  de  Ceilan  a  quel- 
quefois reçu  ce  nom.  (Desm.) 

PIE  DES  INDES  A  QUEUE  FOURCHUE.  {Ornith.)  C'est 
le  Drongo- FiNGAH.   (Desm.) 

PIE  DE  LA  JAMAÏQUE.  {Ornith.)  L'un  des  noms  du 
quisquale  versicolor.  (Desm.) 

PIE  MATAGESSE.  {Ornith.)  Nom  vulgaire  delà  pie-grièche 
rousse.  (Desm.) 

PIE  DE  MER.  {Ornith.)  Ce  nom,  vulgairement  donné  à 
l'huîtrier,  hœmatopus  ostralegiis,  Linn.,  a  été  mal  à  propos 
appliqué,  ainsi  que  celui  de  pie  des  bouleaux,  au  rollier 
commun,  coracias  garrula ,  Linn.  (  Ch.  D.) 

PIE  DE  MER  A  GROS  BEC.  (  Ornith.  )  Ce  nom  désigne , 
dans  Albin,  le  macareux,  alca  arctica ,  Linn.  (  Ch.  D.) 

PIE  DE  MER  DES  ISLES  MALOUINES.  {Ornith.)  Ce  nom 
paroît  être  donné  à  une  espèce  de  pluvier,  dans  le  Voyage 
de  Bougainville.  (Ch.  D.) 

PIE  DU  MEXIQUE  (Grande].  {Ornith.)  L'un  des  noms 
appliqués  au  grand  quisquale.  (Desm.) 

PIE  DE  MONTAGNE.  (  Ornith.  )  Le  couroucou  damoi- 
seau, trogon  roseigaster ,  Vieill. ,  porte  ce  nom  dans  certains 
cantons  de  Saint-Domingue.  (Ch.  D.  ) 

PIE  DE  MONTAGNE.  {Ornith.)  La  pie-grièche  grise  a 
reçu  ce  nom.  (Desm.) 

PIE  DE  L'ISLE  PAPOÉ.  {Ornith.)  C'est  la  Vardiole. 
(Desm.) 

PIE  DE  PARADIS.  {Ornith,)  Le  platyrhynque  blanc  huppé 
a  été  nommé  ainsi.  (Desm.) 

PIE  A  PENDELOQUES,  de  Daudin.  {Ornith.)  Voyez  l'ar- 
ticle Philédon.  (Desm.) 

PIE  PIE-GRIECHE.  {Ornith.)  Oiseau,  dont  M.  Vieillot  a 
formé  le  type  de  son  genre  Pillurion.  (Desm.) 


PIE  221 

PIE  DES  SAPINS.  (  Ornith.  )  Un  des  noms  vulgaires  du 
casse-noix  ordinaire,  corvus  caryocatactes  ,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIE  DES  SAVANES.  (Ornith.)  L'oiseau  auquel  ce  nom  a  été 
donné  j  est  le  tocco ,  de  la  famille  des  coucous,  cuculus  velula, 
Linn.,  et  cuculus  pluvialis ,  Grael. ,  dont  M.  Vieillot  a  formé 
le  genre  Saurothera.  (  Ch.  D.) 

PIE-GRIÈCHE,  Lanias.  [Ornith,)  Ce  genre  d'oiseaux,  tel 
que  les  ornithologistes  le  caractérisent  maintenant,  se  compose 
d'un  grand  nombre  d'espèces,  dont  le  lec  est  médiocre,  fort  ;  à 
arête  supérieure,  droite,  arrondie;  à  pointe  fortement  arquée  et 
crochue,  et  précédée  d'une  échancrure  profonde.  Les  pieds  ont 
trois  doigts  devant  et  un  derrière;  les  ailes  sont  de  moyenne 
longueur.  On  peut  les  diviser  en  trois  sections,  ainsi  que  l'a 
fait  Levaillant  :  les  unes  ont  les  ailes  longues  et  le  bec 
plus  fort;  elles  volent  bien  et  sont  très- portées  à  la  chasse: 
les  autres  ont  les  ailes  plus  courtes,  arrondies;  leur  bec  est 
plus  foible ,  leurs  mœurs  plus  douces  ;  on  les  voit  moins 
sortir  des  buissons,  où  elles  se  tiennent  cachées  pendant  la 
plus  grande  partie  du  jour:  celles  de  la  troisième  section 
ont  le  corps  ramassé,  trapu,  et  la  queue  très- courte;  leur 
bec  est  foible.  Le  genre  des  Pie-grièches,  tel  que  Linnaeus 
l'avoit  formé ,  se  composoit  d'espèces  très-disparates ,  et  qui 
ont  été  reportées  dans  les  genres  qui  leur  convenoient,  ou 
qui  ont  servi  de  type  à  plusieurs  genres  nouveaux. 

Ainsi  M.  Cuvier  a  d'abord  séparé  les  Cassicans  ,  qui 
ont  le  port  et  la  taille  des  corbeaux,  mais  qui  sont  denti- 
rostres  ;  les  Vanga  de  BufFon,  ou  Tamnophilus  de  M.  Tem- 
minck,  le  cèdent  à  peine  aux  cassicans  par  leur  taille,  et  se 
reconnoissent  à  leur  bec  comprimé.  Ils  sont  propres  à  l'Amé- 
rique méridionale,  ainsi  que  les  Bécardes  à  bec  arrondi;  ces 
deux  genres  remplacent  dans  cette  partie  du  nouveau  monde 
les  véritables  pie-grièches,  que  Ton  n'y  rencontre  que  très- 
rarement  :  les  Choucaris  (Graucalus) ,  les  Béthyles  {Bethjlus)  , 
les  Drongos  [Edolius) ,  les  Échenilleurs  (Ceblephjris) ,  sont 
aussi  des  démembremens  des  pie-grièches  ;  mais  ce  genre,  tel 
qu'il  reste  encore  composé,  réunit  un  grand  nombre  d'espèces , 
dont  les  unes  conduisent  aux  merles,  et  les  autres  aux  becs- 
fins,  d'une  manière  insensible,  principalement  par  les  es- 
pèces de  la  troisième  section.  Leurs  mœurs  et  leur  nourri- 


PIE 

ture  insectivore  montrent  aussi  leurs  rapports  naturels  avec 
les  divers  genres  que  nous  venons  de  citer. 

Leur  courage  et  leur  activité  à  la  chasse  les  rapprochent 
des  oiseaux  de  proie  ;  car  plusieurs  excercent  aussi  leurs 
rapines  sur  les  petits  oiseaux. 

Nous  avons  en  Europe  cinq  espèces  de  pie-grièches. 

La  PiE-GRiÈcHE  GHisE,  Buff. ,  pi.  cnl.  ^/^S  [Lanius  excuhUor , 
Linn.).  a  la  tête,  la  nuque  et  le  dos  d'un  beau  cendré  clair; 
une  bande  noire,  qui  va  de  l'angle  du  bec  à  l'oreille,  en  pas- 
sant sous  l'œil:  le  dessous  du  corps  d'un  blanc  pur;  les  ailes 
et  la  queue  noires  et  variées  de  blanc.  La  lemeile  a  le  ven- 
tre plus  gris;  les  jeunes  ont  le  ventre  rayé  de  gris  foncé.  Cet 
oiseau  offre  aussi  des  variétés  toutes  blanches.  Il  habite  dans 
presque  toute  l'Europe:  sédentaire  dans  quelques  contrées,  il 
est  de  passage  dans  d'autres;  il  vit  dans  les  bois  et  buissons;  se 
nourrit  de  petits  mulots,  de  souris,  de  grenouilles,  de  lézards 
et  d'insectes  :  il  niche  sur  les  arbres  dans  l'enfourchure  des 
branches  près  le  tronc;  son  nid  est  proprement  fait,  et  la 
femelle  y  dépose  cinq  à  six  œufs  blancs,  marqués  de  brun  au 
bout  le  plus  gros.  Les  mâles  prennent  beaucoup  de  soin  pour 
élever  leur  famille,  et  montrent  un  grand  courage  dans  la 
défense  de  leurs  petits  :  une  pie-grièche  attaque  un  corbeau 
avec  tant  de  vigueur,  que  souvent  elle  le  force  à  s'éloigner 
du  nid. 

La  PiE-GRTÈCHE  MÉRIDIONALE  {Lanius  mendionalis ,  Temm.  ) 
est  une  espèce  qui  n'a  été  distinguée  que  dans  ces  derniers 
temps.  M.  Temminck ,  qui  l'a  décrite  dans  son  Manuel,  t.  i  , 
pag.  143,  la  caractérise  ainsi  :  Tête,  nuque  et  manteau  d'un 
cendré  très-foncé:  gorge  d'un  blanc  vineux;  toutes  les  autres 
parties  grises,  avec  une  légère  teinte  vineuse;  elle  diffère 
du  reste  très-peu  de  notre  pie-grièche  grise;  sa  taille  est 
toujours  plus  forte.  On  ne  sait  rien  des  habitudes  de  cet  oi- 
seau, qui  est  propre  à  la  Provence,  à  l'Italie,  à  la  Dalmatie  , 
à  l'Espagne  et  même  à  l'Egypte. 

Les  États-Unis  d'Amérique  ont  une  pie-grièche  très -voi- 
sine dé  celle-ci,  que  Wilson  a  représentée,  tome  3,  pi.  22^ 
îjg.  5.  Ses  couleurs  sont  absolument  les  mêmes  que  celles  que 
nous  observons  sur  notre  pie-grièche  grise;  mais  nous  croyons 
remarquer  que  la   queue  de  Pespèce  d'Amérique  est  plus 


PIE  225 

longue  que  celle  de  notre  pie-grièche  :  Wilson  l'a  nommé 
le  lanius  carolinensis. 

La  Pie-grièche  d'Italie,  Buff. ,  pi.  enl.,  32,  fig.  i  ,  ou  la  Pie- 
grièche  A  POITRINE  ROSE,  Tcmm.  {Lanius  minor,  Gmel.  ;  Lanius 
italicus ,  Shaw) ,  a  le  dos  gris,  le  front  et  les  joues  noirs;  la  poi- 
trine rose;  la  gorge  et  le  ventre  blancs;  les  ailes  et  la  queue 
noires,  mêlées  de  blanc  :  la  femelle  a  le  rose  plus  terne;  les 
jeunes  n'ont  pas  de  bandeau  noir  sur  le  front,  et  n'ont  pas 
de  rose  sur  la  poitrine.  Cette  espèce,  plus  petite  que  la  pré- 
cédente, habite  l'Italie,  l'Espagne,  l'Archipel  :  elle  est  rare 
en  France,  plus  en  Hollande,  quelquefois  cependant  elle  se 
répand  en  Allemagne  et  va  même  jusqu'en  Russie. 

La  PiE-GRiÈCHE  ROUSSE,  Buff. ,  pi.  cnl.  9,  et  Levain. ,  Afr., 
63  [Lanius  ru/us,  Briss.  )  ,  a  le  front,  le  tour  des  yeux  et  les 
oreilles  noirs;  le  derrière  de  la  tête  d'un  roux  très-vif;  les 
scapulaires,  le  miroir  de  l'aile  et  le  dessous  du  corps  d'un 
blanc  pur;  la  queue  noire,  avec  une  tache  blanche  sur  le 
bord  interne  de  chaque  penne  vers  l'extrémité.  La  femelle 
a  le  roux  de  la  tête  linéolé  de  gris;  les  jeunes  sont  rayés  de 
gris  sous  le  ventre  et  de  brun-roux  sur  le  dos;  les  ailes  et  la 
queue  sont  d'un  brun  noirâtre. 

Cette  espèce,  très -commune  en  Europe,  Pest  aussi  en 
Afrique,  depuis  PEgypte  jusqu'au  cap  de  Bonne -Espérance; 
elle  niche  dans  les  buissons  et  pond  six  œufs  verdàtres,  tache- 
tés de  points  cendrés,  inégaux  et  nombreux. 

La  PiE-CRiÈcHE  ÉcoRCHEUR ,  BufF. ,  pi.  eul.  3 1  ,  1  et  2 ,  et  Lev. , 
Afr.,  64,  a  le  dessus  de  la  tête,  le  haut  du  dos  et  le  crou- 
pion cendrés;  du  noir  autour  de  l'œil  et  sur  le  devant  des 
oreilles  ;  le  dos  et  les  couvertures  de  Paile  de  couleur  marron  ; 
la  poitrine  et  les  flancs  rosés;  la  gorge  et  Pabdomen  d"un  blanc 
pur;  les  ailes  noires,  bordées  de  blanc  :  la  femelle  a  les  mêmes 
couleurs,  mais  elles  sont  plus  ternes;  la  poitrine  est  toute 
blanche.  Bufl"on  a  donné  cette  femelle  comme  celle  de  Pespèce 
précédente.  Les  jeunes  ont  le  croupion  roux,  rayé  de  petites 
lignes  brunes.  Cet  oiseau  se  nourrit  d'insectes  et  de  petits  lé- 
zards; il  niche  dans  les  buissons,  et  y  pond  cinq  ou  six  œufs 
obtus,  roses  ,  tachetés  de  rougeâtre.  On  trouve  cette  espèce 
répandue  dans  toute  PEurope  ,  dans  toute  PAfrique  ,  et,  sui- 
vant M.  Temminck  ,  dans  l'Amérique  méridionale. 


224  PIE 

La  PiE-GRiÈCHE  FISCAL,  Buff. ,  pi.  cnl.  477,  et  mieux  Lev., 
Afr.,  61  ;  Lanius  collaris  ,  Gmel.  Cet  oiseau  ,  de  la  grosseur 
de  notre  pie  -  grièche  grise,  a  la  tête,  le  derrière  du  cou 
et  le  manteau  d'un  brun  noirâtre;  les  ailes  noires,  avec  un 
miroir  blanc  sur  le  milieu  des  grandes  pennes,  qui  sont  bor- 
dées de  blanc;  la  queue,  plus  longue  et  plus  large  que  celle 
de  la  pie-grièche  grise  [lanius  excubitor) ,  avec  ses  deux  pennes 
moyennes  noires ,  les  latérales  prenant  plus  de  blanc  à  me- 
sure qu'elles  sont  plus  extrêmes,  et  les  deux  pennes  latérales 
étant  tout- à -fait  blanches.  Cette  espèce  est  fort  commune 
dans  les  bois  et  dans  les  jardins  du  cap  de  Bonne -Espérance; 
elle  est  occupée  tout  le  jour  à  chasser  les  insectes,  et  elle 
en  prend  un  si  grand  nombre  qu'elle  ne  sauroit  les  dévorer, 
aussitôt  qu'elle  s'en  saisit;  mais  elle  les  conserve,  en  les 
piquant  à  une  pointe  d'un  arbre  épineux ,  ou  en  les 
fixant  dans  la  fourche  de  deux  petites  branches  d'un  buisson. 
Cette  chasse  continuelle  est  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
Ae  fiscal,  par  les  colons  lioUandois  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. 

La  Pie -GRIÈCHE  brubru  ,  Levaill.,  Afi\,  71  {Lanius  cap  ensis , 
Gmel.),  est  une  petite  pie-grièche  du  Cap,  dans  laquelle  le 
sommet  de  la  tête  et  du  cou  sont  noirs;  le  dos  est  de  la 
même  couleur,  mais  avec  de  grandes  taches  blanches;  un 
trait  blanc  part  de  la  base  du  bec  et  remonte  sur  le  sourcil, 
s'élargit  sur  le  cou,  et  y  forme  une  grande  tache  blanche; 
le  dessous  du  corps  est  blanc;  les  ailes  sont  noires,  avec 
une  bande  transversale  blanche  ,  formée  par  l'extrémité 
blanche  des  plumes  des  moyennes  couvertures  ;  la  queue , 
arrondie,  est  noire  et  bordée  de  blanc.  Les  jeunes  ont  le 
blanc  sali  de  roux,  même  sous  les  parties  inférieures. 

Le  nom  de  brubru  est  une  imitation  du  cri  de  cette  pie- 
grièche  ,  qui  fait  son  nid  sur  les  mimosas  :  elle  dépose  cinq 
œufs  blancs ,  tachetés  de  roussâtre. 

La  PiE-GRiÈcHE  TcHAGRA  ,  Levaill. ,  71  (Lanius  senegalensis , 
Shaw  ) ,  est  de  la  taille  de  notre  pie-grièche  grise  ;  le  dessus 
de  son  corps  est  noir  bruni,  à  reflets  olivâtres;  le  derirère 
du  cou  et  le  dos  sont  fannés;  la  gorge  est  blanchâtre;  le 
ventre  est  gris;  une  bande  blanche  ,  bordée  de  noir,  traverse 
l'œilj  les  ailes  et  la  queue  sont  ferrugineuses.  Le  jeune  a  le» 


PIE  i2i 

parties  grises  plus  claires  que  l'adulte  ;  le  blanc  est  aussi  plus 
roussàtre,  et  le  sommet  de  la  tête  n'est  pas  encore  noir. 

Cette  espèce  fréquente  les  endroits  les  plus  touffus  et  les 
plus  couverts  ;  son  cri  est  exprimé  par  les  syllabes  fréquem- 
ment répétés  tcha-tcha  tcha-gra. 

Originaire  du  cap  de  Bonne-Espérance,  elle  fait  son  nid 
dans  les  broussailles,  et  y  pond  cinq  œufs  tachetés  de  brun. 

La  PiE-GRiÈCHE  MORDORÉE,  Buff. ,  pi.  cnl.  809  (TuTiagra  atri- 
capilla,  Gmel.),  a  la  tête  et  les  ailes  noires  ;  le  dos  roux  noirâtre  ; 
la  queue  noirâtre;  la  poitrine  d'un  beau  roux  mordoré,  et 
le  ventre  jaunâtre.  Cet  oiseau  vit  à  Cayenne  -.  la  plupart 
écs  ornithologistes  l'avoient  rangé,  à  l'exemple  de  Buffon , 
parmi  les  tangaras;  mais  la  forte  dent  de  son  bec  crochu, 
doit  le  rapprocher  des  pie-grièches  ;  sa  taille  est  celle  de 
notre  pie-griéche  d'Italie. 

La  PiE-GRiÈcHE  NOIRE  ET  BLANCHE  (LuTiius  mclanoleucos)  vient 
du  cap  de  Bonne  -  Espérance  :  elle  a  le  dos  noir ,  assez 
foncé  ;  toutes  les  parties  inférieures  blanches;  les  ailes  variées 
de  noir  et  de  blanc;  la  queue  noire,  bordée  d'un  fin  trait 
blanc.  Nous  ne  savons  rien  des  mœurs  de  cette  espèce ,  dont 
la  taille  approche  celle  de  notre  pie-grièche  d'Italie. 

La  PiE-GRiÈcHE  A  CRAVATE  BLANCHE,  Levail!.,  Afr.  (Mo^aci/Zu 
dubia,  Shaw),  est  une  jolie  espèce,  à  bec  foible ,  que  Shaw 
a  rangée  parmi  ses  motacilla  ;  mais  cet  oiseau  n'a  pas  le  bec- 
déprimé  et  pointu  des  fauvettes  et  des  autres  insectivores. 
C'est  une  des  pie-grièches  qui  fait  le  passage  aux  merles  par 
les  fourmiliers  :  elle  a  la  tête  et  le  plastron  noirs  ;  le  dos  ver- 
dâtre  ;  le  ventre  jaune  brillant.  Le  dessous  de  la  gorge ,  d'un 
beau  blanc,  lui  a  valu  le  nom  que  Levaillant  lui  a  donné; 
la  poitrine  est  noire.  Cette  espèce  vit  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance •  sa  taille  égale  celle  d'une  alouette. 

La  PiE-GRiÈCHE  CLIVA,  Lcvaill. ,  Afr.,75,  1  [hanius  oUvaceus 
Lath.).  Le  mâle  a  toute  la  partie  antérieure  du  corps  d'un  ve/t 
olive,  tirant  sur  le  jaune;  la  queue  jaunâtre,  avec  les  deux 
pennes  du  milieu  olives;  l'aile  noirâtre,  mais,  quand  elle  es^t 
pliée ,  paroissant  verte ,  comme  le  manteau ,  parce  que  le  bord 
externe  de  chaque  plume  est  vert-olive.  Le  front  est  jaune  :  un 
trait  noir  passe  sur  l'œil  et  s'élargit  sur  les  côtés  du  cou  • 
un  trait  jaune  borde  la  partie  antérieure  de  cette  tache. 
40.  i5 


a.ê  PIE 

LevaiUant  a  représenté  le  jeune  au  n.°  2  de  la  même 
planche;  le  front  est  roux,  au  lieu  d'être  jaune;  la  poitrine 
est  d'un  jaune  sale,  mêlé  de  roux;  le  vert  des  parties  supé- 
rieures est  plus  terne. 

Ce  n'est  qu'à  la  troisième  mue  que  Foiseau  perd  la  livrée 
de  la  jeunesse,  pour  se  revêtir  du  plumage,  dont  les  cou- 
leurs ne  varieront  plus  pendant  sa  vie. 

La  femelle  est  représentée  à  la  planche  76  des  Oiseaux 
d'Afrique  de  LevaiUant;  elle  diffère  très-peu  du  mâle.  Cette 
espèce,  de  la  taille  de  la  précédente,  fait  son  nid  dans  les 
buissons  et  y  dépose  cinq  œufs. 

La  PiE-GRiÈCHE  SOUCI  ROL'x ,  Lcvaill, ,  Afr.,  76,  2  {Tanagra 
^uyannensis ,  Gmel. ),  est  une  petite  pie-grièche  de  Cayenne; 
LevaiUant ,  l'ayant  observée  dans  des  cabinets,  l'a  figurée  dans 
son  Histoire  des  oiseaux  d'Afrique,  et  on  sait  que  les  oiseaux  , 
qu'il  a  décrit  sous  ce  titre,  ne  sont  pas  tous  de  cette  partie  du 
monde.  L'espèce  qui  nous  occupe  est  propre  à  toutes  les  par- 
ties chaudes  de  l'Amérique  :  les  Antilles,  le  Brésil,  la  nour- 
rissent aussi  bien  que  la  Guiane.  Gmelin  l'avoit  placée  parmi 
les  tangaras;  mais  la  force  de  son  bec  dentelé  et  crochu  la 
rapporte  aux  pie-grièches  à  corps  trapu,  court  et  ramassé,  à 
queue  courte,  passant  déjà  vers  les  fourmiliers.  Le  dessus  du 
corps  de  cet  oiseau  est  verdàtre  ;  le  ventre  est  jaune;  les  joues 
sont  grises;  un  trait  roux  passe  sur  le  sourcil  et  s'avance  sur 
le  front. 

Buffon  l'a  décrit  sous  le  nom  de  verde  roux;  maisilen  faisoit 
un  tangara. 

La  Pie-grièche  olive  [Lanius  chloris)  est  une  grande  pie- 
grièche  de  Galam  ,  que  nous  croyons  appartenir  à  la  division 
que  M.  Temminck  a  considérée  comme  devant  former  un  genre 
distinct,  qu'il  nomme  Crinon,  caractérisé  par  un  bec  long  , 
droit,  courbé  subitement  en  une  pointe  acérée.  Cette  espèce 
a  la  tête,  les  joues,  le  dos,  d'un  beau  vert  olive  ;  le  ventre 
d'un  gris  cendré  uniforme;  les  ailes  et  la  queue  vertes.  Elle 
est  de  la  taille  du  Mauvis. 

La  PiE-GRiî:CHE  RoussET,  Lcvaill. ,  77,  2  (Lanius  ruhiginosus, 
Lath.  ),  est  encore  uue  petite  pie-grièche  de  Cayenne,  dont 
LevaiUant  nous  a  laissé  une  bonne  figure.  Le  sommet  de  la  tète 
est  d'un  roux  ardent;  les  joues  et  la  gorge  sont  d'un  noir  peu 


PIE  S27 

foncé  ,  varié  de  blanc  et  de  roussâtre,  ce  qui  forme  une  lâche 
tigrée  sur  le  haut  du  cou,  où  se  dessine  une  sorte  de  col- 
lier. Le  reste  des  parties  supérieures  est  d'un  roux  plus  clair 
que  la  tête;  la  poitrine  est  grisâtre;  le  dessous  du  croupion 
est  roussâtre,  et  la  queue  d'un  roux  très -vif;  la  couleur 
du  bec  est  celle  de  la  corne. 

La  PiE-GRiÈCHE  BRIDÉE,  Temm. ,  Laug. ,  pi.  col.,  266,  i 
(Lanius  virgatus  ,  Temm.) ,  a  le  dos  gris  et  le  dessous  du  corps 
d'un  beau  blanc  pur.  Un  trait  noir  part  du  front,  traverse  l'œil 
et  s'élargit  un  peu  sur  l'oreille,  où  il  s'arrête.  Ceite  espèce, 
dont  nous  ignorons  les  habitudes,  vient  de  Manille. 

La  PiE-GRiÈcHE  A  BANDEAU  (LûMii/s  vittutus)  cst  pIus  petite 
que  notre  pie-grièche  écorcheur.  Elle  a  le  sommet  de  la 
tête  d'un  gris  assez  clair;  le  derrière  du  cou  plus  foncé;  le 
dos  marron;  le  croupion  blanc;  les  ailes  noires,  avec  les 
scapulaires  blanches  ;  les  couvertures  moyenni'S  bordées 
de  blanc;  la  gorge  blanche;  la  poitrine  rousse;  un  ban- 
deau noir  qui  passe  sur  le  front,  traverse  les  yeux  et  s'étend 
sur  l'oreille  ;  la  queue  longue  ,  étagée,  avec  ses  deux  pennes 
moyennes  noires,  et  les  autres  noires,  terminées  de  blanc. 
M.  Leschenault,  qui  a  vu  cet  oiseau  vivant,  à  Pondichéry, 
nous  apprend  qu'il  vit  en  société  dans  les  endroits  plantés 
de  broussailles  ;  il  aime  à  se  percher  sur  l'extrémité  des 
branches  sèches;  les  naturels  le  nomment  val-kourouvi. 

La  PiE-GRiàcHE  MASQUÉE,  Temm.,  Laug.,  pi.  col.,  266,  2 
[Lanius  personatiis,  Temm.).  M.  Temminck  a  décrit  et  figuré 
cette  espèce  nouvelle  de  l'Inde,  dans  son  beau  Recueil  de 
planches  coloriées.  Elle  avoisine  la  précédente  par  la  distri- 
bution de  ses  couleurs  et  par  sa  taille.  Le  sommet  de  la  tête, 
le  haut  du  dos  et  les  ailes  sont  noirs;  les  scapulaires  sont 
blanches,  ainsi  que  le  miroir  de  l'aile;  le  front  est  aussi 
blanc  ,  ainsi  que  toutes  les  parties  inférieures;  les  flancs  sont 
roussàtres;  le  sourcil  est  blanc;  un  trait  noir  descend  de 
l'angle  postérieur  de  l'œil,  sur  l'oreille,  et  se  perd  dans  le 
noir  de  la  partie  postérieure  du  cou  ;  la  queue  est  longue, 
étagée,  avec  les  deux  pennes  moyennes  noires,  et  les  autres 
terminées  par  de  grandes  taches  blanches. 

Celte  espèce  vit  à  Java. 

La  PiE-GRiÈCHE  oaEiLLARD,  Pule-sîtou ,  Lesch;,  555  (Lanius 


228  PIE 

melanotis).  Nous  devons  encorelaconnoissance  de  cette  espèce 
à  M.  Leschenault,  qui  l'a  observée  à  Pondichéry,  où  on  la 
nomme  en  malabar  pale-sitou  :  son  corps  est  plus  trapu  que 
celui  du  val-kourouA  [lanius  vittatus).  Le  dessus  du  corps 
est  roux;  cette  couleur  s'éclaircit  sur  le  croupion;  un  trait 
va  de  l'angle  du  bec  à  l'oreille,  en  passant  sur  lœil;  le  ven- 
tre est  blanc,  sali  de  roussàtre ,  et  traversé  par  des  traits 
ondulés  et  grisâtres.  Cet  oiseau  vit  dans  les  mêmes  lieux  que 
la  pie-grièche  à  bandeau-,  mais  il  est  solitaire. 

La  PiE-GRiÈCHE  BOUBOU,  Lcvaill.  ,  Afr. ,  68,  i,  2  (Lanius 
houlboul,  Lath.) ,  est  delà  taille  de  notre  pie-grièche  d'Italie, 
mais  elle  a  le  corps  plus  trapu.  Le  mâle  a  le  dos,  la  queue  et 
les  ailes  noirs;  sur  le  milieu  de  celles-ci  il  y  a  un  trait 
blanc  oblique,  formé  par  la  pointe  blanche  de  chacune  des 
couvertures  moyennes;  le  dessous  du  corps  est  blanc:  vers 
le  croupion  il  devient  sali  de  roux. 

La  femelle  a  le  dos  gris  et  plus  de  roux  sur  les  parties  in- 
férieures. 

Ce  nom  de  Bouhou ,  que  lui  a  donné  Levaillant,  est  une 
imitation  de  son  cri. 

Cette  espèce  est  très- commune  dans  toute  la  Cafrerie;  elle 
se  tient  dans  les  broussailles,  où  elle  cache  son  nid,  dont 
l'accès  est  très- difEcile  à  cause  des  épines  dont  elle,  l'en- 
toure. La  femelle  pond  quatre  œufs. 

La  PiE-GRikcHE  GoNOf.ECK ,  BufF. ,  pi.  enl.  56,  et  Levaill. , 
Afr. ,  69  {Lanius  barlarux ,  Gmel.  ).  La  taille  de  cette  pie-grièche 
est  plus  svelte  et  plus  alongée  que  celle  du  boubou  ;  ses  cou- 
leurs sont  très-vives  ;  le  dessus  de  la  tête  et  le  derrière  du  cou 
est  d'un  beau  jaune  mordoré;  tout  le  dessus  du  corps,  les 
ailes  et  la  queue  sont  noirs,  à  reflets  bleus-glacés,  le  dessous 
du  plus  beau  rouge  carmin;  un  trait  noir  part  de  la  narine, 
traverse  l'œil  et  descend  le  long  des  côtés  du  cou,  de  manière 
à  séparer  le  rouge  de  la  partie  antérieure  du  jaune  de  la  par- 
tie postérieure.  Cette  bande  noire  se  fond  dans  la  couleur 
du  dos. 

Ce  nom  de  Gonoleck  a  été  donné,  par  Adanson ,  à  cette 
espèce,  que  ce  naturaliste  a  découvert  au  Sénégal;  Levaillant 
l'a  trouvée  au  cap  de  Bonne- Espérance ,  dans  le  pays  des 
grands  Namaquois.  Elle  paroit  assez  rare. 


PIE  229 

La  PiE-GRiÈcHE  BACEAKiRi,  Buff. ,  pi.  cnl.  272,  ct  Lcvalll. , 
Afr.  ,  67  (Lanius  hachakiri  ,Shaw  ;  Turdus  zeylonus  ,  GnieL),  a  le 
bec  plus  foible  que  celui  de  nos  pie-grièches  ordinaires,  et  se 
rapproche  un  peu  des  merles  par  son  port;  aussi,  Ginelin 
Tavoit  classée  dans  son  genre  Turdus,  et ,  trompé  par  la  fausse; 
indication  d'Edwards,  qui  la  dit  de  Ceilan  ,  il  l'avoit  nommée 
turdus  zeylonus;  et  il  luidonnoit  comme  synonyme  la  figure  de 
Buffon,  qui  indique  cependant  la  véritable  patrie  de  cet 
oiseau. 

Le  mâle  a  le  dessus  de  la  tête  gris;  le  dos,  les  ailes  et  la 
queue  d'un  vert-olive  ;  la  gorge  et  l'abdomen  d'un  jaune-clair  , 
tirant  sur  le  vert;  un  trait  noir  descend  du  bec,  passe  sous 
l'œil  et  vient  s'élargir  en  un  grand  plastron  noir  luisant  sur 
le  devant  de  la  poitrine  :  la  femelle  n'a  pas  de  plastron  et 
ses  couleurs  sont  beaucoup  plus  variées  de  vert;  les  jeunes 
ont  la  gorge  grise. 

C'est  un  des  oiseaux  les  plus  communs  aux  environs  du 
cap  de  Bonne -Espérance  et  dans  tout  l'intérieur  de  cette 
colonie.  Au  cap  on  le  nomme  Bachaliri ,  c'est  l'onomatopée 
de  son  cri;  dans  différens  cantons  il  prend  différens  noms , 
tel  que  jentje-hibi  ;  on  lui  donne  aussi  le  nom  d'Ejiand^'ogel. 

Cette  pie-grièche  est  peu  farouche;  elle  vit  par  paires, 
et  niche  dans  les  buissons  ;  la  femelle  pond  quatre  œuh,  que 
lé  mâle  couve  avec  elle. 

La  PiE-GRiÈCHE  PERRiK,  Lcvaill. ,  Afr.,  28C  (Lanius  guttu- 
ralis  ,  Daud.  )  ,  est  une  belle  espèce  de  la  côte  d'Angole , 
qui  tient  le  milieu  entre  le  gonoleck  et  le  bacbakiri  ;  son 
dos  est  vert;  sa  gorge  et  l'abdomen  brillent  d'un  beau  rouge  ; 
la  poitrine  est  couverte  d'un  plastron  noir;  les  ailes  sont 
vertes  ;  la  queue  est  noirâtre  ;  le  dessous  du  croupion  est 
rouge. 

La  liste  des  espèces  de  pie-grièches  est  très- nombreuse 
dans  les  auteurs  ;  mais  nous  n'avons  voulu  parler  ici  que 
de  celles  que  nous  regardons  comme  de  véritables  pie- 
grièches,  par  la  force  de  leur  bec.  Les  autres  ont  un  bec 
assez  caractérisé  pour  former  des  genres  distincts,  et  ne  pas 
rester  arbitrairement  dans  celui-ci.  (Vai.enc.) 

PIED.  {Ornith.)  Les  extrémités  postérieures  du  corps  des 
oiseaux  que  souvent  on  appelle   indistinctement  jambes  ou 


2^o  PIE 

pieds,  sont  composées  de  la  cuisse-ou  fémur;  du  tibia,  sur 
le  bord  externe  duquel  est  un  rudiment  du  péroné;  du  tarse, 
des  doigts  et  des  ongles.  Mais  on  a  déjà  vu  au  mot  Jambe  a 
quel  membre  ce  nom  doit  s'appliquer  exclusivement,  et 
celui  de  pieds  n'embrasse  proprement  que  le  tarse  et  les 
parties  qui  le  suivent. 

La  peau  des  pieds,  qui  est  toujours  d'une  grande  séche- 
resse, est  divisée  par  petites  écailles  de  formes  très-variables, 
qui  sont  étroites  et  transversales  aux  oiseaux  à  pieds  annelés; 
rondes,  carrées,  hexagones,  octogones  ou  polygones  chez  les 
oiseaux  à  pieds  réticulés.  Comme  les  oiseaux  marchent  sou- 
vent sur  des  pierres  et  dans  des  lieux  rocailleux  ou  couverts 
d'épines,  il  étoit  nécessaire  que  leurs  pieds  ne  fussent  pas 
exposés  aux  blessures  :  aussi  la  peau  qui  les  couvre  peut-elle 
être  comparée  à  un  fort  parchemin. 

Les  oiseaux  différent  des  autres  animaux  en  ce  qu'ils 
n'ont  jamais  que   deux  pieds. 

]l  a  déjà  été  parlé  des  doigts  et  des  ongles  dans  des  articles 
séparés;  il  en  sera  de  même  du  tarse,  et  l'on  ne  s'occupera 
ici  que  des  pieds  considérés  dans  les  dénominations  générales 
qu'ils  ont  reçues  de  la  part  des  auteurs  qui  ont  traité  des 
principes  de  l'ornithologie,  comme  Scopoli,  Forster,  Mer- 
rem,  Daudin  ,  Illiger  ,   etc. 

Les  pieds,  relativement  à  leurs  proportions,  sont  dits  très- 
Jojigs,  longissimi,  lorsqu'ils  égalent  en  longueur  la  moitié  du 
corps,  ainsi  que  dans  l'échasse  ;  longs,  longi,  quand  cette 
longueur  est  du  tiers  de  celle  du  corps,  comme  dans  le  flam- 
mant;  médiocres,  médiocres ,  quand  elle  est  du  quart,  comme 
dans  la  fauvette;  courts,  bre\>es  ,  lorsqu'elle  est  d'environ  le 
cinquième,  comme  chez  les  cotingas;  très-courts,  brevissimi, 
quand  elle  n'excède  pas  le  douzième  de  la  longueur  de  l'oi- 
seau,  ainsi  que  chez  le  martinet. 

Sous  le  rapport  des  tégumens  qui  les  recouvrent,  les  pieds 
sont  dits  membraneux  ,  membranacei,  quand  cette  peau  est 
douce  et  line,  comme  chez  les  becs-iins;  coriaces,  coriacei , 
quand  la  peau  est  épaisse,  comme  chez  les  pigeons;  cornés^ 
ccrnei,  lorsqu'elle  est  dure,  ainsi  que  chez  les  rapaces  ;  écail- 
leux ,  sqiiamati,  lorsqu'ils  présentent  des  sortes  d'écaillcs  ; 
glabrrs  ou  nus,  quand  la  peau  n'offre  qu'un  épiderme  lisse 5 


PIE  «3i 

laineux  ou  semi-laineux,  lorsqu'ils  sont  en  totalité  ou  à  demi- 
couverts  de  plumes  ou  de  poils;  éperonnés  ,  quand  ils  sont 
garnis  d'un  ou  de  plusieurs  éperons. 

Les  pieds  sont  nommés  sédilipèdes  ou  percheurs,  lorsque 
les  doigts  sont  libres  et  au  nombre  de  trois  en  devant  et  un  en 
arrière,  comme  chez  les  rapaces  et  les  passereaux;  préhen- 
sipèdes  ou  à  doigts  preneurs ,  quand  il  y  a  quatre  doigts  de- 
vant et  point  derrière,  comme  chez  les  martinets;  grcssori- 
pèdes  ou  marcheurs  ,  lorsque  les  doigts  sont  aplatis  et  au 
nombre  de  quatre,  dont  un  derrière  et  trois  en  devant, 
réunis  en  partie,  comme  aux  calaos,  aux  guêpiers;  scansori" 
pèdes  ou  grimpeurs,  quand  les  doigts  sont  distribués  deux 
devant  et  deux  derrière,  comme  aux  pics,  aux  perroquets, 
quoique  beaucoup  d'autres  oiseaux  grimpent  aussi  bien, 
sans  que  leurs  doigts  soient  ainsi  disposés  :  cursoripèdes  ou 
coureurs,  lorsque  les  trois  doigts  sont  fendus  et  dirigés  en 
devant,  comme  chez  le  coureur  proprement  dit  «les  pluviers, 
etc.  ;  vadipcdes  ou  échassicrs  (vadanfes ,  grallœ) ,  quand  ils  sont 
propres  à  faciliter  les  moyens  de  traverser  les  eaux  k  gué. 

Parmi  les  oiseaux  dont  les  doigts  sont  garnis  de  membranes 
se  trouvent  les  semi- palmipèdes,  tels  que  les  gallinacés,  etc.; 
les  /label tipèdes  ou  à  doigts  en  éventail  ,  comme  les  pélicans^ 
les  anhingas,  etc.';  les  palmipèdes  ou  à  doigts  entièrement 
palmés,  comme  les  canards;  les  tobipcdes  ou  à  doigts  lobés, 
comme  les  grèbes,  les  plongeons,  etc.;  les  pinnalipèdes  ou  à 
doigts  pinnés,  c'est-à-dire  bordés  d'une  membrane  découpée, 
comme  les  foulques,  les  phalaropes,  etc. 

On  trouve  dans  Torster  et  dans  llliger  un  assez  grand 
nombre  d'autres  termes  dont  quelques-uns  sont  peu  usités,  tels 
que  compedrs  nu  aversi ,  pour  désigner  ceux  qui  sont  engagés 
vers  l'anus,  de  manière  que  le  corps  de  l'oiseau  debout  est 
totalement  droit  (les  grèbes,  les  munchots)  ;  pectinali,  pour 
désigner  des  peignes  cartilagineux  existant  de  chaque  côté  des 
doigts;  slegani,  pour  exprimer  des  doigts  engagés  tous  quatre 
jusqu'aux  ongles  dans  la  même  membrane;  colUeati ,  expri- 
mant des  pieds  demi-nus,  dont  deux  doigts  sont  séparés  ou 
dont  les  trois  antérieurs  sont  joints  à  leur  base  par  une  mem- 
brane courte  qui  s'avance  à  peine  au-delà  de  la  première 
phalange,  comme  dans  les   huîtriers;  semi-eolligati ,   dont  lo 


232  PIE 

doigt  infermëdiaire  est  joint  à  l'extérieur  par  une  membrane 
totalement  séparée  de  l'interne  (les  chionis ,  les  glaréoles, 
les  courlis);  hicolligati,  dont  les  doigts  antérieurs  sont  réunis 
à  la  base  par  une  membrane  (les  cigognes,  les  ibis,  les  om- 
brettes);  adhamantes ,  dont  les  quatre  doigts  sont  dirigés  en 
avant  ou  un  en  arrière,  mais  versatile  (les  colious,  les  mar- 
tinets); epoUicati ,  à  deux  ou  trois  doigts,  sans  pouce;  hrac- 
cati,  à  jambes  dont  les  plumes  sont  alongées  et  pendantes, 
etc.  Voyez  Doigt  ,  Jambe,  Tarse.  (Ch.  D.) 

PIED.  (Anat.  et  Phys.)  Voyez  Squelette  et  Relation  [Mou- 

VEMENS  de].    (  F.  ) 

PIED-D'AIGLE.  {Bot.)  C'est  l'égopode  podagraire.  (L.  D.) 

PIED  D'ALEXANDRE.  {Bot,)  C'est  une  espèce  de  pyrètre. 
(  Lem.  ) 

PIED-D'ALOUETTE.  {Bot.)  On  donne  vulgairement  ce  nom 
aux  dauphinelles.  (  L.  D.) 

PIED-D'ANE.  {Conchjl.)  Traduction  littérale  du  nom  spé- 
cifique du  spondj'ltis  gœderopus.   (De  B.) 

PIED-D'ANE.  {Foss.)  On  a  autrefois  donné  ce  nom  aux 
spondyies,  que  l'on  trouve  fossiles  à  Castelen  dans  le  canton 
de  Berne,  (D.  F.) 

PIED-BILL-DOBCHICK.  (Ornith.)  L'oiseau  ainsi  nommé 
dans  Catesby,  est  le  castagneux  à  bec  cerclé,  podiceps  caroli- 
uensis,  La  th.  (  Ch.  D,  ) 

PIED  BIRD  OF  PARADISE.  (  Ornith.  )  L'oiseau  qu'Ed- 
wards désigne  par  cette  dénomination  ,  est  le  schet  voulou- 
lou  ou  platyrhynque  schet,  muscicapa  mutata ,  Lath.,  et  pla- 
tyrhynchos  mutatus,  Vieill.  (Ch.  D.) 

PIED-DE-BGEUF.  ÇBot.  )  Un  des  noms  vulgaires  du  gouet 
commun.  (  L,  D.  ) 

PIED-DE-BŒUF.  {Bot.)  C'est  le  holetus  bovinus ,  Linn.  (Lem.) 

PIED -DE- BŒUF.  {Ornith.)  On  appelle  quelquefois  ainsi 
à  Cayenne  la  bécassine  des  Savanes,  scolopax  cajyennensis , 
Linn.,  qvii  est  plus  grosse  que  la  nôtre.  (Ch.  D.) 

PIED-DE-BOUC.  {Bot.)  Plusieurs  plantes  portent  vulgaire- 
ment ce  nom  -.  l'angélique  sauvage,  lemélampyredes  champs, 
l'égopode  podagraire,  la  spirée  qrmière,  et  le  boucage  saxi- 
frage. (  L.  D.) 

pJ^D-CHAFFINCH,  {Ornith,)  Albin  nomme  ainsi  l'oTto- 


PIE  235 

lan  de  neige  à  collier  ou  pinson-pie ,  tome  2 ,  page  34.  (Ch.  D.) 

PIED-DE-CHAT.  {Bot.)  Nom  vulgaire  du  gnaphale  dioïque. 
(L.  D.) 

PIED-DE-CHEVAL.  {Bot.)  C'est  le  cacalia  alpina,  Linn. , 
dont  la  forme  de  la  feuille  imite  celle  de  l'empreinte  du  pas 
d'un  cheval.  (Lem.) 

PIED -DE -CHÈVRE.  {Bot.)  Paulet  désigne  ainsi  un  agaric 
que  l'Ecluse  a  figuré  et  nommé  pes  caprinus.  Il  y  ramène  Ta- 
rn ani  ta ,  n.°  2378,  de  Haller  ,  qui  est  Vagaricus  prunulus , 
Scop. ,  Pers. ,  et  Vagaricus  mousseron  de  BuUiard,  excellente 
espèce.  Dans  le  champignon  de  l'Ecluse ,  le  chapeau  n'est 
pas  bien  circulaire  ;  il  est  sujet  à  se  fendre  ou  à  se  déchirer 
sur  le  bord  ,  de  manière  à  représenter  grossièrement  un  pied 
de  chèvre.  (  Lem.  ) 

PIED-DE-CHÈVRE.  {Bot.)  C'est  le  nom  vulgaire  de  Pan- 
gélique  sauvage ,  du  boucage  saxifrage  et  d'une  espèce  de 
liseron.  (L.  D.) 

PIED-DE-CHÈVRE  DES   INDES.    {Bot.)    On  donne  ce 
nom  au  convolvulus  pes  cayrœ,  très- belle  espèce  de  liseron. 
Ses  feuilles  sont  à  deux  lobes,  et  imitent  la  forme  du  pied  ■ 
de  la  chèvre.  (Lem.) 

PIED -DE- CHEVREAU.  {Bot.)  Nom  que  l'on  donne  dans 
quelques  ouvrages  à  la  chanterelle  ou  à  quelques  autres  es- 
pèces de  champignons  analogues  (voyez  Girolles).  Ce  même 
nom  est  donné  aussi  à  l'espèce  qu'on  nomme  coulemelle  en 
Bourgogne,  et  écluseau  dans  le  Poitou  :  c'est  ïagaricus  pro' 
cerus ,  Pers.  Voyez  Fonge.  (Lem.) 

PIED -DE- COLOMBE,  {Bot.)  Nom  vulgaire  du  géranier 
robertin.  (  L.  D.) 

PIED-DE-COQ.  {Bot.)  C'est  le  panis  crête  de  coq,  la 
renoncule  rampante,  et  la  creteile  d'Egypte.  (L.  D.) 

PIED-DE-COQ.  {Bot.)  Nom  vulgaire  du  clavaria  coral- 
loides  Voyez  Clavaires.  (Lem.) 

PIED-DE-CORBEAU.  {Bot.)  Nom  vulgaire  de  la  renon- 
cule à  feuille  d'aconit,  et  aussi  du  plantin  corne  de  cerf. 
(L.  D.) 

PIED-DE-CORBIN.  {Bot.)  Un  des  noms  vulgaires  de  la 
renoncule  acre.  (L.  D.  ) 

PIflD- DE- CORNEILLE.   {Bot.)  Nom  vulgaire  du  plantiu 


2^4  PIE 

corne    de   cerf  et  du   oochlearia  coronopiis  ,  Lînn.    (  L.  D.  ) 
PIED  COURT,  PIED  COT.  (Bot.)  Dans  quelques  cantons 

on  donne  ces  noms  à  la  renoncule  rampante.  (  L.  D.) 

PIED    D'ÉLÉPHANT.    (Bot.)    C'est    Velephantopus    scaper , 

plante  exotique  de  la  famille  des  synanthérées.  (Lem.) 

PIED -DE- CELINE.   (Bot.)    C'est  la  fumeterre  officinale. 

(L.  D.) 

PIED -DE -GRIFFON.  {Bot.)  Nom  vulgaire  de  Pellébore 
fétide.  (L.  D.) 

PIED  GRIS.  (Ornith.)  L'alouette  de  mer  ordinaire,  tringa 
cinclus,  Linn. ,  est  ainsi  nommée  dans  le  département  de 
l'Ain.  (Ch.  d.) 

PIED-DE-LIÈVRE.  {Bot.)  Nom  vulgaire  du  trèfle  des  champs. 
(L.  D.) 

PIED-DE-LION.  {Bot.)  C'est  le  nom  de  l'a^cliémille  com- 
mune, du  filago  leordopodium  ,  Linn.,  et  du  trifolium.  arvense , 
Linn.  (  L.  D.  j 

PIED-DE-LIT.  (  Bot.  )  Nom  vulgaire  du  clinopode  com- 
mun et  de  l'origan.  (  L.  D.) 

PIED -DE- LOUP.  {Bot.)  C'est  le  marrube  aquatique  ou 
lycope  d'Europe.  (  L.  D.  ) 

PIED -DE -MILAN.  {Bot.)  C'est  une  espèce  de  pigamon, 
ihalicLrumJlavum.  (Lem.) 

PIED  NOIR.  {Ornith.)  Nom  vulgaire  du  traquet,  motacilla 
ruhicola  ,  Linn.   (Ch.  D.) 

PIED  D'OIE.  {Bot.)  On  donne  vulgairement  ce  nom  aux 
chénopodcs.  (L.  D.) 

PIED-D'OISEAU.  {Bot.)  C'est  une  espèce  de  champignon 
du  genre  des  Clavaires,  le  clavaria  laciniata,  Schaeffer,  Bai>., 
lab.  29.  (Lem.) 

PIED-D'OISEAU.  (Bot.)  C'est  l'ornithope  délicat.  (  L.  D.) 

PIED  D'OISEAU  DE  NARBONNE.  {Bot.)  C'est  l'astragale 
sésame.  (  Lem.) 

PIED-DE- PÉLICAN.  {Condijl.)  Nom  vulgaire  du  stromhus 
pes  pelecani ,  ptérocère  pied  de  pélican  de  M.  de  Lamarck. 
(DeB.) 

PIED-DE-PIGEON.  {Bot.)  Nom  vulgaire  d'une  espèce  de 
géranier.  (  L.  D.  ) 
PIED -DE-POT.    {Ornith.)    Un   des  noms  vulgaires  de  la 


PIE  235 

fauvette  d'hiver  ou  passe -buse,  motacilla  modularis,  Linn. 
{Ch.  D.) 

PIED  -POU.  (Bot)  Nom  vulgaire  de  la  renoncule  rampante 
dans  plusieurs  cantons.  (L.  D.) 

PJED-DE- POULE.  {Bot.)  Nom  vulgaire  de  la  renoncule 
rampante,  du  lamier  blanc  et  du  panicum  'daetjlon,  Linn. 
On  désigne  aussi  sous  le  même  nom  un  andropogon  et  un  cj- 
nosuriis.   (  L.  D.) 

PIED -DE- POULE.  {Bot.)  Le  paulinia  asiatica  est  ainsi 
nommée  à  Pile  Bourbon.  (  Lem.  ) 

PIED  ROUGE.  {Ornith.)  C'est,  â  la  Louisiane,  suivant 
Lepage  du  Pratz,  le  nom  de  l'huitrier  ou  pie  de  mer,  hœ- 
matopus  ostralegus  ,  lyinn.  (Ch.  D.  ) 

PIED-DE-SAUTERELLE.  {Bot.)  Nom  vulgaire  de  la  cam- 
panule raiponce.  (L.  D.) 

PIED -DE-TIGRE.  {Bot.)  C'est  Vipomœa  pes  tigris,  Linn. 
(J.) 

PIED -DE- VEAU.  (Bot.)  Nom  vulgaire  du  genre  Arum  ou 
Gouet.   (L.  D.) 

PIED  VERT.  {Ornith.)  Dénomination  vulgaire  du  bécas- 
seau ,  tringa  ocliropus,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIEDS -BOTS  et  PIEDBOTS.  {Bot.)  Paulet  donne  ce  nom 
à  un  petit  groupe  qu'il  établit  dans  It-s  agarics  et  qui  com- 
prend trois  espèces,  distinguées  par  leur  stipe  élevé  et  peu 
droit,  cylindrique,  piein,  mais  inégalement  arrondi  du  bas 
et  un  peu  tourné  à  peu  près  en  manière  de  pied-bot,  et  par 
le  chapeau  relevé  inégalement  en  bosse.  Ces  champignons  ne 
sont  point  malfaisans;  ce  sont:  i."Ie  Rouxde  Vincennes  ravier  ; 
2.°  le  Chapeau  (petit)  deSenard,  qui  ne  cause  aucun  accident 
aux  animaux  qui  en  ont  mangé,  mais  qui  les  rend  tristes; 
3.°  le  Champignon  prune  de  Monsieur.  Voyez  ces  mots.  (Lem.) 

PIEGES.  {Ornith.)  On  a  déjà  parlé  au  mot  Filets  de  plu- 
sieurs moyens  employés  pour  prendre  les  oiseaux.  Pour  trouver 
plus  de  détails  sur  ces  objets,  on  pourra  consulter  VAvicep- 
tologie  françoise ,  où  il  y  a  beaucoup  de  pièges  décrits  et 
figurés.  (  Ch.  D.) 

PIEGZA.  {Ornith.)  Nom  polonois  de  la  fauvette  babillarde, 
motacilla  curruca ,  Linn.,  que  les  lUyriens  appellent  p;c>i/|;^e, 
(Ch.  D.) 


a56  PIE 

PIEMYCUS.  {Bot,)  M.  Rafinesque,  dans  une  note  imprimée 
dans  le  Journal  de  botanique,  vol.  3,  Mai  i8i3,  page  235, 
dit  qu'il  rapporte  à  ce  genre  le  lycoperdon  complanatum, 
Desf. ,  et  dans  son  Précis  somiologique,  1814,  page  63,  à 
l'article  OmalygUvS  ,  il  ajoute  le  Lycoperdon  complanatum , 
appartient  au  même  genre;  je  le  nommerai  Omalycus  erosus. 
Dans  son  Analyse  de  la  nature,  VOmalycus  paroit  après  le 
Geastrum  et  le  Piemycus  (ou  Piesmycus,  comme  on  le  trouve 
aussi  imprimé,  sans  doute  par  erreur  typogr^iphique).  Enfin 
M.  Rafinesque,  revenant  sur  son  travail,  place  le  lycoperdon 
complanatum  dans  son  genre  Mycastruni ,  dont  il  forme  un 
sous-genre  Piemycus  ,  distingué  par  sa  forme  comprimée  ;  ainsi 
il  l'auroit  retiré  de  ïomalycus,  où  il  l'avoit  logé  primitive- 
ment. (Lem.) 

PIENKAWA.  {Ornith.)  Nom  illyrien ,  suivant  Gesner , 
du 'pinson  commun, /nng(7./fl  calebs,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIENU.  (Ornith.)  Nom  que  porte  en  Pologne ,  suivant  Sa- 
lerne  ,  l'alouette  cujelier  ,  alauda  arhorea  et  nemorosa ,  Linn. 
(Ch.D.) 

PIEPER.  (Ornith.)  Nom  générique  des  pipits  en  allemand. 
(Ch.  D.) 

PIERCEA.  (Bot.  )  Miller  nommoit  ainsi  le  rivina  humilis. 
(J.) 

PIERIDE;  Pieris,  Schr.,  Latr.,  Lamk.  (Entom.)  Genre  de 
lépidoptères  diurnes,  de  la  famille  des  Ropalocères,  créé 
par  M.  Schrank,  et  généralement  adopté  par  les  entomolo- 
gistes. Il  comprend  une  grande  partie  des  danaxdes  blanches, 
danai  candidi  ,  Linn.  (nos  papillons  blancs  du  chou  de  la 
rave  ,  et  des  autres  crucifères  ). 

Les  espèces  principales  de  notre  pays  étant  décrites  dans 
l'article  Papillon,  tome  XXXVII ,  du  n."  16  au  n.°  27  ,  et  les 
caractères  du  genre  Piéride,  y  étant  exposés,  page  377  ,  nous 
nous  bornerons  à  renvoyer  à  cet  article.  (Desm.  ) 

PIERRE.  (Ornith.)  Voyez  Pauxi.  (Ch.D.) 

PIERRE  ABSORBANTE.  (Min.).  Surnom  de  la  ponce  et 
des  pierres  à  détacher.  (Brard.) 

PIERRE  D'ABYSSINIE.  (Min.)  C'est  un  des  noms  de 
l'amiante  dans  les  anciens  auteurs.  (Brard.) 

PIERRE  ACIDE.    (Min.)   On  a   donné  ce  nom  aux  laves 


PIE  237 

«Itérées,  qui  donnent  de  Talun  par  simple  lessivation  ,  el  aux 
autres  roches  qui  exigent  un  grillage  avant  de  s'effleurir. 
(Brard.) 

PIERRE  D'tELAND  ou  MARBRE  DE  L'ISLE  D'^LAND, 
dans  la  mer  Baltique.  (Min.)  Il  est  rouge  et  coquiller,  suivant 
Patrin.  (Brard.) 

PIERRE  ^ROFHANE.  (Min.)  Quelques  sous- variétés  de 
silex,  qui  ne  sont  translucides  qu'à  travers  le  jour,  c'est-à-dire, 
iquand  on  les  place  entre  l'œil  et  la  lumière ,  ont  reçu  jadis 
cette  dénomination.  Patrin  pensoit,  qu'on  l'avoit  particuliè- 
rement donnée  à  une  variété  d'hydrophane.  (Brard.) 

PIERRE  D'AIGLE.  (Min.)  Un  ancien  préjugé,  que  la 
femelle  de  l'aigle  emportoit  sur  son  aire  des  géodes  creuses 
de  fer  oxidé  hydraté  pour  faciliter  sa  pente,  avoit  accrédité 
cette  singulière  dénomination,  qui  étoit  passée  du  langage  po- 
pulaire dans  les  livres  de  minéralogie;  on  s'attachoit  à  un 
conte  ridicule,  et  l'on  méconnoissoit  le  point  de  vue  réelle- 
ment intéressant,  sous  lequel  on  peut  considérer  ces  petites 
géodes  ferrugineuses,  recelant  souvent  un  noyau  mobile  qui 
se  fait  entendre,  quand  on  les  agite  près  de  l'oreille,  et  qui 
sont  l'un  des  meilleurs  minerais  de  fer.  Voyez  Fer  hydraté 
GÉODiyuE.  (  Brard.  ) 

PIERRE  EN  AIGUILLES  ou  NADELSTEIN ,  Wern.  (Mm.) 
C'est  particulièrement  au  titane  oxidé  rutile  que  l'on  avoit 
donné  le  nom  de  pierre  en  aiguilles;  mais  Werner  étendit 
ce  même  nom  de  nadelstein  à  la  mésotype  aciculaire.  Voyez 
Titane  et  Mésotype.  (Brard.) 

PIERRE  D'AIMANT.  (  Min.  )  Variété  du  fer  oxidulé. 
(Brard.) 

PIERRE  D'ALCHÉRON.  (Zool.)  On  a  donné  ce  nom  à 
des  calculs  biliaires  du  bœuf.  (Desm.) 

PIERRE  ALECTORIENNE  ou  PIERRE  DE  COQ.  {Zool.) 
Autres  calculs,  que  l'on  dit  exister  quelquefois  dans  les  in- 
testins du  coq,  et  auxquels  on  attribue,  comme  à  tous  les 
bézoards,  des  propriétés  merveilleuses.  (Desm.) 

PIERRE  D'ALLIANCE.  {Min.)  M.  Léman  assure  qu'un 
certain  granité,  ou  plutôtsiénite  ,  des  environs  de  Katherine- 
bourg  en  Sibérie,  qui  est  composé  de  quarz  gris,  de  felspath 
blanc  et  d'amphibole  vert,  traversé  par  des  bandes  d'une  autre 


238  PIE 

variété  de  quarz,  a  reçu  le  nom  de  pierre  d'alliance;  on  le 
taille  en  socles,  en  plaques,  etc.  (Brarp.) 

PIERRE  D'ALTO RF.  {Min.)  Marbre  d'un  noir  brunâtre 
qui  est  pénétré  en  tous  sens  par  des  ammonites  spathiques 
ou  pyriteuses ,  et  que  l'on  extrait  aux  environs  d'AItorf  en 
Fr:;nconie.   (Brard.) 

PIERRE  ALUMINEUSE.  {Min.)  Pierre,  dont  on  peut  ex- 
traire de  l'alun.  Voyez  en  particulier  Alunite  de  la  Tolfa 
à  l'article  Pierre  d'alun.  (Brard.) 

PIERRE  D'ALUN  ,  ALUNITE  ,  Alaunstein.  {  Min.  )  La 
roche  particulière  que  l'on  exploite  à  la  Tolfa  ,  et  dont 
on  extrait  l'alun  rose  ,  si  connu  dans  le  commerce  sous  le  nom 
d'alun  de  Rome,  paroît  mériter  une  place  dans  la  méthode, 
non-seulement  comme  espèce  arbitraire  en  raison  de  son 
importance  et  de  son  analogie  avec  celle  qui  abonde  en  Hon- 
grie, mais  aussi  comme  substance  ci'istaliisable  et  pourvue 
par  conséquent  des  deux  conditions  essentielles  à  la  formation 
de  l'espèce  minérale  ;  identité  de  composition  et  de  forme 
cristalline.  Nous  devons  à  M.  Cordier  l'avantage  de  pouvoir 
aujourd'hui  classer  ce  minéral  important  parmi  les  espèces, 
et  c'est  d'après  son  propre  travail  que  nous  allons  en  énoncer 
les  caractères. 

L'alunite  cristallise  en  rhomboïdes  très-voisins  du  cube;  sa 
forme  primitive  est  un  rhomboïde  dont  les  angles  sont  de 
89  et  91°,  et  qui  est  divisible  dans  le  sens  d'un  plan  perpen- 
diculaire à  Taxe. 

Sa  pesanteur  spécifique  est  2,75  :  au  chalumeau  l'alunite 
décrépite  et  exige  Pusage  de  la  lame  de  platine ,  pour  que  l'on 
puisse  observer  que  les  premiers  coups  de  feu  lui  font  déga- 
ger une  odeur  très -sensible  d'acide  sulfureux  à  ce  point  de 
simple  grillage.  Cette  substance  happe  à  la  langue  et  fait 
éprouver  un  goût  d'alun  bien  caractérisé;  mais,  si  Ton  pousse 
le  feu  sans  interruption  ,  Taiunite  perd  complètement  son 
acide,  se  fritte  et  devient  parfaitement  insipide. 

Les  cristaux  d'alunite  que  Ton  a  pu  se  procurer  jusqu'à  ce 
jour,  et  qui  proviennent  delà  Tolfa  et  de  Hongrie,  sont  ex- 
cessivement petits  ;  ils  atteignent  à  peine  trois  millimètres  de 
grosseur,  et  sont  engagés  dans  les  fissures  de  l'alunite  en  masse. 
Les  angles  et  les  arêtes  de  ces  cristaux  presque  microsco- 


PIE  2^9 

piques  sont  assez  nets  ;  mais  leurs  faces  sont  parfois  striées 
suivant  leur  petite  diagonale,  ou  gauchies  et  tourmentées  à  la 
manière  de  celles  du  spath  perlé. 

Les  grains  et  les  cristaux  sont  diaphanes  et  incolores, 
excepté  quand  leur  surface  naturellement  miroitante  est 
recouverte  d'une  pellicule  ferrugineuse.  Malgi'é  la  petitesse 
des  cristaux  d'alunite,  M.  Biot  est  parvenu  à  y  reconnoitre  la 
double  réfraction. 

L'alunite  est  médiocrement  dure  ;  elle  est  maigre  au  tou- 
cher, aigre  et  facile  à  casser.  Sa  cassure  éclatante  est  lamel- 
leuse  dans  le  sens  où  les  rhomboïdes  sont  susceptibles  de  se 
cliver,  et  inégale  dans  l'autre  sens,  malgré  que  l'on  remarque 
des  indices  de  joints  naturels  parallèles  aux  faces. 

La  propriété  de  donner  un  goût  d'alun  sur  la  langue,  après 
avoir  été  légèrement  grillée,  et  de  répandre  alors  une  odeur 
sulfureuse,  composeroit  le  signalement  de  cette  espèce. 
Analyse  de  Valunite  cristalline  par  M.  Cordier. 

Acide  sulfurique 35,26 

Alumine 39,53 

Potasse 10, 38 

Eau  et  perte 14, 83 


100,00 

On  ne  connoît  encore  que  deux  variétés  d'alunite  cristal- 
lisée ;  savoir  : 

V Alunite  primitiye ,  un  rhomboïde  légèrement  ai-^u  ;  et 

L'Alunite  basée  ,  un  rhomboïde  primitif ,  dont  les  deux 
sommets  sont  remplacés  par  une  facette  triangulaire  équila- 
térale. 

On  distingue  parmi  les  variétés  d'alunite  en  masse  • 

V Alunite  grenue,  composée  de  gros  grains  cristallins; 

L Alunite  compacte,  et 

V  Alunite  terreuse  et  souvent  friable. 

Ses  couleurs  varient  du  blanc  pur  aulilas,  au  rougeàtrc, 
au  jaunâtre ,  au  violàtre ,  et  le  plus  souvent  aussi  ces  différentes 
teintes  se  mêlent  de  taches  ou  de  veines  irrégulières  ou  paral- 
lèles. Il  paroît  que  l'alunite  en  masse  est  mêlée  à  une  grande 
quantité  de  silice,  ainsi  que  le  prouvent  les  analyses  de  MM. 
Vauquelia  et  Klaproth,  en  sorte  qu'il  eonviendroit  peut-être 


2/,0  PIE 

d'en  former  une  sous-espéce  sous  le  nom  d'alunite  sîlicifére. 
Voici  l'analyse  de  ces  alunites  en  masse  de  la  Tolfa  et  de 
Hongrie,  faites  l'une  et  l'autre  par  Klaproth. 

Aiunite  de  la  Tolfa.     Alunite  de  Hongrie. 
3  2,    s 


Acide  sulfurique.  . . 

..    16,5 

Potasse 

SiUce 

..  Ar^  <; 

Eau ^  ^ 

Perte 

17»  ' 
62,2? 

5,  . 

1,75 


100,0  99jOo 

Cette  énorme  quantité  de  silice,  bien  qu'elle  ne  soit  que 
mélangée,  suftiroit,  ce  me  semble,  pour  motiver  cette  sous- 
division,  qui  d'ailleurs  est  déjà  réclamée  par  M.  Cordier, 

Gisement  et  localités.  L'alunite  se  forme  journellement  dans 
les  solfatares  qui  sont  encore  en  pleine  activité,  et  par 
suite  de  l'action  permanente  des  vapeurs  acides  et  aqueuses 
qui  attaquent  les  roches  à  travers  lesquelles  le  temps  et  les 
bouleversemens  du  sol  leur  ont  frayé  un  passage  :  c'est  ainsi 
qu'elle  se  forme  à  la  solfatare  de  Pouzzole,  si  parfaitement 
décrite  par  M.  Breislak  ;  dans  celle  qui  termine  le  pic  de  Téné- 
riffe,  et  probablement  dans  tous  les  lieux  où  les  circonstances 
essentielles  ou  favorables  à  la  formation  de  cette  substance  se 
trouvent  rassemblées.  Nous  sommes  donc  justement  autorisés 
à  considérer  les  alunites  qui  se  trouvent  dans  les  volcans 
éteints,  comme  ayant  été  formés  par  les  mêmes  moyens  et  les 
mêmes  jeux  d'aflBnilé  que  ceux  qu'il  nous  est  permis  d'observer 
encore. 

De  cette  origine  fortuite  on  doit  conclure  ce  qui  est  en 
effet,  que  les  gîtes  dès  alunites  ne  présentent  pas  la  même 
ordonnance  et  la  même  régularité  que  l'on  remarque  dans 
les  terrains  qui  ont  été  formés  par  couches  successives  et 
parallèles. 

A  la  Tolfa  l'alunite  forme  des  espèces  de  filons  plus  ou 
moins  abondans,  mal  encaissés,  sans  direction  constante,  et, 
s'inclinant  souvent  en  sens  opposés  ;  ils  courent  ainsi ,  en 
se  ramifiant,  tout  à  travers  des  roches  felspathiques  plus  ou 
moins  altérées,  généralement  blanchâtres  et  d'un  aspect  argi- 


PIE  241 

Jeux,  avec  lesquelles  l'alunite  se  confond  au  premier  aspect: 
toutefois  celle  que  les  ouvriers  préfèrent ,  comme  étant  la 
plus  riche  en  alun,  est  compacte,  lourde  et  rosée.  L'alunite 
abonde  en  Hongrie  et  fait  l'objet  d'une  branche  d'indusfrie 
des  plus  importantes  :  on  la  connoit  dans  un  grand  nombre  de 
localités  diverses;  mais  partout  il  paroît  évident  qu'elle  a 
été  formée  aux  dépens  des  roches  qui  appartiennent  aux  vol- 
cans de  tous  les  âges. 

Usages.  L'aluniie  est  le  meilleur  minerai  d'alun  ;  il  suffit 
de  la  griller,  de  la  lessiver,  et  d'évaporer  la  liqueur,  pour 
en  obtenir  de  l'alun  de  première  qualité,  et  cela  sans  que  l'on 
soit  obligé  d'y  ajouter  d'alkali,  puisqu'elle  contient  de  la 
poîasse.  Je  renvoie,  pour  de  plus  amples  détails,  aux  beaux 
mémoires  de  MM.  Breislak ,  Descotils,  Cordier  et  Beudant. 

On  ne  doit  pas  confondre  l'alunite  avec  les  schistes  alumi- 
neux  des  houUières  embrasées,  qui  appartiennent  à  un  tout 
autre  ordre  de  substances.  (Brard.) 

PIERRE  DES  AMAZONES.  (A/m.)  C'est  un  jade  d'un 
vert  sombre  que  les  anciens  naturels  de  l'Amérique  tailloient 
de  différentes  formes,  et  particulièrement  sous  la  figure  de 
coins  coniques,  aplatis  et  tranchans  à  leur  base;  c'est  une 
pierre  qui  a  quelques  rapports  avec  la  pierre  de  lu  des  Chi- 
nois. Suivant  La  Condamine,  c'est  surtout  chez  les  Topavos , 
que  l'on  trouve  encore  ces  pierres  particulières ,  auxquelles 
on  attribuoit  autrefois  plusieurs  propriétés  merveilleuses. 
(Voyez  Jade.)  On  a  également  donné  le  nom  de  Pierre  des 
Amazones  au  Felspath  vert.  Voyez  ce  mot.  (Brard.) 

PIERRE  DES  AMPHIBIES.  (Zool.)  Les  phoques  avalent 
très-souvent  d'assez  grosses  pierres  ou  des  galets,  qui  restent 
dans  leur  estomac,  et  que  Ton  a  considéré  à  tort  comme  étant 
des  calculs  ou  bézoards.  (Desm.) 

PIERRE  ANGLOISE  ou  ÉCLATS  DE  JERSEY.  {Min.)  C'est 
une  pierre  calcaire  grise  micacée ,  une  espèce  de  cipolin  qui 
a  la  texture  schisteuse,  qui  se  divise  en  éclats,  et  que  l'on 
emploie  dans  les  arts  pour  aiguiser  les  taillans,  et  surtout  les 
outils  des  corroyeurs.  (Brard.) 

PIERRE  DES   ANIMAUX.  (Zoo/.)  Toutes  les  concrétions 
trouvées  dans   les  viscères  des  animaux  ,    et  qui  ont  de   la 
eolidité,  mais  dont  la  composition  chimique  varie,  selon  les 
40.  iG 


21^2  PIE 

animaux,  et  les  parties  de  leur  organisation  ,  où  on  les  ren- 
contre, ont  reçu  ce  nom.  Elles  sont  plus  connues  encore  sous 
les  dénominations  de  calculs  ou  de   bézoards.  (Df.sm.) 

PIERRE  DE  L'APOCALYPSE.  {Min.)  Quelques  auteurs 
anciens  et  du  moyen  âge  ont  désigné  Popale  sous  cette  déno- 
mination ridicule.  (Brard.) 

PIERRE  APYRE  ou  PIERRE  RÉFRACTAIRE.  {Min.)  C'est- 
à-dire,  qui  peut  résister  sans  se  fondre  à  l'action  d'un  feu  vif 
et  prolongé.  (Voyez  Pierres  réfractaires.  )  Quelques  sous- 
\'ariétés,  appartenant  à  des  espèces  fusibles,  résistent  à  l'ac- 
tion du  chalumeau  ,  et  prennent  Pépilhèle  d'apyre  ;  c'est 
ainsi  que  nous  avons  du  felspath,  de  la  tourmaline  apyre,  etc. 
(Brard.  ) 

PIERRE  ARBORISÉE.  {Min.)  Ce  nom  convient  à  toutes  les 
pierres  qui  renferment  ou  qui  présentent  seulement  à  leur 
surface  des  dessins  plus  ou  moins  parfaits,  qui  imitent  assez 
bien  des  buissons,  des  tiges  branchues,  des  rameaux  déta- 
chés, des  mousses,  etc.  Ces  arborisations  sont  dues  à  des 
cristallisations,  ou  à  des  infiltrations  ferrugineuses  ou  man- 
ganésifères  :  telles  sont  surtout  celles  que  l'on  remarque  sur 
les  marnes,  sur  certaines  pierres  calcaires,  et  particulièrement 
dans  les  agathes.  Les  arborisations  jaunes  et  brillantes  des 
ardoises  sont  dues  à  du  fer  sulfuré  ou  pyrite.  Voyez  Arborisa- 
tions et  Dendrites.  (Brard.) 

PIERRE  x\RGlLEUSE.  (M/m.)  Ce  nom  convient  assez  bien 
à  toutes  les  substances  qui  sont  susceptibles  de  se  désagréger 
dans  l'humidité  et  de  répandre  une  odeur  terreuse,  quand  on 
vient  à  les  humecter  ou  à  souffler  dessus  :  telles  que  les  marnes , 
Vardoise  pourrie  ou  de  rebut,  les  différentes  sortes  d'argiles, 
etc.  (Brard.) 

PIERRE  D'ARITHMÉTIQUE.  (Min.)  Quelques  pierres, 
quelques  roches  surtout,  semblent  couA^ertes  de  chiffres,  jetés 
au  hasard,  et  l'on  a  cru  devoir  leur  donner  ce  surnom. 
(Braro.) 

PIERRE  D'ARMÉNIE.  {Min.)  C'est  le  cuivre  carbonate 
bleu  terreux.  Voytz  Particle  consacré  à  cette  variété. 
(Brard.) 

PIERRE  D'ARQUEBUSE  ou  D'ARQUEBUSADE.  {Min.) 
C'est  le  fer  sulfuré,  dont  les  anciens  se  servoient  pour  garnir 


PIE  245 

leurs   mousquets    et  leurs  arquebuses.    Voyez   Fer   sulfuré. 
(Brard.) 

PIERRE  ARSENICALE.  (Min.)  Toutes  les  pierres  qui  con- 
tiennent C(  tte  substance  (l'oxide,  le  sulfure  ou  le  métal  nommé 
arJenic),  sont  des  pierres  arsenicales.  Voyez  Fer  sulfuré  ar- 
senical, (BllARD.) 

PIERRE  D'ASPERGE.  (Min.)  C'est  le  surnom  du  spargelstein 
des  Allemands  ,  qui  est  une  variété  de  notre  chaux  phos- 
phatée. (Brard.) 

PIERRE  ASSIENNE.  {Min.)  On  donnoit  autrefois  ce 
nom  à  la  pierre  d'alun  de  la  Tolfa.  Voyez  Pierre  d'alun. 
(Brard.) 

PIERRE  ATMOSPHÉRIQUE.  {Min.)  Voyez  Météorite. 
(Brard.) 

PIERRE  ATRAMENTAIRE.  {Min.)  Certains  schistes  pyri- 
teux  noirs,  tombant  en  décomposition,  et  qui  colorent  Peau 
en  noir,  ont  reçu  ce  nom  chez  les  anciens  auteurs.  Le  crayon 
noir,  la  pierre  des  charpentiers,  ou  pierre  salée  étoient  pro- 
bablement des  pierres  atramentaires.  (Brard.) 

PIERRE  AVENTURINE  ou  AVENTURINÉE.  {Min.)  Plu- 
sieurs substances  minérales  présentent,  lorsqu'elles  sont  tail- 
lées et  polies,  des  reflets  qui  ressemblent  à  une  multitude 
de  petites  paillettes  blanches  ou  jaunes  -  dorées  ou  argen- 
tées qui  brillent  toutes  à  la  fois,  et  qui  font  souvent  un  fort 
bel  effet.  Ces  minéraux,  qui  sont  assez  estimés  dans  le  com- 
merce, doivent  les  accidens  de  lumière,  dont  nous  parlons, 
soit  à  des  gerçures  internes  et  multipliées  ,  soit  à  des  pail- 
lettes de  mica,  etc.  Voyez  Felspath  ,  Quarz  aventuriné,  etc. 
(Brard.) 

PIERRE  D'AZUR.  {Min.)  Voyez  Lazulite.  (Brard.) 
PIERRE  A  BAGUETTES  ou  A  BARRES.    {Min.)    C'est  la 
substance  à  laquelle  on  a  donné  les  noms  de  scapolite,   de 
rapidolite,  de  paranthine,  et  qui  n'est  actuellement  qu'une 
variété  du  Wernerite.  Voyez  ce  dernier  mot.  (Brard.) 

PIERRE  DE  BAINS.  {Min.)  Ce  sont  les  sédimens  ou  les 
concrétions  qui  se  déposent  au  fond  des  canaux  ou  des  bas- 
eins,  qui  reçoivent  les  eaux  thermales.  Voyez  Chaux  carbo- 
rJATBE  concrétionnée.  (Brard.) 

PIERRE  DE  BARAM.  (Mi».)  L'une  des  nombreuses  déno- 


244.  PIE 

minations  de  la  pîerre  ou  de  la  serpentine  ollaire.  (Braîid.) 
PIERRE  DE  BASALTE.  {Min.)  Voyez  les  articles  Basaîte, 
Laves.  (Brard.) 

PIERRE  A  BATIR.  {Min.)  Toutes  les  pierres  que  l'on 
trouve  dans  la  nature  en  assez  grandes  masses ,  et  qui  sont 
assez  solides  pour  résister  au  choc  et  à  l'action  de  la  pluie, 
sont  susceptibles  d'être  employées  dans  la  bâtisse  commune  ; 
mais  nous  donnons  plus  particulièrement  le  nom  de  pierre 
d'appareil  à  celles  qui  sont  propres  à  l'architecture.  Voyez 
Pierre  d'appareil.  (Brard.) 

PIERRE  DE  BEAUCAIRE.  (Min.)  C'est  une  très- belle 
roche  calcaire,  dont  on  fait  us;ige  pour  les  parties  les  plus 
délicates  des  bàtimens  du  Gard  et  des  autres  départemens 
circonvoisins;  elle  se  prête  au  travail  de  la  sculpture  et  reçoit 
une  espèce  de  poli.  (Brard.) 

PIERRE  BERGERONETTE.  {Min.)  M.  Beurard ,  ancien 
agent  du  gouvernement  françois  sur  les  mines  de  mercure 
du  Palatinat,  rapporte  que  ce  nom  est  donné  à  une  sorte  de 
terre  vert -pré,  analogue  à  la  chlorite,  et  que  l'on  dit  se 
trouver  quelquefois  dans  l'estomac  du  petit  oiseau,  nommé 
bergerette  ou  bergeronette.  Ceci  demande  un  nouvel  examen. 
(  Brard.) 

PIERRE  DES  BESTIAUX.  (ZooL)  Ce  nom  équivaut  à  celui 
de  Pierre  des  animaux,  qu'on  donne  aux  diverses  concrétions 
ou  calculs,  qui  prennent  naissance  dans  les  viscères  des  qua- 
drupèdes domestiques.  (Desm.) 

PIERRE  BILIAIRE.  {Chim.)  On  a  donné  ce  nom  aux  con- 
crétions qui  se  trouvent  dans  la  bile.  Voyez  Calculs  biliaires 
DU  BŒUF  et  Calculs  biliaires  humains.  (Ch.) 

PIERRE  DE  BŒUF.  {ZooL)  Calculs  ou  concrétions  formés 
dans  les  viscères  des  bœufs.  (Desm.) 

PIERRE  DE  BOLOGNE.  {Min.)  Nom  donné,  pendant  assez 
lono^-temps,  à  de  petites  masses  rondes  de  baryte  sulfatée  com- 
posée d'aiguilles  serrées,  partant  d'un  même  centre,  qui,  après 
avoir  été  calcinées,  deviennent  phosphorescentes  dans  l'obscu- 
rité. On  en  composoit  aussi  de  petites  tablettes  qui  portoient 
le  nom  de  Phosphore  de  Bologne.  Voyez  Baryte  sulfatée  ra- 
diée. (Brard.) 

PIERRE  DE  BOMBACO.  (  ZooL  )  Les  bézoards  ou  calculs 


PIE  245 

intestinaux  des  chevaux  sont  ainsi  appelés  par  les  Portugais. 

(  DiiSM.  ) 

PIERRE  A  BOUTON.  (Min.)  C'est  notre  lignite  jajet,  dont 
on  fait ,  comme  ou  le  sait ,  des  parures  et  des  boutons  de  deuil. 
Les  numisniales,  qui  sont  des  fossiles  discoïdes,  ont  égale- 
ment reçu  cette  dénomination,  parce  qu'on  les  comparoit  à 
des  moules  de  boutons.  (Brard.) 

PIERRE  BRANCHUE.  (Min.)  Les  concrétions  calcaires  et 
surtout  Parragonite  ,  dite  Jlosferri,  portent  ce  nom  dans  l'an- 
cienne minér;ilogie.  (Brard.) 

PIERRE  A  BRIQUET.  (Mm.)  Le  silex  commun,  qui  se 
trouve  ordinairement  dans  la  craie,  débité  en  pièces  plates 
et  tranchantes  sur  les  bords,  sert  particulièrement  à  battre 
le  briquet,  et  porte  le  nom  vulgaire  de  pierre  à  briquet.  Voyez 

SlLKX   l'YROMAyCE.     (BrARD.) 

PIERRE  BRULEE.  (Min.)  Ou  donne  assez  généralement  le 
nom  de  pierres  brûlées  aux  lavos  qui  présentent  des  caractères 
évidcns  de  fusion,  soit  en  Auvergne,  soit  en  Vivarais.  C'est 
de  cette  manière  que  les  paysans  de  ces  contrées  les  désignent 
aux  voyageurs.  (Brard.) 

PIERRE  A  BRUNIR.  (Min.)  C'est  l'hématite  dure  à  pous- 
sière rouge ,  que  Pon  tire  de  PArriége  ou  d'Espagne  sous  le 
nom  de  ferret,  et  qui  sert  à  brunir  les  métaux.    Voyez  Fer 

OXIDÉ  ROUGE  CONCRÉTIQNNÉ.    (BraRD.) 

PIERRE  CALAMINAIRE  ou  CALAMINE.  (Min.)  C'est 
notre  zinc  oxidé,  dont  on  se  sert  pour  changer  le  cuivre 
rouge  en  laiton.  Voyez  Zinc  oxidé.  (Brard.) 

PIERRE  CALCAIRE  ou  CALCAIRE.  (Min.)  Toutes  les  va- 
riétés de  chaux  carbonatée,  qui  se  trouvent  en  grandes  masses, 
se  désignent  ordinairement  par  les  mots  calcaire  ou  pierre 
calcaire.  Cette  expression  a  quelque  chose  d'abréviatif  qui 
convient  à  la  rapidité  du  discours,  et  d'ailleurs ,  comme  il  y  a 
peu  de  ces  pierres  qui  ne  soient  rigoureusement  composées 
que  de  chaux  et  d'acide  carbonique,  le  mot  calcaire  est  pré- 
férable par  cela  même  qu'il  est  moins  précis,  et  l'on  dit 
calcaire  alpin,  grossier,  du  Jura,  etc.  Voyez  Chaux  carbo- 
natée. (Brard.) 

PIERRE  CAMÉLÉON.  [Min.)  Notre  silex  hydrophane  qui 
passe  dans  Peau  de  l'état  opaque  à  un  état  sensible  de  trans- 


246  PIE 

parence ,  portoit  le  surnom  de  caméléon  dans  l'ancienne 
minéralogie.  Voyez  Quarz  hydrophane.   (Brard.) 

PIERRE  DE  CANDAR.  (Min.)  C'est  le  fer  sulfuré  ou 
pyrite,  suivant  M.  Léman.  (Bbard.) 

PIERRE  DE  CANELLE  ou  KANELSTEIN  des  Allemands. 
(Min.)  C'est  notre  essonite ;  mais  elle  est  décrite  dans  ce  Dic- 
tionnaire au  mot  Kanelstein.  Voyez  ce  mot.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CAPRAROLA.  (Min.)  C'est  une  lave  par- 
semée d'une  infinité  de  cristaux  d'amphigène,  qui  se  trouve 
non-seulement  à  Caprarolaprès  de  Rome,  mais  aussi  à  Tivoli, 
à  Aquapendente  et  ailleurs.  (Brard.) 

PIERRE  CARABINE.  (Mm.)  La  pyrite  de  fer,  qui  est  notre 
fer  sulfuré,  fut  employé  à  la  place  des  mèches,  et  avant 
l'usage  des  pierres  à  fusil  ;  c'est  ce  qui  lui  fit  donner  le  nom 
de  pierre  de  carabine.   (Brard.) 

PIERRE  DE  CARLSBAD.  (Min.)  C'est  la  chaux  carbo- 
natée  incrustante,  diversement  colorée,  qui  se  dépose  dans 
les  eaux  thermales  de  Carlsbad  en  Bohème.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CASTOR.  (Zool.)  Ce  nom  a  été  donné  à  des 
calculs  intestinaux  du  castor.  (Desm.) 

PIERRE  A  CAUTERE.  (Chim.)  C'est  la  potasse  du  com- 
merce, dont  on  a  séparé  Pacide  carbonique  au  moyen  de  la 
chaux,  et  qui  a  été  ensuite  séparée ,  par  l'évaporation ,  de 
l'eau,  qui  la  tenoit  en  dissolution.  Voyez  Potassium.  (Ch.) 

PIERRE  CAVERNEUSE.  (Min.)  Cette  dénomination  vague 
convenoit  à  toutes  les  géodes,  et  tout  aussi  bien  aux  agathes 
xju'aux  fers  aetites.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CAYENNE.  (Min.)  De  petits  galets  de  quarz 
hyalin,  ordinairement  d'une  grande  pureté  et  d'une  eau  par- 
faite, ont  porté  jadis  le  nom  de  pierre  de  Cayenne;  on  les  a 
nommés  aussi  cailloux  du  Rhin  ,  diâmans  d'Alençon  ou  du 
Médoc,  et  en  effet,  on  trouve  de  ces  galets  de  quarz  parmi  le 
gravier  des  environs  de  Bordeaux ,  que  Ton  nomme  grave, 
(Brard.) 

PIERRE  DE  CAYENNE.  {Ornith.)  Le  Hocco-pauxi  est 
ainsi  désigné  par  plusieurs  ornithologistes,  bien  qu'il  ne  se 
trouve  pas  à  Cayenne.  (Desm.) 

PIERRE  CÉLESTE.  (Hm.)  Le  lazulite,  le  cuivre  carbo- 
nate bleu  terreux,  la  chaux  anhydro-sulfatée  dite  célestine , 


PIE  247 

et  la  strontiane  sulfatée  bleue,  ont  mérité  et  reçu  tour  à  tour 
cette  dénomination.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CÉMENTATION.  (Min.)  C'est  notre  Chaux 
CARBONATÉE  INCRUSTANTE.  Voycz  cct  article.  (Brard.) 

PIERRE  DES  CENDRES  ou  TIRE-CENDRE.  {Min.)  La 
propriété  de  la  tourmaline,  d'attirer  la  cendre  comme  corps 
léger,  quand  elle  avoit  été  échauffée  près  d'un  charbon  ar- 
dent ,  lui  avoit  fait  donner  ce  surnom.  Voyez  Tourmaline. 
(Brard.) 

PIERRE  A  CHAMPIGNON.  (Bot.)  Voyez,  à  Particle  Poly- 
FORUS  ,  le  Poljp.  tuberaster.  (Lem.) 

PIERRE  CHANGEANTE.  {Min.)  L'hydrophane  et  les 
pierres  chatoyantes  ont  reçu  tour  à  tour  cette  dénomination. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  CHAPON.  (  ZooL)  Ce  nom  a  été  donné  à  une 
concrétion  brunâtre  et  de  la  grosseur  d'une  fève,  que  l'on 
dit  se  trouver  dans  l'estomac  du  coq  et  du  chapon.  (Desm.) 

PIERRE  DE  CHARPENTIER.  {Min.)  C'est  un  schiste  noir 
et  tendre,  dont  les  charpentiers  et  les  appareilleurs  font 
usage  pour  tracer  leur  trait  ou  l'épure  de  leurs  ouvrages. 
(Brard. ) 

PIERRE  CHATOYANTE.  (Mm.)  Le  chatoiement  est  un 
accident  de  lumière,  qui  tient  presque  toujours  à  une  struc- 
ture fibreuse  ou  à  une  disposition  particulière  des  molécules 
cristallines,  et  ce  phénomène  consiste  dans  des  reflets  satinés  , 
soyeux  ou  nacrés ,  qui  se  manifestent  surtout ,  quand  les  pierres, 
qui  en  sont  douées,  sont  taillées  en  cabochon  ou  en  gouttes 
de  suif.  La  variété  du  quarz,  nommé  œil-de-chat,  et  le  felspath  , 
dit  pierre- de-lune ,  sont  avec  la  cymophane  les  pierres  cha- 
toyantes par  excellence.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CHAUDRON.  {Min.)  C'est  la  pierre  ollaire, 
dont  on  fait  des  vases  de  cuisine,  sur  le  tour,  soit  dans  les 
Grisons,  le  Vallais  et  ailleurs.  (Brard.) 

PIERRE  A  CHAUX.  {Min.)  Toutes  les  variétés  de  chaux 
carbonatée  sont  susceptibles  de  donner  de  la  chaux  par  la 
calcination  ;  mais  cette  chaux  diffère  par  ses  qualités  en 
raison  de  la  pierre  qui  Ta  produite  ;  de  là  cette  distinction 
de  chaux  grasse  ou  commune,  de  chaux  maigre  et  de  chaux 
hydraulique,  qui  se  distingue  de  toutes  les  autres  par  sa  pro- 


248  PIE 

priétë  de  durcir  sous  l'eau.  Les  marbres  statuaires  et  autres, 
les  pierres  calcaires  d'appareil ,  la  craie  ,  l'albâtre  proprement 
dit,  la  plupart  des  marnes,  les  coquilles  et  les  madrépores 
vivans  ou  fossiles,  donnent  de  la  chaux  par  la  calcination. 
Voyez  Chaux  carbonatée.   (Brard.) 

PIERRE  DE  CHÉLIDOINE  ou  D'HIRONDELLE.  (Min.) 
On  dit  que  le  silex  calcédoine  a  reçu  ce  nom  dans  les  anciens 
auteurs.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CHEVAL.  (ZooZ.)  Nom  donné  aux  calculs 
ou  concrétions  qu'on  trouve  quelquefois  dans  les  viscères 
abdominaux  des  chevaux.  (Desm.) 

PIERRE  DE  CHOUIN.  {Min.)  La  pierre  à  bâtir  de  Lyon 
qui  est  un  calcaire  blanc  ou  noir  avec  coquilles  fossiles,  porte 
le  nom  de  pierre  de  choiiin  ou  simplement  chouln.  Il  y  a 
même  du  chouin  antique  ,  dont  on  retrouve  des  pièces  travail- 
lées parmi  les  ruines  romaines  de  Lyon  et  des  environs.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CHYPRE.  {Min.)  L'un  des  nombreux  syno- 
nymes de  l'asbeste.   (Brard.) 

PIERRE  DE  CIRCONCISION.  {Min.)  Notre  jade,  la  pierre 
de  lu  des  Chinois,  a  reçu  ce  nom  chez  les  minéralogistes  an- 
ciens.   (Brard.) 

PIERRE  DE  CLOCHE.  {Min.)  On  a  donné  ce  nom  à  cer- 
taines pierres  volcaniques  qui  rendent  un  son  particulier  et 
assez  remarquable ,  quand  on  vient  à  les  frapper  avec  un 
marteau.  (Brard.) 

PIERRE  CLOISONNÉE.  {Min.)  Pierres  particulières  argi- 
leuses endurcies,  qui  semblent  avoir  pris  du  retrait,  et  qui 
ontreçu  dans  leurs  fissures  unesubstance  étrangère,  qui  y  forme 
des  cloisons.  Le  Ludus  Helmontii  de  l'ancienne  minéralogie 
est  un  exemple  de  ces  sortes  de  pierres.  (Brard.) 

PIERRE  DE  COBRA  ou  DE  SERPENT.  {Min.)  Les  Portu- 
gais ayant  pris  les  ammonites  fossiles  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance pour  des  serpens  enroulés  pétrifiés,  leur  donnèrent  ce 
nom.  (Brard.) 

PIERRE  DE  COCHON.  {Min.)  Nom  trivial  de  notre  Chaux 
Carbonatée  fétide.  Voyez  ce  mot.  (Brard.) 

PIERRE  DE  COCHON.  {Zool.)  Nom  donné  aux  calcula 
intestinaux  des  porcs.  (Desm.) 

PIERRE  DE  COLOPHANE.  (Mm.)  On  a  donné  ce  nom  à 


PIE  =49 

une  variété  de  grenat  et  aux  silex  résînites  ou  Pechstein,  en 
raison  de  la  ressemblance  de  ces  substances  avec  la  colophane. 
Voyez  CoLOPHONiTE.  (Brard.) 

PIERRE  DE  COLUBRINE.  (Min.)  L'une  des  nombreuses 
variétés  des  serpentines  ou  pierres  ollaires.  (Brard.) 

PIERRE  DE  COME.  (Min.)  C'est  la  pierre  ollaire ,  dont 
on  fait  des  marmites  à  Chiavenna,  et  que  l'on  vient  vendre  à 
Côme.  (Brard.) 

PIERRE  CONTRE  LA  PEUR.  (Min.)  Le  jade  néphrit 
taillé  en  forme  de  petits  cœurs  ou  de  petits  poissons,  servoit 
à  former  des  amulettes  de  ce  nom  ,  qu'on  suspendoit  au  cou 
des  enfans  pour  les  préserver  de  la  peur.  (Desm.) 

PIERRE  DE  COQ.  [Zool.)  Concrétion  calculeuse  ou  bé- 
zoard ,  que  l'on  dit  se  trouver  quelquefois  dans  l'estomac  du 
coq  ou  du  chapon.   (Desm.) 

PIERRE  DE  COQUILLE.  (Conchjl.)  Dans  les  recueils,  où 
l'on  a  eu  pour  but  de  signaler  toutes  les  concrétions  acci- 
denielles  que  l'on  trouve  dans  le  corps  des  animaux,  on  a 
désigné  ainsi  les  Perles.  Voyez  ce  mot.  (DeB.) 

PIERRE  DE  CORNE.  {Min.)  Ce  nom ,  comme  plusieurs 
autres,  a  joui  du  singulier  privilège  de  rassembler  une  foule 
de  roches  de  nature  opposée;  c'étoit  en  quelque  sorte  la 
case  des  roches  douteuses.  Il  suffisoit  qu'elles  fussent  noirâ- 
tres ,  pour  qu'on  les  qiialifîàt  de  roches  de  corne.  Voyez 
cependant  plus  particulièrement  notre  article  Cornéenne. 
(B.) 

PIERRE  DE  COULEUR.  {Min.)  Les  joailliers,  les  bijou- 
tiers et  les  lapidaires  réunissent  sous  cette  dénomination 
générale  toutes  les  pierres  fines  colorées,  comme  l'éméraude  , 
le  grenat,  les  saphirs,  etc.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CRABES.  {Foss.)  Les  pétrifications  de  crus- 
tacés et  de  certaines  coquilles  qui,  telles  que  les  nautiles, 
présentent  quelque  analogie  avec  une  queue  d'écrevisse,  ont 
reçu  ce  nom  des  anciens  oryctographes.  (Desm.) 

PIERRE  DE  CRAPAUD.  {Min.)  Les  mineurs  du  Derbyshire, 
et  par  suite  tous  les  minéralogistes  anglois  ont  nommé  Toad- 
stone,  pierre  de  crapaud,  une  cornéenne  compacte  amygda- 
laire  ,  qui  recèle  ou  qui  interrompt  quelquefois  les  filons 
nombreux  de  plomb  sulfuré  qui  abondent  dans  cette  contrée. 


25o  PIE 

(Voyez  CoRNÉENNE.)  Certaines  dents  de  poissons  fossiles ,  que 
l'on  trouve  en  Sicile  et  ailleurs,  ont  également  reçu  le  nom 
de  pierre  de  crapaud.  (Brard.) 

PIERRE  DE  CROIX  ou  CROISETÏE.  (Mm.)  Voyez  Stau- 
ROTIDE.   (Brard.) 

PIERRE  CRUCIFORME.  (Min.)  Voyez  Harmotome.  (Brard.) 

PIERRE  EN  DÉLIT.  (Min.)  On  dit  qu'une  pierre  est  en 
délit  lorsqu'on  l'a  placée  dans  un  mur  sur  le  sens  opposé 
à  celui  oii  elle  gisoit  dans  la  carrière;  on  doit  l'éviter, 
parce  que  placées  ainsi,  les  pierres  calcaires  d'appareil  sont 
beaucoup  moins  solides,  que  quand  elles  le  sont  suivant 
leur  lit  de  carrière.  Voyez  a  l'article  Pierres  d'appareii,. 
(Brard.  ) 

PIERRE  A  DÉTACHER.  {Min.)  Les  argiles  smectiques,  qui 
ont  la  propriété  d'absorber  les  corps  gras  ,  sont  employées 
non-seulement  dans  les  foulons  pour  la  préparation  des  draps; 
mais  en  petit,  l'on  s'en  sert  pour  enlever  les  taches  d'huile  ou 
de  graisse.  On  les  taille  en  petits  pains  carrés,  qui  portent 
Ip  nom  de  savon  de  soldat  ou  de  pierre  à  détacher;  telle  est 
entre  autres  celle  qui  se  trouve  à  Montmartre  près  Paris. 
Voyez  Argile.  (Brard.) 

PIERRE  DIVINE.  {Min.)  L'une  des  nombreuses  dénomi- 
nations du  jade.  (Brard.) 

PIERRE  DE  DOMINE.  (Min.)  M.  Patrin  prétend  que  la 
terre  bolaire  de  Pile  d'Amboine  a  été  nommée  ainsi  par 
quelques  naturalistes  hollandois.  (Brard.) 

PIERRE  DOUBLANTE.  {Min.)  C'est  la  chaux  carbonatée 
primitive ,  qui  jouit  de  la  double  réfraction  à  un  très-haut 
degré.  Voyez  Chaux  carbonatée.  (Brard.) 

PIERRE  DOUCE,  DEMI-DOUCE  ET  RUDE.  {Min.)  Les 
ouvriers,  qui  usent  ou  qui  polissent  les  métaux,  ont  donné 
ces  noms  aux  différentes  sortes  de  grès  et  de  schistes  qu'ils 
emploient  à  cet  usage,  La  plupart  nous  sont  apportées  de 
Nuremberg.  (Brard.) 

PIERRE  DE  DRAGÉES  ou  DRAGÉES  DE  TIVOLI.  {Min.) 
Petites  incrustations  calcaires  blanches,  d'un  volume  et 
d'une  figure  assez  uniformes,  qui  se  déposent  dans  les  eaux 
thermales  de  Tivoli.  Voyez  Chaux  caubonaték  globuliforme 
testacée.  (Brard.) 


PIE  25l 

PIERRE  DE  DRAGON.  (Min.)  Les  charlatans  qui  courent 
les  marchés  et  les  campagnes,  vendent  quelquefois  de  petits 
cailloux  lenticulaires  fort  innocens,  sous  le  nom  de  pierre  de 
dragon.  (Brard.) 

PIERRE  A  ÉCORCE.  (  Min.  )  Wallerius ,  dit  Saussure , 
avoit  fort  bien  remarqué  que  dans  quelques  espèces  de 
pierres  de  corne,  cornéennes,  le  fer  qui  entre  dans  leur 
composition,  s'altère  à  leur  surface,  en  change  la  couleur  et 
même  le  tissu.  Cette  altération  se  présente  sous  un  tout 
autre  aspect  dans  certains  silex,  où  elle  prend  une  apparence 
plombée.  Je  l'ai  remarquée  entre  autres  sur  les  silex  de  la 
montagne  Sainte-Catherine,  à  Rouen.  (Brard.) 

PIERRE  D'ÉCREVISSE.  (Crust.)  On  a  donné  ce  nom  à 
deux  plaques  ovalaires  et  bombées,  de  substance  calcaire, 
qui  existent  dans  les  parois  de  l'estomac  de  l'écrevisse,  et 
sans  doute  de  la  plupart  des  crustacés  décapodes,  quelque 
temps  avant  leur  mue,  et  qui  diminuent  à  mesure  que  le 
nouveau  têt  se  durcit;  ce  qui  a  fait  présumer  que  ces  pierres 
sont  le  dépôt  de  la  matière  calcaire  ,  nécessaire  à  sa  consoli- 
dation. 

Ces  pierres  étoient  autrefois  d'un  grand  usage  en  médecine 
comme  remède  absorbant  ;  on  ne  les  emploie  plus ,  et  elles 
sont  remplacées  parle  carbonate  de  magnésie.  (Desm.) 

PIERRE  A  ÉCRITOIRE.(lVl  m.)  Suivant  l'Encyclopédie  japo- 
noise,  on  donneroit  ce  nom  à  une  pierre  naturellement 
creuse,  dans  laquelle  les  lettrés  du  pays  délayeroient  leur 
encre  et  tremperoient  leur  pinceau  pour  écrire  ;  c'est  pro- 
bablement une  pétrification.  (Brard.) 

PIERRE  ÉCUMANTE.  {Min.)  M.  Léman  pense  que  la 
pierre  écumante,  ou  Gœstein  des  Suédois,  n'est  qu'une  mé- 
sotype compacte  altérée,  analogue  à  la  crocalite.  Elle  est 
extrêmement  fusible  et  se  boursouffle  au  chalumeau  en  un 
verre  blanc  écumeux.  M.  Léman  s'est  particulièrement  occupé 
de  ces  substances  et  doit  faire  autorité  dans  cette  circonstance. 
(Brard.) 

PIERRE  ÉCUMANTE.  {Min.)  L'extrême  facilité,  avec  la- 
quelle certaines  obsidiennes  se  fondent  au  chalumeau ,  leur 
a  encore  valu  le  nom  de  Gœstein.  Voyez  Obsidiennes.  (Brard.) 

PIERRE  ÉLASTIQUE,    FLEXIBLE  ou  PLIANTE.  {Min.) 


252  PIE 

On  peut  distinguer  deux  sortes  de  pierres  flexibles  :  celles 
qui  le  sont  avec  élasticité,  comme  le  mica  ,  et  celles  qui 
sont  simplement  flexibles,  sans  qu'elles  puissent  reprendre 
d'elles-mêmes  leur  première  forme  ou  situation,  tels  sont 
les  grès  micacés  du  Brésil,  les  marbres  blancs  ch;iuff'és  et  les 
marbres  blancs  poufs  ,  réduits  en  tablettes  minces.  Ce  phé- 
nomène tient  à  un  arrangement  particulier  des  molécules, 
ou  à  la  présence  du  mica.  (Brard.) 

PIERRE  ÉLECTRIQUE.  (Mm.)  On  dit  que  le  succin ,  qui 
se  nommoit  electrum  chez  les  anciens,  a  donné  naissance  au 
mot  électricité;  c'est  donc  la  pierre  électrique  par  excellence. 
Cependant  la  tourmaline,  qui  a  donné  les  premiers  signes 
d'attraction  et  de  répulsions  successives,  peut  lui  disputer 
cette  prérogative.   (Brard.) 

PIERRE  ÉLÉMENTAIRE.  [Min.)  C'est  un  des  surnoms 
de  l'opale  noble.  (Brard.) 

PIERRE  D'ÉMÉRIL  (Mm.)  C'est  Péméril  en  roche,  et 
tel  qu'il  se  trouve  dans  la  nature  avant  qu'il  ait  été  pulvé- 
risé, lavé  et  approprié  aux  arts.  Voyez  Corindon  éméril. 
(Brard.) 

PIERRE  A  EMPREINTE.  (  Mm.  )  Cette  dénomination 
vague  convient  tout  aussi  bien  aux  calcaires  fissiles  qui  ren- 
ferment les  empreintes  de  plantes,  de  poissons  et  d'insectes , 
d'Œningen,  de  Pappenheim  et  de  Vestenanova,  qu'aux  ar- 
doises de  Claris  et  aux  schistes  impressionnés  des  houiîlers. 
(  Brard. ) 

PIERRE  EN  ÉPI.  [Min.)  Plusieurs  substances  offrent  une 
disposition  analogue  à  celle  de  la  barbe  des  épis  de  blé: 
tels  sont  entre  autres  le  Mica  des  Pyrénées,  le  Gypse  sélénite 
des  environs  de  Paris,  plusieurs  variétés  de  la  Chaux  car- 
30NATÉE ,  etc.  Le  cuivre  sulfuré  spiciforme  mériteroit  plus 
que  tout  autre  minéral  le  nom  de  pierre  en  épi.  Voyez  ces 
différens  articles.   (Brard.) 

PIERRE  D'ÉPONGÉ,  {Min.)  La  pierre  d'épongé  des  an- 
ciens naturalistes  n'appartient  point  à  la  minéralogie,  c'étoit 
tout  simplement  ces  fragmens  de  madrépores  ou  lithophytes, 
qui  se  trouvent  souvent  dans  Pintérieur  des  éponges  com- 
munes, mais  auxquels  on  n'avoit  pas  manqué  d'attribuer 
beaucoup  de  propriétés  imaginaires.  (Brard.) 


PIE  253 

.  PIERRE  D'ÉTAIN  SPATHIQUE.  (Min.)  Linné  avoit  ainsi 
nommé  notre  schéelin  calcaire.  (Brard.) 

PIERRE  D'ETHIOPIE.  (Min.)  On  rapporte  ce  nom  aux 
prétendus  basaltes  noirs  et  verts  d'Ég^qitc,  qui  sont  deux 
variétés  de  diabase.  Le  noir  passe  insensiblement  au  siénite 
rouge  d'Egypte.  (Brard.) 

PIERRE  ÉTOILÉE.  (Min.)  Les  articulations  d'encrinites 
fossiles,  détachées  et  isolées,  ont  la  forme  de  petites  pas- 
tilles plates,  à  cinq  et  six  rayons;  on  leur  attribuoit  autre- 
fois une  origine  et  des  propriétés  merveilleuses  sous  le  nom 
de  pierres  étoilées.  Des  madrépores  pétrifiés,  dont  on  peut 
faire  des  plaques,  des  boites  et  autres  bijoux,  ont  égale- 
ment reçu  ce  nom  ,  à  cause  de  la  forme  de  leurs  cellules. 
(Brard.  ) 

PIERRE  ÉTOILÉE.  {Min.)  On  donne  encore  ce  nom  au 
corindon  saphir  astérie,  bleu  ou  rouge,  qui  présente  un 
retlet  chatoyant,  nacré  à  six  rayons.   (Brard.) 

PIERRE  D'ÉVÊQUE.  (Mm.)  C'est  le  quarz  améthyste  dont 
les  évéques  sont  dans  l'usage  de  porter  une  bague;  la  cou- 
leur violette  de  cette  pierre  est  analogue  à  celle  de  Phabit 
de  ces  prélats,  et  c'est  prohablement  ce  qui  lui  a  valu  la 
préférence.   (Brard.) 

PIERRE  A  FARD.  {Min.)  Voyez  Talc,  parce  que  cette 
pierre  douce  est  la  base  du  fard  des  dames.  (Brard.) 

PIERRE  A  FAUX.  {Mm.)  On  fabrique  ordinairement  les 
pierres  à  faux  avec  le  grès  psammite  qui  fait  partie  des  ter- 
r;iins  houillers,  telles  sont  celles  de  la  Belgique.  On  en  fait 
de  toutes  pièces  avec  un  grès  pulvérulent  que  l'on  réduit 
en  pâte,  que  l'on  moule  et  que  l'on  cuit  comme  de  la  poterie. 
Voyez  Grés  psammite.  (Brard.) 

PIERRE  FÉTIDE.  (  Min.  )  Voyez  Chaux  carbonatée  et 
Quarz  fétide.  Cette  odeur  devient  sensible  par  le  choc. 
(Brard.) 

PIERRE  A  FEU.  {Min.  )  On  donne  ce  nom  aux  silex, 
pierre  à  fusil  et  à  briquet,  et  dans  les  usines,  on  le  donne 
aux  grès  ou  autres  pierres  qui  résistent  à  l'action  du  feu  des 
fourneaux.  (Brard.) 

PIERRE  DE  FIEL.  {Zool.)  Ce  nom  est  donné  particuliè- 
rement aux  calculs  ou  aux  concrétions ,  qui  se  forment  dans 


254  PIE 

la  vésicule  du  fiel  ou  dans  le  canal  cholédoque  des  animaux, 
et  qui  renl'erment  toujours  plusieurs  des  principes  consti- 
tuans  de  la  bile.  Leur  couleur  est  ordinairement  d'un  brun 
verdâtre,  et  leur  toucher  est  savonneux.  (Desm.) 

PIERRE  FIGURÉE.  {M m.)  Ce  nom  est  vulgairement  donné 
aux  pierres  qui  présentent  fortuitement  dans  leurs  formes 
quelque  ressemblance  avec  des  corps  organisés  quelconques, 
végétaux  et  animaux.  Elles  dififèrent  des  vraies  pétrifications 
en  ce  qu'elles  n'offrent,  dans  leur  structure,  aucune  trace 
de  l'organisation  du  corps,  qu'elles  semblent  représenter  plus 
ou  moins  grossièrement.  (Desm.) 

PIERRE  A  FILTRER.  (Min.)  Les  roches,  dont  le  tissu  est 
assez  lâche  pour  laisser  passer  l'eau,  mais  dont  les  pores  ne 
sont  point  assez  larges  pour  que  les  molécules  des  corps 
étrangers  puissent  passer  avec  elle ,  sont  des  pierres  fil- 
trantes, parce  que  l'eau  trouble  ,  que  l'on  met  dans  le  creux 
d'une  de  ces  pierres,  en  sort  claire  et  limpide.  Tel  est  le 
liais  de  Paris ,  le  grès  d'Espagne  et  de  Bohème ,  etc.  (Brard.) 

PIERRE  DU  FIRMAMENT.  (  Min.  )  Dénomination  ridicule, 
donnée  à  une  variété  d'opale.  (Brard.) 

PIERRE  FLEXIBLE.  (Min.)  Voyez  Pierre  élastique  et 
l'article  Minéralogie,  t. XXXI,  de  ce  Dictionnaire,  p.  235  et 
suivans.   (Brard.) 

PIERRE  DE  FLORENCE.  (Min.)  Voyez  Pierres  de  Flo- 
rence. (Brard) 

PIERRE  DE  FOIE.  [Min.)  Certains  calcaires  répandent, 
quand  on  les  frappe,  une  odeur  d'œufs  couvés,  d'hydro- 
sulfure  ,  que  l'on  nommoit  jadis  foie  de  soufre.  C'est  à  cela 
que  ces  calcaires  et  certains  quarz  ont  dû  le  nom  de  pierre 
de  foie  ,  et  non  à  leur  couleur.  L'odeur  du  quarz  fétide  se 
rapproche  davantage  de  celle  d'une  matière  cornée,  que  de 
l'hydrogène  sulfuré.   (Brard.) 

PIERRE  DE  FOUDRE  ou  DE  TONNERRE.  (Min.)  Les  bé- 
lemnites  et  les  pyrites  de  fer  ont  reçu  ces  noms  ;  mais  on 
les  a  donnés  depuis,  avec  plus  de  vraisemblance  ,  aux  pierres 
atmosphériques  qui  tombent  sur  la  terre  à  la  suite  d'une 
violente  explosion,  mais  qui  n'ont  cependant  rien  de  com- 
mun avec  la  foudre.  Voyez  Météorite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  FRAL  (Foss.)  Certaines  oolithes  et  plusieurs 


PIE  2^5 

amas  de  très-petifes  coquilles  cloisonnées  ,  globuleuses ,  nom- 
mées borélies  par  Denys  de  Montfort ,  ont  reçu  ce  nom, 
parce  qu'on  les  considéroit  comme  des  amas  d'œuls  de  pois- 
sons pétrifiés.  (Desm.) 

PIERRE  FROMENTAIRE  ou  FRUMENTAIRE.  {Min.)  Nom 
donné  à  des  fossiles  qui  ressemblent  assez  à  des  grains  de  blé 
ou  aux  roches  qui  les  contiennent  en  abondance  :  tel  que 
le  marbre  isabelle  du  Roussillon ,  si  communément  employé 
à  Toulouse,  et  qui  paroît  entièrement  composé  de  camé- 
rines,  dont  la  section  verticale  ressemble  à  des  grains  de 
blé  ou  de   riz.  (Brard.) 

PIERRE  FULMINAIRE.  {Foss.)  Voyez  Pierre  fulminante. 
(Desm.) 

PIERRE  FULMINANTE  ou  DE  FOUDRE.  (  Foss.  )  Les 
anciens  oryctographes  donnoient  ce  nom  aux  bélemnites, 
(  Desm.  ) 

PIERRE  A  FUSIL.  (Min.)  Voyez  Silex  pyromaque  blond. 
On  fait  cependant  aussi  des  pierres  à  fusil  avec  le  silex  noir, 
soit  en  Angleterre,  soit  en  Belgique,  et  même  en  France. 
(Brard. ) 

PIERRE  DE  GALLINACE.  (Min.)  Nom  que  l'on  don- 
noit  à  l'obsidienne  du  Pérou.  Voyez  Obsidienne.  (Brard.) 

PIERRE  -  GARIN.  (  Ornith.  )  Cette  grande  hirondelle 
de  mer  est  le  sterne  pierre -garin  ,  sterna  hirundo ,  Linn. 
(Ch.  D.) 

PIERRE  GÉODIQUE.  (Min.)  Voyez  Géodes  et  Fer  oxidk 
hydraté  GÉODiyuE.  (Brard.) 

PIERRE  DE  GLACE.  {Min.)  C'est  une  des  nombreuses 
synonymies  de  la  Chaux  sulfatée  cristallisée.  Voyez  cet  arti- 
cle. (Brard.) 

PIERRE  DE  GO  A.  {Zool.)  Au  temps,  où  l'on  supposoit 
beaucoup  de  vertus  médicales  aux  bézoards  ou  calculs  in- 
testinaux des  animaux,  on  en  fabriquoit  de  factices,  qui  sont 
connus  sous  le  nom  de  |)ierres  de  Goa.  (Desm.) 

PIERRE  GRAPHIQUE  ou  GRANIT  GRAPHIQUE.  (  Mm.  ) 
Roche  à  base  de  felspath  blanc  ou  rose,  lardée  de  cristaux 
de  quarz  gris,  régulièrement  disposés,  et  offrant  dans  leur 
section  horizontale  des  espèces  de  caractères  ou  d'écriture. 
Voyez  Pegmatite.  (Brard.) 


256  PIE 

PIERRE  GRASSE.  (  Min,)  Fetlstein  de  Werner.  Voyez 
Eléolithk.   (Brard.) 

PIERRE  DE  HACHE.  (  Min.  )  Voyez  à  rarticle  Jade. 
(Brard.) 

PIERRE  HÉBRAÏQUE.  (Min.)  C'est  un  des  noms  de  no- 
tre Granité  pegmatite,  que  l'on  avoit  aussi  nommé  Pierre 
GRAPHIQUE  ou  ÉCRITE.  Voyez  ces  mots.   (Brard.) 

PIERRE  HÉLIOTROPE.  {Min.)  Voyez  Héliotrope.  C'est 
un  quarz  agathe.  (Brard.) 

PIERRE  HÉMATITE.  (  Min.  )  II  y  en  a  ,  dont  la  poussière 
est  d'un  rouge  sombre;  c'est  une  variété  de  notre  fer  oxidé 
rouge,  et  d'autres,  dont  la  poussière  est  d'un  jaune  plus  ou 
moins  foncé,  passant  au  brun,  mais  sans  mélange  de  rouge, 
et  celle-ci  est  une  variété  de  fer  oxidé  hydraté.  Voyez  Fer 
HYDRATÉ  et  Fer  oxidé  rouge.  (Brard.) 

PIERRE  HÉPATIQUE.  {Min.)  On  a  donné  ce  nom  à  plu- 
sieurs substances  métalliques  ,  dont  la  couleur  rouge  brune 
s'approchoit  plus  ou  moins  de  la  teinte  du  foie,  tels  entre 
autres  que  le  fer  hématite,  etc.  (Brard.) 

PIERRE  HERBORISÉE.  {Min.)  Voyez  Dendrites  ,  Pierres 
ARBORisÉES,  Pierres  figurées,   etc.   (Brard.) 

PIERRE  HERCULIENNE.  {Min.)  C'étoit  un  des  noms 
donnés  au  fer  oxidulé  alimentaire.  (Brard.) 

PIERRE  D  HIRONDELLE.  (  Zool.  )  Ce  nom  a  été  donné  à 
de  petites  pierres  qu'on  trouve  dans  l'estomac  des  hirondelles 
et  auxquelles  on  attribuoit  autant  de  vertus  imaginaires  qu'aux 
autres   concrétions  des  animaux  ou  bézoards. 

Le  même  nom  et  ceux  de  pierre  de  chélidoine  et  de 
pierre  de  Sassenage  ont  été  appliqués  à  de  petites  agathes 
lenticulaires,  qu'on  trouve  dans  diff'érens  lieux  de  la  Suisse 
et  aussi  dans  les  grottes  de  Sassenage  ,  près  Grenoble. 
(Desm.) 

PIERRE  A  L'HUILE  ou  PIERRES  DU  LEVANT.  {Min.) 
On  connoît  dans  les  arts  et  dans  le  commerce,  sous  le  nom 
de  pierres  à  l'huile,  une  sorte  de  calcaire  excessivement 
compacte  qui  ne  fait  qu'une  effervescence  lente  et  tardive 
dans  les  acides,  et  qui  a  peine  à  se  laisser  rayer  par  un  burin 
d'acier;  sa  couleur  est  le  jaune  pâle  ou  le  blanc  sale.  Elle 
vient,  dit-on  ,  des  environs  de  Smyrne;  on  la  vend  a  Paris,  à 


PIE  25; 

trois  francs  la  livre ,  et  sert  au  moyen  de  l'huile  d'olive  à  ai- 
guiser la  coutellerie  fine.  (Brard.) 

PIERRE  HUMAINE.  (ZooL)  Les  différens  calculs  ou  con- 
crétions des  viscères  de  l'homme  ont  quelquefois  reçu  ce 
nom.  (Desm.) 

PIERRE  HYDROPHANE  (Min.);  c'est-à-dire,  qui  devient 
transparente  ou  du  moins  translucide  dans  l'eau  :  c'est  notre 
quarz  silex  hydrophane.  Voyez  Hydrophane  et  Silex  hydro- 
FHANE.   (Brard.) 

PIERRE  HYGROMÉTRIQUE.  {Min.)  Je  propose  de  nom- 
mer ainsi  les  pierres  d'appareil,  qui  ont  la  propriété  de  se 
couvrir  d'humidité  à  Papproche  du  changement  de  temps  et 
de  se  sécher  ensuite.  Nous  ne  savons  à  quoi  attribuer  cette 
propriété,  et  c'est  pour  appeler  Pattention  des  observateurs 
sur  ce  phénomène,  que  je  me  détermine  à  le  consigner  ici; 
peut-être  cet  effet  tient -il  à  la  présence  d'un  sel,  comme 
nous  l'avons  vu  en  parlant  des  pierres  solaires.  (Brard.) 

PIERRE  IDIOMORPHE.  (Foss.)  Ce  nom  a  été  donné  à  des 
pierres  figurées  accidentellement,  ou  à  des  pétrifications. 
(Desm.) 

PIERRE  IMPRESSIONNÉE.  (Min.)  Ce  nom  convient  par- 
ticulièrement aux  schistes  argileux,  couverts  d'impressions  de 
fougères,  et  qui  se  trouvent  dans  les  terrains  houillers;  mais 
on  conçoit  qu'il  appartient  aussi  aux  pierres  calcaires,  qui 
conservent  Pempreinte  en  creux  ou  en  relief  des  coquilles 
ou  autres  corps  organisés;  cette  dénomination  est  donc  vague 
et  mauvaise.  (Brard.) 

PIERRE  DES  INCAS.  (Min.)  Ayant  trouvé  des  plaques 
de  pyrites  polies  dans  les  tombeaux  des  princes  péruviens, 
on  pensa,  qu'ils  s'en  étoient  servis  comme  de  miroirs,  ce  qui 
n'est  cependant  pas  prouvé;  mais  cette  idée  prévalut,  et  les 
pyrites  reçurent  encore  celte  nouvelle  dénomination  ,  qu'elles 
partagèrent  aussi  avec  la  pierre  de  gallinace  ,  qui  est  une 
variété  cV obsidienne.  (Brard.) 

PIERRE  INFERNALE.  {Chim.)  C'est  le  nitrate  d'argent, 
fondu  et  coulé  en  cylindre  dans  une  lingotière.  Voyez  ,  au 
mot  Nitrates,  Nitrate  d'argent.  (Ch.) 

PIERRE  D"1RIS.  (Min.)  L'iris  des  lapidaires  et  des  joail- 
liers n'est  ordinairement  qu'un  quarz  fendillé  naturellement 
40.  17 


258  PIE 

on  par  l'art,  et  qui  doit  à  cet  accident  la  faculté  de  réfléchir 
les  couleurs  de  l'iris.  Voyez  Quarz  irise.  (Brard.) 

PIERRE  D'ITALIE.  (Mm.)  C'est  une  variété  de  schiste 
argileux  très- fin,  dont  les  dessinateurs  se  servent  avec  succès 
pour  les  dessins  fins  et  délicats.  (Brard.) 

PIERRE  A  JÉSUS.  (Min.)  Comme  le  mica  et  la  chaux 
sulfatée  se  divisent  facilement  en  lames  transparentes,  les 
religieuses  s'en  servent,  en  place  de  verre,  pour  conserver 
les  images  sacrées  qu'elles  exécutent  dans  le  silence  du  cloître; 
de  la   le  nom   de  pierre  à  Jésus.   (Brard.) 

PIERRE  JUDAÏQUE.  (Min.)  Surnom  de  certaines  pointes 
d'oursins  fossiles,  trouvées  dans  l'Orient,  et  rapportées  de 
Palestine  par  les  Croisés.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LABRADOR.  (  Mm.  )  Le  felspath  opalin  , 
découvert  sur  les  côtes  du  Labrador  ,  porte  encore  ce 
nom  dans  le  commerce,  quoique  l'on  en  ait  trouvé  de- 
puis dans  plusieurs  autres  contrées.  Voyez  Felspath  opalin. 
(Brard.  ) 

PIERRE  DE  LAIT;  Milcli- Stein,  Wern.  (Min.)  Lait  de 
lune  ou  agaric  minéral  de  l'ancienne  minéralogie.  Les  subs- 
tances qui  ont  reçu  cette  singulière  dénomination,  ne  sont 
pour  Pordinaire  que  de  la  Chaux  carbonatée  ou  de  la  Chaux 
SULFATÉE  SPONGIEUSE,  déposécs  par  les  eaux  dans  les  fissures 
des  roches  calcaires.  Voyez  l'Histoire  de  ces  deux  espèces. 
(Brard.  ) 

PIERRE  A  LANCETTE.  (Min.)  On  donne  ce  nom,  dans 
le  commerce  ,  à  des  variétés  de  schiste  argilo-siliceux  olivâtre  , 
dont  le  grain  est  fin  et  serré;  elles  ont  les  plus  grands  rap- 
ports avec  les  pierres  à  rasoirs.  On  nous  apporte  ces  pierres 
de  Nuremberg.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LARD.  {Min.)  Le  toucher,  l'aspect  et  même 
la  couleur  de  certaines  variétés  de  stéatites  de  la  Chine  leur 
ont  valu  ce  nom.  Voyez  Serpentines,  Stéatijes  et  Pagodite. 
(Brard.) 

PIERRE  ;,ÉGÈRE.  {Min.)  C'est  notre  silex  nec tique ,  dont 
le  tissu  lâche  lui  permet  de  nager  momentanément  à  la  sur- 
face de  Peau.  Voyez  Silex  nectique.  (Brard.) 

PIERRE  LENTICULAIRE.  {Min.)  On  a  donné  ce  nom  à 
plusieurs  corps  organisés  fossiles  de  forme  lenticulaire  ,  mais 


PIE  259 

qui  appartiennent  à  difFérens  genres.    Voyez  en  particulier 
Camérine,  Nummumte  et  Cyclolite.  (Brard.) 

PIERRE  DU  LEVANT.  (Min.)  La  pierre  du  Levant  du 
commerce  est  une  roche  calcaire  extrêmement  compacte, 
qui  est  lente  à  faire  effervescence ,  dont  la  cassure  est  exces- 
sivement compacte,  et  qui  passe  du  jaune  pâle  au  verdâtre, 
quand  on  l'imprègne  d'huile  d'olive.  Li  s  artisks  en  font  usage 
pourafuler  les  taillans  fins  de  leurs  meilleurs  instrumens;  on 
assure  qu'elle  se  trouve  à  Smyrne  ,  et  qu'on  l'apporte  en  lest 
à  Marseille.  On  la  vend  à  trois  francs  la  livre  à  Paris.  (Brarp.) 
PIERRE  DE  LIAIS.  {Min.)  Les  Parisiens  nomment  ainsi 
Tune  des  plus  belles  espèces  de  leurs  pierres  à  bâtir;  ils  en 
distinguent  même  trois  variétés  :  le  liais  dur,  le  liais  ferault 
et  le  liais  tendre  ou  rose;  en  sorte  que  le  mot  liais  ne  se 
rapporte  pas  toujours  au  même  banc  de  pierre  ,  mais  c'est  une 
sorte  d'expression  générale  qu'ils  appliquent  aux  pierres  d'ap- 
pareil,  qui  ont  le  grain  fin,  serré  et  dépourvu  de  cavités. 
L'ancien  liais  de  Paris,  s'exploitoit  dans  les  carrières  des 
environs  du  Luxembourg  et  de  PObservafoire  ;  on  s'en  sert 
pour  les  fontaines  domestiques  et  pour  les  pierres  tumulaires. 
Voyez  Chaux  carp.onatée  grossière.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LIMACE.  {Conclu)  C'est  une  coquille  interne 
qui  se  trouve  sous  le  manteau  de  la  plupart  des  limaces,  et 
que  l'on  avoit  prise  pour  une  simple  concrétion.  J'en  ai  fait 
le  genre  Limacelle,  dans  mon  Histoire  des  coquilles  terrestres 
et  fluviatiles  des  environs  de  Paris,  et  j'en  ai  figuré  quatre 
espèces.  (Brard.  ) 

PIERRE  DE  LLMACE.  {Conchjl.)  Nom  quelquefois  em- 
ployé anciennement  pour  désigner  le  rudiment  de  coquille 
des  limaces.  (De  B.  ) 

PIERRE  DE  LIME.  {Min.)  Comme  l'émeril  raie  et  polit 
le  fer,  on  lui  a  donné  ce  nom  qui  conviendroit  à  presque 
tous  les  grès.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LIS.  {Min.)  C'est  le  nom  donné  à  une  espèce 
d'encrinite  fossile.  (Brard.) 

PIERRE  LITHOGRAPHIQUE.  {Min.)  Jusqu'ici,  la   seule 
pierre  qui  soit  susceptible  de  se  prêter  à  la  pratique  de  Part 
lithographique  ,    est   un   calcaire   excessiveme;it   compacte 
terne  dans  sa  cassure   et  légèrement  argileux,  dont  le  type 


26o  PIE 

existe  à  Pappenheim ,  mais  dont  on  a  trouvé  Tanalogue  sur 
plusieurs  points  de  la  France.  Voyez  Chaux  carbonatée  com- 
pacte. (Brard.  ) 

PIERRE  LUMACHELLE  ou  MARBRE  LUMACHELLE. 
(Min.)  Calcaires  pénétrés  d'une  quantité  notable  de  coquilles 
fossiles  qui  conservent  quelquefois  leurs  couleurs  et  tout 
l'éclat  de  leur  orient  :  telle  est  la  lumachelle  de  Carinthie. 
(Brard.) 

PIERRE  LUMINEUSE.  {Min.)  Plusieurs  variétés  de  baryte 
sulfatée,  étant  calcinées  et  portées  dans  les  ténèbres,  y  ré- 
pandent une  lueur  phosphorique  :  telle  est  entre  autres  celle 
qui  se  trouve ,  en  masses  arrondies,  aux  environs  de  Bologne  , 
en  Italie.  (Brard.  ) 

PIERRE  DE  LUNE.  (Min.)  Le  beau  reflet  nacré  et  argen- 
tin du  felspath  nacré  du  Saint-Gothard  et  de  Ceilan  ,  lui  a 
valu  le  nom  de  pierre  de  lune  qu'il  porte  dans  le  commerce. 
Voyez  Felspath  nacré.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LA  LUNE.  {Min.)  Voyez  Météorite.  (Brard.) 

PIERPvE  DE  LYDIE.  (  Min.)  C'est  une  cornéenne  noire, 
qui  sert  de  pierre  de  touche.  Voyez  Pierre  de  touche.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LYNX.  {Min.)  L'un  des  noms  de  la  bélem- 
nile  fossile.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LYNX.  {Bot.)  Voyez  Pierre  a  champignon. 
(Lem.) 

PIERRE  DES  MAGICIENS,  (^cffnoz.)  Le  tubipore  musique 
de  la  mer  Rouge  a  reçu  ce  nom.  (Desm.) 

PIERRE  A  MAGOT.  {Min.)  Voyez  Pagodite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  MALAC  ou  DE  MALACCA.  {Zool.)  Un  bé- 
zoard  qu'on  apportoit  des  Indes  étoit  ainsi  appelé.  (Desm.) 

PIERRE  DE  MANGANÈSE.  (Mm.)  Voyez  Manganèse  oxidb. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  MANSFELD.  {Min.)  C'est  le  minerai  exploité 
dans  le  comté  de  Mansfeld  en  Saxe,  et  qui  est  composé  d'un 
schiste  bitumineux,  cuprifère  avec  empreintes  de  poisson. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  MATRICE.  {Foss.)  Ce  nom  et  celui  de  pierre 
hystérique  étoient  donnés  à  des  moules  intérieurs  de  téré- 
bratules  fossiles ,  auxquels  on  attribuoit  des  propriétés  médi- 
cales imaginaires.  (Desm.) 


PEI  261 

PIERRE  DE  MEMPHIS.  (Min.)  On  ne  sait  point  au  juste 
à  quelle  substance  les  anciens  avoient  attaché  cette  dénomi- 
nation, on  croit  cependant  que  ce  pouvoit  bien  être  à  l'agathe 
onyx  des  environs  de  Memphis.  (Brard.) 

PIERRE  MÉTÉORIQUE  ou  PIERRE  TOMBÉE  DU  CIEL. 
{Min.)  Voyez  Météorite.  (Brard.) 

PIERRE  MEULIÈRE  ou  MOLAIRE.  (Min.)  Toutes  les 
substances  minérales  en  masse,  dont  on  peut  faire  des  meules 
de  moulins,  mériteroient  déporter  ce  nom;  mais  les  meil- 
leures se  font  avec  un  silex  particulier  qui  présente  des  ca- 
vités favorables  à  l'art  de  moudre  les  grains,  et  c'est  prin- 
cipalement à  lui  qu'on  l'a  consacré.  Voyez  Sii-ex  molaire. 
(Brard.  ) 

PIERRE  DE  MIEL;  Honigstein,  Wern.  (Mm.)  Voyez  Mel- 
LiTE.  (  Brard.  ) 

PIERRE  DE  MIERY.  (Min.)  Nom  delà  pierre  d'appareil 
que  l'on  emploie  dans  plusieurs  villes  du  Jura,  et  qui  est 
un  calcaire  renfermant  des  gryphites.  (Brard.) 

PIERRE  DEMOCCOou  DE  MOCHE.  (Min.)  Voyez  Pierre 
DE  Moka.  (Desm.) 

PIERRE  DE  MOKA.  (  Min.  )  C'est  notre  agathe  arbo- 
risée  ,  que  l'on  tire  de  Plnde  ,  et  dont  le  commerce  se 
faisoit  dans  la  ville  de  Moka  en  Arabie.  Voyez  Silex  agathe. 
(Brard.) 

PIERRE  MOLAIRE.  {Bot.)  Voyez  Pierre  meulière.  (Lem.  ) 

PIERRE  DE  MORAVIE.  {Min.)  Roche  granitoide,  qui  ren- 
feruie  des  grenats  et  qui,  étant  polie  ,  présente  des  zones  ru- 
banées  et  parallèles  assez  remarquables.  OnPextrait  à  Namiest 
en  Moravie,  suivant  de  Born.  (Brard.) 

PIERRE  A  MOUCHE.  {Min.)  L'arsenic  natif,  pulvérisé  et 
délayé  dans  Peau  sucrée,  attire  les  mouches  et  les  fait  périr 
aussitôt  qu'elles  en  ont  goûté.  Deux  grains  d'arsenic  oxidé. 
délayés  dans  un  peu  d'eau  sucrée  que  l'on  avoit  soin  de  re- 
nouveler, quand  elle  étoit  évaporée,  ont  tué  plus  de  six  mille 
mouches.  C'est  au  reste  une  sottise  de  chercher  à  se  débar- 
rasser des  mouches  en  les  empoisonnant,  leur  nombre  est  trop 
prodigieux  pour  que  ce  moyen  soit  efficace.  (Brard.) 

PIERRE  MURIATIQUE.  (Min.)  Six  centièmes  de  soude, 
trouvés  dans  le  jade  tenace  des   bords   du  lac   de  Genève, 


-26-2  PIE 

ont  engagé  Haepfner.  à  lui  donner  le  nom  de  pierre  muria- 
tique;  cela  ne  valoit  pas  la  peine  de  changer  un  nom  insigni- 
fiant contre  un  nom  qui  peut  induire  en  erreur,  et  qui  nous 
force  à  faire  un  article  de  plus.   (Brard.) 

PIERRE  NAUTIQUE.  (Min.)  On  assure  que  les  premières 
boussoles  étoient  composées  d'un  morceau  d'aimant  (fer  oxi- 
dulé  polaire),  enfermé  dans  une  boite  à  index  qui  surnageoit 
sur  l'eau  ;  ce  qui  explique  assez  bien  cette  dénomination  de 
pierre  nautique.  (Brard.) 

PIERRE  NAXIENNE  ou  DE  NAXOS.  {Min.)  Ces  noms 
conviennent  également  à  l'émeril  que  l'on  exploite  depuis 
long-temps  à  l'ile  de  Naxos,  et  à  une  pierre  à  rasoir  fort  esti- 
mée qui  vient,  dit- on,  aussi  du  même  point  de  l'Archipel. 
(Brard.) 

PIERRE  NÉPHRÉTIQUE.  (Min.)  La  faculté  de  soulager 
les  colinues  néphrétiques,  attribuée  fort  mal  à  propos  à  la 
serpentine  et  surtout  au  jade,  ont  valu  ce  nom  à  ces  deux 
substances.  Voyez  Jade.  (Buard.) 

PIERRE  NOIRE.  (Min.)  C'est  le  schiste  alumineux  noir, 
dont  on  se  servoit  jadis  pour  dessiner  et  qui  ne  sert  plus  au- 
jourd'hui qu'aux  charpentiers  et  aux  tailleurs  de  pierre  pour 
tracer  leur  ouvrage.  (Brard.) 

PIERRE  NOVACULAIRE.  (Min.)  Surnom  des  pierres  à 
aiguiser  schisteuses.  (Bitard.) 

PIERRE  NUMISMALE.  {Min.)  Voyez  Cambrine  et  Num- 
MULTTE.   (Brard.) 

PIERRE  NUMMULAIRE.  {Min.)  L'un  des  noms  de  la 
camérine  fossile.  Voyez  Camérine  et  Nummclite.  (Brard.) 

PIERRE  OBSIDIENNE.  {Min.)  Voyez  Obsidienne.  (Brard.) 

PIERRE  OCULAIRE  ou  ŒILLÉE.  (  Min.)  Voyez  Agathe 

ONYX    A    COUCHES    CONCENTRIQUES.    (BrARD.) 

PIERRE  ODONTOÏDE.  {Min.)  Ce  nom  convient  à  toutes 
les  dents  pétrifiées  de  poissons  ou  de  mammifères,  mais  il 
appartient  surtout  aux  dents  de  requin  pétrifiées.  (Brard.) 

PIERRE  ODORANTE.  {Min.)  Ce  nom  convient  encore  à 
toutes  les  substances  minérales  qui  répandent  une  odeur 
quelconque,  soit  naturellement,  soit  quand  on  vient  à  les 
chantier,  à  les  gratter  ou  à  les  casser.  Nous  connoissons  des 
minéraux  à  odeur  de  bitume,  de  soufre,  d'hydro- sulfure,  à 


PIE  265 

odeur  de  violette,  de  truffe,  de  pomme,  de  corne  brûlée, 
etc.  (Brard.) 

PIERRE  DES  OISEAUX.  (Zool.)  Des  calculs  trouvés  dans 
les  viscères  des  oiseaux,  ont  été  ainsi  nommés.  Voyez  Pierre 

ALECT0RIEN^E,     PlERRE   DE   COQ,   PlERRE  DE  CHAPON   et   PlERRE  d'hI- 
RONDELLE.    (DeSxM.) 

PIERRE  D'OLIVE.  (  Min.  )  C'est  à  une  pointe  d'oursin 
fossile,  qui  se  termine  en  forme  d'olive,  que  l'on  a  donné  ce 
nom,  ainsi  que  celui  de  pierre  judaïque.  (Brard.) 

PIERRE  OLLAIRE.  (Min.)  Nom  donné  aux  serpentines 
et  aux  stéafifes,  dont  on  fait  des  vases  domestiques,  en  Val- 
lais  et  ailleurs.  (Brard.) 

PIERRE  DES  ORCADES.  (Min.)  Il  paroît  que  c'est  un 
fossile  ou  une  concrétion  calcaire  qui  abonde  aux  Orcades 
et  dans  le  pays  de  Galles,  suivant  Patrin.  (Brard.) 

PIERRE  ORIENTALE.  (Min.)  Comme  nous  avons  reçu  et 
que  nous  recevons  encore  nos  plus  belles  pierres  précieuses 
de  l'Inde  et  de  l'Orient,  il  s'ensuit  que  l'on  est  à  peu  près 
convenu  d'ajouter  l'épithète  d'orientale  aux  gemmes  les  plus 
dures  et  les  plus  précieuses;  ainsi,  l'on  dit  topaze  seulement, 
pour  désigner  la  topaze  du  Brésil  ou  de  Saxe,  mais  on  dit 
topaze  orientale,  pour  désigner  le  saphir  jaune.  On  dit  qu'une 
agathe  a  de  l'orient,  quand  elle  offre  une  pâte  fine  et  sans 
défaut  ,  etc.  ;  au  reste  ,  cette  expression  vicieuse  com- 
mence à  disparoître  même  chez  les  joailliers  et  les  lapidaires. 
(Brard.) 

PIERRE  DES  OS  ROMPUS,  ou  OSSIFRAGE,  ou  OSTÉO- 
COLLE.  (Min.)  Une  concrétion  calcaire  formée  autour  d'une 
racine  ou  d'un  rameau ,  ayant  la  forme  cylindrique  et  tubu- 
laire,  fut  considérée,  au  temps  des  amulettes,  comme  suscep- 
tible de  consolider  les  os  fracturés;  de  là  cette  dénomina- 
tion ridicule  de  pierre  des  os  rompus.  Voyez  Chaux  carbona- 
tée,  concrétionnée  ou  incrustante.  (Brard.) 

PIERRE  D'OUTREMER.  {Min.)  C'est  notre  lapis,  dont  on  ex- 
trait en  effet  la  couleur  dite  outremer.  Voyez  Lapis.  (Brard.) 

PIERRE  OVAIRE.  (  Mm.  )  Calcaire  oolitique  que  Ton 
croyoit  entièrement  composé  d'œufs  de  poissons.  (Brard.) 

PIERRE  OXIPÈTRE.  Voyez  Pierre  acide.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PAILLE.  (Mm.)  On  donne  ce  nom  eu  Aile- 


magne  à  plusieurs  minéraux  composés  d'aiguilles,  entrelacés 
en  tous  sens,  et  qui  imitent  quelquefois  un  assemblage  de 
brins  de  paille,  croisée  et  jetée  au  hazard;  c'est  une  mau- 
vaise expression  qui  ne  peut  tout  au  plus  s'employer  que 
dans  sa  description,  et  lorsqu'elle  est  éclairée  par  une  pé- 
riphrase. (Brard.) 

PIERRE  DE  PANTHÈRE  ou  JASPE  PANTHÈRE.  {Min.) 
Quelques  jaspes  tachetés,  imitant  plus  ou  moins  bien  la  robe 
mouchetée  de  la  panthère,  ont  reçu  ce  nom  ;  je  l'ai  entendu 
employer  pour  le  palmier  agathisé  de  Hongrie  ,  dont  on  a  fait 
des  bijoux  et  des  objets  d'ornement.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PAON.  {Conchyl.)  Nom  donné  par  les  joail- 
1ers  au  cartilage  de  la  moule  perlière ,  qui  est  susceptible  de 
poli,  et  reflefte  les  couleurs  de  l'arc-en-ciel.  Ils  en  font  des 
bijoux.  (  Desm.  ) 

PIERRE  DE  PAPPENHEIM.  {Min.)  C'est  le  calcaire  com- 
p.icfe  qui  sert  de  type  aux  pierres  lithographiques.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PARANGON.  {Min.)  C'est  encore  un  des  noms 
de  la  pierre  rie  touche.  (Brard.) 

PIERRE  PEINTE,  {Min.)  Nom  qui  convient  à  toutes  les 
pierres  qui  offrent  des  dendrites  ou  arborisations  ,  etc. 
(  Brarp.  ) 

PIERRE  DE  PÉRIGORD  ou  PIERRE  DE  PÉRIGUEUX. 
{Min.)  Voyez  Manganèse  oxidb  noir  terreux.  (Brard.) 

PIERRE  PESANTE.  {Min.)  Pour  les  François,  c'est  la  ba- 
ryte sulfatée ,  mais  pour  les  Suédois,  c'est  une  substance  mé- 
tallique, ]e  schéelin  calcaire.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PHÉNICIE.  {Min.)  Encore  un  nom  de  la  pierre 
de  touche.  (Brard.) 

PIERRE  PHILOSOPHALE.  {Chim.)  Les  alchimistes  don- 
noient  ce  nom  à  une  préparation  qui,  suivant  eux,  avoit 
la  propriété  de  changer  en  or  ou  en  argent  des  matières 
communes  de  diverses  natures.  (Ch.) 

PIERRE  PHOSPHORIQUE.  {Miii.)  Voyez  Pierre  lumineuse 
et  Baryte  sulfatée.  Chaux  phosphatée,  Chaux  fluatée,  et 
toute  substance  phosphorescente  dans  l'obscurité  et  à  Paide 
de  différens  moyens.  (Brard.) 

PIERRE  PHRYGIENNE.  {Min.)  Il  paroît  que  les  anciens 
tiroicct  leur  alun  de  PAsie  mineure,  et  particulièrement  d'une 


PIE  2^5 

pierre  que  l'on  trouvoit  en  Phrygie;  c'est  la  pierre  dont  il 
s'agit  ici.  (Brard.) 

PIERRE  A  PICOT.  (Min.)  Voyez  Varioliïhe.  (Brard.) 

PIERRE  DES  PIERRES.  (Min.)  L'agathe  onyx,  réunissant 
en  apparence  plusieurs  pierres,  différentes  par  leurs  couleurs, 
on  lui  avoit  donné  cette  dénomination  chez  les  anciens  miné- 
ralogistes. (Brard.) 

PIERRE  PLANTE,  (^chn.)  Traduction  du  mot  lithophyte, 
employé  généralement  pour  désigner  les  polypiers  calcaires. 
(Desm.) 

PIERRE  A  PLATRE.  {Min.)  La  pierre  à  plâtre  par  excel- 
lence est  la  chaux  sulfatée  grossière,  combinée  à  une  petite 
dose  de  chaux  carbonatée  :  telle  est  celle  des  environs  de 
Paris,  qui  produit  du  plâtre  parfait;  mais  partout  ailleurs 
on  fait  du  plâtre  avec  toutes  les  autres  variétés  de  Chaux 
SULFATÉE,  Voyez  cet  article.  (Brard.) 

PIERRE  A  PLATRE  CIMENT.  {Min.)  C'est  une  pierre  à 
chaux  très-hydraulique  de  Boulogne  sur  mer.  (Brard.) 

PIERRE  DE  POIS  ou  PISOLITHE.  (  Min.  )  C'est  notre 
Chaux  carbonatée  concrétionnée  globuuforme  et  notre  Fer 
hydraté  Gr.oBUUFORME.  Voycz  ces  deux  articles.  (Brard.) 

PIERRE  DE  POISSONS.  {Zool.)  Ce  nom  a  été  donné  à 
quelques  concrétions  pierreuses,  qui  se  forment  adventive- 
ment  dans  la  tête  de  plusieurs  poissons,  et  qui  étoient  autre- 
fois employées,  ainsi  que  les  autres  calculs  et  bézoards , 
comme  remèdes  dans  certaines  maladies.   (Desm.) 

PIERRE  DE  POIX  ,  PICIFORME  ,  RÉSINIFORME  ou 
PECHSTEIN.  {Min.)  Ce  sont  le  plus  ordinairement  des  silex 
qui,  dans  leur  cassure  et  leur  aspect,  rappellent  assez  bien 
la  cassure  et  le  faciès  particulier  de  l'intérieur  des  masses  de 
résine  (voyez  Silex  résinite).  Le  pechstein  de  Werner  étoit 
fusible,  et  n'appartenoit  point  par  conséquent  à  notre  silex 
résinite,  c'étoit  plutôt  une  roche  feispathique.  (Brard.) 

PIERRE  A  POLIR.  (  Min.  )  Nous  connoissons  un  grand 
nombre  de  substances  minérales,  qui  s'emploient  journelle- 
ment dans  l'art  de  polir  les  métaux,  les  pierres,  le  bois,  la 
corne,  Pécaillc,  l'ivoire,  etc.-,  mais  on  nomme  plus  particu- 
lièrement pierre  à  polir  plusieurs  espèces  de  schiste  que  l'on 
prépare  dans  les  environs  de  Nuremberg  .  de  Sonnenberg  et 


266  PIE 

de  Cobourg  en  Saxe,  et  qui  servent  à  dresser,  à  doucir  et 
à  polir  les  gros  bijoux  d'or  et  d'argent.  (Brard.) 

PIERRE  PONCE.  (Min.)  Matière  volcanique  très-voisine 
des  verres,  et  qui  se  fait  remarquer  par  sa  grande  légèreté 
qui  lui  permet  de  flotter  sur  Peau  fort  long-temps.  Elle  est 
employée  dans  les  arts  mécaniques,  dans  la  chapellerie,  etc. 
Voyez  PuMiTE  et  Ponce.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PORC.  (Mm.)  C'est  notre  chaux  carbonatée 
fétide  qui  dégage,  quand  on  la  frappe,  une  odeur  d'hydro- 
Sulfure  très-sensible.  (Voyez  Chaux  carbonatée  fétide.) 

Nous  avons  aussi  un  quarz  fétide,  mais  Podeur  qu'il  répand 
par  le  choc  ,  est  celle  d'une  matière  animale  qui  brûle. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  PORC.  (ZooZ.)  Calculs  intestinaux  ou  bé- 
zoards,  qui  se  forment  dans  les  viscères  du  cochon.  (Desm.) 

PIERRE  DE  PORC-ÉPIC.  {Zool.)  Un  porc-épic  des  Indes 
a  souvent  dans  son  eslomac  des  pierres  ou  concrétions  cal- 
caires, auxquelles  on  a  attribué  des  propriétés  merveilleuses 
et  donné  un  prix  très-élevé.   (Desm.) 

PIERRE  A  PORCELAINE.  (Mm.)  Le  felspath  décomposé 
ou  kaolin  fait  la  base  de  la  pâte  des  porcelaines  proprement 
dites  ,  et  le  felspath  non  décomposé  en  fait  la  couverte. 
Voyez  donc  l'article  Felspath.  (Brard.) 

PIERRE  POREUSE.  (Min.)  Dénomination  vague  qui  con- 
vient aux  minéraux  les  plus  disparates  ,  à  la  ponce  et  au 
silex  molaire,  au  grès  à  filtrer  et  au   luf,  etc.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PORTLAND.  (Min.)  Pierre  calcaire  d'appa- 
reil très-employée  à  Londres ,  où  elle  est  apportée  de  Pîle 
de  Portland  dans  la  Manche.  (Brard.) 

PIERRE  DE  PORTUGAL.  {Min.)  Nom  donné  au  fer  sul- 
furé marcassite  ,  qui  est  susceptible  d'être  taillé,  poli  et 
monté  en  bijoux.  Voyez  Fer  sulfuré.  (Brard.) 

PIERRE  A  POTS.  (Min.)  Voyez  Pierre  ollaire  ,  Serpen- 
tine, Stéattie.   (Brard.) 

PIERRE  POURRIE.  {Min.)  Les  artisans  qui  polissent  les 
métaux,  donnent  ce  nom  à  un  schiste  friable  jaunâtre  ou 
brun,  qui  vient,  dit-on,  d'Angleterre,  et  qui  donne  un  fort 
beau  poli  à  Por,  à  Pargent  et  même  à  Pacier.  On  trouve 
une  pierre  analogue    à  Menil-Montant  près  Paris,   qui   sert 


PIE  2^7 

de  gangue  au  silex  ménilite,  c'est  le  polierscliiefer  des  Alle- 
mands. (Brard.) 

PIERRE  DE  LA  PROVIDENCE.  (Min.)  On  a  donné  ce 
nom  à  certaines  pierres  calcaires  qui  renferment  une  mul- 
titude de  camérines  ou  nummulites.  (Brard.) 

PIERRE  PUANTE.  (Mm.)  Voyez  Pierre  de  porc  ou  Chaux 

CARBONAÏÉE   FETIDE,   QcARZ    FÉTIDE.    (  BrARD.  ) 

PIERRE  A  QUEUE  DE  PAON.  (  Zool.  )   Voyez  Pierre  de 

PAON.     (DeSM.) 

PIERRE  A  RASOIR.  [Min.)  La  pierre,  qui  porte  ce  nom, 
s'appeloit  cos  dans  l'ancienrfe  minéralogie;  elle  est  d'un  Jaune 
chamois,  d'un  grain  imperceptible  à  l'œil  ;  elle  fait  partie  des 
schistes  argilo-siliceux,  schiste  coticule,  qui  sont  composés  de 
lits  superposés,  noirâtres,  roussàtres  ou  violets.  La  partie 
jaune  est  la  seule  qui  soit  propre  à  affûter  la  coutellerie 
iine  et  surtout  les  rasoirs  :  cette  pierre  s'emploie  à  l'huile 
d'olive.  On  nous  l'apporte  de  Namur;  mais  la  carrière  est  à 
Salm-Chàteau  près  Liège.  Voyez  Schiste  coticule.  (Brard.) 

PIERRE  A  RATS.  (Min.)  La  baryte  carbonatée  naturelle 
est  un  poison  pour  les  rats,  et  l'on  en  fait  usage  en  Angle- 
terre. Voyez  Baryte  CARBONATÉE.  (Bjiard.) 

PIERRE  A  RAVET.  {Min.)  Pierre  à  chaux  de  Saint-Do- 
mingue ,  remarquable  par  le  grand  nombre  des  cellules 
qu'elle  présente,  et  qui  servent  de  refuge  aux  blattes  ou  ra- 
vfts,   insectes  lucifuges.  (Brard.) 

PIERRE  RAYÉE.  (  {Min.  )  Voyez  Pierre  de  Moravie. 
(Brard.) 

PIERRE  DES  REINS.  (Zoo/.)  Nom  donné  aux  calculs 
qui  se  forment  dans  les  reins  des  animaux.   (Desm.) 

PIERRE  DES  REMOULEURS.  {Min.)  Toutes  les  pierres 
dont  on  fait  des  meules  pour  les  rémouleurs,  sont  de  grès  plus 
ou  moins  lins,  et  plus  ou  moins  durs;  les  plus  estimés  sont 
ceux  de  Marcilly  et  de  Celle  près  Langres  ,  de  Passavant 
près  Vauvilliers,  etc.  11  se  fait  un  très-grand  commerce  de 
ces  meules  ,  et  l'on  ouvre  tous  les  jours  de  nouvelles  carrières. 
(Brard. ) 

PIERRE  RÉTICULAIRE.  {Min.)  Pierre  qui  présente  l'as- 
pect d'un  tissu  croisé,  tel  que  le  Titane  réticulaire  ,  par 
exemple.  Voyez  ce  mot.  (Brard.) 


268  pi£ 

PIERRE  DE  RIZ  ou  plutôt  PATE  DE  RIZ.  (Min.)  Subs- 
tance dont  on  fait  des  vases  à  la  Chine  ,  que  l'on  a  pris  pen- 
dant long-temps  pour  une  pierre  naturelle,  et  qui  n'est  qu'un 
émail  où  l'oxide  de  plomb  entre  pour  près  de  moitié. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  ROCHE.  (  Min.  )  Nom  de  Tune  des  variétés 
des  pierres  d'appareil  de  Paris,  qui  est  d'une  belle  qualité, 
mais  qui  a  peu  d'épaisseur.  (Brard.) 

PIERRE  DES  ROMPUS.  {Mm.)  Voyez  Pierre  «es  os  rom- 
pus ,  ou    OsTÉOCOLLE.    (BrARU.) 

PIERRE  RUDE  ou  PIERRE  A-  L'EAU  RUDE.  (Min.)  Elle 
est  schisteuse,  mais  sèche  au  toucher  et  d'un  gris  verdàtre. 
Elle  vient  de  Nuremberg  et  du  banc  de  Craka  près  Paimpol 
en  Bretagne.  On  l'emploie  avantageusement  pour  polir  l'ar- 
gent et  le  cuivre.  (Brard.) 

PIERRE  DES  RUINES.  (Min.)  Voyez  Pierre  de  Florence 
et  Chaux  carbonatée  cOiMPACTE.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SABLE.  (Min.)  Ce  sont  les  grès  qui,  effec- 
tivement, ont  dû  être  à  Pétat  de  sable,  avant  d'avoir  été 
consolidés.  Voyez  Grès.  (Brard.) 

PIERRE  A  SABLON.  {Min.)  Grès  pouf,  qui  s'écrase  faci- 
lement et  produit  le  sablon  dont  on  se  sert  pour  décaper 
le  cuivre  et  pour  ébaucher  le  poli  de  quelques  substances. 
(Brard.) 

PIERRE  SACRÉE.  {Min.)  On  assure  que  les  anciens  don- 
noient  ce  nom  à  un  porphyre  vert  à  taches  blanches  r"  (Brard.) 

PIERRE  DE  SAINT -ETIENNE.  {Min.)  On  a  donné  le 
nom  de  ce  martyr  à  une  cornaline  blonde  qui  présente  des 
taches  rouges  ,  que  l'on  a  comparées  à  des  gouttes  de  sang. 
(Bkard.  ) 

PIERRE  SAINTE -MARGUERITE.  {Conchjl.)  C'est  le  nom 
vulgaire  d'une  espèce  de  natice  ,  aussi  nommée  nombril 
marin.  (Desm.) 

PIERRE  SxALÉE.  {Min.)  C'est  le  schiste  noir  graphique 
qui  sert  aux  charpentiers,  et  dont  la  surface  se  couvre  d'efllo- 
rescences  salines  (sulfate  de  fer).  (Brard.) 

PIERRE  DE  SAMOS.  {Min.)  L'un  des  synonymes  du  fer 
oxidé  hématite,  dont  on  fait  usage  pour  brunir  les  métaux 
et  qui  porte  aussi  le  nom  de  ferrct.  (Brard.) 


PIE  ^69 

PIERRE  DE  SANG.  (Min.)  Le  jaspe  vert  taché  de  points 
rouges  et  le  fer  oxidé  rouge  terreux  ,  nommé  sanguine,  ont 
reçu  le  nom  de  pierre  de  sang.  Voyez  Silex  héliotrope  et 
Fer  oxidé  terreux  rouge.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SARCOPHAGE  ou  PIERRE  ASSIENNE.  {Min.) 
On  dit  que  les  anciens  se  servoient  de  cette  pierre  pour 
dessécher  les  cadavres  et  les  changer  en  espèces  de  mo- 
mies. Maintenant  quelle  est  cette  pierre  P  C'est  ce  qui  n'est 
pas  facile  à  déterminer;  cependant,  si  cette  pierre  assienne 
est  analogue  à  notre  pierre  d'alun ,  on  pourroit  concevoir 
jusqu'à  un  certain  point  l'effet  dont  il  s'agit.   (Brard.) 

PIERRE  DE  SARDE.  (Mm.)  C'est  le  nom  de  notre  Silex 
AGATHE  SARDOINE.  Voycz  cct  article.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SASSENAGE.  (Mm.)  Petits  galets  blancs  et 
lenticulaires  que  l'on  trouve  dans  les  grottes  calcaires  de  Sas- 
senage  près  Grenoble,  et  dont  on  fait  usage  pour  retirer  de 
l'œil  les  corps  étrangers  qui  s'y  introduisent  accidentelle- 
ment. (Brard.) 

PIERRE  SAVONNEUSE.  (Min.)  Ce  nom  convient  également 
aux  argiles,  aux  talcs  et  aux  stéatites ,  dont  le  toucher  gras 
et  savonneux  contribue  à  les  faire  reconnoitre.  Voyez  Talc  , 
Stéatites,  Argiles.  (Brard.) 

PIERRE  A  SCULPTURE.  (Mm.)  Voyez  Pierre  de  lard, 
Pierre  a  magots  et  Pagodite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SERPENT  ou  DE  COBRA.  (  Min.  )  Prépa- 
ration des  moines  et  des  charlatans  de  Plnde,  qu'ils  font  pas- 
ser pour  s'être  formée  dans  la  tête  d'un  serpent  du  pays  et 
qui  a,  suivant  eux,  la  propriété  d'en  guérir  la  morsure.  Ce 
n'est  qu'une  argile  analogue  à  celle  de  PArchipel,  et  qui  ab- 
sorbe l'humidité  sans  miracle.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SERPENTINE.  (Min.)  Voy.  Serpentine.  (Brard.) 

PIERRE  SMECTITE.  {Min.)  Voyez  Stéatite.  (Brard.) 

PIERRE  DU  SOLEIL.  {Min.)  Belle  variété  du  felspath 
avanturiné  à  pluie  d'or  ,  fort  estimée  dans  le  commerce. 
Voyez  Felspath  avanturiné.  (Brard.) 

PIERRE  SONNANTE;  KLingstein ,  Wern.  {Min.)  La  pro- 
priété sonore  qui  se  manifeste  quand  on  vient  à  frapper  sur 
certaines  roches,  leur  a  valu  cette  dénomination  chez  les 
François  comme  chez  les  Allemands.  Elle  se  remarque  sur- 


270  PIE 

tout  dans  certaines  roches  pétrosiliceuses ,  les  phonolifes  et 
même  dans  certains  calcaires.  Les  Chinois  font  des  instru- 
mens  de  musique,  des  kings,  avec  le  jade,  qui  produit  aussi 
un  son  particulier  quand  il  est  réduit  en  plaques.  Voyez 
Jade,  Phonolite  et  Pierre  de  cloche.  (Brard.) 

PIERRE  SONORE.  (Min.)  Voyez  à  rarticle  Pierre  son- 
nante. (Brard.) 

PIERRE  SORCIÈRE.  (Mm.)  Le  mouvement  imprimé  aux 
petites  camérines  que  Ton  jette  dans  du  vinaigre,  lui  ont 
valu  ce  nom.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SOUDE.  (Min.)  Voyez  Soude.  (Brard.) 

PIERRE  SPÉCULAIRE.  [Min.)  Le  mica  et  la  chaux  sul- 
fatée laminaire  ont  reçu  ce  nom  par  suite  de  la  propriété 
qu'ils  ont  de  répéter  les  objets  à  la  manière  d'un  miroir. 
Voyez  Fer  oligiste,  Mica  et  Chaux  sulfatée.  (Brard.) 

PIERRE  DE  STÉATITE.  (Min.)  Voyez  l'krticle  Stéatite. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  STOLPEN  ou  PIERRE  EN  COLONNE.  (Min.) 
Nom  par  lequel  les  Suédois,  les  Polonois  et  les  habitans  de 
la  Bohème  désignent  le  basalte  prismatique.  (Brard.) 

PIERRE  SURNAGEANTE.  {Min.)  Voyez  Silex  nectique 
et  Pierre  légère.   (Brard.) 

PIERRE  DE  SYÈNE.  (  Min.  )  C'est  la  belle  roche  rose  qui 
a  été  tant  de  fois  mise  en  œuvre  par  les  Égyptiens  et  qui 
forme  les  cataractes  du  Nil;  c'est  le  granité  rouge  antique  des 
marbriers,  le  syénite  de  Werner  et  de  la  plupart  des  miné- 
ralogistes modernes.  Voyez  Syénite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  SYRIE.  (Mm.)  Voyez  Pierre  judaïque.  (Brard.) 

PIERRE  DE  TAILLE.  (Min.)  Voyez  Pierres  d'appareil. 
(  Brard.) 

PIERRE  A  TAMIS.  {Foss.)  Un  milleporite  a  reçu  ce  nom. 
(Desm.) 

PIERRE  THÉBAÏQUE.  (Min.)  C'est  le  syénite  rouge  d'E- 
gypte. Voyez  Pierre  de  syène  et  Svénite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  THRACE.  {Min.)  C'est  notre  jciyet.  Voyez 
Jayet  et  Lignite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  THUM;  Thummcrsfein ,  AVern.  {Min.)  C'est 
le  nom  de  l'axinite  chez  les  Allemands.  Voyez  Axinite. 
(Brard.) 


PEI  271 

PIERRE  DE  TIBLE.  (  Min.  )  Nom  des  loses  ou  ardoises 
grossières  dont  on  se  sert  dans  une  partie  du  Limousin  pour 
couvrir  les  maisons  de  la  campagne.   (Brard.) 

PIERRE  DE  TIBURON  ou  MANATl.  [Zool.)  Un  os  dur, 
qu'on  regarde  comme  l'os  de  l'oreille  (le  rocher)  de  la  ba- 
leine y  étoit  autrefois  employé  en  pharmacie  ,  comme  les 
pierres  d'écrevisse  et  la  corne  de  cerf  pour  la  guérison  de 
certaines  affections  de  l'estomac.  (  Desm.  ) 

PIERRE  EN  ÏIGE  ou  EN  BAGUETTE,  ou  SCAPOLITE. 
(Mm.)  Voyez  Wernérite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  LA  TOLFA.  (Mm.)  Voyez  Pierre  d'alun. 
(Brard.  ) 

PIERRE  TOMBÉE  DU  CIEL.  (  Min.  )  Voyez  Méti.orite. 
(Brard.) 

PIERRE  DE  TONNERRE.  {Min.)  On  a  donné  ce  nom  au 
fer  sulfuré  radié,  aux  béleranites  et  à  des  pierres  taillées  de 
main  d'homme  ,  en  forme  de  hache  ou  de  coins,  ouvrages 
qui  remontent  à  l'antiquité  la  plus  reculée  et  qui  semblent 
antérieurs  à  l'art  de  travailler  le  fer.  (Brard.) 

PIERRE  DE  TOUCHE.  {{Min.)  On  se  sert  de  plusieurs 
sortes  de  pierres  pour  essayer  approximativement  le  titre  des 
bijoux  d'or;  il  suffit,  pour  remplir  le  but  que  l'on  se  propose, 
qu'une  pierre  soit  noire  ,  assez  dure  pour  que  l'or  laisse  sa 
trace  quand  on  vient  à  l'y  frotter,  et  surtout  que  cette  pierre 
ne  soit  point  susceptible  d'être  attaquée  par  l'acide  nitrique 
étendu  ,  ou  eau  forte.  Les  cornéennes  ou  trapps  noirs,  cer- 
tains schistes  noirs  endurcis  et  les  jaspes  noirs  peuvent  ser- 
vir à  cet  usage.  Les  pierres  de  touche  de  Paris  viennent  de 
Saxe,  de  Bohème  et  de  Silésie  :  elles  entrent  en  France  par 
Strasbourg.  Voyez  Cor?;éenne,  Pierre  de  Lidye,  etc.  (Brard). 

PIERRE  DE  TRASS.  {Min:)  C'est  le  nom  de  la  pierre  tuf- 
feuse  volcanique  que  Ton  exploite  à  Andcrnach  ,  que  l'on 
pulvérise  en  Hollande,  qui  s'emploie  dans  les  cimens,  en 
place  de  pouzzolane.  (Brard.) 

PIERRE  TRAVERTINE  DE  TIBUR,  DE  TIVOLI  ou  TO- 
PHUS  des  anciens.  (Min.)  C'est  un  calcaire  caverneux  blanc  ou 
jaunâtre  qui  se  forme  à  la  manière  des  tufs,  dont  il  existe 
de  vastes  carrières  au  sud  de  la  montagne  de  Tivoli ,  au  point 
où  l'Anio  entre  dans  la  plaine  qui  s'étend  jusqu'à  Rome.  Le 


272  PIE 

travertin  de  Tivoli,  qui  a  son  parfait  analogue  aux  bains  de 
Vichy,  est  recherché  par  sa  légèreté  pour  la  construction  des 
voûtes;  aussi  la  coupole  de  Saint-Pierre  a-t-elle  été  bâtie  en 
travertin.   Voyez   Chaux  carbonatée  incrustante.  (  Brard.  ) 

PIERRE  DE  TRIPPES.  (Min.)  Voyez  Chaux  sulfatée  an- 
hydre. (Brard.) 

PIERRE  DE  TRUFFE,  TARTUFFOLl  des  Italiens.  {Min.) 
C'est  un  madrépore  pétrifié  qui  répand  cependant  encore 
une  forte  odeur  de  truffe  dès  qu'on  le  frappe  légèrement  avec 
un  morceau  de  fer:  il  se  trouve  ,  à  Monteviale  dans  le  Vicen- 
tin  ,  mêlé  à  des  déjections  volcaniques,  et  l'on  remarque  que 
le  terrain  dans  lequel  on  le  trouve,  répand  aussi  une  odeur 
de  truffe  après  les  pluies.  (Brard.) 

PIERRE  TUBERCULEUSE.  {Min.)  Le  silex  ménilite  a  reçu 
ce  nom  à  cause  de  la  forme  arrondie  et  contournée  qu'il 
présente  souvent.  Voyez  Silex  ménilite.  (Brard.) 

PIERRE  TUBULAIRE.  {Min.)  Tuf  calcaire  qui  s'est  dé- 
posé sur  des  roseaux  et  qui  semble  composé  de  tubes.  Voyez 
Chaux  carbonatée  incrustante.  (Brard.) 

PIERRE  DE  TUF.  (  Min.  )  Voyez  Pierre  travertine  et 
Chaux  carbonatée  incrustante.  (Brard.) 

PIERRE  DE  TURQUIE.  {Min.)  Voyez  Pierre  du  Levant. 
(Brard.) 

PIERRE  TYPOGRAPHIQUE.  {Min.)  Voyez  Pierre  gra- 
phique et  Pegmatite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  VACHE.  {Zool.)  Les  vaches  atteintes  d'une 
maladie  appelée  pommelière,  ont  très -souvent  la  substance 
des  poumons  remplie  de  concrétions  calcaires  tendres,  qui 
ont  reçu  le  nom  de  pierres  de  vaches.  (Des.m.) 

PIERRE  DE  VARIOLE  ou  DE  LA  PETITE  VÉROLE.  {Min.) 
Roche  particulière  ,  dont  la  pâte  est  pétro-siliceuse  et  qui  ren- 
ferme des  noyaux  arrondis,  aussi  de  pétrosilex,  mais  d'uiie 
couleur  plus  ou  moins  différente  de  celle  de  la  roche  :1a  plus 
connue  est  celle  que  Pon  trouve  parmi  les  cailloux  roulés 
de  la  Durance.  Cette  pierre  faisoit  partie  des  amulettes. 
Voyez  Variolite.  (Brard.) 

PIERRE  VÉGÉTALE.  {Foss.)  Ce  nom  a  été  quelquefois 
donné  aux  pierres  qui  renferment  de  nombreuses  empreintes 
de  plantes  fossiles  ou  phytolithes.  (Desm.) 


PIE  27a 

PIERRE  DE  VÉRONE.  {Min.)  C'est  le  calcaire  compacte 
et  tabulaire  qui  renferme  les  plus  belles  empreintes  de  pois^ 
sons  connues,  et  que  l'on  trouve  à  Vestena-Nova  près  Vérone* 
Elle  présente  aussi  des  empreintes  de  plantes  et  des  noyaux 
de  succin.  (Brard.) 

PIERRE  VERTE  DES  AMAZONES.  {Min.)  Le  jade  assien, 
dont  on  trouve  des  masses  brutes  ou  travaillées  dans  les 
alterrissemens  du  fleuve  des  Amazones,  a  reçu  le  nom  de 
pierre  des  Amazones.  Mais  on  l'a  également  donné  à  une  jo- 
lie variété  de  felspalh  vert  céladon  qui  se  trouve  en  Sibérie. 
Voyez  Jade  et  Felspath  vert.  (Brard.) 

PIERRE   DE   LA  VESSIE.    {Chim.)   Voyez    Calculs    uri- 

NAIRES.    (Ch.) 

PIERRE  A  VIGNE.  (Min,)  Voyez  Amfélite.  (Brard.) 

PIERRE  DE  VIOLETTE.  {Min.)  On  ignore  encore  à  quoi 
l'on  doit  attribuer  cette  odeur  dans  certaines  roches;  mais 
il  est  certain  qu'elle  est  très-sensible  dans  le  gneiss  de  Mittel- 
berg  en  Allemagne  et  même  dans  le  granité  rose  des  Vosges. 
M.  Léman  s'est  assuré  que  cette  odeur  n'est  point  due  à 
la  présence  d'aucun  lichen  ou  autre  plante  cryptogame- 
(Brard.) 

PIERRE  VITRESCIBLE.  (  Min.  )  Le  quarz  ou  le  sable 
quarzeux  formant  avec  un  alkali  la  base  des  différentes  sortes 
de  verre.  Voyez  les  Usages  du  quarz.   (Brard.) 

PIERRE  VITRIOLIQUE.  {Min.)  C'est  le  schiste  noir  qui 
se  décompose  en  raison  des  pyrites  qu'il  contient  et  qui  se 
couvre  d'efflorescences  de  vitriol  ou  sulfate  de  fer.  Voyez  Fer 
sulfaté,  AiviPÉLnE.  (Brard.) 

PIERRE  VOLANTE.  (  Min.  )  Les  mineurs  allemands  don-^ 
nent  ce  nom  à  une  roche  particulière  siliceuse  assez  dure 
qu'ils  rencontrent  dans  leurs  travaux  et  quis'écîiappe  en  éclats 
quand  on  la  touche.  Dans  les  mines  de  plomb  d'Angleterre 
on  rencontre  une  autre  pierre  volante,  qui  sert  de  salle- 
bande  a  certains  filons,  dont  la  surface  est  polie  et  qui  fait 
explosion  quand  on  la  découvre.  (Brard.) 

PIERRE  DE  VOLCAN  ou  DE  VULCAIN.  {Min.)  Nom 
général  que  l'on  donnoit  autrefois  aux  substances  qui  avoient 
été  fondues  ou  simplement  rejetées  par  les  volcans.  Ces  ex- 
pressions furent  remplacées  par  le  mot  lave,  également  gêné- 
40.  18 


274  PIE 

rique  et  vague,  dont  on  ne  fait  presque  plus  usage  que  par 
abréviation.  Voyez  Lave.  (Brard.) 

PIERRE  DE  VOLVIC.  (Min.)  C'est  la  pierre  d'appareil 
que  l'on  exploite  à  Volvic  ,  près  Clermont.  et  qui  est  un 
produit  des  volcans  d'Auvergne.  Voyez  Lave.  (Brard.) 

PIERRE  DE  VULPINO.  (Min.)  Pierre  particulière,  dont 
on  fait  usage  à  Milan  pour  l'ameublement,  qui  prend  un  assez 
beau  poli  et  qui  n'est  autre  chose  que  de  la  chaux  sulfatée 
mêlée  à  une  forte  dose  de  silice  :  elle  se  trouve  à  Vulpino , 
à  quinze  lieues  au  nord  de  Bergame.  Voyez  Chaux  sulfatée 

ANHYDRE    QDARZIFÈRE.    (  BrARD.  ) 

PIERRERIES.  (  Min.  )  Les  gens  du  monde  désignent  les 
pierres  fines,  et  les  pierres  précieuses  en  général,  par  cette 
expression;  on  l'emploie  même  dans  le  style  relevé.  (Brard.) 

PIERRES  A  AIGUISER.  {Min.)  Toutes  les  substances  miné- 
rales, qui  sont  susceptibles  d'aviver  le  taillant  des  instrumens 
tranchans,  se  rangent  parmi  les  pierres  à  aiguiser.  C'est  cepen- 
dant plus  particulièrement  aux  grès  qu'appartient  cette  dé- 
nomination; tandis  que  celle  des  pierres  à  repasser  est  réservée 
pour  les  substances  qui  servent  à  aiguiser  ou  à  afuter  les  ins- 
trumens plus  délicats,  tels  que  les  lancettes,  les  bistouris,  les 
canifs,  les  rasoirs,  etc.  Les  principales  pierres  à  aiguiser 
sont  les  grès  de  Langres,  de  Passavant  près  Vauviliers  dans 
la  Haute-Saône,  de  Celles  en  Champagne,  de  Fleury ,  départe- 
ment de  la  Manche,  etc.  (Brard.) 

J'IERRES  D'APPAREIL  ou  PIERRES  DE  TAILLE.  (Mm.) 
Je  nomme  pierres  d'appareil,  celles  qui  sont  susceptibles  de 
servira  l'exécution  des  édilices  particuliers  et  des  monumens 
publics  décorés. 

Toutes  les  substances  minérales  en  masse  ou  toutes  les  roches 
ne  sont  point,  comme  on  pourroit  le  croire,  susceptibles  de 
se  prêter  à  cet  usage  important,  et  il  existe  des  provinces  et 
même  des  contrées  entières  qui  en  sont  totalement  privées. 

On  nomme  appareil  en  architecture  les  pierres  que  l'on 
destine  à  l'exécution  des  diverses  parties  d'un  édifice  quel- 
conque, en  les  posant  par  assises  régulières  et  successives,  et 
l'on  dit  que  ces  pierres  sont  de  haut  ou  de  bas  appareil ,  sui- 
vant qu'elles  ont  plus  ou  moins  d'épaisseur.  L'appareilleur  en 
chef  d'un  monument  est  chargé  non-seulement  de  faire  exé- 


PIE  ayS 

cuter  la  taille  suivant  les  règles  de  l'art  du  tracé  ou  de  la 
coupe,  mais  il  veille  aussi  à  ce  que  les  pierres  soient  saines 
et  posées  sur  leur  lit  de  carrière ,  et  à  ce  sujet  seulement  nous 
entrerons  dans  quelques  détails  qui  se  rattachent  à  la  minéra- 
logie ,  renvoyant  pour  le  reste  aux  traités  d'architecture  et  de 
l'art  de  bâtir. 

Les  principales  qualités  des  pierres  d'appareil  consistent  à 
ne  point  se  détériorer  par  l'action  de  l'air,  de  l'humidité 
et  delà  gelée;  à  soutenir  la  vive -arête  sans  s'égrainer  par 
l'action  du  ciseau  ,  à  se  laisser  tailler  sans  trop  de  difficulté, 
et  à  fournir  un  appareil  d'une  hauteur  telle  que  les  assises  né 
soient  pas  trop  multipliées.  Quelques  auteurs  demandent 
même,  comme  dernière  condition,  que  ces  mêmes  pierres 
résistent  à  l'action  du  feu  des  incendies  :  mais  c'est  par  trop 
exiger;  car  il  n'est  guère  de  roche  qui,  soumise  à  cette 
épreuve,  puisse  y  résister.  Les  magnifiques  pierres  qui  for- 
ment le  plafond  des  vomitoires  de  l'amphithéâtre  de  Nîmes 
ont  presque  toutes  éclaté  lors  de  l'incendie  allumé  par  les 
Maures  retranchés  dans  ce  vaste  édifice  romain  et  assiégés 
par  Charles  Martel. 

Les  roches  calcaires  sont  les  pierres  d'appareil  par  excel- 
lence, et  cela  tient  à  leur  abondance,  à  leur  dureté  moyenne 
et  à  leur  disposition  dans  les  contrées  dont  elles  forment  la 
masse  solide  ;  disposition  par  couches  parallèles  assez  uni- 
formes et  susceptibles  de  se  détacher  les  unes  d'avec  les  autres 
au  moyen  des  coins  et  des  leviers. 

Je  dis  leur  abondance,  parce  qu'en  elfet  ce  sont  elles  qui 
se  trouvent  le  plus  communément  dans  la  nature  ;  et  que  ce 
Sont  elles  qui  ont  fourni  la  matière  des  principaux  monumens 
connus. 

Je  dis  leur  dureté  moyenne ,  parce  qu'elle  varie  depuis 
celle  qui  permet  de  les  débiter  à  la  scie  dentée,  à  la  scie  au 
sable,  jusqu'à  celle  qui  s'exploite  à  la  trace,  à  la  poudre  ,  et 
qui  ne  peut  s'ébaucher  qu'à  la  pointe  aciérée.  Paris  offre 
dans  la  pierre  que  l'on  extrait  dans  ses  environs,  ces  trois 
degrés  de  résistance  :  le  premier  ,  dans  sa  lambourde  ;  le 
second,  dans  son  liais  ;  le  troisième,  dans  la  pierre  de  Landon. 

Les  roches  calcaires  disposées  en  couches  d'une  moyenne 
épaisseur  ^  sont  très-favorables  à  l'exécution  d'un  appareil  uni- 


276  PIE 

forme,  ])arce  que  tel  banc  que  l'on  exploite  dans  telle  carrière , 
ne  varie  pas  assez  sensiblement  d'épaisseur  pour  que  l'on  ne 
.puisse  pas  toujours  en  extraire  des  blocs  d'une  hauleur  don- 
née ,  que  l'on  a  soin  de  placer  en  bâtissant  comme  ils  l'étoient 
dans  la  carrière;  c'est  ce  qui  s'exprime  par  Ut  de  carrière,  et 
ici  je  dois  entrer  dans  quelques  dt-tails  sur  l'importance  que 
l'on  doit  attacher  à  cette  précaution. 

Tout  semble  prouver  que  la  plupart  des  pierres  calcaires 
disposées  en  couches  parallèles  dans  la  nature,  ont  été  déposées 
au  milieu  d'un  liquide  qui  en  tenoit  leséiémens  en  suspension; 
que  ces  élémens  se  sont  juxtaposés  lit  par  lit ,  à  la  manière  du 
sable  de  nos  plages,  et  qii'une  force  d'agrégation  ou  dépression 
excessive  les  a  consolidés  sur  place.  Cela  étant,  on  conçoit 
combien  il  importe  de  replacer  ces  anciens  dép6ts  dans  la 
même  situation  où  la  nature  les  a  consolidés,  et  combien  il 
seroit  dangereux  de  les  poser  en  délit  ou  sur  le  tranchant  des 
lits  dont  ils  sont  composés  :  c'est  la  différence  de  force  entre 
un  livre  posé  à  plat  ou  sur  sa  tranche. 

Cette  précaution  indispensable  pour  toutes  les  pierres  cal- 
caiies  grossières  évidemment  formées  par  dépôt,  n'est  point 
de  rigueur  pour  celles  dont  les  élémens  ont  été  tenus  en 
dissolution,  et  qui  sont  formées  par  cristallisation,  et  cette 
simple  faculté  de  pouvoir  placer  une  pierre  en  délit  dans 
l'exécution  d'un  édifice,  permet  d'élever  des  monumens  mono- 
lithes ,  des  pieds  droits  ,  etc.,  d'une  seule  pièce. 

Les  pierres  calcaires  qui  forment  des  couches  excessive- 
ment épaisses  de  plusieurs  mètres,  par  exemple,  s'exploitent 
à  la  trace,  c'est-à-dire,  au  moyen  d'entailles  profondes  qui 
les  isolent  sur  quatre  ou  cinq  côtés,  et  que  Ion  parvient  à 
détacher  à  l'aide  des  coins,  de  la  masse  et  des  leviers.  Ce 
mode  d'exploitation  produit  des  blocs  énormes  en  longueur 
et  en  épaisseur;  cependant  il  en  résulte  une  grande  perte  de 
matière,  (jui  est  souvent  indifférente,  mais  qui  peui  entrer 
en  considération  dans  certaine  circonstance.  Le  marbre  blanc 
statuaire  s'extrait  à  la  trace  et  à  la  poudre. 

Les  principaux  monumens  de  Rome  ,  de  Paris  et  de  Londres 
sont  exécutés  avec  différentes  variétés  de  pierres  calcaires  ,  et 
on  pourroit  en  dire  autant  de  la  plupart  des  grandes  ville» 
d'Europe.    Mais,  si  cette  roche  se  prête  si  heureusement  aux 


PIE  277 

grands  travaux  de  l'architecture  et  à  l'exécution  des  orne- 
mens  dont  on  les  décore,  il  faut  dire  aussi  que  c'est  parmi 
ces  mêmes  pienes  calcaires  que  l'on  rencontre  le  plus  grand 
nombre  de  celles  qui  ont  la  funeste  propriété  de  s'altérer  à 
l'air  par  suite  de  l'action  successive  et  combinée  de  l'iunni- 
dité  ,  de  la  chaleur  et  de  la  gelée.-  effet  qui  est  tel  qu'en 
peu  d'années  les  édifices  les  plus  soignés  et  les  plus  solides 
d'ailleurs,  se  couvrent  des  marques  de  la  vétusté,  de  la 
dégradation  la  plus  inquiétante  et  la  plus  désagréable  à  l'oeil. 
Ici  la  pierre  calcaire  se  détériore  par  éclats,  là  elle  s'égraine, 
ailleurs  elle  se  corrode,  et  souvent  elle  tombe  au  pied  même 
de  l'édifice  pour  lequel  on  avoit  l'espoir  d'une  longue  durée. 
(Voyez  Pierres  gélives  et  Pierkes  solaires.) 

On  ne  doit  point  attacher  trop  d'importance  à  la  couleur 
des  pierres  d'appareil,  et  surtout  aux  veines  et  aux  tâches 
qui  diversifient  leur  teinte  générale  ;  cependant  il  faut  avouer 
qu'un  édifice  change  d'aspect  en  changeant  de  teinte ,  et 
sous  ce  raport  je  ne  crois  point  qu'il  soit  tout-à-fait  indiffé- 
rent d'employer  une  pierre  qui  a  la  propriété  de  noircir, 
et  c'est  pour  cette  raison  que  j'ai  conseillé  ailleurs  de  faire 
usage  d'un  badigeon  conservateur  analogue  à  celui  de  Bache- 
lier, et  dont  le  choix  de  la  teinte  ne  seroit  pas  sans  impor- 
tance. Nous  voyons  à  Paris  même,  dans  le  palais  du  Louvre 
et  dans  celui  de  l'Institut  royal  qui  lui  fait  face,  l'exemple 
comparatif  du  défaut  que  je  signale  ici.  Le  Louvre,  conser- 
vant encore  la  teinte  éclatante  de  la  pierre  nouvellement 
grattée  ,  contraste  avec  le  gris  sombre  du  palais  des  sciences 
et  des  arts.  Je  voudrois  une  teinte  moyenne  sur  laquelle  les 
ombres  fussent  moins  crues  qu'elles  ne  sont  au  Louvre  ,  et  plus 
détachées  qu'au  palais  de  l'Institut.  L'église  de  Saint-Sulpice  , 
son  portail  et  ses  tours,  me  semblent  avoir  la  teinte  convena- 
ble aux  grands  édifices. 

On  sait  au  resie  aujourd'hui  quelle  est  la  cause  acciden- 
telle de  ce  changement  de  couleur  dans  les  pierres  calcaires  : 
il  tient  d'abord  au  travail  d'une  petite  araignée  qui  se  loge 
dans  les  trous  multipliés  de  la  pierre,  et  qui  file  une  toile  de 
quelques  lignes  de  diamètre;  ce  tissu  se  multiplie,  couvre 
incessamment  la  surface  des  plus  grands  monumens;  il  arrête 
la  poussière  que  les  vents  y  transportent,  et  le  lichen  commence 


278  PIE 

à  végéter  et  à  se  multiplier  avec  d'autant  plus  de  rapidité  qu'il 
est  exposé  à  l'action  du  vent  dominant  de  telle  ou  telle  con- 
trée. On  peut  donc  remédier  à  cet  inconvénient  en  en 
détruisant  la  cause  première,  c'est-à-dire,  en  bouchant  au 
moyen  d'un  badigeon  la  retraite  du  petit  insecte  qui  pro- 
duit de  si  grands  effets  :  c'est  à  quoi  le  peintre  Bachelier  étoit 
parvenu,  ainsi  que  l'on  en  a  eu  la  preuve  par  une  expérience 
de  cinquante-cinq  ans  laite  sur  l'une  des  colonnes  de  la  coup 
du  Louvre,  au-dessus  du  guichet  de  la  rue  du  Coq. 

Après  les  roches  calcaires,  je  crois  que  les  différentes  espèces 
de  grès  sont  celles  qui  fournissent  le  plus  grand  nombre  de 
pierre  d'appareil;  mais  comme  les  roches  sont  essentiellement 
du  genre  de  celles  qui  ont  été  formées  par  des  dépôts  successifs 
de  sable ,  qu'il  n'y  a  point  eu  cristallisation ,  mais  seulement 
transport,  suspension  et  dépôt  des  élémens  ,  on  doit  avoir  le 
plus  grand  soin  d'employer  le  grès  suivant  son  lit  de  carrière, 
et  jamais  en  délit.  Les  exceptions  sont  peu  nombreuses;  il  y 
en  a  cependant  :  car  nous  connoissons  des  grès  qui  sont  liés 
par  une  espèce  de  ciment  plus  ou  moins  apparent  qui  a  été 
tenu  en  dissolution ,  qui  a  consolidé  les  grains  du  sable  dont 
ces  roches  sont  formées,  et  qui  permet  de  les  emn]^oyer  en  délit. 
Tel  est  par  exemple  celui  de  la  Haute-Egypte.  La  force  qui 
a  consolidé  les  grès,  ne  les  met  pas  toujours  à  l'abri  de  l'action 
désagrégeante  de  l'air  et  de  la  gelée.  Le  même  banc  fournit 
souvent  d'excellens  appareils  et  des  quartiers  gélifs  :  les  grès 
ne  soutiennent  pas  toujours  la  vive-aréte  ;  autre  inconvénient, 
qui ,  joint  à  l'impossibilité  de  les  débiter  à  la  scie  ,  les  met  hors 
de  toute  comparaison  avec  les  différentes  espèces  de  roches 
calcaires  dont  nous  avons  parlé  ci -dessus.  Nous  connoissons 
cependant  quelques  grands  monumens  exécutés  en  grès.  J'ai 
déjà  cité  la  roche  arénacée  de  la  Haute-Egypte  qui  a  fourjii 
la  matière  de  plusieurs  monumens  remarquables  de  cette 
contrée;  j'ajouterai  que  les  villes  de  Genève,  de  Lausanne  et 
de  Berne  sont  construites  en  grès,  et  que  c'est  encore  avec 
une  roche  arénacée  que  l'on  a  exécuté  les  beaux  travaux 
du  Fresquel  sur  le  canal  des  deux  mers. 

Les  granités,  très-répandus  dans  la  nature,  fournissent  aussi 
des  pierres  d'appareil  du  plus  grand  prix,  et  nous  devons 
avouer  que  ce  sont  eux  qui  résistent  le  plus  complètement, 


PIE  ^79 

et  le  plus  généralement  aux  intempéries  de  l'air.  Cette  belle 
faculté  de  résister  au  temps  et  de  porter  dans  l'avenir  les 
traces  du  génie  et  de  lu  civilisation,  est  payée,  il  est  vrai , 
par  la  difficulté  que  l'on  éprouve  à  vaincre  l'excessive  dureté 
de  cette  roche.  Mais  ce  qui  peut  arrêter  ou  entraver  les  cons- 
tructions particulières,  ne  doit  point  entrer  en  considération 
lorsqu'il  s'agit  d'un  monument  public  et  national:  le  granité 
est  la  pierre  des  monumens. 

L'on  a  remarqué  que  les  granités  à  grains  fins  sont  plus  durs 
et  plus  solides  que  ceux  qui  sont  à  gros  grains,  ou  que  ceux 
qui  contiennent  une  trop  forte  proportion  de  mica  ;  on  s'est 
également  assuré  que  l'on  éprouve  moins  de  difficulté  a  pi- 
quer et  à  tailler  le  griinile  lorsqu'il  est  nouvellement  sorti 
du  sein  de  la  terre,  ou  qu'il  est  fortement  humecté  par  de 
fréquens  arrosages. 

Le  granité  et  les  roches  congénères  ont  été  formées  par  cris- 
tallisation. Ce  ne  sont  plus  des  élémens  grossiers  ,  simplement 
agglutinés  par  cohésion  ou  par  pression  ;  ce  sont  des  élémens 
qui  tous  ont  été  dissous,  et  qui  ont  cristallisé  de  concert  et  con- 
fusément .  de  manière  à  former  un  tout  excessivement  solide  : 
aussi  peut-on  employer  le  granité  dans  tous  les  sens,  pourvu 
qu'il  ne  soit  pas  trop  micacé;  aussi  peut-onobtenir  des  blocs  im- 
menses de  cette  roche,  et  en  exécuter  des  obélisques  et  des 
fû(s  d'un  seul  jet.  Les  monumens  gigantesques  et  monolithes 
de  rÉgypte  et  de  la  Syrie,  l'immense  appareil  du  Temple  du 
soleil  a  Balbec  sont  là  ;  les  siècles  ont  passé ,  et  le  travail  de 
l'homme  a  conservé  toute  sa  fraîcheur  et  toute  son  intégrité. 
11  faut  l'avouer  cependant,  si  le  granité  est  la  pierre  des  mo- 
numens ,  ce  n'est  point  celle  qui  convient  le  mieux  à  la 
construction  des  édifices  particuliers;  et  qu'importe,  en  effet, 
que  les  angles  d'une  maison  soient  indestructibles,  quand  tout 
le  reste  du  bâtiment  est  exécuté  de  manière  à  en  limiter  la 
durée  !  11  existe  cependant  beaucoup  de  villes  entièrement 
bâties  avec  du  granité;  mais  c'est  par  suite  du  manque  absolu 
de  la  pierre  calcaire:  telles  sont  pa.-  exemple  Limoges,  Autun 
et  plusieurs  autres  que  je  pourrois  citer. 

Les  laves  ou  les  pierres  qui  ont  été  rejetées  par  les  érup- 
tions des  volcans  éteints  ou  par  ceux  qui  brûlent  encore, 
fournissent  d'excellentes  pierres  d'appareil,  également  propres 


28o  PIE 

aux  monumens  publics  et  aux  maisons  particulières  :  leur 
contexture,  leur  dureté  et  leurs  couleurs  sont  excessivement 
variées  par  la  cause  même  qui  leur  a  donné  naissance;  il  en 
existe  de  tellement  dures  que  les  meilleurs  outils  s'émoussent 
à  leur  surface  sans  pouvoir  les  entamer  ,  ce  qui  les  fait 
rejeter  comme  impropres  à  la  construction,  ou  du  moins  ne 
les  considère -t-on  que  comme  moellons  ou  blocaille.  C'est 
parmi  les  laves  finement  poreuses  ,  que  l'on  a  trouvé  les  quali- 
tés les  plus  faciles  à  tailler  et  à  sculpter.  Ce  sont  elles  qui 
sont  exploitées  de  temps  immémorial  dans  les  carrières  sou^ 
terraines  d'Andernach  et  dans  celles  de  Volvic  etd'Agde.  Les 
laves  du  Rhin,  de  l'Auvergne  et  du  Languedoc  s'exploitent 
à  la  trace  et  à  la  poudre  ,  et  produisent  df^s  pièces  et  des 
blocs  d'un  très-grand  volume,  dont  on  fait  des  meules  de 
moulin  ,  des  fûts  de  colonne,  des  bornes,  etc.,  et  ces  produits 
des  vieux  volcans  viennent  jusqu'à  Paris  concourirà  la  décora- 
tion de  cette  belle  et  grande  cité  ,  et  se  mêler  aux  granités 
de  la  Manche  et  des  Vosges,  aux  calcaires  marins  du  sol 
même,  et  à  celui  qui  semble  s'être  formé  au  milieu  des  eaux 
douces  et  marécageuses  qui  succédèrent  à  l'invasion  générale 
des  mers. 

L'Italie,  si  riche  en  matériaux  divers,  a  souvent  mis  en 
œuvre  les  produits  des  volcans  qui  la  ravagèrent  à  une  époque 
inconnue ,  et  dont  le  V^ésuve  sembleroit  être  la  dernière  fume- 
rolle. Les  pépérinos  de  Rome,  ceux  de  Naples,  peuvent  être 
considérés  comme  des  grès  volcaniques  plus  ou  moins  fins,  qui 
partagent  avec  le  grès  ordinaire  les  imperfections  que  nous 
avons  signalées  en  parlant  de  ces  pierres  arénacées  non  volca- 
niques. Ces  catacombes  célèbres,  réduits  cachés  des  premiers 
chrétiens,  sont  les  carrières  immenses  d'où  l'on  a  extrait  le 
pépérino  et  la  pouzzolane  de  Rome  antique,  et  ce  fait  suffit 
pour  donner  l'idée  de  l'énorme  consommation  qui  en  a  été 
faite. 

Les  schistes  ou  les  ardoises  grossières  sont  rarement  em- 
ployés comme  pierres  d'appareil  proprement  dites,  la  facilité 
avec  laquelle  ils  s'éclatent  dans  le  sens  de  leurs  feuillets,  en 
réduit  l'emploi  aux  encoignures  des  bâtimens  ,  et  avec  la 
condition  expresse  de  ne  jamais  les  placer  en  délit.  Il  est 
vrai  de  dire  ,  cependant,  que  ces  schistes  se  prêtent  à  un  usage 


PIE  .       281 

qui  touche  de  prés  à  l'architecture  ,  en  fournissanfdes  loses  ou 
tablettes  minces  et  d'une  grande  surface,  qui  s'adaptent 
parfaitement  aux  balcons,  aux  bancs  et  à  une  foule  d'autres 
usages  qui  contribuent  a  la  commodité  et  à  la  propreté  des 
maisons  particulières.  La  ville  de  Gènes  emploie  les  tables 
de  schistes  provenant  des  ardoisières  des  environs,  aune  foule 
d'usages,  et  pour  terminer  ce  que  j'avois  à  dire  sur  les  pierres 
d'appareil  en  général,  je  ferai  remarquer  que  leurs  natures 
diverses  influent  jusque  dans  les  usages  domestiques  ;  je  dirai, 
par  exemple,  que  l'excessive  propreté  des  Genevoises  tient 
plus  qu'on  ne  le  pense  à  l'usage  général  de  la  molasse  ,  dont 
on  ft'it  une  foule  d'objets  commodes  et  d'un  bas  prix  ;  que 
la  fac  Ilité  avec  laquelle  on  se  procure  des  dalles  minces  pro- 
pres à  former  des  séparations,  peut  contribuer  à  la  prospérité 
d'une  contrée,  en  rendant  à  l'agriculture  tout  le  tei'rain  em- 
ployé ailleurs  par  les  haies,  les  fossés  ou  les  murs  de  clôture. 
(Brahd). 

PIERRES  ÉTOILÉES.  {Foss.)  On  a  nommé  ainsi  autrefois 
les  astrées  et  les  portions  de  tiges  d'encrinites  à  cinq  pans. 
(D.  F.) 

PIERRES  FAUSSES.  (Min.)  Compositions  vitreuses  et  co- 
lorées, qui  imitent,  avec  plus  ou  moins  de  vérité,  toutes 
les  pierres  précieuses  naturelles.  (Brard.) 

PIERRES  FIGURÉES.  (Min.)  Pierres  qui  imitent,  par 
leur  forme  ou  leur  couleur,  un  objet  familier  quelconque. 
La  plupart  des  pierres  figurées  sont  des  fossiles  ou  des  pétri- 
fications,  dans  lesquels  on  croit  reconnoitre  des  pêches, 
des  poires,  des  figues,  etc,  (Brard.) 

PIERRES  FINES.  (Mm.)  Elles  sont  à  la  tête  des  pierres 
précieuses  ,  mais  on  réserve  cette  dénomination  pour  celles 
qui,  sous  un  très- petit  volume,  réunissent  le  plus  brillant 
éclat ,  les  plus  vives  couleurs ,  la  transparence  la  plus  par- 
faite et  la  dureté  la  plus  grande  :  tels  sont  surtout  le  dia- 
mant, le  saphir,  l'émeraude,  le  rubis,  la  topaze,  etc.  Voyez 
Pierres  précieuses.  (Brard.) 

PIERRES  DE  FLORENCE  ou  MARBRE  DE  FLORENCE. 
{Min.)  C'est  un  calcaire  compacte,  d'un  gris  roussàtre ,  qui 
prend  le  poli  et  qui  présente  alors  des  taches  anguleuses  , 
imitant  assez  bien  l'aspect  des  bàtimens  ruinés  et   des  murs 


282  PIE 

dégradés.  On  le  taille  en  petites  plaques  que  l'on  encadre, 
et  qui  ressemblent  à  des  dessins  faits  au  lavis.  C'est  la  chaux 
carbonatée  ruiniforme  d'Haiiy.  Voyez  Chacx  carbonatée  com- 
pacte. (Brard.) 

PIERRES  GELISSES.  (Min.)  Voyez  Pierres  gelives.  (Brard.) 

PIERRES  GELIVES  ou  GELISSES.  (Mm.)  Ce  sont  celles 
dont  l'agrégation  n'est  point  assez  forte  pour  résister  à  l'ac- 
tion expansive  de  la  gelée;  il  n'y  a  point  de  caractères  exté- 
rieurs qui  puissent  les  faire  distinguer;  mais  il  résulte  de 
Pexpérience  souvent  répétée  sur  une  foule  de  pierres  cal- 
caires,  de  grès,  de  schistes  et  de  granités,  que  le  sulfate  de 
soude  produit  sur  ces  pierres  le  même  effet  que  la  gelée.  11 
suffit  pour  cela  de  les  faire  bouillir,  pendant  une  demi- 
heure,  dans  une  dissolution  de  ce  sel,  saturée  à  froid  ,  et  de 
laisser  effleurir  ensuite;  si  la  pierre  estgelive,  elle  s'égraine. 
Voyez  Pierres  d'appareil.  (Brard.) 

PIERRES  GEMMES.  {Min.)  On  désignoit,  et  l'on  désigne 
même  encore,  sous  ce  nom,  les  pierres  les  plus  précieuses  qui 
font  l'objet  du  commerce  de  la  joaillerie  :  on  les  appelle 
indiflFéremment  gemmes,  pierres  gemmes  ou  pierres  fines.  Ce 
nom  est  collectif  et  s'applique  aux  pierres  de  couleur  les  plus 
précieuses,  ainsi  qu'au  diamant.  Voyez  Pierres  fines.  (Brard.) 

PIERRES  PRÉCIEUSES.  (Mm.)  L'on  est  convenu  d'ap- 
peler pierres  précieuses ,  celles  qui ,  par  leur  couleur,  leur  lim- 
pidité, leur  éclatant  poli  ,  la  pureté  de  leur  pâte  et  leur 
grande  rareté,  sont  recherchées  comme  objets  de  parure  et 
d'ornement.  Ce  sont  elles  qui  font  la  partie  principale  des 
joyaux  de  la  couronne  des  rois  et  des  princes;  ce  sont  elles 
qui  réunissent  le  plus  de  valeur  sous  le  plus  petit  volume: 
un  diamant  de  la  grosseur  d'un  gland  peut  être  le  signe  re- 
présentatif de  la  valeur  territoriale  de  toute  une  contrée, 
l'équivalent  de  cent  fortunes  acquises  par  le  travail  le  plus 
pénible  et  les  privations  de  tout  genre. 

Parmi  ces  pierres  précieuses  l'on  est  encore  convenu  de  for- 
mer une  espèce  de  classe  d'élite,  à  laquelle  on  a  réservé  le 
nom  àe  pierres  gemmes  ou  de  pierres  Jines  ,  tandis  que  celui  de 
pierres  précieuses  est  plus  particulièrement  donné  aux  substances 
qui  se  présentent  sous  un  volume  plus  considérable  que  celui 
que  ne  dépassent  jamais  les  pierres  fines. 


PIE  ^"5 

Les  diamans  ,  les  saphirs,  les  émeraudes ,  les  rubis,  les 
topases,  les  hyacinthes,  les  cymophanes,  sont  des  pierres  fines 
ou  des  gemmes  par  excellence. 

Le  quarz  cristal,  l'améthyste,  le  lapis,  la  malachite ,  les 
jaspes,  lesagathes,  etc. ,  sont  compris  dans  la  classe  infiniment 
plus  nombreuse  des  pierres  précieuses. 

L'on  conçoit  bien  qu'il  ne  s'agit  point  ici  d'une  méthode, 
mais  d'une  simple  convention  d'usage,  qui  n'a  rien  de  rigou- 
reux. 11  est  impossible  de  soumettre  ces  substances  privilé- 
giées à  l'asservissement  d'une  méthode  scientifique;  il  ne 
faut  considérer  que  la  valeur  qu'on  y  attache,  et  se  défendre 
simplement  des  méprises  qui  tendroient  à  faire  confondre 
deux  pierres  de  la  même  couleur,  et  qui  ne  seroient  point 
égaleiiient  prisées. 

Or,  comme  il  arrive  le  plus  ordinairement  que  les  pierres 
fines  ne  nous  sont  présentées  qu'après  qu'elles  ont  été  taillées 
et  polies,  ou  même  enchâssées  dans  des  anneaux  d'or,  il  en 
résulte  que  nous  sommes  privés  des  secours  que  l'on  tire 
de  la  plupart  des  caractères  minéralogiques,  puisque  la  taille 
fait  disparoitre  la  forme  cristalline  ;  qu'elles  ne  se  prêtent  pas 
toujours  à  l'observation  de  la  double  ou  de  la  simple  réfrac- 
tion ;  que  l'essai  du  chalumeau  devient  également  de  toute 
impossibilité,  et  qu'il  ne  nous  reste  pour  toute  ressource  que 
l'épreuve  de  l'électricité,  qui  est  souvent  négative  et  non  con- 
cluante,  que  fessai  de  la  dureté  qui  demande  une  grande 
habitude  pour  que  l'on  puisse  en  tirer  une  indication  certaine, 
et,  enfin  ,  fort  heureusement  l'essai  de  la  pesanteur  spécifique, 
qui  est  a  mon  avis  fun  des  moyens  les  plus  certains  de  dis- 
tinguer les  pierres  fines  de  couleur  semblable.  Cette  épreuve 
exige,  il  est  vrai,  que  la  pierre  soit  libre  et  non  montée; 
mais  cela  se  pratique  presque  toujours  ainsi,  lorsqu'il  s'agit 
d'une  pierre  d'un  grand  prix. 

Persuadé  ,  comme  je  le  suis ,  que  la  différence  dans  les  pe- 
santeurs spécifiques  des  pierres  est  un  des  meilleurs  moyens 
de  les  reconnoître ,  j'ai  tâché  de  mettre  ce  caractère  a  la 
portée  de  tout  le  monde,  en  le  simplifiant  et  en  donnant  des 
tables  où  les  pierres  fines  sont  classées  par  ordre  de  couleurs, 
et  où  les  différentes  pertes  en  poids  ,  qu'elles  font  dans  l'eau  , 
spnt  rapprochées  de  leurs  poids  réels,   de  manière  à  ce  que 


284  PIE 

l'on  puisse,  à  l'aide  de  la  couleur  d'une  pierre  et  de  la  difFé^ 
renée  de  son  poids  dans  l'air  et  de  son  poids  dans  l'eau  ,  trou- 
ver immédiatement  le  nom  de  la  gemme  sur  laquelle  il  se 
seroit  élevé  une  contestation.  J'en  citerai  un  exemple. 

On  veut  acheter  une  pierre  qui  est  d'un  beau  rouge  cra- 
moisi, et  dont  le  poids  réel  est  de  i  oo  grains:  le  vendeur 
assure  que  c'est  un  saphir,  rubis  oriental  ;  l'acheteur  craint 
que  ce  ne  soit  qu'une  tourmaline  de  Sibérie,  ef  le  témoin 
du  marché  pense  que  ce  pourroit  être  un  rubis  spinelle. 

On  pèse  la  pierre  dans  l'eau,  et  elle  se  réduit  à  69  grains, 
c'est-à-dire  qu'elle  a  perdu  3i  grains  de  son  poids  réel. 

On  cherche  dans  la  table  des  pierres  ronges,  et  l'on  trouve: 

1.°  Qu'un  saphir  qui  pèse  100  grains  dans  l'air,  en  pèse  76,6 
dans  l'eau; 

2.°  Qu'un  rubis  spinelle  de  100  grains  en  pèse  72,2  dans 
l'eau  ; 

3.°  Enfin,  que  la  tourmaline  de  Sibérie  de  100  grains  se 
réduit  à  6g  dans  l'eau. 

La  question  est  donc  jugée  sans  réplique  et  en  faveur  de 
l'acheteur.  A  l'appui  de  ces  tables  j'ai  fait  exécuter  un  petit 
trébuchet,  analogue  à  ceux  dont  on  se  sert  pour  vérifier  les 
monnoies,  et  l'épreuve  des  pierres  fines  n'exige  qu'un  simple 
verre  d'eau  ordinaire,  et  se  trouve  ainsi  réduite  à  sa  plus 
simple  expression  et  placée  à  la  portée  de  quiconque  sait 
peser  un  louis.  ' 

Je  n'ajouterai  point  d'autres  considérations  particulières  au 
sujet  des  pierres  précieuses,  elles  se  trouvent  toutes  décrites 
en  détail  dans  le  courant  de  ce  Dictionnaire  ;  je  ne  pourrois 
répéter  que  ce  qui  est  déjà  dit  ailleurs  et  plus  complètement, 
ou  me  jeter  dans  des  détails  purement  technologiques,  au 
sujet  de  la  taille,  de  la  monture,  du  poli,  ou  de  la  valeur 
relative  de  ces  belles  substances,  et  tout  ceci  n'est  point  du 
ressort  de  cet  ouvrage. 

Les  articles  Electricité  des  minéraux,  Cristallisation  ,  ceux 
de  la  Double  RÉFRACTION  ,  de  la  Pesanteur  spécifique,  etc.,  com- 


1  Les  tables  dont  il  s'agit,  sont  placées  à  la  fin  du  troisième  vo- 
lume de  ma  Minéralogie  appliquée  aux  arts,  et  la  figure  du  trébuchet 
des  joailliers    se  trouve  planche  8  du  même  volume. 


PIE  =85 

plètenl  ce  qui  resteroit  à  dire  sur  les  pierres  précieuses ,  et 
nous  y  renvoyons  les  personnes  que  ce  sujet  peut  intéresser, 
aussi  bien  qu'au  Traité  des  caractères  physiques  des  pierres 
précieuses,  publié  par  le  célèbre  Haiiy.  (  Brard.) 

PIERRES  RÉFRACTAIRES  ou  APYRE.  {Min.)  Toutes  les 
substances  qui  résistent  à  une  très-haute  température,  peuvent 
être  nommées  réfractaires  ;  mais  on  désigne  plus  particulière- 
ment par  cette  dénomination  les  roches  que  Ton  peut  em- 
ployer à  la  construction  des  fourneaux  de  fusion,  et  surtout 
a  l'établissement  de  leurs  chemises,  de  leurs  creusets  et  de 
toutes  les  parties  qui  sont  exposées  au  feu  le  plus  violent. 
Les  grès  quarzeux  satisfont  généralement  assez  bien  à  cette 
condition.  (Brard.) 

PIERRES  SOLAIRES.  (Mm.)  Je  propose  de  donner  cette 
dénomination  aux  pierres  calcaires  d'app;ireil  qui  ont  le 
défaut  de  s'égrainer  pendant  l'été,  et  stjrfout  quand  le  soleil 
vient  à  les  échauffer  fortement.  L'effet  du  soleil  sur  ces  pierres 
est  analogue  a  celui  de  la  gelée,  et  il  tient  à  la  présence  de 
quelques  molécules  de  sel  marin  (hydrochlorate  de  soude), 
qvii  sont  interposées  dans  l'intérieur  de  ces  pierres,  que  la 
chaleur  fait  etHeurir  vers  1-ur  surface ,  et  qui,  en  poussant 
du  dedans  au  dehors,  désunissent  leurs  grains  et  les  forcent  à 
se  séparer  de  la  masse.  Ceci  est  évident  pour  toutes  les  pierres 
solairs-s  dont  on  se  sert  à  Bordeaux  ,  à  Libourne  ,  dans  tous  les 
environs,  et  qui  proviennent  des  carrières  de  Saint-Émillion 
ou  de  celles  qui  sont  situées  sur  le  bord  de  la  Dordogne.  Il 
suffit  déporter  la  langue  à  la  surface  de  celles  qui  s'émiettent 
et  qui  se  corrodent,  pour  se  convaincre  de  l'exactitude  du 
fait  que  j'avance  ici.  Ce  que  le  soleil  produit,  est  tout-à-faif 
conforme  à  ce  qui  se  p;sse  dans  l'essai  des  pierres  gélives 
par  le  sulfate  de  soude.  C'est  également  un  sel  qui  tend  à  se 
porter  vers  l'extérieur  de  la  pierre,  qui  occupe  plus  de  place 
que  quand  il  n'étoit  point  cristallisé  ,  et  pour  aussi  dire 
latent  et  engagé  dans  l'intérieur  de  cette  même  pierre. 
Toutes  les  parties  mal  agrégées  cèdent  ;  tontes  celles  qni  le 
sont  davantage  résistent,  et  c'est  pour  cette  raison  qu'en  étu- 
diant les  pierres  solaires  et  les  pierres  gélives,  on  en  trouve 
qui  se  corrodent  partiellement,  qui  conservent  des  espèces 
de  cordons  aaillans  droits  ou  contournés,  qui  ont  pu  donner 


286  PXE 

riflëe  de  ces  ornemens  vermiformes  et  de  si  mauvais  goût 

que    Ton  remarque    dans  plusieurs    édifices    qui  datent    de 

l'époqiie     où    les    architectes   avoient    horreur   de    la   ligne 

droite. 

C'est  particulièrement  pour  l'altération  de  nos  pierres  so- 
laires que  les  bonnes  gens  de  la  campagne  ont  recours  à  Tin- 
fluence  de  la  lune  ;  suivant  eux ,  la  lune  mange  les  pierres  ;  elle 
les  ronge-,  elle  les  gruge,  et  tout  cela  se  réduit  comme  on  le 
voit  à  l'action  mécanique  de  quelques  molécules  de  sel  qui  est 
tout  formé  dans  la  pierre,  ou  pour  lequel  l'air  extérieur  n'est 
peut-être  pas  étranger,  ainsi  qu'il  n'en  faut  plus  douter  pour* 
la  formation  du  nitre.  J'ajoute  cependant,  que  l'on  ne  recon- 
uoit  point  au  goût  la  présence  du  sel  dans  toutes  les  pierres 
solaires  ;  mais  il  suffit  qu'elle  soit  bien  constatée-  dans  plu^ 
sieurs  de  ces  pierres,  pour  que  l'on  soit  autorisé  à  la  pré- 
sumer dans  les  autres.  Il  conviendroit  d'analyser  quelques- 
unes  de  ces  pierres  solaires  avant  qu'elles  ne  soient  attaquées, 
et  au  moment  où  elles  tombent  en  efflorescence.  Je  suis  cer- 
tain que  le  sel  marin  n'y  est  pas  seul;  mais  celui-ci  se  retire 
en  abondance  par  la  simple  lessivation. 

Voyez,  pour  les  pierres  d'appareil  qui  attirent  Thumidité 
de  l'air,  l'article  Pierres  hygrométriques.  (Brarp.) 

PIERROT.  (Ornith.)  Ce  nom  vulgaire  du  moineau  com- 
mun ,  fringiLla  domestica ,  est  employé,  par  les  matelots,  pour 
désigner  en  général  les  pétrels,  procellaria,  Linn. 

Le  grand  pierrot  d'Edwards  est  le  puffin  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  ;  le  petit  pierrot  du  même  est  le  pétrel  oiseau  de 
tempête;  le  pierrot  taclielé ,  encore  du  même  ornithologiste, 
est  le  pétrel  damier  tacheté.  (Ch.  D.) 

PIERROT  COUREUR.  (  Mamm.  )  Les  Espagnols  du  Pérou 
donnent  le  nom  de  Perico-Ugero  au  Paresseux  ou  Bradype  aï. 
(Desm.) 

PIERRURES.  {Mamm.)  Les  veneurs  donnent  ce  nom  aux 
granulations  osseuses,  qui  se  forment  à  la  base  des  bois  des 
quadrupèdes  du  genre  des  cerfs,  et  qui  par  leur  réunion, 
en  forme  de  couronne,  composent  la  meule  de  ces  bois. 
(Desm.) 

PIESCÉPHALE,  Piescephalus.  (Ichthfol.)  M.  Rafinesque  a 
composé  sous  ce  nom  un  genre  de  poissons,  voisin  de  celui 


PIE  287 

des  lëpadogastéres,  ainsi  caractérisé  :  Point  d'opercules  aux 
ouïes;  une  membrane  branchiostège  à  trois  rayons;  corps 
conique,  comprimé  ;  tête  aplatie;  nageoires  pectorales  réunies 
sous  la  gorge  sur  une  pbique  transversale  ;  nageoires  ven- 
trales attachées  a  une  autre  plaque  demi- circulaire,  dont  la 
partie  creuse  est  tournée  du  côté  de  la  tête  et  parsemée  de 
suçoirs;  anus  un  peu  plus  rapproché  de  la  queue  que  de  la 
tête  ;  une  nageoire  dorsale  opposée  à  Tanale  et  une  nageoire 
caudale. 

La  seule  espèce  de  ce  genre,  que  M.  Rafinesque  appelle 
piescéphale  adhérent,  est  nommée  en  Sicile, pesce  campiscica. 
Elle  a  le  museau"  obtus;  la  mâchoire  garnie  de  dents  ;  la  ligne 
latérale  commençant  un  peu  avant  l'anus  :  les  nageoires 
anale  et  dorsale,  chacune  à  vingt  rayons;  la  queue  presque 
en  cœur  et  échancrée. 

Ce  poisson  se  fixe  sur  les  rochers  comme  le  lepadogastère. 
(Desm.) 

FIESEK-RÎEMNY.  (Mamm.)  Le  zemni  est,  dit-on,  ainsi 
nommé  en  Pologne.  (  F.  C.) 

PIESMYCUS.  (Bot.)  Voyez  Piemycus.  (Lem.) 

PIESTE,  Pieslus.  (Entom.)  Petit  genre  de  coléoptères  pen- 
tamérés,  que  M.  Gravenhorst  a  séparé  de  celui  des  staphy- 
lins  et  qui  renferme  une  seule  espèce,  originaire  du  Brésil. 
(Desm.) 

PIETERMANN.  {Ichtliyol.)  Voyez  Niqdi.   (H.  C.) 

PIETIN,  Pedipes.  (Malacoz.)  Genre  de  malacozoaires  sub- 
céphalo  -  monoïques  de  la  famille  des  pulmobranches  , 
établi  très -convenablement  depuis  long- temps  par  Adanson 
(Sénég. ,  page  11),  pour  un  petit  animal  de  la  côte  du  Sé- 
négal ,  qui  a  les  plus  grands  rapports  avec  ceux  dont  on  a 
fait  depuis  les  genres  Carychium,  Auricule,  etc.,  et  que 
Ton  pourra  conserver,  en  n'y  laissant  que  les  espèces  de  ce 
dernier  genre .  qui  ont  le  bor^^  droit  toujours  tranchant  , 
c'est-à-dire,  les  Tornatelles  et  les  Conovules  de  M.  de  La- 
marck.  C'étoient  des  espèces  >!e  volutes  pour  Linné  ,  et  des  bu- 
limes  pour  Bruguière.  Voici  les  caractères  que  nous  avons  as- 
signés à  ce  genre  :  Corps  ovalaire ,  subspiral;  pied  partagé 
en  deux  talons  par  un  large  sillon  transversal  ;  tête  avec  deux 
tentacules  cylindriques,   verticaux;  yeux  sessiles  placés  au 


288  -  PIE 

côté  interne  de  ces  tentacules;  botiche  armée  comme  dans 
les  planorbes;  coquille  épaisse,  solide,  ovoïde,  subinvolvée  ; 
spire  très- courte;  le  dernier  tour  beaucoup  plus  grand  que 
les  autres  réunis;  ouverture  longue,  ovale  ou  linéaire;  les 
bords  non  réunis;  l'externe  mince,  tranchant,  dentlculé  in- 
térieurement ;  un  ou  deux  gros  plis  décurrens  à  la  columelle, 
dont  l'un  sert  à  séparer  les  deux  parties  du  pied. 

Ce  genre  renferme  déjà  dix  ou  douze  espèces  vivantes  . 
et  qui  paroissent  appartenir  aux  contrées  équinoxiales.  Elles 
vivent  sur  les  bords  de  la  mer  ou  à  peu  de  distance  des  rivages, 
et  sont  pour  les  eaux  salées  ce  que  les  limnées  et  les  planorbes 
sont  pour  les  eaux  douces. 

Nous  avons  partagé  les  espèces  de  ce  genre  en  trois  sec- 
tions, d'après  la  forme  de  la  spire  et  le  nombre  des  plis  de 
la  columelle. 

Celles  dont  la  spire  est  pointue,  et  qui  n'ont  qu'un  pli  à  la 
columelle,  constltuentle  genre  ÏORNATELLE  de  M.  de  Lamarck. 
(Voyez  ce  mot.) 

Celles  dont  la  spire  est  tout-à-fait  plate  et  qui  ont  la  forme 
d'un  cône,  forment  le  genre  Conovule  du  même  conchyliolo- 
giste,  qu'il  a  réuni  aux  toi-natelles. 

Celles  qui  ont  la  spire  pointue  avec  deux  plis  à  la  colu- 
melle,  dont  un  très-reculé,  sont  les  véritables  piétins.  Nous 
ne  connoissons  encore  dans  cette  section  qu'une  espèce  : 

La  P.  d'Adanson  :  P.  Adansonii ,  Adans. ,  Sénég. ,  page  1 1  , 
t.  1  ,  fig.  4  ;  BuLimus  pedipes  ,  Brug.  ;  Tornatelle  piéxin  de 
Lamk. ,  Anim.  sans  vert.,  tome  6,  part.  2  ,  page  221  ,  n.°  6. 
Très-petite  coquille  (trois  lignes  et  demi  de  long  sur  trois 
lignes  de  large)  solide,  ovale,  renflée,  ventrue,  striée,  sui- 
vant la  décurrence  de  la  spire,  qui  est  courte  et  obtuse;  ou- 
verture grimaçante  ;  un  grand  pli  lamelliforme  à  la  partie 
supérieure  de  la  columelle  et  deux  autres  plus  petits  vers 
son  milieu;  deux  plis  correspondans  au  bord  gauche.  Cou- 
leur d'un  blanc  sale,    qut-lqiief'ois  d'un  fauve  clair. 

L'animal,  qui  habite  cette  coquille,  est  proportionnellement 
très-petit;  ce  qu'il  offre  de  plus  remarquable,  c'est  que  son 
pied  est  partagé  par  un  espace  vide  et  creusé  profondément 
en  deux  talons  ;  ce  qui  lui  donne  un  peu  la  forme  d'un  pié- 
bot,  dit  Adanson.  C'est  entre  ces  deux  talons    que   se  loge 


PIF  289 

la  grande  dent  du  bord  columellaire,  lorsque  l'animal  rentre 
dans  sa  coquille.  Son  mode  de  locomotion  est  tel,  qu'il 
marche  beaucoup  plus  vite  que  les  autres  mollusques  gasté- 
ropodes, en  ce  qu'il  fait  des  espèces  de  pas.  «Lorsqu'il  veut 
«  marcher,  dit  Adanson,  il  s'affermit  sur  le  talon  postérieur 
«  et  porte  l'antérieur  en  avant,  et  ainsi,  lorsque  la  partie 
«  creuse  interposée,  qui  est  susceptible  d'un  relâchement 
«  considérable,  peut  le  permettre,  il  rapproche  ensuite  le 
ix  talon  postérieur,  de  manière  qu'il  touche  l'antérieur,  et 
«  fait  avancer  tout  son  corps  d'un  espace  égal  à  celui  qui  la 
(t  tenoit  séparés.  Ce  premier  pas  fait,  il  en  recommence  un 
«  second,  en  prenant  pour  point  d'appui  le  talon  postérieur, 
«  pendant  que  l'antérieur  avance,  et  faisant  réciproquement 
«  servir  celui-ci  de  point  d'appui  au  talon  postérieur  pour  le 
«  ramener  à  lui.  De  cette  manière  il  y  a  peu  de  grands 
«  coquillages,  que  celui-ci,  tout  petit  qu'il  est,  ne  devance 
«  de  beaucoup,  quand  il  veut  se  donner  la  peine  de  mar- 
K  cher.  * 

Le  piétin  est  commun  autour  de  l'ile  de  Corée,  à  l'em- 
bouchure du  Sénégal;  il  se  tient  caché  dans  les  cavités  des 
rochers,  et  surtout  dans  ceux  qui  sont  exposés  aux  grands 
coups  de  mer.  (De  B.) 

PIETTE.  (Ornith.)  Cette  espèce  de  harle  est  le  mero-us  al- 
lellus,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIEUMART.  (Ornith.)  Voyez  Picmar.  (Ch.  D.) 
PIEUX  DES  ROCHERS.  (Ornith.)  L'oiseau  qu'on  appelle 
ainsi  à  Nantua,  est  le  bruant  fou,  emberiza  cia,  Linn.  (Ch.  D.) 
PIÉZATES  ,  Piezata.  (Entom.)  Nom  donné  par  Fabricius  à 
Tordre  des  insectes  hyménoptères,  qu'il  cousidéroit  comme 
une  classe  distincte,  voulant  indiquer  par  ce  nom  la  forme 
comprimée  de  leurs  mâchoires,  qui  en  effet,  chez  la  plupart 
des  hyménoptères  parfaits  ou  dans  leur  état  adulte  ,  forment 
une  sorte  de  gaine  à  la  lèvre  inférieure,  laquelle  s'alont^e 
pour  constituer  une  sorte  de  langue  ou  de  canal  flexible 
propre  à  sucer  le  nectar  des  fleurs;  du  mot  grec  Truhco  ou 
■:Tii^ofjLcit -,  je  comprime,  j'aplatis.  C'est  en  effet  sous  ce  titre 
que  Fabricius  a  décrit  les  hyménoptères  dans  son  Sjstema 
piezatorum ,  publié  à  Brunswic  en  1804.  (  C.  D.) 

PIFEX.  (Ornith.)  Tout  ce  qu'on  trouve  sur  cet  oiseau  dans 
40.  19 


Aristofe,  liv.  IX,  chap.  i  ,  c'est  qu'il  est  ami  de  la  harpaj  e 
et  du  milan.  Les  interprètes  de  cet  auteur  ne  donnent  au- 
cune lumière  à  son  sujet.  (  Ch.  D.) 

PJG.  (Mamm.)  Les  Anglois  donnent  ce  nom  au  cochon. 
(F.  C.) 

PIGACHE.  (Vénerie.)  Le  sanglier  a  le  pied  pigache,  quand 
un  de  ses  ongles  est  plus  long  que  l'autre;  ce  que  les  chas- 
seurs reconnoissent  à  la  trace  qu'il  laisse  en  terre.  (F.  C.) 

PIGAFETTA.  (  Bot.  )  Nom  sous  lequel  Adanson  désigne 
Veranthemuin  de  Linnaeus.  (J.) 

PIGALE.  (Bot.)  Voyez  Pichouline.  (J.) 
PIGAM.  (Bot.)  Nom  hébreu  de  la  rue,  cité  par  Mentzel, 
d'où  dérive  probablement  celui  de  piganum  ,  donné  par  Dios- 
coride  à  la  même  plante.  (J. ) 

PIGAMIER.  (Bot.)  Nom  spécifique  d'une  espèce  d'isopyre. 
(L.  D.) 

PIGAMON;  Thalictrum,  Linn.  (Bot.)  Genre  de  plantes  di- 
cotylédones polypétales,  de  la  famille  des  renonculacées ,  et 
de  la  polyandrie  poljgjnie  du  Système  sexuel,  dont  les  prin- 
cipaux caractères  sont  les  suÎA^ans  :  Calice  nul;  corolle  de 
quatre  ou  quelquefois  de  cinq  pétales  ;  étamines  nombreuses, 
à  filameiis  comprimés,  portant  des  anthères  droites  et  oblon- 
gues  ;  ovaires  supères,  en  nombre  variable  (de  deux  à 
douze),  n'ayant  point  de  styles  ou  n'en  ayant  que  de  très- 
courts,  terminés  par  des  stigmates  épais;  capsules  en  nom- 
bre variable  comme  les  ovaires,  ovales  ou  oblongues,  sillon- 
nées ou  anguleuses- ailées  ,  monospermes  et  indéhiscentes, 
réunies  le  plus  souvent  en  une  petite  tête. 

Lespigamons  sont  des  plantes  herbacées,  cà  feuilles  alternes, 
rarement  entières  ,  le  plus  souvent  plusieurs  fois  ailées, 
ayant  leurs  premières  ramifications  ternées  ;  leurs  fleurs  sont 
disposées  en  grappe,  en  panicule  ou  en  corymbe.  On  con- 
noit  cinquante  et  quelques  espèces,  parmi  lesquelles  douze 
croissent  naturellement  en  France.  Ces  plantes,  par  l'absence 
de  calice,  ont  plus  de  rapports  avec  les  clématites  qu'avec 
aucun  autre  genre  de  la  famille  des  renonculacées.  La  forme 
de  leurs  capsules  les  distingue  d'ailleurs  suffisamment. 

PiGAMON  ruBÉREUX  ;  ThaUctrum  tuberosum  ,  Linn.,  Sp.  768. 
Sa  racine  est  composée  de  plusieurs  tubercules  ovales- alon- 


PIG  291 

gés,  réunis  en  faisceau;  elle  produit  une  tige  cylindrique, 
striée,  très-glabre,  ainsi  que  toute  la  plante,  droite,  peu 
rameuse,  haute  d'un  pied  et  demi  ou  environ.  Les  feuilles 
sont  peu  nombreuses;  les  inférieures  pétiolées,  trois  fois  ai- 
lées, à  folioles  ovoïdes,  un  peu  glauques,  entières,  ou  in- 
cisées à  leur  sommet  en  deux  ou  trois  lobes  ;  les  supé- 
rieures ne  sont  que  deux  fois  ailées  ou  même  simplement 
ternées.  Les  fleurs,  d'un  blanc  jaunâtre,  sont  rapprochées  au 
nombre  de  deux  à  quatre  au  sommet  de  chaque  rameau; 
leur  corolle,  large  de  près  d'un  pouce  et  ressemblant  à  celle 
d'une  renoncule,  est  composée  de  cinq  pétales  ovales  arron- 
dis; les  étamines  sont  droites,  d'un  tiers  plus  courtes  que 
les  pétales.  Cette  plante  croît  dans  les  pâturages  stériles  et 
pierreux  des  Pyrénées  et  des  Alpes,  en  France  et  en  Espagne. 

PiGAMON  FÉTIDE;  TfiaUctrum  fatidum,  Linn.,  5p.,  768.  Sa 
racine  est  fibreuse,  vivace  ;  elle  produit  une  tige  cylindri- 
que, grêle,  striée,  haute  d'un  pied  ou  environ,  rameuse, 
revêtue,  ainsi  que  toute  la  plante,  d'un  très  -  court  duvet. 
Ses  feuilles  sont  trois  fois  ailées,  à  folioles  menues,  arron- 
dies ou  ovales,  divisées  à  leur  sommet  en  deux  ou  trois 
lobes.  Ses  fleurs  sont  d'un  blanc  jaunâtre ,  penchées,  portées 
sur  des  pédoncules  grêles,  dans  la  partie  supérieure  de 
chaque  rameau,  et  formant  dans  leur  ensemble  une  panicule 
étalée,  mais  peu  garnie.  La  corolle  est  de  quatre  pétales ,- 
deux  fois  plus  courts  que  les  étamines,  qui  sont  au  nombre 
de  vingt  ou  environ.  Les  capsules  sont  ovales,  pubescentes, 
striées,  réunies  en  tête  au  nombre  de  cinq  à  dix.  Toute  la 
plante  a  une  odeur  fétide;  elle  croit  dans  les  lieux  pierreux 
et  exposés  au  soleil,  en  Languedoc,  en  Provence,  en  Dau- 
phiné,  en  Piémont  et  en  Suisse. 

PiGAMON  mineur:  Thulictrum  minus,  Linn.,  Sp. ,  76g;  FI. 
Dan.,  t.  732.  Sa  racine  est  fibreuse,  à  rejets  rampans  ;  elle 
donne  naissance  à  une  tige  redressée,  rameuse,  haute  d'un 
pied  ou  un  peu  plus,  peu  feuillée ,  entièrement  glabre.  Ses 
feuilles  sont  deux  ou  trois  fois  ailées,  composées  de  folioles, 
les  unes  presque  arrondies  en  cœur  à  leur  base,  les  autres 
ovales  ou  cunéiformes,  ayant,  presque  toutes,  leurs  bords 
partagés  en  trois  lobes.  Ses  fleurs  sont  jaunâtres,  pédicellées, 
penchées:  elles  forment  une    panicule    très -lâche,    et  qui 


292  .  PIG 

occupe  souvent  la  moitié  et  plus  de  la  tige;  elles  ont  quatre 
pétales  rougeâtres  extérieurement;  seize  étamines  à  filamens, 
à  peine  plus  longs  que  les  anthères,  et  ordinairement  trois 
ovaires.  Cette  plante  croît  dans  les  bois  et  les  pâturages  mon- 
tueux  de  la  France  et  de  la  plus  grande  partie  de  TEurope. 

PiGAMON  GRAND  :  Thalictrum  niajus  ,  Jacq..  FI.  Aust.,  t.  420. 
Sa  tige  est  cylindrique,  haute  d'environ  trois  pieds,  très- 
glabre.  Ses  feuilles  sont  trois  fois  ailées,  d'un  vert  foncé  en 
dessus,  d'un  vert  beaucoup  plus  pâle  et  presque  glauque  en 
dessous.  Ses  fleurs  sont  d'un  vert  rougeâtre,  penchées,  com- 
posées de  quatre  pétales,  de  quinze  à  vingt  étamines,  et  de 
trois  à  six  ou  même  sept  pistils.  Ces  fleurs  sont  portées  en 
grand  nombre  sur  des  rameaux  grêles,  étalés,  plusieurs  fois 
divisés,  et  formant  une  large  panicule.  Cette  espèce  croit 
sur  les  collines  et  dans  les  lieux  montagneux  en  Suisse,  en 
Allemagne,  en  Angleterre,  et  dans  quelques  provinces  de 
France. 

PiGAMON  JAUNATRE  ,  Vulgairement  Rue  des  prés  ,  Fausse 
rhubarbe;  Thalictrum  Jlayum ,  Linn.,  Spec. ,  770.  Sa  racine 
est  composée  de  fibres  jaunâtres,  dont  le  plus  grand  nombre 
est  réuni  en  faisceau,  et  dont  quelques-unes  rampent  hori- 
zontalement, et  vont  çà  et  là  former  de  nouveaux  pieds.  Sa 
tio-e  est  droite,  sillonnée,  simple  inférieurement,  rameuse 
et  paniculée  dans  sa  partie  supérieure  ,  haute  de  trois  à 
quatre  pieds.  Ses  feuilles  sont  trois  fois  ailées,  à  folioles 
glabres,  d'un  vert  luisant  en  dessus,  entières  ou  à  deux  ou 
trois  lobes,  ovales-oblongues ,  ou  lancéolées.  Ses  fleurs  sont 
redressées,  jaunâtres,  formant  une  panicule  bien  garnie, 
droite,  un  peu  resserrée,  cà  ramifications  opposées,  et  les 
supérieures  comme  verticillées  ;  les  corolles  ont  quatre  pé- 
tales, quinze  a  seize  étamines,  et  quatre  à  six  ovaires.  Cette 
plante  croît  dans  les  prés  humides  en  France  et  en  Europe. 

P1GAM0N  moyen;  Thalictrum  médium ,  Jacq. ,  Hort.  Vind. , 
3,  t.  96.  Cette  espèce  a  beaucoup  de  rapport  avec  la  pré- 
cédente ;  la  différence  essentielle  qu'elle  présente ,  est  dans 
les  folioles  qui  sont  lancéolées,  aigué's  ,  peu  nerveuses,  et 
toutes  d'une  consistance  mince.  Elle  croît  dans  les  prés  ma- 
récageux des  montagnes,  dans  les  Pyrénées,  en  Dauphiné, 
en  Hongrie. 


PIG  593 

PiGAMON  A  FEUILLES  ÉTROITES  :  Thalictrum  angustifolium  , 
Linn ,  Spec,  769;  Jacq.,  Hort.  Vind. ,  3,  tab.  45.  Cette 
plante  se  distingue  facilement  au  premier  aspect  de  toutes 
les  espèces  précédentes,  par  ses  feuilles  toutes  divisées  en 
folioles  linéaires  très- étroites.  La  hauteur  de  ses  tiges  varie 
depuis  un  pied  jusqu'à  trois.  Les  fleurs  sont  très-nombreuses, 
redressées ,  d'une  couleur  un  peu  plus  foncée  que  dans  les 
espèces  précédentes,  disposées  en  une  panicule  pyramidale, 
dont  les  rameaux  et  les  pédoncules  sont  comme  dans  le  pi- 
gamon  jaunâtre.  Le  nombre  des  étamines  varie  de  quatorze 
à  dix -huit,  et  celui  des  pistils  de  quatre  à  six.  Cette  espèce 
croît  dans  les  prés  en  France  et  en  Allemagne. 

PiGAMON  A  FEUILLES  d'Ancolie,  Vulgairement  Colombine  plu- 
MACÉB  :  Thalictrum  aquilegifolium ,  Linn.,  Spec,  670;  Jacq., 
FI.  Austr,,  t.  3 18.  Sa  racine  est  composée  de  grosses  fibres, 
formant  une  sorte  de  faisceau;  elle  produit  une  tige  droite, 
cylindrique,  très -glabre,  assez  simple,  haute  de  deux  pieds 
ou  un  peu  plus.  Ses  feuilles  sont  trois  fois  ailées,  d'un  vert 
gai  en  dessus,  d'un  vert  plus  pâle  et  presque  glauque  en 
dessous,  munies  de  stipules  membraneuses  à  la  base  de  leurs 
ramiCcation^principales  ;  leurs  folioles  sont  larges,  arron- 
dies, découpées  à  leur  sommet  en  trois  lobes.  Ses  fleurs 
sont  blanches  ou  d'une  légère  teinte  rougeâtre ,  disposées  au 
sommet  de  la  tige  en  un  corymbe  formé  de  la  réunion  de 
plusieurs  petits  bouquets  ombelliformes.  Leurs  étamines  sont 
plus  nombreuses  que  dans  aucune  des  espèces  précédentes  ; 
on  en  compte  souvent  soixante.  Les  ovaires,  portées  sur  des 
pédicules  particuliers,  sont  au  nombre  de  huit  à  dix;  ils  se 
changent  en  autant  de  capsules  à  quatre  angles  saillans,  en 
forme  d'ailes,  et  qui  deviennent  pendantes  à  mesure  que 
leur  maturation  avance.  Cette  espèce  croit  dans  les  bois  et 
les  prairies  ombragées  des  Alpes,  des  Pyrénées,  et  en  géné- 
ral des  montagnes  de  l'Europe. 

Thalictrum,  ■d-âXiKrpov ,  dans  les  ouvrages  des  botanistes 
anciens,  est  le  nom  d'une  plante  qu'on  présume  être  une 
de  celles  de  ce  genre  {Thalictrum  minus).  Quelques  auteurs 
dérivent  ce  mot  de  ■3'ctXXiiv ,  verdir. 

Les  pigamons,  dont  la  plupart  des  espèces  appartiennent 
à  l'Europe ,  sont  remarquables  par  l'élégance  de  leur  port  et 


294  PIG 

de  leur  feuillage.  Ces  avantages  et  le  grand  nombre  de  leurs 
fleurs  Jaunâtres  en  ont  fait  adopter  quelques  espèces  pour 
rornement  des  jardins. 

Aucune  ne  mérite  mieux  d'être  cultivée  que  le  pigamon  à 
feuilles  d'ancolie.  La  ressemblance  de  ses  feuilles  avec  celle 
des  ancolies  ou  colombines ,  et  les  panicules  serrées  de  ses 
fleurs  qui  forment  comme  autant  de  panaches,  lui  ont  fait 
donner  le  nom  vulgaire  de  Colombine  plumacée.  C'est  une 
plante  rustique  qui  forme  de  belles  touffes  d'un  vert  glau- 
que, et  qui  s'élève  quelquefois  à  trois  ou  quatre  pieds  dans 
les  jardins.  Elle  demande  une  terre  substancielle,  mais  lé- 
gère, et  peu  de  soleil.  On  la  multiplie  aisément  en, divisant 
ses  racines  en  automne. 

Le  pigamon  jaunâtre  ou  rue  des  prés  a  eu  autrefois  quel- 
que réputation  médicale.  Il  ne  paroît  point  avoir  la  dange- 
reuse énergie  des  autres  végétaux  de  la  famille  des  renon- 
culacées.  Sa  racine,  remplie  d'un  suc  jaune  d'une  saveur 
douce,  mêlée  cependant  de  quelque  amertume  ,  a  été  re- 
gardée comme  possédant  des  propriétés  assez  analogues  à 
celles  de  la  rhubarbe,  et  comme  pouvant  mêmç  la  remplacer. 
Murray  dit,  qu'autrefois  en  Allemagne  on  l'appeloit  à  cause 
de  cela  rhubarbe  des  pauvres  ;  mais  pour  en  obtenir  les  mêmes 
effets  que  de  la  vraie,  il  faut  en  donner  une  dose  trois  fois 
plus  forte.  Dodonœus  avoit  déjà  écrit  plus  anciennement  que 
ses  feuilles,  mêlées  aux  herbes  potagères,  làchoient  le  ventre, 
et  que  la  décoction  des  racines  agissoit  de  la  même  manière, 
mais  avec  plus  de  force.  On  l'a  encore  regardée  comme 
diurétique,  apéritive ,  et  on  l'a  recommandée  contre  l'ictère, 
la  lièvre  quarte,  etc.  Toutes  ces  vertus  sont  à  peu  près  ou- 
bliées aujourd'hui. 

La  racine  d'or  des  Chinois,  à  laquelle  ils  attribuent  de 
grandes  vertus,  passe  pour  être  celle  d'une  espèce  de  ce 
genre. 

On  s'est  servi  des  racines  du  pigamon  jaunâtre  pour  tein- 
dre les  laines  en  jaune.  Les  feuilles  donnent,  dit- on,  une 
couleur  semblable. 

Cette  plante,  qui  abonde  dans  les  prés  humides  et  que  les 
animaux  rejettent  ordinairement,  altère  la  qualité  du  foin. 
Les  cultivateurs  soigneux  doivent  chercher  à  la  détruire,  de 


PIG  295 

même  que  le&  autres  plantes  nuisibles,  en  Tarrachant  au  prin- 
temps avec  la  houe.  (  L.  D.) 

PIGAMUM.  (Bot.)  Dodoèns  et  Daléchamps  citent  sous  ce 
nom  latin  le  Lhalictrum Jlavum ,  qui,  probablement,  tire  de 
là  son  nom  François  pïgamore.   (J.) 

PIGARGUE.  (Orn/7/u)  Voyez  Pvgargue.  (Ch.  D.) 

PIGAU.  [Bot.)  Nom  d'une  variété  d'olive,  petite,  ronde, 
et  panachée  de  rouge  et  de  noir,  mentionnée  dans  le  Dic- 
tionnaire économique.   (J.) 

PI  GAZA.  (Ornith.)  Nom  espagnol  de  la  pie,  corwus  pica , 
Linn.  (Ch.  D.) 

PIGDA.  (Ornith.)  Nom  des  oiseaux-mouches,  trochilus, 
Linn.  ,  au  Chili,  suivant  Molina,  page  226  de  la  traduction 
franco ise.  (Ch.  D.) 

PIGEON,  Columba.  (Ornith.)  Genre  d'oiseaux,  ainsi  nommé 
par  tous  les  ornithologistes  et  qui  fait  le  passage  des  gallina- 
cés aux  passereaux.  Ce  genre,  très-nombreux  en  espèces, 
dont  une  (celle  du  pigeon  domestique)  présente  beaucoup 
de  variétés,  n'a  de  liaisons  bien  marquées  avec  aucun  autre: 
il  forme  à  lui  seul  un  groupe  distinct,  auquel  on  a  donné 
tantôt  le  nom  d'ordre,  tantôt  celui  de  famille;  et  ce  gx'oupe 
a  été  parfois  réuni  avec  les  gallinacés,  et  d'autres  fois  en  a 
été  séparé.  Belon  le  plaçoit  parmi  les  oiseaux  de  son  quin- 
zième chapitre,  ceux  qui  sont  à.  la  fois  pulvérateurs  et  amis 
des  eaux.  Jonston  les  classoit  avec  ses  oiseaux  phytivores  pul- 
vérateurs et  qui  se  lavent.  Willughby  et  Rai  en  composoient 
leur  douzième  groupe,  et  Frisch  le  dixième  ordre  de  sa  mé- 
thode. Linné  le  réunissoit  à  son  sixième  ordre,  celui  des pas- 
seres  ou  passereaux ,  et  le  rangeoit  dans  la  section  des  passe- 
reaux simplicirostres.  Gmelin  imita  Linné.  Brisson  formoit 
son  premier  ordre  du  seul  genre  des  pigeons.  Scopolile  com- 
prenoit  parmi  les  gallinacés.  Latham,  en  fit  un  ordre  à  part 
dans  la  méthode  de  Linné,  qu'il  adopta  d'ailleurs.  Mauduyt 
le  plaça  dans  sa  sixième  classe,  qui  comprend  les  gallinacés 
à  quatre  doigts.  M.  de  Lacépède  le  fit  entrer  aussi,  avec  les 
mêmes  oiseaux,  dans  le  vingt- unième  ordre  de  sa  classifica- 
tion ornithologique.  Dans  ces  derniers  temps,  M.  Duméril 
rangea  les  pigeons  dans  une  famille  particulière  de  Tordre 
des  gallinacés,  celle  des  colombins  ou  péristères.  MM.  Meyer, 


296  PIG 

Wolf  et  Temminck  les  ont  placés  entre  les  chëlidons  ou  hiron- 
delles et  les  gallinacés.  Illiger  nomma  Coluwbini,  la  famille  de 
ces  oiseaux  qui  fait  partie  de  son  ordre  des  Rasores.  Enfin,  M. 
G.  Cuvier,  dans  son  Règne  animal,  traite  des  pigeons  comme 
par  appendice  à  l'ordre  des  gallinacés,  en  faisant  connoitre 
les  rapports  qu'ils  ont  avec  ceux-ci  et  avec  les  passereaux. 

Les  caractères  génériques  des  pigeons  sont  les  suivans. 

Le  bec  est  médiocrement  alongé,  droit,  comprimé  latéra- 
lement ;  la  mandibule  supérieure  est  plus  ou  moins  voûtée 
A-ers  l'extrémité,  et  la  pointe  forme  très-légèrement  le  cro- 
chet; dans  certaines  espèces  (les  colombars)  ce  bec  est  un  peu 
plus  court  et  plus  gros  que  dans  les  autres  (les  colombes), 
et  dans  plusieurs  il  est  au  contraire  plus  alongé  et  plus  grêle 
(les  colombi- gallines).  La  base  en  est  pourvue  d'une  peau 
nue  et  souvent  colorée  en  rouge,  en  rose  ou  en  jaune,  plus 
ou  moins  verruqueuse,  qui  forme  comme  une  sorte  de  cire 
dans  laquelle  sont  percées  les  narines,  lesquelles  sont  recou- 
vertes chacune  par  une  écaille  cartilagineuse  ;  dans  un  petit 
nombre  d'espèces  cette  peau  nue  s'augmente  ou  de  caron- 
cules qui  se  portent  sur  les  côtés  du  bec ,  ou  d'une  protubé- 
rance placée  à  la  base  supérieure  de  celui-ci  :  une  seule  a 
des  espèces  de  fanons  colorés  très-prolongés  sous  le  cou. 

Les  narines,  couvertes,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire, 
par  un  opercule  cartilagineux,  sont  oblongues  et  placées  un 
peu  en  avant. 

Les  yeux,  assez  grands  et  latéraux,  ont  la  pupille  ronde  et 
l'iris  ordinairement  coloré  en  rouge,  eu  orangé  ou  en  jaune, 
et  le  plus  souvent  cette  couleur  est  la  même  que  celle  des 
pieds.  Dans  beaucoup  de  pigeons  le  four  de  l'œil  est  nu  ,  et 
la  peau  en  est  colorée  en  rouge  on  en  bleuâtre. 

La  langue  est  demi- cartilagineuse,  entière  et  pointue. 

Les  orifices  des  oreilles,  qui  sont  de  forme  oblongue , 
sont  constamment  recouverts  de  plumes. 

Les  pieds,  généralement  assez  robustes,  ont  toujours  quatre 
doigts,  trois  devant  et  un  derrière  ,  munis  d'ongles  assez  longs , 
forts  et  obtus  :  ces  pieds  ont  plus  ou  moins  de  longueur,  selon 
que  les  oiseaux  sont  plus  ou  moins  disposés  à  vivre  sur  la 
terre ,  ou  à  se  tenir  perchés  (les  colomhars  les  ont  courts  ;  les 
colombes,  moyens,  et  les  colombi- gallines  assez  alongés)  :  la 


PIG  297 

peau  qui  les  recouvre,  ordinairement  rouge ,  quelquefois  jaune 
ou  bleuâtre,  est  réticulée  par  écailles  polygones,  comme  celle 
des  pieds  de  gallinacés.  Les  tarses  sont  tantôt  nus,  tantôt  à 
moitié  emplumés,  et  quelquefois  couverls  de  plumes  jusqu  a 
l'origine  des  doigts."  Ceux-ci  n'ont  d'autres  membranes  entre 
leurs  bases,  que  celles  qui  résultent  de  la  continuation  de 
leurs  rebords.  Le  pouce  s'articule  très- bas  sur  le  tarse  et 
au  niveau  des  autres  doigts. 

Les  ailes  sont  tantôt  longues  et  effilées,  la  première  penne 
étant  à  peu  prés  de  la  grandeur  de  la  seconde  (les  colombars); 
tantôt  courtes  et  arrondies,  la  première  penne  étant  de  beau- 
coup plus  courte  que  la  seconde,  et  celle-ci  moins  longue 
que  la  troisième  (les  colombi-gallines)  ;  tantôt  entre  ces  deux 
dimensions  et  formes  (les  colombes  et  tourterelles).  Dans  quel- 
ques espèces,  les  baguettes  des  grandes  pennes  de  l'aile  sont 
légèrement  fléchies  en  S ,  et  les  barbes  extérieures  de  la  pointe 
sont  échancrées  de  façon  à  rendre  ces  pennes  pointues; 
dans  la  plupart  elles  sont  droites  et  arrondies  au  bout. 

La  queue  est  composée  de  douze  ou  quatorze  pennes,  tan- 
tôt égales  entre  elles  et  assez  courtes  (les  colombars  et  quel- 
ques colombes),  tantôt  un  peu  plus  longues  et  très-foiblemenl 
étagées  (d'autres  colombes  et  les  colombi-gallines);  enfin, 
d'autres  fois  fort  longues  et  très-étagées  (plusieurs  colombes). 
Dans  le  premier  cas  la  queue  est  carrée  ;  dans  le  second  elle 
est  arrondie ,  et  dans  le  troisième  elle  est  en  cône.  Une  va- 
riété de  pigeon  domestique  peut  étaler  sa  queue  en  roue 
comme  celle  du  dindon. 

Les  plumes  de  ces  oiseaux  ont  les  barbules  fines  et  divisées. 
Dans  quelques  espèces  celles  du  cou,  ou  sont  très-alongées  et 
minces,  formant  une  touffe  très-fournie,  ou  sont  échancrées 
au  bout,  avec  les  barbules  prolongées  en  pointe  de  chaque 
côté  de  la  baguette,  qui  est  comme  tronquée,  ce  qui  leur 
donne  un  aspect  particulier.  Un  seul  de  ces  oiseaux  a  la  tête 
pourvue  d'une  crête  longitudinale  de  longues  plumes  à  barbes 
décomposées,  non  susceptibles  de  s'abaisser  :  un  autre  a  une 
huppe  plicatile  comme  celle   du   vanneau  ;   enfin    certaines 

1  Parmi  les  variétés  domestiques,  il  y  en  a  de  palues -,  ctsl-à-dire , 
(jui  ont  des  plumes  sur  les  doigts. 


.98  PIG 

variétés  domestiques  présentent  des  collerettes  ou  d'autres 
ornemens  de  plumes  relevées  sur  la  tête  et  le  cou. 

Les  couleurs  du  plumage  sont  souvent  fort  brillantes  et  à 
reflets  métalliques,  ce  qui  a  été  remarqué  et  a  fait  donner  le 
nom  de  gorge-de-pigeon  aux  couleurs  changeantes  de  certaines 
étolfes  de  soie;  mais  ces  couleurs  brillantes  ne  se  voient  le 
plus  souvent  que  sur  les  parties  supérieures  du  corps,  sur  la 
tête  ou  sur  la  poitrine  de  ces  oiseaux  :  le  fauve  ou  Isabelle, 
le  gris  violet  ou  vineux,  le  brun -marron  clair,  se  remar- 
quent le  plus  souvent  sur  les  parties  inférieures.  Dans  beau- 
coup de  pigeons  le  sommet  de  la  tête  est  orné  d'une  calotte 
de  couleur  différente  de  celle  des  parties  avoisinantes.  Un 
assez  grand  nombre  d'espèces  ont  des  couleurs  mates,  c'est- 
à-dire  sans  reflets,  mais  très-vives  et  très-pures,  notam- 
ment le  vert -clair,  le  bleu  d'azur,  le  gris -bleu  et  le  blanc. 
On  voit  souvent  des  taches  maillées  de  diverses  teintes  sur 
les  côtés  du  bas  du  cou,  ou  des  taches  bleu  d'azur,  vertes 
ou  violettes,  métalliques,  sur  les  couvertures  supérieures  des 
ailes:  lorsque  les  plus  grandes  de  celles-ci  sont  terminées 
d'une  même  couleur,  il  en  résulte  une  bande  transversale 
sur  l'aile,  qu'on  remarque  dans  plusieurs  colombes.  La 
queue  présente  parfois  une  large  bande  transverse  de  cou- 
leur foncée  dans  son  milieu,  à  l'exception  des  deux  pennes 
intermédiaires,  qui  ordinairement  conservent  pure  et  uni- 
forme la  couleur  du  dos. 

La  taille  de  ces  oiseaux  varie  entre  celle  du  dindon  (une 
seule  espèce,  le  goura,  atteint  cette  dimension)  et  celle  d'une 
caille;  mais  la  longueur  du  corps  la  plus  ordinaire,  mesurée 
depuis  le  bout  du  bec  jusqu'au  bout  delà  queue,  est  entre 
quatorze  ou  quinze  et  neuf  ou  dix  pouces. 

Le  sternum  des  pigeons  est  profondément  et  doublement 
échancré,  comme  celui  des  gallinacés,  quoique  dans  une  dis- 
position différente;  leur  jabot  est  extrêmement  dilaté,  et 
souvent  ils  le  gonflent  d'air;  leur  gésier  est  musculeux;  leur 
larynx  inférieur  muni  d'un  seul  muscle  propre  .-  ils  n'ont 
point  de  vésicule  du  fiel,  etc. 

Leur  chair  est  savoureuse  et  généralement  estimée  ;  elle 
s'aromatise  par  l'usage  que  les  pigeons  font  de  certains  fruits; 
et  c'est  ce  qu'on  remarque  surtout  dans  celle  de  la  colombe 


PIG  ^259 

muscadivore ,  très-parfumée,  lorsque  cet  oiseau  mange  la  pulpe 
du  fruit  du  muscadier,  et  d'une  amertume  insupportable  lors- 
qu'il se  nourrit  des  baies  de  certains  arbres. 

Leur  genre,  formé  de  plus  de  cent  espèces,  habite  foutes 
les  contrées  chaudes  et  tempérées  de  la  terre.  Les  espèces  à 
bec  court  et  assez  robuste  (les  colombars),  se  trouvent  dans 
toute  l'étendue  de  l'Afrique,  dans  les  iles  de  l'archipel  In- 
dien, à  la  Nouvelle-Hollande  et  dans  les  îles  de  la  mer  du 
Sud;  aucune  n'a  été  rencontrée  en  Europe,  ni  dans  le  nord 
de  l'Asie,  ni  dans  les  deux  Amériques.  Les  pigeons  à  bec 
moyen,  ou  colombes,  sont  les  plus  généralement  répanflus 
dans  les  deux  continens.  Ceux  à  bec  grêle  et  à  longues 
jambes  sont  propres  aux  climats  du  nouveau  monde  ,  de 
l'Afrique  et  de  l'Asie,  et  ne  se  trouvent  point  en  Europe. 
Cette  partie  de  l'ancien  continent  n'a  que  quatre  espèces  de 
la  division  des  colombes,  savoir  :  le  ramier,  le  petit  rani-er, 
le  biset  et  la  tourterelle  ordinaire.  De  l'une  d'elles  (le  biset) 
sont  descendues,  à  ce  que  l'on  croit,  les  nombreuses  races 
qui  peuplent  nos  colombiers  et  nos  basses-cours,  et  dont  on 
trouvera  ci-après  l'énuméralion  et  la  description. 

Les  pigeons  sont  des  oiseaux  diurnes  et  paisibles,  vivant 
uniquement  de  fruits  pulpeux ,  de  baies  et  de  graines  ;  mais 
rarement  d'insectes  et  de  limaçons.  Ils  sont  éminemment  mo- 
nogames. Le  mâle  et  la  femelle  concourent  à  la  construc- 
tion du  nid,  et  le  placent,  selon  les  espèces,  tantôt  sur  les 
sommités  des  plus  grands  arbres,  tantôt  dans  les  buissons  et 
même  à  terre ,  d'autres  fois  dans  des  cavités  de  rochers.  Ce 
nid,  assez  grossièrement  composé  de  petites  branches  et  de 
feuilles,  est  très -évasé  et  ne  renferme  ordinairement  que 
deux  œufs,  quelquefois  quatre  ,  six  ou  huit  dans  une  espèce 
seulement  (le  columbi -galline  à  barbillon),  que  la  femelle 
et  le  mâle  couvent  alternativement  ou  ensemble.  Ils  font 
deux  ou  trois  pontes  dans  l'année,  et  après  la  dernière  ils 
quittent  les  climats  où  ils  nichent,  pour  se  porter  dans  des 
régions  plus  méridionales.-  du  moins  ce  fait  ne  souffre  presque 
point  d'exceptions.  Les  lisières  des  forêts  et  le  voisinage  des 
eaux  paroissent  leur  convenir  principalement  :  ils  ne  vont 
guères  en  troupes  nombreuses,  que  dans  leurs  émigrations. 
Leur  vol  est  lourd  et  bruyant,  mais  peut  être  soutenu  long- 


3oo  PIG 

temps.  Comme  ces  oiseaux  ne  digèrent  point  les  semences  de 
certains  fruits,  ils  propagent  les  espèces  végétales  dans  leurs 
voyages,  en  répandant  ces  semences  dans  leurs  excrémens; 
et  c'est  ainsi  qu'on  explique  la  multiplication  actuelle  du 
muscadier  sur  des  îles  oîi  l'on  n'en  connoissoit  pas  de  pieds 
à  des  époques  assez  peu  éloignées. 

Les  pigeons  sont  très- portés  au  plaisir  de  l'amour  et  font 
connoitre  les  désirs  qu'ils  éprouvent  par  les  accens  de  leur 
voix,  dont  les  modulations  et  le  timbre  particulier  lui  ont 
valu  le  nom  de  roucoulement. 

Lorsque  les  petits  sont  nés,  les  parens  les  veillent  avec  la 
plus  grande  assiduité,  et  ils  ont  besoin  de  ces  soins,  car  ils 
sont  presque  nus,  aveugles  et  très-foibles ,  et  non  pas  prêts  à 
courir  et  chercher  eux-mêmes  leur  nourriture  comme  les 
jeunes  gallinacés  ;  aussi  le  père  et  la  mère  leur  dégorgent-ils  la 
nourriture  qu'ils  ont  amassée  et  mise  en  réserve  dans  leur 
jabot.  Une  seule  espèce  fait  encore  exception  :  c'est  celle 
du  colombi-galline  à  barbillon,  dont  les  six  ou  huit  petits, 
revêtus  de  duvet,  se  mettent  immédiatement  à  la  recherche 
des  insectes  après  leur  naissance.  Dans  les  pontes  ordinaires 
des  pigeons,  qui  consistent  en  deux  œufs,  il  y  a  presque  cons- 
tamment un  œuf  qui  produit  un  mâle  et  le  second  une  fe- 
melle :  les  individus  qui  en  naissent,  élevés  ensemble,  ne 
se  quittent  jamais,  et  montrent  l'un  pour  l'autre  l'attache- 
ment le  plus  prononcé. 

Levaillant  a  établi  parmi  les  espèces  de  pigeons  trois  sec- 
lions,  qui  ont  été  généralement  admises  par  les  ornitholo- 
gistes, et  qui  sont  fondées  sur  les  différences  de  mœurs  et 
sur  quelques  caractères  extérieurs. 

La  première  est  celle  des  Colombi-gallines  :  elle  comprend 
les  pigeons  qui  ont  le  plus  d'analogie  avec  les  gallinacés 
proprement  dits,  par  l'habitude  de  se  tenir  presque  cons- 
tamment à  terre,  d'y  nicher,  ou  du  moins  sur  de  très-basses 
branches  ;  parce  qu'ils  font  un  plus  grand  nombre  d'œufs 
que  les  autres,  et  parce  qu'ils  ont  quelquefois  des  petits  qui 
peuvent  rechercher  leur  nourriture  dès  leur  sortie  de  l'œuf. 
Ces  espèces  ont  le  bec  grêle  et  flexible,  et  les  pattes  plus 
hautes  que  les  autres. 

La  seconde  est  celle  des  Colombes  ou  pigeons  proprement 


PIG  3oi 

difs,  qui  ont  le  bec  moyennement  grêle  et  flexible;  la  queue 
tantôt  droite  ou  arrondie  au  bout  et  tantôt  très-étagée  et 
en  forme  de  cône.  Ces  oiseaux  nichent  sur  des  arbres  élevés 
ou  dans  les  cavités  de  rochers  d'un  difficile  accès,  font  deux 
ou  quatre  œufs  et  soignent  long -temps  dans  le  nid  leurs 
petits,  qui  naissent  très-foibles  et  presque  nus.  Les  tourte- 
relles se  rattachent  à  cette  section. 

La  troisième,  enfin,  est  celle  des  Colombars,  qui  se 
reconnoissent  à  leur  bec  plus  gros ,  de  substance  solide  et 
comprimé  par  les  côtés;  à  leurs  tarses  courts,  à  leurs  pieds 
larges  et  bien  bordés.  Ils  vivent  tous  de  fruits  et  dans  les 
grands  bois;  leur  naturel  est  très -farouche  :  ils  nichent  sur 
les  sommités  des  arbres  ;  letir  nid  est  composé  de  petites  bran- 
ches; la  femelle  y  dépose  deux  œufs,  que  le  mâle  couve 
concurremment  avec  elle. 

Il  existe  plusieurs  travaux  importans  sur  les  oiseaux  du 
genre  des  pigeons;  les  uns  sous  le  rapport  de  l'économie  do- 
mestique ,  et  les  autres  sous  celui  de  l'histoire  naturelle. 
Sous  ce  dernier  point  de  vue,  qui  doit  seul  nous  occuper 
dans  cet  article,  nous  nous  bornerons  à  citer  le  bel  ouvrage 
que  M.  Temminck  a  publié  en  1811  ,  sous  le  titre  (T Histoire 
naturelle  des  pigeons,  accompagné  de  figures  coloriées  par 
Mad.*  Knip  ;  ouvrage  dans  lequel  il  a  décrit  avec  beaucoup 
d'exactitude  soixante -treize  espèces  de  ce  genre.' 

Notre  article  ne  sera,  nous  devons  le  déclarer  ici,  qu'un 
simple  extrait  de  ce  beau  travail ,  dans  lequel  nous  inter- 
calerons toutes  les  notions  nouvelles  que  les  quinze  dernières 
années  ont  dû  nécessairement  faire  recueillir  sur  ce  beau 
genre  d'oiseaux.  On  comprend  que  nous  aurons  le  soin  de 
relater   les    caractères  des    espèces   décrites   et    figurées   ré- 

I  Les  figures  Hiagnifiquement  peintes  qui  ornent  cet  ouvrage,  ne 
sont  raalheureusenjent  pas  toujours  en  accord  avec  le  texte;  et  nous  ne 
saurions  expliquer  ces  différences  autrement,  qu'en  rappelant  que,  la 
plupart  des  pigeons  ayant  des  couleurs  changeantes,  il  se  pourroit 
que  ces  couleurs  eussent  été  observées  par  le  peintre  sous  un  autre 
aspect  que  par  le  naturaliste. 

Un  abrégé  in-8.°  de  l'Histoire  des  pigeons  a  paru  en  18 13,  et  fait 
partie  de  [  .Histoire  naturelle  générale  des  gallinacés  de  M.  Temminck., 
Il  compose  le  tome  premier  de   cet  ouvrage. 


302  PIG 

ccmment  par  MM.  Temminck  et  Laiigier  daiii  leur  Recueil 
de  planches  coloriées  ,  destiné  à  compléter  les  planches  en- 
luminées de  Buffon ,  ainsi  que  de  celles  qui  ont  été  mention- 
nées par  MM.  Quoy  et  Gaimard  dans  leur  Zoologie  du  Voyage 
de  l'Uranie. 

Enfin  nous  y  ajouterons  quelques  espèces  inédites,  dont 
MM.  Lesson  et  Garnol  ,  naturalistes  de  l'expédition  de  la 
corvette  la  Coquille ,  ont  bien  voulu  nous  communiquer  les 
individus  conservés  et  les  descriptions  ,  avec  une  obligeance 
qui  ne  se  retrouve  que  dans  les  véritables  amis  de  la  science. 

i."  Section. 

COLOMB!- GALLINES;  Columli-gallinœ ,  Levaill. 

Tarses  élevés  et  grêles  ;  doigts  enlièrement  divisés.  Bec  long  et 
menu,  à  mandibule  supérieure  peu  ou  point  renflée.  Ailes 
courtes ,  généralement  arrondies. 

1.  CoLOMBi-GALLiNE  GOURA  :  Columbd  coiotiata ,  Linn.,  Lath,; 
le  Pigeon  COURONNÉ  des  Indes,  Buff. ,  pi.  enlum.,  n.°  ii&;  le 
CoLOMBi-Hocco  ,  Lcvaill. ,  Ois.  d'Afr.  ;  le  Goijra  ,  ïemm.,  CoU- 
galL,  pi.  1  ;  Lophjrus  coronatus ,  Vieill.  Cet  oiseau,  à  peu 
près  de  la  taille  du  dindon,  a  deux  pieds  trois  pouces,  mesuré 
depuis  le  bout  du  bec  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue;  le  bec 
a  deux  pouces,  et  le  tarse  trois  pouces  neuf  lignes.  Sa  tête 
est  surmontée  par  une  vaste  liuppe  verticale  et  comprimée, 
formée  de  plumes  longues,  effilées  et  non  susceptibles  de 
s'abaisser.  Son  plumage  est  généralement  d'un  gris-bleu  d'ar- 
doise, avec  le  tour  de  l'œil  noir;  les  petites  et  les  moyennes 
couvertures  des  ailes,  ainsi  que  les  plumes  du  haut  du  dos 
sont  terminées  par  du  beau  brun  marron,  et  une  bande 
blanche  transversale  se  voit  sur  le  milieu  des  grandes  cou- 
vertures alaires.  Les  pennes  de  la  queue  et  des  ailes  sont 
d'une  teinte  plus  foncée  que  le  corps.  Le  bec  est  noir,  l'iris 
rouge.  Les  écailles  des  pieds  sont  arrondies  et  la  peau  qui  les 
sépare  est  blanchâtre. 

Cette  espèce  se  trouve  à  la  Nouvelle -Guinée,  aux  îles  des 
Papous,  et  aussi  dans  un  grand  nombre  d'iles  de  l'archipel  des 
Moluques.  Elle  est  nommée  Mututu  à  Tomogui,  Manipi  chez 
les  Papous,  et  Goura  Kroonvogel,  par  les  colons  hoUandois  de 


PIG  3o3 

Java,  qui  se  la  procurent  à  Banda,  et  qui  l'élèvent  parfaite- 
ment dans  leurs  basses-cours,  en  la  nourrissant  de  grains,  et 
particulièrement  de  maïs.  Ces  gouras  ont  une  analogie  avec 
le  dindon,  dans  l'espèce  de  gloussement  qu'ils  font  entendre. 
C'est  vainement  qu'on  a  essayé  de  les  faire  propager  en 
Europe. 

2.  CoLQMBi-GALLiNE  A  BARBILLON  :  Columba  carunculcta,  Temm.. 
CoL-gall.,j)l.  1 1  ;  le  CoLOMBi-GALLiNE,  Levain.,  pi.  278.  Si  la 
première  espèce  se  rapproche  surtout  des  gallinacés  par  sa 
grande  taille,  celle-ci  leur  ressemble  par  l'existence,  dans  le 
mâle,  d'appendices  cutanés,  semblables  à  ceux  qu'on  observe 
chez  quelques  oiseaux  du  genre  des  Faisans,  C'est  une  plaque 
de  peau  nue  et  rouge,  qui  engage  le  front  et  le  tour  du  bec, 
avec  un  mamelon  charnu  et  de  la  même  couleur,  qui  se 
dirige  sur  la  gorge,  et  un  autre  sur  les  oreilles.  Sa  taille  est 
à  peu  près  celle  d'une  perdrix,  sa  longueur  totale  étant  de 
dix  pouces,  La  tête,  le  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  gris  ar- 
doisé; les  scapulaires  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes 
d'un  gris  argentin  et  terminées  par  un  liséré  blanc;  le  ventre, 
le  croupion  et  les  couvertures  supérieures  et  inférieures  de 
la  queue,  d'un  beau  blanc.  La  queue,  qui  est  légèrement 
étagée ,  est  d'un  brun  roux  en  dessus,  et  noirâtre  en  des- 
sous; le  bec  est  rouge  à  sa  base  et  noir  à  sa  pointe.  Les  pieds 
sont  d'un  rouge  vineux;  l'iris  des  yeux  a  un  double  cercle,  l'un 
jaune,  l'autre  rouge.  La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  a 
des  couleurs  plus  ternes;  elle  est  dépourvue  de  barbillons,  et 
ses  cou,vertures  alaires  supérieures  ne  sont  point  lisérées  de 
blanc. 

Cet  oiseau  a  été  trouvé  par  Levaillant  en  Afrique,  au  pied 
des  monts  Hérisies,  dans  le  pays  des  Namaquois.  Il  pond  à 
terre,  dans  un  nid  composé  d'herbes  sèches  et  de  bucheiles. 
Le  mâle  et  la  femelle  couvent  alternativement  les  œulis,  qui 
sont  au  nombre  de  six  à  huit  et  de  couleur  blanc  roussà- 
tre.  Les  petits,  couverts  de  duvet,  courent  aussitôt  après  leur 
naissance  et  se  nourrissent  d'insectes  ;  plus  forts,  ils  y  joignent 
des  grains  et  des  baies.  Ils  ne  se  séparent  par  couples  qu'au 
temps  des  amours. 

3.  CoLOMBi-GALLiNE  A  CAMAiL  :  Columbu  nicoburica ,  Linn., 
Lath.,  Temm. ,  Col.-gall.,  pi.  2  ;  Pigeon  de  Nicobar,  Buff. .  pi. 


3o4  PI  G 

enl. ,  n.**  491.  Ce  bel  oiseau  est  à  peu  près  de  la  taille  d'un 
fort  ramier;  sa  longueur  totale  est  de  quatorze  pouces  et 
demi.  Son  caractère  le  plus  saillant  consiste  dans  le  camail  de 
longues  plumes  linéaires  dont  son  cou  est  entouré,  et  qui 
ressembknt  par  leur  composition  à  celles  des  coqs.  Tout  le 
plumage  est  d'un  beau  vert  foncé  ,  changeant  en  bleu  pur- 
purin et  en  rouge  de  cuivre  de  rosette  :  la  queue  seulement 
est  d'un  blanc  pur.  Le  bec  est  noir,  l'iris  de  couleur  noisette, 
le  tour  de  l'œil  nu  et  d'un  brun  terne  ;  le  tarse  couvert 
d'écaillés  hexagones  et  d'un  bleu  noirâtre ,  ainsi  que  les 
doigts.  Le  mâle ,  dont  les  couleurs  sont  plus  vives  que  celles 
de  la  femelle,  en  diffère  encore  parce  qu'il  a  sur  la  base 
de  sa  mandibule  supérieure  une  petite  membrane  ou  crête 
charnue  arrondie  ,  qui  s'élève  d'environ  deux  lignes ,  et 
dont  elle  est  dépourvue.  Cette  espèce  habite  les  îles  Nicobar 
et  l'ile  de  Sumatra ,  ainsi  que  pljusieurs  des  Moluques. 

On  ne  sait  rien  sur  ses  habitudes  dans  l'état  de  nature. 
En  domesticité  cet  oiseau  paroît  assez  stupide,  fait  souvent 
entendre  un  roucoulement  sourd ,  et  ne  se  perche  que  la 
nuit  seulement  sur  des  juchoirs  à  peine  élevés  d'un  ou  deux 
pieds  au-dessus  du  sol. 

4.    COLOMBI-GALLINE     A     CRAVATE     NOIRE    ;      Columba    CjailOCC- 

phala,  Linn. ,  Lath. ,  Temm. ,  Col.-gall. ,  pi.  3  ;  la  Tourterelle  de 
LA  Jamaïque,  Buff. ,  pl.enlum.,  n.°  174.  On  ne  trouve  plus  dans 
cette  espèce  et  les  suivantes  ces  ornemens  de  plumes  ou  ces 
crêtes  charnues  qui  distinguent  les  premières.    Le  haut  de 
la  tête  et  les  côtés  de  la  gorge  sont  bleus;  le  devant  du  cou 
présente  une   espèce  de  cravate  noire  qui  se  prolonge  jus- 
que sur  la  poitrine,  où  elle  est  bordée  par  une  ligne  blanche 
en  demi-cercle  transversal;  une  ligne  blanche  assez  étroite 
prend  son  origine  au-dessous  de  la  mandibule  inférieure, 
passe  sous  les  yeux  et  aboutit  derrière  la  tête,  où  un  espace 
noir,  en  forme  de  fer  à  cheval,   occupe  l'occiput.    Toutes 
les  parties  supérieures  du  corps  sont  d'un  bistre  vineux,  qui 
devient  plus  vif  et  plus  brillant  sur  la  poitrine  ;  la  base  du 
bec  est  rougeàtre  ;  les  yeux  sont  d'un  brun  roux;  les  tarses 
ont  des  écailles  rougeàtres  très-petites  et  hexagones.  La  lon- 
gueur totale  est  de   dix  pouces  quatre  lignes,   et  le  bec  a 
onze  lignes. 


PIG  3o5 

Ce  colombi  -  galline  habite  les  îles  de  la  Jamaïque  et  de 
Cuba,  ainsi  que  plusieurs  contrées  de  l'Amérique  méridio- 
nale. Il  vit  et  trotte  toujours  à  terre,  comme  les  vraies  per- 
drix, et  construit  son  nid  à  peu  près  de  la  même  manière 
que  les  gallinacés. 

5.  CoLOMBi-GALLiNE  MONTAGNARD:  Columha  moutaïia ,  Linn. . 
Lath. ,  Temm. ,  Col.-galL,  pi.  4  ;  Perdrix  de  montacnfî,  Edw., 
tab.  1 1 9.  Plus  petit  que  le  précédent ,  cet  oiseau  n'est  que  de  la 
taille  delà  tourterelle,  sa  longueur  totale  étant  de  neuf  pouces 
et  demi.  Son  bec  ,  long  d'un  pouce  et  mince ,  est  peu  renflé 
vers  le  bout;  et  son  tarse,  long  de  treize  lignes,  est  grêle , 
ainsi  que  les  doigts.  Le  sommet  de  la  tête  et  le  derrière  du 
cou  sont  d'un  vert  doré  à  reflets  légèrement  pourprés;  le 
dos  et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  d'un  beau 
violet  à  reflets  pourprés;  le  dessus  des  ailes  et  l'origine  de 
toutes  les  grandes  pennes  sont  d'un  brun  roux,  et  le  bout 
de  ces  dernières  est  noirâtre;  la  queue  est  rousse;  la  base 
du  bec,  le  tour  des  yeux  et  les  pieds  sont  d'un  beau  rouge; 
l'iris  est  d'un  brun  clair;  la  poitrine  est  d'un  blanc  vinacé 
tendre,  qui  passe  au  blanc  jaunâtre  sur  le  ventre  et  sur 
les  autres  parties  inférieures.  Le  mâle  se  distingue  par  deux 
bandes  blanches,  dont  l'une  passe  sous  l'œil  et  se  renl  sur 
la  région  de  l'oreille;  et  l'autre,  placée  parallèlement  au- 
dessous  de  la  première,  se  porte  sur  les  côtés  du  cou. 

Cet  oiseau  de  la  Jamaïque  vit  sur  les  montagnes  élevées 
et  dans  les  bois,  où  il  construit  son  nid  sur  les  branches 
basses  :  ce  nid  est  composé  de  petites  branches  liées  avec  du 
coton  ,  et  si  petit  ,  que  les  jeunes  oiseaux  le  quittent  de 
très-bonne  heure,  et  restent  à  terre,  où  ils  sont  nourris  par 
leurs  parens. 

6.  CoLOMBi-GALLiNE  Rocx-viOLET  :  Columha  martinica ,  Linn., 
Lath.  ;  Temm.,  CoL-galL,  pi.  5  et  6  ;  le  Pigeon  violet  de  la 
Martinique,  BufT. ,  pi.  enl. ,  n.°  162,  elle  Pigeon  roux  de 
Cayenne,  ejusd.,  pi.  enl.,  n.°  141.  Cet  oiseau  est  long  de  huit 
pouces  dix  lignes,  et  son  bec  a  huit  lignes  et  demie.  Le  màlc 
a  toutes  les  parties  supérieures  de  la  têts'  et  du  corps  d'un  roux 
cannelle,  présentant,  sous  cerfains  aspects,  des  reflets  violels 
pourprés;  la  gorge  et  les  joues  d'un  roux  clair  blanchissant, 
qui  devient  de  plus  en  plus  violacé  en  descendant  sur  la  poi- 

40.  ao 


3o6  PIG 

trinc;  le  ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  an 
même  roux  clair  que  la  gorge;  une  tache  roux-cannelle  qua- 
drangulaire,  oblique,  sur  le  bas  de  chaque  joue;  le  tour  de 
l'œil  nu  et  d'un  rouge  vif;  une  tache  d'un  roux-violàtre 
foncé  de  chaque  cAté  de  la  poitrine  :  les  grandes  pennes  alaires 
d'un  brun  pourpré;  le  bec  d'un  jaune  rougeàtre.  La  femelle 
diffère  par  ce  qu'elle  a  des  teintes  plus  brunâtres  et  moins 
lustrées  de  violet.  Il  a  été  trouvé  à  Porto- Rido  par  feu 
Maugé.  Il  vit  en  petites  troupes,  fait  son  nid  à  terre,  y  pond 
deux  œufs  et  nourrit  ses  petits  comme  les  autres  pigeons.  11 
ne  se  perche  que  la  nuit,  et  pour  cela  il  choisit  les  basses 
branches.  D'Azara  a  vu  cet  oiseau  au  Paraguay,  et  le  décrit 
sous  le  nom  de  Pigeon  rouge  et  jaune. 

7.    COLOMBI-GALLINE  A   FACE   BLAPÏCHE;   Columha  CrytllTOthoraX , 

Temni.,  CoL-gaZ/.,  pi.  7.  Il  a  dix  pouces  et  demi  de  longueur; 
son  hec,long  de  neuf  lignes  ,  est  un  peu  renflé  vers  la  pointe. 
11  a  la  face  d'un  blanc  grisâtre  ;  le  tour  de  l'œil  nu ,  papilleux 
et  rouge;  le  haut  de  la  tête,  le  dessous  du  cou  et  la  poitrine 
d'unt-  belle  couleur  vineuse;  une  sorte  de  collerette  d'un 
violet  à  reflets  dorés  sur  la  nuque  du  mâle;  le  ventre,  le  bas- 
ventre  et  les  cuisses  d'une  couleur  de  rouille  foncée;  le  dos, 
les  ailes,  les  couvertures  de  la  queue  et  les  deux  pennes  in- 
termédiaires de  cette  dernière  partie  de  couleur  de  suie;  les 
grandes  pennes  des  ailes  noirâtres,  bordées  dé  gris;  les  pennes 
latérales  de  la  queue  en  dessus,  noires  depuis  leur  origine 
jusqu'aux  trois  quarts  de  leur  longueur,  le  reste  étant  gris; 
en  dessous  toutes  les  pennes  de  la  queue  noires ,  avec 
Textrémité  blanche;  les  pieds  rouges;  le  bec  noir.  Sa  patrie 
est  inconnue;  mais  on  le  croit  de  Surinam. 

8.  CoLOMBi-GALiiNE  POIGNARDÉE  :  Columba  crucTilata ,  Linn., 
Lath.  ;  Temm. ,  Col.- sali. ,  pi.  8  et  9.  Cet  oiseau  est  de  la  taille 
du  précédent.  Il  a  le  front  et  le  haut  de  la  tête  d'un  gris  cendré; 
l'occiput  et  la  partie  postérieure  du  cou  d'un  violet  foncé  à 
reflets  verts;  le  dos,  les  scapulaires,  les  petites  couvertures 
des  ailes,  ainsi  que  les  parties  latérales  de  la  poitrine,  d'un 
gris  d'ardoise,  toutes  les  plumes  de  ces  parîies  étant  termi- 
nées par  un  liséré  d'un  vert  brillant  et  métallique;  la  gorge, 
les  côtés  du  cou  et  la  poitrine  d'un  blanc  pur,  avec  une 
tache  rouge  semblable  à  celle  qui   résulteroit  d'une   plaie 


PÎG  507 

fraiche,  sur  îe  milieu  de  celte  dernière  partie;  le  ventre  en 
entier  et  les  flancs,  ainsi  que  les  couvertures  du  dessous  de  . 
la  queue,  couleur  de  chair:  les  moyennes  couvertures  supé- 
rieures des  ailes  marquées  dans  leur  ensemble  de  trois  bandes 
transversales  cendrées,  séparées  par  deux  bandes  d'un  roux 
pourpré;  les  grandes  pennes  alaires  d'un  gris-brun  cendré, 
finement  liséré  deroussàtre;  les  deux  pennes  intermédiaires 
de  la  queue  d'un  gris  brun;  toutes  les  latérales  grises  à  leur 
origine,  traversées  d'une  bande  noire  vers  leur  milieu  et  ter- 
minées de  gris  cendré;  le  bec  ,  les  yeux  et  les  pieds  rouges. 

Une  variété  toute  blanche,  avec  la  tache  rouge  du  milieu 
de  la  poitrine,  a  été  décrite  et  figurée.  Quoique  blanche, 
on  voit  sur  son  plumage  de  très-foibles  teintes  qui  sont  cor- 
respondantes, par  leurs  limites,  aux  couleurs  de  l'espèce. 

Cette  espèce  habite  les  Philippines.  Sonnerat  l'a  trouvée  à 
Manille  :  il  la  nomme  tourterelle  grise  ensanglantée  et  sa  va- 
riété tourterelle  blanche  ensanglantés. 

9.  CoLOMBi-GALLiNE  A  FRONT  GRIS!  Columbajamaicensis,  Lath., 
Linn.,  Gmel.  ;  Columba  frontalis ,  Temm.,  CoL-galL,  pi.  10. 
Ce  colomhi- galline  a  dix  pouces  et  demi  de  longueur.  Son 
front  et  le  dessus  de  sa  tête  sont  d'un  beau  gris,  se  nuan- 
çant dans  quelques  individus  en  teintes  plus  ou  moins  bleues  ; 
son  dos,  ses  ailes  et  les  couvertures  supérieures  de  sa  queue 
sont  de  couleur  olive  foncée,  à  légers  reflets  pourprés;  les 
pennes  de  ses  ailes  sont  d'un  gris  noirâtre  en  dehors  et  rousses 
en  dedans,  depuis  leur  origine  Jusqu'aux  trois  quarts  de  leur 
longueur,  la  première  étant  la  plus  courte  détentes,  et  ayant 
ses  barbes  extérieures  échancrées  en  pointe;  la  qtieue  est  d'un 
brun  olivâtre,  avec  les  trois  pennes  de  chaque  côté  termi- 
nées de  blanc:  la  gorge  est  d'un  roux  clair;  la  poitrine  et  le 
ventre  sont  de  couleur  vineuse  ;  le  bas-ventre  et  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue  sont  blancs  ;  le  bec  est  noir  et  les  pieds 
sont  rouges.  Le  mâle  a  sur  le  dos  une  tache  de  couleur  vi- 
neuse à  reflets  pourprés,  qui  manque  à  la  femelle,  dont  les 
teinies  sont  en  général  plus  ternes, 

La  figure  qui  accompagne  la  description  de  M*  Temminck, 
présente  du  blanc  sous  le  cou,  et  une  large  tache  arrondie 
jaune- fauve  au-dessous  des  yeux,  dont  il  n'est  pas  fait  meU' 
tion  dans  cette  desdriptioti. 


3o8  •         PIG 

Cet  oiseau  habite  la  Jamaïque,  la  Guiane  et  le  Paraguay. 
D'Azara  l'a  décrit  sous  le  nom  de  pigeon  brun. 

10.  CoLOMBi- GALLiNE  TAi.PACOTi  :  Columba  taipacoti ,TLemm. , 
Col.-galL,  pi.  12;  Pigeon  rougeatre,  d'Azara.  Cette  petite 
espèce  n'a  que  six  pouces  et  demi  de  longueur;  son  bec  est 
très-mince  et  non  renflé  vers  la  pointe,  avec  Texlrémité  de 
sa  mandibule  supérieure  un  peu  recourbée.  Elle  a  le  haut 
de  la  tête  et  la  nuque  d'un  gris  bleu,  qui  s'éclaircit  sur  le 
front.  Tout  le  corps  est  généralement  d'un  roux  foncé ,  nuancé 
de  légères  teintes  vintuses;  les  moyennes  et  grandes  couver- 
tures des  ailes  ont  quelques  petites  taches  d'un  beau  noir  sur 
leurs  barbes  extérieures,  tandis  que  les  intérieures  sont  d'un 
roux  uniforme;  les  rémiges  et  les  pennes  secondaires  sont 
d'un  brun  noirâtre;  les  couvertures  inférieures  alaires  et  les 
flancs  sont  noirs;  les  pennes  moyennes  de  la  queue  d'un  brun 
roussâtre,  les  latérales  noires,  et  l'extérieure  de  chaque  côté 
est  rousse  à  sa  pointe;  le  bec  est  d'un  brun  rougeàtre,  et 
les  pieds  sont  d'un  rouge  orangé. 

Il  habite  l'Amérique  méridionale. 

11.  CoLOMBi-GALLiNE  cocoTziN  :  CoIumba  passcrina,  Lath.  ; 
Temm.,  Col.-galh,  pi.  i5  et  14;  la  Petite  tourterelle  de  la 
Martinique,  Buff. ,  pi.  enl.,  n."  243,  tig.  2.  La  taille  de  cet 
oiseau  ne  dépasse  pas  de  beaucoup  celle  de  l'alouette  huppée , 
sa  longueur  totale  étant  d'un  peu  plus  de  six  pouces;  son 
bec  a  sept  lignes.  Les  parties  supérieures  de  la  tête  et  du  cou 
sont  d'un  beau  cendré,  plus  bleu  dans  le  mâle  que  dans  la 
femelle  ;  les  parties  supérieures  du  corps  sont  d'un  brun- 
cendré  foncé  ;  le  front ,  la  gorge ,  le  dessous  du  cou  et  la 
poitrine  sont  de  couletir  vineuse ,  avec  quelques  taches  brunes 
au  milieu  de  chaque  plume;  les  côtés  et  le  ventre  sont  d'un 
vineux  très-clair;  le  dessous  des  ailes  est  roux  ;  leurs  cou- 
vertures supérieures  sont  d'une  couleur  mélangée  de  cendré 
et  de  vineux,  et  l'on  voit  sur  plusieurs  de  ces  plumes  des 
taches  d'un  bleu  d'émail;  les  dtux  pennes  intermédiaires  de 
la  queue  sont  d'un  brun- cendré  très-foncé  ,  et  les  latérales 
sont  presque  noires;  l'iris  est  orangé;  le  bec  d'un  rouge  pâle 
à  sa  base  et  noirâtre  vers  l'extrémité;  les  pieds  sont  rouges. 
La  femelle  a  ses  couleurs  plus  ternes  et  les  feintes  de  sa  poi 
trine  plus  blanchâtres. 


PIG  3o.j 

Le  cocotzin  habite  Saint-Domingue,  Porto-Ricco,  la  plupart 
des  autres  îles  Caraïbes,  et  la  partie  du  continent  de  l'Amé- 
rique la  plus  voisine.  Il  a  les  haîùtudes  des  perdrix,  cherclie 
sa  nourriture  à  terre  et  ne  s'élève  que  par  vols  très- courts. 
Les  lieux  qu'il  préfère,  sont  les  endroits  rocailleux  et  où  se 
trouvent  des  buissons,  ce  qui  l'a  fait  nommer  Pigeon  des 
pierres  par  les  Hollandois.  A  Porto-Ricco  les  colons  françois 
le  nomment  Ortolan,  et  les  Anglois,  dans  leurs  îles,  rappellent 
Pigeon  de  terre.  C'est  un  très-bon  gibier. 

12.  CoLOMBi-GALUNE  HOTTENTOT  :  Columbu  liottentota,  Temm., 
CoI.-galL,  pi.  i5;  le  Colombi- caille,  Levaill.,  Ois.  d'yVfriq. 
Dans  cette  charmante  espèce ,  à  peine  de  la  taille  de  la  caille , 
et  que  Levaillant  a  trouvée  dans  les  montagnes  du  pays  des 
grands  JNamaquois,  où  il  ne  la  croit  que  de  passage,  le  mâle 
a  toutes  les  parties  supérieures  du  cou  et  du  corps  d'un  beau 
roux-cannelle,  chaque  plume  de  ces  parties  étant  terminée  de 
brun;  le  front,  le  sommet  de  la  tête  et  la  gorge  d'un  beau 
blanc  ;  les  côtés  du  cou  et  la  poitrine  couverts  de  plumes 
écailleuses  généralement  d"un  gris-vineux  clair ,  les  supérieures 
étant  noires  et  lisérées  de  blanc  ;  le  ventre  en  entier  et  les 
cuisses  d'un  roux  clair;  les  pennes  des  ailes,  dans  leur  partie 
visible,  du  roux-cannelle  du  dos,  et  noirâtres  sur  leurs  barbes 
intérieures;  la  queue  très- courte,  d'un  roux  cannelle  en  des- 
sus et  d'un  gris  noirâtre  en  dessous;  le  bec  brun-jaunâtre; 
les  yeux  et  les  pieds  roux.  La  femelle  est  plus  petite  que  le 
mâle,  et  ses  couleurs  sont  moins  brillantes. 

lo.CoLOMBi-GALLiNE  vygmée:  Columba  minuta  ,  Lath.;Temm., 
Col.-galL,  pi.  16;  le  Pigeon  nain,  d'Azara  ;  Petite  tourterelle 
DE  Saint-Domingl'e,  Buff. ,  pi.  enlum. ,  n°  143,  fig.  1.  Cet 
oiseau  n'a  que  cinq  pouces  et  demi  de  longueur  totale.  Tout 
le  dessus  de  sa  tête  et  de  son  corps  est  d'un  brun -cendré 
très- brillant  ;  les  couvertures  supérieures  de  ses  ailes  seu- 
lement ont  un  peu  de  roussàtre ,  et  préseutent  sept  ou  huit 
taches  d'un  bleu  d'émail;  le  front  et  la  gorge  sont  d'un  blanc 
roussàtre;  les  parties  inférieures  du  cou  et  la  poitrine  sont 
d'un  vineux  clair;  le  ventre  et  bs  flancs  sont  d'un  blanc 
mêlé  de  roussàtre  ;  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la 
queue  sont  brunes,  et  toutes  les  latérales  cendrées  et  termi- 
nées de  noir,  à  l'exception  de  la  première  de  chaque  côté, 


3:o  PIG 

qui  l'est  de  blanc;  les  pieds  sont  rouges;  le  bec  est  brun.  La 
femelle  ne  diffère  du  mâle   que  par  des  teintes  plus  pâles. 

On  trouve  cette  espèce  à  la  Guiane  et  au  Paraguay. 

14.  CoLOAiBi-GALLiNE  Picui  :  Columba  Picui ,  Temm.,  Pig-, 
in  -  8." ,  pag.  43  5  ;  le  Picui  de  d'Azara  ,  Voy. ,  t.  4,  P-  1 56.  Il  a 
sept  pouces  trois  lignes  de  longueur;  le  front  et  les  côtés  de 
la  tête  blanchâtres  ;  le  dessus  de  la  tête  ,  du  cou  et  du 
corps  d'un  brun  pur;  les  couvertures  supérieures  des  ailes 
de  la  même  couleur,  avec  de  petites  taches  d'un  bleu  d'émail; 
toutes  les  parties  inférieures  blanchâtres,  avec  une  teinte 
vineuse  sur  la  poitrine ,  et  une  légère  nuance  de  brun  sur 
le  devant  du  cou  et  les  côtés  du  corps;  les  couvertures  infé- 
rieures des  ailes  noires  ;  les  pennes  d'un  brun  noirâtre  , 
et  l'extérieure  de  la  queue  de  chaque  côté  blanche  ;  les 
deuxième ,  troisième  et  quatrième  terminées  de  blanc  ;  le  tarse 
d'un  rouge- violet  obscur;  un  espace  nu  et  bleuâtre  autour 
de  l'œi] ,  qui  est  d'un  bleu  foncé.  Cet  oiseau  du  Paraguay 
vit  par  paires  ou  par  bandes.  Son  nid,  placé  dans  les  buissons 
ou  sur  les  basses  branches  des  arbres,  est  formé  de  petites 
branches  :  il  est  très -évasé,  et  ne  contient  que  deux  œufs. 

1  5.  CoLOMBi-GALLiNE  DE  Jamieson  ;  Columbu  J amicsonii ,  Quoy 
et  Gaimard,  Zool.  de  l'expéd.  de  la  corvette  l'Uranie,  p.  1^3 
note.  Cet  oiseau ,  moins  gros  qu'une  poule,  en  a  le  port  et  la 
marche  rapide.  La  tête,  les  ailes,  le  dos  et  la  queue  sont 
d'un  ardoisé  clair;  la  poitrine  et  le  ventre  blancs,  marqués 
de  taches  triangulaires  ardoisées;  deux  lignes  blanches  vont 
du  cou  au  ventre,  et  circonscrivent  un  plastron  ardoisé. 

Cet  oiseau  ,  que  nous  plaçons  ici  comme  par  appendice 
à  la  section  des  colombi-gallines,  a  été  vu  à  Régent-ville, 
maison  de  campagne  du  docteur  Jamieson,  auprès  du  port 
Jackson. 

2.°  Section. 

COLOMBES  ou  PIGEONS  proprement  dits. 

Bec  mince 5  tarses  courts,  lisses  ou  emplumés;  ailes  longues;  queue 

carrée,  étagée,  ou  en  forme  de  coin. 

*  Queue  carrée  ou  légèrement  étalée. 

16.  Coi.ojiBE  GÉANTE:  Columha  spadicea,  Lath.;  Temm,,  CoL^ 
pi.  1.  Cet  oiseau  a  dix-ue^if  pouces  de  longueur  totale,  sur 


PIG  3ii 

quoi  la  queue  prend  sept  pouces  et  demi.  Cette  queue  a  un 
caractère  particulier,  c'est  que  les  pennes  latérales  sont  de 
deux  lignes  plus  longues  que  les  internes,  ce  qui  la  rend  un 
peu  fourchue.  L'occiput  et  le  derrière  du  cou  sont  d'un  vert 
rembruni  ;  le  devant  et  les  côtés  de  la  tête  et  du  cou ,  ainsi 
que  le  haut  de  la  poitrine,  sont  d'un  beau  vert  foncé,  à 
reflets  éclatans  ;  les  scapulaires  et  le  haut  du  dos  sont  mor- 
dorés à  reflets  métalliques;  le  ventre  et  toutes  les  parties  in- 
férieures du  corps  sont  d'un  blanc  pur;  les  pennes  de  la 
queue  sont  en  dessus  d'un  brun  bistre,  à  reflets  verts  et  pour-t 
près  foncés,  avec  l'extrémité  de  couleur  d'ocre,  et  en  dessous 
d'un  gris  blanchâtre,  changeant  légèrement  en  vert  métal- 
lique ,  avec  une  large  bande  d'un  brun  bistre  vers  l'extré- 
mité ;  les  pennes  des  ailes,  qui  atteignent  la  moitié  de  la 
longueur  delà  queue  ,  sont,  dans  leur  partie  extérieure,  cou- 
leur gris  de  lin  foncée  ,  à  reflets  d'un  vert  éclatant  ;  les  grandes 
couvertures  et  les  pennes  moyennes  sont  d'un  gris  plus  clair 
et  à  reflets  verdàtres;  les  moyennes  couvertures  sont  vert- 
doré. 

Ce  beau  pigeon  habite  l'archipel  des  îles  des  Amis  et  vrai- 
semblablement d'autres  iles  de  la  mer  du  Sud. 

Je  n'ose  considérer  comme  espèce  distincte  de  celle-ci  une 
colombe  de  la  Nouvelle-Zélande,  que  MM.  Lesson  et  Garnot 
«m'ont  communiquée  sous  le  nom  de  Koukoupa ,  qui  lui  est 
donné  par  les  habitans  de  cette  île.  Toute  sa  description  s'ac- 
corde avec  celle  de  la  colombe  géante  ;  si  ce  n'est  qu'elle  la 
représente  comme  moins  longue  de  deux  pouces  et  demi, 
et  comme  ayant  les  pennes  de  l'aile  d'un  vert  métallique 
obscur,  ainsi  que  les  couvertures,  avec  la  queue  en  dessous 
d'un  gris  passant  au  brun,  sur  les  pennes  intérieures  et  sur 
l'extrémité  de  toutes ,  sans  bande  transverse.  Sa  chair  est 
excellente. 

17.  Colombe  a  lunettes;  Columba  perspicillata,  Temm.  et 
Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  246.  Elle  est  de  la  taille  de  la  colombe 
géante,  Columba  spadicea  (dix -huit  pouces).  Ses  formes  sont 
très-semblables  à  celles  du  ramier.  Elle  a  la  tête,  les  joues  et 
la  nuque  d'un  cendré  très-foncé:  le  front  ceint  d'un  bandeau 
blanc;  un  cercle  de  petites  plumes  blanches  autour  de  l'œil; 
le  bas  du  derrière  4"  cou  ,  le  dos  et  les  ailes  d'un  vert  mé- 


312  PIG 

tallique;  les  pennes  des  ailes  d'un  bleu  métallique  dans  les 
vieux  individus,  et  d'un  bleu  noirâtre  dans  les  jeunes-,  les 
côtés  du  cou  cendrés  avec  des  reflets  chatoyans;  la  poitrine, 
le  ventre  et  les  cuisses,  le  bas-ventre  et  les  couvertures  in- 
férieures de*  la  queue  d'un  cendré  clair;  le  bec  blanc;  les 
pieds  rouges. 

Elle  habite  les  Philippines  et  quelques-unes  des  Moluques. 

18.  Colombe  a  double  huppe;  Columba  dilopha  ,  Temm.  , 
Trans.  soc.  linn.,  tome  i3,  page  124;  Temm.  et  Laug. ,  Ois. 
col. ,  pi.  162.  Cette  belle  espèce  a  été  trouvée  à  la  Mouvelle- 
Hollande,  dans  l'intérieur  des  terres,  près  de  Red-point.  Sa 
longueur  totale,  qui  est  de  quinze  pouces,  et  ses  formes  gé- 
nérales le  rapprochent  particulièrement  de  la  colombe  géante 
et  du  ramier.  Ce  qui  la  caractérise  à  la  première  vue,  c'est 
la  double  huppe  verticale  qui  couronne  sa  tête  :  lu  pre- 
mièi'e  ou  l'antérieure,  et  la  plus  basse,  commence  à  la  base 
du  bec;  elle  est  formée  de  plumes  de  couleur  grise,  com- 
primées et  fortement  recourbées  en  arrière  sur  les  plumes 
qui  composent  la  seconde  :  celles-ci ,  beaucoup  plus  alongées, 
sont  couchées  sur  le  sommet  de  la  téte^  et  un  peu  relevées 
en  avant  dans  leur  bout;  elles  forment  une  ligne  verticale 
•qui  se  prolonge  jusqu'à  l'occiput;  leur  couleur  est  le  roux 
foncé;  leurs  barbes  sont  déliées,  étroites  à  leur  origine,  et 
un  peu  plus  larges  vers  le  bout  ,  où  elles  présentent  une 
double  échancrure.  La  tête  et  presque  tout  le  plumage  sont 
d'un  gris  cendré,  plus  foncé  aux  parties  supérieures  qu'aux 
inférieures;  les  pennes  alaires  et  caudales  sont  noirâtres;  la 
queue,  qui  a  toutes  les  siennes  de  longueur  égale,  présente 
vers  son  extrémité  une  large  bande  d'un  blanc  grisâtre 
(marquée  roussàtre  dans  la  figure);  les  tarses,  à  moitié  em- 
plumés,  sont  dans  leur  partie  nue  rougeâtres,  ainsi  que  les 
doigts;  le  bec,  fort,  légèrement  renflé  près  de  son  extrémité, 
est  également  rougeàtre  ;  l'iris  est  rouge. 

1  y.  Colombe  ramier  :  Columba  Palumbus ,  Linn. ,  Lath.  :  Tem. , 
Col.,  pi.  2;  le  Pigeon  ramier,  Buff. ,  pi.  enlum.,  n.°  5 16.  Le 
ramier  a  dix-sept  pouces  et  demi  de  longueur  totale,  et  son 
envergure  est  de  deux  pieds  cinq  pouces.  Sa  tête  et  son  cou 
sont  d'un  cendré  bleuâtre  ,  avec  des  reflets  de  vert  et  de  pour- 
pre, et  il  y  a  une  tache  blanche  assez  grande  rie  chaque  côté 


PIG  5'5 

du  cou  ;  le  manteau  et  les  petites  couvertures  des  ailes  sont 
d'un  cendré  bleuâtre;  les  grandes  pennes  alaires  noires,  avec 
un  liséré  blanc  ;  et  les  couvertures  les  plus  rapprochées  du 
bord  de  l'aile  forment  ensemble  une  tache  blanche  fort  éten- 
due; la  poitrine  est  d'une  couleur  vineuse;  le  ventre,  les 
flancs,  les  plumes  des  cuisses  et  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  sont  d'un  gris  très- clair,  presque  blanc;  les 
pennes  de  la  queue  sont  d'un  cendré  foncé  en  dessus,  qui 
passe  au  noir  vers  l'extrémité,  en  dessous  elles  sont  noires, 
avec  une  bande  transverse  grise;  le  genou  est  recouvert  de 
plumes;  le  reste  du  tarse  et  les  doigts  sont  d'un  beau  rouge; 
le  bec  est  d'un  blanc  rougeàtre  à  sa  base,  et  la  peau  molle 
qui  le  garnit  est  comme  saupoudrée  de  blanc  ;  l'iris  est 
d'un  jaune  claii*.  La  femelle  est  plus  petite  que  le  mâle, 
et  les  jeunes  se  font  remarquer  par  une  teinte  gris -cendré 
très-foncé  et  par  l'absence  des  taches  blanches  du  cou,  qu'ils 
ne  prennent  qu'après  leur  première  mue. 

Le  ramier  paroît  habiter  la  plus  grande  partie  de  l'ancien 
continent  :  c'est  la  plus  forte  espèce  de  celles  qui  sont  pro- 
pres à  l'Europe.  Il  est  voyageur  et  quitte  nos  contrées  dans 
le  mois  de  Novembre,  pour  y  revenir  vers  le  commencement 
de  Mars;  mais  quelques  individus  restent  néanmoins  pendant 
l'hiver.  Ce  n'est  qu'en  Avril  qu'il  retourne  dans  les  climats 
les  plus  septentrionaux.  Sa  première  ponte ,  composée  de  deux 
œufs  et  rarement  de  trois,  a  lieu  chez  nous  en  Avril,  dans 
un  nid  placé  à  la  sommité  des  plus  hauts  arbres  et  grossière- 
ment composé  de  branches  sèches  entrelacées.  La  seconde  se 
fait  en  Août,  et  les  petits  ou  ramereaux,  qui  mettent  seize 
à  dix-huit  jours'  à  éclore  ,  prennent  leur  essor  lorsqu'ils  ont 
six  semaines  d'âge. 

Ces  oiseaux ,  dans  leur  migration  d'automne ,  se  portent 
des  contrées  du  Nord  dans  celles  du  Sud ,  et  notamment  dans 
la  France  méridionale ,  en  Italie  et  en  Espagne.  Les  vallées 
des  Pyrénées  sont  alors  traversées  par  les  troupes  nombreuses 
qu'ils  forment,  et  ils  y  sont  l'objet  d'une  chasse  très-active. 
En  général,  ils  sont  très-méiians  et  se  laissent  rarement  ap- 
procher. Leur  nourriture  consiste  en  faines,  glands  et  baies 

1   M.   Vieillot  dit  (quatorze. 


3i4  PIG 

sauvages  de  diverses  espèces,  en  fraises  et,  dit-on,  dans  les 
temps  de  disette  ,  t- n  bourgeons  d'arbres.  Les  ramiers  ont 
pour  ennemis  naturels  les  petits  quadrupèdes  carnassiers  du 
genre  des  martes,  qui  dévorent  leurs  œufs  et  leur  jeune 
famille,  et  surtout  les  oiseaux  de  proie,  tels  que  le  milan  et 
l'épervier. 

En  captivité,  même  pris  très-jeunes,  les  ramiers  ne  pro- 
duisent jamais,  ce  qui  semble  repousser  Topinion  que  Butïbn 
a  émise,  et  selon  laquelle  cet  oiseau  seroit  l'une  des  souches 
de  nos  races  de  pigeons  domestiques  :  il  est  bien  plus  vrai- 
semblable, ainsi  que  l'admettent  les  ornithologistes,  que' le 
vrai  type  primitif  de  ces  races  est  l'espèce  du  biset. 

20.  Colombe  Zoë  ;  Columba  Zoeœ ,  Lesson.  (Espèce  nou- 
velle.) Elle  est  de  la  taille  de  nos  pigeons  de  volière;  sa  lon- 
gueur étant  de  seize  pouces,  sur  quoi  la  queue,  qui  est  carrée, 
en  a  quatre.  Le  front,  le  sommet  de  la  tête  et  les  joues  sont 
d'un  gris- cendré  un  peu  foncé;  le  dessous  de  la  gorge  est 
blanchâtre  ou  d'un  cendré  clair;  le  cou  jusqu'au  dos,  et  la 
poitrine,  sont  d'un  gris-vineux  de  teinte  égale;  une  bande 
étroite,  noire,  entoure  le  corps  en  dessous,  et  tranche  au  haut 
du  ventre  avec  le  gris  cendré  qui  le  recouvre;  les  plumes  du 
bas -ventre,  et  celles  du  dessous  de  la  queue,  sont  d'un  roux 
vineux,  et  terminées,  au  milieu  de  leur  extrémité,  chacune 
par  une  tache  blanche,  ce  qui  leur  donne  un  aspect  maillé  ; 
le  dos  et  la  partie  moyenne  des  ailes  sont  d'un  rouge-brun 
foncé;  les  grandes  pennes  des  ailes,  le  croupion  et  le  dessus 
des  pennes  de  la  queue  sont  d'nn  vert  éclatant  et  doré;  les 
barbes  internes  de  ces  pennes  sont  brunes  ;  le  dessous  de  la 
queue  est  d'un  fauve  rougeàtre;  le  bec  et  le  tour  de  l'œil, 
qui  est  nu,  sont  noirs;  les  pieds  sont  d'un  rouge  de  sang; 
les  tarses  sont  robustes  et  emplumés  dans  la  moitié  de  leur 
longueur. 

Cette  belle  espèce,  que  M.  Lesson  consacre  à  la  mémoire 
d'une  épouse  chérie ,  a  été  découverte  par  lui  aux  environs 
du  village  de  Dorery  à  la  Nouvelle- Guinée.  Elle  se  nourrit 
de  fruit  d'eugenia.  Les  Papous  la  nomment  Manangore. 

2  1 .  Colombe  leucomèle  :  Columba  leucomela,  Temm. ,  Trans. 
soc.  linn.,  t.  i3,  p.  126;  Temm.  et  Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  186. 
Ce  pigeon,  qui  habite  l'intérieur  de  la  Nouvelle- Hollande, 


PIG  3i5 

au-  delà  des  montagnes  Bleues,  est  à  peu  près  de  la  taille  du 
ramier  d'Europe,  et  en  présente  généralement  les  propor- 
tions. Sa  tête  ,  son  cou  ,  sa  poitrine  ,  sont  d'un  blanc  très-foi- 
blement  nuancé  de  teintes  pourprées  ;  le  ventre  et  le  bas- 
ventre  sont  aussi  blancs;  mais  cette  couleur  prend  une  légère 
nuance  cendrée,  particulièrement  sur  les  côtés  du  corps  et 
sur  les  plumes  qui  garnissent  les  jambes;  le  dos  et  le  crou- 
pion ont  leur  ligne  moyenne  couverte  d'une  très-belle  cou- 
leur pourpre  foncée  à  reflets  ;  les  scapulaires  et  les  plumes 
des  couvertures  alaires  les  plus  rapprochées  du  dos  sont 
noires  et  lisérées  de  pourpre  ;  les  autres  plumes  et  les  pennes 
de  l'aile,  ainsi  que  celles  de  la  queue,  sont  d'un  brun  noi- 
râtre ;  le  bec  et  les  pieds  sont  jaunâtres. 

2'j.  Colombe  muscadivoke  :  Coiumha  œnea ,  Linn. ,  Lath.  ; 
Temm. ,  Col.,  pi.  3  et  4;  Columba pacifica,  Gmel.  ;  le  Pigeon 

RAMIER  DES  MOLUQDES,  Buff.,  pi.  eul.  ,  n.°  1 64  ;  PiGEON  CUIVRÉ 
MANGEUR    DE   MUSCADES,    SoUUerat,    Voy.  ,    tab.    102;    C.    MUSCA- 

DivoRE,  Quoy  et  Gaimard ,  Zoolog.  du  Voyage  de  l'Uranie , 
pi.  2g.  Cet  oiseau,  assez  voisin  de  notre  ramier  par  sa  taille, 
a  la  tête,  le  cou,  la  poitrine  et  le  ventre  en  entier  d'ua 
gris  bleuâtre,  avec  de  légers  reflets  de  couleur  vineuse;  tout 
le  manteau  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes  et  de  la 
queue  d'un  beau  vert-foncé  à  reflets  métalliques;  les  grandes 
pennes  des  ailes  d'un  bleu  verdoyant;  la  queue  en  dessus 
d'un  beau  bleu-de-roi ,  changeant  en  vert-doré ,  et  en  des- 
sous noirâtre  ;  les  couver(i(|res  inférieures  de  la  queue  d'un 
roux  ferrugineux  ;  les  pieds  rouges;  le  bec  noir  et  l'iris  d'un 
rouge  orangé. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  a  son  cou  et  son 
ventre  d'une  couleur  vineuse,  une  grande  lâche  d'un  rous- 
sâtre  foncé  sur  la  nuque  et  le  derrière  du  cou  ,  et  en  général 
les  autres  teintes  semblables  à  celles  du  mâle ,  mais  plus  ternes. 

Les  jeunes  sont  d'un  roux  plus  ou  moins  foncé,  partout  où 
le  mâle  adulte  a  du  gris;  d'un  brun  bistr*  sur  le  dos,  où 
celui-ci  a  du  vert;  et  d'un  noir  grisonnant  sur  les  pennes  des 
allés  et  de  la  queue,  en  remplacement  du  bleu. 

MM.  Quoy  et  Gaimard  ont  fait  connoitre  un  caractère  du 
mâle  de  cette  espèce ,  qui  n'avoit  pas  encore  été  remarqué , 
et  qui  consiste  dans  une  grosse  excroissance  charnue,  lisse, 


5, G  piQ 

noire  et  sphérique,  placée  sur  la  base  du  bec,  laquelle  est 
remplie  d'une  graisse  fluide  jaune,  et  qu'on  suppose  avec 
raison  devenir  plus  saillante  au  temps  des  amours. 

Ces  naturalistes  ont  également  signalé  quelques  différences  , 
qu'ils  ont  observées  dans  les  individus  qu'ils  ont  examinés; 
notamment  le  nombre  des  pennes  de  la  queue,  au  nombre 
de  quatorze  au  lieu  de  douze,  et  le  bas-ventre  teint  de  roux 
au  lieu  d'être  gris  comme  les  autres  parties  inférieures. 

Cette  espèce  habile  les  Moluques,  la  Nouvelle- (îuinée , 
lile  de  Java,  et  M.  Temminck  dit  qu'on  lui  a  donné  l'assu- 
rance qu'elle  existoit  aussi  dans  quelques  îles  de  la  mer  du 
Sud.  D'ailleurs  elle  paroît  voyageuse,  car  on  a  observé  qu'elle 
émigroit  dans  certaines  saisons  de  l'année.  Les  Papous  la 
nomment  Manroua. 

Sa  nourriture  aux  Moluques  et  à  la  Nouvelle-Guinée  con- 
siste dans  la  pulpe  et  dans  le  macis  ou  enveloppe  extérieure 
des  muscades;  mais  comme  elle  avale  ces  muscades  entières, 
et  que  celles-ci  n'éprouvent  point  d'altération  dans  son  corps  , 
elle  en  rend  les  noix  telles  qu'elle  les  a  avalées,  et  répand 
ainsi  les  muscadiers  dans  les  diverses  îles  où  elle  se  trans- 
porte, de  même  que  les  grives  propagent  le  gui.  A  Java, 
selon  M.  Leschenault ,  elle  mange  les  fruits  du  ficus  reli- 
giosa. 

23.  Colombe  océanique;  Columba  oceanica,  Lesson  et  Gar- 
not.  Celle-ci  pourroit  être  la  colombe  muscadivore ,  men- 
tionnée par  Forster  comme  se  É^-ouvant  aux  nouvelles  Hé- 
brides et  aux  lies  des  Amis.  Cette  variété,  nommée  moi//oMes5c 
ou  mouleux  par  les  naturels  d'Oualan ,  diffère  par  sa  taille, 
qui  e&i  d'un  tiers  moindre,  et  par  la  distribution  de  ses  cou- 
leurs :  elle  a  le  front,  les  joues  et  la  gorge  d'un  blanchâtre 
mêlé  de  gris;  le  dessus  de  la  tète  et  le  derrière  du  cou  d'un 
gris  ardoisé  assez  foncé;  le  manteau,  le  croupion,  I^es  couver- 
tures des  ailes,  leurs  grandes  pennes  et  celles  de  la  queue, 
d'un  vert  métallique  uniforme,  passant  au  brun  à  l'intérieur 
des  grandes  plumes;  la  poitrine  et  le  haut  de  l'abdomen  d'un 
gris  teint  de  rouille:  le  ventre,  les  plumes  anales,  les  plumes 
des  cuisses  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un 
roux  ferrugineux  foncé  ;  le  dessous  de  la  queue  d'un  brun 
clair  avec   de  légers  reflets  verdâtres.   Le  inàle  a  un   tuber- 


PI  G  3i7 

culc  cà  la  base   du  bec,    comme  celui  de   la  colombe  mus- 
cadivore. 

Elle  se  trouve  abondamment  à  l'île  d'Oualan ,  l'une  des 
Carolines,  et  aux  îles  Pelew,  où  elle  porte  le  nom  de  cyco. 
Elle  ne  mange  point  de  muscades,  mais  elle  se  nourrit  d'une 
petite  baie  très-abondante  dans  ces  parages. 

24.  Colombe  magnifique  :  Columba  magnifica,  Temm. ,  Tratis. 
soc.  linn.,  tome  i5,  page  126;  Temm.  et  Laug. ,  Ois.  col., 
pi.  i63.  Sa  longueur  totale  est  de  quinze  à  seize  pouces;  les 
formes  de  son  corps  sont  exactement  semblables  à  celles  de 
la  colombt  muscadivore,  si  ce  n'est  que  son  bec  n'a  pas  de 
tubercule  charnu  à  sa  base.  La  tête  et  le  cou  sont  d'un  blanc 
cendré,  qui  sur  le  dos  se  change  insensiblement  en  un  vert 
très- brillant  ;  ce  vert  se  retrouve  sur  les  côtés  du  bas  du 
cou,  sur  le  haut  des  flancs,  sur  la  queue  et  sur  les  ailes, 
dont  les  couvertures  supérieures  sont  marquées  de  taches 
d'un  beau  jaune  pur;  une  très -grande  plaque  d'un  violet 
pourpre  ,  présentant  à  certains  aspects  des  reflets  bleus  et 
verts,  occupe  tout  le  ventre,  et  se  prolonge  en  pointe  sur 
la  poitrine  et  jusque  sous  la  gorge,  où  elle  finit;  les  plumes 
du  bas-ventre,  des  jambes  et  des  couvertures  inférieures  de 
la  queue  sont  d'un  jaune  foncé;  les  pennes  de  l'aile  et  de  la 
queue  sont  d'un  vert  chatoyant  en  dessus;  ces  dernières,  eu 
dessous,  sont  d'un  cendré  uniforme;  les  couvertures  infé- 
rieures des  ailes  sont  d'un  jaune  d'or:  les  pieds  sont  bleuâtres  ; 
le  bec  est  noir,  et  a  sa  pointe  un  peu  rougeâtre;  l'iris  et  le 
tour  de  l'œil ,  qui  est  nu,  sont  rouges.  Ce  pigeon,  trouvé  à 
Red-point,  sur  la  côte  orientale  de  la  Nouvelle-Hollande,  a 
une  chair  d'un  très -bon  goût.  Sa  nourriture  consiste  prin- 
cipalement en  fruits  du  câblage- tree. 

MM.  Lesson  et  Garnot  nous  ont  montré  un  pigeon,  dont 
les  couleurs  sont  exactement  distribués  comme  dans  celui- 
ci,  mais  dont  le  violet  du  ventre  n'offre  point  de  reflets  bleus 
ni  verts.  Sa  longueur  n'est  que  de  dix  pouces. 

25.  Colombe  mantelbe  ;  CoLumba  lacernulata ,  Temm.  et 
Laug.,  Ois.  col.,  pi.  164.  Celle-ci  provient  de  l'île  de  Java, 
où  elle  a  été  découverte  par  M.  Reinwardt.  Sa  taille  (quinze 
pouces^  et  ses  formes  sont  celles  du  ramier  d'Europe.  Efle 
a  tout  le  dessus  de  la  tête   d'un  cendré  bleuâtre;  la  gorge 


5i8  PIG 

d'une  couleur  rosée  vineuse  ;  la  nuque  et  le  haut  du  dos  d'un 
vineux  foncé;  le  bas  du  dos  et  les  trois  premiers  quarts  des 
pennes  caudales  d'un  cendré  noirâtre  ;  la  terminaison  de  celles- 
ci,  couleur  de  plomb;  le  devant  du  cou  et  la  poitrine  d'un 
vineux  cendré  ;  le  ventre  de  la  même  couleur ,  avec  une  légère 
teinte  pourprée;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
rousses  ;  les  ailes  noirâtres  ,  avec  des  reflets  verdâtres  et 
bronzés;  le  revers  de  la  queue  d'un  gris  uniforme,  avec  le 
bout  des  pennes  blanchâtre;  le  bec  noir;  les  pieds  rouges. 

26.  Colombe  capistrate  ;  Columba  capislrata  ,  Temm.  et 
Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  i65.  Celle-ci  est  très- voisine  de  la  pré- 
cédente, soùs  le  triple  rapport  de  la  taille,  des  formes  et  de 
la  distribution  des  couleurs  ;  les  ailes  en  sont  cependant  plus 
longues;  le  sommet  de  la  tête  est  aussi  d'un  gris  bleuâtre, 
qui  s'étend  moins  que  dans  la  colombe  mantelée  ;  la  gorge 
est  blanche;  le  derrière  de  la  tête  et  la  nuque  sont  d'un  gris 
pourpré;  toutes  les  autres  parties  inférieures  du  corps  sont 
d'un  cendré  vineux,  uniforme,  les  couvertures  du  dessous 
de  la  queue  seulement  étant  d'un  blanc  jaunâtre;  le  haut  du 
dos  et  les  couvertures  supérieures  des  ailes  sont  d'une  cou- 
leur pourprée  très- foncée,  sans  reflets;  les  pennes  et  les 
autres  plumes  de  ces  parties  sont  d'un  noir  légèrement  cen- 
dré, avec  de  très-foibles  reflets  verdâtres;  le  bas  du  dos  et 
les  trois  premiers  quarts  du  dessus  des  pennes  de  la  queue 
sont  d'un  cendré  noirâtre,  et  le  reste  de  ces  dernières  est 
couleur  de  plomb;  en  dessous  elles  sont  généralement  grises, 
avec  leur  bout  blanchâtre;  les  pieds  sont  d'un  beau  rouge. 
Elle  est  des  îles  de  l'Archipel  indien.  M.  Temminck  l'a  reçue 
de  Java  ;  mais  il  ignore  si  elle  vit  dans  cette  île. 

27.  Colombe  rameron  :  CoUimha  arquatrix  ,  Temm.,  Col.  . 
pi.  5:  le  Rameron,  LevailL,  Ois.  d'Afr.  Le  rameron  est  plus 
petit  que  le  ramier,  puisqu'il  n'a  que  quinze  pouces  de  lon- 
gueur totale.  Il  a  le  front,  le  haut  du  dos  et  toutes  les  par- 
ties inférieures  d'un  rouge  vineux,  seulement  un  peu  plus 
clair  sur  le  cou  et  la  poitrine  qu'ailleurs,  chacune  des  plumes 
de  ces  dernières  parties  ayant  du  noir  dans  son  milieu,  ce 
qui  leur  donne  l'aspect  maillé  ou  écailleux;  le  haut  de  la 
tête  et  l'occiput  d'un  gris  bleuâtre  ;  les  couvertures  ala;res ,  les 
plus  rapprochées  du  corps,  d'un  roux  vineux,   et  celles  du 


PIG  5i9 

bord  de  l'aile  grises,  toutes  étant  parsemées  de  petites  taches 
Llanches  de  forme  arrondie;  le  ventre  marqué  de  semblables 
taches,  mais  triangulaires  ;  une  partie  du  tarse  couverte  de 
plumes,  et  le  reste  d'un  jaune  clair,  ainsi  que  les  doigts;  le 
bec  jaune  foncé,  et  la  cire  qui  est  à  la  base,  de  couleur 
orangée  ;  les  yeux  d'un  brun  orangé. 

Levaiilanf  a  découvert  cette  espèce  dans  le  pays  d'Ante- 
niquoi  en  Afrique,  et  il  a  observé  que  ses  habitudes  natu- 
relles se  rapprochent  beaucoup  de  celles  des  ramiers.  En 
volant,  le  rameron  décrit  une  suite  de  paraboles  irrégulières 
et  fait  entendre  une  voix  fort  agréable.  Il  est  chassé  avec 
activité  par  l'aigle  blanchard. 

28.  Colombe  grivelée  ;  Cvlumha  armillaris ,  Temm.,  Col., 
pi.  6.  Cet  oiseau  ,  dont  les  formes  sont  semblables  à  celles  du 
ramier,  est  plus  petit,  puisqu'il  n'a  que  quinze  pouces  et 
demi  de  longueur  totale;  toutes  les  parties  supérieures  de 
son  plumage  et  le  devant  de  son  cou  sont  d'une  couleur  gris- 
d'ardoise  très-foncée;  le  front  et  la  gorge  sont  d'un  gris  blan- 
châtre; un  collier  blanc  descend  de  la  région  de  l'oreille  de 
chaque  côté  du  cou,  et  entoure  la  couleur  gris- foncé  de 
cette  partie,  en  décrivant  un  arc  alongé;  la  poitrine  est 
blanche;  le  ventre  est  aussi  de  cette  couleur,  mais  les  plumes 
qui  le  couvrent  sont  chacune  marquée  dans  son  milieu  ci'une 
tache  noire  oblongue  ou  en  forme  de  fer  de  lance:  1  s  grandes 
pennes  des  ailes  sont  d'un  brun  terne  et  lisérées  de  brun- 
roux  ;  les  pennes  de  la  queue  sont  de  la  mêrije  couleur,  et 
les  quatre  premières  de  chaque  côté  ont  leur  bout  blanc; 
la  cire  de  la  base  du  bec  est  de  couleur  rosée,  et  paroit  sau- 
poudrée de  blanc. 

La  figure  de  cet  oiseau  ,  par  Mad.*  Knip ,  a  des  teintes 
beaucoup  plus  foncées  que  ne  les  indique  la  description  de 
M.  Temminck.  ,  et  elle  présente  un  entourage  nu  et  rouge 
à  l'œil,  dont  il  n'est  pas  fait  mention  dans  cette  description. 

Ce  pigeon  est  de  l'Asie  australe.  M.  Temminck ,  en  dernier 
lieu,  lui  a  réuni,  comme  variété,  la  Colombe  goad-goang 
de  la  INouvelle -Hollande.  (Voyez  ci -après  page  ôyS.) 

2g.  Colombe  marine  :  Columba  littoralis,  Temm. ,  Col. ,  pi.  7  ; 
Columba  alba,  Lath.,  Gmel.  ;  Pigeon  blanc  mangedr  de  mus- 
cades, Sonn.,  Voy.,  pi.  io3.  Cette  espèce  a  été  confondue  à 


320  PIG 

tort  avec  la  colombe  muscadivore  décrite  ci-dessns.  A  Java 
elle  porte  le  nom  de  bouron  dora-louv ,  qui  signifie  pigeon 
de  mer  parce  que  c'est  dans  les  cavités  des  rochers  qui 
bordent  la  mer  ,  qu'elle  fait  son  nid.  Elle  vole  par  troupes 
et  se  nourrit  principalement  des  fruits  du  palmier  poukio-le- 
lau  des  habitans  de  Java.  Lorsque  ses  petits  sont  élevés,  elle 
émigré,  et  vraisemblablement  se  porte  vers  la  Nouvelle-Gui- 
née ,  où  elle  se  nourrit  de  muscades  ou  plutôt  de  maïs. 

Cet  oiseau  a  treize  pouces  de  longueur  totale;  tout  son  plu- 
mage est  blanc,  à  l'exception  des  grandes  pennes  alaires,  qui 
sont  entièrement  noires;  des  pennes  moyennes,  qui  ont  seu- 
lement les  trois  derniers  quarts  de  cette  couleur,  et  des  extré- 
mités des  pennes  caudales;  ses  pieds  et  son  bec  sont  d'un  gris 
livide,  ainsi  que  la  peau  nue  du  tour  de  l'œil,  dont  l'iris  est 
jaune. 

3o.  Colombe  luctuose  :  Columba  luctuosa ,  Reinw. ,  Temm. ,  et 
Laug. ,  pi.  247.  Elle  ressemble  beaucoup  à  la  colombe  marine, 
mais  est  un  peu  plus  grande.  Tout  son  plumage  est  blanc,  à 
l'exception  des  grandes  pennes  des  ailes,  qui  sont  cendrées  et 
bordées  de  noir,  et  du  bout  de  celles  de  la  queue,  qui  est 
noir,  la  plus  latérale  de  ces  pennes  étant  néanmoins  toute 
blanche  :  un  caractère  qui  lui  est  propre,  consiste  aussi  dans 
le  noir  qu'on  remarque  sur  la  ligne  moyenne  du  bas-ventre 
et  sur  les  plumes  des  cuisses;  le  bec  est  blanc.  La  figure  de 
cet  oiseau  montre  une  teinte  jaune  à  la  base  de  la  face  in- 
férieure des  pennes  caudales,  dont  il  n'est  pas  fait  mention 
dans  la  description. 

M.  Reinwardt  a  trouvé  cette  colombe  sur  plusieurs  îles  de 
l'archipel  des  Indes;  elle  y  est  sédentaire  et  non  de  passage, 
comme  la  colombe  marine.  Elle  se  tient  sur  les  l'ives  cou- 
vertes de  rochers.  Sa  nourriture  consiste  principalement  en 
fruits  d'eugenia  crassiformis. 

3i.  Colombe  Pinon  ;  Columba  Pinon  ,  Quoy  et  Gaimard  , 
Zool.  de  Fexpéd.  de  la  corvette  l'Uranie,  pi.  28.  Cette  belle 
espèce  a  été  trouvée  dans  File  de  Rawak,  l'une  de  celles  des 
Papous,  par  les  naturalistes  que  nous  venons  de  citer.  Elle 
porte  dans  Pidiome  des  habitans  de  cette  iie  le  noui  d'am- 
phaène,  et  dans  celui  de  l'ile  de  Guebé,  la  dénomination  de 
hioutine.  Ses  formes  sont  celles  du  ramier.  Sa  longueur  totale 


PIG  Sai 

est  de  dix -sept  pouces  un  quat-t;  sur  quoi  la  queue  prend 
environ  cinq  pouces  et  demi;  les  ailes,  dans  le  repos,  ont 
dix  pouces  et  demi;  le  bec  a  quatorze  lignes;  la  tête,  le  cou, 
la  poitrine  et  la  partie  supérieure  du  dos  sont  d'un  gris  brun  , 
avec  de  légers  reflets  rougeàtres;  le  dessus  et  le  dessous  des 
ailes  et  le  dessus  de  la  queue  sont  d'un  gris  ardoisé;  une  large 
raie  blanche  traverse  cette  dernière  plus  près  de  son  extré- 
mité que  de  son  origine;  le  ventre  est  d'un  roux  ferrugi- 
neux, de  même  que  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
(la  figure  montre  le  ventre  d'un  brun  pourpre)  ;  des  plumes 
d'un  brun  ferrugineux  ,  garnissent  les  tarses  et  elles  sont 
mélangées  de  plumes  blanchâtres  ,  dont  la  pointe  est  rousse  ; 
le  bec,  noir  à  sa  base,  est  couleur  de  corne;  sa  mandibule 
supérieure  a  deux  sillons  longitudinaux,  que  sépare  une 
arête  assez  saillante  ;  l'œil  est  rougeâtre,  entouré  de  quelques 
plumes  blanchâtres  et  courtes ,  que  l'on  retrouve  aussi  à  la 
base  du  bec. 

32.  Colombe  ldmachelle:  Columha  chalcoptera,  Lath.;Tem., 
Col.,  pi.  8.  Ce  beau  pigeon  a  quinze  pouces  et  demi  de  lon- 
gueur totale;  les  parties  supérieures  de  son  plumage  sont  d'un 
cendré  brun  ,  et  chaque  plume  du  dos  est  bordée  de  jaune 
terreux;  le  front  est  d'un  blanc  pur,  qui  se  nuance  de  rose 
sur  le  sommet  de  la  tête;  derrière  chaque  œil  et  sur  la  région 
de  l'oreille  se  voit  une  tache  blanche,  alongée  et  oblique  :  la 
gorge  est  d'un  gris  rosacé  clair;  les  couvertures  supérieures 
des  ailes  offrent,  dans  une  partie  de  leur  étendue  visible, 
tous  les  reflets  les  plus  vifs  de  l'opale  ou  de  la  lumachelle 
chatoyante  ;  les  grandes  pennes  des  ailes  sont  d'un  cendré 
brun,  et  les  secondaires  présentent  de  grands  miroirs  d'un  vert 
pourpré.  La  queue,  composée  de  dix-huit  pennes,  est  cen- 
drée, à  l'exception  des  deux  pennes  intermédiaires,  qui  sont 
de  la  couleur  du  corps,  et  son  extrémité  est  traversée  par  une 
barre  noire;  les  parties  inférieures  du  corps  sont  grises,  avec 
des  teintes  vineuses  sur  la  poitrine;  le  dessous  de  l'aile  est 
roux  de  rouille,  et  le  dessous  de  la  queue,  gris  cendré,  est 
marqué  d'une  bande  brune;  le  bec  est  noirâtre  au  bout  et 
rougeâtre  à  la  base;  les  pieds  sont  rouges. 

La  femelle  a  tout  le  corps  et  la  tête  généralement  d'un  gris 
cendré,  avec  le  bord  des  plumes  d'un  blanc  jaunâtre  ,  et  n'a 

/jO.  21 


522  PIG 

point  de  blanc  sur  le  front;  les  taches  de  ses  ailes  sont  moin» 
grandes  et  moins  brillantes  que  celles  du  mâle  ;  elles  man- 
quent surtout  de  retlels  rouges  de  rubis.  Les  jeunes,  d'un 
cendré  noirâtre,  ont  toutes  leurs  plumes  bordées  de  cou- 
leur terre -d'ombre;  le  front  et  la  gorge  blanchâtres,  et  les 
miroirs  sombres  avec  de  légers  reflets  verdàtres. 

Celte  espèce  habite  la  Nouvelle- Galles  du  Sud,  la  terre 
de  Van-Diémen,  et  on  l'a  aussi  rencontrée  dans  Tile  de  Nor- 
folk. Elle  vit  par  paire  et  voyage,  et  ce  n'est  que  depuis  le 
mois  de  Septembre  jusqu'au  mois  de  Février  qu'elle  réside 
aux  environs  du  port  Jackson  ;  elle  se  tient  à  terre  ou  sur  le 
basses  branches  dans  les  endroits  arides  et  sablonneux.  Elle 
fait  son  nid  dans  des  trous  d'arbres  ou  même  sur  la  terre  et 
y  pond  deux  œufs  blancs.  Sa  nourriture  consiste  principale- 
ment en  petits  drupes  assez  semblables  à  des  cerises  et  dont 
elle  avale  les  noyaux.  Son  roucoulement,  très-sonore,  s'en- 
tend de  très-loin  et  ressemble  au  beuglement  de  la  vache.  Les 
naturels  du  pays  lui  donnent  le  nom  de  goad-gang  ,  et  les 
Anglois  l'appellent  Pigeon  de  terre. 

35.  Colombe  laiigx.p  :  Colurnba  cristata,  Temm.,  Col.,  pi.  g; 
Columha  pacifica,  Lath.  Ce  beau  pigeon,  des  îles  des  Amis, 
est  remarquable  par  une  huppe  large  et  fournie,  composée 
de  plumes  occipitales  et  analogue  à  celle  qu'on  trouve  dans 
beaucoup  d'espèces  de  pics.  11  a  la  tête  (la  huppe  comprise), 
îe  cou.  la  poitrine  et  le  ventre  d'un  gris  légèrement  nuance 
de  pourpre  clair ,  avec  des  reflets  métalliques  sur  le  cou  et 
la  poitrine;  une  large  moustache  jaune  terne,  qui  se  pro- 
longe, en  s' élargissant,  au-dessous  de  l'oeil,  depuis  la  com- 
missure du  bec  jusque  sur  la  région  de  l'oreille;  une  tache 
de  la  même  couleur  sous  la  gorge;  le  manteau,  les  scapi;- 
laires  et  les  petites  couvertures  des  ailes  d'un  violet  pourpré 
à  reflets;  les  grandes  couvertures  et  les  pennes  secondaires  de 
l'aile  noirâtres;  le  bas  du  dos  et  les  pennes  caudales  d'un  noir 
à  reflets  verdàtres;  les  plumes  des  cuisses,  le  bas -ventre  et 
les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'une  belle  couleur 
ferrugineuse;  les  grandes  pennes  des  ailes  d'un  roux  vif;  les 
pieds  rouges  et  le  bec  brun  ;  celui-ci  étant  fortement  courbé 
vers  la  pointe.  Sa  longueur  totale  est  de  treize  pouces. 
54.  Colombe  pigazuro  :  Colurnba  pigazuro  ,  d'Azara;  Temm.j 


PIG  3^3 

Pig.,  in-S.",  p.  111.  Long  de  treize  pouces  et  demi,  ce  pi- 
geon a  la  tête  et  la  partie  antérieure  du  cou  d'un  rouge  vi- 
neux; les  plumes  du  haut  et  des  côtés  du  cou  noirâtres,  et 
terminées  de  blanc;  le  dos  et  le  croupion  d'iin  bleu  plombé 
vif;  les  ailes  et  la  queue  bruns,  avec  cette  dernière  termi- 
née de  noirâtre;  le  dessous  du  corps  bleuâtre»;  le  bec  bleu; 
les  tarses  rouges -violets  ;  l'iris  et  le  tour  de  l'œil  rouges. 

Il  est  du  Paraguay.  Sa  chair  est  très-amère. 

35.  Colombe  a  queue  annelt^^e  ;  Columla  carihœa  ,  T.inn.  . 
Temm.,  Col. ,  pi.  lo.  Elle  est  très-voisine  du  colombin.  Sa  lon- 
gueur totale  est  de  quinze  pouces  et  son  bec  a  neuf  lignes. 
Elle  a  la  tète,  le  dessous  du  cou  et  la  poitrine  pourprés;  le 
ventre  présentant  des  teintes  de  gris  foncé  à  reflets  pourprés; 
la  partie  supérieure  du  cou  d'un  pourpre  changeant  en  vert 
avec  des  reflets  éclatans;  tout  le  dos  et  les  couvertures  supé- 
rieures de  la  queue  d'un  bleu  cendré;  les  ailes,  les  scapu- 
laires  et  les  grandes  pennes  alaires  d'un  gris  rembruni  ;  les 
pennes  de  la  queue  d'un  gris  d'ardoise  dans  la  première 
moitié  de  leur  longueur,  puis  traversées  d'une  large  bande 
d'un  gris  clair,  et  terminées  de  gris  noirâtre;  la  base  du  bec 
charnue,  de  couleur  rougeàtre  avec  la  pointe  jaune;  les  pieds 
et  l'iris  rouges. 

C'est  une  des  espèces  représentées  par  Mad.*  Knip ,  dont 
Ja  ligure  contraste  le  plus  avec  la  description.  Dans  cette 
figure  la  couleur  pourprée  de  la  tête  et  du  dessous  du  cou 
est  remplacée  par  du  gris,  et  la  teinte  grise  foncée  du  ventre 
l'est  par  du  roux. 

La  colombe  à  quewe  annelée  se  trouve  à  la  Jamaïque,  où 
elle  a  été  observée  par  P.  Browne  ,  et  à  Porto -Ricco,  où 
elle  a  été  vue  par  Maugé.  Elle  forme  des  troupes  compo- 
sées d'une  centaine  d'individus,  qui  se  tiennent  dans  les 
lieux  bas  et  cultivés  :  elle  se  nourrit  de  graines  et  recherche 
surtout  les  baies  de    café.    Il  ne  paroît   pas  qu'elle  émigré. 

56.  Colombe  colombin  ou  Petit  ramier  ;  Columla  œnas , 
Linn.,  Lath.  ;  Temm.,  Col.,  pi.  ii.  Cet  oiseau  de  notre  pays 
est  intermédiaire  pour  la  taille  eutre  le  ramier  et  le  biset. 
Sa  longueur  totale  est  de  quatorze  pouces,  et  son  vol  est  de 
deux  pieds  deux  pouces  :  son  bec  a  onze  lignes.  Sa  tête  est 
d'un  cendré  bleuâtre;  le  dessus  et  les  côtés  du  cou  sont  d'un 


324  PIG 

beau  vert  changeant  en  violet  et  en  rouge  cuivreux;  le  haut 
du  dos  et  les  couvertures  des  ailes  sont  d'un  cendré  obscur  ; 
le  bas  du  dos,  le  croupion,  le  ventre  et  les  couvertures 
supérieures  et  inférieures  de  la  queue  d'un  gris  clair  ;  le 
dessous  du  cou,  dans  sa  première  moitié,  est  cendré;  le  bas 
du  cou  et  la  poitrine  sont  de  couleur  lie-de-vin  ;  les  grandes 
pennes  de  faite  sont  noires,  avec  le  bord  extérieur  blanc, 
et  les  suivantes,  cendrées  à  leur  origine,  sont  noires  vers  le 
bout;  chaque  aile  est  marquée  de  deux  taches  noires,  l'une 
sur  les  couvertures  et  l'autre  sur  les  moyennes  pennes  ;  la 
queue  en  dessus  est  cendrée  jusque  vers  les  deux  tiers  de  sa 
longueur,  et  le  reste  est  noir  ;  en  dessous  une  bande  gris- 
clair  se  voit  à  un  pouce  avant  l'extrémité  ;  la  moitié  des  barbes 
de  la  penne  la  plus  extérieure  est  blanche  ;  le  bec  est  d'un 
rouge  pâle;  les  pieds  sont  rouges  et  les  ongles  noirs. 

Les  différences  les  plus  remarquables  entre  le  ramier  et 
cet  oiseau,  c'est  que  le  premier  a  du  blanc  au  croupion, 
sur  les  côtés  du  cou  et  sur  les  ailes,  tandis  que  le  second 
n'a  de  blanc  que  ce  qui  se  voit  sur  les  barbes  des  pennes 
leç  plus  latérales  de  sa  queue. 

Les  habitudes  naturelles  de  cette  espèce  sont  en  général 
très- semblables  à  celles  des  ramiers.  Elle  vit  dans  les  bois 
sur  les  sommités  des  plus  grands  arbres  et  par  paires.  Plus 
rare  que  celle  du  ramier ,  elle  est  encore  plus  défiante  ; 
aussi  est- il  très- difficile  de  l'approcher. 

37.  Colombe  biset  :  Columha  livia^  Linn. ,  Lath.  ;  Temra.  , 
Col.,  pi.  12;  le  Biset,  Buff.,  pi.  enlum. ,  n.°  5 10.  Cet  oiseau, 
considéré  comme  le  type  de  toutes  nos  races  de  pigeons  do- 
mestiques, est  un  peu  plus  petit  que  le  colombin ,  puisqu'il 
n'a  que  treize  pouces  de  longueur  totale,  et  que  son  enver- 
gure est  seulement  de  vingt -six  pouces.  Il  a  la  tête,  la  par- 
tie supérieure  du  dos,  les  couvertures  des  ailes,  la  poitrine 
et  le  ventre  d'un  cendré  bleuâtre  ;  la  partie  inférieure  du 
dos  blanche  ;  le  cou  d'un  beau  vert  à  reflets  ;  les  grandes 
pennes  des  ailes  noirâtres;  les  secondaires  et  les  grandes  cou- 
vertures supérieures  d'un  cendré  bleuâtre  et  terminées  de 
noir;  cette  dernière  couleur,  formant  sur  chaque  aile  deux 
bandes  transversales  parallèles ,  dont  l'inférieure  est  la  plus 
large;  toutes  les  pennes  alaires  terminées  de  noir,  et  la  plus 


PIG  325 

latérale  des  primaires  à  barbes  extérieures  blanches;  le  bec 
d'un  rouge  pâle  ;  les  pieds  rouges  et  les  ongles  noirs. 

Le  biset  sauvage  habite  tout  l'ancien  continent.  Il  vit  en 
troupe,  et  niche  dans  les  trous  d'arbres  et  de  rochers,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  Pigeon  de  roche  et  de  R.ocherais. 
Dans  la  domesticité,  il  a  conservé  une  variété  qui  présente 
toutes  les  couleurs  que  nous  venons  de  décrire,  mais  plus 
brillantes,  et  cette  variété  est  d'une  plus  forte  taille.  Les 
bisets  de  colombiers  reprennent  quelquefois  leur  liberté, 
lorsqu'ils  se  trouvent  à  portée  des  bisets  sauvages,  et  ce  sont 
de  pareils  individus  que  nous  voyons  nicher  au  milieu  des 
villes,  dans  les  cavités  des  vieilles  murailles  et  des  arches  de 
ponts.  Le  contraire  arrive  aussi ,  et  l'on  voit  assez  souvent 
des  bisets  sauvages  quitter  leur  état  d'indépendance,  pour 
venir  se  mêler  aux  troupes  de  pigeons  de  colombiers ,  et 
continuer  à  vivre  avec  ceux-ci. 

Les  variétés  domestiques  du  biset,  qui  sont  très-nombreuses, 
seront  décrites  ci-après  dans  un  article  particulier. 

53.  Colombe  jaseuse  :  Columba  locutrix,  Prince  Maxim,  de 
Neuw.  ;  Temm.  et  Laug. ,  Ois.  color. ,  pi.  166.  Cette  espèce 
du  Brésil  a  douze  pouces  et  demi  de  longueur;  et  les  formes 
semblables  à  celles  de  nos  pigeons  sauvages.  Ses  couleurs  sont 
peu  brillantes-,  ses  teintes  générales  cendrées  et  vineuses; 
la  gorge  et  le  tour  du  bec  d'un  vineux  jaunâtre  ;  la  Xèie  et 
le  cou  ont  des  nuances  pourprées;  le  ventre  est  gris;  les 
ailes  et  la  queue  sont  d'un  brun  cendré,  légèrement  vineux; 
la  nuque  du  mâle  est  couverte  de  plumes  échancrées ,  dont 
les  barbes  de  chaque  côté  de  la  tige  sont  terminées  par  une 
petite  tache  ovale  d'un  vineux  pourpre  ;  ce  qui  fait  que 
toutes  ces  taches  sont  disposées  par  rangées  régulières  :  la 
nuque  de  la  femelle  a  de  semblables  taches,  mais  moins  mar- 
quées ;  elles  n'existent  point  dans  les  jeunes  mâles:  le  tour 
de  l'œil  est  nu  et  d'un  rouge  violet  ;  les  pieds  sont  rouges  et 
le  bec  est  noir  ;  les  pennes  de  l'aile  et  de  la  queue  sont  brunes, 
avec  des  reflets  violâtres. 

Cette  espèce,  qui  habite  les  forêts  du  Brésil,  fait  entendre, 
au  rapport  du  Prince  de  Neuwied ,  un  roucoulement  doux  et 
sonore,  modulé  sur  quatre  tons;  sa  chair  est  très-amère; 
ce  q.ui  l'a  fait  nommer  par  les  Portugais,  pom&a  margosQ.0 


326  PIG 

09.  Colombe  a  calotte  blanche  :  Colurnba  leucocephala,  Linn., 
Lath.  ;  Temm. ,  Col. ,  pi.  1 3  ;  le  Pigeon  de  roche  de  la  Jamaïque  , 
Buff.  Cet  oiseau  a  treize  pouces  de  longueur.  Tout  le  dessus 
de  sa  tête,  lorsqu'il  est  adulte,  est  d'un  blanc  très-pur.  et 
son  occiput  est  entouré  d'une  ligne  pourprée;  le  dessus 
de  son  cou  est  couvert  de  plumes  inaillées  d'un  beau  vert 
changeant  et  bordées  de  noir;  tout  le  reste  du  corps  est  d'un 
bleu  ardoisé  (Mad."  Knip  figure  ,  sous  le  cou  et  sur  la  j)oi- 
trine,  des  reflets  pourpres  dont  M.  Temminck  ne  parle  pas); 
les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  sont  brunes  ;  les  yeux  sont 
entourés  d'une  peau  blanchâtre;  leur  iris  est  jaune;  ie  bec  est 
rose  à  sa  base  et  blanc  à  sa  pointe;  les  pieds  sont  rouges. 

On  le  trouve  à  Saint-Domingue  ,  à  la  Jamaïque,  aux  iles 
Bahama  et  à  Porto-Ricco.  Il  habite  et  niche  dans  des  trous  de 
rochers.  Il  vit  de  baies;  et,  selon  les  saisons  où  les  fruits 
qu'il  iTlange  sont  doux  ou  amers ,  sa  chair  est  bonne  ou 
désagréable  à  manger. 

40.  Colombe RAMiRET:  Columlaspcciosa,  Linn.,  Lath.  ;Temm. , 
CoL,  pi,  14  ;  le  Ramiheï  ou  le  Pigeon  ramier  de  Cayenne, 
BuflF. ,  pi.  enlum. ,  n."  2 1 3.  Ce  pigeon  ,  long  de  treize  pouces  , 
a  la  tête  d'une  couleur  brune  violacée;  le  cou  et  la  poitrine 
couverts  de  plumes  maillées,  dont  le  centre  est  plus  ou  moins 
blanc  et  entouré  d'un  demi-cercle  d'un  beau  pourpre  chan- 
geant en  violet  et  en  vert  à  reflets  violacés  ;  le  dos  et  les  cou- 
vertures supérieures  des  ailes  d'un  beau  roux  pourpre  ;  les 
pennes  alaires  d'un  cendré  brun;  la  queue  d'un  noir  brunis- 
sant; le  ventre  elles  flancs  blanchâtres,  à  plumes  maillées, 
bordées  de  violet;  les  pieds  rouges;  le  bec  rougeàtre  à  sa  base 
et  blanc-jaunâtre  vers  le  bout.  La  femelle  a  des  teintes  moins 
brillantes,  le  dos  d'un  gris  terreux,  et  les  pennes  alaires  d'un 
brun  grisonnant;  la  poitrine  sans  reflets,  et  le  ventre  d'un 
blanc  saie  nuancé  de  vioiâtre.  Celte  espèce  est  de  la  Guiane. 

41.  Colombe  a  nuque  écaillée;  Colurnba  corensis ,  Lath., 
Gmel.  ;  Colurnba  portoricensis ,  Temm.,  Col.,  pi.  i5.  Le  pigeon 
qui  porte  ce  nom  est  d'un  gris-bleu  foncé  sur  toutes  les  par- 
ties supérieures  du  corps  et  sur  les  couvertures  des  ailes; 
d'un  pourpre  vineux  sur  le  devant  du  cou,  sur  la  poitrine 
et  sur  la  tête;  de  couleur  mordorée  sur  l'occiput;  sa  nuque, 
ainsi  que  la  région  de  ses  épaules,  oifre  une  large  tache  com- 


PIG  327 

.posée  de  plumes  maillées,  à  reflets  violets,  pourpres  et  verts , 
avec  une  bordure  mordorée;  la  queue,  composée  de  douze 
pennes,  est  carrée  et  de  couleur  d'ardoise  ,  ainsi  que  les 
pennes  alaires.  U»  espace  nu  assez  considérable  entoure  l'œil 
et  est  parsemé  de  petites  papilles;  l'iris  et  les  pieds  sont 
rouges  et  les  ongles  jaunes.  On  le  trouve  à  Porto-Ricco,  d'où 
jl  a  été  rapporté  par  Maugé. 

42.  Colombe  roussard  :  Columha guinea ,  Linn.,  Lath.  ;  Tem., 
Col.,  pi.  16;  le  Pigeon  de  Guinée,  Buff.,  Ornilh. ,  tome  2, 
pag.  558;  Ramier,  roussard,  Levaill.,  Afr.  La  longueur  du 
corps  de  cet  oiseau  est  de  douze  pouces  et  demi.  Sa  tête,  sa 
gorge,  son  ventre  en  entier,  son  croupion  et  les  couvertures 
.supérieures  et  inférieures  de  sa  queue  sont  d'un  gris- bleu 
très -clair;  un  espace  nu  et  dont  la  peau  est  d'un  beau  rouge, 
entoure  l'œil;  le  haut  du  dos,  les  scapulaires  et  toutes  les 
couvertures  supérieures  des  ailes  sont  d'un  roux  cannelle 
pourpré,  et  une  tache  blanche  triangulaire  est  vers  le  bout  de 
chacune  de  ces  dernières  plumes,  d'où  il  résulte  une  sorte 
de  grivelure  sur  cette  partie;  les  pennes  alaires  sont  d'un  brun 
cendré,  et  les  caudales  grises  et  terminées  de  noir  ;  les  plumes 
de  la  gorge  et  de  la  poitrine  sont  échancrées  au  bout,  ce  qui 
est  dû  à  l'interruption  subite  de  leur  baguette  et  au  manque 
<le  barbes  terminales;  les  pieds  sont  d'un  rouge  pâle;  le  bec 
est  noirâtre  et  l'iris  orangé.  La  femelle  a  des  couleurs  moins 
vives  que  celles  du  mâle,  les  taches  blanches  de  l'aile  plus 
petites  et  moins  pures. 

Le  roussard  se  trouve  dans  la  partie  la  plus  méridionale 
de  l'Afrique,  ainsi  que  sur  les  côtes  de  Guinée  et  d'Angole. 
Il  niche-  indifféremment  sur  la  sommité  des  arbres  ou  dans 
des  trous  de  rochers.  Il  vit  de  graines  et  se  porte  souvent  en 
troupes  innombrables  dans  les  champs  cultivés.  Au  Cap  il  est 
connu  sous  le  nom   de  Pigeon  de  bois.  ^^ 

40.  Colombe  founingo  :  Columha  madagascariensis ,  Hlftin.  , 
Lath.:  Temm.,  CoL,  pi.  17  ;  le  Founingo,  Buff.,  Ois.,  tom.  2, 
pag.  539;  Ramier  bleu  de  Madagascar,  pi.  enlum. ,  n.°  11. 
Cet  oiseau  a  la  majeure  partie  du  plumage  d'un  très-beau 
bleu  foncé,  nuancé  de  violet;  une  peau  nue  et  d'un  beau 
rouge  entoure  ses  yeux;  les  parties  inférieures  sont  comme 
saupoudrées  d'une  poussière  grisâtre;  les  pennes  de  la  queue 


328  PIG 

et  leurs  couvertures  inférieures  sont  d'un  pourpre  éclatant; 
les  piedssont  rouges  etles  tarses  sont  emplumés  dans  une  grande 
partie  de  leur  longueur;  le  bec  est  rouge,  avec  la  pointe 
noirâtre  ;  les  plumes  de  la  poitrine  sont  longues  et  effilées. 
Sa  longueur  est  de  dix  pouces  et  demi.  Il  est  de  Madagascar 
et  des  côtes  orientales  du  Midi  de  l'Afrique  et  paroît  se  ren- 
dre alternativement  de  l'une  aux  autres.  C'est  à  Madagascar 
qu'il  niche. 

44"  Colombe  jounud  :  Columha  gjmnophthalmos ,  Temm.  , 
pi.  18;  Columha  leucoptera ,  Lath.  La  tête  et  le  corps  de  cette 
colombe  sont  généralement  d'une  couleur  vineuse  claire,  avec 
la  nuque  et  les  côtés  du  cou  nuancés  de  bleu  clair  et  de 
pourpre  tendre,  les  plumes  de  ces  parties  étant  maillées  ou 
bordées  de  deux  lisérés,  l'un  blanc  et  l'autre  bleuâtre;  une 
tache  noire  peu  apparente  se  trouve  au-dessous  de  l'oreille-; 
le  haut  du  dos,  les  scapulaires  et  les  couvertures  du  dessus 
de  l'aile  sont  d'un  gris-brun  clair;  le  bord  extérieur  des 
ailes  est  marqué  d'une  grande  tache  blanche  ;  les  grandes  et 
moyennes  pennes  alaires  sont  noires  et  bordées  de  gris  exté- 
rieurement ;  le  croupion  et  le  bas  du  dos  sont  d'un  gris-bleu 
clair;  la  queue  est  grise  en  dessus  et  blanchâtre  en  dessous; 
les  couvertures  inférieures  sont  d'un  blanc  pur;  le  bec  et  l'iris 
sont  rougcâtres;  les  pieds  et  les  doigts  sont  d'un  rouge  rem- 
bruni. 

Dans  le  mâle ,  dont  la  longueur  est  de  treize  pouces,  on  ob- 
serve un  espace  considérable  nu  et  de  couleur  bleue  foncée 
foiblement  violacée  autour  des  yeux,  et  cet  espace  est  cou- 
vert de  papilles  charnues.  La  femelle  ,  dont  la  taille  est  moin, 
dre,  a  cette  partie  dénudée  beaucoup  moins  grande  et  ses 
couleurs  sont  plus  ternes. 

Les  mœurs  et  les  habitudes  naturelles  de  cet  oiseau  des 
indes,,prientales  sont  tout-à-fait  inconnues. 

4 âpCoLOMBE  HÉRISSÉE;  Columbu  Frunciœ ,  Linn.,  Laih.;Tem., 
pi.  19.  Cet  oiseau  singulier,  qui  habite  l'IsIe-de-France,  Ma- 
dagascar et  l'Afrique  méridionale,  est  remarquable  par  les 
longues  plumes  étroites,  lustrées,  d'un  blanc  argentin  et  hé- 
rissées, qui  garnissent  sa  tête  et  son  cou;  ces  plumes  sont  ter- 
minées par  une  petite  palette  cornée,  analogue  à  celle  des 
plumes  alaires  du  jaseur  de  Bohème;  celles  du  bas  du  cou 


PIG  329 

ont  seules  un  peu  de  noir  dans  leur  milieu;  le  tour  de  l'œil, 
jusqu'à  la  commissure  du  bec,  est  nu  et  lisse,  et  d'une  cou- 
leur rouge  très-vive,  ainsi  que  la  base  et  la  pointe  de  ce  bec, 
dont  le  milieu  est  noir;  le  reste  du  corps,  les  ailes  et  le  des- 
sous de  la  queue  sontd"un  beau  bleu-violet  (que  Mad.*  Knip 
a  rendu  par  du  vert  foncé);  les  grandes  pennes  alaires  sont 
noirâtres  et  bordées  de  bleu- violet;  la  queue  est  d'un  cramoisi 
vif  en  dessus,  avec  les  baguettes  des  pennes  intermédiaires 
d'un  bleu  foncé;  les  pieds  sont  emplumés  jusque  près  de 
l'origine  des  doigts  et  d'un  noir  bleuâtre.  La  taille  est  de 
douze  à  treize  pouces. 

On  ne  sait  rien  sur  les  habitudes  naturelles  de  la  colombe 
hérissée. 

46.  Colombe  ROUGE-CAr;  Columha  rulricapiLla,  Linn. ,  Lath.; 
Temm.,  pi.  20.  Sa  longueur  totale  est  de  dix  pouces.  Il  a  le 
tour  de  l'œil  nu  et  rouge,  ainsi  que  des  caroncules  qui  sont 
à  la  base  du  bec  (celui-ci  est  noirâtre)  ;  le  sommet  de  la  tête 
recouvert  de  plumes  fines  à  barbes  déliées,  d'un  très -beau 
Touge;  les  plumes  du  cou  et  de  la  poitrine  longues  de  quinze 
lignes,  à  baguettes  courtes,  mais  à  barbes  très-longues,  très- 
lâches ,  désunies  et  soyeuses,  de  couleur  grise  et  formant 
comme  une  sorte  de  perruque  ,  surtout  lorsque  l'oiseau 
les  relève;  les  plumes  du  corps  d'un  beau  noir  bleuâtre  à 
nuances  violettes  (Mad.*  Knip  représente  le  corps  vert); 
les  pennes  alaires  et  caudales  de  la  même  couleur  ,  mais 
comme  saupoudrées  de  grisâtre  ;  les  tarses ,  emplumés  jus- 
qu'à moitié  de  leur  longueur  ,  et  d'un  gris  cendré  ;  l'iris 
eiûtouré  de  deux  cercles ,  l'un  gris  clair ,  et  l'autre  d'un 
beau  rouge  ;  le  bec  noii'âtre  à  sa  base  et  jaunâtre  à  sa 
pointe. 

Cette  espèce  se  trouve  aux  îles  Panay,  et  Sonnerat  l'a  re- 
trouvée à  Antigue. 

47.  Colombe  oricou;  Columha  auricularis ,  Temm.,  CoZ.,  pL 
21.  Ce  bel  oiseau  a  douze  pouces  de  longueur  environ  ;  son 
plumage  est  d'un  blanc  uniforme,  avec  la  queue  grise  à  la 
base  et  noire  au  bout,  les  grandes  et  moyennes  pennes  des 
ailes  d'un  gris  blanc  à  leur  origine  et  noires  vers  l'extrémité, 
la  première  ou  la  plus  extérieure  étant  même  en  entier  de 
cette  couleur;  ses  pieds  sont  d'un  beau  rouge;  ses  tarses  sont 


53o  PIG 

nus  et  son  bec  est  noir;  mais  ce  qui  le  caractérise  principa- 
lement, c'est  l'existence  de  prolongeniens  chiirnus  ,  adhé- 
rens  à  la  peau' nue  qui  recouA-re  largement  le  devant  du  cou, 
et  qui  y  forment  trois  barbillons  à  peu  près«emblables  à  celui 
que  porte  le  dindon  ,  l'un  d'eux  prenant  son  origine  à  la  base 
de  la  mandibule  inférieure  <  t  formant  plusieurs  plis  sur  le 
devant  du  cou,  les  deux  autres  commençant  au-dessous  Hes 
yeux.  (La  figure  représente  la  peau  du  cou  nue,  d'une  belle 
coule|Ur  bleue  claire  ,  les  barbillons  rouges  avec  la  bordure 
blene;  le  tour  de  l'œil  rouge.)  Entin  une  carnosité  arrondie  , 
de  la  grosseur  d'une  crrise,  d'un  rouge  vif,  et  couverte  de 
tubercules,  est  placée  à  la  base  de  la  mandibule  supérieure. 

Dans  une  variété  il  n'y  a  de  noir  que  sur  la  queue;  dans 
d'autres  le  plumage  est  tacheté  de  gris  et  de  noir,  mais  ce 
sont  peut-être  des  attributs  du  jeune  âge. 

Cet  oiseau  provient  des  lies  de  la  mer  du  Sud. 

48.  Colombe  Labrador;  Columhaelegans,  Temm.,  CoZ.,  pi.  2l>. 
Le  nom  françois  de  cette  espèce  ne  lui  a  pas  été  donné,  ainsi 
qu'on  pourroit  le  croire,  parce  qu'elle  se  trouve  dans  le  pays 
de  Labrador;  mais  bien  parce  que  son  plumage  reflète  des 
couleurs  brillantes  comme  celles  de  la  pierre  dite  Felspath  de 
Labrador.  Son  aspect  est  un  peu  semblable  à  celui  de  la  tour- 
terelle, parce  que  sa  queue  alongée  dépasse  de  beaucoup 
les  ailes;  son  front  est  roiissàtre;  son  occiput  marqué  d'une 
tache  ovale  gris -clair;  ses  yeux  sont  placés  au  milieu  d'une 
ligne  brune  qui  se  porte  de  la  commissure  du  bec  à  l'oc- 
ciput, et  au-dessous  de  cette  ligne,  sur  la  région  des  oreilles, 
il  en  existe  une  autre,  qui  est  blanche-  et  qui  la  borde;  une 
tache  assez  large  sur  la  gorge,  la  nuque  et  les  scapulaires 
sont  de  couleur  brune;  les  côtés  du  cou,  la  poitrine  et  tout 
le  dessous  du  ventre  sont  d'un  beau  gris  foncé;  le  dos,  le 
croupion  et  les  petites  couvertures  des  ailes  sont  d'un  brun 
olivâtre;  les  couvertures  moyennes  ont  deux  bandes  paral- 
lèles qui  offrent  les  reflets  métalliques  les  plus  éclafans  , 
rouges,  bleus  et  verts;  les  pennes  alaires  sont  brunes  dans 
leur  partie  visible,  et  rousses  sur  leurs  barbes  intérieures;  le 
dessous  de  l'aile  est  en  entier  de  cette  dernière  couleur.  Les 
penriesde  la  queue  sont  généralement  grises,  avec  une  bande 
noire  transversale  vers  les  trois  quarts  de  leur  longueur,  et 


PIG  351 

elles  sont  lerininées  de  brun;  cette  couleur  couvre  en  entier 
les  harbcs  des  deux  pennes  intermédiaires  et  le  bord  des 
barbes  extérieures;  les  pieds  sont  rouges  et  le  bec  est  noir. 

Ceite  espèce  habite  sur  la  côte  méridionale  de  la  terre  de 
Diémen. 

4g.  Colombe  A  CEiiSTURON  noir;  Colunihacincta,  Temni.,  Col., 
pi.  20.  Ce  pigeon,  qui  a  treize  pouces  de  longueur,  a  la  tête 
blanche;  le  cou  en  entier  et  le  haut  de  la  poitrine  d'un  jaune 
clair;  le  dos,  les  scapulaires,  les  couvertures  des  ailes  et  le 
dessus  de  la  queue  d'un  noir  velouté  plus  ou  moins  teinté 
de  vert,  cette  couleur  passant  sur  les  flancs  et  formant  un 
large  ceinturon  sur  le  bas  de  la  poitrine  et  le  haut  du  ventre; 
celui-ci  d'un  beau  jaune;  les  plumes  des  couvertures  in- 
férieures de  la  queue  grises  et  bordées  de  jaune;  les  pennes 
alaires  d'un  vert  foncé  presque  noir;  la  queue,  formée  de 
quatorze  pennes,  grise  en  dessous  et  terminée  par  une  zone 
d'une  teinte  plus  claire;  le  croupion  verdàtre;  les  plumes  qui 
garnissent  le  tarse,  jusqu'à  l'origine  des  doigts,  d'un  gris 
cendré;  les  pieds  jaunes;  l'iris  orangé;  le  bec  blanchâtre. 

Ses  formes  sont  celles  de  la  tourterelle.  Il  habite  l'Asie 
australe. 

5o.  Colombe  roussette;  Columba  rujma ,  Temm. ,  Col.,  pi.  24- 
Celle-ci  est  de  la  Guiane  françoise  et  des  Antilles.  Sa  lon- 
gueur totale  est  de  près  de  douze  pouces;  ses  formes  géné- 
rales sont  celles  du  biset.  Le  haut  du  dos,  le  dessous  du  cou 
et  les  petites  couvertures  dts  ailes  sont  d'un  roux  foncé,  lé- 
gèrement nuancé  de  violet;  cette  dernière  teinte  domine  sur 
le  ventre,  et  passe  au  gris  vineux  sur  les  cuisses;  les  couver- 
tures inférieures  de  la  queue  sont  grises;  les  pennes  primaires 
et  secondaires  des  ailes,  ainsi  que  les  pennes  de  la  queue  ,  sont 
d'un  gris  cendré,  et  les  premières  sont  liserées  de  gris  plus 
clair;  le  dos,  le  croupion  et  les  couvertures  inférieures  des 
ailes  sont  d'un  gris  bleuâtre;  la  gorge  est  blanche.  Dans  les 
mâles,  l'occiput  présente  une  large  tache  verte  à  reflets  do- 
rés; cette  tache  est  d'un  roux  violet  dans  les  femelles.  Les 
pieds  sont  rouges,  les  tarses  nus,  et  le  bec  est  de  couleur 
livide. 

5i.  CoLOMRE  A  OREiLLox  BLEU  :  Coliimhu  aurita ,  Temm..  Col., 
pi.  25  et  ii5  his;  Columba  marlinica  et  indica,   Briss.  Elle  n'a 


532  PIG 

que  dix  pouces  de  longueur  totale.  Sa  tête,  son  cou  et  sa 
poitrine  sont  d'une  couleur  marron  tirant  sur  le  pourpre; 
les  plumes  du  bas  du  cou  sont  d'un  violet  doré  trés-éclatant; 
de  chaque  côté,  au-dessous  du  trou  auditif  est  une  petite 
tache  de  forme  alongée,  formée  de  huit  ou  dix  plumes  d'un 
bleu  violacé  à  reflets  d'or;  le  dos,  le  croupion  et  les  cou- 
vertures des  ailes  et  de  la  queue  sont  d'un  brun  roux  avec 
quelques  taches  noires  sur  les  grandes  couvertures  alaires; 
le  ventre  en  entier  est  d'un  fauve  clair  et  vineux:  les  grandes 
pennes  des  ailes  sont  noirâtres  avec  leur  bord  extérieur  blan- 
châtre ;  les  moyennes  ,  de  la  même  couleur  ,  sont  terminées 
de  blanchâtre;  les  deux  pennes  intermédiaires  caudales  sont 
de  la  couleur  du  dos;  les  latérales  sont,  jusqu'aux  deux  tiers 
de  leur  longueur,  d'un  brun  roux  du  côté  extérieur  et  d'un 
cendré  foncé  à  l'intérieur,  puis  elles  sont  marquées  d'une 
bande  transversale  noire  et  leur  bout  est  gris-blanc  ;  les  pieds 
sont  rouges,  le  bec  est  noir. 

Les  figures  de  Mad.*^  Knip  offrent  quelques  différences , 
lorsqu'on  les  compare  à  la  description  de  M.  Temminck,  que 
nous  venons  d'extraire. 

La  planche  25Ziis  qui  représente  un  jeune  individu,  n'a 
pas  les  oreillons  bleus  des  côtés  du  cou ,  ni  les  plumes  bril- 
lantes du  bas  de  cette  partie,  et  elle  a  un  espace  nu  et  bleu 
autour  de  l'œil. 

Cet  oiseau  est  de  la  Martinique. 

52.  CoroMBE TURVERT :  Columbajavanica ,  Lalh.;Temm.,  Col., 
pi.  26  ;  Columbacyanocephala,  Gmel.;  Columbacceruleocephala^ 
C.  albicapilla,  et  Columba  indica,  Lath.  ;  le  Turvert,  Buff.  , 
Ois.,  tome  2,  pag.  556;  la  Tourterelle  de  Java,  ejusd.,  pi, 
enlum.,  n."  177.  Sa  longueur  totale  est  de  dix  pouces.  Le 
devant  de  sa  tête  est  blanc,  et  cette  couleur  s'étend  en  un 
trait  qui  passe  de  chaque  côté  au-dessus  de  l'œil;  le  sommet 
de  la  tête  est  le  plus  souvent  d'un  bleuâtre  foncé;  les  joues, 
le  cou  et  la  poitrine  sont  rougeâtres  ;  le  dos  et  toutes  les 
couvertures  des  ailes  sont  d'un  beau  vert -doré,  changeant 
en  couleur  de  cuivre  de  rosette  ;  les  petites  couvertures  de 
l'aile  sont  toutes  blanches  ou  ont  du  blanc  ;  le  bas  du  dos  et 
les  couvertures  supérieures  de  la  queue  sont  cendrés  ;  le 
ventre;  les  cuisses  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 


PIG  333 

sont  bfuns,  avec  une  légère  nuance  de  rouge;  les  couver- 
tures du  dessous  de  l'aile  sont  rousses;  les  pennes  alaires  d'un 
brun  foncé  extérieurement  et  rousses  en  dedans;  les  pennes 
de  la  queue  noires,  excepté  les  deux  plus  latérales,  qui  sont 
cendrées  et  terminées  de  noir;  le  bec  est  rougeàtre  et  la 
membrane  de  sa  base  bleuâtre;  les  pieds  sont  rouges. 

Dans  quelques  individus  le  blanc  du  front  manque,  et  tel 
est  celui  que  Mad/  Knip  a  figuré;  d'autres,  qui  en  sont 
également  dépourvus,  ont  leur  tête  toute  noirâtre.  Cette 
espèce  paroît  répandue  sur  toutes  les  îles  de  l'Asie  australe 
et  de  l'Océan  indien;  elle  est  très-commune  à  Ceilan,  à  Java 
et  à  Sumatra.  Son  nom  chinois  est  jaupuan,  et  celui  qu'elle 
reçoit  des  Javans,  bouron  glimouhane. 

53.  Colombe  jAMBoo;  Columba  jambos ,  Linn.,  Lath.  ;  Tem., 
Coi.,  pi.  27  et  28.  Cette  jolie  espèce  a  des  caractères  fort  tran- 
chés. Dans  le  mâle,  la  tête  en  dessus  et  latéralement  est  d'un 
rouge  violet  ;  le  dessous  de  la  gorge  noir  ;  le  dessous  du  cou  et 
le  ventre  sont  d'un  blanc  pur,  et  la  poitrine,  qui  est  aussi  de 
cette  couleur,  est  marquée  d'une  large  tache  rose  clair  ou 
lilas  ;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sont  brunes  ; 
tout  le  dessus  du  corps,  depuis  et  y  compris  l'occiput,  les 
ailes  et  la  queue  sont  d'un  beau  vert;  les  pennes  caudales  en 
dessous  sont  noirâtres  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  éten- 
due et  terminées  de  blanc  ;  des  plumes  grises  se  voient  sur 
la  première  moitié  des  tarses;  les  pieds  et  le  bec  sont  d'un 
rouge  pâle.  La  longueur  est  de  neuf  pouces  et  demi. 

La  femelle  a  le  dessus  et  les  côtés  de  la  têle  d'un  brun  ver- 
dàlre;  la  gorge  brune;  le  ventre  en  entier  blanchâtre;  le 
dessus  et  le  dessous  du  cou  ,  la  poitrine  ,  le  dos,  les  ailes  et 
la  queue  en  dessus,  d'une  belle  couleur  verte. 

Cet  oiseau  se  trouve  à  Java  et  à  Sumatra. 

54.  Colombe  marquetée  :  Columba  scripta,  Temm.  et  Laug., 
Ois.  col.,  pi.  187.  Celle-ci,  dont  les  formes  sont  les  mêmes 
que  celles  de  la  colombe  jamboo ,  a  été  trouvée  à  Schoalwater- 
bay,  vers  le  vingt -deuxième  degré  latitude  sud,  sur  la  côte 
orientale  de  la  Nouvelle -Hollande.  Le  dessus  de  la  tête  et  du 
cou,  le  dos,  la  plus  grande  partie  de  la  face  supérieure  des 
ailes  et  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue,  sont  d'un 
brun  cendré;  la  gorge  est  blanche,  et  cette  couleur  s'étend 


334  PIG 

sur  chaque  joue,  de  façon  à  comprendre  l'œil  et  l'oreille; 
sur  cette  surface,  qui  est  entourée  inférieurement  d'une 
ligne  noire,  sont  plusieurs  taches  noires,  de  forme  alongée 
et  irrégulière,  qui  convergent  autour  de  l'œil;  la  poitrine  et 
le  milieu  du  ventre  sont  d'un  cendré  bleuâtre,  très- clair; 
les  flancs,  le  bas-ventre  et  le  dessous  de  l'aile  sont  blancs; 
on  voit  sur  quelques-unes  des  grandes  couvertures  du  dessus 
de  l'aile  des  taches  vertes  à  reflets  métalliques  pourpres  et 
violets;  les  pennes  caudales,  toutes  d'égale  longueur,  sont 
(les  deux  intermédiaires  exceptées)  d'un  brun  terreux  dans 
la  plus  grande  partie  de  leur  étendue  ,  avec  leur  extrémité 
noire;  les  pennes  alaires  sont  d'un  brun  terreux,  comme  le 
dos;  les  pieds  sont  bruns  et  le  bec  est  noir. 

Les  jeunes  individus  et  les  femelles  ont  les  taches  de  cou- 
leurs changeantes  de  l'aile  moins  grandes  que  celles  des  mâles. 
II  y  a  lieu  de  croire,  comme  le  remarque  M.  Temminck. 
que  dans  le  premier  plumage  elles  n'existent  point. 

55.  Colombe  A  NOQUE  violette;  Colunrba  violacea, Temm.,  Col., 
pi.  29.  Cette  espèce  a,  dans  la  distribution  des  couleurs  de 
son  plumage,  de  la  ressemblance  avec  le  colombi-galline  roux 
violet;  mais  ses  formes  sont  celles  des  vraies  colombes.  Sa 
taille  est  svelte  ;  sa  queue  alongée  et  étagée  ;  ses  ailes  sont 
longues  et  ses  tarses  courts.  Sa  longueur  totale  est  de  neuf 
pouces  ;  toutes  ses  parties  supérieures ,  y  compris  les  ailes  et 
la  queue,  sont  d'un  beau  roux-pourpre  foncé;  les  grandes 
pennes  alaires  sont  rousses;  la  nuque  a  des  plumes  brillantes, 
qui  y  forment  comme  une  espèce  de  collier  d'un  beau  violet 
à  reflets  dorés;  le  front ,  la  gorge  et  le  ventre  sont  d'un  blanc 
pur;  la  poitrine  a  une  teinte  claire,  nuancée  de  violet  pour- 
pré à  reflets  bronzés;  les  yeux  sont  entourés  d'un  espace 
nu  et  de  couleur  rouge;  le  bec  et  les  pieds  sont  rougcàtres. 

La  patrie  de  ce  pigeon  est  inconnue;  mais  il  est  probable 
qu'il  habite  l'Amérique. 

56.  Colombe  turgris;  Columla  melanocrphala ,  Linn.,  Lath.: 
Temm.,  CoL,  pi.  5o  ;  Turvert  ,  BulT.,  Hist.  des  Ois.,  tom.  2  , 
pag.  555;  Tourterelle  de  Batavia,  Ejusd. ,  pi.  enlum.  ,  n.° 
214.  Ce  joli  pigeon  a  le  front  et  les  côtés  de  la  tête  et 
du  cou  d'un  gris-cendré  clair;  le  sommet  de  la  tête  et  l'oc- 
ciput noirs;  le  dessous  de  la  gorge  jaune;  toutes  les  plumes  du 


PIG  355 

«orpS,  des  aiies  et  de  la  queue  en  dessus  d'un  beau  vert,  à 
reflets  dorés;  Les  plumes  du  croupion  jaunes  et  les  couver- 
tures inférieures  de  la  queue  d'un  rouge  de  sang;  toute  la 
face  inférieure  de  la  queue  d'un  gris  cendré  uniforme,  avec 
Texlrémité  bordée  d'une  ligne  assez  étroite  d'une  teinte  plua 
claire;  les  pattes  d'un  jaune  rougeàtre;  le  bec  couleur  de 
corne,  et  les  yeux,  qui  sont  placés  dans  un  petit  espace  de 
p«au  nue  et  rouge,  avec  l'iris  d'un  brun  rougeàtre.  La  lon- 
gueur totale  est  de  huit  pouces. 

Cet  oiseau  se  trouve  à  Java,  où  il  habite  les  grands  bois. 

67.  Colombe  a   masqte  blanc   :   Coluniba   larvata,  Temm.  , 

Col.,    pi.    01;    ToURTEfiELLE    A    MASQUE    BLANC,    Lcvaill.  ,    AfHq.  , 

pi.  26g.  Elle  a  le  front,  les  joues  et  lu  gorge  blancs;  le  cou,  la 
poitrine,  le  dos  et  le  croupion,  d'un  brun  roux,  montrant, 
sous  différens  aspects,  des  reflets  pourprés,  verts  ou  bleus;  le 
dessous  du  corps,  ainsi  que  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue,  d'un  roux  uniCornie  ;  les  nennes  des  ailes  noirâtres 
et  bordées  extérieurement  de  gris  bleuâtre ,  ainsi  que  celles 
de  la  queue;  le  bec  bleuâtre  ;  les  pieds  d'un  rouge  vineux  et 
les  yeux  orangés. 

La  femelle  ne  difî'ère  du  mâle  que  par  des  couleurs  moins 
nettes  et  u-oins  brillantes. 

Levaillant'a  trouvé  ce  pigeon  dans  les  grandes  forêts  de 
l'Afrique  méridionale,  et  ce  naturaliste  a  remarqué  que  sts 
habitudes  naturelles  le  rapprochent  des  colombi -gallines , 
surtout  en  ce  qu'il  se  tient  ordinairement  à  terre  et  qu'il  fait 
son  nid  dans  les  buissons:  néanmoins  ses  caractères  extérieurs 
doivent  le  faire  placer  dans  la  division  des  colombes  propre- 
ment dites. 

58.  Colombe  vlouvlou  ;  Columba  holo$ericea,  Temm.,  Col., 
pi.  02.  Ce  pigeon  a  la  tête,  le  cou  ,  les  scapulaires,  le  dessus 
dç  la  queue  et  les  flancs  d'une  jolie  couleur  verte  comme 
veloutée;  Iji  gorge  marquée  d'une  bande  longitudinale  d'un 
blanc  pur;  le  ventre  d'un  jaune  verdàtre,  séparé  du  vert 
de  la  poitrine  par  deux  lignes  étroites,  transverses,  l'une 
blanche  et  l'autre  noire;  les  plumes  du  bas-ventre  et  les  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  jaunes  ;  le  dessous  de  la 
queue  gris;  les  grandes  pennes  d  s  ailes  j;rises  extérieurement, 
sur  une  partie  de  leur  longueur,   et  noirâtres  dans  le  reste; 


536  PIG 

"une  large  bande  grise  sur  les  couvertures  des  aîles;  les  Jambes 
et  les  tarses  couverts  de  plumes  blanchâtres  jusqu'à  la  nais- 
sance des  doigts;  les  doigts  gris  et  le  bec  noir.  Sa  longueur 
totale  est  de  dix  pouces  quatre  lignes. 

Ce  qu'il  offre  de  très- singulier ,  c'est  que  les  couvertures, 
tant  supérieures  qu'inférieures  de  ses  ailes,  s'étendent  jusqu'à 
l'extrémité  des  pennes,  et  que  celles-ci  sont  courbées  en 
forme  de  sabre  dans  les  trois  quarts  de  leur  longueur,  la 
convexité  en  dehors,  avec  leur  dernier  quart  décrivant  une 
courbe  en  sens  inverse,  qui  fait  revenir  la  pointe  en  dehors  j 
le  bout  de  ces  pennes  est  profondément  échancré. 

La  colombe  vlouvlou  est  des  lies  Sandwich.  Ses  habitudes 
naturelles  sont  inconnues. 

59.  Colombe  porphyre  ;  Columla  porplvyrea  ,  Reinwardt , 
Temm.  et  Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  106.  Dans  cette  espèce  les 
individus  des  deux  sexes  présentent  les  mêmes  caractères. 
Ils  ont  la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  d'un  pourpre,  plus 
pâle  sur  la  tête,  et  au  contraire  plus  foncé  et  de  couleur  de 
laque  sur  le  cou;  la  poitrine  ceinte  d'un  collier  blanc,  au- 
dessous  duquel  on  voit  du  noir  plus  ou  moins  mêlé  de  vert} 
le  bas  du  cou  marqué  par  derrière  d'un  autre  demi- collier 
blanc,  souvent  mêlé  de  rose,  séparant  le  pourpre  de  la  nuq.ue 
du  vert  du  dos;  le  milieu  du  ventre  et  les  flancs  cendrés  ou 
nuancés  de  vert  et  de  jaunâtre  ;  le  bas-ventre  en  partie 
jaune;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  vertes  et  bor- 
dées de  jaune  ;  le  dos,  les  ailes  et  les  deux  pennes  moyennes 
de  la  queue  d'un  vert  foncé;  les  pennes  latérales  de  celle- 
ci  en  dessus  d'un  vert  bouteille  et  terminées  de  gris  verdàtre, 
et  grises  en  dessous;  le  bec  jaunâtre;  les  doigts  rouges.  Leur 
longueur  totale  est  de  dix  à  onze  pouces. 

Les  jeunes  ont  la  tête,  le  cou,  la  poitrine  et  toutes  les  par- 
ties supérieures  d'un  vert  foncé,  et  les  plumes  du  dos  termi- 
nées par  un  croissant  jaune;  le  bas- ventre  d'un  vert  jaunâtre 
clair.  Ils  n'ont  point  de  collier  blanc,  ni  de  demi-collier  rose. 
Les  individus  qui  passent  d'un  plumage  à  l'autre,  sont  ta- 
pirés  de  plumes  pourprées  et  de  plumes  vertes. 

Cette  espèce  est  des  îles  de  la  Sonde  et  des  Moluques. 
Go.  Colombe  érythroptère  ;  Columha  erjthroptera  ,    Lath.; 
Temm. ,  Col.,  pi.  55.  Dans  cette  espèce,  le  front,  la  gorge,  le 


PICt  537 

devant  du  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  beau  blanc  ;  un  pro- 
longement de  cette  couleur  se  remarque  derrière  Tail,  et 
se  porte  jusque  sur  la  région  de  Toreille  ;  le  derrière  de 
la  tête  et  du  cou  ,  le  dos  et  les  couvertures  des  ailes  sont 
d'un  violet-pourpré  changeant,  très -brillant;  le  ventre  est 
noir  à  reflets  pourprés  ;  les  grandes  couvertures  des  ailes 
et  les  rémiges  sont  noires;  la  queue,  dont  toutes  les  plumes 
sont  d'égale  longueur,  est  d'un  gris  foncé  à  son  origine,  et 
terminée  par  une  bande  noire;  les  pieds  sont  orangés,  et  le 
bec  est  noir.  La  longueur  totale  est  de  neuf  pouces  et  demi. 

Quelques  individus  n'ont  point  de  blanc  sous  la  gorge  ni 
sur  la  poitrine. 

On  a  trouvé  cette  espèce  aux  Nouvelles -Hébrides  et  aux 
îles  de  la  Société. 

61.  Cot.oMBE  A  MOUSTACHES  BLANCHES;  Col.  w^'itacea,  Temm.. 
Col.,  pi.  66.  Cet  oiseau,  dont  la  longueur  totale  est  de  onze 
pouces  et  demi  ,  a  le  sommet  de  la  tête  ,  les  couvertures 
alaires,  le  dos,  le  croupion  et  les  deux  pennes  moyennes  de 
la  queue  d'un  brun  foncé  à  reflets  métalliques:  le  haut  du 
dos  et  les  côtés  du  cou  d'un  vert- doré  qui  passe  insensible- 
ment au  violet-pourpre  très- éclatant  ;  sous  la  poitrine,  cette 
couleur  s'affoiblit  considérablement,  et  prend  une  teinte  vi- 
neuse; le  ventre  est  d'un  vineux  terne  qui  passe  insensible- 
ment au  blanchâtre  sous  le  bas-ventre  et  les  couvertures 
inférieures  de  la  queue;  les  pennes  alaires,  le  fouet  de  l'aile 
et  toutes  les  pennes  latérales  de  la  queue,  qui  est  carrée, 
sont  d'un  roux  très-vif;  l'œil  est  entouré  d'un  petit  espace 
nu  et  rouge  ;  les  pieds  sont  rouges;  la  base  du  bec  est  aussi 
de  cette  couleur,  et  son  extrémité  a  du  jaune. 

Ce  qui  caractérise  principalement  cette  espèce,  c'est  une 
moustache  d'un  beau  blanc  qui  prend  à  la  commissure  des 
mandibules  du  bec ,  se  porte  sous  l'œil,  et  se  prolonge  jusque 
sur  lu  région  de  l'oreille,  où  elle  finit  en  pointe. 

Celte  colombe  est  américaine. 

62.  CoLOMhE  POUKioBOU  :  Columha  superhu,  Temm.,  Col.,  pL 
53.  Cette  jolie  petite  espèce  n'a  pas  plus  de  rn^uf  pouces  et 
demi  de  longueur  totale.  Le  sommet  de  sa  tête  est  d'une  belle 
couleur  violette  fleur  de  pêcher;  les  joues  et  l'occiput  sont 
d'un  vert  clair;  la  nuque  et  tout  le  derrière   du  cou  sont 

40.  22 


d'une  belle  couleur  brune  roussâtre  ;  la  gorge  et  le  dessous 
du  cou  sont  couverts  de  plumes  blanche?,  avec  un  peu  de  vio- 
let dans  le  milieu  de  chacune  ;  le  dos  est  vert,  ainsi  que  le 
dessus  des  pennes  de  la  queue,  mais  celles-ci  sont  terminées 
de  A'ert  beaucoup  plus  clair;  les  trois  pennes  latérales  de  cha- 
que côté  sont  noires.  Les  petites  couvertures  supérieures  vers 
le  pli  de  l'aile  forment  une  belle  tache  d'un  bleu  violacé;  les 
autres  plumes  des  couvertures  sont  verles  dans  leur  contour, 
bleues  à  leur  centre,  et  quelques-unes  des  plus  grandes  ont 
une  zone  roussâtre  entre  ces  deux  teintes;  la  poitrine  est  mar- 
quée d'une  large  bande  transverse  d'un  bleu  foncé;  les  flancs 
sont  couverts  de  plumes  vertes  ,  finement  bordées  de  blanc  ;  le 
ven  tre  en  entier  est  blanc  ;  les  plumes  qui  couvrent  la  première 
moitié  des  tarses,  sont  verdàtres,  et  la  partie  nue  de  ceux-ci 
et  les  doigts  sont  de  couleur  rougeàtre  ;  les  grandes  pennes 
des  ailes  sont  noirâtres  et  bordées  de  blanchâtre;  la  queue 
est  alongée  et  arrondie  au  bout;  le  bec  est  couleur  de  corne. 

On  croît  que  le  nom  de  poukiobou  est  donné  à  cette  espèce 
par  les  habitans  de  l'île  Otaïti,  oîi  elle  se  trouve. 

63.  Colombe  oreillon- blanc  ;  Columha  leucotis  ,  Temm.  et 
Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  189.  Cette  espèce,  qui  se  rapproche 
des  colombi-galliues  par  ses  formes,  a  les  ailes  et  la  queue 
courtes,  el  cette  dernière  arrondie.  Du  cendré,  qu'on  voit 
sur  le  front,  se  change  successivement  en  olivâtre  vers  l'oc- 
ciput, en  passant  sur  le  sommet  de  la  tête  ;  une  ligne  noire 
et  étroite  part  de  la  commissure  des  mandibules  du  bec, 
passe  sous  l'œil,  sur  la  région  de  l'oreille,  et  se  rabat  sur  le 
côté  du  COU;  en  dessous  et  au-delà  de  l'œil  est  une  tache 
blanche  triangulaire;  la  nuque  et  les  côtés  du  cou  sont  cou- 
verts de  pluuies  à  reflets  métalliques  verts,  bleus  et  pour- 
pres très-brillans  ;  la  gorge  est  rousse;  la  poitrine  et  le  ventre 
sont  d'un  roux  olivâtre  à  reflets,  et  cette  couleur  s'éclaircit 
sous  le  bas -ventre;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
sont  cendrées;  le  dos  et  les  ailes  sont  olivâtres,  et  présentent 
quelques  légers  reflets  verts;  les  pennes  de  la  queue,  bru- 
nâtres et  à  roflets  pourprés,  ont  une  bande  noire  transverse 
assez  près  de  leur  extrémité,  qui  est  cendrée. 

Ce  pigeon,  dont  la  longueur  totale  est  de  neuf  pouces  et 
demi,  a  été  trouvé  aux  environs  de  Manille  dansTile  de  Luçoi!, 


PIG  539 

64.  CoroMBE  KDRUKURU  :  Columha  purpurutu ,  Linn.,  L;ilh.; 
Temm.  ,  Col.,  pi.  34.  Cette  espèce  n'a  guère  plus  de  huit 
pouces  de  longueur,  et  quoiqu'elle  ressemble  à  la  précédente 
parla  disposition  générale  de  ses  couleurs,  elle  en  diffère  par 
une  queue  plus  courte,  et  parce  qu'au  lieu  d'avoir  seize 
pennes  à  cette  queue,  elle  n'en  a  que  quatorze.  Dans  les  ku- 
rukurus  adultes,  les  plus  communs  dans  les  cabinets  (ceux 
d'Otaïti),  le  sommet  de  la  tête  est  d'une  belle  couleur 
rose  violette,  entourée  d'un  liséré  jaune;  l'occiput,  le  cou 
et  la  poitrine  sont  d'un  gris  cendré,  nuancé  de  teintes  ver- 
dàtres  ;  tout  le  dessus  du  corps  est  d'un  beau  vert  lustré, 
marqué  de  taches  vertes  plus  foncées  sur  les  couvertures  des 
ailes  les  plus' proches  du  corps;  les  couvertures  moyennes 
sont  frangées  de  jaune;  les  pennes  alaires  sont  noires  inté- 
rieurement et  bordées  de  vert  sur  leurs  barbes  extérieures, 
et  la  dernière,  qui  est  noire,  a  ses  barbes  tronquées,  ce  qui 
la  rend  pointue;  la  queue  a  toutes  ses  pennes  vertes  exté- 
rieurement et  noires  intérieurement,  et  leur  extrémité  est 
d'un  vert  très -clair;  le  ventre  est  nuancé  de  jaune  et  d'o- 
rangé; les  flancs  sont  verts;  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  sont  jaunes;  les  tarses  sont  à  moitié  couverts  de  plumes 
vertes  et  jaunes;  les  doigts  noirs;  les  yeux  d'un  jaune  pâle; 
le  bec,  noirâtre,  est  terminé  de  blanc. 

M.  Quoy  s'est  assuré  que  la  femelle  ne  diffère  en  rien  du 
mâle,  du  moins  dans  le  kurukuru  des  îles  Marianes  ;  ainsi 
l'oiseau  que  M.  Temminck  a  figuré  comme  femelle,  pi.  a54 
des  Ois.  col. ,  doit  sans  doute  être  considéré  comme  apparte- 
nant à  une  espèce  ou  tout  au  moins  à  une  variété  distincte. 
Il  ressemble  presque  sous  tous  les  rapports  aux  individus 
d'Otaïti  ;  mais  il  en  diffère  seulement  parce  que  le  chaperon 
du  sommet  de  sa  tète  est  cendré,  au  lieu  d'être  d'une  belle 
teinte  couleur  de  rose  :  ce  chaperon  est  aussi  entouré  d'une 
bande  jaune  étroite;  la  gorge  est  jaune  ;  le  dos  vert;  le  cou 
blanchâtre  avec  des  taches  nombreuses  d'un  jaune  clair;  le 
bas  de  la  poitrine  et  le  ventre  sont  d'un  beau  jaune,  ainsi 
que  les  couvertures  inférieures  de  la  queue.  Il  a  été  trouvé 
dans  l'île  des  Célèbes  par  M.  Reinwardt. 

Dans  le  jeune  âge,  le  kurukuru  a  le  front  d'un  gris  lilas 
entouré  de  jaune  olivacé;  le  derrière  delà  tête,  le  cou  et  la 


340  p  1  G- 

poitrine  d'un  gris-jaunàtre  terne;  les  ailes  ,  le  dos  et  la  queue 
d'un  vert  foncé,  peu  brillant;  les  couvertures  frangées  de 
couleur  d'ocre  ;  les  pennes  de  la  queue  marquées  d'une  lé- 
gère bande  de  gris  foncé;  le  ventre  et  les  couvertures  infé- 
rieures de  la  queue  nuancés  de  couleur  olive  et  de  gris  ver- 
dàfre;  le  bec  gris  et  les  pieds  bruns. 

Un  caractère  propre  à  toutes  les  variétés  de  cette  espèce 
consiste  à  avoir  les  plumes  du  cou  échancrées  à  leur  ex- 
trémité. 

Une  variété  est  d'un  vert  plus  paie  ,  et  assez  uniforme  sur 
toutes  les  parties  supérieures;  dans  une  autre  le  ventre  esl 
moins  bigarré  de  jaune  et  d'orange,  que  dans  le  kurukuru 
d'Otaïti. 

Le  nom  de  'kurukuru  est,  dit  on,  celui  que  cette  espèce 
porte  dans  l'île  de  Tongatahoo,  la  principale  de  l'archipel 
des  Amis.  A  Otaïti  elle  est  appelée  oopa  ou  oopara. 

On  ne  sait  rien  sur  les  habitudes  naturelles  de  cette  espèce. 
Latham  dit  qu'elle  vit  des  fruits  du  bananier. 

65.  Colombe  de  Forster  ;  Columba  Forsteri ,  Nob.  (Oiseau 
dont  on  a  trouvé  la  ligure  parmi  les  dessins  originaux  du 
naturaliste  Forster,  sous  le  nom  de  Columba  porplijracea.)  11 
avoit  d'abord  été  donné  par  M.  Temminck ,  Col.,  page  78. 
pi.  55,  comme  une  simple  variété  du  kurukuru  ;  mais  cet  or- 
nithologiste, après  avoir  d'abord  reconnu  dans  son  Mémoire 
sur  des  nouvelles  espèces  d'oiseaux,  inséré  au  tome  i3  des  Trans- 
actions de  la  société  linéennc  de  Londres,  qu'il  devoit  en 
être  distingué  spécifiquement,  l'y  a  néanmoins  réuni  de 
nouveau  comme  simple  variété  dans  ses  Oiseaux  coloriés. 
JXous  la  considérerons  néanmoins  comme  appartenant  à  une 
espèce  distincte,  et  nous  lui  aurions  conservé  le  nom  de  C 
porphyracea ,  que  lui  a  donné  Forster,  si  ce  nouL  ne  se  trou- 
voit  en  double  emploi  avec  celui  de  notre  colombe  n."  59. 

La  colombe  dont  il  s'agit  se  trouve  à  Timor  et  aux  iles  des 
Amis.  Elle  a,  selon  M.  Temminck,  le  front  et  le  sinciput  d'un 
violet-pourpré  très-foncé,  sans  être  entouré  d'une  bande  jaune 
(bande  qui  existe  cependant  dans  la  figure  de  Rlad.^  Knip  , 
jointe  à  cette  description).  Le  vert  de  toutes  les  parties  supé- 
rieures est  plus  foncé  et  plus  bleuâtre  que  dans  le  kurukuru 
proprement  dit;  les  couvertures  ne  sont  pas  frangées  de  jaune  :, 


le  ventre,  ainsi  que  l'abdoinen,  est  vert;   les  pieds  sont  d'un 
brun  rougeàtre;  le  bec  est  noir. 

66.  Colombe  ïambourf.tte  ;  Columba  lympùnistria,  Temm. , 
CoL,  p].  56.  Cette  espèce  africaine,  et  du  pays  des  Cafres,  a 
neuf  pouces  un  quart  de  longueur  totale.  Son  nom  lui  a  été 
imposé  par  Levaillant,  à  cause  de  la  singularité  de  son  rou- 
coulement, qui  ressemble  beaucoup  au  bruit  d'un  tambourin 
qu'on  entend  dans  le  lointain.  Elle  est  vive  dans  ses  mouve- 
niens,  et  place  son  nid  dans  les  grands  bois,  sur  les  sommi- 
tés des  plus  hauts  arbres. 

Elle  a  le  haut  de  la  tête ,  le  derrière  du  cou  et  tout  le  man- 
teau, d'un  brun  terreux;  les  couvertures  des  ailes  les  plus 
rapprochées  du  corps,  marquées  de  quelques  taches  noirâtres 
à  reflets  verts  foncés;  les  pennes  des  ailes  de  couleur  rousse 
sur  leurs  barbes  intérieures  et  brunes  sur  les  extérieures ,  la 
première  étant  la  plus  courte  de  toutes  et  tronquée  sur  l'ex- 
trémité de  ses  barbes  intérieures;  le  croupion  d'un  gris  brun, 
traversé  de  deux  bandes  plus  foncées;  les  six  pennes  du  mi- 
lieu de  la  queue  d'un  brun  roux,  et  les  trois  latérales  de 
chaque  côté  grises  à  la  base  ,  marquées  de  noir  vers  leur  extré- 
mité, avec  l'extrême  pointe  grise;  le  front  et  un  sourcil  qui 
s'y  joint  et  passe  sur  l'œil  de  chaque  côté,  sont  de  couleur 
blanche,  ainsi  que  toutes  les  parties  inférieures  du  corps;  les 
pieds  sont  jaunes;  le  bec  et  l'iris  bruns. 

La  femelle  ne  diffère  du  mâle  qu'en  ce  que  les  parties  in- 
férieures de  son  corps  sont  d'un  blanc  sale,  au  lieu  d'être  d'un 
blanc  pur. 

67.  CoLOMBF,  azurée;  Columha  ccvrulca,  Temm.,  Col.,  pi.  07. 
Cette  charmante  espèce  a  le  front,  tout  le  sommet  de  la 
tête,  le  derrière  du  cou,  le  manteau,  le  croupion  et  la  face 
supérieure  de  la  queue  d'un  bleu  d'azur;  l'œil  entouré  d'une 
peau  nue  et  rouge,  ainsi  que  la  partie  charnue  de  la  base 
du  bec,  dont  la  corne  est  d'un  blanc  jaunâtre;  une  moustache 
blanche,  parlant  de  la  commissure  du  bec  et  se  portant  eu 
dessous  et  un  peu  au-delà  de  l'œil;  la  poitrine  d'un  brun- 
clair  mêlé  de  couleur  vineuse;  le  ventre  et  les  coiivertures 
inférieures  de  la  queue  blanchâtres  ;  les  tarses  nus  et  de  couleur 
rouge  ;  l'iris  jaune. 

La  figure  de  Mad.'^  Knip  représente  la  gorge  de  la  même 


542  PIG 

couleur  brunâtre  vineuse  que  la  poitrine,  et  M.  Tcraminck 

dit  que  cette  gorge  est  blanche. 

Cet  oiseau  trés-rarq,  et  dont  M.  Temminck  ne  connoissoit 
qu'un  individu  du  cabinet  de  M.  Holthuysen  à  Amsterdam, 
habite,  dit-on,  le  Bengale. 

68.C0LOMKE  émeraudine:  Columha  afra,  Linn.,  Lath.;  Temm., 
pi.  38  et  39  ;  la  Tourterelle  du  Sénégal,  Buff. ,  pi.  enl.,  n.°  1  60. 
Ce  pigeon  a  huit  pouces  de  longueur  totale;  le  sommet  de 
sa  tête  est  d'un  joli  gris-clair  qui  y  forme  comme  une  petite 
calotte  ;  sa  gorge  est  blanche  (ce  que  ne  fait  pas  voir  la  figure 
de  Mad.*  Knip);  le  dessous  de  son  cou  et  sa  poitrine  sont 
d'une  très  -  légère  couleur  vineuse,  qui  blanchit  encore 
davantage  sur  le  bas-ventre  et  les  couvertures  inférieures  de 
la  queue;  le  derrière  du  cou,  le  manteau  et  les  couvertures 
des  ailes  sont  d'un  gris  brun,  et  quelques-unes  de  ces  der- 
nières ont  des  taches  d'un  vert  d'émeraude  éclatant;  les 
pennes  secondaires  de  l'aile  sont  rousses;  les  primaires  sont 
d'un  gris  brun  ;  le  croupion  est  d'un  gris  cendré  et  tra- 
versé de  deux  bandes  noirâtres,  dont  on  trouve  deux  pareilles 
sur  les  couvertures  supérieures  de  la  queue;  les  pennes  cau- 
dales sont  noires  en  dessous ,  excepté  la  plus  latérale ,  qui  a  ses 
barbes  extérieures  blanches  dans  les  deux  premiers  tiers  de 
sa  longueur;  en  dessus,  les  deux  du  milieu  sont  brunes,  et  les 
latérales,  d'un  gris  brun  à  leur  origine,  sont  noirâtres  vers  le 
bout:  cette  queue  est  très- courte  et  arrondie;  le  bec  est  noir- 
brun;  les  yeux  sont  rougeâtres  et  les  .pieds  d'un  rouge  vineux. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  a  les  taches  vertes  des 
couvertures  de  ses  ailes  moins  grandes  que  celles  de  ce  der- 
nier. 

Dans  la  variété  décrite  et  figurée  pi.  39  dans  l'ouvrage 
de  M.  Temminck,  le  plumage  est  d'une  teinte  plus  claire,  et 
a  plus  de  couleur  vineuse  ;  les  taches  des  couvertures  des  ailes 
sont  très-grandes  et  ont  des  reflets  pourprés;  enfin,  les  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  sont  noires. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  la  partie  la  plus  méridionale  de 
l'Afrique,  jusqu'au  pays  des  Cafres,  et  se  rencontre  aussi  au 
Sénégal.  Elle  se  tient  le  long  des  rivières,  niche  dans  les  buis- 
sons et  dans  les  ramifications  du  gaulis.  Elle  pond  deux  œufs 
blancs. 


PIG  343 

Buffon  a  réuni  à  tort  à  cette  espèce  sa  tourterelle  à  collier 
du  Sénégal  (notre  colombe  blonde),  et  aussi  la  tourterelle  à 
gorge  tachetée  du  Sénégal  de  Brisson ,  qui  est  notre  colombe 
«aillée. 

6g.  Cor.OMBE  bleu-verdin;  CoLumba  cj'anovirens ,  Lesson  et 
Garnot  (espèce  inédite).  Cette  petite  espèce,  dont  la  des- 
cription nous  a  été  communiquée  par  MM.  Garnot  et  Lesson, 
a  huit  pouces  six  lignes  de  longueur  totale;  la  tête,  le  des- 
sus du  corps,  le  croupion,  les  ailes  et  la  queue  en  dessus 
d'un  vert-pré  agréable  ;  l'occiput  couvert  dune  sorte  ('e 
calotte  d'un  beau  bleu  indigo  ;  la  gorge  d'un  gris  cendré;  la 
'poitrine  d'un  vert  grisâtre;  le  haut  du  venire  et  les  flancs 
d'un  vert  mêlé  de  queltiues  petites  bordures  jaunes  ;  le  bas- 
ventre  d'un  blanc  jaunâtre,  qui  s'étend  de  chaque  côté  de 
manière  à  figurer  une  ceinture  ;  les  plumes  de  l'anus  blan- 
ches et  jaune -pâle;  les  couvertures  du  dessous  de  la  queue 
jaunes,  mélangées  de  vert;  des  taches  bleues,  alongées  sur 
le  centre  des  couvertures  supérieures  de  l'aile,  qui  sont  bor- 
dées d'un  liséré  jaune  ;  les  rémiges  entièrement  brunes  et 
bordées  extérieurement  par  une  étroite  ligne  d'un  jaune 
serin  ;  la  queue,  carrée,  a  quatorze  pennes,  vertes  comme 
le  dos  à  leur  origine  ,  noires  dans  leur  milieu,  et  ayant  cha- 
cune près  de  son  extrémité  et  en  dedans  une  tache  blanche  j 
les  deux  plus  latérales  brunes,  et  bordées  de  jaune  du  côté 
externe,  ainsi  que  les  trois  suivantes;  toutes  brunes  en  des- 
sous avec  l'extrémité  blanche;  le  bec  mince  et  noir;  l'iris 
d'un  brun  rouge  ;  les  tarses  courts  et  presque  entièrement 
emplumcs  ;  les  doigts  d'un  jaune- orangé  vif. 

Un  individu  plus  petit  que  celui  qui  vient  d'être  décrit, 
et  qui  étoit  peut-être  la  femelle  ou  le  jeune  mâle  de  cette 
espèce,  avoit  le  plumage  entier  d'un  vert  -  pré  mêlé  de 
quelques  nuances  bleues  sur  les  ailes,  sans  tache  bleue  à 
l'occiput;  le  front  cendré  comme  la  gorge;  une  tache  d'un 
rouge  ferrugineux  au  milieu  de  la  poitrine;  quelques  plumes 
•d'un  gris  blanc  sur  les  grandes  couvertures  des  ailes;  l'ab- 
domen d'un  vert  uniforme ,  mêlé  de  jaunâtre  ;  le  bec  jau^ 
nâtre  et  les  doigts  orangés.  Du  reste  la  disposition  des  teintes 
générales  du  corps  et  des  ailes,  de  la  queue  et  de  ses  cou- 
vertures inférieures,  ainsi  que  des  plumes  anales,  étoit  par- 


^44  PIG 

faitement  analogue   à    ce    qui    existe    dans  Viiidividu    iiiàle. 
Cette  tourterelle  habite  les  forêts  de  la  Nouvelle- Guinée. 
Elle  a  été  observée  aux  environs  du  havre  Dorery. 

70.  Colombe  hyogastre  :  Coliimba  hyogastra ,  Reinvv.  ;  Temm. 
et  Laug.,  Ois.  color.,  pi.  262.  Elle  n'a  que  huit  pouces  de 
longueur.  Son  front,  ses  joues  et  son  menton  sont  d'un  gris 
cendré;  le  derrière  de  la  tête,  le  cou,  la  poitrine,  le  dos  en 
entier,  les  flancs,  les  plumes  des  cuisses  et  la  face  supérieure 
de  la  queue  et  des  ailes  sont  d'un  beau  vert  ;  quelques 
pennes  alaires  sont  lisérées  de  jaune;  le  milieu  du  ventre  est 
marqué  d'une  large  tache  pourpre;  le  bas- ventre  et  les  cou- 
vertures inférieures  de  la  queue  sont  jaunes;  les  pieds  sont 
rouges. 

Elle  provient  de  l'île  des  Cclèbes. 

71.  Colombe  MOINE  :  Columba  monacha,  Reinw.;  Temm.  et 
Laug.,  Ois.  color.,  pi.  266.  Cette  jolie  petite  colombe,  dont 
la  longueur  est  de  sept  pouces,  a  tout  le  sommet  de  la  tête 
et  une  tache  oblique  sur  la  partie  des  joues  qui  avoisine  le 
bec,  d'un  bleu-d'azur  très- brillant  ;  un  sourcil  jaune  ou  une 
bandelette  passant  sur  l'œil  et  entourant  l'occiput;  une  tache 
jaune  alongée  sous  la  gorge;  les  joues,  le  cou  en  entier,  le 
dos  et  la  poitrine,  d'un  beau  vert,  qui  passe  insensiblement 
au  jaune  sur  les  flancs  et  le  bas- ventre;  une  tache  bleue 
de  moyenne  étendue  sur  la  poitrine;  les  pennes  de  l'aile 
vertes  et  finement  lisérées  de  jaune  du  côté  extérieur;  les 
pennes  caudales  cendrées  sur  les  barbes  intérieures  et  ayant 
une  tache  d'un  vert -bleuâtre  foncé  vers  le  bout  des  plus 
latérales,  non  visible  lorsque  la  queue  est  fermée;  les  pieds 
rouges. 

Elle  habite  File  des  Céièbes. 

72.  Colombe  A  double  collier;  Columba  bitorquata,  Temm., 
Col.,  pi.  40.  Elle  a  le  front  et  le  sommet  de  la  tête  d'un  gris 
cendré;  les  joues,  la  gorge,  le  cou,  la  poitrine,  le  haut  du  dos 
et  toute  la  partie  antérieure  du  ventre  d'une  couleur  vineuse 
claire;  un  double  collier  formé  d'une  ligne  blanche  et  d'une 
ligne  noire  sur  la  nuque;  le  bas-ventre  et  les  couvertures  in- 
férieures de  la  queue  de  couleur  blanche;  les  couvertures 
supérieures  cendrées  près  du  bord  de  l'aile;  les  rémiges  secon- 
daires et  primaires,  le  bas  du  dos  et  les  flancs  d'un  gris  foncé: 


PIG  345 

Je  croupion  et  les  couvertures  supérieures  de  la  queue  d'un 
gris  terreux,  ainsi  que  les  pennes  intermédiaires  caudales;  les 
trois  plus  extérieures  de  celles-ci  noires  en  dedans,  et  d'un 
gris  blanchâtre  en  dehors;  la  seconde  d'un  gris  foncé;  les 
tarses  nus;  les  pieds  rouges;  le  bec  noir,  à  mandibule  su- 
périeure très -crochue;  le  tour  de  l'œil  dénudé  et  rouge.  La 
longueur  totale  de  cet  oiseau  est  de  onze  pouces.  Il  est  de  l'Inde. 

73.  Colombe  vineuse  ;  Columha  vinacea ,  Temm. ,  pi.  4 1  •  Cette 
espèce,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  Columha  vinacea 
de  Gmelin ,  a  dix  pouces  de  longueur  totale;  son  bec  a  huit 
lignes;  sa  queue  est  étagée  comme  celle  de  nos  tourterelles 
ordinaires,  mais  ses  ailes  sont  plus  courtes  à  proportion.  La 
tête,  le  cou,  ainsi  que  toutes  les  parties  inférieures  du  corps, 
sont  d'une  belle  couleur  lie-de-vin  ou  pourpre  foncé;  les  ailes, 
le  dos  et  la  queue  sont  d'un  brun  de  bistre  uniforme;  le  bec 
est  noir;  les  pieds  sont  d'un  rouge  brun. 

Elle  habite  la  Guiane  françoise. 

74.  Colombe  Pampdsan  :  Columha  Pampusan,  Quoy  et  Gaim., 
Zool.  du  Voy.  de  la  corvette  l'Uranie  ,  page  121,  pi.  3o; 
Colombe  Rousseau;  Columha  xanthonura ,  Temm.  et  Laug. , 
Ois.  col.,  pi.  190.  Cette  colombe,  dont  la  longueur  totale 
est  d'environ  dix  pouces,  a  la  tête  petite,  d'un  roux-foncé 
tirant  sur  le  rougeàtre  ;  le  cou ,  la  poitrine  et  le  ventre 
simplement  roux;  les  plumes  du  dos  roussàtres,  à  reflets  mé- 
talliques verdàtres;  les  scapulaires  et  les  couvertures  supé- 
rieures et  inférieures  des  ailes  et  de  la  queue  ,  bordées  de 
roux  vif;  l'extrémité  des  grandes  pennes  de  l'aile  d'un  brun 
clair;  la  queue,  assez  longue,  à  peu  près  carrée,  formée  de 
douze  pennes,  dont  les  deux  latérales  sont  un  peu  plus 
courtes  que  les  autres,  d'un  roux  -  doré  très-vif,  avec  une 
large  ligne  noirâtre  vers  l'extrémité  ;  les  deux  pennes  du 
milieu  étant  d'un  roux  olivâtre,  sans  barre  noire;  le  bec, 
long  de  neuf  lignes,  noir,  mince,  effilé,  un  peu  courbé  à  la 
pointe,  qui  a  une  couleur  de  corne;  les  jambes  longues  et 
rousses. 

Elle  a  été  rapportée  de  l'ile  de  Guam,  l'une  des  Marianes, 
par  les  naturalistes  de  l'expédition  aux  ordres  du  capitaine 
Freycinet. 

7S.  CoLOMEE  Tourterelle  :  Columha  Turfur ,  Linn. ,  Lath., 


346  PIG 

Tcmm.,  pi.  42;  la  Touiîtereile  ,  Buff. ,  pi.  en!.,  n."  og^.  La 
longueur  totale  du  corps  de  cet  oiseau  est  de  onze  pouces;  les 
ailes  s'étendent  jusqu'aux  trois  quarts  de  la  longueur  de  la 
queue,  et  celle-ci,  qui  est  assez  grande,  est  foiblement  éta- 
gée.  La  tourterelle  a  le  dessus  de  la  tête  et  le  derrière  du  cou 
d'un  gris  cendré;  les  côtés  du  cou  marqués  d'une  tache  com- 
posée de  petites  plumes  noires,  ferniinées  de  blanc;  le  dos, 
le  croupion  et  le  dessus  de  la  quene  bruns;  les  plumes  des 
couvertures  supérieures  des  ailes  d'un  brun  noirâtre  et  large- 
ment bordées  de  roux- clair;  les  petites  couvertures  du  poi- 
gnet de  l'aile  grises;  les  pennes  des  ailes  d'un  brun  noirâtre, 
avec  une  étroite  bordure  blanchâtre;  la  gorge,  le  dessous  du 
cou  et  la  poitrine  d'une  belle  couleur  vineuse;  les  flancs  gris; 
le  ventre  en  entier  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
d'un  beau  blanc  ;  les  pennes  de  la  queue  d'un  gris  brun  en 
dessus,  et  noirâtres  en  dessous,  toutes  étant  (moins  les  deux 
intermédiaires)  terminées  de  blanc  ;  la  première  de  chaque 
côté  blanche  aussi  sur  ses  barbes  extérieures;  le  tour  des 
yeux  nu  et  rouge;  l'iris  d'un  rouge  jaunâtre;  le  bec  brun- 
bleuâtre;  les  pieds  rouges. 

Une  variété  de  cette  espèce,  qui  a  été  vue  à  la  Chine  et 
au  cap  de  Bonne  -  Espérance ,  a  les  taches  maillées  de  noir  et 
de  blanc  des  côtés  du  cou  beaucoup  plus  larges  que  celles  de 
la  tourterelle  de  notre  pays.  Dans  une  autre  (la  tourterelle 
de  Portugal,  Buff.)  tout  le  corps  est  d'un  brun  foncé;  le  cou 
a  des  taches  composées  de  quelques  plumes  noires,  terminées 
de  blanc;  les  petites  couvertures  alaires  sont  noires,  bordées 
de  blanc,  et  toutes  les  autres  sont  brunes,  bordées  de  jaune; 
les  pennes  des  ailes  sont  noirâtres,  lisérées  de  blanchâtre:  les 
deux  moyennes  de  la  queue  sont  cendrées  et  terminées  de 
blanc,  et  les  latérales  ont  du  blanc  sur  leur  côté  extérieur: 
l'iris  est  jaune,  le  bec  noir,  et  les  pieds  sont  rouges. 

L'espèce  de  la  tourterelle  appartient  à  toutes  les  contrées 
méridionales  et  tempérées  de  l'ancien  continent,  de  l'ouest  à 
l'est,  depuis  la  France  jusqu'à  la  Chine,  et  du  nord  au  sud, 
depuis  l'Angleterre  jusqu'en  Afrique,  où  elle  passe  l'hiver. 
Elle  arrive  dans  notre  pays  vers  le  commencement  de  Mai,  et 
ne  se  rend  que  vers  la  fin  du  même  mois  dans  les  climats  plus 
septentrionaux.  Après  avoir  niché  et  élevé  sa  nouvelle  fa- 


PIG  547 

mille,  elle  nous  quitte  à  la  fin  de  l'été,  pour  se  rendre  dans 
le  Midi. 

Cet  oiseau  va  par  petites  troupes  et  vit  en  monogamie. 
II  est  d'une  complexion  très -amoureuse  et  fait  retentir  les 
bois  de  ses  roucoulemens  plaintifs.  Il  place  ordinairement 
son  nid  sur  les  sommités  des  plus  hauts  arbres  dans  la  partie 
des  bois  la  plus  fraîche  et  la  plus  sombre  ;  mais  quelquefois 
néanmoins  il  l'établit  dans  lés  taillis.  Ce  nid,  composé  de 
petites  bûchettes,  est  fort  plat  et  renferme  deux  œufs  blancs, 
rarement  trois.  Le  nombre  des  couvées  est  de  deux  ou 
de  trois;  le  mâle  et  la  femelle  partagent  alternativement  les 
soins  de  l'incubation. 

La  tourterelle  d'Europe  s'unit  à  la  tourterelle  à  collier, 
mais  les  petits  qui  résultent  de  cette  union  sont  inféconds. 
1^  76.  Colombe  A  NiiQUE  perlée:  CoZumia //gri/ia,  Temm.,  CoL, 
pi.  40;  Columba  suratensis,  Linn.,  Lath.;  Col.  risoria,  Varr., 
Lafh.  ;  la  Tourterelle  grise  delà  Chine,  Sonnerat,  Voyag. 
aux  Ind.,  tab.  102,  et  la  Tourterelle  de  Surate,  ejusd.,  Voyag. 
aux  Ind.,  p.  17g.  Cette  colombe,  qui  a  beaucoup  d'analogie 
avec  notre  tourterelle,  a  dix  pouces  et  demi  de  longueur.  Le 
haut  de  sa  icte  est  d'un  gris  vineux  ;  sa  gorge,  blanchâtre, 
prend  une  teinte  vineuse  sur  le  devant  du  cou  ;  la  poitrine  est 
d'un  vineux  clair:  la  nuque  est  couverte  de  plumes échancrées 
dans  leur  bout,  dont  l'ensemble  forme  un  large  demi-collier 
noir  et  parsemé  de  taches  quadrangulaircs  blanches  dans  le 
haut ,  et  de  taches  pareilles  mais  de  couleur  terreuse  dans  le 
bas,  chacune  de  ces  plumes  étant  noire  et  portant  une  de  ces 
taches  ;  le  haut  du  dos  est  couvert  de  plumes  d'un  gris  brun 
et  terminées  de  jaune -d'ocre  ;  les  grandes  couvertures  rap- 
prochées du  corps  sont  d'un  gris  brun,  et  les  petites  du  poi- 
gnet d'un  gris  de  cendre,  la  plupart  ayant  du  noirâtre  le 
long  de  leur  baguette,  et  du  jaune- d'ocre  sur  leurs  bords; 
les  grandes  pennes  alaires  sont  uQiràtres,  légèrement  frangées 
de  gris^:tre;  les  pennes  moyennes  ,  le  croupion,  les  couver- 
tures supérieures  de  la  queue  et  les  quatre  pennes  moyennes 
de  celle-ci  sont  d'un  gris  brun;  les  autres  sont  grises  à  leur 
base  ,  ensuite  marquées  d'une  bande  noirâtre  transversale 
dans  leur  nùlieu ,  et  les  trois  latérales  de  chaque  côté  sont 
terminées  de  blanc  ;  en  dessous  la  queue  est  noire  dans  les 


5/,8  PI  G. 

trois  quarts  de  sa  longueur,  et  le  reste  est  blanc.  (Mad/Knip 
représente  l'extrémité  de  la  penne  la  plus  extérieure  blan- 
châtre, et  celle  des  trois  suivantes  de  chaque  côté  de  couleur 
roussàtre.)  Le  ventre,  les  cuisses  et  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  sont  blancs;  les  flancs  ont  une  teinte  de  gris  et 
de  vineux;  le  bec  est  noir,  les  yeux  sont  rouges  et  les  pieds 
jaunes. 

La  colombe  à  nuque  perlée  se  trouve  non-seulcmcnt  à  la 
Chine,  mais  encore  dans  l'ile  de  Timor  et  dans  celle  de  Java. 
Dans  cette  dernière  elle  porte  le  nom  de  Frecoucou  .  elle  y 
est  commune  dans  les  forêts,  et  en  habite  de  préférence  la 
lisière.  On  l'apprivoise  aisément. 

77.  Colombe  a  collier  roux  :  Columba  humeralis ,  Temm. , 
Trans.  soc.  linn. ,  tome  i5,  page  128;  Temm,  et  Lau<^. ,  Ois. 
col.,  pi.  igi.  Cette  nouvelle  espèce,  trouvée  à  Broad-Soundl|l 
sur  la  côte  orientale  de  la  Nouvelle-Hollande,  par  M.Robert 
Brovvn ,  a  dix  pouces  environ  de  longueur;  elle  a  de  la  res- 
semblance avec  la  colombe  à  nuque  perlée,  et  surtout  avec 
la  colombe  peinte,  par  la  forme  de  ses  ailes  et  de  sa  queue. 
Sa  tcte  ,  sa  gorge  et  sa  poitrine  sont  d'un  cendré  bleu  ;  le 
large  demi-collier  qui  orne  sa  nuque,  est  composé  de  plumes 
d'un  roux  orangé  et  terminées  chacune  par  une  petite  bande 
noire;  le  ventre  est  blanchâtre,  à  reflets  vineux  surtout  ap- 
parens  sur  les  flancs;  le  bas-ventre  est  d'un  blanc  pur,  ainsi 
que  les  couvertures  inférieures  de  la  queue;  le  dos,  le  crou- 
pion ,  les  couvertures  supérieures  des  ailes  sont  d'un  brun 
cendré,  et  toutes  les  plumes  de  ces  parties  sont  bordées  de 
noir;  la  queue,  large  à  sa  bas€ ,  est  longue  et  étagée;  toutes 
ses  pennes  latérales  sont  en  dessus  brunes  et  terminées  de 
blanc,  et  les  deux  intermédiaires  seulement  sont  d'un  brun 
cendré  uniforme  dans  toute  leur  longueur;  les  pennes  alaires 
sont  brunes  extérieurement  ,  et  rousses  intérieurement  ;  le 
tour  des  yeux  est  nu  et  rougeâtre  ;  les  pieds  sont  jaunes,  et 
le  bec  est  d'un  jaune  bleuâtre. 

La  femelle  ne  diffère  pas  sensiblement  du  mâle. 

78.  Colombe  Dussumier  ;  Columha  Dussumieri ,  Temm.  et 
Laug. ,  Ois.  col.,  pi.  188.  Les  formes  générales  rapprochent 
cette  colombe  de  la  tourterelle  d'Europe;  mais  elle  en  dif- 
fère  en  ce  que  sa  faille  est  un  peu  plus  forte,   et  que  les 


PIG  % 

plumes  qui  forment  le  demi-collier  de  sa  nuque  ,  sont  comme 
gaufrées  et  un  peu  à  reliefs  métalliques,  ce  qui  ne  se  voit 
jamais  dans  les  plumes  qui  composent  de  pareils  colliers.  La 
tête  est  d'un  cendré  vineux,  et  la  couleur  vineuse  devient 
plus  pure  sur  le  cou,  et  particulièrement  sur  la  poitrine; 
le  ventre  présente  la  même  teinte  ,  mais  très-affoiblie  et 
passant  au  blanchâtre;  enfin,  le  bas -ventre  et  les  couver- 
tures inférieures  de  la  queue  sont  presque  blancs.  Le  demi- 
collier  qui  orne  le  bas  du  cou  en  arrière  ou  la  nuque,  est 
formé  de  plumes  d"un  cendré  noirâtre  et  terminées  chacune 
par  une  petite  bordure  d'un  vert  métallique  ;  le  dos,  les 
scapulaires  et  les  couvertures  alaires  supérieures,  les  plus 
rapprochées  du  corps,  sont  d'un  gris-brun  terreux;  les  pennes 
caudales  ont  cette  même  couleur,  à  l'exception  de  la  plus  la- 
térale de  chaque  côté ,  qui  est  blanche  sur  ses  barbes  exté- 
rieures, et  noirâtre  sur  les  intérieures. 

Cette  espèce  nouvelle  se  trouve  auprès  de  Manille,  dans 
l'ile  de  Luçon. 

79.    CoLOMiiE  BLONPE    OU    ToURTERELLE  A   COLLIER   :   Columha   H- 

soria,  Linn.,  Lath.;  Teinin.,  CoZ. ,  pi.  44  ;  la  Tourterelle  a  col- 
lier, Buff. ,  pi.  enl. ,  n."  244;  la  Tourterelle  a  collier  du  Se-! 
NÉGAL,  ejusd.,  pi.  enl.,  n."  lui  ;  la  Tourterelle  blonde,  Levaill., 
Afriq. ,  pi.  268.  Cet  oiseau,  qu'on  nourrit  fréquemment  en 
domesticité,  est  originaire  d'Afrique  et  de  l'Inde.  En  Egypte 
on  l'élève  en  liberté  comme  nous  élevons  les  pigeons  de 
colombier.  On  le  trouve  communément  sauvage  au  Sénégal, 
et  ce  n'est  que  sur  les  contins  du  pays  des  grands  Namaquoisi 
que  Levaillant  en  a  rencontré  l'espèce  dans  le  Midi  de  l'A- 
frique. Ses  mœurs  sont  absolument  semblables  à  celles  de 
notre  tourterelle  d'Europe. 

Cette  tourterelle  a  dix  pouces  et  demi  de  longueur.  Son 
corps  est  d'un  très -léger  gris  rosé,  passant  au  blanc  presque 
pur  sur  les  régions  inférieures  du  corps,  et  prenant  un  ton 
fauve- isabelle  sur  le  dos  et  les  ailes;  les  grandes  pennes  de 
celles-ci  sont  noirâtres  et  bordées  de  fauve;  les  pennes  de 
la  queue  sont  cendrées  sur  leur  face  supérieure,  et  toutes, 
à  l'exception  des  deux  du  milieu ,  terminées  de  blanc,  la  plus 
latérale  ayant  ses  barbes  extérieures  aussi  blanches;  la  partie 
postérieure  du   cou  a  un   demi- collier  noir  de  deux  lignes 


35o  PIG 

de  largeur;  le  bec  est  noirâtre  ;  l'iris  et  les  pieds  soiit  rouget. 

Dans  la  femelle,  le  collier  est  plus  étroit  que  dans  le  mâle, 
et  la  poitrine  est  plus  pâle. 

Une  variété  blanche  est  distinguée  de  la  colombe  blanche 
(voyez  l'espèce  n.°  82)  par  M.  Temminck  ,  parce  que  ses 
plumes  conservent  toujours  une  très-légère  teinte  isabelle,  et 
que  les  plumes  de  la  place  du  collier,  quoique  blanches,  en 
laissent  néanmoins  distinguer  la  trace. 

M.  Vieillot  considère  cette  tourterelle  blanche  comme  étant 
de  l'espèce  de  la  blonde,  malgré  les  différences  que  signale 
M.  Temminck ,  et  il  se  fonde  principalement  sur  ce  que  ces 
deux  oiseaux  produisent  ensemble,  et  que  les  petits  qui 
résultent  de  leur  union  sont  féconds,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour 
les  métis  de  la  tourterelle  d'Europe  et  de  la  tourterelle  blonde. 

Le  nom  de  risorla,  donné  à  la  tourterelle  blonde,  lui  vient 
de  ce  que  le  roucoulement  du  mâle  a  quelque  ressemblance 
avec  un  éclat  de  rire. 

80.  Colombe  terrestre;  Columha  humilis,  Temm.  et  Laug. , 
pi.  268  et  25g.  Cette  espèce,  un  peu  plus  grande  que  la  co- 
lombe blonde,  en  diffère  par  sa  queue,  qui  est  plus  courte,  et 
par  les  couleurs  du  plumage,  qui  ne  sont  pas  les  mêmes  dans 
les  deux  sexes. 

Le  mâle,  dont  la  longueur  est  de  neuf  pouces,  a  le  dessus 
de  la  tête,  les  joues  et  la  nuque  d'un  cendré  bleuâtre  pur;  un 
demi-collier  noir  assez  large,  sans  indice  de  taches  blanches, 
sur  le  bas  du  cou  :  le  haut  du  dos ,  les  scapulaires  et  toutes  les 
couvertures  supérieures  des  ailes,  d'une  couleur  lie-de-vin  ou 
pourpre  rougeâtre  ;  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  et  le  ventre 
delà  même  couleur,  mais  plus  claire:  les  flancs,  le  bas  du  dos 
elle  croupion  d'un  cendré  bleuâtre;  le  bas-ventre  d'un  cendré 
blanchâtre:  la  queue  grise  en  dessus,  noire  en  dessous  dans 
ses  deux  premiers  tiers,  et  blanchâtre  dans  le  reste,  la  penne 
extérieure  de  chaque  côté  étant  blanche  en  dehors,  et  toutes 
les  latérales  terminées  de  blanchâtre. 

La  femelle  a  un  collier  comme  le  mâle;  mais  tout  son  plu- 
mage est  d'un  brun  cendré  ou  couleur  de  terre;  le  front  et  les 
grandes  couvertures  des  ailes  sont  d'un  cendré  plus  pur;  le 
bas-ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  blan- 
châtres; les  rémiges  noirâtres;  le  bec  est  noir. 


PîG  35i 

On  trouve  cette  espèce  au  Bengale  et  dans  Tîle  de  Lu- 
yon.  Elle  vit  habituellement  à  terre  ,  où  elle  cherche  sa 
nourriture. 

81.  Colombe  maillée  :  Columba  cambayensis ,  Linn. ,  Lath.  ; 
Temm.,  Col.,  pi.  46;  la  Tourterelle  a  gorge  tachetée  du  Sé- 
négal, BulF.  La  Tourterelle  maillée  de  Levaillant  (Afr. ,  pK 
270)  est  répandue  dans  une  grande  partie  de  l'Afrique,  de- 
puis le  pays  des  grands  Namaquois  jusqu'au  Sénégal ,  et  se 
trouve  aussi  dans  l'Inde;  car  on  ne  sauroit  la  méconnoître 
dans  la  tourterelle  grise  de  Surate  de  Sonnerai  (  Voy.  aux 
Indes,  pag.  180).  Elle  a  dix  pouces  de  longueur.  Sa  tête  et 
le  haut  de  son  cou  sont  d'une  belle  couleur  vineuse;  sa  poi- 
trine, garnie  de  plumes  échancrées  au  bout,  est  roussàtre  et 
variée  de  nombreuses  petites  lignes  noires;  le  haut  du  dos 
est  d'un  brun  mêlé  de  roux,  chaque  plume  y  étant  de  la 
première  couleur  à  sa  base,  et  terminée  parla  seconde;  les 
couvertures  alaires  les  plus  rapprochées  du  corps  présentent 
les  mêmes  teintes,  et  celles  qui  sont  vers  le  poignet  sont 
grises;  les  grandes  pennes  de  l'aile  sont  noirâtres  et  les 
moyennes  cendrées;  le  ventre  a  une  légère  teinte  vineuse, 
qui  blanchit  sous  le  bas-ventre  et  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue;  les  pennes  de  celle-ci  sont  noires  en  dessous, 
depuis  leur  origine  jusque  vers  la  moitié  de  leur  longueur,  et 
le  reste  est  blanchâtre;  en  dessus  les  six  pennes  intermé- 
diaires sont  d'un  brun  cendré,  et  les  trois  latérales  de  chaque 
côté  sont  plus  foncées  à  leur  origine,  avec  le  bout  blanc  ;  le 
bec  est  d'un  noir  brun,  jaunissant  vers  la  pointe;  les  yeux 
sont  orangés  et  les  pieds  d'un  rouge  clair. 

La  femelle  ,  plus  petite  que  le  mâle,  a  ses  couleurs  moins 
vives. 

Cette  colombe  niche  sur  les  arbres,  roucoule  comme  la 
tourterelle  et  pond  deux  œufs  blancs. 

82.  Colombe  blanche;  Columha  alha,  Temm.,  Col.,  pi.  46. 
Cette  espèce  est  plus  petite  que  la  colombe  blonde,  avec  la 
variété  blanche  de  laquelle  M.  Vieillot  la  confond  ;  sa  queue 
est  plus  courte  et  ses  ailes  sont  plus  longues  à  proportion; 
tout  son  plumage  est  blanc  de  lait,  sans  teinte  vineuse  ou 
isabelle,  ni  collier  noir;  les  pieds  sont  d'un  rouge  rosé;  l'iris 
est  rouge  et  le  bec  d'un  rouge  noirâtre. 


35a  piQ 

Elle  paroît  être  originaire  de  la  Chine.  En  domesticité 
elle  redoute  beaucoup  le  froid  de  nos  climats. 

83.  Colombe  longup;  Columba  Icphotes,  Temm.  et  Laug. , 
Ois.  Color. ,  pi.  142.  Elle  a  été  trouvée  récemment  dans  l'in- 
térieur de  la  Nouvelle-Hollande,  au-delà  des  montagnes 
Bleues  qui  ceignent  le  comté  de  Cumberland.  Ses  caractères 
généraux  la  rapprochent  du  groupe  des  tourterelles.  Sa  lon- 
gueur totale  est  de  douze  pouces  environ;  ses  formes  sont' 
sveltes. 

Elle  est  surtout  remarquable  par  une  longue  huppe  hori- 
zontale de  plumes  effilées,  qui  garnit  son  occiput  et  qui  est 
tout -à- fait  semblable,  par  sa  forme  et  la  direction  de  ses 
plumes,  à  la  huppe  du  vanneau  d'Europe.  Sa  tête,  le  devant 
de  son  cou,  sa  poitrine  et  son  ventre,  sont  d'un  gris  cendré; 
sa  huppe  est  d'un  gris  noirâtre;  le  derrière  du  cou  ou  la 
nuque  est  d'un  cendré  vineux;  son  dos  et  les  petites  cou- 
vertures de  ses  ailes  sont  d'un  brun  cendré;  sur  les  couver- 
tures, chaque  plume  a  une  petite  barre  noire,  transverse 
dans  son  milieu,  et  le  bout  est  d'un  cendré  roussàtre,  d'où 
il  résulte  un  grivelé  très -agréable  de  gris,  de  noir  et  de 
Toussàtre  ;  chacune  des  grandes  couvertures  alaires  est  ter- 
minée par  une  plaque  d'un  vert  métallique  très-brillant  et 
lisérée  de  blanc;  les  pennes  sont  d'un  gris-cendré  très-foncé, 
et  chacune  des  secondaires  porte  une  tache  d'un  pourpre 
brillant,  à  reflets  métalliques  sur  ses  barbes  extérieures,  qui 
sont,  comme  les  grandes  couvertures,  lisérées  de  blanc;  les 
pennes  caudales  sont  d'un  noir  à  reflets  verts  et  violets,  avec 
leur  extrémité  blanche  ;  les  pieds  sont  rouges  ;  le  bec  est 
noir,  petit  et  mince. 

84.  Colombe  peinte  :  CoZumia  picturala,  Temm.  et  Laug. . 
Ois.  col.,  pi.  242;  Temminck,  Pig. ,  in- 8.",  page  ii5;  Co- 
lumba picturata  et  CoL  Dufresnii,  Shaw.  Cette  espèce  ,  dont  la 
longueur  est  de  onze  à  douze  pouces,  a  la  queue  longue, 
foiblement  arrondie;  la  tête,  la  gorge  et  la  nuque  d'un  gris 
cendré  ;  le  bas  du  cou,  la  poitrine  et  le  haut  du  ventre 
d'une  couleur  vineuse  claire  :  les  côtés  du  cou  couverts  de 
plumes  échancrées,  noires  à  leur  base,  et  terminées  de  cou- 
leur vineuse  ;  le  manteau  et  les  petites  couvertures  des  aileSt 
d'un  vineux  assez  foncé;  le  dos,  le  croupion  et  les  flancs 


PIG  353 

gris  ;le  bas- ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 
blanchâtres;  les  pennes  des  ailes  et  les  deux  intermédiaires 
de  la  queue  d'un  brun  cendré,  et  les  latérales  d'un  gris  noi- 
râtre à  la  base,  noires  vers  les  trois  quarts  de  leur  longueur 
et  terminées  de  cendré;  toutes  les  pennes  caudales  noires  en 
dessous  et  terminées  de  blanc  grisâtre;  le  bec  et  les  pieds 
d'un  bleu  cendré  ou  couleur  de  plomb.    • 

Elle  est  de  passage  à  l'Isle- de -France.  M.  Temminck  pense 
qu'elle  doit  aussi  se  trouver  à  Madagascar. 

85.  Colombe  a  large  queue  :  Columba  malaccensis  et  Co- 
lumha  hantamensis ,  Lath.  ;  Columba  striata.  Mus.  Carlson. , 
tab.  67;  la  Petite  TOURTERELLE  de  Queda,  Sonnerat ,  Voyage 
aux  Indes,  tome  2,  page  177  ;  Tourterelle  rayée  des  Indes, 
Buff.  Elle  a  huit  pouces  de  longueur,  sur  quoi  sa  queue 
en  prend  Ja  moitié;  ses  ailes,  courtes,  dépassent  à  peine 
l'origine  des  pennes  caudales;  sa  queue  est  composée  de  qua- 
torze pennes,  dont  les  deux  latérales  sont  très-étagées  et 
les  dix  du  milieu  presque  égales;  l'oiseau  l'étalé  très-sou- 
vent en  forme  d'éventail;  le  front  et  la  gorge  sont  d'un  gris 
bleuâtre  clair;  le  dessus  de  la  tête  jusqu'à  l'occiput  est  bru- 
nâtre; la  nuque  et  les  côtés  du  cou  sont  couverts  de  plumes 
écailleuses  ou  maillées  roussàtres  et  terminées  par  un  petit 
liséré  noir;  le  dos,  les  couvertures  des  ailes  et  le  croupion 
sont  d'un  gris  terreux,  toutes  les  plumes  de  ces  parties  étant 
bordées  de  noir  dans  leur  extrémité  ;  les  grandes  et  moyennes 
pennes  alaires  sont  d'un  brun  noir  en  dessus  ;  le  milieu 
de  la  poitrine  est  de  couleur  vineuse  ;  le  ventre  et  le  bas- 
ventre  sont  blancs  (et  maillés  de  brun  dans  la  ligure  de 
Mad.*"  Knip  ,  ce  que  n'indique  pas  la  description)  ;  les  pennes 
de  la  queue  sont  généralement  d'un  noir  brun  et  terminées 
de  blanc  ;  les  deux  intermédiaires  sont  en  entier  d'un  brun 
terreux;  le  bec  est  noir  et  lavé  de  jaune  à  sa  base  et  à  sa 
pointe;  l'iris  et  les  pieds  sont  de  couleur  d'orpiment.  Dans 
la  femelle  les  couleurs  sont  plus  ternes  et  les  raies  transver- 
sales noires  des  extrémités  des  plumes  moins  tranchées  que 
dans  le  mâle. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  la  presqu'île  de  l'Inde  ,  au-delà 
du  Gange ,  aux  Moluques  et  dans  les  iles  de  la  Sonde.  Elle 
a  été  transportée  à  l'Isle-de-France,  où  elle  a  pullulé.  A  Java, 
40.  25 


-554  PICx 

selon  les  observations  de  feu  M.  Lesclienault,  elle  fréquentt 
les  lisières  des  grands  bois  et  établit  son  nid  sur  les  arbres 
élevés.  Les  Javans  la  considèrent  comme  de  bon  augure 
et  se  la  procurent  à  prix  d'argent  pour  l'élever  en  domes- 
ticité, persuadés  que  le  roucoulement  de  cet  oiseau  empêche 
les  maléfices  dont  ils  peuvent  être  l'objet.  Us  lui  donnent 
le  nom  de  houron  - percoutoute.  A  la  Chine  elle  est  appelée 
foivat. 

Les  pennes  latérales  de  la  queue  ,  étagées  dans  cette  espèce , 
tandis  que  celles  du  milieu  ne  le  sont  pas,  montrent  en  elle 
un  passage  à  la  seconde  division  de  la  section  des  colombes 
proprement  dites.  Les  deux  espèces,  Columba  malaccensis  et 
hantamensis  de  Latham  ,  placées  par  cet  ornithologiste,  la  pre- 
mière parmi  les  colombes  à  queue  non  étagée,  et  la  seconde 
parmi  les  colombes  à  queue  très-étagée ,  doivent  être  réunies 
pour  constituer  l'espèce  que  nous  décrivons. 

86.  Coi.OiMBE  Geoffroy;  Columba  GeoJJ'roji,  Temm. ,  Col., 
pi.  57.  Cette  jolie  colombe  est  originaire  du  Brésil.  Sa  lon- 
gueur totale  est  d'environ  huit  pouces.  Elle  a  le  dessus  de 
la  tête  et  le  devant  du  cou  d'un  gris  blanc,  qui  se  change 
en  gris-de-perle  mat  sur  tout  le  reste  du  corps  ;  sa  queue, 
dont  les  pennes  sont  foiblement  étagées,  est  d'un  blanc-bleuâ- 
tre très-cldir;  ses  épaules  présentent  cinq  ou  six  taches  d"un 
noir- violet  changeant  en  bleu  ou  en  vert;  d'autres  taches 
pareilles  sont  sur  les  grandes  couvertures  alaires,  et  il  y  en 
a  aussi  de  rousses,  couleur  de  tabac  d'Espagne;  chacune  de 
celles-ci  est  terminée  postérieurement  par  une  ligne  noire; 
le  bec  est  noir;  les  pieds  sont  rouges. 

87.  Colombe  SOURIS  ;  Columba  cinerea,  Temm.,  pi.  58.  Cette 
autre  petite  espèce  du  Brésil  n'a  que  sept  pouces  de  lon- 
gueur; sa  queue  est  un  peu  plus  étagée  que  celle  delà  pré- 
cédente, quoique  fort  peu.  Le  mâle  a  le  front,  la  gorge,  le  des- 
sous du  cou,  la  poitrine  et  le  ventre  en  entier  d'un  blanc  lé- 
gèrement teint  de  gris-bleu;  le  dessus  de  la  tête,  le  derrière 
et  les  côfés  du  cou,  ainsi  que  le  haut  du  dos,  d'un  gris-bleu 
plus  foncé;  le  manteau,  les  couvertures  des  ailes,  le  crou- 
pon  et  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue,  ainsi 
que  l'origine  des  latérales,  d'un  gris  de  souris;  les  grandes 
pennes  alaires  d'un  gris  brun;  les  pennes  latérales  de  la  queue 


PIG  355 

noires  extérieurement  dans  les  trois  quarts  de  leur  longueur: 
le  bec  jaune  et  les  pieds  rouges. 

La  figure  de  Mad/  Knip  présente  de  petites  taches  bleues 
sur  les  couvertures  supérieures  de  l'aile,  dont  la  description 
ne  fait  aucune  mention. 

La  colombe  souris  femelle  diffère  beaucoup  du  mâle.  M. 
Temminck  l'a  figurée  pi.  260  des  Oiseaux  coloriés.  Sa  gorge, 
son  ventre,  son  bas-ventre  et  ses  flancs  sont  d'un  blanc  lé- 
gèrement teint  de  cendré;  la  poitrine  et  les  côtés  du  cou 
sont  d'un  brun  cendré  ;  toutes  les  parties  supérieures  d'un 
brun  foncé;  les  taches  des  ailes  d'un  brun  pourpre;  les  deux 
pennes  intermédiaires  de  la  queue  d'un  brun  roussàtre ,  les 
autres  noires,  avec  un  peu  de  roussàtre  à  la  base  et,  sur  les 
barbes  extérieures  et  la  plus  latérale  de  chaque  côté,  bordées 
de  roux -clair. 

88.  Colombe  ÉCAILLÉE  iColumha  squamosa ,  Temm.,  Col.,  pi.  5i.}. 
Cette  colombe  est  des  environs  de  Bahia  au  Brésil.  Sa  longueur 
totale  ne  dépasse  guère  huit  pouces,  sur  quoi  sa  queue  en 
prend  trois;  cette  queue ,  composée  de  quatorze  pennes,  a 
les  dix  intermédiaires  d'égale  grandeur,  et  les  deux  latérales 
de  chaque  côté  beaucoup  plus  courtes  et  étagées  entre  elles. 
Tout  le  plumage  est  écailleux  ou  maillé,  chacune  des  plumes 
étant  entourée  d'une  bordure  noire  ou  noirâtre  qui  en  des- 
sine le  contour;  le  fond  de  celles  de  la  tête  et  du  derrière 
du  cou  est  d'un  gris  vineux;  celui  des  plumes  du  devant 
du  cou  et  de  la  poitrine  d'un  vineux  très- clair;  celui  des 
plumes  du  ventre  blanchâtre,  etc.  La  couleur  des  plumes 
du  dos ,  du  croupion  ,  des  grandes  couvertures  alaires  et 
des  pennes  moyennes  de  la  queue  est  le  gris  terreux;  celle 
des  pennes  moyennes  et  d'une  partie  des  petites  couvertures 
est  le  blanc;  les  grandes  pennes  de  l'aile  sont  noires,  ainsi 
que  le  commencement  de  celles  de  la  queue  ,  dont  les  quatre 
latérales  de  chaque  côté  sont  terminées  par  un  grand  espace 
blanc;  le  bec  est  noir  et  les  pieds  sont  rouges. 

**  Colombes  à  queue  fortement  éiagée  dans  la  forme  d'uu  cône. 

89.  Colombe  voyageuse  :  Columba  migratoria ,  Linn. ,  Gmel.  ; 
Temm.,  Col. ,  pi.  48  (mâle)  et  4g  (fem.)  ;  Columba  canadensis  , 
Linn.,  Lath.  (fem.);  Tourterelle   de  Canada,  Buff. ,  pi.  enl. 


556  PIG 

n."  176  (fcm.);  Pigeon  de  passage,  ejutd.  Cet  oiseau  a^^té 
mal  connu  par  les  ornithologistes,  q\ii  la  plupart  ont  décrit 
le  mâle  et  la  femelle  comme  appartenant  à  deux  espèces  dis- 
tinctes. 

Le  mâle  a  seize  pouces  de  longueur  totale.  Sa  ttte ,  le  der- 
rière de  son  cou,  son  croupion  et  les  moyennes  couvertures 
de  ses  ailes,  sont  d'un  gris-cendré  bleuâtre;  le  bas  du  cou 
de  chaque  côté  présente  plusieurs  plumes  violacée's ,  à  reflets 
dorés  ;  le  dos  et  les  grandes  couvertures  des  ailes  sont  d'un  gris 
terreux,  et  les  dernières  ont  quelques  taches  noires,  dispo- 
sées irrégulièrement  sur  leurs  barbes  extérieures;  les  grandes 
pennes  de  l'aile  sont  noirâtres  et  bordées  de  blanc-roussâtre  ; 
la  poitrine,  le  devant  du  cou  et  le  ventre  sont  d'un  rouX 
vineux,  passant  au  blanchâtre  et  au^  blanc  sous  le  bas- ventre 
et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue;  celle-ci  est  étagée 
et  les  ailes  arrivent  à  peu  près  au  milieu  de  sa  longueur; 
les  deux  pennes  intermédiaires  sont  noirâtres,  et  toutes  les 
autres  d'un  gris  blanchâtre  en  dessus,  tandis  qu'en  dessous 
elles  présentent  une  gi^ande  tache  rousse,  suivie  d'une  tache 
noirâtre  sur  leurs  barbes  intérieures  et  près  de  leur  origine; 
le  tour  de  l'œil  est  nu  et  rouge;  l'iris  d'un  rouge  orangé;  le 
bec  noir  et  les  pieds  sont  rouges. 

La  femtUe  est  d'un  pouce  plus  petite  que  le  mâle.  Sa  tète, 
son  cou,  sa  poitrine  et  son  dos  sont  d'un  gris  brun;  le  bas 
des  côtés  du  cou  a  des  plumes  violettes  ,  mais  sans  reflets 
dorés  comme  dans  le  mâle;  les  grandes  couvertures  des  ailes 
sont  grises  et  marquées  irrégulièrement  de  taches  noires;  le 
croupion  est  d'un  gris  cendré,  avec  les  couvertures  supérieures 
et  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue  d'un  brun  ter- 
reux, toutes  les  autres  étant  d'un  gris  blanc;  en  dessous  ces 
pennes  ont  à  leur  base  les  taches  rousses  et  noires  qu'on  voit 
sur  celles  des  mâles;  le  ventre  en  entier  est  d'un  blanc  grisâtre. 
Une  variété,  regardée  par  Brisson  comme  la  femelle  de  la 
tourterelle  du  Canada,  a  toutes  les  plumes  de  la  tête  ,  du  cou  , 
de  la  poitrine  et  du  haut  du  dos  terminées  par  une  bande  d'un 
blanc  grisâtre. 

Cette  espèce  ,  qui  voyage  en  Amérique,  entre  les  20.*  et  60." 
degrés  de  latitude  septentrionale,  c'est-à-dire  entre  la  Loui- 
siane et  le  Canada,  se  porte  du  sud  au  nord  et  du  nord  au 


PIG  357 

sud,  de  manière  à  éviter  les  trop  grands  froids  et  les  trop 
fortes  chaleurs  :  ses  troupes  sont  quelquefois  si  nombreuses, 
qu'elles  obscurcissent  l'air.  Elle  fait  son  nid  sur  les  grands 
arbres  et  y  pond  deux  œufs  blancs. 

Comme  sa  chair  est  très -bonne  à  manger,  on  lui  donne  la 
chasse  à  l'époque  de  ses  migrations.  On  en  tue  beaucoup  alors, 
parce  qu'il  n'est  pas  difficile  de  l'approcher.  M.  Temminck. 
rapporte  qu'à  la  Louisiane  ,  lorsque  des  chasseurs  se  sont  assu- 
rés qu'une  troupe  de  ces  pigeons  a  pris  possession  d'un  arbre, 
pour  s'y  reposer,  ils  l'entourent  d'herbes  odoriférantes  et  y 
mettent  le  feu;  les  colombes,  suffoquées  par  la  fumée  ,  ajoute- 
t-il,  tombent  de  l'arbre  et  deviennent  pour  eux  une  proie 
facile. 

go.  Colombe  phasianelle  :  Columha  phasianella,  Temm.  , 
Trans.  soc.  linn. ,  t.  i3,  p.  129;  Temm.  et  Laug. ,  Ois.  col., 
pi.  100;  la  Tourterelle  d'Amboine,  BufF.  ,  Ois.,  tome  2  , 
page  557;  Columha  amboinensis,  Lath.,  Index  ornith.,  vol.  2, 
sp.  74.  La  taille  (quatorze  à  quinze  pouces)  et  les  formes  de 
cette  colombe  sont  semblables  à  celles  de  la  colombe  voya- 
geuse; sa  queue,  plus  longue  à  proportion,  est  étagée  comme 
celle  des  faisans  ;  la  tête,  le  devant  du  cou  et  toutes  les  parties 
inférieures  du  corps,  ainsi  que  la  face  inférieure  de  la  queue, 
sont  d'un  rougeàtre-bai  très -vif;  la  gorge  est  blanchâtre  ou 
jaunâtre;  le  derrière  du  cou  ou  la  nuque  est  d'un  violet 
pourpré,  à  reflets  dorés;  le  dos,  les  ailes,  le  croupion,  la 
face  supérieure  de  la  queue  sont  d'un  brun  rougeàtre;  il  y  a 
du  noirâtre  vers  le  bout  des  pennes  latérales  de  cette  queue; 
les  pieds  et  le  bec  sont  d'un  brun  rougeàtre;  le  tour  de  l'œil 
est  rouge.  Dans  les  jeunes  de  l'année,  les  parties  supérieures 
du  corps,  d'un  brun  rougeàtre,  sont  rayés  transversalement 
de  noir  ;  les  inférieures  le  sont  aussi  sur  un  fond  roux  jau- 
nâtre. Plus  tard  les  bandes  du  dos  sont  plus  larges  et  moins 
nombreuses;  il  y  a  du  vert  à  reflets  métalliques  pourprés 
sur  le  bas  du  cou;  le  dessous,  excepté  la  poitrine,  est  de 
couleur  vineuse  et  rayé  de  nombreuses  bandes  noires  en 
zigzag. 

Cette  espèce  habite  les  îles  de  la  Sonde,  les  Moluques  ,  les 
Philippines  et  quelques  points  de  la  Nouvelle- Hollande.  Elle 
se  nourrit  du  fruit  du  pimentier. 


358  PIG 

91.  Colombe  Reinwardt;  Columha  Reinaardtii ,  Temin.  et 
Laug.,  O'S.  col.,  pi.  248.  Elle  est  plus  grande  que  la  colombe 
phasianelle.  Sa  queue  est  plus  longue  et  plus  étagée.  Son  bec 
est  remarquable  en  ce  que  les  deux  mandibules  sont  renflées 
un  peu  avant  le  bout.  La  tête  et  la  nuque  sont  d'un  cendré 
clair  ;  la  face  et  le  devant  du  cou  blancs  ;  la  poitrine  et  le 
ventre  d'un  blanc  légèrement  teinté  de  gris;  les  cuisses  et 
les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  blanc  gris  de 
plomb  ;  le  dos,  les  scapulaires,  les  couvertures  des  ailes,  les 
quatre  pennes  moyennes  de  la  queue  (beaucoup  plus  grandes 
que  les  autres),  de  couleur  cannelle;  les  petites  et  les 
moyennes  couvertures  de  l'aile,  prés  du  poignet,  et  les  ré- 
miges ,  d'un  noir  plein  ;  les  quatre  pennes  latérales  de  la  queue, 
de  chaque  côté  et  en  dessus,  noires  à  leur  base,  cendrées  dans 
leur  milieu,  et  terminées  de  noir  ou  de  roux  ;  l'extérieure 
est  bordée  de  blanc.  La  ligure  montre  en  dessous  toutes  ces 
pennes  de  couleur  cannelle  ,  moins  les  deux  latérales  de 
chaque  côté,  qui  sont  grises  sur  leurs  barbes  internes  et  tra- 
versées d'une  bande  noire  vers  le  bout,  le  bord  de  la  pre- 
mière étant  blanc,  et  une  petite  tache  de  cette  couleur  se 
trouvant  vers  la  pointe  externe  de  la  seconde  et  en  dehors* 
Le  tour  de  l'œil  et  un  espace  qui  se  porte  jusqu'à  la  base 
du  bec,  sont  dépourvus  de  plumes,  et  rouges;  les  pieds  sont 
de  cette  même  couleur.  La  longueur  totale  de  l'oiseau  est 
de  dix- huit  à  dix- neuf  pouces. 

Cette  espèce  vit  dans  l'île  des  Célèbes. 

92.  Colombe  tourte  :  Columha  carolinensis ,  Linn.,  Lath.  ; 
Temm.  ,  Col.,  pi.  5o;  Columha  marginala,  Lath.;  la  Tourte  ou 
Tourterelle  de  la  Caroline,  Buff.,  pi.  enlum. ,  n.°  lyS  (fem.)  ; 
la  Tourterelle  d'Amérique,  ejusd.,  Ois. ,  tom.  2  ,  pag.  662  ;  la 
Tourterelle  a  longue  queue,  Edwards,  Birds,  tab.  i  5  (mâle). 
Le  mâle  et  la  femelle  de  cette  espèce  ont  encore  été  décrits 
comme  appartenant  à  deux  espèces  différentes.  Le  premier 
est  long  de  onze  pouces,  sur  quoi  sa  queue  en  prend  cinq  , 
et  sts  ailes,  ployées ,  n'atteignent  qu'au  quart  de  celle-ci. 
Il  a  la  partie  antérieure  de  la  tête  et  la  gorge  d'un  brun 
roussàtre;  l'occiput  d'un  cendré  bleu;  le  manteau  d'un  gris- 
brun  foncé ,  avec  des  taches  noires  ovales  sur  les  scapu- 
laires et  sur  les  grandes  couvertures  alaires  les  plus  rappro- 


PIG  359 

chées  du  corps;  le  bas  du  dos,  le  croupion  et  les  couver- 
tures supérieures  de  la  queue  d'un  brun  cendré;  le  devant 
du  cou  et  la  poitrine  d'un  rouge  vineux,  qui  s'éclaircit  sous 
le  ventre  et  sur  les  flancs.  Le  bas  du  cou  offre  quelques  re- 
flets dorés  et  violets;  une  ligne  blanche  étroite  va  de  la  com- 
missure du  bec  à  l'œil,  et  au-dessous  de  l'orifice  de  l'oreille 
est  une  petite  tache  composée  de  plumes  noires,  lustrées  de 
violet;  les  pennes  de  l'aile  sont  brunes,  avec  leur  bord  ex- 
térieur roussàfre;  la  penne  de  la  queue  qui  vient  après  l'in- 
termédiaire, est  d'un  brun  cendré;  les  deux  qui  suivent  sont 
cendrées,  avec  du  noir  dans  leur  milieu  ;  les  trois  latérales  sont 
cendrées  depuis  leur  origine  jusqu'au  milieu  ,  ensuite  elles  ont 
du  noir,  et  toutes  sont  terminées  de  blanc;  le  tour  des  yeux 
est  nu  et  de  couleur  terne;  l'iris  est  brun;  le  bec  couleur  de 
corne  ;  les  pieds  sont  rougeàtres. 

La  femelle,  un  peu  plus  petite,  n'a  pas  de  tache  violacée 
au-dessous  de  l'oreille,  ni  de  reflets  dorés  au  bas  du  cou; 
tout  le  dessous  de  son  corps  est  d'un  cendré  brun. 

Cet  oiseau  se  trouve  à  la  Caroline,  dans  les  îles  du  golfe 
du  Mexique  et  au  Brésil. 

93.  CotOMBE  A  MOUSTACHES  NOIRES  :  Columha  dominicensis , 
Linn.,  Lath.;  Temm,,  Col,,  pi.  5i  ;  la  Tourterelle  de  Satm- 
DoMiNCUE,  Bufl'. ,  pi.  enl.,  n."  487.  Cette  jolie  colombe  a  onze 
pouces  de  longueur  totale.  Son  front,  sa  gorge  ,  ses  joues  et 
le  derrière  de  sa  tête  sont  blancs;  une  moustache,  de  cou- 
leur noirâtre,  prend  à  l'angle  du  bec,  se  porte  sous  l'œil  et 
se  prolonge  un  peu  en  arrière;  le  sommet  delà  tête,  et  d'un 
œil  à  l'autre  ,  est  traversé  par  une  bande  noire  ;  un  collier 
noir  entoure  le  cou  ;  la  poitrine  est  d'une  couleur  vineuse 
pourprée  et  à  reflets  métalliques;  le  ventre  d'un  brun  cendré; 
toutes  les  parties  supérieures  sont  d'un  brun  terreux;  les  sca- 
pulaires  et  les  couvertures  des  ailes  d'un  gris  brun,  avec  «ne 
tache  alongée,  pointue  et  noire,  le  long  de  la  baguette  de 
chacune  ;  les  pennes  alaires  noirâtres,  et  extérieurement  bor- 
dées de  gris-blanc  ;  les  neuf  pennes  intermédiaires  de  la  queue 
grises,  et  toutes,  à  l'exKeplion  de  celles  du  milieu,  sont  ter- 
minées de  blanc  ;  les  pieds,  dont  le  tarse  est  nu ,  sont  rou- 
geàtres ;  le  bec  est  noir. 

La  figure  de  Mad.''  Knjp  diffère  de  cette  description,   en 


3Co  PIG 

*ce  que  du  vineux  se  remarque  derrière  la  bande  noire  Irans- 
verse  du  dessus  de  la  tête;  en  ce  que  la  poitrine  est  rouge, 
le  ventre  jaune,  et  que  les  huit  pennes  intermédiaires  de  la 
queue  sont  entièrement  grises  ,  avec  les  trois  latérales  de 
chaque  côté  toutes  blanches. 

Cette  espèce  américaine  paroît  habiter  les  îles  du  golfe 
du  Mexique  et  la  terre  ferme  circonvoisine. 

94.  Colombe  Maugb;  Columha  Maiigei,  Temm.,  Col.,  pi.  Si. 
Ce  pigeon  a  surtout  de  l'analogie  avec  la  colombe  large- 
queue;  mais  il  est  plus  grand  et  en  diffère  à  plusieurs  égards, 
ainsi  qu'on  pourra  en  juger  par  la  description  suivante.  Sa 
taille  est  de  dix  pouces,  et  sa  queue  ,  composée  de  douze 
pennes,  est  fortement  étagéc;  le  front  et  la  gorge  sont  d'un 
gris  de  plomb  ;  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine ,  les  flancs  et  le 
ventre  sont  rayés  de  bandes  étroites,  transverses  et  alterna- 
tives, de  noir  et  de  blanc;  le  dos  est  gris  terreux,  avec  des 
tnches  irrégulières  plus  foncées  ;  les  deux  pennes  intermé- 
diaires de  la  queue  sont  d'un  gris  terreux  dans  toute  leur  lon- 
gueur, et  les  latérales  noires  avec  le  bout  blanc;  le  bec  et 
les  pieds  sont  noirs. 

La  figure  de  Mad.''  Knip  nous  paroît  défectueuse  ,  en  ce 
qu'elle  montre  précisément  le  caractère  que  M.Temminck  in- 
dique comme  propre  à  la  colombe  à  large  queue  :  c'est-à-dire 
d'avoir  les  pennes  caudales  égales,  excepté  les  deux  latérales 
de  chaque  côté,  qui  sont  plus  courtes  et  étagées:  une  queue 
fortement  étagée  ,  telle  que  M.  Temminck  l'indique  pour  la 
colombe  Maugé,  devroit  avoir  toutes  ses  pennes  latérales  de 
grandeur  progressivement  décroissante,  depuis  la  plus  inté- 
rieure jusqu'à  la  plus  extérieure. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  par  feu  Maugé  dans  une  des  iles 
de  l'Australasie. 

96.  Colombe  tourtelette  :  Columha  capensis ,  Linn.,  Gmel.  ; 
Temm. ,  Co/.,  pi.  53  et  64;  la  Tourtelette,  Buff.,  Ois. ,  vol.  2, 
p.  554;  IS'  Tourterelle  a  cravate  noire,  Buff.,  pi.  enlum. , 
n."  140,  mâle.  Cette  espèce,  à  peine  de  la  taille  du  moineau, 
a  une  taille  svelte  et  une  longueur  assez  considérable,  puis- 
qu'elle est  de  neuf  pouces  et  demi;  mais  cette  longueur  est 
due  à  celle  de  la  queiie ,  qui  n'a  pas  moins  de  cinq  pouces  un 
quart,  et  qui  est  très- étagée  :  les  ailes  n'atteignent  que  son 
premier  tiers, 


PIG  36i 

Le  mâle  a  la  face,  le  devant  du  cou  et  le  milieu  de  la 
poitrine  d'un  beau  noir  ,  que  Mad/  Knip  a  ch.mgé  en 
pourpre  dans  sa  figure;  le  sommet  et  le  derrière  de  la  tête, 
la  partie  postérieure  du  cou  et  le  manteau,  les  couvertures 
supérieures  des  ailes  et  de  la  queue,  d'un  cendré  terreux; 
quelques  taches  d'un  noir  violacé  à  reflets  dorés  sur  les  cou- 
vertures alaires;  les  rémiges  rousses  sur  leurs  barbes  inté- 
rieures, et  noirâtres  sur  les  extérieures  et  vers  le  bout.  (La 
figure  montre  du  rouge  vif  sur  la  base  extérieure  de  ces 
pennes,  quoiqu'il  n'en  soit  pas  fait  mention  dans  la  descrip- 
tion. )  Les  pennes  caudales  sont  grises  à  leur  origine;  les 
six  intermédiaires  terminées  de  noirâtre  (  ces  six  pennes  sont 
brunes  dans  la  figure),  et  les  latérales  ont  une  bande  noire 
vers  leur  extrémité,  dont  la  pointe  est  grise  ;  la  plus  exté- 
rieure de  chaque  côté  a  ses  barbes  extérieures  blanches;  en 
dessous  cette  queue  est  entièrement  noire;  le  ventre  et 
le  bas-ventre  sont  d'un  blanc  pur;  le  bec  est  jaunâtre  et  les 
pieds  sont  rouges. 

La  femelle  a  la  tête,  le  cou,  la  poitrine,  le  dos  en  en- 
tier, les  grandes  couvertures  des  ailes,  et  le  dessus  des  deux 
pennes  intermédiaires  de  la  queue  d'un  gris  terreux;  les  pe- 
tites couvertures  alaires  d'un  gris  cendré;  le  croupion  tra- 
versé, comme  dans  le  mâle,  par  trois  petites  bandts  noires; 
le  ventre  et  le  bas-ventre  blancs. 

Un  jeune  individu,  figuré  par  MM.  Temminck  et  Laugier, 
Ois.  color. ,  pi.  541,  a  le  dessus  de  la  tête  d'un  gris  rous- 
sâtre,  avec  de  petites  ondes  brunes  transversales;  le  front  et 
la  gorge  grisâtres  ;  la  poitrine  et  le  dessous  du  cou  blanchâtres, 
avec  des  taches  transversales  brunes,  placées  à  l'extrémité  des 
plumes  de  ces  parties;  le  ventre  blanc;  les  plumes  des  cou- 
vertures des  ailes  grises,  puis  terminées  par  une  petite  barre 
transverse  noire  ,  suivie  d'une  barre  rousse  et  d'une  tache 
blanche;  les  grandes  pennes  rousses,  avec  une  bordure  noire 
dans  leur  extrémité,  au-delà  de  laquelle  est  un  liséré  fauve; 
le  dos  et  le  croupion  gris  terreux;  les  longues  pennes  du  mi- 
lieu de  la  queue  de  la  même  couleur  ,  et  les  latérales  gi'ises, 
avec  du  noir  et  du  blanc  au  bout. 

Cette  espèce  habite  le  Sénégal  et  les  parties  plus  méridio- 
nales de  l'Afrique. 


562  PIG 

96.  CotOMBE  TOURTELINE;  Columha  turturina ,  Nob.  ;  Temm. 
et  Laug. ,  Ois.  color. ,  pi.  041.  Celle-ci,  qui  ne  nous  est 
connue  que  par  la  seule  figure  qu'en  ont  donnée  MM.  Tem- 
minck  et  Laugier,  paroît  être  est  la  plus  petite  de  toutes 
les  colombes.  Son  front  est  d'un  gris  d'ardoise  ;  son  dos  d'un 
gris-brun  de  fauvette  ;  sa  poitrine  d'un  vineux  très -clair;  sa 
gorge  roussâtre;  son  bas-venlre  blanchâtre  ;  ses  ailes  sont  de 
la  couleur  du  corps,  avec  les  grandes  couvertures  alaires 
terminées  par  des  taches  blanches,  précédées  de  taches  noires, 
qui  donnent  lieu  à  deux  doubles  lignes  de  ces  couleurs  en 
travers  de  l'aile;  les  six  pennes  intermédiaires  de  la  queue 
(qui  est  très -longue)  sont  du  gris- brun  du  dos  ;  toutes  les 
latérales  noires  du  côté  interne  et  bordées  de  blanc,  qui  va 
en  s'élargissant  depuis  leur  base  jusqu'à  leur  pointe.  Sa  patrie 
ne  nous  est  pas  connue. 

97.  Colombe  Macquarie  ;  Columha  Macquarie ,  Quoy  et  Gai- 
mard ,  Zool,  de  l'expédition  de  la  corvette  l'Uranie,  pi.  01. 
Cette  espèce,  de  la  Nouvelle -Hollande,  est  décrite  d'après 
un  dessin  remis  à  MM.  Quoy  et  Gaimard  par  M.  Macquarie, 
ancien  gouverneur  de  la  Nouvelle-Galles  du  sud.  Sa  longueur 
totale  est  d'un  peu  plus  de  sept  pouces,  sur  quoi  la  queue  en 
prend  trois  et  demi.  La  tête,  le  cou  et  la  poitrine  ,  sont  d'un 
cendré  bleuâtre;  le  ventre  est  d'un  blanc  sale;  le  dos  et  le 
croupion  sont  d'un  brun  clair;  les  petites  couvertures  des 
ailes  brunâtres  et  irrégulièrement  parsemées  de  nombreuses 
taches  oculaires,  blanches,  bordées  de  noir  dans  la  moitié 
de  leur  contour;  les  grandes  couvertures  sont  cendrées,  avec 
des  taches  comme  ci -dessus  à  leur  extrémité.  Quelques  lu- 
nules brunes  se  font  remarquer  sur  plusieurs  des  pennes 
alaires,  qui  sont  d'un  brun  rougeâtre  ;  la  queue  est  étagée  et 
pointue;  les  couvertures  supérieures  et  les  premières  ])ennes 
sont  d'un  cendré  bleuâtre,  comme  la  gorge;  les  pieds  sont 
rougeàtres ,  assez  longs;  le  bec  est  noir;  l'œil  entouré  d'un 
cercle  aurore,  au  milieu  duquel  se  dessine  le  rebord  noir 
et  piqueté  des  paupières;  l'iris  rougeâfre. 


PIG  363 

3/  Section. 

COLOMBARS,  Levaill. -,' Vinago ,  Cuv. 

Bec  épais,    un  peu  gros,   comprimé  par  les  côtés   et  sensiblement 
renflé  vers  la  pointe;    tarses  courts 5  doigts  réunis  à  leur  base. 

98.  CoLOMBAR  commandeur:  ColumhcL  militaris,  Temm.,  Col.^ 
pi.  1  ;  Colurnba  Sancti  Thomœ ,  Lath.,  GmeL;  Pigeon  de  l'îi.e 
Saint-Thomas,  Buff. ,  Ois.,  tome  2.  Cette  grande  espèce  a 
douze  pouces  et  demi  de  longueur  totale;  son  bec  n'a  que 
onze  lignes  et  est  très-robuste.  Le  mâle  a  la  tête  d'un  gris-bleu 
clair;  le  cou  jaune  en  devant  et  un  peu  en  arrière,  où  cette 
couleur  est  séparée  de  celle  du  dos  par  une  bande  trans- 
verse d'un  gris -bleu  cendré;  le  dos  d'un  vert-pomme  sale , 
qui  se  change  en  gris  sur  le  croupion;  une  tache  d'un  brun 
pourpré  sur  les  petites  couvertures  du  poignet  de  l'aile  ; 
les  pennes  alaires  noires,  les  plus  grandes  étant  frangées  sur 
leur  côté  extérieur  de  jaune  blanchâtre,  et  les  dernières  do 
jaune  olivacé;  le  ventre  d'un  gris  bleuâtre;  les  plumes  des 
cuisses  d'un  jaune  de  paille;  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  rousses  et  terminées  de  bleu;  le  dessus  des  deux  pennes 
intermédiaires  de  la  queue  vert  comme  le  dos;  la  base  de 
toutes  les  latérales  de  la  même  couleur ,  avec  l'extrémité  grise  ; 
le  dessous  de  ces  pennes  noir,  avec  l'extrémité  d'un  gris  blan- 
châtre; les  tarses  nus  et  rouges. 

Dans  la  femelle,  le  plastron  jaune  du  mâle  est  remplacé 
par  du  vert-jaunâtre  sale;  la  nuque  est  d'un  olive  foncé,  la 
bande  transverse  du  haut  du  dos  d'un  gris  clair;  les  épaulettes 
sont  d'un  pourpre  passant  au  lilas;  les  scapulaires  d'un  vert 
grisâtre;  le  ventre  est  verdâtre  ;  les  pennes  latérales  de  la 
queue  sont  grises  dans  toute  leur  longueur,  et  les  deux 
moyennes  vertes  ;  les  plumes  du  bas-ventre  jaunes  à  leur 
pointe.  Les  jeunes  sont  plus  ou  moins  grisâtres  en  dessus  et 

olivacés  en  dessous. 
Ce  colombar  est  des  Indes. 
9g.  Coi.oMBAR  MAiTsou  :  Columha  australis  ,   Lath. ,    Linu,  ; 

Temm.,  CoL,  pi.  3;   le   Pigeon  ramier  vert  de  Madagascar.. 

BufiF. ,  pi.  enl. ,  n."  111.  Il  est  de  la  taille  du  précédent.  Sa 

tC-le,  sou  cou,  sa  poitrine  et  son  ventre  sont  d'un  vert-oli- 


364  PIG 

vàtre  clair;  son  dos,  son  croupion,  les  couvertures  du  dessus 
de  l'aile  et  du  dessous  de  la  queue  sont  d'un  vert  foncé; 
l'épauletfe  porte  une  petite  tache  d'un  brun  pourpre;  une 
bande  transverse  jaune  se  voit  sur  Taile,  et  est  formée  par 
les  extrémités  des  grandes  couvertures  ,  qui  sont  de  cette 
couleur;  les  grandes  pennes  alaires  sont  noires  et  bordées 
d'une  ligne  jaune;  la  face  supérieure  de  la  queue  est  d'un 
gris  foncé  dans  ses  trois  premiers  quarts ,  et  d'un  gris  clair 
dans  le  reste;  en  dessous  elle  est  noire  à  sa  base  et  termi- 
née de  blanchâtre;  les  plumes  des  tarses  sont  vertes  et  pro- 
longées jusqu'tà  l'origine  des  doigts  ;  le  bas-ventre  est  de 
cette  couleur,  avec  des  taches  blanches  ;  les  couvertures  in- 
férieures de  la  queue  sont  rousses,  avec  l'extrémité  blanche; 
la  peau  nue  de  la  base  du  bec  est  rougeàtre,  la  corne  en  est 
grise;  les  doigts  sont  rouges. 

Cet  oiseau  est  de  Madagascar,  oii  les  naturels  le  nomment 
Fo«rnmgo-maiY50«.  Il  diffère  spécifiquement  du  Fourningo-me- 
narabou  {Columha.  rnadagascariensis ,  Lath.),  espèce  n.°43  ,  avec 
lequel  Buffon  l'a  confondu. 

loo.  CoLOMBAR  Capelle;  Columbd  Capellei ,  Temm.  et  Laug.  , 
Ois.  color. ,  pi.  145.  Cette  espèce  a  été  découverte  récem- 
ment, dans  l'intérieur  de  l'ile  de  Java  et  de  la  presqu'île  de 
Sumatra,  par  M.  Reinwardt.  Elle  est  de  la  taille  des  plus 
grandes  espèces  de  colombars;  c'est-à-dire,  que  sa  longueur 
totale  est  de  treize  pouces  environ.  Son  bec  présente  les  ca- 
ractères bien  marqués  des  oiseaux  de  cette  division  ;  il  est 
plus  fort  et  plus  comprimé  que  celui  d'aucun  d'entre  eux. 
Le  mâle  a  le  front  cendré  verdàtre  ;  le  restant  de  la  tête, 
la  gorge,  le  croupion  et  toutes  les  parties  inférieures  du 
corps,  la  poitrine  exceptée,  d'un  vert  clair,  et  comme  sau- 
poudré de  gris  cendré  ;  la  poitrine  est  d'un  jaune  mordoré; 
la  nuque,  le  dos  et  les  ailes  sont  d'un  A'ert  foncé;  les  grandes 
pennes  alaires  d'un  noir  profond;  les  secondaires  et  quel- 
ques couvertures,  du  même  noir,  et  bordées  extérieurement 
de  jaune  pur;  les  pennes  latérales  de  la  queue,  en  dessus, 
grises  à  leur  base,  puis  marquées  d'une  large  bande  trans- 
versale noire  et  terminées  de  gris  clair,  noires  et  à  pointes 
blanchâtres  en  dessous  ;  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  d'un  roux  marron;  les  pieds  rouges. 


PIG  365 

La  femelle  a  plus  de  cendré  que  le  mâle  mélangé  au  vert 
de  son  plumage;  la  tache  jaune -mordoré  de  la  poitrine 
remplacée  par  une  teinte  verte  jaunâtre  ;  un  peu  de  ver- 
dàtre  dans  les  couleurs  de  la  queue,  qui  sont  d'ailleurs  les 
mêmes  que  celles  de  la  queue  du  mâle;  les  couvertures  in- 
férieures de  cette  partie  blanchâtres  et  tachetées  de  vert; 
quelques  plumes  blanchâtres  au  bas -ventre,   etc. 

ICI.  CoLOMBAa  A  QCEUE  POINTUE:  Columba  oxyura,  Reinw.  ; 
Laug,  etTemm.,  pi.  col.,  n.°  240.  Cette  espèce  de  pigeon 
diffère  de  toutes  les  autres,  en  ce  que.  les  deux  pennes  in- 
termédiaires de  la  queue  sont  pointues  et  plus  longues  d'un 
pouce  que  les  latérales,  qui  sont  assez  foiblement,  mais  très- 
également  étagées.  Sa  longueur  totale  est  de  treize  pouces. 
La  tête,  le  dos,  le  cou  et  le  ventre  sont  d'un  vert  un  peu 
cendré  sur  les  parties  supérieures,  et  plus  pur  et  plus  clair 
sur  les  inférieures;  le  bas- ventre  est  jaune  ;  les  plumes  des 
couvertures  inférieures  sont  vertes  sur  leur  côté  interne  et 
jaunes  sur  l'extérieur.  Les  plumes  des  jambes  et  des  tarses 
sont  vertes  ;  les  pennes  de  la  queue  sont  grises  en  dessus 
dans  leur  première  moitié,  puis  traversées  par  une  bande 
noire,  et  terminées  de  gris  clair;  les  deux  intermédiaires 
seulement  sont  d'un  gris  brun  ,  qui  s'éclaircit  insensiblement 
depuis  leur  base  jusqu'à  leur  pointe;  en  dessous  toutes  sont 
noires  et  terminées  de  cendré  clair  ;  les  pennes  alaires  sont 
noires,  et  les  secondaires  sont  lisérées  de  cendré  ;  le  bas  du 
tarse  et  les  doigts  sont  rouges,  ainsi  que  le  tour  de  l'œil;  le 
bec  est  d'un  bleu  foncé  à  la  base,  et  d'une  teinte  plombée 
à  l'extrémité. 

La  figure  de  cet  oiseau  diffère  de  sa  description;  en  ce 
que  la  poitrine  est  traversée  par  une  bande  orangée  ,  que 
le  bout  du  bec  est  jaune,  et  que  la  peau  nue  du  tour  de 
l'œil  est  violette. 

Dans  la  femelle  ce  vert  du  coi-ps  est  plus  terne  et  le  bas- 
ventre  est  vert- jaunâtre  au  lieu  d'être  d'un  jaune  pur. 

On  trouve  ce  colombar  à  Java. 

102.  CoLOMBAa  unicolore;  Columla  psittacea ,  Temm.,  CoL. 
pi.  4.  11  a  dix  pouces  et  demi  de  longueur;  tout  le  corps  d'un 
beau  vert  clair;  les  pennes  de  l'aile  noires,  et  les  moyennes 
frangées  de  jaune  ;    les   deux  pennes   intermédiaires    de  l<i 


566  PIG 

queue  vertes  en  entier;  les  deux  suivantes  aussi  vertes  sur 
leurs  barbes  extérieures,  et  toutes  les  autres  grises  à  leur 
origine,  noires  au  milieu  et  blanches  dans  le  reste  de  leur 
étendue;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  vertes,  avec 
leur  extrémité  blanche;  le  bec  couleur  de  corne  avec  la  par- 
tie charnue  de  sa  base  rougeàtre;  les  pieds  d'un  bleu  noi- 
râtre. 

La  figure  de  Mad.^  Knip  montre  les  tarses  emplumës  et 
les  couvertures  supérieures  des  ailes  noires  et  bordées  de 
jaune,  caractères  dont  la  description  ne  fait  pas  mention. 

Dans  les  individus  qu'on  peut  regarder  comme  des  jeunes, 
à  cause  de  la  petitesse  de  leur  taille ,  le  corps  est  parsemé 
de  plumes  d'un  gris  cendré;  le  bout  du  fouet  de  l'aile  et 
quelques-unes  des  grandes  couvertures  aiaires  sont  d'un  gris 
noirâtre. 

Cet  oiseau  se  trouve  à  Java  et  à  Timor. 

io3.  CoLOMBAR aromatique:  Columbu  aromutica,  Lath.  ,Linn.: 
Temm. ,  CoL,  pi.  6  et  6;  le  Pigeon  vert  d'Amboine,  Buff. ,  pi. 
enl.,  n."  1 56.  Cet  oiseau,  que  BufFon  a  voulu  considérer  comme 
une  variété  du  biset,  en  diffère  non-seulement  par  ses  cou- 
leurs, mais  encore  par  toutes  les  formes  qui  distinguent  les 
colombars  des  colombes  proprement  dites.  Sa  longueur  est 
de  neuf  pouces  environ;  le  dessus  de  sa  tête  est  d'un  gris 
cendré;  la  nuque  d'un  verdàtre  cendré;  le  cou,  la  poitrine, 
le  ventre  en  entier  et  les  plumes  des  jambes  sont  d'un  vert 
sale  ,  et  les  dernières  terminées  de  blanc  ;  le  milieu  du 
dos,  les  scapulaires  et  les  petites  couvertures  des  ailes  d'un 
brun  pourpre;  les  autres  couvertures,  c'est-à-dire  les  grandes 
et  les  moyennes,  brunes  et  bordées  de  jaune  extérieurement; 
les  grandes  pennes  noires  ;  le  croupion ,  les  deux  pennes 
moyennes  de  la  queue  en  entier,  et  les  barbes  extérieures 
des  deux  pennes  les  plus  voisines,  d'un  vert-olive;  toutes 
les  autres,  c'est-à-dire  les  cinq  latérales  de  chaque  côté, 
d'un  gris  foncé  uniforme;  en  dessous,  toutes  les  pennes  cau- 
dales, noires  dans  leurs  trois  premiers  quarts,  sont  d'un  gris 
clair  dans  le  dernier;  l'iris  est  rouge;  le  bec  verdàtre,  avec 
sa  base  charnue  rougeàtre;  les  tarses  et  les  doigts  sont  de 
cette  dernière  couleur. 

Une  variété,  décrite  par  M.  Temminck  et  figurée  pi.  G  di- 


PIG  36; 

son  ouvrage,  a  la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  d'un  roux  car,- 
ntlle;  le  haut  du  dos,  les  scapulaires  et  les  petites  couver- 
tures des  ailes  d'un  brun  pourpre,  comme  dans  l'espèce  pro- 
prement dite;  le  ventre  et  le  croupion  d'un  gris  bleu;  les 
plumes  des  jambes  et  le  bord  des  couvertures  des  ailes  de 
couleur  jaune  ;  les  pennes  moyennes  de  la  queue  vertes  en 
dessus  ;  les  latérales  à  peu  près  de  cette  couleur  :  toutes 
ces  pennes  noires  et  terminées  de  blanc  sale  en, dessous. 

Le  pigeon  Pompadour  de  l.atham  et  de  Sonnini  [Columba 
Pompadora,  Lath.,  Gmel.)  n'est,  selon  M.  Temminck,  qu'une 
variété  du  pigeon  aromatique  ,  caractérisée  principalement 
par  les  petites  plumes  de  couleur  de  paille  qui  entourent  la 
base  du  bec,  et  qui  se  trouvent  placées  entre  cette  partie  et 
les  yeux.  Il  faut  remarquer  que  la  ligure  de  cet  oiseau  don- 
née par  M.  Brown ,  ne  peut  pas  inspirer  plus  de  confiance 
que  la  plupart  de  celles  que  ce  naturaliste  a  publiées,  et  dont 
les  défauts  sont  bien  reconnus  :  cette  figure  représente  les 
ailes  beaucoup  trop  courtes.  Vyellowfaced  pigeon  doit  au  con- 
traire être  rapporté  comme  variété  à  l'espèce  du  colombar 
aromatique. 

Une  seconde  variété  est  le  pigeon  à  bec  courbé,  de  Son- 
nini, hook-hilled  pigeon  [Col.  culvirostra,  Lath.,  Gmel.),  qui 
ne  diffère  de  notre  espèce  que  par  sa  taille  plus  petite  de 
deux  pouces,  par  une  bande  noire  traversant  les  pennes  la- 
térales de  la  queue  vers  leur  extrémité,  et  par  la  couleur 
jaune  du  bec  ;  ce  dernier  caractère  pouvant  d'ailleurs  pro- 
venir de  l'état  de  conservation  de  l'individu  décrit. 

Le  purple-shouLdered  pigeon  de  Latham  ,  regardé  par  cet  au- 
teur comme  une  variété  de  son  pigeon  pompadour,  ce  qui  le 
rapporteroit  à  l'espèce  du  colombar  aromatique,  n'est  au  sen- 
timent de  M.  Temminck,  qu'une  variété  du  colombar  com- 
mandeur. 

Le  colombar  aromatique  porte  à  Java  le  nom  de  bouron- 
jouane.ll  se  nourrit  des  fruits  du  figuier  des  pagodes.  Ficus 
religiosa,  Linn. ,  et  se  tient  sur  les  lisières  des  grands  bois. 

104.  Colombar  a  front  nu;  Columba  calva,  Temm.,  Col., 
pi.  7.  Cet  oiseau  a  onze  pouces  de  longueur  totale,  et  son 
bec  n'a  que  dix  lignes.  Sa  tête,  son  cou  et  toutes  les  parties 
inférieures  sont  d'un  beau  vert  clair;  le  haut  de  son  dos  est 


368  PIG 

d'un  gris  cendré,  et  le  bas  d'un  vert  foncé;  son  poignet  est 
marqué  d'une  tache  violette;  les  pennes  de  ses  ailes  sont 
noires  et  bordées  d'un  liséré  blanc  jaunâtre,  à  l'exception 
des  primaires;  les  deux  pennes  moyennes  de  la  queue  sont 
vertes,  et  les  autres,  d'un  gris  clair  dans  la  plus  grande  partie 
de  leur  longueur,  ensuite  d'un  gris  foncé,  sont  terminées  de 
gris  clair;  en  dessous,  toutes  ces  pennes  sont  noires  et  ter- 
minées de  gris:  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sont 
d'un  roux  cannelle  ,  avec  du  blanc  à  leur  pointe  ;  les  plu- 
mes qui  couvrent  la  moitié  supérieure  du  tarse  sont  jaunes, 
et  la  partie  nue  de  celui-ci  est  orangée. 

Ce  qui  caractérise  principalement  cette  espèce  et  lui  a  fait 
donner  le  nom  qu'elle  porte,  c'est  que  son  bec,  dont  le  bout 
corné  est  d'un  gris  argentin ,  a  la  peau  jaune  orangée  de  sa 
base  trcs-proîongée  sur  le  front  et  y  formant  une  plaque  dé- 
nudée très-analogue  à  celle  qu'on  voit  sur  le  front  des  foul- 
ques ou  morelles. 

Cette  espèce  habite  les  côtes  de  Loango  et  d'Angole,  en 
Afrique. 

io5.Colombar"VVaalia  :  Columha  ahjssinica ,  Lath.,  Temm. , 
Col.,  pi.  8  et  9  ;  le  Colomrar,  Levaill. ,  Afr. ,  pi.  276  et  277; 
TVaalla  pigeon,  Bruce.  Le  mâle  de  cette  espèce  a  onze  pouces 
et  demi  de  longueur  totale;  son  bec  est  très-épais.  Il  a  la 
tête,  le  cou  et  la  poitrine  d'un  gris  nuancé  de  vert  clair; 
toutes  les  autres  parties  supérieures  du  corps  d'un  vert  jau- 
nâtre; les  petites  couvertures  du  poignet  d'un  violet  tendre; 
les  grandes  couvertures,  les  pennes  primaires  et  secondaires 
noires  et  bordées  de  jaune;  le  ventre  d'un  beau  jaune;  le 
bas -ventre  et  les  plumes  de  la  base  du  tarse  d'un  blanc 
pur;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  d'un  roux  mar- 
ron et  bordées  de  roux  très  -  clair  ;  les  quatorze  pennes 
caudales  d'un  gris  bleuâtre  en  dessus,  et  noires,  terminées  de 
gris  clair,  en  dessous:  la  partie  nue  du  tarse  et  les  doigts 
rouges  :  les  yeux  orangés.  La  femelle  est  d'un  vert  olivâtre 
assez  clair,  uniforme,  sans  jaune  sous  le  ventre,  ni  blanc  sur 
le  bas-ventre;  du  reste  ses  ailes  et  sa  queue  sont  semblables 
à  celles  du  mâle,  mais  les  couleurs  en  sont  moins  vives.  Sa 
taille  est  au  si  plus  petite. 

Le  voyageur  Bruce  a  trouvé  ce  pigeon  dans  les  parties  basses 


PlQ  iGé 

de  l'Abyssiriie,  qu'il  quitte  en  grandes  troupes  dans  îa  saisori 
pluvieuse ,  pour  se  rendre  dans  les  contrées  plus  méridio-* 
iiaJes  ,  où  il  niche.  11  se  tient  perché  sur  les  grands  arbres 
et  dans  le  plus  profond  silence  durant  la  chaleur  du  jour.  Le- 
vaillant  l'a  retrouvé  dans  le  Sud  de  l'Afrique,  et  ce  natura- 
liste a  observé  qu'il  vit  par  paire  et  qu'il  établit  dans  les  creux 
d'arbres  son  nid,  où  il  pond  quatre  œufs  d'un  blanc  fauvd 
ou  Isabelle. 

106.  ColomBar  jojoo  :  Columba  vernans,  Lath.,  Linn.;  Temiri., 
Col.,  pl.  10  et  11;  le  Pigeon  vert  des  Phillipines  ,  Buff. ,  pL 
enl.  i38.  Le  nom  de  Jojoo  est  celui  que  les  habitans  de  l'ile 
de  Java  donnent  à  cette  belle  espèce  de  colombar.  Il  a  dix 
pouces  de  longueur  totale;  son  bec  est  court  et  beaucoup 
moins  épais  que  celui  des  autres  oiseaux  de  la  même  division  ^ 
ce  qui  le  rapproche  surtout  des  colombes  proprement  dites; 
Le  mâle  a  la  tête,  la  gorge  et  toutes  les  parties  postérieures 
du  cou  d'un  gris  bleuâtre  (la  planche  de  Mad.*"  Knip  ne  donne 
cette  couleur  qu'au  derrière  du  cou  seulement,  et  la  tête, 
ainsi  que  le  devant  du  cou,  sont  d'un  vert  clair)  ;  la  poi- 
trine présente  deux  larges  bandes  transverses,  placées  l'une 
au-dessus  de  l'autre,  et  dont  la  supérieure  est  lilas  clair,-  tan- 
dis que  celle  de  dessous  est  d'un  jaune  orangé;  le  dos,  les 
Scapulaires  et  les  couvertures  des  ailes  sont  d'un  vert- olive 
foncé;  une  bande  jaune  transverse  est  formée  par  toutes  les 
taches  de  cette  couleur  qui  terminent  les  grandes  couvertures  ; 
toutes  les  pennes  alaires  noires  ,  et  les  secondaires  seule- 
ment lisérées  de  jaunâtre;  le  ventre  est  gris  cendré;  le  bas- 
ventre  jaune;  les  couvertures  inférieures  de  la  queue  sont 
rousses  ;  les  douze  pennes  latérales  de  cette  partie  en  dessus 
d'un  gris  foncé  à  leur  origine  ,  puis  marquées  d'une  large 
bande  noire  et  terminées  de  gris  assez  clair,  et  les  deux  pennes 
intermédiaires  d'un  gris  uniforme;  les  pieds  d'un  beau  rouge; 
î'iris  a  un  cercle  extérieur  rouge,  et  un  autre,  en  dedans  de 
celui-ci ,  de  couleur  bleue*  La  femelle  est  dépourvue  des 
deux  bandes  lilas  et  jaune-orangé  qu'on  voit  sur  la  poitrine 
du  mâle;  tout  son  corps  est  d'un  vert- jaunâtre  clair;  sa  tête 
et  la  partie  postérieure  de  son  cou  sont  d'un  gris  bleu* 

Cette  espèce  se  trouve  aux  îles  de  Luçon  et  d'Antigue, 
ainsi  qu'à  Java,  dans  une  seule  saison  de  l'année. 


Ô10  PIG 

307.  CoLOMBAa  odorifère;  Columha  olax ,  Temm.  et  Laug.^ 
Ois.  color. ,  pi.  241.  C'est  le  plus  petit  des  colombars.  Sa  lon- 
gueur totale  est  de  sept  pouces  et  demi.  Le  mâle ,  que  Ton 
connoît  seulement,  est  d'un  cendré  clair  sur  la  tête,  le  cou  , 
la  nuque,  et  les  côtés  du  corps  recouverts  par  l'aile.  Sur  la 
poitrine  est  un  large  plastron  de  couleur  rousse-,  le  ventre 
est  vert,  et  le  bas-ventre  ,  ainsi  que  les  couvertures  inférieures 
de  la  queue  ,  sont  d'un  brun  marron  ;  le  dos  est  de  cette  cou- 
leur, ainsi  que  les  scapulaires  et  une  partie  des  couvertures 
de  l'aile  ;  les  pennes  alaires  sont  noires ,  et  les  secondaires 
seules  sont  lisérées  de  jaune  clair;  le  croupion  et  la  plus 
grande  partie  du  dessus  des  pennes  caudales  sont  d'un  noir 
ardoisé,  et  les  dernières  seulement  ont  le  bout  cendré;  en 
dessous  ces  pennes  sont  d'un  noir  plein  avec  l'extrémité 
blanchâtre;  les  pieds  et  le  tour  de  l'œil  sont  rouges;  la  base 
du  bec  est  bleue  et  sa  pointe  verdâtre. 

Cette  espèce,  dont  les  formes  sont  très-semblables  à  celles 
du  colombar  aromatique,  habite  l'île  de  Sumatra. 

Espèces  peu  connues  ou  douteuses.^ 

108.  Colombe  aux  ailes  tachetées  :  Columha  poiciloplera , 
Vieill.;  Columha  rhaculosa,  Temm.  D'Azara  ,  qui  fait  connoître 
cet  oiseau  du  Paraguay  sous  le  nom  de  paloma  cohijas  mancha- 
das,  lui  donne  douze  pouces  de  longueur,  un  plumage  géné- 
ralement gris  de  plomb,  avec  les  couvertures  supérieures  des 
ailes  brunes  et  marquées  de  petites  taches  blanches  vers  leur 
extrémité,  les  petites  ayant  de  plus  une  petite  bordure  exté- 
rieure blanche;  les  plumes  du  cou  sans  reflet;  les  pieds  d'un 
violet  foncé;  l'iris  blanc;  le  tour  de  l'œil  rouge;  les  pennes 
alaires  bleues  et  terminées  de  noirâtre  :  les  sexes  ne  diffèrent 
pas  sensiblement  l'un  de  l'autre. 

10g.  Colombe  bartavelle;  Columha  tetraoides,  Lath.,  Linn. 
Scopoli  ne  dit  rien  autre  chose  de  ce  pigeon ,  si  ce  n'est  qu'il 
ressemble  à  la  perdrix  bartavelle  par  sa  tête  et  son  cou  noir 
entouré  de  blanc  sur  la  gorge.  Il  n'en  indique  point  la  patrie. 

i  La  dénomination  de  Colombes,  que  nous  donnons  à  ces  oiseaus,  est 
prise  dans  l'acception  gt'ncrique  du  nom  de  Columha,  telle  que  l'a 
employée  Linné. 


PIG  57f 

î  10.  Colombe  blanc  -  verdatre  ;  Columba  pallida  ,  Lath. , 
Vieill.  Elle  est  de  la  Nouvelle-Hollande.  Son  plumage,  tota- 
lement d'un  blanc  verdatre,  passe  au  cendré  sur  la  tête  et  le 
cou;  ses  rémiges  sont  bordées  de  brun  sombre,  et  les  autres 
pennes  de  ses  ailes  sont  irrégulièrement  tachetées  de  noirâtre-, 
les  deux  pennes  moyennes  de  sa  queue  sont  seules  noirâtres; 
son  bec  et  ses  pieds  sont  bruns. 

111.  Colombe  bleue  du  Mexique  :  Columla  cœrulea,  Lath., 
Linn.,  Vieill.;  Pigeon  bleu  du  Mexique,  Buff. ,  Hist.  des  ois., 
p.  525.  Il  a  la  tête,  le  cou,  le  dessus  du  corps  et  les  plumes  du 
tarse  bleus  ;  le  front  marqué  de  rouge  ;  la  poitrine,  le  ven- 
tre, les  flancs,  les  couvertures  supérieures  des  ailes  et  infé- 
rieures de  la  queue  de  couleur  rouge;  les  rémiges  et  les  rec- 
trices  bleues;  le  bec,  Tiris  et  les  pieds  rouges;  sa  taille  est  celle 
du  pigeon  domestique.  Cet  oiseau  n'a  aucun  rapport  avec 
notre  Colombe  azurée,  Columha  cœrulea  ,  Temm.  (Voyez 
n."  67.) 

112.  Colombe  prune  de  Carthagène;  Columba  fusca,  Vieill. 
Selon  Jacquin ,  cet  oiseau,  de  la  taille  de  la  tourterelle,  a  le 
plumage  bran;  le  cou  et  la  poitrine  ondulés  de  noir  et  de 
blanc  ;  les  yeux  noirs. 

11 5.  Colombe  brune  de  la  Nouvelle-Hollande;  Columba  me- 
ridionalis ,  Lath. ,  Vieill.  La  longueur  de  ce  pigeon  est  de 
neuf  pouces  et  demi.  Il  est  d'un  brun  rougeâtre,  plus  pâle 
en  dessous  qu'en  dessus,  et  blanchâtre  en  arrière  ;  les  pennes 
de  ses  ailes  sont  d'un  brun  foncé,  et  leurs  petites  couvertures 
marquées  de  trois  ou  quatre  taches  d'un  pourpre  noirâtre; 
sa  queue  est  courte,  arrondie,  brune,  avec  toutes  ses  pennes 
pointues  et  terminées  par  une  lunule  blanche,  excepté  les 
deux  intermédiaires,  qui  le  sont  par  une  bande  noire  ;  les 
yeux  sont  bruns ,  entourés  d'une  peau  nue  et  d'un  blanc 
bleuâtre;  son  bec  est  noir;  ses  pieds  sont  rouges. 

114.  Colombe  brun -ROUGEATRE  :  Columba  rubescens,  Vieill.; 
Krusenst.,  Voy. ,  pi.  17.  Sa  tête  et  son  cou  sont  cendrés;  l'occi- 
put est  noirâtre;  tout  le  reste  du  corps  est  d'un  brun  rou- 
geâtre; les  pennes  intérieures  de  l'aile  et  la  base  des  exté- 
rieures sont  blanches.  Ce  pigeon  ,  dont  la  taille  est  de  huit 
pouces,  a  été  trouvé,  par  les  naturalistes  de  l'expédition  de 
Krusenstern,  sur  les  montagnes  de  File  Moukakiv.a. 


57^  PI  G 

11 5.  Colombe  eruvert  :  Columba  Irunnea,  Lath.  :  Temm., 
Col.,  pag.  12  1  ;  Pigeon  brun  et  vert,  Vieill.  Elle  a  le  dessus 
de  la  tête  ,  le  derrière  du  cou  ,  le  dos  et  les  couvertures 
alaires  d'un  rouge  brun;  le  devant  du  cou  ,  la  poitrine  et  le 
croupion  d'un  be'au  vert:  le  bec  et  les  pieds  d'un  rouge  de 
sang.  On  l'a  trouvée  à  la  Nouvelle-Zélande. 

Si  l'on  ajoutoit  à  cette  description  que  le  ventre  est  blanc, 
on  ne  sauroit  méconnoître  dans  cette  espèce  la  Colombe 
Géante. 

ii6.  Colombe  a  collier  blanc  :  Columla  asiatica,  Lath.; 
Temm.,  Col.,  in-8.°,  page  467  ;  Tourterelle  a  collier  blanc, 
VieilL  Ce  pigeon  de  l'Inde  n'a  que  onze  pouces  de  longueur* 
Il  a  la  tête,  le  devant  du  corps  et  la  queue  cendrés;  le  cou 
d'un  vert  jaunâtre^  avec  un  collier  blanc  vers  le  bas;  le  mi- 
lieu et  le  dessous  de  l'aile  blancs;  les  pennes  alaires  noires  et 
bordées  de  blanchâtre;  les  pieds  bleuâtres  ou  jaunes;  le  bec 
bleuâtre  à  sa  base  et  blanchâtre  à  la  pointe. 

117.  Colombe  égyptienne:  Columba  œgyptiaca, hath.  iTemm., 
Col.,  pag.  119,  et  in -8.°,  page  370.  Celle-ci  a  la  tête  vio- 
lette; le  devant  du  cou  couvert  de  longues  plumes  échancrées 
au  bout,  noires  à  leur  base  et  de  couleur  de  rouille  sur  les 
barbes  de  leur  extrémité;  le  dos  gris;  la  poitrine  violacée; 
le  ventre  blanchâtre;  les  ailes  généralement  brunes;  les  deux 
pennes  intermédiaires  de  la  queue  brunes;  celle  d'à -côté 
irune,  avec  le  milieu  noirâtre;  la  troisième  et  la  quatrième 
d'un  gris  brun  à  leur  base,  noires  ensuite,  avec  un  peu  de 
blanc  au  bout;  les  plus  latérales  avec  les  mêmes  couleurs, 
mais  plus  de  blanc;  les  pieds  couleur  de  chair-,  le  bec  noir; 
le  tour  de  l'œil  nu  et  bleuâtre. 

Cette  espèce  vit  en  Egypte,  au  voisinage  des  lieux  ha- 
bités. 

1 18.  Colombe  Fermîn  :  Columba  siirinamensis  -,  Lath.;  Temm. , 
Col.,  page  121  ;  Tourterelle  de  Surinam,  Fermin,  Surin., 
2,  page  i65.  Cette  colombe,  dont  la  longueur  totale  est  de 
dix  pouces,  a  la  tête  et  le  dos  cendrés;  le  cou  varié  de  vert 
et  de  noir;  les  grandes  pennes  des  ailes  brunes;  les  secon- 
daires grises;  la  poitrine  et  le  ventre  blanchâtres;  les  pieds 
rouges.  • 

Au  rapport  de  Fermin,  elle  est  très-commune  à  Surinam) 


PIG  573 

niche  sur  les  sommilés  des  plus  grands  arbres,  et  fait  deux 
pontes  par  année.  Sa  chair  est  très-estimée. 

ijg.  CoLOMiîE  DV  Mexique:  Columha  mexicana,  Linn.,  Gmel., 
Lath.  ;  Colurnba  fusca ,  Briss.  ;  le  Pigeon  du  Mexique,  Buff. , 
Hist.  nat.  des  ois.,  page  525.  Cet  oiiseau  ,  auquel  Fernandez 
rapporte  le  nom  de  cehoilotl,  a  le  plumage  brun,  la  poitrine 
et  la  pointe  des  ailes  blanches;  le  tour  des  yeux  et  les  pieds 
d'un  rouge  vif;  l'iris  noir. 

120.  Colombe  de  montagne  du  Mexique  :  Oolumha  hoilotl , 
Lath.,  Linn.,  Gmel.;  Buff.,  Ois.,  2,  page  525.  De  la  taille 
de  notre  pigeon  romain  ,  cette  espèce  a  le  corps  d'un  roux 
pourpré,  avec  les  petites  couvertures  des  ailes  blanches,  le 
bec  et  les  pieds  rouges.  Une  variété  est  d'un  fauve  pâle,  au 
lieu  d'être  rousse,  et  a  le  bec  et  les  pieds  rougeâtres. 

121.  Colombe  hagarrero  :  Colurnba  zelandica ,  Temm.,  CoL^ 
pag.  120;  Colurnba  Novœ  Zeelandiœ,  Linn.,  Gmel.  Longue  de 
dix -sept  pouces  deux  lignes,  cette  colombe  a  toutes  les  par- 
ties supérieures  d'un  rouge  brun,  qui  se  change  sur  le  devant 
du  cou  en  teintes  vertes  ;  le  croupion  bleu  ;  les  pennes  alaires 
noirâtres;  le  ventre  blanc;  la  queue  noire;  les  couvertures 
inférieures  de  celle-ci  bleuâtres;  le  bec  rouge,  ainsi  que  les 
orbites. 

Elle  habite  la  Baie  obscure  (Dusky-Bay),  à  la  Nouvelle- 
Zélande.  Elle  y  porte ,  dans  le  langage  des  habitans ,  le  non* 
de  hagarrero;  nous  lui  trouvons  beaucoup  d'analogie  avec  la 
Colombe  Géante. 

122.  Colombe  goad-goang  :  Colurnba  armillaris  ,  Temm., 
Col.,  pag.  118  ;  Colombe  moire  et  blanche,  Yieill.;  Colurnba 
melanoleuca  ,  Lath.  Cet  oiseau  ,  qui ,  ainsi  que  le  croit  M. 
Temminck,  paroît  n'être  qu'une  variété  de  la  Colombe  gri- 
velée  ,  n."  28  ,  a  treize  pouces  de  longueur.  H  a  le  devant  de 
la  face  blanc;  une  tache  noire  triangulaire  entre  le  bec  et 
l'œil;  une  tache  rouge  derrière  celui-ci;  le  sommet  de  la 
tête  et  l'oceiput  d'un  gris  clair;  le  cou  d'un  gris  brun;  toutes 
les  parties  supérieures  du  corps  d'un  brun  verdàtre  ;  la  poi-^ 
trine  et  le  ventre  en  entier  blancs  ;  les  plumes  du  poignet 
d'un  brun  verdàtre;  des  taches  noires  irrégulièrement  distri 
buées  sur  les  flancs;  le  bec  et  les  pieds  rouges. 

On  la  trouvé  à  la  Nouvelle-Hollande, 


^74  PIG 

120.  Colombe  mordorée  :  Coiumba  miniata  ,  Lath.,  'iemm,, 
Col.,  p.  iig;  Grainde  tourterelle  de  la  Chine,  Sonn.  ;  Tour- 
terelle A  TÊTE  grise,  Vieill.  A  peu  près  de  la  taille  du  ramier, 
celle-ci  a  la  tête  grise;  le  devant  du  cou ,  le  A^entre  et  le  bas- 
ventre  d'un  gris-vineux  clair;  la  partie  postérieure  du  cou  et 
le  dos  d'un  violet-pourpré  foncé  ;  les  plumes  latérales  du  cou  , 
très-échancrées  vers  leur  extrémité,  noires  et  terminées  de 
gris  vineux;  les  plumes  de  l'épaulette  d'un  mordoré  foncé; 
les  couvertures  alaires  d'un  brun  terreux;  le  croupion  d'un 
gris  lilas;  les  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue  d'un 
noir  terreux;  les  latérales  d'un  gris  noir  à  leur  base  avec 
leur  dernière  moitié  blanche;  le  bec  jaunâtre;  l'iris  rouge; 
les  pieds  bruns.  Elle  est  de  la  Chine. 

124.  Colombe  plombée;  CoUtmba  plumbea,  Vieill.,  Nouv, 
Dict.  Cette  espèce,  rapportée  du  Brésil  par  feu  Delalande,  a 
le  plumage  entièrement  d'un  brun  plombé  ,  moins  foncé  en 
dessous  qu'en  dessus,  avec  quelques  reflets  verts  sur  les  côtés 
du  cou,  et  des  taches  d'un  A'ineux  clair  sur  le  dessus  de  celte 
partie;  les  premières  pennes  des  ailes  lisérées  de  gris  à  l'exté- 
rieur; le  menton  blanchâtre;  la  queue  arrondie;  le  bec  noirâ- 
tre ;  les  tarses  rouges.  Sa  longueur  totale  est  de  douze  à  treize 
pouces. 

125.  Colombe  pourprée  de  Java  :  Coiumba  purparea,  Lath., 
Sjyn. ,  2,  page  628;  Gmel.  :  Purple  pigeon,  Brown  ,  III.  zooL, 
Xàh.  18.  Elle  a  le  front  vert;  la  tête  et  le  cou  d'un  beau 
pourpre;  la  poitrine  orangée;  le  dos,  les  scapulaires  et  le 
ventre  verts  ;  le  bas- ventre  rouge  et*  les  pennes  noirâtres. 
Sa  taille  est  celle  du  biset.  On  la  nomme  Jooaii  à  Java  et  aux 
Célèbes.  M.  Teinminck,  Col.,  in-S.",  page  443,  rapporte  cet 
oiseau  à  l'espèce  du  Colombar  Jojoo  ,  Co/umio  vernans,  n.°io6, 
malgré  les  différences  que  présente  son  plumage. 

126.  Colombe  a  collier  pourpre  :  Coiumba  eimeensis,  Lath., 
Linn.  ;  Temm.,  Col.,  pag.  120;  Pigeon  ramier  a  collier  pour- 
pre, Vieill.  Elle  a  quatorze  pouces  de  longueur,  le  sommet 
de  la  tête  et  la  nuque  bruns  ;  le  front,  la  gorge  et  le  devant 
du  cou  d'un  roux  pâle  ou  couleur  lie-de-vin;  les  côtés  du  cou 
d'un  rouge  brun  (et  cette  couleur,  en  se  changeant  en  pour- 
pre ,  forme  une  bande  transversale  sur  la  poitrine ,  laquelle 
est  bordée  postérieurement  par  une  bande  blanche);  les  cou- 


PIO  375 

vertures  supérieures  des  ailes  pourpres;  les  pennes  noirâtres; 
le  ventre  gris  noirâtre;  les  pieds  rouges;  le  bec  noir. 

Elle  a  été  trouvée  dans  l'ile  d'Eimeo,  dans  la  mer  du  Sud. 
Nous  lui  trouvons  quelque  ressemblance  avec  la  Colombe  Zoè', 
dont  MM.  Garnot  et  Lesson  nous  ont  communiqué  la  descrip- 
tion; mais  elle  en  diffère  suffisamment  pour  en  être  distinguée 
spécifiquement. 

127.  Colombe  sauvage  du  Mexique:  Columha  nœvia ,  Lath., 
Linn.,  Gmel.  ;  le  Pigeon  sauvage  du  Mexique,  Buff. ,  Hist. 
nat.  des  ois.,  p.  525.  Cette  espèce,  qui  a  été  aussi  désignée 
par  Fernandez  sous  le  nom  de  hoilotl,  est  en  dessus  d'un  bruit 
tacheté  de  noir;  sa  poitrine  et  son  ventre  sont  d'un  fauve 
clair;  les  couvertures  inférieures  de  ses  ailes  et  de  sa  queue 
sont  cendrées;  ses  pennes  alaires  sont  d'un  brun  uniforme, 
ses  pieds  rouges,  et  son  bec  est  noir.  (Voyez  ci- avant  Co- 
lombe DU  Mexique,  n.°  119,  dont  celle-ci  pourroit  n'être 
qu'une  variété,  ainsi  que  le  soupçonne  Buffon.) 

128.  Colombe  sauvage  du  Paraguay:  Columha  melanoptera, 
Molina  ,  Linn.,  Gmel.,  Temm.  ;  le  Pigeon  aux  ailes  noires, 
Col.  sjli'estris,  Vieill.  Le  devant  de  sa  tête,  le  cou ,  la  gorge, 
les  petites  couvertures  supérieures  de  l'aile,  sont  d'un  rouge 
violet;  le  derrière  de  la  tête  est  d'un  roux  foncé,  à  reflets 
d'or,  verts  et  cramoisis;  les  ailes  et  la  queue  sont  noirâtres,  et 
celle-ci  est  terminée  de  blanc;  le  reste  du  plumage  est  d'un 
bleu  roussâtre  plus  clair  sous  le  ventre  qu'ailleurs  ;  le  bec  est 
noir,  Tiris  cendré,  et  les  pieds  sont  rouges.  Sa  longueuif 
totale  est  de  douze  pouces.  D'Azara,  qui  a  fait  connoître  cet 
oiseau  sous  le  nom  de  paloma  montes ,  dit  qu'il  se  tient  dans 
les  grands  bois,  qu'il  est  sauvage  et  qu'il  ne  forme  que  de 
petites  troupes.  Sonnini  et  M.  Temminck  pensent  qu'on  pour- 
roit le  rapporter  à  l'espèce  de  la  Colombe  aux  ailes  noires 
de  Molina ,  mais  ce  rapprochement  n'est  pas  adopté  par  M, 
Vieillot. 

129.  Colombe  verte  tachetée:  Columha  maculata ,  Lath., 
Linn.,  Gmel.;  Temm.,  Col.,  in-8.°,  pag.  465.  Cette  espèce, 
dont  la  patrie  est  inconnue,  est  d'un  vert  brillant,  avec  le 
ventre  et  le  bas-ventre  noirs  ;  les  plumes  du  col  étroites  et 
alongées;  les  plumes  scapulaires  et  celles  des  ailes  marquées 
de  taches  blanchâtres  vers  leur  extrémité;  les  rémiges  et  les 


§7^  PIG 

pennes  caudales  noires  et  bordées  de  blanrhàire  ;  les  der> 
niéres  terminées  de  celte  couleur;  le  bec  noir,  avec  le  bout 
jaune;  les  ongles  noirs;  les  pieds  bruns,  avec  le  tarse  à  demi 
emplumé.  Sa  longueur  est  de  douze  pouces. 

i5o.  Colombe  A  TÈTE  et  cou  blancs  de  Norfolk;  Columha  nor- 
folcensis,  Lath. ,  Vieill.  La  tête  ,  le  cou  et  la  poitrine  sont 
blancs;  le  dessous  du  corps  et  les  pennes  alaires  noirs;  le  dos 
et  les  couvertures  supérieures  des  ailes  pourprés  et  marqués 
de  taches  d'un  pourpre  encore  plus  foncé;  la  queue  est  d'un 
pourpre  terne  et  bordçe  de  noir.  Sa  longueur  totale  est  de 
treize  pouces, 

Une  variété  a  la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  ferrugineux;  les 
^iles  et  le  dos  verts  ;  les  pennes  alaires  noirâtres;  le  reste 
du  dessous  du  corps  d'un  brun  pourpre;  les  deux  pennes 
moyennes  de  la  quçue  ferrugineuses,  et  les  autres  de  la  cou- 
leur du  croupion. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  dans  l'île  de  Norfolk. 

i3i.  Colombe  a  tête  et  cou  gris;  Columha  cuneata ,  Lath. 
Elle  n'a  que  sept  à  huit  pouces  et  se  trouve  à  la  Nouvelle- 
Hollande.  Sa  tête  ,  son  cou  et  sa  poitrine  sont  d'un  gris  pâle; 
son  ventre  ,  ses  jambes  et  les  couvertures  inférieures  de  la 
queue  sont  blancs;  son  dos  et  les  couvertures  supérieures  de 
ses  ailes  sont  d'un  brun -roux  clair,  les  premières  étant  ta- 
chetées de  blanc;  les  pennes  sont  d'un  gris-brun  foncé;  lu 
queue  est  étagée  ,  et  toutes  ses  pennes  sont  terminées  de 
ilanc ,  cette  couleur  s'étendant  davantage  sur  celles  du 
milieu. 

3  52.  Colombe  tourterelle  de  la  côte  de  Malab\r  ou  Coi, omet, 
brame:  Columha  malabarica ,  Lath.;  Temm,  ,  Col,,  page  122. 
Sa  taille  est  celle  de  la  tourterelle  à  collier  du  Sénégal.  Elle 
îi  la  tête,  le  dessus  du  dos  et  les  ailes  d'un  gris  -  brun  clair; 
3a  poitrine  et  le  devant  du  cou  d'un  gris  vineux;  des  taches 
ovales  d'un  beau  blanc  sur  les  moyennes  couvertures  des 
jiiles;  les  deux  pennes  caudales  intermédiaires  grises,  les  au- 
tres noires  dans  leurs  deux  premiers  tiers ,  et  blanches  dans 
le  dernier;  le  ventre  blanc;  le  bec,  les  pieds,  et  l'iris  rpuges. 

Elle  est  de  l'Inde. 

i33.  Colombe  tourterelle  a  gorge  pourphée,  Buff. -.  le  Ti  r- 
vkrt,  ejiisd.,  llist.  des  ois. ,  t.  2  ,  p.  555;  Columha  riridis,  Latin 


PIG  377 

Temm. ,  CoL,  pag.  121.  Elle  a  huit  pouces  de  longueur  ;  le 
front  et  la  gorge  gris  -  cendré;  le  derrière  de  la  tête  et  du 
cou  ,  le  dos,  le  croupion  ,  les  ailes,  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue,  la  poitrine  et  le  ventre,  d'un  beau  vert  foncé; 
la  gorge  et  le  devant  du  cou  d'un  beau  violet  pourpré;  les 
pennes  des  ailes  noires;  celles  de  la  queue  en  dessus  d'un 
bleu  verdàtre ,  bordées  de  vert  et  terminées  de  gris-brun, 
les  deux  du  milieu  étant  entièrement  vertes;  en  dessous, 
toutes  les  pennes  noires  et  terminées  de  blanchâtre;  les  tarses 
rouges,  à  moitié  cmplumés;  le  bec  rougeàtre.  Elle  est  des 
Moluques. 

i34«  Colombe  A  VENTRE  RotrcE:  Columha  sinica,  Lath.,Linn., 
Gmel.  ;  Temm.,  Col.,  pag.  120;  la  Tourterelle  rayée  de  la 
Chine,  Buff.  Celle-ci  n'a  que  dix  pouces  et  demi  de  longueur. 
Elle  a  le  dessus  de  la  tête  d'un  gris  cendré;  les  joues  et  les 
côtés  du  cou  jaunes,  avec  des  taches  ronges  placées  à  l'extré- 
niité  des  plumes  de  cQiUi  dernière  partie;  l'occiput,  le  der- 
rière du  cou ,  le  dos,  le  croupion  et  les  couvertures  supérieures 
de  la  queue  bruns  et  marqués  de  raies  noires  transversales 
1res- nombreuses;  tout  le  dessous  du  corps,  depuis  et  y  com- 
pris la  poitrine,  d'un  rouge  rosé;  les  petites  couvertures 
alaires  supérieures  brunes,  avec  des  raies  transversales  blan- 
ches et  noires;  les  grandes  pennes  noires,  bordées  de  blanc; 
les  pennes  de  la  queue  d'un  brun  pâle;  le  bec  couleur  de 
corne  et  les  pieds  rouges.  Elle  est  de  la  Chine. 

i35.  Colombe  tourocco  :  Columha  macroura,  Lath. ,  Linn., 
Gmel. ,  Temm.  ;  la  Tourterelle  tourrocco  ou  a  large  queue  , 
Buff.,  pi.  enlum.,  n.°  32r).  Cet  oiseau,  long  de  douze  pouces  . 
a  les  pieds  et  le  bec  rouges  ,  et  la  membrane  de  la  base  de 
relui -ci  blanche;  sa  tête,  son  cou,  le  dessus  de  son  corps, 
ses  ailes  et  sa  queue  d'un  brun  roux,  tirant  sur  le  vineux; 
son  ventre  et  les  plumes  de  ses  jambes  d'un  blanc  sale  ;  sa 
queue,  longue  de  six  pouces,  arrondie  et  terminée  de  blanc. 
Il  habite  l'ile  de  Ceilan.  (Desm.) 

PIGEON  DOMESTIQUE.  {Omith.)  Sous  cette  dénomina- 
tion j'entends  parler  et  des  pigeons  de  volière,  et  des  pigeons 
de  colombier,  q<ii  ne  sont  encore  ai'rivés  qu'à  une  demi-r 
domesticité. 

Je  pe  me  restreindrai  pas  de  mon  plein  gré  aux  seuls  pigeons 


378  PIG 

domestiques  de  l'Europe,  qu'ils  soient  réellement  originaires 
de  cette  contrée,  ou  qu'ils  y  soient  seulement  acclimates.  Si 
je  laisse  beaucoup  trop  à  désirer  sur  les  pigeons  vivant  en 
servitude  volontaire  près  de  l'homme  dans  les  autres  parties 
du  monde,  ce  ne  sera  qu'à  regret,  et  parce  que  je  manquerai 
de  renseignemens  nécessaires  pour  satisfaire  une  louable  cu- 
riosité. 

Qu'il  me  soit  permis  à  ce  sujet  de  demander  comment  il 
se  fait  que  ces  voyageurs  qui  partent  incessamment  pour 
les  pays  lointains,  dans  le  dessein  d'y  chercher  des  connois- 
sances  nouvelles  en  histoire  naturelle,  ne  tournent  pas  aussi 
leur  attention  vers  des  objets  dont  l'intérêt  repose  sur  leur 
utilité.  Est-ce  qu'ils  pourroient  dédaigner  ,  dans  leurs  re- 
cherches, l'étude  de  ces  animaux  et  de  ces  plantes  dont 
l'homme  civilisé  est  soigneux  de  s'entourer  en  quelque  lieu 
qu'il  habite?  Au  premier  aperçu,  un  grand  nombre  de  ces 
êtres  ont  un  air  de  ressemblance  avec  ceux  qui  sont  com- 
muns en  Europe;  cela  est  vrai.  Mais,  en  les  considérant 
plus  attentivement,  chaque  plante,  chaque  animal,  a  perdu 
ou  gagné  en  utilité  depuis  son  changement  de  climat;  et, 
d'où  dépend  alors,  et  en  quoi  consiste  cette  modification? 
Il  faut  l'étudier,  et  il  arrivera  fréquemment  que  les  objets 
qu'on  croyoit  si  semblables  à  d'autres  bien  connus,  offrent 
des  différences  très- remarquables  avec  ces  derniers. 

11  est  un  fait  ;  c'est  qu'en  plusieurs  régions  de  la  terre  fort 
éloignées  les  unes  des  autres,  on  voit  des  pigeons  domestiques; 
que  ces  pigeons  ,  nous  dit-on ,  ont  beaucoup  de  rapports  avec 
nos  pigeons  européens;  et  cependant  on  sait,  à  n'en  pouvoir 
douter,  que  d'autres  espèces  animales,  transportées  dans  d'au- 
tres climats,  ont  éprouvé  des  changemens  très -singuliers. 
Ici,  ils  ont  acquis  une  taille  plus  grande,  des  couleurs  plus 
vives,  des  mœurs  dont  on  ne  les  croyoit  pas  susceptibles  ;  là, 
au  contraire,  leur  taille  est  changée,  des  appendices  cornés 
ou  charnus  disparoissent ,  les  couleurs  du  pelage  ou  des  plumes 
sont  également  altérées;  enfin,  d'autres  mœurs  se  sont  dé- 
veloppées. Je  serois  assez  porté  à  le  croire,  on  n'a  encore 
rien  découvert  de  spécial  dans  les  pigeons  de  l'Amérique 
et  des  Indes,  parce  qu'on  ne  connoissoit  pas  bien  les  variétés 
des  pigeons  d'Europe,  sauvages  ou  domestiques. 


PIG  Syy 

Mais  ces  oiseaux  méritent-ils  donc  une  étude  suivie?  S'ils 
n'ont  pas  pour  l'homme  ce  degré  élevé  d'intérêt  qu'obtien- 
nent à  juste  titre  le  bœuf,  le  cheval  ,  le  mouton  ,  etc.,  ils 
ont  des  qualités  qui  doivent  leur  attirer  toujours  nos  soins. 
Cette  question  est  jugée  d'ailleurs.  Dans  l'antique  Egypte  , 
en  Grèce,  chez  les  vieux  Romains,  et  chez  presque  tous  les 
peuples  modernes,  le  pigeon  se  trouve  avec  le  chien,  le 
bœuf,  le  mouton,  le  cheval,  les  oiseaux  gallinacés,  uu  com- 
mensal de  l'hiibitalion  de  l'homme. 

Il  la  rend  plus  agréable,  plus  animée.  Il  est  utile,  il  four- 
nit une  chair  nourrissante  et  un  engrais  souvent  indispen- 
sable à  la  fécondité  de  quelques  terrains. 

Des  auteurs  graves  en  ont  fait  le  sujet  de  leurs  observa- 
tions; ont  consigné  ces  observations  dans  leurs  ouvrages;  et 
ces  auteurs  sont  un  Aristote,  un  Pline,  un  Varron ,  un  Co- 
lumelle  ,  et  les  plus  dignes  successeurs  de  ces  hommes  célèbres* 

§.  I."  On  a  dans  tous  les  temps,  et  avec  raison,  regardé 
comme  la  meilleure  introduction  à  l'étude  d'un  objet,  un 
exposé  des  travaux  entrepris  à  son  occasion.  Dans  cet  article 
je  crois  préférable  de  remettre  successivement  sous  les  yeux, 
dans  une  note  succincte,  ce  que  l'on  doit,  pour  la  connois- 
sance  des  pigeons  domestiques,  à  divers  auteurs;  en  ayant 
soin  de  le  présenter,  sans  essayer  pour  le  moment  d'expri- 
mer une  opinion  :  Suum  cuique.  Cette  marche  a  bien  quel^ 
ques  inconvéniens  :  mais  quelle  marche  que  je  pourrois 
adopter,  qui  n'en  auroit  pas?  Elle  paroîtra  peut-être  entraî- 
ner dans  des  longueurs  surtout,  et  dans  des  répétitions  quel- 
quefois; mais  ce  désavantage  sera,  ce  me  semble,  de  beau- 
coup compensé  par  l'instruction  qui  pénétrera  graduellement 
dans  l'esprit ,  et  le  préparera  à  saisir  la  pensée  particulière, 
à  quiconque  tentera  de  payer  à  son  tour  un  tribut  à  lu 
science. 

Aristote,  cet  anciru  et  habiie  historien  des  animaux,  a 
placé  le  pigeon  domestique  (T£p/ç-epct,  »)  au  quatrième  et 
dernier  rang  de  son  genre  Péristéroeide,  qui  d'ailleurs  ne  se 
compose  en  outre  que  du  pigeon  sauvage  {olvaç) ,  du  ramier 
((pstTTa,  «),  et  de  la  tourterelle  {rp'jysèv,  «).  Il  a  fait  con- 
noître  plusieurs  faits  concernant  l'organisation  anatomique 
de  ces  oiseaux;  il  parle  des  divisions  principales  du  tube  di-^ 


S8o  PIG 

geslif ,  du  jabot  qui  est  plus  large  à  sa  partie  moyenne  qu'à 
ses  deux  orifices,  et  qui  est  renfermé  dans  un  grand  pli  de 
la  peau  du  col;  du  gésier,  organe  musculeux  et  robuste, 
revêtu  à  son  intérieur  d'une  membrane  épaisse,  ferme,  etc.; 
fJe  la  forme  globuleuse,  et  de  la  petitesse  du  volume  de  la 
rate,  etc.  Ce  qu'il  dit  de  la  durée  de  la  vie  du  pigeon 
domestique,  qui  est  de  huit  à  neuf  ans  ;  des  alimens  qu'il 
recherche,  et  ce  sont  des  graines  végétales;  de  ses  goûts,  de 
ses  passions,  de  ses  mœurs,  de  la  manière  dont  il  se  repro- 
duit, dont  il  couve,  dont  il  élève  ses  petits,  dont  il  s'en 
sépare  dans  la  suite,  etc.,  a  été  confirmé,  à  peu  de  chose 
jirès ,  par  Tassentiment  des  naturalistes  de  tous  les  temps 
(Hist.  des  anim.,  liv.  G). 

On  doit  à  PRîie ,  dans  son  Histoire  naturelle,  un  chapitre 
très-court  dans  lequel  il  a  reproduit  et  resserré  les  connois- 
sances  acquises  par  Aristote  sur  les  oiseaux  columbacés.  II 
n'y  ajoute  rien  à  proprement  parler  ;  mais  l'auteur  grec 
n'avoit  indiqué  de  différence  parmi  les  pigeons  que  celle 
qui  résultoit  entre  ceux  de  la  Grèce  et  ceux  de  l'Lgypte,  de 
lapins  grande  fécondité  des  derniers,  qui  faisoient  jusqu'à 
douze  pontes  par  an;  et  le  naturaliste  italien  donne  lieu  de 
penser,  que  les  Romains  avoient  appris  à  distinguer  quel- 
ques races  différentes  dans  les  pigeons  domestiques.  Il  signale 
incidemment,  mais  à  propos  de  leur  intelligence,  la  variété 
de  ces  oiseaux  dont  Brutus  et  Hirtius  se  servirent,  pendant 
le  siège  de  Modène ,  pour  correspondre  ensemble.  Il  s'arrête 
aussi  aux  variétés  à  grande  taille  de  la  Campanie,  parce  que 
de  son  temps  elles  étoient  devenues  un  objet  de  passion  folle 
pour  beaucoup  de  citoyens  de  Rome.  «  Columbarum  amore 
«  insaniunt  niulii  ;  super  tecta  exasdificant  turres  iis,  nobi- 
«  litatcmque  singularum  et  origines  narrant  veteres.  Jam 
<'  exemplo  L.  Axius,  cques  romanus,antè  bellum  civile  Pom- 
«  peianum  ,  denariis  quadringentis  singula  paria  venditavit, 
«  ut  M.  Varro  tradit;  quin  et  patriam  nobilitavere,  campanià 
«  grandissimœ  provenire  exislimatae  ^>  {Hist.  nat.,  l.  X^cSy.) 

Il  est  une  remarque  qui  ressort  du  travail  d'Aristote  et  de 
celui  de  Pline,  et  que  je  ne  puis  omettre  de  noter  ici.  C'est 
que  c'est  surtout  du  pigeon  de  volière  en  général  que  leSk 
anciens  ont  décrit  les  mœurs  et  les  habitudes.. 


PIG  581 

Sur  ce  poînt,  on  n'est  pas  redevable  à  Aldrovancîc  {Orni^ 
iJiologia ,  lib.  i5,  Bonnoniœ,  i525)  de  quelque  connoissance 
nouvelle.  Il  n'a  pas  non  plus  enrichi  son  ouvrage  d'observa- 
tions qui  lui  soient  propres,  sur  la  disposition  anatoinique 
des  organes,  ni  sur  la  physiologie  des  pigeons.  Cependant, 
comme  il  a  recueilli  avec  un  soin  extrême  tout  ce  qui  avoit 
été  écrit  sur  ce  sujet;  comme  il  traite  successivement,  à  la 
vérité  un  peu  en  désordre  et  avec  une  prolixité  effrayante, 
de  l'anatomie ,  du  sexe,  des  sens  des  pigeons,  du  colombier, 
du  vol,  de  l'âge,  de  la  voix,  de  la  nature,  des  mœurs,  de 
l'esprit,  de  l'accouplement,  de  la  ponte,  de  l'incubation, 
des  combats,  des  sympathies  et  antipathies,  des  maladies,  de 
l'histoire,  des  noms  et  surnoms  de  ces  mêmes  oiseaux;  des 
présages  et  des  augures  qu'on  tiroit  dans  l'antiquité  de  leur 
vol  et  de  l'inspection  de  leurs  entrailles,  etc.;  des  préjugés 
sacrés  à  leur  égard  ;  des  hiéroglyphes  dans  lesquels  ils  en- 
troient; de  leur  usage  dans  les  sacrifices  des  Hébreux,  dans 
les  funérailles,  etc.;  des  allusions  morales,  des  allégories,  em- 
blèmes ,  énigmes  ,  proverbes  ,  apologues  ,  auxquels  ils  ont 
donné  lieu;  de  leur  usage  en  médecine  et  dans  les  alimens, 
etc.;  cependant,  dis- je,  comme  Aldrovande  a  recueilli  un 
si  grand  nombre  de  renseignemens  variés  sur  l'Histoire  géné- 
rale des  pigeons,  il  ne  me  semble  pas  mériter  l'oubli  assez 
profond  dans  lequel  il  est  tombé.  On  ne  doit  pas  taire  aussi, 
pour  être  juste,  qu'il  a  donné  dans  un  second  chapitre  la 
description  de  quelques  variétés  du  pigeon  domestique.  Dans 
le  nombre  il  en  avoit  observé  plusieurs  par  lui-même. 

1.  Le  Pigeon  domestique,  Columba  domestica  {Col.  Tronfo 
vel  Asturnellato) ,  dont  les  pieds  sont  nus,  et  les  couleurs  du 
plumage  et  la  taille  très- variables. 

2.  Le  Pigeon  dojie*iiqce  a  pieds  velus  ou  emplumés  ,  Co- 
lumba domestica  alia,  lequel  varie  également  pour  les  couleurs 
et  la  taille. 

5.  Le  Pigeon  huppé,  Columha  nostra  cristata.  Il  a  les  pieds 
BUS  ou  emplumés,  une  taille  et  un  plumage  qui  peuvent 
offrir  de  grandes  différences. 

4.  Le  Pigeon  a  plumes  frisées  ,  Columha  crispis  pennis. 

6.  Le  Pigeon  a  capuchon,  Columba  cjpria  cucullata.  Il  peu», 
avoir  les  pieds  nus  ou  emplumés.  Il  présente  plusieurs  sous- 


582  PIG 

variétés,  a)  Columha  cypriaalia  :  noir  à  la  iète  et  à  la  queue  t 
manteau  blanc,  b)  Columha  cjpria  alla  [Tronfo)  :  c'est  une 
variété  à  large  poitrine,  c)  Columha  cypria  alla  ■  bec  un  peu 
long;  forme  du  corps  également  alongée. 

C.  Le  Pigeon  indien,  Columha  vulgo  indica.  Il  est  semblable 
à  la  variété  précédente,  moins  la  cucuUe.  Sa  couleur  est 
noire;  le  bec  court;  le  tour  des  yeux  rouge, 

7.  Columha  vulgo  cretensis.  Cet  oiseau  a  le  bec  court  et  le 
plumage  entièrement,  d'une  couleur  bleu -cendré;  il  paroît 
congénère  des  deux  variétés  précédentes,   5  et  6. 

8.  Le  Pigeon  grosse- gorge  ,  Columha  perperam  gutturosa 
dicta.  Peut-être  est-ce  le  pigeon  de  Crète,  ou  plutôt  le  vé- 
ritable cypria. 

9.  Le  Pigeon  persan  et  turc  ,  Columha  persica  et  turcica. 

10.  Columha  indica  rostro  anatis.  11  a  les  pieds  et  la  taille 
du  pigeon  commun  ;  les  rémiges  et  la  queue  remarquables 
par  leur  brièveté;  le  bec  rougeâtre  autour  des  narines,  avec 
une  teinte  bleue  ,  etc. 

11.  Columha  saxatilis  ,  M.  Varro. 

Un  siècle  et  demi  environ  après  Aldrovande  ,  un  ornitho- 
logiste, Willughby,  s'occupa  des  pigeons,  rappela  avec  con- 
cision les  principaux  traits  de  leur  histoire,  qu'il  avoit  re- 
cueillis dans  ses  lectures,  et  apprit  à  distinguer  un  bien  plus 
grand  nombre  de  variétés,  quon  ne  l'avoit  fait  jusqu'à  lui, 
dans  les  pigeons  domestiques  {cap.  i5  ,  De  columbis  in  spccie). 

Il  a  décrit  ou  donné  des  renseignemens  sur  dix-sept  va- 
riétés parmi  ces  derniers  :  1.°  sur  les  grands  Pigeons  domes- 
tiques, Columhœ  domesticœ  majores  :  ce  sont  les  pigeons  de 
Campanie,  de  Pline,  et  les  pigeons  romains  de  ce  temps- ci. 
On  les  appeloit  aussi  quelquefois  pigeons  russes;  on  en  ignore 
le  motif.  2."  Sur  les  Pigeons  grosses- gorges,  Columhœ  guttu- 
rosœ;  Croppers  ,  des  Anglois.  3."  Sur  les  Pigeons  trembleurs 
A  large  quede,  Columhœ  tremulœ  laticaudœ ;  ils  ont  vingt-six 
pennes  à  la  queue;  leur  nom  usuel  actuel  est  pigeon-paon. 
4."  Sur  les  Pigeons  trembleurs  a  queue  étroite-,  Columhœ  an- 
gusticaudœ  seu  acuticaudœ.  Viennent  ensuite 

5.°  Les  Pigeons  messagers  ^  Columhœ  tahellariœ ;  en  anglois 
Carriers.  "Willughby  pense  que  ce  pourroit  bien  être  le  pi- 
geon turc  ou  de  Perse,  signalé  par  Aldrovande. 


PIG  385 

-  G,"  Les  Pigeons  a  capuchon  ou  Jacobins,  Columhœ  cuciiU 
latœ  sive  Jacobinœ  ;  en  anglois,  Jacobines  ;  Columhœ  cjpriœ , 
AIdr. 

7.°  Les  Pigeons  cravates  ,  Columhœ  turhitœ;  en  anglois  , 
Turhits. 

8."  Les  Pigeons  de  Barbarie  ou  de  Numidie,  Columhœ  Bar- 
laricœ  seu  Numidicœ;  semblables  aux  précédens  par  le  bec, 
et  probablement  les  mêmes  que  les  pigeons  Cretois  d'Aldro- 
vande. 

9.°  Les  Pigeons  claquarts  ,  Columhœ  pcrcussores;  Smiters , 
des  Anglois. 

10.°  Les  Pigeons  TOURNANs,  Columhœ  gyratrices  seu  Vertagi; 
en  anglois  Tumblers.  On  en  connoît  de  couleur  et  de  grosseur 
différentes. 

ii.°  Les  Pigeons  casqués  ou  armés,  Columhœ  galeatœ;  en 
anglois,  Helmets. 

12.°  Les  Pigeons  CAVALIERS,  Columhœ  équités  ;  Lighthorsemen 
des  Anglois.  Genre  faux,  dit  Willughby  ;  car  il  provient  du 
pigeon  messager  et  du  grosse -gorge. 

13."  Les  pigeons  appelés  Bastards-Bills  par  les  Anglois.  Leur 
nom  est  tiré  de  leur  bec  ni  court  ni  long;  ils  sont  plus  grands 
que  les  pigeons  de  Numidie,  ont  le  bec  court,  lés  yeux 
rouges,  le  plumage  de  couleurs  différentes. 

14.°  Les  pigeons  appelés  en  anglois  Turners.  Willughby 
leur  donne  pour  caractère  :  Cirro  à  vertice  rétro  dependenle , 
et  hifariàm  jubœ  equinœ  in  modum  djV/so  insignes. 

i5,°  Les  pigeons  nommés  Finihins ,  qui  ressemblent  aux 
précédens,  mais  seulement  sont  plus  petits. 

16.°  Les  Pigeons  mahométans  ,  Columhœ  mahometanœ  ;  en 
anglois  Mawmets.  Ils  doivent  peut-être  leur  nom  à  la  Tur- 
quie, dont  ils  ont  été  rapportés.  Leurs  yeux  sont  grands ,^ 
noirs,  et  semblables  aux  yeux  des  pigeons  numides. 

17.°  Les  pigeons  que  les  Anglois  appellent  Spots.  Ce  sont 
les  pigeons  auxquels  on  donne  en  France  actuellement  le  nom 
de  heurtés.  (Ornithologiœ  lihri  très,  etc.,  1676.) 

Les  descriptions  des  diverses  variétés,  reconnues  par  Fau- 
teur, laissent  sans  doute  beaucoup  à  désirer.  Mais  il  est  re- 
marquable que  la  plupart  des  variétés  qu'il  a  signalées  ainsi 
plus  ou  moins  imparfaitement,  n'en  ont  pas  moins  été  adop- 


584  .  PIG 

tées  par  les  ornithologistes  plus  modernes ,  et  sans  4^ë 
ceux-ci  rappellent  le  plus  souvent  le  travail  de  leur  pré- 
décesseur. 

Brisson  est  un  des  naturalistes  qui  a  perfectionné  plusieurs 
de  ces  descriptions.  Il  commence  l'exposition  de  son  genre 
Pigeon  par  les  cinq  espèces  suivantes  :  i.°  le  Pigeon  domes- 
tique ou  DE  colombier;  2."  le  Pigeon  romain,  sous  l'espèce 
duquel  il  comprend  seize  variétés;  3.°  le  Pigeon  biset;  4«°  1^ 
Pigeon  de  roche,  avec  une  variété;  et  5."  le  Pigeon  sauvage 
(  Ornithologie).  Sa  dixième  espèce  est  le  Pigeon  du  Mexique  , 
Columha  fiisca  (  Cehoilotl  de  Fernandez  ) ,  race  domestique 
d'ailleurs. 

Quant  aux  seize  variétés  qui  sont  réunies  à  la  suite  du 
pigeon  romain,  en  voici  les  noms  :  a)  le  pigeon  patu  ;  b)  le 
pigeon  huppé;  c)  le  pigeon  de  Norwége;  d)  le  pigeon  de 
Barbarie;  e)  le  pigeon  nonnain  ; /)  le  pigeon  à  gorge  frisée; 
g)  le  pigeon  frisé;  h)  le  pigeon  turc;  i)  le  pigeon  messager; 
fc)  le  pigeon  grand- gosier:  /)  le  pigeon  cavalier;  m)  le  pigeon 
batteur;  n)  le  pigeon  culbutant;  o)  le  pigeon  cuirassé;  p)  le 
pigeon  paon;  q)  le  pigeon  trembleur.  En  lisant  cette  nomen- 
clature ,  on  aperçoit  aisément  ce  que  Brisson  a  choisi  dans 
celle  de  "VVillughby  et  d'Aldrovande. 

Il  n'est  personne  qui  puisse  s'étonner  que  Buffon  ait  éclairé 
et  avancé  l'histoire. des  pigeons  domestiques;  tout  ce  qu'il  a 
traité ,  à  peu  d'exceptions  près  ,  a  été  étendu  et  perfec- 
tionné par  lui.  11  a  fait  ressortir  par  un  heureux  rapproche-' 
ment  les  difficultés  plus  grandes  que  l'homme  a  dû  vaincre, 
lorsqu'il  a  voulu  soumettre  à  son  empire  des  oiseaux  capables 
d'un  vol  rapide.  En  faisant  remarquer  que  le  pigeon  domes- 
tique et  le  pigeon  romain  sont  certainement  de  la  même  es-» 
pèce  .  puisqu'ils  produisent  ensemble  des  individus  féconds ,  et 
en  ajoutant  encore  diverses  autres  considérations,  il  se  croit 
fondé  à  réduire  les  cinq  espèces  de  pigeons  admises  par  quel- 
ques-uns de  ses  devanciers,  à  deux,  le  biset  et  le  pigeon  do- 
mestique qui,  Pun  et  Pautre ,  selon  lui,  ne  font  qu'une  seule 
et  unique  espèce.  Ce  seroit  difficilement  qu'on  ne  se  laisseroit 
pas  séduire  par  la  manière  dont  il  montre  que  le  biset  sau-- 
vage  peut  devenir  esclave  de  Phomme  et  pour  toujours;  et 
bientôt  après,  on  le  suit,  saps  trop  hésiter,  lorsqu'il  enti'e 


PIG  385 

daùs  le  détail  des  races  de  pigeons  asservis.  Le  pigeon  des 
colombiers  n'est  qu'a  demi  domestique. 

Les  pigeons  tout- à-fait  domestiques  peuvent  être  divisés 
en  douze  races  ou  variétés  principales. 

].°  Les  pigeons  grosses- gorges ,  qui  tirent  leur  nom  de  la 
faculté  qu'ils  ont  d'entier  prodigieusement  leur  jabot  en  aspi- 
rant et  retenant  l'air,  et  qui  se  sous-divisent  en  treize  varié- 
tés de   couleur  au  moins. 

2."  Les  pigeons  mondains,  recommandables  par  leur  fécon- 
dité, et  qui  peuvent  être  sous- divisés  en  sept  variétés  de 
couleur  et  dr  formes. 

3.°  Les  pigeons-paons,  qui  ont  la  faculté  d'élever  et  d'étaler 
leur  queue  large. 

4.°  Les  pigeons  polonois,  plus  gros  que  les  pigeons  paons, 
et  pourvus  d'un  bec  gros  et  court,  etc. 

5.°  Le  pigeon-cravate  ou  à  gorge  frisée. 

6."  Le  pigeon-coquille  hollandois». 

7."  Le  pigeon -hirondelle. 

8.°  Le  pigeon -carme  ,  remarquable  par  ses  jambes  très- 
courtes. 

g.°  Le  pigeon  heurté. 

10.°  Les  pigeons  suisses. 

11.°  Le  pigeon  culbutant. 

12.°  Le  pigeon  tournant  ou  batteur. 

Buffon  n'a  pas  cru,  quelques  nombreuses  que  fussent  déjà 
les  races  qu'il  sig^iale,  devoir  passer  sous  silence  cinq  autres 
races,  qui  peut-être  ne  sont  que  secondaires.  Ce  sont:  2." 
le  pigeon  de  Norwége  ,  blanc  comme  la  neige,  patu, 
huppé  et  a>sez  gros;  2.°  le  pigeon  de  Crète,  qui  a  le  bec 
très-court ,  les  yeux  entourés  d'une  large  bande  de  peau  nue, 
le  plumage  bleuâtre,  etc.;  3.°  le  pigeon  frisé,  et  qui  est  tout 
blanc  ;  4."  le  pigeon  messager,  assez  semblable  au  pigeon 
turc;  et  5.°  le  pigeon  cavalier,  qui  provient  du  pigeon  grosse- 
gorge  et  du  pigeon  messager. 

Ainsi  l'illustre  naturaliste  françois  adopte  ,  avec  peu  de 
modification,  la  moitié  des  races^de  Willughby,  et  rappelle 
encore  cinq  an  1res ,  mais  en  émettant  des  doutes  à  leur  égard  : 
enfin  il  en  propose  trois  nouvelles. 

Un  des  ornithologistes  anglois  auquel  la  science  doit  le 

40.  3^ 


58Ô  PIC 

plus,  ne  semble  pas  avoir  avancé  les  connoissances  acquises 
sur  les  pigeons  domestiques.  Latham  les  range  dans  la  sec- 
tion de  ses  colombes  à  queue  égale,  immédiatement  après 
la  première  espèce  ,  le  pigeon  sauvage  ,  columba  œnas.  Il 
donne  les  deux  premières  places  dans  ses  vingts  variétés  de 
l'espèce  du  pigeon  domestique,  au  biset,  columba  livia,  et 
au  pigeon  de  roche  ,  columba  rupicola.  Les  autres  variétés 
sont  celles,  à  peu  de  chose  près,  admises  par  Brisson  et  "VS'il- 
lughby.  Il  rapproche  aussi ,  dans  la  même  variété  ,  le  pigeon 
paon  et  le  trembleur  à  queue  étroite  :  et  quoiqu'il  fasse  deux 
variétés  du  pigeon  turc  et  du  messager  ,  il  lui  semble  que 
celui-ci  ne  diffère  pas  beaucoup  du  précédent.  {Sjstema  orni- 
'hçlogiœ.) 

M.  Témminck  (Histoire  naturelle  générale  des  pigeons  et 
des  gallinacés,  Amsterdam ,  i8i5)  établit  trois  divisions  dans 
la  famille  d'oiseaux  désignés  par  les  noms  de  colombes  et  de 
pigeons.  Il  range  dans  la  première  les  colombars,  parmi  les- 
quels on  ne  connoit  encore  aucune  espèce  domestique. 

Toutes  les  colombes  vraies  entrent  dans  la  seconde  diA'i- 
sion.  Elles  ont  les  caractères  essentiels  suivans  :  Bec  mince  et 
dont  la  pointe  est  plus  ou  moins  renflée  ;  narines  recouvertes 
d'une  peau  molle;  tarse  court,  lisse,  ou  emplumé;  ailes  lon- 
gues; queue  carrée,  étagée  ou  en  forme  de  cône.  Cette  di- 
vision est  elle-même  partagée  en  deux  sections,  d'après  la 
forme  de  la  queue.  Dans  la  première  section  sont  réunies  les 
colombes  à  queue  carrée  ou  légèrement  étagée,  et  par  consé- 
quent nos  pigeons  d'Europe,  sauvages  ou  domestiques. 

M.  Temminck  pense  avec  Buffou  que  c'est  de  la  Colombe, 
Biset  sauvage  {Columba  liyia,  Lath.),  une  des  espèces  qu'il 
admet,  que  descendent  les  pigeons  de  colombier  et  les  races 
de  volière,  le  pigeon  domestique  des  naturalistes,  la  pré- 
tendue espèce  de  pigeon  romain  ,  et  le  pigebn  de  roche  ou 
rocherais. 

II  distingue  parmi  tous  ces  oiseaux,  dont  l'origine  com 
mune  paroit  être  surtout  le  biset  sauvage,  plusieurs  races. 
A.  D'abord  le  Pigeon  domestique,  Columba  domestica,  Lath. 
on  doit  le  croire  le  premier  descendant  du  biset.  Cet  oi- 
seau, qui  offre  beaucoup  de  variétés,  sous  le  rapport  de  la 
couleur  de  son  plumage ,  a  la  partie  inférieure  du  dos  blanche . 


PIG  387 

le  bec  brun ,  la  membrane  de  la   base  du  bec  rougeàtre  et 
comme  saupoudrée  de  blanc  ;  les  pieds  rouges,  etc. 

Viennent  ensuite  :5.  le  Pigeon  romain,  Columhn  kispanica , 
La<h.,  dont  quelques  individus  sont  ou  patus  ou  huppés;  C. 
le  Pigeon  grosse- gorge;  D.  le  Pigeon  turc  ou  bagadais;  E. 
le  Pigeon  nonnain.  M.  Temminck  veut  que  les  Pigeons- co- 
quilles HOLLANDois  obtiennent  place  dans  cette  race,  dont  ils 
paroissent,  selon  lui,  être  originaires.  F.  Le  Pigeon-cravate, 
Columha  turbita,  Lath. ,  lui  semble  constituer  une  race  dis- 
tincte ,  et  d'après  les  caractères  de  laquelle  il  ne  peut  soup- 
çonner qu'elle  provienne  du  biset  sauvage;  car  les  pigeons 
à  cravates  ont  le  bec  extrêmement  court,  gros,  dur;  et  en 
outre ,  ils  ne  propagent  que  difficilement  avec  les  autres  pi- 
geons domestiques.  G.  11  en  est  de  même  du  Pigeon -paon. 
L'honorable  naturaliste  hollandois,  en  comptant  les  plumes 
de  la  queue  de  cet  oiseau  qui  sont  au  nombre  de  trente, 
voit  dans  ce  caractère  de  la  race  un  trait  qui  l'éloigné  beau- 
coup du  pigeon  biset  dont  la  queue  a  seulement  quatorze 
pennes.  Les  pigeons  trenibleurs  sont  d'ailleurs  de  la  race  des 
pigeons-paons.  H.  Enfin  ,  une  dernière  race  comprend  et  le 
Pigeon  culbutant,  et  le  Pigeon  tournant. 

La  troisième  des  divisions  en  lesquelles  M.  Temminck 
partage  la  grande  famille  des  oiseaux  colouibacés,  est  celle 
qu'il  intitule  Columbi-gallines.  Il  lui  donne,  comme  essen- 
tiels, les  caractères  suivans  :  Bec  long  et  menu;  mandibule 
supérieure  peu  ou  point  renflée  à  son  extrémité;  tarses  longs 
et  grêles;  doigts  entièrement  séparés;  ailes  courtes,  généra- 
lement arrondies. 

Un  oiseau  domestique  est  renfermé  dans  cette  division,  et 
c'est  le  motif  qui  me  fait  y  arrêter  un  moment.  Pigeon  remar- 
quable par  sa  grande  faille,  la  couleur  de  son  plumage,  l'ai- 
grette qu'il  porte  sur  la  tête,  le  Colombi-galline  Goura,  Co- 
lumha coronata^  Lath.,  est  apporté  de  l'ile  de  Banda  par  les 
Hollandois  à  Java,  oîi  il  est  très-commun,  et  de  la  en  beau- 
coup d'auires  lieux. 

M.  Vieillot,  dans  un  article  du  J^ouveau  Dictionnaire  à''his~ 
toire  naturelle,  a  placé  les  pigeons  domestiques  a  la  suite  du 
pigeon  biset  ou  de  colombier  {columba  liAa^  Var. )  dans  la 
première  section  du  genre  Pigeon,  section  caractérisée  parue 


388  PIG 

bec  droit,  grt-îe,  flexible  et  renflé  vers  le  bout;  par  des  tarses 
courts  ;  des  ailes  longues  et  pointues.  Il  a  imité  en  cela  Buf- 
fon,  et  il  ri  mite  encore  en  adoptant  ses  douzes  races  pures. 
Mais  il  fait  à  la  plupart  quelques  additions  ,  ou  il  expose  sur 
plusieurs  d'entre  elles  quelques  remarques. 

Ainsi  il  pense  que  l'on  doit  ranger  dans  la  race  des  pigeons 
grosses- gorges  .■  i."  le  pigeon  lillois;  2.°  le  pigeon  plongeur, 
et  3.°  le  pigeon  claquart. 

A  la  race  des  mondains,  M.  Vieillot  ajoute,  i."  la  nouvelle 
variété  de  pigeon,  dite  bâtarde,  ou  mieux  hatave^  parce  que 
les  premiers  individus  ont  été  apportés  de  Batavia;  2."  une 
variété,  apportée  de  Berlin  vers  1808,  dont  le  plumage  étoit 
d'un  beau  noir,  avec  un  rang  de  poils  blancs  sur  les  ailes; 
variété  qui  ne  paroît  pas  avoir  pu  multiplier  en  France;  3.°  le 
pigeon  volant,  qui  tient  beaucoup  du  biset,  mais  dont  les  yeux 
offrent  un  iris  d'un  blanc  de  perle;  4.°  le  pigeon  maurin,  qui 
est  tout  noir,  avec  la  tête  et  le  bout  des  ailes  blancs,  etc. 

Une  variété  curieuse,  appelée  pigeon  paon  de  soie,  est 
réunie  à  la  troisième  race  pure  de  Buffon.  Les  barbes  des 
plumes  de  cet  oiseau  sont  sans  adhérences  et  retombent 
comme  de  la  soie,  ou  plutôt  comme  des  fils  de  coton. 

Enfin,  une  jolie  variété,  qui  paroit  avoir  été  produite  en 
Angleterre,  est  venue  augmenter  la  onzième  race  de  Buffon. 
Son  nom  anglois  est  Tumhler. 

M.  Vieillot  a  fait  des  essais  pour  mélanger  ces  diverses 
races  ou  variétés.  Il  croit  que  deux  caractères  dominent  dans 
ces  mélanges,  celui  de  la  race  et  celui  du  mâle.  On  lui  doit 
aussi  quelques  considérations  sur  les  mœurs  des  pigeons  dans 
lesquelles  sont  exposés  plus  d'un  motif  pour  ne  pas  adopter 
sans  restriction  le  portrait  séduisant  que  fait  Buffon  de  leur 
amour  vif  et  constant. 

§.  II.  Les  pigeons  domestiques  n'offrent  pas  moins  que  les 
pigeons  sauvages  les  signes  caractéristiques  de  la  tribu  d'oi- 
seaux qu'ils  composent  en  commun. 

Ils  ont  le  bec  voûté  et  comprimé  latéralement;  les  narines 
percées  dans  un  large  espace  membraneux  et  couvertes  d'une 
écaille  cartilagineuse  qui  forme  un  renflement  à  la  base  de 
la  mandibule  supérieure;  le  sternum  osseux,  profondément 
et  doublement  échancré;  quatre  doigts  articulés  sur  le  tarse 


PIG  389 

à  peu  prés  à  la  même  hauteur,  et  parfaitement  séparés;  la 
queue  composée  de  douze  pennes,  etc.  Mais  il  ne  faut  pas 
oublier  surtout  qu'on  leui*  attribue  généralement  un  bec 
grêle,  flexible,  et  dont  la  mandibule  supérieure  est  plus  ou 
moins  renflée  vers  le  bout. 

Je  dois  sur  ce  point  faire  faire  une  remarque.  Le  bec  du 
pigeon  de  volière  est  grêle,  si  on  le  compare  au  bec  de  cerf- 
tains  oiseaux  carnassiers  ou  frugivores.  Il  cessera  de  paroitre 
tel  ,  lorsqu'on  fera  attention  d'une  part  à  sa  longueur,  à  son. 
volume  dans  quelques  variétés,  par  exemple  le  pigeon  bâtard 
ou  de  Batavia  ;  et  d'autre  part  à  son  usage  ,  car  il  n'est  des- 
tiné qu'à  ramasser  et  saisir  des  graines.  Il  ne  seroit  pas  non 
plus  très- exact  d'admettre  avec  quelques  ornithologistes  que 
ce  bec  est  droit,  car  assurément  deux  variétés  au  moins  des 
pigeons  de  volière  présentent  une  véritable  courbure  à  leur 
bec.  Cet  organe  est  aussi  fort  court  dans  plusieurs  variétés,  e^ 
en  même  temps  fort  gros  et  presque  conoïde  au  moins  dans 
une  race,  le  pigeon  polonois. 

Quelques  détails  anatomiqu es  trouveront  leur  place  ici,  et 
d'une  manière  utile.  Us  rendront  souvent  compte,  parleur 
simple  rapprochement,  de  la  manière  dont  s'exécutent  la  plu- 
part des  fonctions  des  pigeons  domestiques,  de  leurs  moeurs, 
et  nullement  de  leur  intelligence. 

La  peau  du  pigeon  domestique  n'a  pas  la  même  épaisseur 
dans  toute  son  étendue  :  là ,  oii  des  plumes  nombreuses  y 
sont  insérées,  elle  est  moins  mince  que  dans  les  portions  qui 
ne  donnent  pas  naissance  à  des  plumes,  ou  au  moins  qui  ne 
donnent  naissance  qu'à  un  petit  nombre. 

Une  disposition  symétrique  des  plumes  sur  plusieurs  par^ 
ties  du  corps,  mérite  également  d'être  remarquée.  Implan- 
tées comme  sans  ordre  à  la  tête,  à  la  partie  supérieure  du 
cou,  au  croupion,  etc.,  on  les  voit  ensuite  alfecter  de  former 
sur  le  corps  des  bandes  plus  ou  moins  larges,  et,  qui  ici, 
s'éloignent  les  unes  des  autres,  et  là,  se  rapprochent  et  se 
confondent.  Dans  l'intervalle  des  deux  bandes  pectorales, 
la  peau  est  lisse  et  privée  de  plumes. 

C'est  principalement  aux  régions  du  corps  où  la  peau  porte 
des  plumes  en  grand  nombre ,  que  s'accumule  le  plus  de 
graisse  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané»  Il  n'y  a  d'excep- 


59<^  PIG 

tion  que  pour  la  tête  et  les  extrémités  des  membres.  Lors- 
ue  l'embonpoint  commence  à  se  développer  au  corps  d'un 
jiîseau  ,  il  se  montre  d'abord  dans  le  tissu  cellulaire  situé 
sous  les  bandes  de  peau  emplumées,  et  à  leurs  points  de 
jonction.  A  la  vérité,  l'humeur  graisseuse  ne  se  dépose  jamais 
ou  que  très -rarement  sous  la  peau  des  extrémités  des  ailes, 
et  aux  jambes;  mais  là  on  trouve  la  peau  épaisse,  et  les 
tissus  sous-jacens  sont  pour  l'ordinaire  imprégnés  d'une  séro- 
sité assez  abondante  et  rosée.  La  graisse  y  est  donc  remplacée 
à  quelques  égards  par  un  autre  liquide  et  une  certaine  dis- 
position organique.  Ces  diverses  remarques  ne  pourroicnt- 
elles  pas  suggérer  la  question  suivante.  L'accumulation  de  la 
graisse  dans  le  tissu  cellulaire  qui  correspond  aux  portions 
très-emplumées  de  la  peau  ,  auroit-elle  une  relation  quel- 
conque avec  la  production  des  plumes?  Je  n'ose  croire  qu'il 
fût  raisonnable  de  ne  voir  dans  les  faits  qui  sont  l'occasion 
de  cette  demande,  qu'une  simple  coïncidence  entre  deux 
conditions  de  l'organisme. 

Peut-être  les  considérations  qui  suivent,  paroîtront  forti- 
fier ce  doute.  Lorsque  dans  la  captivité,  un  oiseau,  par 
exemple,  une  fauvette  à  tête  noire,  un  tarin,  etc.,  prennent 
lin  embonpoint  considérable,  leurs  plumes  deviennent  telle- 
ment fines,  douces  au  toucher,  soyeuses,  que  le  vol  est  im- 
possible, quand  les  grandes  pennes  des  ailes  ont  elles-mêmes 
subi  la  même  altération.  Un  tel  phénomène  tient-il  à  la  graisse 
sous-cutanée  P  Toujours  il  est  certain  que  les  mammifères  et 
les  oiseaux  sauvages,  lorsqu'ils  jouissent  de  la  santé  la  plus 
robuste,  mais  sans  que  beaucoup  d'humeur  grasse  soit  dépo- 
sée dans  leur  tissu  cellulaire,  ont  le  pelage  et  les  plumes 
dans  un  état  qui  a  quelque  chose  de  rude  et  de  sec;  des 
plumes  et  des  poils  soyeux  ne  peuvent  donc  pas  dépendre 
seulement  d'une  bonne  santé  pour  leur  production,  il  faut 
une  exubérance  de  graisse;  mais  lorsqu'elle  a  lieu,  mammi- 
fères et  oiseaux  ne  sont  pas  seulement  pourvus  de  cet  em- 
bonpoint si  bien  célébré  par  Boileau ,  chez  les  chanoines,  la 
nature  les  enveloppe  encore  de  la  plus  moelleuse  hermine. 

Puisque  j'ai  été  amené  à  parler  des  plumes,  et  des  plumes 
soyeuses,  j'ajouterai  quelques  mots  sur  ce  sujet.  Les  plumes 
molles,  sont  l'effet,  selon  toute  appa- 


PIG  391 

rence,  d'une  santé  florissante  avec  accumulation  de  graisse 
dans  le  tissu  cellulaire.  On  rencontre  aussi  des  oiseaux  qui 
ont  des  plumes  molles,  impropres  au  vol,  comme  coton- 
neuses, sans  aucun  lush-e;  ces  oiseaux  là,  sont  dans  un  état 
qui  rappelle  la  condition  organique  des  albinos. 

Si  on  examine  sur  un  oiseau  sain,  le  pigeon  par  exemple, 
la  manière  dont  les  plumes  sont  fixées  chacune  dans  la  cavité 
oblongue  de  la  peau  qui  les  reçoit;  ] .°  on  observe  que  les 
unes  sont  arrêtées  simplement  par  le  collet  de  cette  cavité, 
qui  presse  plus  ou  moins  le  tuyau  de  la  plume;  et  dans  ce 
cas,  que  ce  même  tuyau  resserré  vers  son  extrémité,  est  fer- 
mé par  une  cloison  membraneuse,  alors  la  plume  est  deve- 
nue véritablement  un  corps  étranger  à  l'animal.  2.°  D'autres 
plumes  sont  retenues  par  l'adhésion  d'une  membrane  mince 
qui  recouvre  le  tuyau,  avec  les  parois  de  la  cavité  du  derme, 
et  déjà  le  cylindre  creux  de  ces  plumes,  diminué  de  calibre 
à  son  extrémité,  y  est  clos  encore  par  une  cloison  membra- 
neuse. 3.°  Toutes  les  autres  plumes  sont  attachées  par  le  pour- 
tour du  cylindre  de  leur  tuyau  à  une  portion  de  la  surface 
de  la  cavité  du  derme,  disposition  comparable  à  l'union  d'un 
placenta  avec  un  ombilic.  C'est  alors  que  l'on  rencontre  les 
parois  du  cylindre  plumacé  plus  ou  moins  flexible  ,  et  l'inté- 
rieur de  ce  même  cylindre  renfermant  une  pulpe  molle,  des 
liquides  et  des  vaisseaux  sanguins.  Lorsqu'un  jour  je  décrirai 
les  phénomènes  de  la  mue  des  pigeons,  j'essaierai  de  donner 
une  idée  de  la  production  des  plumes. 

Sous  la  peau,  à  la  région  pectorale,  sur  le  sternum,  d'ail- 
leurs profondément  et  doublement  échancré,  sont  étendus 
de  chaque  côté  de  la  crête  de  ce  même  os,  deux  couches 
épaisses  de  chair  musculaire,  ou  deux  muscles  puissans, 
agens  principaux  du  mouvement  en  général  de  chacune  des 
ailes.  L'un  et  l'autre  muscle  s'attachent  par  un  tendon  à 
l'humérus,  mais  d'une  manière  diff'érente;  et  ils  sont  compo- 
sés de  faisceaux  musculaires  assez  distincts,  même  par  la  cou- 
leur. Il  y  a  une  disproportion  très-grande  de  volume,  entre 
les  muscles  qui  servent  aux  mouvemens  des  ailes,  et  ceux 
qui  sont  destinés  à  mouvoir  l'appareil  osseux  des  membres 
pelviens.  Aussi,  les  pigeons  sont -ils  peu  aptes  à  marcher,  à 
courir  avec  une  certaine  vitesse;  et  ce  n'est  qu'avec  le  se- 


392  PIG 

cours  de  leurs  ailes  qu'ils  peuvent  accélérer  ce  genre  de  pro- 
gression. Chez  ceux  d'entre  ces  oiseaux  qui  sont  privés  de  la 
faculté  de  voler  par  l'une  ou  l'autre  altération  des  plumes 
dont  j'ai  parlé  précédemment,  on  ne  voit  pas  que  les  muscles 
des  cuisses  et  des  jambes  aient  sensiblement  un  volume  aug- 
menté; cependant  ces  pigeons  courent  très-bien,  mais  il  m'a 
paru  que  les  muscles  pectoraux  pouvoient  avoir  une  épaisseur 
moindre.  Le  colombi-galline  goura,  oiseau  marcheur  et  à 
tarses  longs,  a  l'appareil  musculaire  des  membres  pelviens 
probablement  dans  un  état   de  développement  plus  parfait. 

L'appareil  osseux  du  pigeon  ne  présente  les  attributs  d'une 
certaine  force  que  dans  les  parties  qui  concourent  au  vol, 
surtout  le  sternum,  les  humérus,  le  sacrum.  Les  pigeons,  cou- 
verts de  plumes  impuissantes  pour  le  vol,  ont  les  os  de  la 
cuisse  et  des  jambes  à  peine  plus  forts  que  les  individus  doués 
de  la  faculté  de  voler.  Le  goura,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, a  sans  doute  les  mêmes  os  plus  volumineux;  il  les  a, 
proportion  gardée,  certainement  plus  longs. 

Les  os  qui  composent  la  cavité  de  la  poitrine,  ont  de  si 
étroites  relations  d'organisation  avec  les  poumons  ,  que  je 
rappellerai  maintenant  la  situation  fixe  de  ces  derniers  sur  la 
colonne  vertébrale  et  sur  les  deux  rangées  des  côtes.  Ces  vis- 
cères sont  d'ailleurs  peu  épais,  mais  larges,  longs,  et  fort 
étendus;  ils  ne  sont  pas  enveloppés  d'une  membrane  séreuse. 

C'est  à  l'appareil  osseux  du  crâne  qu'il  faut  attribuer  seu' 
lement  la  tête  assez  grosse,  ronde,  et  présentant  assez  dis- 
tinctement trois  bosses,  des  pigeons  à  bec  court  et  gros,  du 
polonois,  du  nonnain  et  du  cravate.  Les  deux  cavités  orbi- 
culaires,  très-grandes,  et  ayant  leur  partie  supérieure  rele- 
vée et  arrondie,  forment  deux  de  ces  bosses;  la  troisième 
est  due  aux  os  de  la  partie  postérieure  du  crâne,  surtout  à 
l'occipital,  qui  ont  une  épaisseur  remarquable.  On  ne  peut 
pas  dire  que  ces  oiseaux  à  tête  grosse  et  ronde,  aient  un 
encéphale  plus  volumineux  que  les  autres  pigeons,  propor- 
tion gardée,  pour  le  taille  des  individus.  Néanmoins,  les 
grandes  variétés  du  pigeon  domestique,  telles  que  le  pigeon 
romain,  le  batave,  etc.,  n'ont  pas,  selon  toute  apparence, 
un  encéphale  aussi  développé  que  les  petites  variétés  ,  eq 
ayant  égard  aux  tailles  res|iectives  de  ces  divers  oiseaux, 


piCt  395 

De  tous  les  organes  des  sens,  ceux  qui  sont  chargés  de  la 
vue,  offrent  dans  leur  organisation  les  proportions  d'étendue 
les  plus  considérables  et  probablement  les  plus  en  rapport 
avec  la  plus  grande  puissance  possible  d'action.  Les  cavités 
nasales  viennent  ensuite,  puis  celle  des  oreilles.  La  portion 
cornée  du  bec,  et  les  plumes,  transmettent  peut-être  des 
sensations  par  un  tact  beaucoup  plus  susceptible  qu'on  ne 
l'imagine.  La  langue  est  entière,  pointue ,  molle,  médiocre- 
ment charnue,  et  néanmoins  reçoit  des  vaisseaux  sanguins  et 
des  cordons  nerveux  d'un  certain  calibre. 

Avant  de  passer  aux  organes  de  l'appareil  digestif ,  je 
dirai  que  le  larynx  inférieur  est  muni  d'un  seul  muscle 
propre. 

L'œsophage  est  long,  fort  dilatable;  sa  portion  musculaire 
a  peu  d'épaisseur,  et  sa  membrane  muqueuse,  mince  et  molle, 
est  parsemée  ça  et  là  de  cryptes  muqueux  et  blanchâtres.  Il 
se  continue  avec  le  jabot,  et  à  proprement  parler  ne  feroit 
qu'un  avec  lui,  si  ce  dernier  ne  présentoit  quelques  diffé- 
rences. Eu  effet,  le  jabot  a  des  parois  un  peu  plus  épaisses, 
et  sa  membrane  muqueuse  un  aspect  pulpeux  et  blanchâtre; 
elle  renferme  des  cryptes  muqueux  en  grand  nombre  ,  et 
d'autant  plus  apparens  qu'ils  sont  situés  plus  près  de  l'esto- 
mac ;  la  cavité  du  jabot  offre  aussi  plusieurs  sinus.  L'estomac 
ou  le  gésier,  composé  principalement  d'un  muscle  puissant, 
tapissé  d'une  membrane  robusie  ,  blanchâtre  ,  s'unit  dans 
deux  points  très-rapprochés  avec  le  jabot,  qui  se  resserre  en 
ce  lieu  et  avec  la  première  portion  de  l'intestin;  celui-ci  a 
une  longueur  et  une  capacité  médiocre;  à  la  fin  de  l'iléon 
et  sur  un  de  ses  cotés,  est  situé  le  premier  appendice  du 
cœcum  ;  l'autre  se  rencontre  un  peu  plus  loin  et  sur  un  autre 
côté.  Ces  appendices  paroissent  d'ailleurs  varier  d'étendue  : 
en  général,  très -courts,  ils  n'excèdent  pas  en  longueur  le 
quart  du  doigt.  Galien  est  le  premier  qui  ait  annoncé  que  la 
vésicule  du  fiel  manque  chez  les  pigeons.  La  rate  toujours 
très -petite,  et  de  forme  ronde,  a  son  siège  entre  l'estomac 
et  le  foie.  (  Aristote.) 

Quant  aux  organes  de  la  reproduction,  je  rappellerai  seu- 
lement que  les  testicules,  toujours  assez  petits,  sont  attachés 
à  la   colonne  vertébrale  ,    de    chaque  côté  ,  à   l'endroit  où 


^94  PIG 

finissent  les  poumons.  Il  en  est  de  même  pour   les  ovaires 

dans  les  femelles. 

Peu  de  mots  suffiront  également  pour  exposer  ce  qu'il  est 
utile  d'avoir  présent  à  la  mémoire  ,  touchant  les  vésicules 
aériennes,  ordinairement  au  nombre  de  trois  :  la  première 
existe  sous  l'os  sternum,  reçoit  l'air  des  poumons  par  des 
ouvertures,  et  s'étend  jusqu'à  l'estomac;  en  ce  lieu,  la  se- 
conde commence  et  c'est  la  plus  petite;  puis  vient  la  troi- 
sième qui  est  la  plus  grande  de  toutes,  et  située  à  la  partie 
antérieure  du  ventre;  c'est  également  des  poumons,  mais 
par  un  canal  membraneux ,  qu'elle  tient  l'air  qu'elle  ren- 
ferme. 

§.  III.  Les  pigeons  et  les  tourterelles  sont  granivores  (Aris- 
tote).  Ils  mangent  nos  diverses  graines  céréales,  le  sarrazin, 
le  maïs,  les  pois,  les  lentilles,  les  féveroles,  les  graines  des 
baies  de  raisin,  le  chenevis ,  l'alpiste ,  le  millet,  etc.;  mais 
en  domesticité ,  dans  les  volières  ,  surtout  la  vesce.  Cette 
dernière  est  à  la  fois  leur  nourriture  la  plus  économique  et 
la  plus  saine.  Ils  la  digèrent  très-bien;  si  elle  les  incommode 
quelquefois,  c'est  seulement  dans  certaines  dispositions  ma- 
ladives. Au  contraire,  on  a  remarqué,  i.°  que  le  blé,  lors- 
que ces  oiseaux  sont  enfermés  dans  une  volière,  les  relâche 
beaucoup,  peut  leur  donner  un  dévoiemcnt  dangereux,  re- 
tarder la  ponte  des  femelles,  et  rendre  inféconds  les  œufs; 
2."  que  les  grains  de  raisin,  dont  ils  sont  friands,  relèvent 
leurs  forces  et  leur  sont  très-utiles  en  hiver;  3."  que  les  se- 
mences de  l'alpiste  et  le  chenevis  sont  un  stimulant  énergique 
pour  eux;  et  même  un  échauffement  maladif,  ou  une  irrita- 
tion inflammatoire  du  tube  digestif  peuvent  naître  de  l'usage 
un  peu  prolongé  d'une  pareille  nourriture. 

D'après  les  effets  différens  de  chaque  espèce  de  graines  sur 
l'organisme  des  pigeons,  on  sera  à  même  de  juger  quand  on 
devra  préférer  celle-ci  à  cellc-Là,  et  corriger  les  inconvéniens 
des  unes  par  l'action  opposée  des  autres.  Il  n'est  pas  super- 
flu d'ajouter  ici,  que  la  vesce  la  meilleure  est  pesante,  dure, 
d'un  noir  luisant  et  foncé,  et  qu'elle  doit  avoir  au  moins  ira 
an,  et  mieux  deux  ans.  Lorsqu'elle  est  très-nouvelle  et  qu'elle 
est  récoltée  depuis  moins  d'un  an,  elle  peut  troubler  la  santé 
des  pigeons,  et  surtout  des  jeunes  pigeons,  et  amener  un 


PI  G  5y5 

dévoiement  dangereux,  mortel  même,  sî  l'on  n'y  apporte  un 
reinéde  prompt  et  presque  sûr,  le  sel  marin. 

Mais  les  goûts ,  les  appétits  divers  que  montrent  pour 
chaque  espèce  de  substance  alimentaire,  les  pigeons  que  Ton 
retient  enfermés  dans  les  volières ,  doivent  engager  à  varier 
de  temps  en  temps  leur  nourriture.  La  seule  précaution  à 
prendre  est  de  leur  laisser  habituellement  celle  qui,  d'après 
l'expérience,  leur  est  le  plus  ordinairement  salutaire;  on 
peut  aussi  les  accoutumer,  et  cela  est  facile,  à  manger  delà 
mie  de  pain,  de  la  pâtée  préparée  avec  le  pain,  le  son,  et 
diverses  matières  végétales. 

Plusieurs  espèces  de  pigeons  sauvages,  soit  par  un  goût 
naturel,  soit  par  nécessité,  mangent  des  insectes,  divers 
petits  coquillages.  On  ne  -.oit  pas  le  pigeon  domestique  les 
imiter  dans  l'usage  de  pareils  alimens,  s'il  n'y  est  poussé  par 
le  besoin;  mais  on  a  pu  en  accoutumer  à  prendre  habituel- 
lement de  la  viande  hachée.  Leur  tube  digestif  ne  paroît  pas 
au  reste  diposé  pour  agir  sur  une  semblable  matière  alimen- 
taire; tout  dans  ce  tube  et  dans  ses  annexes  annonce  qu'il 
doit  spécialement  agir  sur  des  substances  végétales,  sur  des 
graines  le  plus  ordinairement. 

La  laitue  cultivée  et  très-tendre,  et  l'oseille  sont  assez  re- 
cherchées par  les  pigeons;  surtout  les  feuilles  d'oseille  parois- 
sent  leur  être  très-agréables.  Ce  sont  pour  eux  moins  un  ali- 
ment qu'une  sorte  d'assaisonnement.  Il  en  est  de  même  du  sel 
marin. 

Cette  dernière  substance  ne  sauroit  être  nutritive,  mais 
elle  est  salutaire  aux  pigeons.  Elle  facilite  leurs  digestions, 
et  devient  souvent  un  véritable  remède  pour  plusieui's  de 
leurs  maladies.  Aussi  a-t-elle  pour  eux  un  puissant  attrait. 
Ces  oiseaux  entreprennent  de  véritables  voyages  pour  satis^ 
faire  leur  goût  le  plus  vif.  On  les  voit  prendre  leur  vol  pour 
aller,  quelquefois  jusqu'à  six  lieues  de  leur  demeure,  gagner 
les  bords  de  la  mer;  là,  ils  cherchent  du  sel  dans  les  falaises, 
et  pendant  des  heures  entières  ils  sont  uniquement  occupés  à 
becqueter  les  détritus  des  matières  nombreuses  et  variées 
qui  peuvent  en  offrir  des  efflorescences.  Les  fontaines  d'eau 
salée  qui  existent  dans  plusieurs  pays,  sont  également  visi- 
tées, comme  les  rivages  de  la  mer,  par  les  pigeons  des  contrées 


59S  PIG 

environnantes.  Cetfe  observation  et  rexpérience  ont  engagé 
depuis  un  temps  immémorial,  à  donner  du  sel  marin  aux 
pigeons  de  colombier  et  de  volière.  Mais  l'on  a  appris  aussi 
que,  s'il  leur  est  très-avantageux  lorsqu'ils  en  prennent  une 
quantité  modérée,  il  peut  leur  devenir  fréquemment  nui- 
sible, s'ils  en  usent  trop  souvent  et  en  quantité  trop  grande 
a  la  fois.  Alors  ont  été  imaginées  plusieurs  manières  de  leur 
présenter  le  sel,  presque  toutes  plus  ou  moins  bizarres,  dé- 
goûtantes, ou  mal  entendues,  ou  nuisibles.  Parler  des  pre- 
mières seroit  tout-à-fait  superflu.  On  doit  regarder  comme 
nuisibles,  celles  qui  consistent  à  confectionner  une  pâte  avec 
un  mélange  de  semences,  telles  que  vesce,  cumin,  ou  autres 
graines  farineuses,  de  terre  un  peu  grasse  et  de  sel,  dans 
certaines  proportions.  Les  substances  nutritives  et  l'espèce  de 
terre  employées  dans  ces  préparations  sont  alors  amenées  à 
un  état  contraire  à  la  santé  des  pigeons;  les  premières  sont 
devenues  difficiles  à  digérer,  l'autre  ne  peut  plus  aider  l'es- 
tomac dans  son  action  compressive  sur  les  graines;  aussi  les 
oiseaux,  à  la  conservation  desquels  les  pâtes  dont  je  parle 
étoient  destinées,  trouvent  souvent  dans  leur  usage,  des 
causes  de  maladies  quelquefois  mortelles. 

La  manière  qui  paroit  la  meilleure  ,  de  leur  présenter  le 
sel,  est  de  leur  donner  à  becqueter  un  morceau  de  poisson 
desséché  et  fortement  salé ,  comme  seroit  une  queue  de  morue 
ou  un  maquereau,  etc.,  destinés  à  être  conservés  long-temps. 
Une  queue  de  morue  suffît  pour  cinquante  pigeons.  Lorsque 
les  localités  ne  permettent  pas  de  recourir  à  de  pareilles 
substances,  soit  à  cause  de  leur  prix,  soit  à  cause  de  leur 
odeur  forte  et  désagréable, -on  doit  placer  dans  les  colombiers 
et  dans  les  volières,  des  vases  qui  contiennent  une  bonne 
terre  de  potager,  et  à  laquelle  on  mêle  de  temps  en  temps 
à  la  surface,  une  quantité  de  sel  ou  d'eau  salée,  en  propor- 
tion du  nombre  des  oiseaux,  et  en  rapport  avec  l'espèce  de 
graines  dont  ils  mangent  habituellement.  On  doit  penser  en 
effet,  que  si  on  est  forcé  de  donner  pour  principale  nourri- 
ture une  graine  qui  soit  très-rafraîchissante  ou  indigeste ,  etc. , 
une  plus  grande  quantité  de  sel  devient  nécessaire;  au  con^. 
traire,  il  sera  convenable  d'en  diminuer  la  quantité,  si  des 
semences  échauffantes  sont  surtout  employées  comme  aliuiens» 


PIG  397 

La  situation  du  lieu  où  est  élevé  le  colojnbier  et  placé  la 
volière,  exige  encore  quelque  attention  relativement  à  la 
quantité  de  la  matière  saline  qui  doit  être  employée.  Si  une 
température  basse  y  règne  habituell-ement,  il  faut  donner  da- 
vantage de  sel.  L'observation  a  appris  que  c'étoit  en  hiver, 
que  les  pigeons  montrent  le  pl«s  d'avidité  pour  lui;  on  en 
a  la  preuve,  lorsqu'on  les  voit  dans  cette  saison,  attaquer 
de  leur  bec,  des  pâtes  préparées  et  desséchées  qui  leur  ont 
répugné  en  tout  autre  temps,  mais  qui  alors  leur  présentent 
seules  la  matière  saline  dont  ils  éprouvent  un  pressant  besoin. 

L'espèce  de  nourriture  sèche  dont  habituellement  le  pigeon 
domestique  fait  usage  ,  et  son  goût  décidé  pour  les  choses  qui 
ont  une  saveur  salée,  contribuent  sans  doute  à  lui  rendre 
nécessaire  une  boisson  abondante.  Par  les  mêmes  raisons, 
l'eau  qu'il  boit,  lui  devient  d'autant  plus  salutaire,  qu'elle 
est  plus  douce,  plus  aérée,  plus  pure.  L'eau  de  rivière  doit 
lui  être  donnée  de  préférence  à  toute  autre;  à  son  d.°faut, 
que  ce  soit  celle  que  l'homme  emploie  pour  lui-même.  Enfin, 
si  l'on  n'a  que  de  l'eau  de  puits,  toujours  plus  ou  moins 
chargée  de  sels  terreux,  les  pigeons  consentiront  à  la  boire, 
mais  on  doit  s'attendre  pour  l'ordinaire  qu'ils  en  seront  in- 
commodés. Cependant  il  semide  que  l'habitude  rende,  pour 
eux,  moins  fréquens  les  inconvéniens  d'une  mauvaise  eau. 

La  température  à  laquelle  le  pigeon  peut  prendre  sa  bois- 
son,  varie  beaucoup.  En  hiver,  il  boit  l'eau  que  l'on  vient 
de  débarrasser  de  la  couche  de  glacf  dont  elle  étuit  cou- 
verte; mais  il  en  boit  moins  très-certainement,  et  ilneparoit 
pas  se  plaire  à  y  enfoncer  le  bec  ,  ou  bien  il  faut  qu'il  soit 
sollicité  par  une  soif  vive.  En  été,  une  eau  fraîche  est  fort 
recherchée  par  lui,  et  il  en  prend  beaucoup  à  la  fois.  Alors 
celle  qui  a  été  chauffée  par  le  soleil  lui  répugne,  et  cepen- 
dant j'ai  vu  des  pigeons  de  volière  que  j'avois  accoutumés 
à  boire  de  l'eau  très-chaude  ,  continuer  à  prendre  avec  avi- 
dité de  cette  dernière. 

Au  reste,  le  goût  marqué  des  pigeons  sauvages,  de  colom- 
bier et  de  volière  pour  l'eau  chaude,  à  un  degré  assez  élevé, 
a  été  observé  dans  tous  les  temps.  Les  fontaines  naturelles 
d'eau  chaude  ont  toujours  été  en  possession  d'attirer  les  ra- 
miers et  les  fuyards,  et  les  hôtes  des  colombiers.  Il  est  amu- 


^y8  PIG 

sant  d'habituer,  dans  les  volières,  les  pigeons  à  boire  de  l'eau 
chaude  et  de  s'y  baigner.  Cela  ne  se  fait  que  par  degrés.  Les 
oiseaux  ,  qui  d'abord  montrent  de  la  crainte  pour  la  vapeur 
qui  s'élève  du  liquide,  finissent  par  la  braver,  et  viennent, 
après  quelques  essais,  plonger  leur  bec  dans  une  eau  presque 
brûlante  ,  et  ils  en  boivent  arec  lé  plus  grand  plaisir  au  mi- 
lieu de  cette  même  vapeur  très-abondante  qu'ils  avoient  tant 
redouté  précédemment.  Il  n'est  pas  douteux  que,  dans  plu- 
sieurs de  leurs  maladies,  la  boisson  et  les  bains  d'eau  chaude 
n'aient  des  avantages  pour  eux. 

J'ai  accoutumé  des  pigeons  de  volière  à  boire  des  eaux 
minérales,  naturelles  et  factices.  Ils  en  éprouvent  des  eflTcls 
analogues  à  ceux  que  chacune  de  ces  eaux  exerce  commu- 
nément sur  l'homme;  remarque  singulière,  si  on  considère 
les  différences  d'organisation  ,  et  moins  étonnante  si  on  fait 
attention  à  l'espèce  de  composé  que  présente  chaque  eaii 
minérale.  J'ai  vu  l'eau  de  Seltz  naturelle  exciter  d'une  ma- 
nière très-marquée  l'appétit  des  oiseaux  auxquels  j'en  ai  fait 
prendre;  etc.  11  n'est  pas  douteux  que  les  eaux  minérales  ne 
puissent  entrer  utilement  dans  la  médecine  et  l'hygiène  des 
pigeons  domestiques. 

On  peut  et  on  doit  laisser  constamment  de  la  boisson  aux 
pigeons  de  volière  et  même  de  colombier ,  parce  que  l'ob- 
servation a  appris  qu'ils  en  ont  besoin  à  des  époques  diffé- 
rentes de  la  journée,  selon  que  la  digestion  s'opère  chez  eux. 
On  pourroit  également  leur  laisser  toujours  des  aliuiens , 
mais  cela  a  souvent  des  inconvéniens  sou  le  rapport  de  l'é- 
conomie et  sous  celui  de  leur  santé.  Alors  il  faut  se  régler 
encore  sur  l'observation  pour  les  heures  auxquelles  on  leur 
jettera  de  la  graine.  Or,  elle  fait  découvrir  que  c'est  particu- 
lièrement à  leur  réveil  le  matin,  et  une  heure  avant  que  la 
clarté  du  jour  ne  commence  à  baisser,  que  ces  oiseaux  mon- 
trent un  besoin  plus  grand  de  prendre  de  la  nourriture.  On 
doit  alors  leur  en  donner  des  quantités  plus  considérables; 
une  demi-poignée  de  vesce ,  par  exemple,  est  suffisante  par 
chaque  individu.  Cependant  il  faut  faire  encore  une  dlstz-i- 
bution  de  graines  dans  le  milieu  du  jour,  vers  les  deux  heures 
après  midi.  Elle  est  destinée  aux  femelles  qui  couvent.  Elles 
q^uittent  assez  régulièrement  leurs  œufs  tous  les  jours  de  dix 


PIG  595 

â  onze  heures  du  mnlin  jusqu'à  trois  heures  du  soir;  mais, 
eomme  à  midi  elles  ont  l'habitude  de  sommeiller,  il  est  plus 
convenable  de  reculer  de  deux  heures  environ  leur  repas. 

II  n'est  personne  qui  n'ait  vu  les  pigeons  saisir  et  avaler 
la  graine  dont  ils  se  nourrissent.  Peut-être  n'est-il  pas  ce- 
pendant tout-à-fait  superflu  de  dire  par  quel  moyen  ils  la 
font  passer  du  bec  dans  la  gorge;  c'est  en  retirant  la  tête  en 
arrière,  et  en  lâchant  en  même  temps  la  graine,  qu'ils  la 
poussent  aussi  en  arrière  et  dans  leur  pharynx.  Quand  ils  ne 
sont  pas  mus  par  un  appétit  trop  grand  ,  un  besoin  trop  pres- 
sant, ils  reconnoi^serit,  parmi  les  graines  qu'on  leur  offre, 
celles  qui  leur  sont  bonnes,  a  l'aide  du  sens  de  la  vue,  de 
celui  des  saveurs,  et  même  souvent  par  le  simple  toucher 
qu'exercent  alors  les  extrémités  des  deux  mandibules  en 
saisissant  l'aliment.  La  manière  dont  les  pigeons  boivent,  a 
fourni  aux  naturalistes  un  assez  bon  caractère  pour  distinguer 
cette  nombreuse  famille  d'une  autre  famille  très-voisine, 
celle  des  passereaux.  Lorsque  ces  derniers  veulent  étancher 
leur  soif,  ils  prennent  de  l'eau  dans  la  mandibule  inférieure 
de  leur  bec,  et  la  font  cou li:;r  dans  la  gorge  en  élevant  avec 
promptitude  la  tête  presque  verticalement.  Les  pigeons,  au 
contraire  ,  plongent  le  he :  dans  l'eau  ,  et  aspirent  pour  l'or- 
dinaire d'un  seul  trait  toute  la  quantité  de  boisson  dont  ils 
ont  besoin. 

Lorsqu'ils  ont  fait  ainsi  passer  dans  leur  jabot  et  des  graines 
et  de  leau  ,  la  digestion  commence.  Les  matières  solides  se 
laissent  pénétrer,  gonfler,  amollir  par  les  liquides.  Une  sorte 
de  macération  ,  puis  de  première  divisipn  ,  ont  lieu ,  non  tout 
à  la  fois,  mais  successivement,  et  par  |)etites  portions  de  la 
masse  alimentaire.  Au  bout  d'une  à  deux  heures,  de  foibles 
quantités  de  cette  même  masse  alimentaire  sont  dirigées  vers 
l'estomac.  Là,  elles  éprouvent  une  trituration  véritable,  une 
extrême  division  par  les  contractions  puissantes  des  couches 
musculaires  et  épaisses  qui  forment  les  parois  de  la  cavité 
stomacale.  L'action  de  l'estomac  devient  d'autant  plus  efficace 
et  complète  ,  que  l'oiseau  aura  été  à  même  d'ingérer  dans 
la  cavité  de  ce  viscère,  des  petits  fragmens  de  pierre,  des 
grains  de  sable.  C'est  pour  cela  qu'il  est  d'une  véritable  im- 
portance pour  la  santé  des  pigeons  de  volière  de  leur  donner 


400  PIG 

des  vases  remplis  de  terre  végétablc.  Le  sel  marin  agit  alois 
aussi  ,  -mais  comme  substance  stimulante  et  du  jabot  et  de 
l'estomac.  Après  l'action  de  l'estomac  ,  la  pâte  alimentaire 
éprouve  celle  des  diverses  portions  de  l'intestin  ;  elle  est  con- 
vertie en  chyme,  puis  une  partie  en  chyle,  et  l'autre  partie, 
toujours  plus  considérable,  parcourt  tout  le  tube  digestif,  et 
est  à  la  fin  rejctée  au  dehors  à  l'état  de  fiente,  ou  de  ma- 
tière fécale  et  d'urine. 

C'est  de  cette  manière  que  tous  les  alimens ,  qui  avoient 
été  introduits  dans  le  jabot,  sont  ensuite  soumis,  par  por- 
tions, aux.  diverses  régions  du  tube  digesti/,  et  que  la  diges- 
tion s'en  opère  successivement.  Il  faut  pour  l'ordinaire  plu- 
sieurs heures  pour  qu'elle  soit  complète;  quoiqu'elle  s'exé- 
cute néanmoins  assez  promptement,  eu  égard  à  la  nature  des 
matières  à  digérer.  Le  pigeon  a  l'estomac  chaud,  est  un  pro- 
verbe vrai ,  et  qui  exprime  l'espèce  de  célérité  avec  laquelle 
les  divers  temps  de  la  digestion  s'accomplissent  chez  lui. 

Pendant  la  première  période  de  l'acte  digestif,  lorsque 
les  graines  sont  encore  toutes  dans  le  jabot,  l'oiseau  sent 
évidemment  ses  forces  remontées  ,  et  ses  actions  le  témoignent 
souvent.  Mais  si  la  quantité  de  graines  ingérée  est  un  peu 
considérable,  ou  si  rien  ne  stimule,  n'inquiète,  ne  tour- 
mente l'animal,  il  paroît  alors  assez  disposé  au  repos,  même 
au  sommeil.  Plus  tard,  lorsque  la  digestion  tire  à  sa  fin,  que 
l'appétit  commence  à  se  réveiller,  alors  surtout  il  commence 
à  exercer  d'une  manière  spéciale  ses  organes  des  sens,  à 
manifester  des  phénomènes  d'intelligence  et  de  sentiment, 
et  à  exécuter  diverses  actions  locomotrices. 

Le  mobile  principal  de  toutes  les  exertions  organiques  qui 
ont  lieu  en  lui,  est  de  satisfaire  ses  besoins,  et  un  certain 
penchant  à  vivre  dans  la  société  de  ses  semblables,  penchant 
qui  dérive  et  du  degré  d'intelligence,  et  de  l'étendue  des 
affections  dont  il  est  susceptible. 

Pour  lui,  le  premier  des  sens  est,  sans  aucune  contesta- 
tion possible,  le  sens  de  la  vue.  Obligés,  par  leurs  besoins, 
de  parcourir  les  airs,  de  descendre  à  terre  pour  y  chercher 
leur  nourriture,  de  se  rendre  au  bord  des  eaux  pour  se 
désaltérer  et  se  baigner,  le  pigeon  de  colombier,  ainsi  que 
le  pigeon  sauvage,  dépourvus  d'armes  réelles,  soit  pour  atta- 


PIG  401 

quef ,  soit  pour  se  défendre,  resteroient  exposés  aux  dangers 
trop  assurés  de  la  poursuite  des  oiseaux  de  proie,  s'ils  ne 
possédoient,  dans  l'étendue,  la  vivacité,  la  perfection  de 
leur  vue,  un  moyen  de  conservation.  Leurs  yeux  jouissent 
en  outre  d'une  mobilité  très -grande  dans  les  cavités  orbi- 
taires  ,  et  se  dirigent,  à  la  volonté  de  l'animal,  dans  toutes 
les  directions.  Mais  la  vue  trouveroit  encore  des  obstacles  à 
s'exercer  vers  tel  ou  tel  point,  obstacles  qui  proviennent 
surtout  de  la  situation  des  yeux  sur  les  côtés  de  la  tête,  si 
l'oiseau  ne  savoit  prendre  certaines  attitudes,  et  s'il  n'étoit 
le  maître  de  faire  mouvoir  les  deux  paupières  de  chaque 
Ceiî  ;  ce  qui  lui  fournit  de  nouveaux  moyens  d'écarter  les 
rayons  lumineux  qui  troubleroient  la  vision  ,  et  en  même 
temps  de  recevoir  seulement  ceux  qui  lui  apportent  l'image 
des  objets  qui  peuvent  être  dans  certaines  directions.  Ainsi , 
pour  reconnoitre  si  au-dessus  de  sa  tête,  mais  en  arriére, 
dans  les  airs,  il  ne  plane  pas  quelque  ennemi,  le  pigeon 
alonge  et  abaisse  un  peu  le  cou  ,  relève  en  même  temps  la 
tête  sur  le  cou,  et  dirigeant  alors  ses  yeux  en  haut  et  der- 
rière lui ,  peut  ainsi  découvrir  de  quel  danger  il  est  menacé. 
Après  le  sens  de  la  vue,  celui  de  l'ouïe  prend  rang  pour 
l'importance.  Il  paroît  cependant  peu  développé,  pourroit- 
on  dire.  On  ne  ferait  pas  attention  alors  qu'il  laut  distinguer 
entre  l'étendue  et  la  délicatesse  d'action  d'un  appareil  d'or- 
ganes. Des  yeux,  des  oreilles,  une  langue,  etc.,  peuvent 
être  capables,  les  premiers,  d'une  vue  longue,  perçante; 
les  seconds ,  d'une  ouïe  qui  perçoivent  les  sons  les  plus 
éloignés,  les  plus  foibles ,  etc.,  et  cependant  avoir  une  struc- 
ture très -simple;  mais,  s'ils  dévoient  avoir  en  outre  une 
action  assez  délicate  pour  percevoir  une  foule  de  modifica- 
tions dont  la  lumière,  dont  les  vibrations  de  l'air  sont  sus- 
ceptibles, dès- lors  l'organisation  des  sens  devient  plus  com- 
plexe. L'ouïe  du  pigeon  peut  donc  lui  rendre  de  grands 
services,  quelle  que  soit  l'unité,  qu'on  me  permette  cette  ex- 
pression ,  de  son  organisation  ;  puisque  c'est  pour  ainsi  dire 
de  bruit  seul  dont  il  s'agit  pour  lui.  Ce  n'est  que,  dans  un 
âge  déjà  avancé ,  que  cet  oiseau  apprend  qu'il  ne  doit  pas 
s'émouvoir  pour  le  sifflement  du  vent ,  pour  le  choc  des 
branches  d'arbres  ,  mais  réserver  ses  craintes  et  ses  moyens 
40.  a6 


4oâ  PIG 

de  salut  quand  le  claquement  des  ailes,  le  cri  aigre,  ou  le 
sifflement  de  ses  ennemis  parvient  à  son  oreille.  On  ne  cite 
que  quelques  exemples  de  pigeons  adultes,  qui  se  soient 
montrés  sensibles  à  la  musique  ;  probablement  à  cause  de 
la  simplicité  de  l'aiiparcil  auditif.  La  musique  ne  paroît 
faire  sur  le  plus  grand  nombre  que  TelTet  d'un  bruit  confus. 
Qu'arrive-t-il  donc  lorsqu'un  de  ces  oiseaux  devient  sensible 
aux  sons  d'un  instrument ,  comme  ce  pigeon  qui  ne  man- 
quoit  jamais  d'être  attiré  sur  la  fenêtre  de  l'appartement 
où  une  jeune  fille  jouoit  sur  un  piano  un  air  de  Handel. 
Chaque  fois  qu'il  l'entendoit,  il  quittoit  tout,  même  son  nid; 
et  c"étoit  bien  uniquement  pour  la  musique,  car  nulle  autre 
chose  n'avoit  le  droit  de  le  faire  venir,  ou  de  le  retenir. 
Le  chant  spere  si  agissoit  sur  l'organe  de  l'oiseau  ,  à  la  ma- 
nière d'un  son  unique  ,  mais  agréable  et  séduisant. 

Je  n'ai  pas  été  à  même  de  faire  d'obsei'vations  sur  l'odorat 
des  pigeons,  sinon  que  je  n'ai  jamais  pu  recounoître  par 
aucun  signe  quand  ils  recevoient  quelque  sensation  par  les 
fosses  nasales. 

Mais  ils  perçoivent  assurément  de  nombreuses  impressions 
par  le  contact  avec  les  objeJs  environnans,  et  par  l'organe 
des  saveurs,  la  langue.  Ils  n'en  tirent  pas  un  parti  moins 
important  pour  leur  conservation,  quoique  ces  deux  sens 
n'agissent  que  sur  des  objets  très -rapprochés.  Ainsi  on  les 
voit  se  comporter  différemment,  selon  que  pèse  sur  eux  line 
atmosphère  sèclie  ou  humide,  calme  ou  orageuse,  chaude 
ou  froide,  etc.  Us  montrent  toujours  beaucoup  de  défiance, 
lorsqu'on  leur  présente  une  espèce  de  graines  qu'ils  ue  con- 
noissent  pas.  Mais  si  le  besoin  ou  la  curiosité,  éveillée  par 
la  gourmandise,  les  presse  un  peu  ,  on  les  voit  saisir,  lâcher, 
resaisir  à  différentes  fois  cette  graine,  et  ne  l'avaler  enlin 
qu'après  de  longs  tàtonnemens ,  beaucoup  d'hésitation,  une 
sorte  d'essai  par  une  application  répétée  à  l'organe  du  goût. 

On  ne  les  habitue  à  boire  des  eaux  minérales  qu'en  les 
privant  tout-à-fait  d'eau  commune.  Us  montrent  une  répu- 
gnance extrême  pour  les  substances  vireuses  ou  amères.  J'ai 
choisi  plusieurs  fois  des  pigeons  pour  sujets  d'expérience  de 
différentes  matières  dont  les  moindres  qualités  étoient  une 
amertume  désagréable.  Us  témoignoient  par  leurs  mouveraens^ 


PIG  4o3 

généraux,  par  leur  soin  d'essuyer  sans  relâche  leur  bec,  par 
des  efforts  pour  repousser  cette  matière  ,  par  le  rejet  ou 
même  le  vomissement  du  corps  si  péniblement  savoureux, 
combien  l'organe  du  goût  étoit  afTecté  vivement.  11  y  a  plus, 
lorsque  je  faisois  prendre  un  extrait  amer  à  un  biset  adulte, 
mâle,  robuste,  fort  intelligent ,  mais  extrêmement  ardent, 
plein  de  feu,  et  je  l'ai  possédé  long-temps,  il  entroit  dans 
une  fureur  si  grande,  que  je  ne  la  peindrai  pas  en  disant 
qu'il  se  jetoit  avec  transport  sur  tous  les  objets  renfermés 
dans  la  Volière,  et  sur  mes  mains,  et  de  préférence  sur  ses 
compagnons  d'esclavage,  les  frappoit  à  coups  redoublés  de 
son  bec,  faisoit  voler  en  grand  nombre  les  plumes,  et  clier- 
choit  à  les  déchirer  de  ses  morsures,  jusqu'à  ce  qu'enfin  ,  par 
le  fait  de  toutes  ses  violences,  le  bec  ne  conservât  plus  au- 
cune trace  de  la  matière  amère ,  et  qu'il  fût  parfaitement 
essuyé. 

Le  même  oiseau  a  été  un  de  ceux  qui  m'ont  fourni  le  plus 
de  faits  ,  ou  si  l'on  veut  le  plus  d'indices  sur  le  degré  d'in- 
telligence dont  est  douée  sa  race.  Comment  juger  que  les 
animaux  ont  de  l'intelligence?  Par  analogie  ,  et  l'analogie  est 
quelquefois  si  forte,  qu'on  ne  sauroit  en  repousser  les  con- 
séquences. D'abord  les  pigeons  ont  un  cerveau,  d'une  orga- 
nisation à  la  vérité  bien  moins  compliquée  que  celui  de 
l'homme;  mais,  enfin,  ils  ont  un  cerveau,  cet  organe  qui 
ne  pense  pas,  comme  on  l'a  dit,  chez  l'homme,  mais  qui  est 
uu  intermédiaire  si  nécessaire  à  la  manifestation  de  la  pensée, 
que  cette  manifestation  cesse  d'avoir  lieu,  du  moment  que 
l'action  du  viscère  est  troublée  par  une  lésion  organique  de 
quelque  intensité.  Ensuite  les  pigeons  exécutent  des  mouve- 
mens,  prennent  des  attitudes,  font  entendre  des  sons  de 
voix  sous  l'influence  de  certaines  causes,  qui  tous  rappellent , 
qui  tous  sont  une  image  sensible  ,  et  des  gestes  et  des  inflexions 
de  la  voix  que  l'homme  offre  d'ordinaire  lorsqu'il  doit  com- 
muniquer ses  idées,  ses  émotions.  Il  faut  l'avouer,  voilà  nos 
seuls  moyens  de  reconnoitre,  d'apprécier  ,  de  juger  l'intelli- 
gence,  l'entendement  de  ces  oiseaux.  Jusqu'à  quel  point  ces 
moyens  pourroient-ils  nous  faire  tomber  dans  l'erreur,  lors- 
qu'ils nous  démontrent  les  limites  de  l'intelligence  des  pi- 
geons, assez  resserrées,  mais  d'ailleurs  proportionnées  aux 


4o4  PIG 

besoins  de  leur  organisme,  aux  soins  de  leur  conservation, 
et  à  ces  germes  premiers  de  sociabilité  qu'ils  laissent  aper- 
cevoir. 

Ils  se  souviennent,  ils  ont  de  la  mémoire;  ils  en  ont  tous, 
certaines  races  plus  que  d'autres,  et  quelques-unes  trans- 
mettent cette  faculté  de  leur  intelligence  même  à  leur  pro- 
géniture adultérine.  Ainsi ,  le  pigeon  cavalier  conserve  en- 
core à  un  haut  degré  le  souvenir  des  lieux  qu'il  a  habités, 
et  montre  un  penchant  à  y  retourner  qui  est  difficile  à 
vaincre.  Il  ne  s'agit  pas  seulement  de  la  mémoire  des  lieux, 
mais  de  celle  des  actions  des  êtres  avec  lesquels  ils  ont 
quelque  contact.  Par  exemple,  adopte-t-on  pour  les  prendre 
dans  la  volière  tel  ou  tel  procédé,  ils  le  gravent  dans  leur 
mémoire,  et  sitôt  que  quelque  geste  annonce  le  commen- 
cement de  la  mise  en  pratique  de  l'un  de  ces  procédés,  ils 
le  reconnoissent  si  bien  qu'ils  prennent  leurs  mesures  pour 
en  éviter  l'effet.  Toutefois,  il  faut  le  dire,  s"ils  se  rappellent 
re  qui  peut  leur  être  désagréable  ou  dangereux ,  et  pendant 
long-temps,  ils  ne  paroissent  pas  se  souvenir  aussi  long-temps 
de  la  main  qui  les  a  nourri,  qui  leur  a  donné  des  soins. 
Après  une  courte  absence,  on  peut  se  présenter  à  eux,  ils 
ne  témoignent  en  aucune  façon  qu'ils  reconnoissent  la  per- 
sonne qui  les  rendoit  heureux.  Peut-être  la  nature  n'a-t-elle 
voulu  les  douer  que  de  la  modiiication  de  la  mémoire  qui 
a  trait  directement  à  éviter  un  danger,  à  conserver  l'indi- 
vidu exempt  de  toute  atteinte  funeste,  parce  que  cela  sufll- 
soit  au  rôle  qu'elle  a  départi  à  ces  oiseaux. 

Si  l'on  admet  que  les  rêves  soient  un  phénomène  qui  dé- 
rive de  fimaginalion ,  il  sera  difficile  de  refuser,  au  moins 
jusqu'à  un  certain  point,  cette  faculté  aux  pigeons.  Ils  rêvent: 
la  nuit,  les  yeux  fermés  ,  ils  font  entendre  des  sons  de  voix  , 
ils  font  des  mouvemens  qui  rappellent  quelques-unes  de 
leurs  passions,  surtout  la  tristesse,  la  colère  ou  l'amour.  Ils 
sont  si  bien  plongés  dans  le  sommeil,  qu'on  s'en  saisit  sans 
peine. 

Sont  -  ils  le  résultat  d'un  jugement  ou  de  l'instinct  seul, 
ces  mouvemens  combinés  ,  et  presque  toujours  variés  selon 
le  besoin ,  qu'on  voit  exécuter  aux  pigeons  lorsqu'ils  veulent 
«ne  chose,  accomplir  un  désir,  recoanoître  les  lieux  où  il§ 


PIG  4o5 

se  trouvent,  choisir  la  direction  dans  laquelle  ils  doivent 
prendre  leur  vol,  ralentir  et  modifier  leurs  mouvemens  à 
rapproche  du  point  sur  lequel  ils  vont  se  reposer,  ou  d'a- 
près les  différences  qui  existent  entre  les  objels  qui  les 
effraient ,  etc.  Est-ce  linstinct  seul  qui  leur  apprend  à  feindre 
des  intentions,  à  distinguer  l'espèce  de  danger  pour  y  op- 
poser le  moyen  de  salut  le  plus  sûr.  Mais,  est-ce  que  l'ins- 
tinct est  susceptible  de  se  perfectionner?  Le  jeune  pigeon, 
sous  la  sauve-garde  unique  definstinct,  tombe,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  bien  plus  souvent  dans  le  piège  qui  lui  est 
tendu,  que  ses  vieux  compagnons.  Ceux-ci,  instruits  par 
leurs  souvenirs,  reconnoissent  les  objets  et  le  concoui's  des 
circonstances  qui  ont  été  déjà  pour  eux  l'occasion  d'une 
crainte,  la  cause  d'un  danger,  l'instrument  d'une  douleui". 
Sans  doute  ils  ne  se  rendent  pas  un  compte  fort  exact  des 
objets  qui  les  ont  effrayés  ,  mais  il  s'éîablit  chez  eux  une 
relation  entre  la  vue  de  certaines  choses,  et  une  crainte 
fondée  pour  leur  liberté  ou  leur  vie. 

Si  les  vieux  pigeons,  mieux  que  les  jeunes,  savent  éviter 
les  embûches,  les  poursuites  de  l'homme  et  des  animaux; 
s'ils  devinent,  pour  ainsi  dire,  les  projets  de  leurs  ennemis, 
s'il»  en  préviennent  les  effets  ,  en  opposant  ruse  contre  ruse, 
leur  intelligence  a  donc  éprouvé  avec  le  temps  un  perfec- 
iionnement  ;  elle  en  est  donc  susceptible.  On  a  entendu  faire 
à  ce  sujet  une  objection.  Si  l'intelligence  de  ces  oiseaux  étolf 
ainsi  capable  d'une  sorte  de  perfectionnement,  comment  ne 
s'appliqueroient-ils  pas  à  dresser  mieux  le  nid  qui  doit  rece- 
voir leur  progéniture  P  Et  d'abord  les  jeunes  ne  se  montrent 
pas  à  cet  égard  aussi  adroits,  aussi  prévoyans  de  tous  les 
dangers  qae  les  pigeons  qui  ont  fait  déjà  plusieurs  couvées. 
Ensuite  lorsqu'on  trouve  si  simple  la  construction  de  pareils 
nids,  lorsqu'on  dédaigne  cet  assemblage  de  petites  bûchettes, 
lâchement  entre  -  croisées,  lorsqu'on  lui  préféreroit  un  nid 
plus  dense,  plus  chaud,  plus  mollet  et  couvert,  on  désire 
un  perfectionnement  dont  ne  pourroit  s'accommoder  la  cons- 
titution ,  le  mode  d'existence  du  pigeonneau.  L'expérience 
l'a  démontré.  L'homme  a  essayé  de  construire  des  nids  sem- 
blables, et  les  jeunes  oiseaux  en  ont  toujours  été  les  victimes; 
ils  y  deviennent  malades.  Pour  des  êtres  dont  le  corps  a  beau- 


4o6  PIG 

coup  de  chaleur,  dont  les  perspirations  cutanées  et  les  éva- 
cuations alvines  ont  toujours  une  odeur  très-forte  ,  des  nids 
qui  se  prêtent  à  une  continuelle  ventilation  ne  devoient-ils 
pas  être  les  plus  convenables  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  curiosité,  toujours  si  active,  que  ma- 
nifestent les  pigeons,  ne  permet  guère  de  supposer  que  leur 
intelligence  reste  stationnaire.  S'ils  recherchent  de  nouveaux 
lieux,  s'ils  viennent  reconnoitre  de  nouveaux  objets,  ils  eu 
gardent  le  souvenir;  ils  le  témoignent  très-bien  par  les  ten- 
tatives adroites  qu'ils  font  pour  les  revoir.  C'est  dans  cette 
même  curiosité  qu'ont  sans  doute  leur  origine  une  foule 
variée  de  phénomènes  légers,  fugaces,  qui  peignent  le  déve- 
loppement de  leur  intelligence,  lorsqu'on  la  cultive  avec 
soin. 

Plus  on  s'occupe  des  pigeons  domestiques,  plus  ils  parois- 
sent  susceptibles  d'idées  et  de  sentimens  ;  plus  leur  entende- 
ment et  leurs  affections  semblent  capables  de  répondre  aux 
causes  par  lesquelles  on  essaie  de  les  mettre  en  jeu.  Il  est 
cependant  des  bornes  qui,  à  cet  égard,  ne  sauroient  être 
franchies,  et  elles  résultent  de  l'organisme  de  ces  oiseaux, 
de  leur  rang  dans  l'échelle  des  animaux.  Le  sentiment  de  la 
conservation  domine  en  eux  tous  les  autres;  il  se  manifeste 
par  des  phénomènes  différens ,  selon  les  idées  dont  il  est  ac- 
compagné ,  lorsqu'il  est  excité.  Tantôt  il  sera  tel  que  le  pigeon 
courra  la  chance  du  combat  avec  son  ennemi,  de  quelque 
espèce  qu'il  soit.  Alors  il  montrera  un  courage  opiniâtre  , 
■une  colère  vive,  quelquefois  si  aveugle  qu'elle  lui  devient 
funeste;  quelquefois  dirigée  avec  une  intelligence  évidente. 
Vainqueur,  il  célèbre  sa  victoire  avec  orgueil,  par  des  rou- 
coulemens,  et  par  des  saints  vis-à-vis  de  sa  femelle. 

Tantôt  le  sentiment  de  conservation,  dirigé  par  des  idées 
différentes,  inspire  à  l'oiseau  de  se  préserver  de  son  ennemi 
par  la  retraite  ou  la  fuite  complète.  Les  actions  courageuses 
sont  alors  mises  plus  ou  moins  de  côté;  la  colère,  qui  pro- 
voque à  attaquer,  est  remplacée  par  la  crainte,  par  l'atten- 
tion extrême  de  se  dérober  aux  coups.  Si  la  frayeur  est  très- 
grande  ,  est  aveugle  ,  le  pigeon  semble  ne  voir,  ni  entendre  ; 
il  se  perd  souvent  lui-même.  La  crainte  laisse-t-elle  quel- 
que liberté  à  son   intelligence,  il  parvient  pour  l'ordinaire 


à  se  sauver,  soit  par  un  vol  rapide  et  bien  dirigé,  soit  en 
se  précipitant  dans  les  branches  des  arbres,  ou  par  quelque 
ruse  en  général.  Le  sentiment  de  la  crainte  agit  d'ailleurs, 
comme  dans  quelques  autres  espèces  animales,  sur  le  tube 
digestif;  mais  l'évacuation  alvine  qui  se  répète  plusieurs  fois 
est  toujours  très-peu  abondante. 

L'oiseau  est-il  marié,  sa  compagne  suit  des  yeux  les  évé- 
nemens.  Lorsque  le  combat  doit,  selon  l'apparence,  se  ter- 
miner heureusement  et  promptement,  elle  se  montre  tran- 
quille ,  et  seulement  gontle  un  peu  la  gorge  ,  signe  de  colère , 
d'amour  et  de  plaisir.  Elle  approchera  du  combattant  aimé, 
ou  témoignera  une  grande  tristesse,  ou  s'enfuira  avec  ter- 
reur, si  la  longueur  de  la  lutte,  si  des  signes  d'infériorité 
en  force  présagent  la  défaite  et  la  mort. 

La  faim,  la  soif,  la  gourmandise,  le  désir  de  se  baigner, 
d'occuper  une  certaine  place  dans  le  colombier  ou  dans  la 
volière,  sont  des  occasions  sans  cesse  renaissantes  de  rixes, 
de  colère,  puis  d'animosités ,  d'antipathies.  L'instant  de  la 
ponte,  la  durée  de  l'incubation,  l'éducation  des  petits,  sont 
des  époques  où  les  goûts  belliqueux  et  le  courage  sont  le 
plus  exaltés.  La  femelle  les  partage  alors  presqu'à  l'égal  du 
mâle. 

La  colère  d'abord,  puis  l'ennui,  la  tristesse,  sont  les  affec- 
tions qui  se  développent,  quand  on  prive  ces  oiseaux  delà 
liberté  à  laquelle  on  les  a  habitue's. 

Ceux  pour  qui  la  volière  est  la  demeure  la  plus  conve- 
nable paroissent  éprouver  le  besoin  de  la  société  de  leurs 
semblables  et  celle  de  l'homme.  Un  pigeon  seul,  un  couple 
isolé  ressentent  l'ennui,  mangent  peu,  font  entendre  assez, 
rarement  leur  voix.  L'homme  vient-il  les  visiter,  leur  vie 
est  aussitôt  remarquablement  plus  animée  ;  ils  jouent  autour 
de  lui,  ils  l'attaquent,  ils  attirent  son  attention  par  leurs 
provocations.  C'est  alors  qu'ils  se  montrent  le  plus  suscep- 
tibles d'éducation  ,  de  contracter  des  habitudes  particulières  . 
de  donner  des  signes  d'intelligence ,  de  rechercher  des  ca- 
resses. 

Je  dois  maintenant  parler  d'une  passion  ,1a  plus  forte  chez 
les  pigeons  avec  le  sentiment  de  conservation  ;  car  l'amour 
de  la  famille   n'a  pas  toujours  assez  d'énergie  pour  contre- 


4o8  PIG 

balancer  les  deux  autres  affections,  et  il  a  d'ailleurs  de  lon- 
gues intermittences.  L'attachement,  ou  l'amour  du  mâle  et 
de  la  femelle,  a  très-rarement  cette  douceur,  cette  fidélité, 
cette  chasteté .  dont  on  les  a  voulu  parer  ;  mais  alors  qu'il  se 
fait  sentir,  il  s'annonce  par  une  propreté  plus  grande,  par 
un  soin  de  soi-même,  qui  suppose  l'envie  de  plaire  ;  par  un 
certain  art  de  se  donner  des  grâces  qui  le  suppose  encore 
plus;  par  les  accens  de  la  voix,  qui,  d'abord  modérée,  gé- 
missante, devient  ensuite  pleine  et  forte;  par  des  caresses 
tendres,  des  mouvemens  doux  et  des  baisers  timides,  qui 
ne  deviennent  intimes  et  pressans  qu'au  moment  de  jouir. 
Ce  moment  même  est  ramené  quelques  instans  après  par  de 
nouveaux  désirs,  de  nouvelles  approches  également  nuan- 
cées ,  également  senties. 

Une  passion  qui  s'annonce  avec  de  pareilles  démonstra- 
tions d'affection,  devroit,  sans  doute,  mériter  toujours  les 
éloges  que  l'on  accorde  à  la  constance  ,  à  la  fidélité.  Elle 
les  obtient  cependant  bien  moins  souvent  que  quelques 
auteurs  ne  l'ont  avancé.  Alors,  quoique  des  querelles  légères 
viennent  troubler  de  temps  en  temps  une  liaison  étroite  , 
une  harmonie  heureuse,  toute  la  vie  n'en  est  pas  moins  em- 
ployée an  service  de  l'amour  et  au  soin  de  ses  fruits.  Alors 
toutes  les  fonctions  pénibles  sont  également  réparties,  et  le 
mâle,  aimant  assez  pour  les  partager,  et  pour  se  charger  des 
soins  maternels  ,  couve  régulièrement  à  son  tour,  et  les  œufs 
et  les  petits. 

Mais,  dans  l'état  de  domesticité,  un  amour,  qui  avoit  pris 
naissance  avec  toutes  les  apparences  de  la  durée,  s'affoiblit 
assez  ordinairement  par  les  torts  réciproques  des  deux  époux, 
et  une  coquetterie  évidente  ,  en  blessant  la  constance  ,  amène 
à  sa  suite  l'infidélité.  Quelquefois  ce  n'est  pas  assez  pour  le 
mâle  de  porter  à  une  autre  femelle  ses  plus  intimes  caresses, 
il  oblige  sa  première  épouse  à  vivre  avec  celle-ci:  étrange 
exemple  de  ce  que  peut  l'asservissement  domestique  sur  les 
mœurs;  des  oiseaux  monogames  offrent  des  exemples  de  biga- 
mie! Quelquefois  la  rupture  est  entière  et  l'infidélité  conduit 
à  une  séparation  complète.  Un  mâle  devient-il  vieux  ou  in- 
firme ,  rarement  sa  femelle  continue  à  vivre  avec  lui ,  et  il 
reste  sans  compagne,  dénué  qu'il  est  désormais  et  des  grâces 


PIG  ^.09 

et  surfout  de  la  vigueur  de  la  jeunesse.  Un  autre  genre  de 
désordre  peut  avoir  lieu.  Il  n'est  pas  abandonné  de  sa  fe- 
melle; mais  celle-ci  se  livrant  à  un  amant,  introduit  dans 
le  ménage  des  petits  adultérins,  auxquels  le  mari  prodigue, 
dans  son  erreur,  tous  les  soins  de  la  tendresse  paternelle. 
Enfin  on  a  vu  des  individus  du  même  sexe,  mâles  ou  fe- 
melles, se  livrer  entre  eux  à  des  caresses ,  dont  un  plaisir  las- 
cif étoit  l'unique  objet.  Quelle  image  repoussante  d'une  autre 
société,  qui  de  l'abrutissement  où  elle  consent  à  descendre, 
peut  au  moins  se  relever  par  des  vertus  d'un  ordre  supérieur. 

L'amour  ne  se  développe  que  rarement  sans  une  autre 
passion ,  la  jalousie.  Les  pigeons  ,  et  surtout  les  mâles  ,  y 
sont  fréquemment  livrés,  en  aveugles,  et  d'une  manière  ef- 
frénée. Ils  accourent  alors  près  de  leurs  femelles,  si  elle  est 
pressée  par  un  autre  pigeon,  combattent  celui-ci  et  con- 
traignent celle-là  à  retourner  à  son  nid,  en  la  poussant, 
en  la  frappant  légèrement  du  bec.  Mais,  s'ils  ont  été  les  té- 
moins d'une  infidélité  complète,  les  coups  ne  sont  plus  mé- 
nagés; ils  sont  tout  ce  que  la  fureur  peut  leur  donner  de 
force  et  de  cruel.  Il  est  vrai  que  la  femelle  ajoute,  pour 
l'ordinaire,  à  l'adultère  une  révolte  ouverte,  et  qu'elle 
livre  à  son  mâle  un  combat  acharné.  Mais  de  ce  combat, 
terminé  par  la  défaite  de  la  coupable,  renaît  une  nouvelle 
ardeur  entre  les  époux  ;  la  paix  se  fait  et  l'amour  recom- 
mence pour  eux  une  nouvelle  ère,  comme  il  avoit  com- 
mencé la  première  fois  ,  j'ai  oublié  de  le  dire  ,  par  des  coups 
de  bec,  par  de  petits  combats  pendant  plusieurs  jours  de 
suite. 

Est-ce  aussi  la  jalousie  qui  pousse  les  pigeons  à  trouljler 
les  caresses  d'un  couple  étranger,  chaque  fois  que  l'occasion 
s'en  présente  ? 

Mais,  à  coup  sûr,  c'est  un  fort  vilain  sentiment  que  celui 
qui  porte  beaucoup  de  pigeons,  surtout  les  mâles,  à  saisir 
l'instant  où  un  couple  s'est  écarté  de  son  nid  ,  pour  y  entrer  et 
y  casser  les  œufs,  ou  pour  y  battre  les  petits,  les  déchirer 
et  les  tuer  à  coups  de  bec.  Voici  qui  est  bien  plus  mal.  Il 
ariive  aussi,  à  la  vérité  très-rarement,  que  de  jeunes  pigeons 
sont  abandonnés  par  leurs  parens.  Lorsqu'ils  ont  ce  malheur 
et  qu'ils  sont  inhabiles  encore  au   vol ,   ils  peuvent  mourir 


410  PIG 

de  faim,  et  s'ils  cherchent,  pour  éviter  ce  danger,  à  des- 
cendre au  milieu  de  la  volière,  ils  peuvent  être  tués  par  les 
autres  pigeons,  à  moins,  et  les  exemples  sont  loin  d'en  être 
fréquens,^  que  quelque  pigeon  n'ait  pitié  d'eux,  ne  les  pro- 
tège et  ne  les  nourrisse  comme  ses  propres  petits. 

J"aurois  voulu  m'arrêter  ici  dans  l'exposition  des  différentes 
dispositions  affectives  des  colombes  domestiques.  Un  trait 
honorable  de  leur  caractère  eût  un  peu  relevé  leur  espèce; 
mais  je  ne  puis  taire  des  actions  de  leur  part ,  dans  lesquelles 
on  ne  peut  reconnoître  qu'un  mélange  odieux  de  cruauté  et 
de  lasciveté.  Quand  un  pigeon,  tombé  malade,  est  arrivé  à 
un  degré  extrême  de  foiblesse  ;  et  si,  pour  surcroît  de  mi- 
sère, il  se  trouve  lancé  au  milieu  de  la  volière,  sans  moyen 
de  faire  retraite  vers  un  coin  où  il  puisse  se  tenir  blotti ,  il 
est  bientôt  assailli  par  les  autres  pigeons,  même  par  l'oiseau 
auquel  il  étoit  marié.  Celui-ci  le  frappe  d'abord  doucement 
pour  le  faire  regagner  le  nid  ;  mais,  lorsqu'il  voit  ses  compa- 
gnons de  volière  tour  à  tour  lui  porter  des  rudes  coups  de 
bec  et  lui  faire  éprouver  les  assauts  d'un  amour  brutal;  alors 
lui-même  s'irrite  :  la  colère  et  la  jalousie  lui  font  méconnoître 
le  triste  état  de  celui  qui  est  pour  lui  ou  un  époux ,  ou  une 
femme,  et  il  se  joint  aux  autres  bourreaux,  assouvissant 
tantôt  sa  fureur,  tantôt  sa  lasciveté  atroce.  Ces  excès  conti- 
nuent même  sur  le  corps  privé  de  vie. 

Les  besoins,  les  idées,  les  scntimens  qui  animent  les  pi- 
geons, se  manifestent  par  la  voix,  par  des  actions  en  géné- 
ral, par  des  mouvemens  de  locomotion. 

Eprouvent- ils  la  faim,  la  soif,  ils  se  montrent  inquiets, 
allant,  venant,  jusqu'à  ce  qu'ils  rencontrent  l'objet  de  tant 
de  démarches.  S'ils  ne  réussissent  pas  ,  et  que  la  faim  devienne 
plus  pressante,  plus  insupportable  ,  ils  volent  sur  la  personne 
qui  entre  dans  le  colombier,  et  lui  témoignent  leur  tourment 
par  les  gestes  le^  plus  expressifs.  Ils  cherchent  avec  leur  bec 
quelque  aliment  dans  les  mains,  entre  les  doigts,  dans  la 
î)ouche,  pourvu  qu'on  ne  les  effraie  pas  et  que  Ton  se  prête 
à  leurs  perquisitions.  On  peut  faire  servir  cette  observation 
à  rendre  ces  oiseaux  très -privés  et  privés  au  dernier  point. 

Lorsqu'ils  souffrent  du  froid  ,  ils  le  font  connoître  d'abord 
en  ce  qu'ils  sont  plus  silencieux  et  en  ce  qu'ils  se  réfugient 


PIG  411 

tlâïjs  leurs  nids  ou  dans  les  endroits  de  la  volière,  le  plus  ù 
l'abri  du  vent,  renonçant  ainsi  à  ce  besoin  de  mouvement, 
«u'ils  satisfont  presque  sans  cesse  en  tout  autre  temps.  Mais, 
quand  le  froid  enfin  les  gagne  dans  le  repos,  ils  se  mettent 
à  battre  des  ailes  avec  force  ;  ils  se  soulèvent  un  peu  de  dessus 
le  sol  par  bonds  alternatifs  ,  et  continuent  quelques  momens 
ce  manège. 

Mais,  parfois,  ces  mouvemens  ne  suffisent  pas,  et  les  pi- 
geons désirent  de  la  chaleur,  en  éprouvent  le  besoin.  Alors, 
si  le  soleil  vient  à  luire,  ou  si  on  les  laisse  approcher  de 
quelque  chose  de  chaud,  ils  s'accroupissent,  étendent  leur 
queue  ,  et  se  plaçant  un  peu  sur  un  côté,  ils  lèvent  et  ou- 
vrent Taile,  qui  est  libre. 

La  chaleur  les  incommode  quand  elle  est  très-  forte  ;  dans 
ce  cas,  ils  tiennent  le  bec  ouvert,  et  leur  gorge  présente  un 
mouvement  singulier  et  alternatif  de  dilatation  et  de  resser- 
rement. 

La  chaleur,  lorsqu'elle  les  fatigue,  fait  naître  chez  eux 
un  besoin,  qui  reconnoît  d'ailleurs  encore  plus  d'une  cause, 
le  besoin  de  se  baigner.  Il  se  reproduit  souvent,  sans  doute 
par  l'utilité  dont  est  le  bain  pour  des  oiseaux  incommodés 
par  la  température  de  leur  corps,  par  deux  espèces  din- 
sectes ,  etc.  Il  est  tel  ce  besoin  ,  que  le  pigeon  se  plonge  dans 
l'eau,  non  -seulement  en  été  et  dans  les  saisons  douces,  mais 
encore  l'hiver,  quand  on  vient  de  casser  la  glace  qui  la  cou- 
vroit.  Toutefois  l'eau  chaude  en  bain  lui  plaît  beaucoup. 
J'en  ai  accoutumé  à  entrer  dans  ce  liquide,  chaud  à  28  ou 
29  degrés.  J'ajouterai  que,  si  l'on  imaginoi^;  que  leur  épais 
plumage  met  obstacle  à  l'absorption  cutanée ,  on  se  trouipe- 
roit.  Je  crois  m'être  assuré  par  des  expériences,  que  leur 
peau  a  une  force  absorbante,  assez  libre  et  assez  active 
pour  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  de  jeunes  pigeons, 
plongés  jusqu'au  cou  ou  tout-à-fait  dans  une  eau  saturée  do 
gaz  acide  carbonique  ,  périssent  par  asphixie  en  moins  de 
temps  qu'ils  ne  le  feroient  s'ils  étoient  simplement  immergés 
jusqu'au  cou  ,  ou  submergés  dans  une  eau  de  rivière.  11  ne 
me  paroit  pas  non  plus  possible  de  douter  que  de  l'eau  sulfu- 
reuse n'agisse,  si  elle  est  appliquée  suffisamment  de  temps  à 
la  peau  ,  sur  l'économie  des  mêmes  oiseaux. 


412  PIO 

En  général  ,  les  divers  besoins  que  j'ai  plutôt  indiqués  que 
décrits  tout  à  l'heure  ,  ne  s'annoncent  jamais  par  l'action  des 
organes  de  la  voix,  et  lorsqu'ils  viennent  d'être  satisfaits,  les 
pigeons  gardent  encore  le  silence  pour  l'ordinaire.  Ceci  est 
remarquable,  surtout  en  ce  que  ces  animaux  font  dans  tous 
les  autres  instans  de  leur  vie  un  emploi  très- fréquent,  pres- 
que continuel  des  organes  vocaux.  Très -mobiles  ,  irritables, 
querelleurs,  amoureux,  jaloux,  inquiets,  ils  expriment 
foutes  les  affections  auxquels  ils  s'abandonnent  sans  frein 
et  tour  à  tour,  soit  par  des  sons  brefs  ou  prolongés  ,  aigus 
ou  pleins,  soit  par  un  roucoulement,  qui  varie  beaucoup 
aussi  par  la  vivacité  ou  la  lenteur,  la  foiblesse  ou  la  force, 
et  ses  nombreuses  inflexions  en  général. 

En  même  temps  que  la  voix  se  fait  entendre,  on  remarque 
un  gonflement  plus  ou  moins  considérable  de  la  peau  du 
cou.  La  voix,  sous  le  rapport  de  sa  force,  paroit  proportionnée 
à  la  dilatation  de  la  gorge;  ainsi,  elle  est  d'autant  plus  so- 
nore et  retentissante  que  le  volume  de  cette  dernière  est 
plus  grand. 

Des  mouvemens  de  locomotion  accompagnent  la  plupart 
des  inflexions  que  le  pigeon  donne  à  sa  voix,  et  concourent 
ainsi  à  exprimer  les  affections,  dont  il  est  ému.  Par  exemple 
est-il  prêt  à  combattre  ,  mais  avec  une  sorte  d'hésitation 
dans  l'idée  qu'il  se  forme  de  ses  forces  comparées  à  celles 
de  son  adversaire,  il  se  place  de  côté,  serre  ses  plumes  sur 
le  corps,  de  manière  à  diminuer  son  volume,  élève  l'aile 
opposée  au  côté  le  plus  rapproché  de  l'ennemi ,  gonfle  lé- 
gèrement la  gorge,  et  menace  du  bec  et  de  l'aile,  qui  est 
fermée. 

Onpourroit  certainement  trouver  des  caractères  très-distinc- 
tifs  des  races,  au  moins  pour  plusieurs  d'entre  elles  dans  la 
manière  de  combattre,  qui  leur  est  la  plus  familière.  Les  pi- 
geons à  bec  puissant  marchent  droit  à  l'ennemi  ,  l'attaque 
de  front  et  presque  uniquement  du  bec.  Les  pigeons  à  bec 
court  combattent  du  bec  aussi,  mais  davantage  avec  l'aile, 
dont  ils  frappent  des  coups  redoublés.  Les  pigeons  grosse- 
gorge,  trop  vulnérables  du  côté  de  leur  jabot,  toujours  enflé, 
attaquent  ou  se  défendent  de  préférence  à  coups  d'aile;  mais 
leurs  adversaires  essaient  toujours   de  s'approcher  d'eux  et 


PIG  4i5 

de  les  saisir  prés  du  bec,  ou  nume  dans  le  bec.  Il  est  des 
petits  pigeons  patus,  qui  rarement  emploient  le  Jiec  et  l'aile 
dans  le  combat;  ils  se  contentent  de  se  précipiter  sous  le 
corps  de  leur  ennemi,  de  le  soulever  ,  de  lui  faire  perdre 
pied  et  de  le  jeter  ainsi  de  côté.  Assez  souvent,  au  moment 
où  ils  passent  la  tête  sous  le  corps  de  leur  adversaire,  ils 
lui  mordent  la  peau  dans  la  partie  où  elle  est  dénuée  de 
plumes.  Une  autre  variété  se  rue  sur  son  ennemi,  et  le 
chasse  par  le  seul  choc  de  son  corps.  Au  contraire,  le  pigeon 
tournant  nuit  surtout  aux  autres  oiseaux  colombacés  en  venant 
se  cramponner  sur  leur  dos. 

Les  mouvemens  locomoteurs  qu'exécutent  les  pigeons  lors- 
qu'ils s'abandonnent  à  l'amour,  présentent  aussi  des  diffé- 
rences. En  général ,  dans  cet  instant,  ils  gonlleiit  leur  gorge  , 
relèvent  les  plumes  du  croupion  et  étalent  en  éventail  les 
grandes  pennes  de  la  queue.  Mais,  en  faisant  ce  mouve- 
ment, plusieurs  variétés  abaissent  en  même  temps  la  queue 
et  la  traînent  à  terre;  une  ou  deux  variétés  la  tiennent 
presque  droite.  Les  pigeons- paons  la  relèvent  assez  pour  la 
renverser  un  peu   sur  le  dos. 

Il  seroit  superflu  de  dire  que  les  pigeons  font  un  grand 
nombre  de  mouvemens,  d'actions,  hors  le  temps  où  ils 
éprouvent  quelque  passion.  Ils  doivent  aller  chercher  leur 
nourriture,  les  maféx'iaux  dont  ils  composent  leurs  nids, 
poursuivre  de  leur  bec  les  insectes  qui  se  cachent  dans  leur 
plumage,  nettoyer  ce  dernier,  lisser  leurs  plumes,  etc.  Mais 
il  est  une  remarque  à  faire  ici  à  ce  sujet.  L'humeur,  sécrétée 
par  les  deux  glandes  du  coccix ,  diffère,  à  ce  qu'il  paroît , 
selon  les  variétés,  pour  l'odeur  et  la  saveur.  Peut-être  est- 
ce  cette  humeur  qui  communique  en  partie  au  pigeon  l'o- 
deur qu'exhale  son  corps.  Certainement  la  perspiration  cu- 
tanée est  pour  beaucoup  aussi  dans  ce  phénomène.  Au  reste, 
l'odeur  du  corps  des  pigeons  varie  certainement,  et  elle  n'est 
pas  la  même  chez  certaines  races  que  chez  d'autres.  Si  on  pou- 
voit  caractériser  chaque  nuance  d'odeur,  elle  deviendroit  un 
bon  caractère  pour  distinguer  plusieures  races  d'entre  les 
autres.  L'odeur  du  biset  de  colombier  est  très- douce.  Celle 
qu'exhale  le  pigeon  romain,  une  des  plus  grosses  variétés,  est 
quelquefois  fétide  et  aloi's  approche  beaucoup  de  l'odeur  de 


4i4  PIG 

]a  matière  fécale,  jfiune  et  bilieuse,  de  la  poule  et  du  chaî. 

§.  IV.  Ce  n'est  pas  un  des  phénomènes  les  moins  intéres- 
sans  que  présentent  les  pigeons,  que  cette  disposition  à  vivre 
en  société  qui  les  anime  tous,  quoique  à  un  degré  plus  ou 
moins  grand.  La  structure  anatomique  du  corps  nesauroit, 
par  quelque  particularité  remarquable,  rendre  compte  de  la 
sociabilité  de  ces  animaux.  Certaines  circonstances  de  l'éduca- 
tion des  petits  exerceroient  peut-être  là  quelque  intervention, 
mais,  en  y  réfléchissant  bien  ,  on  trouveroit  probablement 
que  ces  mêmes  circonstances  sont  plutôt  un  effet  qu'une 
des  causes  de  la  vie  en  société.  L,a  cause  d'un  tel  genre  de 
vie  est  primitive;  on  doit  le  présumer.  11  faut  qu'elle  soit 
forte,  permanente  ,  puisque  le  sentiment  de  la  jalousie  et  le 
caractère  querelleur ,  si  dominant  chez  les  pigeons  ,  n'en 
détruit  pas  l'action.  Les  avantages  seuls  de  la  servitude 
volontaire  près  de  l'honime  ont  pu  Taffolblir,  mais  non 
l'anéantir.  A  cette  cause  primitive  de  sociabilité,  il  s'en 
joint  d'autres,  secondaires  sans  doute,  mais  évidentes,  mais 
réelles.  Les  pigeons  n'ont  que  leur  vol  rapide  pour  moyen 
«le  se  préserver  de  leurs  ennemis;  et  ce  moyen  ne  leur  sert 
qu'à  fuir,  parce  que,  avec  un  appareil  puissant  pour  le  vol , 
ces  oiseaux  ne  possèdent  aucune  arme  réelle  d'attaque  ou 
de  défense.  Leurs  coups  de  bec,  leurs  coups  d'aile  ont  une 
certaine  force  sans  doute,  plus  grande  peut-être  qu'on  ne 
devroit  s'y  attendre,  et  cependant  pourroit-  on  avec  raison 
les  comparer  à  ce  bec,  à  ces  serres,  dont  le  plus  foible  oi- 
seau de  proie  est  pourvu. 

Si  les  colombes  se  réunissent  en  troupe,  ce  n'est  pas  non 
plus  pour  résister  de  front ,  pour  combattre  des  adversaires  si 
bien  armés  et  pleins  de  ce  courage  que  donne  la. confiance 
dans  ses  moyens  d'agression.  C'est  pour  multiplier  pour  chacuii 
des  membres  de  la  troupe,  les  yeux,  les  oreilles,  tous  les 
organes  des  sens  qui  peuvent  l'avertir  à  temps  d'un  danger, 
de   l'approche  d'un  ennemi. 

Mais  si  les  pigeons  vivent  en  société,  afin  d'être  plus  sû- 
rement à  l'abri  des  atteintes  des  animaux  carnassiers,  ils 
doivent  aussi ,  en  marchant  en  troupe,  chercher  leur  nour- 
riture. Tout  dans  leur  réunion  ne  sera  donc  pas  calculé  pour 
la  défense,  mais  aussi  pour  les  perquisitions,  dont  le  but  est 


PIG  4i5 

(le  trouver  des  alimens,  et  sur  un  espace  de  terre  d'une 
grandeur  modérée. 

En  observant  ces  oiseaux  lorsqu'ils  agissent  en  troupe,  on 
reconnoît  qu'il  est  certains  d'entre  eux  qui  ont  les  fonctions 
de  sentinelles,  de,  vedettes;  d'autres  mangent  moins  qu'ils 
ne  sont  occupés  à  chercher  des  alimens,  et  le  reste  de  la 
compagnie  est  presque  uniquement  livré  à  satisfaire  ses  be- 
soins, la  faim  et  la  soif.  Ces  derniers  reçoivent ,  quant  à  leur 
marche,  l'impulsion  des  oiseaux  qui  cherchent;  et  les  uns 
et  les  autres  se  reposent  sur  les  sentinelles  pour  être  avertis 
du  danger  ,  s'il  en  paroît  un.  Mais  les  surveillans  ne  sau- 
roient  remplir  leurs  fonctions,  qu'en  prenant  des  positions 
qui  leur  rendent  possibles  les  services  sur  lesquels  se  repose 
la  société  :  ils  se  tiennent  donc  sur  des  arbres  et  de  petites 
éminences  du  sol,  ou  planent  presque  immobiles  dans  les  airs. 

Eux-mêmes  ne  prennent  de  la  nourriture  que  lorsque 
rien  ne  leur  paroit  inquiétant;  et  encore  ils  ne  le  font  qu'à 
la  hâte.  Ils  ne  pourront  remplir  bien  leurs  fonctions  que  s'ils 
ont  déjà  quelque  expérience  ,  toujours  acquise  par  l'âge. 
Leur  rang  dans  la  société  vient  de  ces  sources,  âge  et  expé- 
rience. Ils  ont  encore  une  autre  prépondérance,  celle  de  la 
force,  au  moins  par  rapport  aux  très -jeunes  pigeons.  Ces 
derniers  ne  sont  que  des  étourdis,  des  imprudens,  que  la 
société  protège,  que  les  adultes  battent  quelquefois ,  mais 
qui  sont  presque  déchargés  de  toute  surveillance,  et  dont 
la  vie  entière  est  employée  à  satisfaire  les  besoins  de  leur 
organisation. 

Mais  parmi  les  autres  membres  de  la  communauté  il  ea 
est  encore  auxquels  des  soins  de  conservation  sont  confiés. 
Lorsque  les  vedettes  donnent  le  signal  de  riuimlncnce  d'un 
danger,  lorsqu'ils  poussent  un  cri  fort ,  prolongé,  dur,  lors- 
qu'en  volant  ils  font  claquer  leurs  ailes;  ces  différentes  ac- 
tions sont  répétées  par  les  membres  de  la  troupe,  dont  je 
parle;  et  comme  ils  sont  au  milieu  même  de  la  compagnie, 
il  n''est  pas  d'oiseau  qui  ne  soit  averti. 

Mais  existe-il  dans  ce  cri,  dans  ces  mouvemens  bruyans 
des  ailes,  deux  ou  plusieurs  nuances,  que  l'oreille  de  l'homme 
ne  sait  pas  distinguer,  mais  que  le  pigeon  est  apte  à  perce- 
voir? Quelque  doute  que  Ton  puisse  avoir  à  cet  égard,   il 


4i6  PIG 

est  certain  toujours  que  l'alarme  étant  donnée,  on  voit  la 
société,  tantôt  fuir  à  tir  d'ailes,  soit  dans  les  airs,  soit  vers 
des  broussailles,  selon  la  manière  de  chasser  de  Tennemi  ; 
et  tantôt  serrer  les  rangs  ,  pour  ainsi  dire,  et  se  diriger  vers 
une  autre  troupe  d'oiseaux.  Ce  sont  des  pigeons.  Et  pour- 
quoi ? 

Les  deux  compagnies  se  mêkiil.  Quelquefois  il  est  évident 
que  rien  d'hostile  n'a  lieu  entre  elles.  Quelquefois,  au  con- 
traire, on  combat,  des  plumes  tombent,  des  mouvemens 
brusques,  des  chocs  se  remarquent  entre  les  individus.  Alors 
cette  mêlée,  selon  ce  qui  s'y  est  passé,  se  termine  de  l'une 
ou  l'antre  de  ces  manières.  Ou  l'une  des  troupes  est  devenue 
plus  nombreuse  ,  ou  l'une  d'elles  fuit  en  désordre,  en  pro- 
longeant ou  non  le  combat. 

Lorsqu'une  des  troupes  est  plus  nombreuse,  c'est  qu'elle 
s'est  recrutée  des  membres  de  l'autre  ;  c'est  que  son  noyau 
primitif  étoif  formé  de  pigeons  que  nul  autre  besoin  que 
celui  de  se  distraire  mcttoit  en  mouvement. 

«  En  Perse,  dit  Chardin,  c'est  un  plaisir  du  peuple  de 
«  prendre  des  pigeons  à  la  campagne  par  le  moyen  de  pi- 
«  geons  apprivoisés  et  élevés  à  cet  usage.  On  les  fait  voler 
«  le  long  du  jour  après  les  pigeons  sauvages;  ils  les  mettent 
«  dans  leur  troupe  et  les  amènent  ainsi  au  colombier.  "'> 
Mais  ce  stratagème  ne  réussit  guère  que  sur  les  individus 
jeunes  et  non  mariés;    eux  seuls  presque  sont  entraînés. 

Lorsqu'une  des  troupes  fuit  et  qu'elle  exécute  sa  retraite 
franchement,  sans  continuer  le  combat,  on  peut  être  assuré 
qu'elle  n'habite  pas  ordinairement  la  contrée.  Elle  y  avoit 
fait  une  invasion,  soit  pressée  parla  faim,  soit  poussée  par 
cet  esprit  de  recherche,  de  curiosité,  dont  j'ai  parlé  précé- 
demment. Mais  si,  dans  sa  retraite,  la  troupe  continue  à 
se  défendre,  si  ce  n'est  pas  le  courage,  ni  l'opiniâtreté, 
mais  réellement  la  force  qui  manque  aux  vaincus,  ceux-là 
étoient  les  usufruitiers  depuis  long -temps  du  canton  où  ils 
ont  été  attaqués,  d'où  ils  sont  contraints  de  se  retirer,  qu'ils 
n'abandonneront  qu'après  des  combats  dans  lesquels  ils  met- 
tront la  persévérance  du  désespoir  :  c'est  que  les  pigeons  , 
comme  la  plupart  des  autres  animaux,  semblent  fonder  un 
droit  viager  de  propriété,    par    l'usage,    sur  les   lieux  qui 


PIG  4ir 

Jcur  servent  ordinairement  de  retraite  et  dans  l'étendue 
desquels  ils  vont  à  la  recherche  de  leur  nourriture  depuis 
un  certain  temps. 

Telle  est  la  société  colombine  ;  tels  sont  ses  liens,  son  ré- 
gime intérieur,  son  but,  ses  prétentions.  Tout  y  est  calculé 
pour  sa  durée,  sa  conservation  ,  et  assez  bien  pour  qu'on  ne 
puisse  supposer  que  ses  besoins  ont  seuls  déterminé  ses 
membres  à  se  rapprocher  des  habitations  de  l'homme  et  à  se 
soumettre  à  une  sorte  de  servitude.  Si  la  société  colombine 
ne  renfermoit  pas  dans  la  manière  dont  elle  est  constituée 
des  moyens  sufîjsans  de  préservation,  on  ne  verroit  pas  les 
pigeons,  ces  oiseaux  qui  montrent  des  sentimens  si  tendres 
pour  leurs  petits,  aussi  long- temps  que  ces  derniers  ne  peu- 
vent voler ,  passer  en  moins  de  cinq  à  six  jours  à  des  dis- 
positions très- différentes.  Non -seulement  ils  ne  veulent  plus 
les  nourrir,  mais  encore,  après  avoir  excité  leur  progéni- 
ture à  essayer  ses  ailes,  ils  finissent  par  la  chasser  du  nid. 
Les  jeunes  pigeons  suivent  alors  la  troupe  :  c'est  à  elle  que 
désormais  ils  appartiennent.  Ils  ont  les  leçons  de  l'exemple , 
et  l'obéissance  du  foible.  Pourroit-on  penser  que  la  nature, 
si  prévoyante  quand  il  s'agit  de  conserver  les  espèces,  eût 
mis  le  terme  si  court  de  trois  semaines  à  un  mois  à  la  ten- 
dresse des  parens  pour  leurs  petits  parmi  les  pigeons,  si  elle 
n'eût  préparé  un  asile  assez  sûr  pour  assurer  leur  vie  à  ces 
mêmes  petits,  foibles ,  inhabiles,  sans  prévoyance  ? 

Il  est  donc  probable,  ce  semble,  que  la  famille  des  co- 
lombes renferme  des  espèces,  des  races,  qui  non -seulement 
aiment  à  vivre  en  société  ,  mais  encore  qui  éprouvent  de 
l'entraînement  vers  Thomme,  qui  le  recherchent,  qui  se 
plaisent  avec  lui  ,  qui  sont  susceptibles  de  sentir  le  désir 
d'attirer  son  attention  ,  de  se  concilier  sa  bienveillance. 
Sans  doute  les  avantages  que  l'homme  leur  offre ,  le  loge- 
ment, la  nourriture,  l'éloignement  de  beaucoup  d'inquié- 
tudes qu'il  assure  à  ces  oiseaux ,  ont  pour  eux  un  puissant 
attrait.  Mais  cet  attrait  n'a  pas  été  seul  décisif.  Que  les 
hommes  ne  se  targuent  pas  trop  de  l'influence  qu'ils  exer- 
cent sur  diverses  classes  d'animaux  ;  une  main  plus  puissante  , 
plus  habile  a  préparé  leurs  succès  en  ce  genre,  si  même  elle 
ne  les  a  produits  seule.  Autrement,  si  l'espèce  humaine  de- 
40.  27 


4i8  PIG 

Voit  à  elle-même  de  pareilles  conquêtes,  pourquoi  donc  n'a- 
t-elle  pas  augmenté  ses  richesses  en  ce  genre.  Et  pour  ne 
parler  ici  que  des  pigeons,  pourquoi  ne  s'est- elle  adressée 
qu'à  des  races  médiocres  par  la  taille  et  la  beauté  ;  pour- 
quoi ne  s'est -elle  pas  soumis  ces  belles  et  grandes  espèces 
qui  habitent,  à  l'état  sauvage,  si  près  d'elle,  autour  de  ses 
habitations  champêtres?  Elle  l'a  tenté  plusieurs  fois;  elle  n'a 
■pas  réussi. 

Les  animaux,  et  en  particulier,  les  pigeons  devenus  do- 
mestiques, sont  passés  à  cet  état  en  vertu  d'une  disposition 
spéciale  ,  première,  et  par  les  soins  de  l'homme.  Quel  chan- 
gement a  amené  la  servitude  dans  la  sociabilité  des  pigeons! 
Ici  on  découvre  encore  les  bornes  étroites  que  ne  peut  dé- 
passer l'influence  des  soins  de  l'homme  sur  ces  oiseaux.  Il 
leur  donne  un  logement  qui  les  abrite  contre  les  intempé- 
ries des  saisons  et  les  attaques  de  leurs  ennemis.  Ils  n'ont 
donc  plus  de  motif  de  crainte  sous  ce  rapport.  Une  nour- 
riture en  quantité  nécessaire  pour  satisfaire  leurs  besoins, 
est  mise  à  leur  portée.  Il  leur  devient  donc  inutile  de  marcher 
en  troupe  et  avec  beaucoup  de  précautions,  pour  aller  au 
loin  chercher  desalimens.  Enfin  ,  l'homme  écarte  de  son  ha- 
bitation tous  les  animaux  ennemis;  dès-lors  le  pigeon  ap- 
prend par  expérience  qu'il  peut  s'aventurer  dans  la  plaine 
sans  les  secours  d'une  surveillance  auxiliaire  de  la  part  des 
autres  pigeons. 

Le  but  de  la  sociabilité  des  pigeons  n'existe  donc  plus,  en 
grande  partie  ,  lorsqu'ils  se  sont  soumis  à  être  domestiques. 
Voilà  l'effet  des  soins  de  l'homme  ,  c'en  est  aussi  les  limites. 
Car  les  pigeons  apprivoisés,  libres  ou  renfermés  dans  une  vo- 
lière, continuent  à  offrir  à  l'observateur  ces  phénomènes 
de  leur  intelligence  et  de  leurs  affections.,  qui,  dans  la  vie 
sauvage  ou  demi  -  domestique ,  concourent  à  la  formation  et 
au  maintien  des  sociétés.  Ainsi  ,  on  en  remarque  qui  sont 
constamment  des  avertisseurs,  par  un  cri  prolongé  et  fort, 
pour  leurs  camarades,  et  d'autres  qui  ne  prennent  jamais 
cet  emploi.  On  s'aperçoit  aussi  qu'il  y  a  des  individus  qui 
font  toujours  claquer  leurs  ailes  en  volant;  tandis  qu'il  en 
est  dont  on  n'entendra  jamais  un  pareil  bruit.  Enfin  il 
existe,  sans  aucun  doute,  entre  certains  de  ces  oiseaux  une 


PIG  419 

grande  différence  sous  le  rapport  de  leur  esprit  d'enquête, 
de  leur  curiosité,  de  leur  industrie. 

§.  V.  Tout  semble  donc  avoir  été  prévu  par  la  nature,  afin 
que  les  êtres  qu^elle  a  créés,  puissent  subsister,  se  conserver, 
et  se  perpétuer  au  milieu  des  conditions  variées  où  ils  peuvent 
être  placés  par  une  foule  de  causes  accidentelles.  Ce  ne  sera 
pas  pour  produire  d'autres  preuves  de  cette  vérité  que  je 
Vais  m'arrêter  encore  à  quelques  considérations  de  ce  genre; 
tnais  parce  qu'elles  me  conduiront  à  proposer  une  division 
nouvelle  des  pigeons  domestiques  en  variétés  et  sous-variétés. 

Il  est  aisé  de  reconnoitre  que  ces  oiseaux  offrent  des  signes 
communs  à.  tous,  et  des  traits  particuliers  qui  proviennent 
de  l'âge,  du  sexe,  ou  de  la  constitution,  ou  de  modifications 
des  mêmes  parties  sous  le  rapport  de  l'organisation ,  de  la 
forme,  des  proportions;  et  de  la  manière  différente  dont 
s'exécutent  certaines  fonctions,  et  dont  la  santé  et  la  maladie 
se  manifestent  le  plus  souvent ,  etc. 

Dans  tous  ces  phénomènes  ne  se  rencontre  pas  celui  qui 
pourroit,  d'après  l'opinion  adoptée  des  naturalistes,  faire 
admettre,  entre  tous  les  pigeons  apprivoisés,  plusieurs  es- 
pèces; car  tous  ces  oiseaux,  accouplés  diversement,  donnent 
naissance  à  des  individus  féconds.  Si  tel  est  véritablement  le 
seul ,  l'unique  caractère  de  l'espèce ,  il  ne  reste  plus  qu'à 
se  rendre  compte  comment  des  causes  secondaires  ont  pu 
amener  dans  certains  pigeons  ces  différences  si  remarquables 
d'un  bec  extrêmement  court  et  gros,  ou  long  et  crochu; 
d'un  appareil  fibreux  qui  est  capable  de  redresser  et  ren- 
verser sur  le  dos  les  pennes  caudales;  du  nombre  doublé  et 
plus  de  ces  mêmes  plumes.  On  ne  connoît  pas  encore  une 
seule  cause  qui  ait  la  puissance  de  produire  de  tels  phéno- 
mènes. Il  seroit  donc  très -possible  que  l'on  fût  dans  le  cas 
un  jour  de  se  former  une  idée  différente  de  l'espèce;  et 
lorsqu'on  voudra  méditer  ce  sujet,  on  lira  avec  fruit  plus 
d'un  passage  de  l'ouvrage  de  M.  Chevreul,  sur  l'analyse  chi- 
mique des  corps  organisés. 

Mais  si  l'opinion  régnante  ne  permet  pas  de  voir  plusieurs 
espèces  dans  le  groupe  domestique  de  la  tribu  des  colombes, 
on  possède  assez  de  faits  pour  y  distinguer  des  variétés  nom- 
b^reuses.  Comme  signes  des  unes  ,   on  prendra  d'abord  les 


A20  PIG 

phénomènes  dont  il  n'est  pas  sûr  qu'on  ne  pût  se  servir  pour 
marquer  des  espèces;  les  autres  seront  déterminées  d'après 
quelques  traits  de  moindre  valeur;  mais  jusqu'ici  on  n  a  pas 
marqué  les  limites  que  l'on  devoit  s'imposer  à  cet  égard.  Eh 
bien!  pour  les  pigeons  du  moins,  il  faudra,  outre  quelque 
signe  particulier  et  assez  remarquable,  que  ces  oiseaux  pré- 
sentent des  formes  générales,  une  allure,  des  mœurs,  quel- 
que chose  de  spécial  dans  tout  leur  être;  et  que  ce  tout  soit 
constamment  transmissible  par  la  génération  à  leurs  petits, 
sans  quelque  altération  notable. 

Voilà  la  rapide  exposition  de  ce  que  j'entendrai  dans  cet 
article  par  variété  et  par  espèce.  Je  dois  maintenant  répondre 
à  une  autre  question.  Parmi  les  pigeons  domestiques,  les 
tourterelles  et  le  goura  exceptés,  on  ne  reconnoît  pas  d'es- 
pèce; mais  alors  à  quel  oiseau  faut-il  rattacher  toutes  leurs 
variétés?  Buffon  l'a  dit,  et  avec  son  admirable  talent.  Seule- 
ment que  l'on  me  permette  de  représenter,  avant  de  citer 
ses  propres  paroles  j  et  pour  prévenir  l'impression  qu'elles 
ont  toujours  la  puissance  de  produire,  que  peut-être  on  ne 
peut  rapporter  au  seul  biset  toutes  les  variétés  à  bec  court 
et  gros,  à  bec  crochu  et  fort,  à  queue  de  paon,  etc. 

«  Supposant  une  fois  nos  colombiers  établis  et  peuplés  ,  ce 

«   qui  étoit  le   premier  point  et  le  plus  difficile  à  remplir 

«  pour  obtenir  quelque  empire  sur  une  espèce  aussi  fugitive, 

«  aussi  volage,  on  se  sera  bientôt  aperçu  que,  dans  le  grand 

«  nombre  de  jeunes  pigeons  que  ces  établissemens  nous  pro- 

«  duisent  à  chaque  saison,    il  s'en  trouve  quelques-uns  qui 

«  varient   par   la  grandeur,   la  forme    et  les  couleurs.    Ou 

^<  aura  donc  choisi  les  plus  gros,  les  plus  singuliers,  les  plus 

«  beaux;  on  les  aura  séparés  de  la  troupe  commune,  pour  les 

«  élever  à  part  avec  des  soins  plus  assidus  et  dans  une  cap- 

«   tivité  plus  étroite  :  les  descendans  de  ces  esclaves  choisis 

«  auront  encore  présenté  de  nouvelles  variétés,  qu'on  aura 

<<  distinguées,  séparées  des  autres,  unissant  constamment  et 

«  mettant  ensemble  ceux  qui  ont  paru  les  plus  beaux  ou  les 

«  plus  utiles.   Le   produit  en  grand  nombre  est  la  première 

«  source  des  variétés  dans  les  espèces;  mais  le  maintien  de 

«   ces  variétés^  et  même  leur  multiplication,  dépend  de  la 

«  main   de  l'homme et  par  ces  attentions  suivies  on 


PIG  421* 

«  peut,  avec  le  temps,  créera  nos  yeux,  c'est-à-dire,  ame- 
*«  ner  à  la  lumière  une  infinité  d'êtres  nouveaux  ,  que  la 
«  nature  seule  n'auroit  jamais  produits.  Les  semences  de 
«  toute  matière  vivante  lui  appartiennent,  elle  en  compose 
«  tous  les  germes  des  êtres  organisés;  mais  la  combinaison, 
</  la  succession,  l'assortissement,  la  réunion  ou  la  séparation 
«  de  chacun  de  ces  êtres,  dépendent  souvent  de  la  volonté 
«  de  l'homme  •  dès  lors  il  est  le  maître  de  forcer  la  nature 
«  par  ses  combinaisons,  et  de  la  fixer  par  son  industrie;  de 
«  deux  individus  singuliers  qu'elle  aura  produits  comme  par 
«  hazard,  il  en  fera  une  race  constante  et  perpétuelle,  et 
«  de  laquelle  il  tirera  plusieurs  autres  races,  qui,  sans  ses 
«  soins,  n'auroient  jamais  vu  le  jour.  ^^ 

Il  est  certain  que  tout  observateur  attentif  peut  suivre 
avec  assez  de  facilité  dans  beaucoup  de  variétés  du  pigeon 
domestique  ces  altérations  diverses  des  caractères  auxquels 
on  reconnoît  le  bistt.  Celui-ci  peut  donc  être  considéré 
comme  le  type  originaire  de  beaucoup  de  nos  pigeons  de 
volière. 

Rester  dans  le  doute  à  cet  égard  ,  sera  sage  pour  les  va-* 
riéJés  connues  sous  les  noms  de  pigeons  polonois,  à  cravate, 
batave,  etc. 

Mais  ne  seroit-ce  pas  à  des  pigeons  sauvages  et  étrangers^ 
d'Asie  ou  d'Afrique,  par  exemple  ,  qu'elles  devroient  leur 
origine?  11  en  est,  le  pigeon  de  Barbarie  ou  de  Crète,  qui 
ont  le  bec  court-  et  les  yeux  entourés  d'une  bande  de  peau 
nue;  dlautres,  le  pigeon  de  Guinée,  de  Brisson ,  ou  le  rous- 
sard,  ont  la  taille  à  peu  près  d'un  pigeon  ramier,  avec  une 
peau  nue  et  rouge  autour  des  yeux  ,  le  bec  noir,  et  cependant 
la  membrane  des  narines  est  cendrée;  certains  sont  patus; 
quelques-uns  patus  et  huppés;  plusieurs  espèces  agitent  leur- 
queue  comme  la  bergeronnette  ,  tels  sont  certains  pigeons 
dts  îles  Philippines,  et  notre  ramier,  etc.  Voilà  une  large 
porte  ouverte  à  des  conjectures.  Quel  moyen  de  détruire 
tant  d'incertitudes  !  D'abord  faire  venir  en  France  autant 
d'espèces  de  pigeons  sauvages  et  étrangers  que  l'on  pourra 
s'en  procurer  de  vivans ,  les  étudier  et  cherchera  les  faire 
produire  pendant  long -temps,  et  sans  se  hâter  d'en  faire 
«.aître  dçs  races  adultérines.  Les  naturalistes  voyageurs  ont  dâ 


4?.'  PIG 

commencer  par  recueillir  et  nous  transmettre  les  dépouilles 
des  êtres  naturels  ;  mais  ce  n'est  plus  assez  maintenant  :  le  dé-.' 
nombrement  des  espèces  animales  est  presque  fait;  l'instruc- 
tion quedonnentleursdépouillesmortes,  sansétre  encore  épui- 
sées ,  ne  peut  être  complétée  que  par  l'observation  et  l'élude 
des  êtres  vivans.  Eh  pourquoi  n'a-t-on  pas  encore  apporté  de  la 
Barbarie,  de  la  Guinée,  du  cap  de  Bonne-Espérance,  delaNor- 
■wége,  de  l'Asie,  des  Indes  occidentales,  du  Mexique,  etc  , 
<5ette  foule  d'espèces  de  colombes,  les  unes  demi-sauvages,  les 
autres  remarquables  par  quelque  phénomène  bien  tranché? 
Le  temps  en  est  cependant  venu.  Puissent  des  hommes  zélés 
et  industrieux  entendre  cet  appel  ! 

En  attendant  cette  époque  d'une  instruction  fort  désirable, 
51  ne  sera  pas  inutile  de  noter  ici  quelques  idées  sur  les  causes 
qui  ont  pu  amener  dans  les  pigeons  les  altérations  des  formes, 
des  signes,  des  mœurs  propres  à  certaines  races,  que  ces 
races  soient  primitives  ou  secondaires. 

Les  climats,  qui  changent  tout,  à  peu  d'exceptions  prés, 
seroient-ils  sans  puissance  sur  la  constitution  d'oiseaux  sen- 
sibles au  froid,  à  la  chaleur,  à  la*  sécheresse  ,  à  l'humidité, 
etc.?  Quoi,  les  pays  dont  les  températures  et  les  conditions 
climatériques  sont  isotermes,  n'auroient  pas  de  l'infiuence  et 
une  influence  analogue  sur  les  animaux  mammifères  ou  oi- 
seaux, etc.]  Ainsi,  lorsque  les  contrées  très-froides  et  plus  ou 
moins  humides  sont  habitées  par  plusieurs  espèces  animales, 
dont  le  pelage  et  les  plumes  sont  blancs,  au  moins  une  cer- 
taine partie  de  l'année;  dont  les  extrémités  des  membres 
sont  abondamment  pourvues  de  poils  ou  de  plumes,  etc., 
pourroit-on  taxer  d'une  grande  erreur,  l'idée  qui  attri-» 
])ueroit  à  une  cause  analogue  les  pigeons  blancs  et  patus, 
•tel  que  le  pigeon  de  Norwége ,  etc.  Si  en  Afrique  ou  dans 
quelques  autres  parties  du  monde,  voisines  de  l'équateur, 
on  rencontre  des  pigeons  dont  les  pieds  soient  emplumés, 
cela  ne  proviendroit-il  pas  de  ce  que  ces  oiseaux  se  retirent 
à  certains  temps  de  l'année  ou  de  la  période  nyctémérique 
dans  des  lieux  élevés  et  froids.  Tel  seroit  le  c.is  du  pigeon 
roussard.  D'un  auîrecAté,  Ica  régions  très -chaud  es  pi'ésentent 
une  population  animale  remarquable  parla  beauté,  surtout 
des  oiseaux  à  plumage  brillant  de  couleurs  vives  et  variées. 


PI  G  4^5 

t^)ue  l'on  examine  les  plumes  du  pigeon  roussard  ou  à  taches 
dEdwards,  et  celles  de  nos  beaux  pigeons  maillés;  n'aper- 
cevra-t-on  aucun  rapport  entre  elles?  Les  espèces  d'oiseaux 
<à  taille  gigantesque  ont  pour  patrie,  le  plus  grand  nombre, 
des  contrées  très-chaudes,  quelques-unes  les  sommités  glacées 
des  montagnes;  qu'est-ce  qu'il  y  auroit  d'étrange  à  penser 
que  des  conditions  pareilles  de  température  ont  développé 
les  grandes  races  de  pigeons.  On  ne  sauroit  oublier  les  pi- 
geons de  la  Campanie,  de  Rome,  de  l'Espagne,  de  la  Perse 
etc.,  ni  le  pigeon  de  Norwége.  Selon  les  lieux  qu'ils  sont  des- 
tinés à  habiter,  ou  qu'ils  habitent  depuis  un  temps  très- long, 
les  animaux  n'ont-ils  pas  une  conformation  et  des  mœurs 
particulières?  Chez  les  oiseaux  qui  doivent  surtout  fréquenter 
les  plaines,  tout  est  disposé  pour  une  locomotion  rapide,  et 
exécutée  plus  ordinairement  par  les  membres  pectoraux  que 
par  les  membres  pelviens.  Ainsi  l'on  voit  des  races  de  pigeons 
douées  au  plus  haut  degré  de  la  faculté  de  voler  ;  d'autres ,  peu 
aptes  au  vol,  courent  avec  rapidité,  tels  que  le  goura,  cer- 
tains bagadais,  etc.;  plusieurs  se  montrent  plus  habiles  à  fuir 
à  travers  des  branches  d'arbres  nombreuses,  qu'à  soutenir  un 
vol  long  et  élevé  dans  l'espace  libre  des  airs.  De  là  des  diffé- 
rences de  longueur,  de  formes  et  de  force  dans  les  ailes  eÉ 
les  jambes  des  oiseaux  colombacés. 

Si  l'on  poursuivoit  ainsi  la  recherche  des  causes  qui  ont 
pu  produire  ou  concourir  à  produire  des  modifications  im- 
portantes et  durables  dans  la  tribu  des  pigeons,  on  verroif 
que  l'espèce  de  nourriture ,  la  facilité  ou  la  difficulté  de  la 
saisir,  son  abondance  ou  sa  rareté,  etc.,  ont  dû  influer  sur  la 
taille  des  pigeons,  sur  la  longueur  et  la  force  de  leur  bec,  etc.; 
on  reconnoîtroil  que  l'air,  les  eaux  ,  les  lieux,  lesalimens,  ont 
dû  exercer  également  une  véritable  influence  sur  leur  consti- 
tution. Mais  qui  voudroit  nier  encore  que  ces  mêmes  causes  , 
en  amenant  des  maladies,  deviennent  avec  ces  dernières  une 
autre  source  d'altérations  de  formes  et  de  force,  qui  peuvent 
durer  toute  la  vie  des  individus  et  être  transmises  par  eux,  à 
la  vérité  d'une  manière  peu  marquée,  à  leurs  petits.  Ainsi, 
c'est  certainement  un  vice  de  conformation,  presque  maladif, 
mais  surtout  contraire  à  la  conservation  de  quelques  variétésr 
de  pigeons,  que  le  bec  si  excessivement  court  dont  sont  doués 


424  PIG 

ces  mêmes  variétés.  En  effet,  elles  ont  le  bec  court  à  ce 
point  que  les  oiseaux  peuvent  très -rarement  élever  eux- 
mêmes  leurs  petits.  Conviendroit-il  encore  de  rapporter  à 
tout  autre  cause  qu'à  un  état  maladif,  le  plumage  soyeux  ou 
cotonneux  et  impropre  au  vol  que  l'on  observe  chez  plu- 
sieurs variétés  secondaires  de  pigeons,  etc.? 

Il  faut  l'avouer,  l'action  de  ces  diverses  causes  est  lente 
sur  les  animaux  et  en  particulier  sur  les  colombes;  mais,  pouf 
être  lente,  elle  n'en  est  pas  moins  réelle,  efficace;  et  à  sa 
lenteurse  joint  la  permanence:  elle  est  donc  toujours  instante, 
elle  continue  donc  à  modifier  sans  cesse  et  ce  qu'elle  a  pro- 
duit ,  et  ce  que  les  besoins ,  les  goûts,  les  caprices  de  l'homme 
ont  su  créer  à  leur  tour  de  variétés.  De  là  est  arrivé,  ou  a 
dû  arriver,  que  des  variétés,  ou  pour  le  moins  des  variétés 
secondaires  ou  tertiaires  ,  se  sont  perdues ,  et  que  d'autres  ont 
été  développées.  Au  nombre  des  variétés  perdues,  on  doit 
compter,  entre  autres,  presque  toutes  celles  que  Buffon  a 
signalées  parmi  les  pigeons  grosses-gorges,  etc.  Il  neseroit  pas 
facile  de  dire  qu'elles  sont  au  contraire  celles  qui  ont  été  for- 
mées ,  mais  il  est  plus  curieux  de  savoir  comment  on  a  obtenu 
la  plupart  d'entre  elles.  Or,  de  tous  les  moyens  mis  à  la  dispo- 
sition de  l'homme ,  ceux  qui  exigent  une  longue  suite  tl'an- 
nées,  tels  que  seroient  les  changemens  de  climat,  de  nour- 
riture, dans  le  genre  de  vie,  ont  été  négligés,  quoique  les 
plus  instructif^,  et  probablement  les  plus  féconds  en  résultats 
dignes  de  remarque.  On  a  eu  presque  uniquement  recours 
au  mélange  des  races  déjà  connues,  moyen  à  la  portée  de 
l'ignorance  et  favorable  à  la  paresse  de  l'homme  éclairé; 
moyen  qui  ne  pouvoit  que  jelcr  une  pâle  lumière  sur  la 
physiologie  des  animaux  :  moyen,  enfin,  qui  ne  pouvoit 
procurer  Texisfence  qu*à  des  êtres  doués  de  qualités  mixtes, 
presque  toujours  prévues,  et  ne  sortant  jamais  du  cercle  de  ce 
que  l'on  connoissoit  déjà. 

Le  principal  avantage  du  mélange  des  races  est  d'avoir  des 
métis  qui,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  font  beaucoup  plus 
de  petits  que  leurs  parcns. 

Par  ce  moyen  aussi  on  multiplie  les  nuances  de  couleur 
qui  peuvent  décorer  le  plumage  des  pigeons;  on  ajoute  ou 
on  retire  à  des  variétés  une  huppe;  les  plumes  du  tarse;  tçUo. 


PIG  42S 

ou  (elle  coloration  de  l'iris;  la  peau  nue,  rougeàtre,  caron- 
culée  du  pourtour  des  yeux  et  du  bec  ;  ou  certaines  propor- 
tions dans  le  bec,  dans  les  tarses,  dans  les  ailes,  dans  la  taille 
et  la  forme  du  corps,  sous  le  rapport  de  la  longueur,  de 
Tépaisseur,  de  la  largeur  ,  de  l'agrément. 

Dans  le  développement  de  pareils  changemcns  ,  y  a-t-il 
quelques  conditions  qui  exercent  une  influence  assurée  ?  Il 
le  paroitroit.  On  a  remarqué  que  deux  caractères  dominoient 
dans  chaque  mélange,  celui  de  la  race  et  celui  du  mâle.  Ainsi 
de  l'union  de  deux  oiseaux  différens  de  race,  naissent  des 
petits  qui ,  pour  l'ordinaire  ,  offrent  les  traits  du  mâle  et  des 
pigeons  de  sa  race. 

Par  exemple,  la  queue  du  pigeon-paon  mâle  ou  femelle  est 
transmise  aux  petits  métis,  à  la  vérité  moins  belle,  moins 
ërectilf.  De  même  le  capuchon  du  nonain  ,  la  coquille  de  cer- 
tains mondains,  les  tarses  emplumés  des  pigeons  patus,  passent, 
en  partie  au  moins  ,  à  leurs  métis.  Quelquefois  le  mâle  ne 
donne  que  la  forme  générale  du  corps  et  les  couleurs  du  plu- 
mage. 

Mais  il  est  une  condition  commune  de  l'organisation  qui 
joue  également  un  grand  rôle  dans  la  production  des  effets 
du  mélange  de  race  :  c'est  la  constitution  forte  ou  foible  de 
chacun  des  oiseaux  qu'on  a  apparié.  Si  le  mâle  est  plus  ro- 
buste que  sa  femelle,  il  imprimera  bien  plus  certainement 
les  traits  qui  le  distinguent  à  ses  petits.  Si,  au  contraire,  c'est 
la  femelle  dont  là  constitution  est  la  meilleure,  la  plus  forte, 
elle  communiquera  à  sa  jeune  famille,  en  grande  partie,  les. 
signes  de  sa  race,  les  formes  de  son  corps  et  ses  mœurs;  le 
mâle  n'aura  donné  que  la  couleur  de  son  plumage  et  quel- 
que chose  de  sa  taille. 

Il  faut  ajouter  encore  que,  dans  ces  unions  mixtes,  la  race 
la  plus  anciennement  existante,  celle  qu'on  ne  sauroit  ac- 
tuellement créer  de  toutes  pièces,  pour  ainsi  dire,  l'empor- 
tera ordinairement  sur  la  race  qui  déjà  est  uniquement  le 
produit  d'un  mélange  de  race  antérieur  et  d'une  date  peu 
ancienne.  Ainsi  la  race  du  biset  a  plus  de  force  pour  se  re- 
produire, malgré  les  causes  qui  peuvent  l'altérer,  que  celle- 
du  nonain,  ou  du  cravate,  ou  du  polonois,  et  cette  dernière 
plus  de  force  que  celle  du  pigeon  miroité,  du  cavalier,  etc. 


426  PIG 

En  réfléchissant  à  ces  considérations  sur  l'influence  de  la 
race,  du  sexe,  et  de  la  constitution  dans  les  résultats  des  croi- 
semens  de  races,  en  accordant  encore  une  certaine  puis- 
sance à  l'âge  et  aux  conditions  actuelles  dans  lesquelles  on 
place  les  oiseaux  qu'on  apparie,  on  sentira  aisément  comment 
il  se  fait  qu'on  ne  peut  jamais  être  sûr  absolument  d'obtenir 
tel  ou  tel  eff'et  d'un  mélange  de  race;  l'état  dans  lequel  se 
trouve  chacun  des  deux  oiseaux  qu'on  a  unis,  décide  des 
caractères  que  les  petits  offriront. 

§.  VI.  D'après  ce  qui  précède,  et  par  suite  de  l'examen 
attentif  des  individus  qui  forment  la  nombreuse  tribu  des 
pigeons  domestiques,  columbœ  domesticœ,  j'ai  classé  ces  oiseaux 
en  quatre  sections,  qui  ne  renferment  que  quatre  espèces, 
et  beaucoup  de  variétés  et  de  sous-variétés. 

En  attachant  un  numéro  à  chaque  espèce  et  à  chaque  va- 
riété, je  n'ai  en  vue  que  de  rappeler  ainsi  commodément  le 
nombre  des  unes  et  des  autres.  Mais  il  est  arrivé  par  la  na- 
ture des  choses  que  la  série  des  variétés  ne  commence  qu'après 
la  troisième  espèce;  que,  dans  deux  sections,  on  ne  compte 
pas  d'espèces,  et  que  l'on  continue  à  n'y  rencontrer  que  la 
suite  et  la  fin  des  variétés.  Il  faut  excuser  cette  dérogation 
aux  usages  reçus  touchant  les  classifications.  Elle  repose  sur 
les  considérations  générales  qui  précèdent,  et  qui  font  dou- 
ter de  la  réalité  des  rapports  étroits  que  l'on  avoit  cru  aper- 
cevoir d'abord  entre  les  pigeons  à  bec  grêle  eux-mêmes, 
-puis  entre  eux  et  les  pigeons  soit  à  bec  court,  soit  à  bec  ro- 
buste; en  sorte  que  l'on  a  pu  supposer  ici,  que  l'on  ne  pos-« 
sédoit  plus  que  des  variétés  de  certaines  espèces  ignorées. 

1."  Section, 

Bec  d-roit,  grêle,  flexible  et  foiblement  renflé  vers  le  bout;  tarses  courts  j 
ailes  longues  et  pointues,  forme  alongce  du  corps  et  de  toutes  ses 
parties. 

1."  Espèce. 

La  Tourterelle  a  collier,  Columha  risoria,  Lath.,  est  un 
peu  plus  grosse  que  la  tourterelle  des  bois,  columha  turtur^ 
Elle  a  la  tête  oblongue;  l'iris  rouge  orangé;  le  bec  gris  blanc  ^ 
et  noirâtre  à  la  pointe;  un  collier  noir,  assez  étroit,  sur  le 


PIG  427 

dessus  du  cou  ;  les  parties  supérieures  du  corps  d'un  blanc 
rougeâtre;  le  devant  du  cou,  la  gorge  et  la  poitrine  de  la 
nit'ine  couleur  ,  mais  avec  une  légère  teinte  de  vineux  ;  1* 
reste  du  dessous  du  corps  blanc;  les  pennes  des  ailes  d'un 
gris  brun  et  bordées  de  blanchâtre;  les  rémiges  cendrées  et 
terminées  de  blanc,  à  l'exception  des  deux  intermédiaires* 
Les  pieds  sont  rouges. 

Le  mâle  et  la  femelle  sont  parés  des  mêmes  couleurs.  Leurs 
petits  offrent  des  teintes  plus  claires,  et  le  collier  ne  se  voit 
chez  eux  qu'à  la  première  mue.  Ces  oiseaux  sont  très-com- 
muns en  Egypte ,  où  l'on  en  prend  un  soin  particulier:  ils  sont 
f.urfout  en  grand  nombre  à  Alexandrie  et  dans  les  villes; 
ils  y  vivent  en  pleine  liberté,  et  sont  aussi  apprivoisés  que 
nos  pigeons  de  volière.  On  en  a  fait  l'essai  en  France,  et  il 
a  réussi  pour  deux  ou  trois  couples  à  un  honorable  natura- 
liste. 

Leur  roucoulement  est  ennuyeux  et  fatigant  à  entendre; 
c'est  certainement  une  des  causes  qui  fait  renoncer  à  élever 
en  plus  grand  nombre  les  totirlerelles  à  collier.  Elles  font  une 
ponte  à  peu  près  tous  les  mois;  leurs  petits,  très-faciles  à  en- 
graisser, ont  alors  une  chair  assez  délicate. 

Cette  espèce  de  colombe  se  trouve  probablement  à  l'état 
sauA^nge  en  Afrique  et  aux  Indes:  telle  est  la  tourterelle  à 
collier  du  Sénégal. 

Elle  présente  une  variété  toute  blanche,  la  Tourterelle 
Br.ANCHE,  Columba  risoria  alba.  Elle  est  entièrement  blanche, 
et  douée  des  mêmes  mœurs  ,  du  même  instinct  que  la  pré- 
cédente, fait  entendre  le  même  roucoulement,  etc.  Ces  deux 
oiseaux  produisent  ensemble,  et  les  petits  qui  naissent  de 
leur  union,  se  montrent  par  la  suite  aussi  féconds  que  leurs 
parens,  et  leurs  générations  successives  conservent  la  même 
puissance  de  multiplier.  On  a  donc  eu  tort  de  vouloir  recon- 
noitre  dans  la  tourterelle  blanche  une  espèce  distincte;  il  ne 
faut  voir  en  elle  qu'une  race  particulière. 

Cette  tourîerelle  et  une  tourterelle  à  collier  étant  appariées 
ensemble,  donnent  la  vie  à  des  tourtereaux,  ou  totalement 
de  la  couleur  de  l'une,  ou  tout-à-fait  de  la  couleur  de  l'autre. 
Celui  qui  est  tout  blanc  n'atteint  jamais  ,  et  ni  plus  ni 
moins  que  Içs  oiseaux  de  sa  race,  une  grosiseur  égale  à  celle 


4.8  piG 

de  la  tourterelle  à  collier;  il  n'a  point  aussi  de  collier  noir^ 
mais  le  collier  blanc,  qui  lui  est  naturel,  est  remarquable 
par  une  teinte  blanche  particulière  d'un  blanc  plus  dé- 
cidé que  celui  du  reste  du  corps.  Enfin ,  comme  ceux  de  leur 
race,  ces  tourtereaux  blancs  ont  une  constitution  plus  déli- 
cate que  la  tourterelle  à  collier,  et  témoignent  plus  de  sen- 
sibilité qu'elle  pour  le  froid. 

Si  on  apparie  les  deux  variétés  de  tourterelles  dont  il  vient 
d'être  question,  avec  la  tourterelle  grise  des  bois,  et  cela 
n'est  pas  difficile,  on  obtient  des  mulets  absolument  infé-. 
ronds.  Ils  se  comportent  cependant  en  tout  comme  leurs  pa- 
rens,  s'accouplent,  pondent  et  couvent;  mais  jamais  les  œufs 
n'ont  le  germe  indispensable  pour  le  développement  d'un 
petit.  D'ailleurs  ces  mulets  ont  toujours  le  plumage  d'une 
teinte  uniforme  plus  ou  moins  foncée;  vineuse  à  la  tête,  au. 
cou  et  à  la  poitrine;  cendrée  rougeàtre  au  dos;  brune  sale  au 
ventre,  sur  les^  ailes,  à  l'extrémité  de  la  queue;  brune  aux 
pennes.  Ils  ont  aussi  les  pieds  rouges. 

Je  suis  persuadé  que  l'on  peut  parvenir  aussi  à  apparier 
les  deux  variétés  de  tourterelles  à  collier  à  de  petits  pigeons 
mondains;  il  est  présumable  que  les  petits  qui  naîtroient  de 
cette  union,  resteroient  tout-à-fait  incapables  de  se  repro- 
duire. 

On  ne  sauroit  nier  d'ailleurs  que  les  tourterelles  grises  de 
nos  bois,  et  les  deux  variétés  de  tourterelles  blanches  à  col- 
lier, ont  avec  les  pigeons  la  plus  grande  analogie.  Il  y  a  ce- 
pendant entre  eux  une  véritable  différence  :  c'est  que  les 
petits  qui  naissent  de  l'alliance  des  tourterelles  entre  elles, 
ont  toujours  un  plumage  uniforme,  tandis  que  les  pigeon- 
neaux, dès  que  l'on  croise  les  races  des  pigeons  entre  elles, 
présentent  des  livrées  variées  qui  rappellent  les  teintes  du 
plumage  de  leurs  père  et  mère.  Le  chant  ou  roucoulement 
des  tourterelles  n'est  pas  le  même  non  plus  des  pigeons  pro- 
prement dits. 

■2.^  Espèce. 

Le  Pigeon  boussard  (  Columba  guinea ,  Lath.  ;  Pigeon  à 
taches,  d'Edw.  ;  Colomhe  roussard,  Temm.),  est  de  la  taille 
du  ramier  d'Europe  ou  plutôt  de  notre  biset.  Il  a  les  yeux 


PIG  429 

cnîourés  d'une  peau  rouge;  l'iris  d'un  beau  jaune;  le  bec  noi- 
râtre; la  tête,  la  gorge,  le  ventre,  le  croupion  et  les  cou- 
vertures du  dessus  et  du  dessous  de  la  queue  d'un  gris -bleu 
clair;  le  haut  du  dos,  les  scapulaires  et  les  couvertures  des 
fliles  d'un  roux  cannelle  et  pourpré.  Une  tache  blanche,  de 
forme  triangulaire,  termine  le  centre  de  chacune  de  ces 
plumes  de  recouvrement ,  de  manière  que  l'oiseau  paroît 
marqué  de  taches  triangulaires  sur  les  ailes, disposition  de 
couleur  que  rappellent  jusqu'à  un  certain  point  nos  pigeons 
maillés.  Mais  toutes  les  plumes  du  cou  et  de  la  poitrine  sont 
échancrées  vers  le  bout  en  forme  de  fer  de  lance.  Les  tarses 
sont  à  demi  garnis  de  plumes. 

Le  roussard  paroit  susceptible  d'être  élevé  comme  nos  pi- 
geons de  colombier,  et  se  montre  en  Afrique  ce  que  sont  en 
Europe  nos  bisets,  c'est-à-dire  à  demi  domestique;  au  moins 
il  le  semble  d'après  les  foibles  renseignemens  que  l'on  possède 
sur  ce  pigeon,  digne  cependant  d'être  étudié,  et  bien  étudié 
à  beaucoup  d'égards.  Mais  c'est  surtout  des  individus  vivans 
qu'il  seroit  à  désirer  qu'on  apportât  en  Europe. 

3.*    Espèce. 

I  .'^  Variété.  Le  Pigeon  biset  de  colombiek,  Columba  lis'ia,Var., 
a  treize  pouces  de  longueur  totale;  le  bec  rougeâtre;  l'iris 
d'un  rouge  brun;  la  tête,  le  haut  du  dos,  les  couvertures 
des  ailes,  la  poitrine,  le  ventre,  les  flancs  et  toutes  les  cou- 
vertures de  la  queue  d'un  cendré  tirant  sur  le  bleu;  la  par- 
tie inférieure  du  dos  blancte,  ou  d'un  bleu  cendré  plus  paie 
que  sur  le  reste  du  corps.  J'ai  examiné  un  grand  nombre  de 
bisets decolombier,  et  j'ai  rencontré  ces  deux  manières  d'être 
du  dos  sous  le  rapport  de  la  couleur.  Ils  ont  le  cou  d'un 
vert  doré  à  reflets;  les  pennes  primaires  des  ailes  d'un  cen- 
dré noirâtre;  les  autres  d'un  cendré  bleu  et  terminées  de 
noir;  deux  bandes  transversales  de  cette  couleur  sur  l'aile; 
les  pennes  de  la  queue  d'un  cendré  plus  foncé  que  le  corps 
et  terminées  de  noir;  les  plus  extérieures  de  chaque  côté 
blanches;  les  pieds  rouges  et  les  ongles  noirs. 

II  est  quelques  naturalistes  qui  admettent  comme  espèce 
distincte  du  biset  sauvage,  0;va;,  Arist.,  Columhaœnas,  Lath., 
ce  même  biset  de  colombier  redevenu  sauvage.  Mais  il  ne 


43o  PIG 

font  pas  attention  que  le  biset  sauvage,  le  biset  de  colombiei* 
à  l'état  de  liberté,  et  le  biset  de  colombier  que  je  viens  de 
décrire,  ne  sont  que  le  même  oiseau ,  différant  par  les 
mœurs  et  quelques  nuances  de  couleur  dans  le  plumage  et 
aux  tarses.  Ainsi  le  biset  sauvage  a  presque  constamment  la 
partie  inférieure  du  dos  blanche,  tandis  que  celui  de  colom- 
bier a  cette  même  partie  plus  rarement  blanche,  et  plus 
ordinairemen^d'un  cendré  bleu  pâle,  etc.  De  plus,  ce  der- 
nier a  éprouvé  dans  ses  mœurs  primitives  un  notable  chan- 
gement, il  a  renoncé  à  une  liberté  entière,  qui  u  ses  dan* 
gers,  pour  une  liberté  limitée,  mais  volontaire,  et  qui  a 
moins  d'embarras  apparens.  Il  a  un  toit,  une  retraite  assu- 
rée ,  et  dans  les  mauvais  temps  une  nourriture  suffisante  à 
raison  de  sa  sobriété  native. 

Son  nom  de  biset  lui  paroît  venir  de  sa  couleur  plus  bise 
que  celle  des  pigeons  tout-à-fait  domestiques;  mais,  si  son. 
plumage  est  moins  éclatant,  il  a  conservé,  en  se  maintenant 
dans  une  demi-domesticité,  plusieurs  avantages  précieux.  Il 
est  plus  robuste  et  plus  courageux;  il  sauroit ,  en  cas  de  né- 
cessité, satisfaire  à  ses  besoins,  ou  supporter  une  nourriture 
peu  abondante,  presque  sans  souffrir.  Comme  il  a  conservé 
beaucoup  de  ses  habitudes  premières,  il  retrouveroit  promp- 
tement  toutes  celles  qui  lui  seroient  nécessaires  pour  faire 
partie  des  troupes  de  bisets  sauvages. 

Les  premiers  effets  de  la  vie  demi-domestique  sont  d'ame- 
ner des  variétés  de  plumage;  les  ailes  se  couvrent  de  quel- 
ques taches  noires,  ou  le  plumage  devient  plus  pâle,  blanc 
même  par  place  ou  en  entier,  selon  l'espèce  d'altération  qui 
a  pu  s'opérer  par  des  mœurs  moins  dures  dans  la  constitu- 
tion de  l'oiseau.  On  doit  se  rappeler  à  ce  sujet  que  beaucoup 
de  mammifères  et  d'oiseaux  sauvages  ou  demi-sauvages  per- 
dent leurs  couleurs  normales  et  que  leur  manteau  offre  une 
couleur  blanche.  Les  autres  variétés  de  couleur  ne  survien- 
nent que  plus  tard. 

On  peut  s'en  faire  une  idée  sous  le  rapport  du  nombre  et 
des  nuances,  en  examinant  les  variétés  de  couleur  que  pré- 
sente le  plumage  des  pigeons  bisets  fuyards  ,  des  pigeons 
de  roche,  etc.  Ces  derniers  oiseaux  ne  sont  en  réalité  que 
des  bisets  de  colombier,  qui  portent  à  perpétuité  les  stigmates 


PIG  45i 

d'une  demi -domesticité  très-ancienne.  Leurs  mcéurs  offrent 
Timage  de  coupables  qui  ont  rompu  leur  banc.  Ils  étoient 
domestiques  à  demi,  ils  n'ont  pas  su  recomposer  une  troupe, 
ni  osé  se  réunir  à  des  pigeons  de  tout  temps  sauvages;  ils 
n'ont  pas  repris  l'habitude  de  se  percher,  ni  de  construire 
leurs  nids  sur  des  arbres.  Ils  font  un  plus  grand  nombre  de 
pontes  que  le  biset  de  colombier,  lorsqu'ils  trouvent  aisé- 
ment de  la  nourriture,  etc. 

Si  on  observe  ce  dernier,  le  biset  de  colombier,  on  ne 
peut  méconnoitre  qu'il  aime  toujours  à  vivre  en  société:  mais 
cette  société  n'est  plus  réunie  par  des  liens  que  la  nécessité, 
la  sûreté  de  chaque  oiseau  réclament.  Chacun  de  ses  mem- 
bres en  est  plus  indépendant,  parce  qu'il  possède  un  abri  assez 
sûr  contre  ses  ennemis,  contre  les  intempéries  de  l'air,  contre 
la  faim.  La  protection  de  l'homme  s'étend  loin  de  l'habita- 
tion; il  y  a  une  sorte  de  sécurité  pour  la  troupe,  lorsqu'elle 
s'est  élancée  dans  les  plaines  :  dès-lors,  pourquoi  reconnoîlre 
des  chefs  qui  tiennent  leur  autorité  de  la  force  ou  de  l'âge? 
Dans  une  commune  servitude,  il  ne  peut  y  avoir  de  préé- 
minence. Dès-lors,  pourquoi  s'assujettir  les  uns  à  faire  sen- 
tinelle, puisqu'il  y  a  peu  de  danger;  les  autres  à  chercher 
les  lieux  où  il  y  a  le  plus  de  nourriture,  une  eau  pour  se 
désaltérer,  puisque  ni  la  faim  ni  la  soif  ne  sont  pressans. 

Les  bisets  produisent  souvent  trois  fois  l'année j  pondent 
à  deux  jours  de  distance,  presque  toujours  deux  œufs,  rare- 
ment trois,  et  n'élèvent  presque  jamais  que  deux  petits  ,  dont 
ordinairement  l'un  se  trouve  mâle  et  l'autre  femelle.  11  y  en 
a  même  plusieurs,  et  ce  sont  les  plus  jeunes,  qui  ne  pondent 
qu'une  fois.  Le  produit  du  printemps  est  toujours  plus  nom- 
breux ,  c'est-à-dire  la  quantité  des  pigeonneaux  dans  le 
même  colombier  plus  abondante  qu'en  automne,  du  moins 
dans  nos  climats. 

Ils  aiment  les  lieux  paisibles,  la  belle  vue,  l'exposition  du 
levant,  la  situation  élevée  où  ils  puissent  jouir  des  premiers 
rayons  du  soleil.  C'est  surtout  au  printemps  et  en  automne 
qu'ils  semblent  rechercher  les  influences  du  soleil,  la  pureté 
de  l'air  et  les  lieux  élevés. 

11  suit  de  leurs  mœurs  que  les  meilleurs  colombiers ,  ceux, 
où  ils  se  plaisent  et  multiplient  le  plus,  ne  doivent  pas  être 


0^  PIG 

trop  près  des  habitations,  qu'ils  seront  placés  avec  avantage 
sur  un  monticule  ,  et  à  l'exposition  du  levant  en  été  et 
en  hiver. 

Une  remarque  mérite  d'être  consignée  ici ,  et  vient  à  l'appui 
de  l'opinion  que  le  biset  de  colombier  est  la  souche  de  beau- 
coup de  pigeons  domestiques.  C'est  que  ces  derniers  recher- 
chent toujours  avec  empressement  et  une  préférence  mar- 
quée, lorsqu'ils  sont  amoureux,  les  pigeons  bisets  pour  sac- 
:coupler  avec  eux. 

Je  décrirai  ici,  comme  une  sous- variété  du  biset  colora* 
Jbier,  mais  sans  une  grande  conviction,  le  Pigeon  brun  du 
Mexique,  Columhafusca  [Cehoiloll  de  Fernandez).  11  est  brun 
partout,  excepté  la  poitrine  et  les  extrémités  des  ailes,  qui 
sont  blanches.  Il  a  le  tour  des  yeux  d'un  rouge  vif,  ce 
qui  le  rapproche  du  pigeon  mondain  ;  l'iris  noir  ;  les  pieds 
rouges. 

Il  vit  en  domesticité  au  Mexique.  On  le  trouve  aussi  à  l'état 
siuvage,  ou  du  moins  on  trouve  un  oiseau  qui  a  avec  lui 
assez  de  ressemblance. 

Pourquoi  les  pigeons  domestiques  du  Mexique  ne  sont-il  pas 
-mieux  connus?  Pourquoi  n'en  avoir  pas  apporté  en  Europe 
de  vivans?  Combien  d'années  s'écouleront-elles  encore  avant 
qu'on  cesse  de  se  contenter  d'à  peu  près,  de  notions  incom- 
plètes, sur  une  foule  de  points  de  l'histoire  naturelle  des  oi- 
seaux domestiques? 

2.*  Variété.  Le  Pigeon  mondain,  Columha  mansuefacta.  C'est 
Je  biset  de  colombier,  mais  modifié  heureusement  dans  les 
couleurs  du  plumage,  dans  sa  taille,  dans  ses  formes,  par 
certaines  causes  auxquelles  il  a  été  soumis. 

Pourquoi  faut-il  que  l'on  ne  connoisse  rien  de  particulier 
sur  ces  causes?  Si  l'on  n'étoit  pas  dans  une  ignorance  pres- 
que complète  à  leur  égard,  que  de  points  de  l'histoire  natu- 
relle des  colombes  seroient  éclairés!  On  ne  peut  que  décrire 
leurs  effets  d'une  manière  générale,  sans  même  signaler  les 
rapports,  qui,  sans  doute,  \es  lient  les  uns  aux  autres. 
,  Les  mondains  ont  une  forme  élégante,  une  taille  alongée, 
et  toutes  les  parties  du  corps  bien  proportionnées;  leur  plu- 
mage rappelle  pour  sa  couleur  tantôt  le  bleu  cendré  du  biset 
de  .colombier,  tantôt  et  plus  souvent  les  altérations  de  ce 


PIG  435 

hleu  cendré  en  rougeâtre,  en  fauve,  en  jaune,  en  gris,  etc. 
Mais  la  couleur  la  plus  commune  est  le  blanc. 

Le  volume  de  leur  corps  ne  surpasse  pas  toujours  celui  du 
biset;  quelquefois  il  égale  en  grosseur  un  poulet  commun 
de  trois  mois;  mais  il  peut  atteindre  aussi  le  volume  d'une 
petite  poule;  tel  est: 

A.  Le  Pigeon  gros  mondain  (PT^hite  rumped  pigeon,  Lath.). 
Il  a,  comme  la  plupart  des  mondains,  un  lilet  rouge  autour 
des  yeux.  Son  plumage  est  blanc  ,  ou  bleu  cendré,  ou  rou- 
geâtre, etc.  ;  le  tarse  uu.  Cet  oiseau  produit  très -peu,  parce 
qu'il  casse  souvent  ses  œufs,  ou  qu'il  étouffe  ses  petits. 

B.  Le  Pigeon  iMondain  de  Berlin  est  de  petite  taille,  et  ii 
a  un  filet  rouge  autour  des  yeux.  Son  plumage  est  d'un  beau 
Jioir,  avec  un  rang  de  pois  blancs  sur  les  ailes,  et  quelques 
autres  taches  de  même  couleur  sur  les  ailes. 

On  connoit  des  pigeons  sauvages  qui  sont  patus.  Comment 
anive-t-il  que  des  mondains  aient  également  des  plumes 
implantées  le  long  du  tarse,  et  même  sur  les  doigts?  quel 
seroit  le  moyen  de  produire  ce  phénomèn  e  sans  recourir  à 
des  unions  adultérines? 

On  doit  se  faire  la  même  demande  pour  la  huppe  et  la 
cape  de  certains  mondains. 

C.  Le  Pigeon  aionoainfatu  ordinaire,  Columha  mansuefac'a 
plumipes.  Sa  taille  est  un  peu  plus  forte  que  celle  du  biset  do- 
mestique. Sa  forme  en  général  rappelle  celle  des  mondains 
à  tarses  nus  :  il  produit  beaucoup. 

Le  pigeon  patu  limousin  diffère  du  précédent  par  un  corps 
très-gros,  très- long  et  porté  sur  de  hautes  jambes.  Il  produit 
beaucoup. 

Le  Pigeon  mondain  patu  et  huppé,  Columha,  mansuefacta  plu^ 
mipes  et  cristata  {Columha  menstrua  seu  cristata ,  Frisch  ;  vul- 
gairement Pigeon  de  mois  ).  Il  produit  presque  tous  les  mois, 
et  ressemble  beaucoup  au  précédent. 

D.  Le  Pigeon  mondain  patu  plongeur  ,  ou  mieux  Planeur, 
Il  aà  peu  près  la  taille  du  biset  domestique,  les  tarses  gar-. 
nis  de  plumes,  et  une  sorte  de  gaine,  formée  de  plumes, 
qui  reçoit  le  ta'on.  Dans  son  vol  il  plane  assez  long-temps 
dans  les  airs  sans  battre  des  ailes,  à  la  manière  des  oiseaux 
de  proie.  Ce  pigeon  conserve  ainsi,  à  ce  qu'il  paroit,  une  de 

40,  'jM 


454  PIG 

ces  facultés  5  mais  isolément,  qui,  dans  Fétat  sauvage  ou  demi- 
sauvage,  est  exercée  pour  Tavatitage  de  tous  dans  les  troujcs 
de  pigeons  par  plusieurs  d'entre  eux  ,  par  ceux  qui  ont  la 
fonction  de  surveiller. 

E.  Le  Pigeon  mondain  frisé  ,  Columba  crispis  permis ,  Aldro- 
vande  ;  Columba  crispa;  Columba  hispida  ,  Vieillot.  Blanc; 
très-patu,  ses  plumes  ayant  les  barbes  séparées  et  frisées. 
Quelle  est  la  cause  de  ce  phénomène?  est-ce  un  état  maladif? 

Il  est  des  mondains  qui  ont  une  cape  ou  coquille  à  la  région 
occipitale  de  la  tête,  laquelle  est  formée  par  des  plumes  sor- 
ties à  rebours.  Je  puis  citer  d'abord  un  exemple  de  cette  sous- 
variété. 

F.  Pigeon  mondain  café  du  Mans,  ColumLa  mansuefacta  ga- 
leata  cenomanensis.  Taille  à  peu  près  du  pigeon  romain;  une 
cape  large  et  très-fournie  déplumes;  poitiinc  large;  corps 
court,  trapu.  Le  plumage  varie  pour  les  couleurs;  et  la 
mode,  qui  intervient  en  tout,  a  fait  donner  tour  à  tour 
la  préférence  aux  amateurs,  à  un  fond  noir,  mêlé  de  peu  de 
blanc,  et  à  un  fond  couleur  de  rouille,  également  mêlé  d'un 
peu  de  blanc.  Cette  variété,  productive  d'ailleurs,  fournit 
de  très-bons  pigeonneaux;  mais  elle  est  difficile  à  conserver 
dans  sa  beauté. 

On  me  reprochera  de  placer  ici,  au  nombre  des  sous -va- 
riétés du  mondain  ,  le  pigeon  hollandois;  mais  il  a  beaucoup 
des  attributs  de  cette  variété,  qu'on  n'auroit  pas  eu  tort  de 
méconnoître,  si  on  l'avoit  établie  ainsi  que  je  l'ai  fait. 

G.  Pigeon  mondain  coquille  hollandois,  Columha  mansue- 
facta galeata  hatava.  Un  peu  plus  gros  que  le  biset ,  il  a  le 
corps  alongé ,  dégagé  ,  élégant  et  gracieux  des  plus  jolis 
mondains  de  petite  taille.  Un  léger  lilet  nu  est  autour  des 
yeux;  riris  de  couleur  perlée.  Mais  la  tête,  le  bout  des  ailes 
et  la  queue,  ont  toujours  la  même  couleur,  bleue,  jaune  ou 
noire,  tandis  que  le  reste  du  corps  est  blanc.  Ses  tarses  sont 
nus. 

Autres  pigeons  coquilles:  l'un,  plus  gros  que  le  précédent, 
est  noir,  avec  un  peu  de  gris  à  la  gorge  et  deux  barres  grises 
sur  chaque  aile;  l'iris  d'ailleurs  est  jaune,  et  le  tarse  velu. 
Un  autre  a  toujours  la  partie  supérieure  de  la  tête  blanche  ; 
dans  le  reste  du  corps  la  distribution  des  couleurs  est  à  peu 


PIG  435 

près  la  même  que  dans  le  coquille  hollaiidois;  l'œîl  est  noir 
et  sans  filet.  Un  pigeon  coquille,  assez  semblable  à  celui  de 
Hollande,  est  constamment  blanc  sur  tout  le  corps,  mais  la 
tête  est  noire;  il  a  l'iris  jaune;  le  tarse  nu.  Il  y  en  a  aussi 
à  tête  rouge,  à  tête  bleue,  à  tête  jaune;  tous  ayant  le  corps 
blanc,  et  le  vol  et  la  queue  de  la  couleur  de  la  tête. 

On  ignore  par  quelle  cause  les  plumes  occipitales  et  de  la 
partie  supérieure  et  postérieure  du  cou  sortent  à  rebours  de 
la  peau.  On  n'ignore  pas  moins  d'où  provient  un  phénomène 
remarquable  de  couleur  dans  l'iris.  Cette  partie  de  l'œil  est 
noire  ou  d'un  jaune  orangé,  ou  bien  jaune  et  tachetée  de 
noir,  quelquefois  d'un  blanc  semblable  à  celui  de  la  perle. 
Un  tel  phénomène  ne  sauroit  servir  seul  à  caractériser  une 
race;  mais  c'est  quelquefois  un  bon  signe  distinctif  de  sous- 
variétés. 

H.  La  première  à  laquelle  je  m'arrêterai,  est  celle  des  pi- 
geons volans.  Ces  mondains  ont  beaucoup  de  ressemblance 
avec  le  biset;  cependant  ils  ont  une  taille  plus  svelte,  plus 
alongée,  une  tête  plus  élevée,  plus  fine  que  ce  dernier.  Un 
léger  filet  rouge  est  autour  des  yeux ,  et  l'iris  est  d'un  blanc 
de  nacre  de  perle.  Cet  oiseau  se  montre  très- léger  au  vol, 
et  s'élève  très -haut  dans  les  airs.  En  outre  il  est  doué  de 
la  sagacité  précieuse  de  reconnoître  et  de  retrouver  toujours 
le  colombier  où  il  est  né.  Il  se  recommande  encore  par  une 
grande  fécondité. 

Le  Pigeon  mondain  volant  messager  ,  Columha  mansuefacta 
altivolans.  Blanc,  gris,  bleu,  rouge,  noir,  jaune,  mélangé 
de  noir  et  de  blanc,  etc.,  comme  tous  les  mondains.  Il  est 
probablement  le  pigeon  dont  on  s'est  servi  jadis  pour  porter 
des  messages.  Son  vol  rapide  et  élevé,  et  la  faculté  qu'il  pos- 
sède ,  de  retrouver  toujours  sa  demeure  première,  ont  dû 
le  faire  choisir  à  cet  effet. 

Une  variété  secondaire  est  toute  blanche,  mais  avec  une 
espèce  de  collier  de  plumes  rouges.  Elle  s'élève  beaucoup 
dans  les  airs.  Les  petits,  presque  rouges  dans  leur  premier 
âge,  blanchissent  en  approchant  de  l'âge  adulte.  Une  autre 
variété  secondaire,  d'origine  angloise,  est  noire,  avec  les  ailes 
blanches,  et  a  les  tarses  très-emplumés.  Une  autre,  venue 
de  Hollande,  a  le  plumage  blanc,  teinté  de  rose  au  soleil  et 


435  PIG 

la  barre  noire.  Il  est  des  volans  noirs  à  barres  blanches;  de 
huppés;  de  noirs,  et  à  queue  blanche  :  ceux-ci  proviennent 
d'un  volant  noir  ujarié.à  un  pigeon-paon,  etc. 

Le  Pigeon  volant  soie  ,  Columba  mansuefacta  altivolans 
setacea.  Les  plumes  ont  les  barbes  séparées  pendantes  et 
soyeuses,  ce  qui  rend  le  vol  impossible.  Cette  disposition  des 
barbes  est  due  probablement  à  un  état  maladif  particulier, 
et  analogue  à  celui  des  mammifères  albinos.  Cependant  ces 
pigeons  albinos  sont  très-productifs. 

I.  Si,  par  la  forme  du  bec,  par  la  taille,  par  le  port  et 
quelques  autres  signes,  il  a  paru  convenable  de  ramener  les 
pigeons  volans  à  la  variété  du  mondain,  c'est-à-dire,  du  biset 
de  colombier,  perfectionné  par  une  domesticité  entière;  il 
sera  bien  plus  convenable  encore  de  lui  rapporter  les  Pigeons 
SUISSES,  Columla  mansuefacta  Helyetice.  Ceux-ci  sont  plus  petits 
que  les  pigeons  ordinaires  et  pas  plus  gros  que  les  pigeons 
bisets;  ils  sont  de  même  tout  aussi  légers  de  vol.  11  y  en  a  de 
plusieurs  sortes,  savoir  :  des  panachés  de  rouge,  de  bleu,  de 
jaune,  sur  un  fond  blanc  saline,  avec  un  collier  qui  vient 
former  nn  plastron  sur  la  poitrine ,  et  qui  est  d'un  rouge 
rembruni.  Ils  ont  souvent  deux  rubans  sur  les  ailes,  de  la 
même  couleur  que  celle  du  plastron.  D'autres  pigeons  suisses 
ne  sont  pas  panachés,  mais  de  couleur  d'ardoise  uniforme 
sur  tout  le  corps  ,  sans  collier  ni  plastron.  D'autres  sont  appe- 
lés colliers  jaunes  dorés  ou  jaspés,  ou  maillés,  etc.,  parce 
qu'ils  portent  des  colliers  de  celte  couleur.  Il  ne  me  reste 
plus  à  citer  que  le  pigeon  suisse  azuré:  Fherminé,  qui  a  le 
manteau  blanc,  avec  des  marques  brunes;  et  le  pigeon  suisse 
barré- orangé ,  à  cause  de  deux  barres  oi-angées  et  étendues 
sur  les  ailes,  dont  le  fond  est  blanc. 

Un  honorable  naturaliste  a  dit  que  le  pigeon  suisse  à  collier 
doré,  pouvoit  être  obtenu  de  l'union  du  culbutant  anglois 
avec  de  petits  mondains  riches  des  plus  belles  couleurs.  Cette 
assertion  mérite  d'être  vérifiée. 

K.  Mais  combien  peu  est  éloigné  de  ces  mondains  suisses  un 
autre  groupe   de  pigeons,  les  Pigeons  maillés  ,  Columba  man- 
suefacta maculât  a?  Ces  derniers,  en  effet,  ont  tous  les  traits  des 
'  précédens,  mais  la  taille  un  peu  plus  forte ,  et  les  plumes  du 
manteau   et  du  dessus  des  ailes  marquées  de  trois  couleurs, 


PIG  437 

dont  une  barre  noire ,  et  deux  autres  barres  bleue  et  blanche , 
bleue  et  rouge,  bleue  et  fauve  ou  de  couleur  de  bois  de 
noyer,  etc.  On  en  distingue  autant  de  variétés  que  les  cou- 
leurs peuvent  être  associées  dilTéremment.  D'ailleurs  tous  ces 
oiseaux  sont  très-beaux,  très-productifs ,  et  peu  sujets  à  être 
malades.  Ils  ont  le  tarse  nu  et  plus  court  que  les  pigeons 
grosse- gorges. 

Les  dix  sous-variétés  du  mondain  que  je  viens  de  décrire, 
se  perpétuent  par  la  génération.  Cependant  il  faut  des  soins 
pour  les  conserver  pures;  autrement,  même  sans  aucun  mé- 
lange adultérin,  elles  s'altéreroient  peu  à  peu  et  fîniroient 
par  se  rapprocher  beaucoup  du  mondain  ordinaire,  de  ce 
mondain  qui  n'est  que  le  biset  tout- à- fait  apprivoisé.  Ainsi 
le  pigeon  maillé  ne  donne  pas  toujours  naissance  à  des  petits 
qui  lui  ressemblent  par  le  plumage  ,  mais  à  des  petits  dont 
les  plumes  ne  présentent  qu'une  seule  couleur,  le  gris- bleu 
avec  deux  barres  noires  sur  les  ailes.  11  en  est  de  même  du 
pigeon  suisse,  etc. 

Lorsque  l'on  a  voulu  ne  voir  dans  les  mondains  que  les 
bâtards  de  toutes  les  races,  on  a  eu  évidemment  tort.  Les 
vrais  bâtards  donnent  la  vie  à  des  petits  qui  tantôt  leiir  res- 
semblent, et  qui  tantôt  rappellent,  ainsi  que  leurs  parens , 
des  traits  sensibles,  des  unions  adultérines  dont  ils  tirent 
leur  origine.  Ce  ne  sont  que  des  bâtards,  et  non  des  bisets 
apprivoisés,  tout-à-fait  domestiques  ou  des  mondains. 

o.''  Variété,  Le  Figeov^  yiiRonÉ,  Columbaspecularis ,  est  assez 
rare,  quoiqu'il  soit  une  de  ces  races  que  l'on  crée  par  le  croi- 
sement successif  au  moins  de  trois  races  distinctes.  Il  consti- 
tue une  variété  constante,  puisqu'il  ne  peut  se  croiser  avec 
aucune  autre  variété  ,  sans  perdre  son  signe  caractéristique. 
Il  a  d'ailleurs  tous  les  dehors  des  mondains,  l'iris  ordinaire- 
ment jaune,  une  taille  moyenne  ou  égale  à  celle  du  biset, 
le  plumage  d'une  couleur  uniforme  ,  rouge  ou  jaune  ,  ou 
grise  ,  excepté  à  huit  lignes  du  bout  des  grandes  plumes  des 
ailes  et  de  la  queue ,  où  cette  couleur  est  interrompue  par 
une  barre  grise- blanche ,  et  large  d'un  demi-pouce.  Le  bout 
de  ces  mêmes  plumes  est  de  la  même  couleur  que  tout  le 
plumage,  mais  seulement  pâle. 

4.''  Variété.  Le  Pigeon  grosse- gorge  ,  Columba  gutturosa,  a 


438  PIG 

pour  caractère  principal  et  très-évident,  la  faculté  d'enfler 
son  jabot  en  aspirant  et  retenant  l'air  dans  cette  cavité,  qui 
se  dilate  beaucoup  ,  quelquefois  au  point  d'acquérir  un  vo- 
lume presque  égal  à  celui  du  reste  du  corps.  Lorsqu'il  enfle 
ainsi  sa  gorge ,  et  c'est  presque  dans  tous  les  instans  du  jour, 
il  est  obb'gé  de  se  tenir  droit  perpendienlairement  et  semble 
prêt  à  tomber  en  arrière.  Dans  cet  état  il  ne  peut  voir  de- 
vant lui,  ni  se  défendre  ou  se  préserver  des  attaques  de  ses 
ennemis.  Le  vent  même,  quand  il  est  un  peu  fort,  peut  le 
renverser  et  l'emporter  avec  violence. 

Il  est  très -productif,  mais  d'une  constitution  délicate.  La 
maladie  dont  il  est  atteint  très-souvent,  est  la  rupture  du 
jabot ,  et  elle  devient  presque  toujours  incurable. 

Il  y  a  des  grosse -gorges  à  tarses  nus;  d'autres  à  tarses  un 
peu  emplumés  ;  et  plusieurs  avec  une  seule  rangée  de  petites 
plumes  sur  le  bord  externe  du  tarse  et  du  doigt  médian. 

Les  premiers  offrent  un  plumage  de  couleur  uniforme, 
noir,  roux,  bleu,  etc.;  ou  blanc  et  gris ,  ou  blanc  et  jaune, 
etc.;  ou  bien  jacinthe  maillé,  etc. 

Les  seconds  ont  le  plumage  de  couleur  chamois  et  panaché, 
tout  blanc  ,  gris  panaché,  gris  ardoisé,  etc. 

Les  derniers,  et  ce  sont  les  Piceons  grosse- gorges  lillois, 
Columba  gutturosa  insulana,  ont  la  tête  petite,  le  bec  mince, 
le  corps  svelte  et  porté  sur  des  jambes  longues,  et  dont  le 
genou  se  dégage  du  plumage  lorsque  l'oiseau  se  tient  droit. 
Ils  sont  très-productifs,  ne  souffrent  jamais  de  la  rupture  du 
jabot,  volent  très-bien  et  souvent  en  planant.  Leur  plumage 
est  bleu  ,  avec  des  barres  noires  ,  blanc  ,  blanc  hermine  , 
rouge  vineux,  etc.,  uniforme  ou  panaché. 

Une  sous -variété  du  pigeon  grosse  -  gorge ,  le  Claquart, 
Columha  percussor ,  "Willugb.  (  Pigeon  batteur,  Briss.  ) ,  a  un 
filet  autour  des  yeux,  les  ailes  longues  et  croisées,  comme 
le  précédent;  le  plumage  blanc  ou  chamois,  ou  bleu  ,  avec 
les  épaules  blanches.  Son  nom  lui  vient  de  l'habitude  qu'il 
a  de  faire  beaucoup  de  bruit,  en  battant  des  ailes  au  com- 
mencement de  son  vol.  Ce  caractère  indique  qu'il  tire  son 
origine  d'oiseaux  avertisseurs  dans  les  troupes  sauvages  ou 
demi-sauvages.  Ses  tarses  garnis  de  plumes  l'éloignent  des 
pigeons  lillois. 


PIG  439 

Le  pigeon  grosse-gorge  et  le  gros  mondain  produisent  le 
cavalier.  Le  pigeon  lillois,  croisé  avec  un  patu  ,  a  donné  nais- 
sance au  patu  plongeur  et  au  claquart. 

6/  Variété.  Le  Pigeon  cvlt^viant  ,  Coliimba  gyrafrix ,  a  beau- 
coup de  rapports  avec  les  mondains  volans;  et  c'est  à  regret 
que  je  les  ai  séparés  dans  la  description.  11  a  Fœil,  la  taille,  eu 
la  forme  générale  et  les  couleurs  de  ces  derniers;  mais  le  corps 
doit  être  trapu.  Son  vol  est  très-rapide,  très-élevé,  mais 
très -inégal,  comme  saccadé.  Enfin,  cet  oiseau,  pendant  qu'il 
vole,  tourne  sur  lui-même  de  deux  à  cinq  fois,  la  tête  en 
arrière.  On  croiroit  qu'il  tombe  ;  c'est ,  dit-on  ,  un  moyen  pour 
lui  d'éviter  l'atteinte  des  oiseaux  de  proie  :  cependant  à  la 
campagne  il  perd  une  pareille  habitude.  Il  est  fort  souvent 
employé  pour  attirer  les  pigeons  des  autres  colombiers  ,  parce 
qu'il  vole  au  loin,  le  plus  haut  et  le  plus  long-  temps  de  tous 
les  pigeons  peut-être. 

Entre  autres  sous- variétés ,  je  citerai  le  Pigeon  culbutant 
ANGLOis  {Tumbler  ).  Son  bec  est  très-petit;  la  tête  ronde  et 
assez  grosse;  le  col  mince;  le  corps  trapu,  mais  plus  petit  que 
celui  des  pigeons  volans.  Son  plumage  offre  presque  toutes 
les  couleurs,  le  blanc,  le  noir,  le  brun,  le  jaune,  simple  ou 
panacjié.  Les  tumblers  sont  très -productifs;  si  on  les  apparie 
avec  d'autres  petites  variétés,  ils  donnent  de  jolis  métis  ;  mais 
ces  derniers  ne  font  pas  de  petits  semblables  à  eux-mêmes, 
ni  à  leurs  parens. 

6.^  Variété.  Le  Pigeon  tournant  ,  Columha  gyrans,  a  la  taille 
plus  forte  que  le  culbutant;  l'œil  garni  d'un  filet  léger; 
l'iris  noir  ou  jaunâtre;  les  pieds  chaussés;  le  plumage  ordi- 
nairement gris  ,  avec  des  taches  noires  sur  les  ailes,  ou 
rouge,  ou  bleu,  mais  avec  un  fer  à  cheval  blanc  sur  le 
dos.  Son  car<ictère  distinctif  est  un  vol  bruyant,  comme  une 
claquetle  par  le  battement  des  ailes,  et  en  décrivant  des 
cercles  à  la  manière  des  oiseaux  de  proie. 

Le  pigeon  tournant  trouble  les  volières  par  son  caractère 
querelleur  et  jaloux.  Voit -il  un  mâle  caresser  sa  femelle, 
ou  une  femelle  couver,  il  se  précipite  sur  eux,  se  cram- 
ponne sur  leur  dos  et  les  bat  sans  que  ceux-ci  puissent  se 
défendre.  De  ià  beaucoup  d'œufs  non  fécondés  et  cassés. 

•j.^  Variété.  Le  Pigeon  tremblecr  ou  Paon  ,  Columha  laticauda , 


440  PI  G 

est  remarquable  par  sa  queue  large,  étalée  et  composée  au 
moins  de  vingt- huit  pennes,  et  par  le  tremblement  con- 
v.ulsif  dont  il  est  habituellement  agité,  surtout  lorsqu'il  est 
en  amour.  D'ailleurs  il  a  la  taille  du  pigeon  volant;  il  est 
peu  propre  au  vol,  s'apprivoise  aisément,  produit  beaucoup, 
etc.  Il  redresse  et  renverse  sa  queue  sur  le  dos  par  un  effort 
particulier,  annoncé  par  un  tremblement  pour  l'ordinaire  5 
et  exécuté  par  un  appareil  fibreux,  qu'il  n'est  pas  toujours 
facile  de  découvrir  à  l'aide  du  scalpel.  En  même  temps 
qu'il  relève  la  queue,  il  porte  la  tête  assez  en  arrière  pour 
qu'elle  touche  presque  les  pennes  caudales. 

Lorsqu'on  marie  un  mâle  de  pigeon  glou-glou  avec  une  fe- 
melle paon,  on  obtient  le  pigeon  tremblant  à  queue  étroite, 
qu'il  ne  peut  en  outre  relever,  c'est-à-dire  qu'on  n'obtient 
plus  un  pigeon-paon,  mais  uniquement  tremblant,  et  trem- 
blant à  un  plus  haut  point. 

Le  Pigeon  tremblant  de  la  Guiane.  Cette  variété,  très- 
belle  ,  prend  son  nom  du  pays  d'où  elle  a  été  apportée. 
Elle  est  d'un  blanc  mat,  avec  les  ailes  d'un  bleu  nuancé, 
d'espèces  d'yeux  plus  clairs  et  avec  des  barres  noires. 

Le  pigeon-paon  d'Europe  est  susceptible  de  devenir  soyeux. 
Alors  les  barbes  des  plumes  sont  séparées  et  tombent  comme 
un  efliié  de  soie  ou  de  coton.  L'oiseau  ne  peut  voler  et  s'ap- 
privoise bien.  Sa  chair  a  un  goût  sauvage,  analogue  à  celui 
de  la  chair  des  oiseaux  de  rivière. 

8.^  Variété.  Le  Pigeon  hirondelle,  Columbaliirundinina,  a 
la  taille  et  le  corps  alongé  de  la  tourterelle.  Il  est  fort  re- 
marquable par  le  contraste  agréable  de  ses  couleurs  et  très- 
élégant ,  quoiqu'il  soit  porté  sur  des  jambes  basses  et  des 
tarses  emplumés.  Son  corps  est  blanc.  Sur  la  tête  existé  une 
calotte  oblongue  ,  absolument  pareille  pour  la  forme  à  celle 
de  la  fauvette  à  tête  noire,  et  composée  de  plumes  colorées 
en  noir,  eu  gris  ou  bleu  cendré,  en  rouge  ou  en  jaune.  Les 
ailes  et  les  pattes  sont  de  la  même  couleur  que  la  calotte 
de  la  tête. 

Cet  oiseau,  très-léger  au  vol,  aime  à  planer  au-dessus 
des  arbres  et  des  bàtimens  ,  comme  l'hirondelle,  dont  il 
imite  la  rapidité  dans  le  voK  et  un  peu  la  manière  de  porter 
les  ailes  dans  le  repos. 


PIG  44t 

11  éprouve  quelque  gêne  dans  sa  marche  par  suite  des  plumes 
longues  et  nombreuses  qui  couvrent  ses  tarses  et  ses  doigts; 
mais  il  n'est  alors  ni  lent  ni  pesant  ,  comme  on  Ta  dit 
et  répété.  On  lui  trouve  aussi  le  défaut  d'avoir  quelquefois 
l'iris  panaché  :  ceci  est  affaire  de  goût  et  de  mode;  et  les 
hommes  qui  lui  adressent  ce  reproche,  et  qui  le  repoussent 
lorsqu'il  présente  ce  prétendu  défaut,  le  rechercheront  peut- 
être  un  jour  par  le  même  motif. 

Les  variétés  secondaires  qu'il  peut  offrir,  ont  été  établies 
par  les  couleurs  du  plumage.  J'en  marquerai  encore  deux, 
dont  on  a  fait  à  tort  deux  races  distinctes.  La  première  est 
caractérisée  par  une  huppe  et  des  jambes  très-courtes;  par 
la  petitesse  du  corps;  par  un  bec  moins  long;  par  la  grande 
longueur  des  plumes  qui  garnissent  les  tarses.  C'est  le  pigeon 
carme,  dont  les  couleurs,  distribuées  comme  dans  le  pigeon 
hirondelle,  sont  le  gris  de  fer,  le  chamois,  le  soupe- en-vin, 
et  le  jaune. 

L'autre  variété  secondaire  que  j'ai  annoncée,  est  formée 
par  le  pigeon  heurté ,  quoiqu'il  ne  soit  pas  patu.  Il  se  recon- 
nqit  à  une  tache  colorée  en  bleu,  en  jaune,  en  noir,  ou 
en  rouge,  qui  est  située  au-dessus  du  bec,  sur  le  front  et 
jusque  sur  le  milieu  de  la  tête,  et  à  la  queue,  qui  est  de  la 
même  couleur  que  la  tache  frontale.  Tout  le  corps  est  blanc  ; 
l'iris  noir;  la  mandibule  supérieure  du  bec  colorée  comme 
le  front  ;  la  mandibule  inférieure  blanche.  Ce  pigeon  rap- 
pelle par  la  longueur,  la  coloration  et  la  forme  du  hec  et 
par  son  port,  les  pigeons  hirondelles  ,  et  par  quelques  autres 
traits,   par  les  tarses  nus,  le  pigeon  mondain. 

9.^  Variété.  Le  Pigeon  taiMbour  ou  Glou  -  Glou,  Columba' 
fj'inpanotriba.{Col.  tjmpasnians ,  Frisch) ,  a  le  bec  alongé  et  assez 
semblable  pour  la  forme  à  celui  du  pigeon  hirondelle,  et  la 
tête  deux  fois  huppée,  d'abord  sur  le  front ,  ensuite  à  la  ré- 
gion occipitale  ;  cette  dernière  étant  une  véritable  cape  ou  co- 
quille ,  tandis  que  l'au  tre  est  une  touffe  en  couronne  ;  le  corps , 
la  taille,  le  port  à  peu  prés  de  l'hirondelle;  l'iris  d'un  blanc 
de  perle  ;  les  paupières  rouges  ;  les  tarses  fort  emplumés  et 
courts.  Enfin  il  se  reconnoîtsurtoutàsa  voix  ,  dont  le  roucoule- 
ment a  quelque  rapport  avec  le  bruit  du  tambour  entendu  de 
loin,  et  il  fait  entendre  souvent  ces  deux  sons,  glou-glou.  Son 


442  PIG 

plumage  est  blanc  d'ailleurs,  blanc  entremêlé  de  noir,  blanc 
et  rouge,  blanc  et  jaune,  blanc  et  bleu  ,  noir,  noir  avec  la 
tête  grise,  blanc  et  bleu,  avec  des  barres  orangées. 

Ce  pigeon,  très-fécond,  fait  huit  à  neuf  pontes  par  an, 
est  assez  délicat  et  souvent  malade  à  l'époque  de  la  mue. 

Des  figures  gravées  et  coloriées  m'ont  présenté  le  Pigeon 
TATU  DE  NoRWÉGE,  Columha  norwegica  plumipes,  comme  très- 
semblable  au  pigeon  tambour  blanc.  J'ignore  s'il  est  doué  de 
la  voix  de  ce  dernier;  mais  il  a  une  taille  beaucoup  plus 
forte. 

Le  pigeon  patu  crapaud -volant  est  un  métis  obtenu  d'un 
glou-glou  et  d'un  volant.  Sa  tête  est  aplatie  et  carrée;  la 
paupière  sans  filet  coloré;  l'iris  noir  ;  le  tarse  très-emplumé; 
le  plumage  gris.  De  la  taille  du  glou-glou  et  d'une  forme 
agréable,  cet  oiseau  produit  beaucoup,  comme  la  plupart 
des  métis. 

Mais  il  a  perdu  le  trait  distinctif  de  la  variété  des  pigeons 
tambours,  la  voix,  de  même  que  tous  les  métis  qui  pro- 
viennent de  ces  derniers.  Une  fois  que  celte  voix  singulière 
a  disparu  par  un  croisement,  on  ne  peut  plus  la  faire  repa- 
roître,  quelques  essais  que  l'on  tente. 

2."   Section. 

Bec  court,  gros,  quelquefois  très-gros;  peau  nue  et  quelquefois  colorée 
autour  des  yeux;  tète  arrondie  et  assez  forte;  corps  court;  poitrine 
ou  plastron  large;  tarses  peu  élevés,  quelquefois  épais  ainsi  que  les 
doigts. 

lo.*  Variété.  Le  Pigeon  nonnain^,  Columha  cucullata,  se  re- 
connoît  très -aisément  à  un  capuchon  épais,  situé  à  la  région 
occipitale  de  la  tête  et  sur  chaque  côté  du  cou,  descendant 
jusqu'à  la  hauteur  des  épaules,  puis  se  rapprochant  vers  le 
milieu  du  plastron.  Ce  capuchon  est  plus  relevé  que  celui 
des  pigeons  capes,  et  formé  à  l'occiput  de  plusieurs  rangs, 
sur  les  côtés  du  cou  de  deux  rangs,  et  au  plastron  d'un  seul 
rang  de  plumes;  ces  dernières  sont  ordinairement  teintes  de 
couleurs  changeantes,  qui  produisent  un  efl'et  1res- agréable. 
La  tête  du  nonnain,  la  queue  et  les  grandes  pennes  des  ailes 
sont  toujours  blancs,  ou  au  moins  d'une  couleur  plus  pâle  que 
le  ri'Ste  du  corps.  Le  plumage  est  noir,  rouge,  chamois,  quel- 


PI  G  445 

Jquefois  panaché,  quelquefois  entièrement  blanc  ;l'irls  est  d'un 
hianc  de  perle;  la  taille  petite,  mais  élégante;  le  tarse  nu. 

Le  nonnain  n"a  pas  le  vol  rapide;  on  croit  que  c'est  son 
capuchon  qui  met  obstacle  à  ce  genre  de  progression.  Cet 
oiseau  devient  très- familier  et  paroît  spirituel.  Sa  fécondité 
est  remarquable. 

Outre  les  différences  de  couleur  qu'il  présente,  on  doit 
noter  encore  des  différences  de  taille.  Les  plus  ordinaires  sur- 
passent un  peu  en  grosseur  le  biset  de  colombier;  mais  le 
Pigeon  maurin,  Columba  galerita ,  Frisch,  approche  pour  la 
taille  des  pigeons  grosse- gorges  ;  comme  eux,  il  a  l'habitude 
d'enfler  sa  gorge.  Il  est  tout  noir,  avec  la  tcte,  le  vol  et  la 
queue  blancs;  son  bec  est  court;  l'aile  petite;  la  forme  élé- 
gante :  une  fraise  de  plumes  relevées  décore  la  tête  et  le  cou. 
Le  pigeon  maurin  provient  du  nonnain  et  du  grosse-gorge. 
Il  est  loin  d'être  aussi  fécond  que  ces  deux  oiseaux. 

Lorsqu'on  unit  un  nonnain  vrai  avec  un  mondain,  on  ob- 
tient le  nonnain  cape.  Celui-ci  n'a  qu'une  simple  coquille,  qui 
ne  s'étend  pas  au-dessous  de  la  tête.  On  ne  l'estime  pas,  quoi- 
qu'il soit  assez  productif. 

Les  caractères  de  la  variété  des  pigeons  nonnains  se  perdent 
très-facilement  et  dès  le  premier  ci'oisemenf.  Peuvent-ils  se 
reproduire  avec  beaucoup  de  soins  et  de  temps?  On  ne  de- 
vroit  pas  l'assurer  ni  le  nier,  mais  dire  seulement  que  jus- 
qu'ici, quelque  mélange  que  l'on  ait  fait  des  races  voisines 
avec  celles  des  nonnains,  quelques  multipliées  qu'aient  été 
les  générations  ,  on  n'a  pas  réussi.  Ces  essais  conduisent  à 
croire  au  moins  que  les  nonnains  forment  une  race  assez 
distincte  de  foutes  les  autres. 

On  rencontre  rarement  une  variété  très-secondaire  de  pi- 
geons qui  tire  son  origine,  d'un  côté  certainement,  du  pigeon 
nonnain,  peut-être  de  l'autre  côté  d'un  mondain  jacinthe,  et 
en  troisième  ligne  d'un  pigeon  patu.  Chez  elle,  il  ne  reste 
du  nonnain  que  la  tête,  la  queue  et  le  vol  blancs.  Le  plastron 
noir,  les  couvertures  des  ailes  noires  et  grivelées  de  blanc,  et 
deux  barres  blanches,  sont  les  autres  traits  qui  la  distinguent. 
Il  faut  ajouter  que  les  plumes  au  tarse  sont  blanches.  Dans 
cet  oiseau  il  n'y  a  nulle  trace  de  capuchon,  la  tttc  est  en- 
tièrement nue;  mais  la  taille  et  la  forme  générale  du  corps 


444  PIG- 

rappellent  très-bien  le  nonnain.  Lorsqu'on  a  créé  cette  variété 
très-secondaire,  on  a  probablement  rapproché  des  races  qui 
s'éloignent  d'une  manière  notable  les  unes  des  autres  ;  car 
on  n'a  donné  naissance  qu'à  une  tribu  d'oiseaux  peu  nom- 
breuse, parce  qu'elle  est  réellement  très-peu  féconde. 

11.*  Variété.  Le  Pigeon  a  cravate,  Columha  turhita,  est  un 
des  plus  petits  pigeons;  il  ne  dépasse  guère  en  grosseur  la 
tourterelle.  La  tête  est  conformée  de  manière  que  l'on  y 
remarque  trois  protubérances,  deux  qui  correspondent  aux 
cavités  orbitaires,  et  une  à  l'occiput.  Le  tour  des  yeux  est 
tantôt  nu  et  (antôt  empîumé  :  cette  dernière  disposition  dé- 
pend d'une  adultération  dans  l'individu  qui  la  présente.  Le 
bec  est  très-petit  tt  très-court.  Le  caractère  le  plus  tranché 
du  pigeon  cravate  est  offert  par  le  cou  et  le  plastron;  à  leur 
partie  médiane,  depuis  le  dessous  du  bec  jusqu'au  bas  du 
plastron,  s'étendent  deux  ou  trois  rangées  de  plumes  rebrous- 
sées. D'ailleurs  le  corps  a  une  forme  élégante  et  agréable;  les 
tarses  sont  nus;  et  le  plumage  varie  pour  les  couleurs.  On 
connoit  des  pigeons  à  cravate  tout-à-fait  blancs,  tout-à-fait 
noirs,  ou  gris  bleuâtre;  mais  alors  avec  deux  barres  noires 
sur  les  aîles  (pigeon  à  cravate  anglois),  ou  gris  avec  des  taches 
noires.  D'autres  ont  le  corps,  la  queue,  et  les  grandes  pennes 
des  ailes  blancs,  avec  les  couvertures  des  ailes  noires,  rouges, 
bleues  cendrées  ou  chamois,  avec  ou  sans  panaches.  Enfin  il 
en  est  de  huppés. 

Ces  oiseaux,  accusés  d'être  lourds,  soutiennent  cependant 
leur  vol  très-long  temps  en  ligne  droite,  peuvent  franchir, 
par  exemple,  en  quatorze  heures,  soixante  et  douze  lieues, 
et  finissent  toujours  par  revenir  à  leur  colombier,  quelles  que 
soient  les  distances  qui  les  en  séparent.  Aussi  ont-ils  obtenu 
la  faveur  de  servir  de  messagers. 

Ils  ne  s'unissent  pas  volontiers  avec  les  autres  pigeons  do- 
mestiques, ce  qui  annonce  en  eux  une  disposition  originelle 
et  particulière.  Ils  sont  très-féconds,  mais  ils  élèvent  diffici- 
lement leurs  petits,  à  cause  de  leur  bec  très  court. 

Buffon  assure  qu'on  a  vu  ces  pigeons  se  marier  avec  des 
tourterelles,  et  avoir  des  petits  de  cette  union-,  mais  ces 
petits  étoient  probablement  incapables  de  se  reproduire. 

i'.>.'  Variéié.  Le  PigeOxV  roLONois,  Columha  IrevirostraUi ,  égale 


PIG  A45 

à  peu  près  en  grosseur  le  pigeon-paon,  mais  il  est  plus  trapu. 
Sa  tête  doit  présenter  quatre  protubérances,  une  à  l'occiput, 
une  au-dessus  de  chaque  cavité  orbitaire,  la  quatrième  à  la 
racine  du  bec.  Un  large  cercle  d'une  peau  nue,  mamelonnée, 
et  nuancée  de  rouge  et  de  jaune ,  est  étendu  autour  des  yeux. 
Les  couvertures  des  narines  et  le  dessous  de  la  mandibule 
inférieure  ont  également  une  peau  mamelonnée  et  rougeàtre. 
Quant  au  bec,  il  est  très-gros  et  très-court,  et  d'une  manière 
fâcheuse,  puisque  cette  disposition  met  un  tel  obstacle  à  ce 
que  ce  pigeon  nourrisse  ses  petits,  que  ceux-ci  meurent  fort 
souvent  de  faim.  Pour  les  conserver,  il  devient  prudent  de 
les  faire  adopter  et  nourrir  par  des  pigeons  à  bec  long.  Le 
cou  du  pigeon  polonois  a  une  certaine  grâce;  les  plumes  y 
ofTrent  toujours  des  teintes  brillantes.  Noir,  blanc,  roux, 
chamois,  gris;  tel  est  coustauiment  le  plumage.  Enfin,  les 
jambes  sont  très-basses,  et  les  tarses  et  les  doigts  sont  épais 
et  parsemés  de  petites  plumes. 

Lorsqu'on  apparie  le  pigeon  polonois  à  quelque  pigeon 
huppé,  on  obtient  des  oiseaux  assez  semblables  au  pigeon 
polonois,  et  dont  l'occiput  est  garni  d'une  huppe. 

Le  Pigeon  poiomois  eenin  ,  Columba  hrevirostrata  lenis,  pro- 
vient d'un  mâle  polonois  et  d'une  femelle  de  pigeon  à  cra- 
vate. Il  a  le  bec  un  peu  plus  long  que  son  père,  une  taille 
qui  se  rapproche  de  celle  de  sa  mère,  et  un  air  doux,  qu'il 
tient  encore  de  cette  dernière.  Il  est  très-fécond  et  nourrit 
bien  ses  petits. 

Je  rappellerai  ici  une  variété  de  pigeon  qui  a  été  signalée 
sous  la  dénomination  de  columha  viilgo  cretensis  par  Aldro- 
vande;  de  columba  barbarica  seu  numidica  par  Willughby. 
Son  bec  est  très -court;  ses  yeux  sont  entourés  d'une  large 
bande  de  peau  nue  et  recouverte  de  mamelons  farineux,  eî 
son  plumage  est  bleuâtre,  avec  deux  taches  noires  sur  les 
ailes. 

La  Crète,  la  Barbarie,  la  Numidie,  existent-elles  donc  si 
loin  de  la  terre  ferme  européenne  pour  que  l'on  n^ait  aucun 
renseignement  exact  sur  cet  oiseau ,  et  pour  qu'il  n'en  ait 
pas  été  apporté  de  vivans  ?  Esl-ce  qu'il  vit  dans  ces  contrées 
à  l'état  sauvage  et  domestique  ;  est-ce  qu'il  seroit  la  souche 
du  polonois;  est-ce  qu'il  donneroit,  en  l'unissant  à  nos  va- 


4i6  P[G 

Tiétés  domestiques ,  la   naissance   à   une   postérité    féconde  ? 

Lorsqu'on  élève  des  pigeons  à  bec  court,  on  remarque 
que  les  uns  ont  cette  partie  moins  brève ,  et  les  autres  plus 
courte.  Si  on  laisse  parvenir  à  l'âge  adulte  les  premiers,  ils 
nourriront  moins  difficilement  leurs  petits  que  les  seconds, 
et  ils  pourront  communiquer  à  ces  nicmes  petits  des  pro- 
portions plus  favorables  dans  la  forme  du  bec.  Quelles  sont 
donc  les  causes  qui  agissent  sur  les  pigeons  de  manière  à 
modifier  une  partie  aussi  importante  que  le  bec  ?  Il  ne  paroît 
pas  qu'on  s'en  soit  occupé.  Cette  question  est-elle  donc  sans 
intérêt?  En  la  traitant,  on  la  verroit  se  lier  probablement 
à  plusieurs  points  importans  de  l'histoire  de  l'organisation 
animale,  et  par  là  mériter  un  degré  d'attention  qu'on  n'eût 
pas  cru  devoir  lui  accorder. 

Dans  cette  section  des  pigeons  à  bec  court,  on  eût  pu 
faire  entrer  quelques  autres  variétés  secondaires  ou  tertiaires 
du  pigeon  domestique.  Je  pourrois  citer  entre  autres  le  pi- 
geon culbutant  anglois  (le  tumbler).  En  effet,  il  a  le  bec 
court,  la  tête  assez  ronde  et  un  peu  grosse,  le  corps  court 
et  trapu.  Par  ces  caractères,  ce  joli  oiseau  pourroit  servir 
d'intermédiaire  entre  les  pigeons  à  bec  grêle  et  long,  et 
ceux  à  bec  court. 

De  même  le  bec,  à  la  fois  court  et  gros,  et  la  peau  mame- 
lonnée et  tuberculeuse  des  narines  et  du  pourtour  des  yeux, 
établit  un  passage  des  oiseaux  de  la  seconde  section  à  ceux 
de  la  troisième. 

3.^  Section. 

Bec  long,  gros,  robuste,  droit  ou  crochu;  une  peau  nue,  rouge, 
épaisse,  mamelonnée ,  tuberculeuse  autour  des  yeux  ;  narines  égale- 
ment recouvertes  par  une  peau  épaisse,  rouge  ou  blanchâtre,  ridée, 
mamelonnée,  caronculée  ;  tète  ovoïde;  corps  gros  et  long;  tarses 
robustes;  vol   lourd. 

i3.^  Variété.  Le  Pigeon  romain,  Columba  campana ,  se  dis- 
tingue très- bien  de  tous  les  autres  pigeons  domestiques  par 
un  cercle  de  peau  nue,  rouge  et  ridée,  situé  autour  des 
yeux;  par  ses  paupières  rougeàtres ,  et  par  la  membrane 
qui  recouvre  ses  narines,  laquelle  est  épaisse,  ridée  et  de  la 
forme  de  deux  fèves,  La  tête  est  oblongue ,  l'iris  blanchâtre, 
le  cou  médiocrement  long,  la  voix  sourde,  le  corps  toujours 


Ï^IG  447 

gros,  le  vol  lourd,  la  marche  pénible  et  embarrassée.  Quant 
au  plumage  ,  ses  couleurs  varient  beaucoup  ;  il  est  brun  . 
noir,  rougeàtre,  bleu,  bleu  avec  des  taches  noires,  etc. 

Pigeon  roiMain  ordinaire,  Columba  campana  {Col.  hispanica 
seu  romana ;  — Col.  domestica  major,  WiHughby).  C'est  uu 
des  plus  grands  pigeons  de  volière,  dont  les  jambes  sont 
basses  et  les  pieds  nas.  Il  vole  mal,  produit  médiocrement, 
et  nourrit  avec  peu  de  soin  ses  petits. 

On  indique  comme  plus  productifs  les  romains  à  plumage 
gris  piqueté,  ceux  à  plumage  argenté,  ou  minimes  à  taches 
blanches  ou  noires.  L'observation  ne  m'a  pas  paru  confirmer 
cette  assertion.  Le  premier  a  le  tarse  un  peu  emplumé. 

Le  PiGKON  ROMAIN  cAFÉ-AU-LAiT  est  Ic  plus  petit  de  la  race. 
Il  a  un  filet  autour  des  yeux,  l'iris  jaune,  la  membrane  des 
narines  peu  épaisse,  le  tarse  nu.  D'une  taille  et  d'une  cou- 
leur agréables  ,  cet  oiseau  se  recommande  encore  par  sa 
fécondité. 

Peut-être  faut-il  rapporter  à  la  variété  campanienne  le 
Pigeon  messager  de  WiHughby,  Columba  taheltaria.  Toujours 
est -il  qu'on  lui  attribue,  entre  autres  caractères,  une  peau 
nue  autour  des  yeux  ,  une  membrane  épaisse  étendue  sur  les 
narines,  etc.;  mais  il  a  le  corps  très-long,  et  porté  sur  des 
jambes  longues  aussi. 

On  a  apparié  le  romain  avec  des  pigeons  des  autres  variétés. 
La  première  que  je  citerai  est  le  Pigeon  romain  coupé,  Co- 
lumba campana  mista.  Il  provient  du  romain  ordinaire  et  du 
bagadais  batave.  Quelques  caroncules  autour  du  bec ,  l'iris 
de  couleur  nacrée,  le  cou  mince  et  alongé,  le  corps  assez 
élégant  et  leste ,  des  jambes  longues ,  sont  les  traits  princi- 
paux qu'il  offre.  Avec  des  ailes  d'une  moindre  envergure 
que  le  romain,  il  vole  mieux.  Il  produit  beaucoup. 

Le  Pigeon  cavalier  ,  Columba  eques ,  tire  probablement  son 
origine  du  romain  et  du  grosse-gorge.  Il  enfle  plus  ou  moins 
sa  gorge;  un  filet  rouge  cerne  les  yeux;  une  membrane 
épaisse ,  fongueuse ,  avec  un  peu  de  morille ,  couvre  les  na- 
rines, etc.  Le  plus  commun  est  blanc,  haut  sur  ses  jambes, 
et  très-productif. 

On  a,  dit -on,  croisé  aussi  ce  même  cavalier  avec  un  ba- 
gadais qui  a  Pœil   du   mondain ,  et  on  a  obtenu  le  Pigeon 


448  PIG 

cavalier  farraud.  Élégant,  de  couleur  ordinairement  blanclie  , 
cet  oiseau  enfle  sa  goi'ge  de  manière  qu'elle  forme  une  espèce 
de  cylindre;  il  porte  une  coquille  à  la  partie  postérieure  de 
la  tête,  a  des  jambes  longues  et  vole  très-bien.  Il  fait  beau- 
coup de  petits. 

14.*  Variété.  Le  Pigeon  turc,  Columba  carunculata  {Col.  tur^ 
cica  des  auteurs),  présente,  autour  des  yeux,  un  large  ruban 
caronculeux,  qui  va  rejoindre  la  base  du  bec;  ses  narines 
sont  surmontées  d'une  très -grosse  morille;  le  rouge,  le 
jaune,  le  bleuâtre,  se  montrent  sur  toutes  ces  excroissances. 
Il  est  d'une  très- grande  taille.  Par  ses  jambes  courtes,  ses 
ailes  alongées,  son  cou  assez  court,  il  se  rapproche  du  cam- 
panien  ou  romain.  Il  a  le  vol  lourd  et  son  plumage  est  brun, 
minime,  gris,  chamois,  etc. 

Une  variété  secondaire  a  la  tête  nue ,  c'est  le  Pigeon  turc 
ORDINAIRE  ,  Columba  carunculata  vulgaris.  Il  est  d'une  gi'ande 
taille,  d'une  beauté  réelle  et  assez  fécond. 

Une  autre  sous-variété  est  huppée,  Columha  carunculata 
çristata  :  c'est  le  pigeon  turc  des  auteurs.  On  ne  le  trouve 
plus  en  France. 

^5."  Variété.  Le  Pigeon  bagadais  ,  Columha  fortirostrata,  se 
reconnoît  au  premier  coup  d'oeil,  tant  ses  traits  sont  partie 
culiers.  Un  large  ruban  caronculeux  et  rouge  entoure  les 
yeux  et  vient  rejoindre  les  caroncules  tuberculeuses  ou  ma- 
jnelonnées  en  forme  de  morille  qui  couvrent  les  narines.  Le 
bec  est  long,  courbé,  crochu,  robuste.  La  longueur  du  cou 
n'est  pas  moins  remarquable.  La  taille  peut  dépasser  en  gran- 
deur celle  de  tous  les  autres  pigeons  domestiques  à  tarses 
courts.  Il  en  est  de  même  de  la  longueur  des  jambes.  Le 
plumage  offre  communément  la  couleur  noire,  rouge,  mi- 
nime, noire  avec  du  blanc,  etc. 

Oiseau  farouche,  difficile  à  apprivoiser,  le  pigeon  bagn-. 
dais  est  souvent  inutilement  fécond:  car,  lorsqu'on  Tapprot 
çhe,  ses  mouvemens  sont  si  brusques  pour  fuir,  qu'il  casse 
ses  œufs  ou  écrase  ses  petits,  Dans  les  volières,  il  se  rend  re« 
doutable  et  y  cause  parfois  du  désordre. 

Le  Pigeon  bagadms  batave  ,  Columba  fortirostrata  maxima, 
paroît,  quoique  adultéré,  l'oiseau  qui  offre  le  mieux  le  type 
de  la  variété  bagadaise.  Ce  n'est  pas  parce  qu'il  est  le  plus 


PIG  4/.9 

grand  de  taille  et  de  volume,  mais  sa  forme  générale,  son 
aspect  très -particulier,  ne  rappellent  aucun  trait  sensible 
des  pigeons  des  autres  variétés,  et  ressemblent  plutôt  a  celles 
d'un  tétras.  La  peau  qui  entoure  les  yeux  et  qui  couvre 
les  narines,  est  épaisse,  caronculée  et  tuberculeuse,  mais 
sans  trop  d'excès.  Au  contraire,  le  bec,  très-alongé,  atteint 
jusqu'à  quinze  à  dix-huit  lignes  de  longueur ,  et  le  cou  aussi 
est  fort  remarquablement  long;  l'iris  est  d'un  blanc  perlé. 
Un  corps  gros  ,  court,  très -élevé  sur  ses  jambes;  une  queue 
courte;  des  pattes  d'un  rouge  de  sang,  assez  longues  pour 
dépasser  la  queue  d'un  bon  doigt,  lorsqu'on  les  étend,  sont 
de  bons  signes  distinctifs.  Il  faut  y  ajouter  encore  que  la 
démarche  est  pénible  et  lourde  ,  ainsi  que  le  vol ,  ce  qui 
s'explique  bien  pour  ce  dernier,  puisque  les  ailes  ont  peu 
de  longueur  et  sont  imparfaitement  emplumées.  La  rareté 
des  plumes  laisse  voir  à  nu  l'articulation  proéminente  de 
l'épaule. 

Cet  oiseau,  le  plus  grand  des  pigeons,  est  aussi  un  des 
moins  féconds.  Un  médecin  de  Vienne,  Hieronymus  Pata- 
vinus,  le  fit  connoître  le  premier  en  Europe  par  un  dessin 
assez  inexact,  mais  qui  cependant  rendoit  à  peu  prés,  quoi- 
qu'en  charge,  son  aspect  singulier.  ]N'auroit-on  pas  pris,  par 
une  singulière  méprise,  le  nom  de  ce  médecin,  défiguré  par 
une  mauvaise  traduction  ou  une  mauvaise  prononciation  , 
pour  celui  d'un  pays  d'où  l'on  auroit  présumé  dès-lors  que 
le  grand  pigeon  batave  avoit  été  apporté  ? 

Un  autre  pigeon  bagadais,  surnommé  ridiculement  têtard, 
à  cause  de  sa  tête  blanche,  et  qu'il  valoit  mieux  appeler 
bagadais  à  tête  blanche,  offre  assez  bien  encore  les  caractères 
de  sa  race.  Il  a  le  cou  brun ,  et  le  reste  du  corps  de  couleur 
de  tabac  d'Espagne. 

Le  bagadais  à  tête  grise  présente  assez  bien  aussi  les  traits 
de  famille,  le  bec  long,  surmonté  d'une  morille;  le  tour 
des  yeux  caroncule;  l'iris  perlé;  la  tête  forte  ,  le  cou  alongé 
et  mince  ;  le  corps  large  ,  court,  porté  sur  des  jambes  hautes, 
etc.  ;  un  caractère  farouche  à  l'excès;  mais  il  est  d'une  fécon- 
dité remarquable.  D'ailleurs  la  tête  est  d'un  blanc  grisâtre, 
et  le  reste  du  plumage  noir. 

Le   Pigeon  bagadais    petit   batave  ,    Columha   fortirostrata 
40.  29 


45o  PI  G 

m j/uma,  ressemble  par  les  formes  aux  précédens,  mais  il  est 
plus  petit  et  fécond. 

Les  varii'tps  secondaires  qui  suivent  ont  perdu,  ce  semble, 
quelques  signes  purs  de  leur  origine.  Ainsi  le  pigeon  baga- 
dais  pierre,  a  moins  de  morille,  de  peau  nue  et  tubercu- 
leuse que  les  précédens  ;  son  bec  est  plus  court ,  eu  égard  à 
sa  taille,  il  ne  dépasse  pas  quatorze  lignes.  Du  reste,  cet 
oiseau,  ordinairement  noir  et  blanc,  est  très-beau,  produit 
beaucoup,  et  devroit  être  plus  commun. 

Le  Pigeon  bagadais  à  grande  morille  a  les  portions  nues  de 
la  peau,  autour  des  yeux  et  du  nez,  trop  grandes,  trop 
tu!)erculeuses,  pour  qu'il  ne  laisse  pas  soupçonner  quelque 
méhinge  dans  son  origine  avec  le  pigeon  domestique  à  grandes 
caroacules  par  excellence,  le  pigeon  turc.  Il  a  aussi  lœil 
noir.  Quant  aux  autres  signes  distinctifs  de  cet  oiseau,  ils  se 
rapportent  très-bien  à  sa  race.  Son  sternum  est  constamment 
d'un  rouge  enflammé.  Noir,  rouge,  noir  et  blanc,  minime, 
etc. ,  telles  sont  les  couleurs  de  cette  variété  ,  qui  est  deve- 
nue très-rare  ,  en  grande  partie  par  son  peu  de  fécondité. 
Deux  autres  bagadais,  dont  l'œil  se  rapproche  de  celui  du 
mondain  par  la  moindre  étendue  de  la  peau  nue,  et  des 
tubercules  qui  y  existent,  et  sur  les  narines,  s'éloignent  par 
ces  signes  du  type  de  la  race.  L'un  est  blanc  ,  ou  blanc  mêlé 
de  noir;  l'autre,  semblaLle  parle  même  plumage,  a  toujours 
la  queue  noire.  Tous  les  deux  ont  le  sternum  rouge. 

On  a  croisé  les  pigeons  bagadais  de  moyenne  taille  avec  le 
biset  de  colombier,  et  on  a  obtenu  une  race  de  pigeons  métis 
qui  mérite  d'être  recherchée  pour  son  utilité.  Elle  vole  bien  , 
est  robuste  ,  capable  de  pourvoir  d'elle-même  à  sa  nourriture , 
et  d'une  fécondité  remarquable. 

Enfin,  on  rencontre  des  pigeons  bagadais  à  plumage  soyeux. 
Les  barbes  de  leurs  plumes  n'ayant  aucune  adhérence  entre 
elles,  ils  sont  jirivés  de  la  faculté  de  voler. 

Il  faut  le  dire,  si,  par  des  croisemens  de  races  on  est 
parvenu  à  créer  quelques  variétés  utiles,  le  bien  qu'on  a 
obt(^nu  ne  compense  pas  certainement  le  mal  de  n'avoir  pas 
conservé  intacte  une  seule  des  variétés  premières;  quand 
il  est  cependant  évident  que  chacune  d'elles  avoit  des 
qualités  qui  pouvoient  satisfaire  à  des  goûts  convenablement 


PIG  45i 

réglés,  et  à  tous  les  genres  d'intérêts  à  peu  près  que  l'homme 
peut  «ivoir  à  élever,  à  soigner,  à  multiplier  les  pigeons  do- 
mestiques. 

4/  Section. 

Bec  long  et  menu;  mandibule  supérieure  peu  ou  point  renflée  à  son 
extrémité;  tarses  longs  et  grêles;  doigts  entièrement  divisés;  ailes 
courtes  ,  généralement  arroudies. 

4.'  Espèce. 

Le  Pi(?EON  COURONNÉ,  Columba  coronata,  Latham  {Goura. 
à  Java;  KroonvogeL,  Oiseau  couronné  des  HoIIandois  ;  Faisan 
couronné  de  Brisson  ;  Colombi-hocco  de  Vaillant;  Lophjrus 
coronalus  de  M.  Vieillot),  est  bien  réellement  de  la  famille 
des  pigeons,  quoiqu'il  soit  presque  aussi  gros  qu'un  dindon. 
11  porte  sur  la  tête  une  huppe  composée  de  plumes  à  barbes 
désunies  et  un  peu  frisées,  longues  de  cinq  à  six  pouces  et 
de  la  couleur  du  plumage.  Lorsqu'il  n'est  agité  d'aucune  pas- 
sion ,  il  l'abaisse,  l'aplatit  sur  les  côtés,  et  elle  prend  alors 
la  forme  d'un  croissant;  mais  l'oiseau  fait -il  mouvoir  cette 
huppe,  il  peut  l'étaler  en  aigrette  demi  -  circulaire  j  aussi 
large  que  belle.  Le  bec  est  noir,  long  de  deux  pouces,  droit, 
grêle,  flexible,  très-peu  renflé  vers  le  bout.  La  mandibule 
supérieure,  sillonnée  latéralement,  s'incline  vers  la  pointe. 
La  mandibule  inférieure  est  plus  courte.  Les  narines,  petites 
et  orbiculaires ,  s'ouvrent  dans  une  rainure.  Dans  un  tel  bec 
se  meut  une  langue  charnue  et  entière.  Tout  le  plumage  est 
d'un  cendré  bleu,  rembruni  sur  les  pennes  des  ailes  et  de  la 
queue  ;  les  couvertures  supérieures  des  ailes  offrent  un  mar- 
ron pourpré;  une  partie  des  grandes  couvertures  est  bleue, 
seulement  un  trait  d'un  noir  velouté  part  du  bec  et  traverse 
l'œil.  Le  goura  a  les  ailes  courtes  et  arrondies;  la  première 
rémige  plus  courte  que  la  cinquième;  la  troisième  la  plus 
longue  de  toutes;  douze  rectrices;  les  tarses  alongés,  garnis 
d'écaillés  rondes,  isolées,  etc.  La  longueur  totale  de  cet  oi- 
seau va  jusqu'à  deux  pieds  et  trois  pouces. 

L'île  de  Banda,  la  Nouvelle  -  (iuinée,  plusieurs  îles  de 
l'archipel  des  Moluques,  l'ile  de  "Waigiou  ,  Tomogui ,  la  terre 
des  Papous,  enfin ,  Java ,  tels  sont  les  lieux  où  il  se  rencontra 


452  PIG 

le  plus  souvent.  Dans  l'état  sauvage  ,  il  niche  sur  les  arbres, 
et  sa  ponte  est  de  deux  œufs.  Il  se  comporte  de  même  dans 
les  volières,  place  son  nid  sur  les  arbres,  le  compose  de  foin 
et  de  paille,  et  pond  deux  œufs  aussi  gros  que  ceux  de  la 
poule  commune.  Lorsque  le  mâle  de  ce  grand  pigeon  veut 
témoigner  sa  tendresse  à  sa  femelle,  qu'il  la  provoque,  qu'il 
l'invite  à  lui  répondre,  il  incline  la  ttte  sur  la  poitrine,  et 
fait  entendre  une  voix  grave  et  sourde ,  triste  et  plaintive. 
On  doit  regretter  beaucoup  que  le  pigeon  couronné,  qui 
est  élevé  dans  les  basses -cours  de  Java  et  de  l'Inde,  n'ait 
point  encore  voulu  se  propager  en  France  ni  en  Hollande.  On 
devroit  réitérer  les  tentatives  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  cou- 
ronnées de  succès.  11  y  a  une  telle  ressemblance  entre  le 
mâle  et  la  femelle,  qu'on  ne  peut  distinguer  les  sexes ,  lors- 
qu'ils ne  sont  émus  d'aucune  passion.  (E.  H.  Desportes.) 

Table  synonymique  des  espèces  du  genre  Pigeon. 

CoLOMBARs  :  aromatique,  espèce  n."  io3;  Capelle,  loo  ;  Comman- 
deur, 98;  à  front  nu,  104;  Jojoo,  106;  Maitsou,  99;  odorifcre  ,  107; 
Ponipadour,  io3;  à  queue  pointue,   ici;  unicolore,   102;  Waalia,  io5. 

Colombe  :  aux  ailes  tachetées,  1  08  ;  azurée,  67;  Bartavelle,  109;  Biset, 
37,  et  page  429  ;  blanche,  82;  blanc- verdàtre ,  1 10;  bleue  du  Mexique, 
1 1 1  ;  bleu-verdin,  G9;  blonde  ,79,  et  page  426;  brame,  i32;  brune  de 
CartUagène,  ii2;brune  de  la  Nouvelle-Hollande,  ii3;  brune  rougeâtrc, 
114;  Bruvert,  ii5;  à  calotte  blanche,  89;  capistrate,  26;  à  ceinturon 
noir,  49;  à  collier  blanc,  116;  à  collier  pourpré,  126;  à  collier  roux, 
77;  Colorabin,  36;  de  la  côte  de  Malabar,  i32;  à  double  collier,  72; 
à  double  huppe,  18;  Dussumier,  78;  écaillée,  88  ;  égyptienne,  ii7;éiue- 
raudine,  68;  erythroptère,  60;  Fermin,  1 18  ;  de  Forster  ,  65  ;  Foumugo  , 
43  ;  Géante  ,  16;  GeolVroy ,  86;  Goad-goang,  122;  à  gorge  pourprée  d'Am- 
boine,  i33  ;  grivelée,  28;  Hagarrero,  121;  hérissée,  46;  hyogastre,  70; 
Jamboo,  53;  Jaseuse,  38;  Jounud,  44;  Kurukuru ,  64;  Roupoupa,  16; 
Labrador ,  48  ;  à  large  queue ,  85  ;  Largup,  33  ;  leucomèle  ,21;  Longup  , 
83;  luctuose,  3o;  Lumachelle,  32  ;  à  lunette,  17  ;  Macqiiarie  ,  97  ;  magni- 
fique ,  24;  maillée,  81;  mantclée,  25;  marine,  29;  marquetée,  64;  à 
masque  blanc,  67;  Maugé,  94;  Mélanoptère  ,  128;  du  Mexique,  119; 
Moine,  7  1  ;  de  montagne  du  Mexique,  120;  mordorée,  123;  à  moustaches 
blanches,6i;  à  moustaches  noires  ,  93 ;  muscadivore,  Temm. ,  22;  musca- 
divore  ,  Forst.,  23;  noire  et  blanche,  122;  à  nuque  écaillée,  41  ;  à  nuque 
perlée,  76;  à  nuque  violette,  55;  océanique,  23;  oreillon  blanc,  03; 
oreillon  bleu,  5i  ;  Oricou,  47;  Pampusan,  74;  peinte,  84  ;  phasianelle, 
go;  Pinazuro,  34  ;  Pinoc,  3i  ;  plombée.  124J  Porphyre,  59  ;  Poukiobou, 


PIG  453 

62  j  pourprée  de  Java,  124;  à  queue  annelée,  35;  Rameron ,  27;  lla- 
luier,  19;  Raniiret,  40;  Reinwardt,  91;  Rouge-cap,  46;  Roussard,  42 
(et  page  428);  Rousseau,  74;  Roussette,  5o;  sauvage  du  Mexique,  127; 
sauvage  du  Paraguay,  128;  Souris,  87  ;  Tanibourette,  66  ;  terrestre,  80  ;  à 
tète  et  cou  blancs  de  Norfolk,  i3o;  à  tête  et  cou  gris,  i3i  ;  Tourocco,  i35; 
Tourte,  92;  Tonrteline,  96;  Tourtelette,  95;  Tourterelle,  75;  Turgris, 
56;  Turvert,  52  et  i33;  à  ventre  rouge,  i34;  verte  tachetée,  129;  vi- 
neuse, 73;  Vlou-vlou,   58;  voyageuse;  89;  Zoë,  20. 

CoLoMBi-GALLiKEs  :  proprement  dit,  Levaill.,  2  ;  à  barbillon  ,  2;  à  camail, 
3;  Colonibi-caille,  i2;Cocotzin,  1 1  ;  à  cravate  noire,  4;  à  face  blanche, 
7;  à  front  gris,  9;  Goura,  1;  Hottentot,  12;  de  la  Jamaïque,  9;  de 
Jaraieson,  1 5 ;  montagnard ,  5;  Picui ,  14;  poignardé,  8;  Pygmé ,  i3; 
roux-violet,  6;  Talpacoti,  10. 

PiGECKs  :  aux  ailes  bleues  ;  Vieill. ,  16;  aux  ailes  bronzées,  Vieill., 
32;  aux  ailes  noires,  Vieill.,  128;  aux  ailes  rouges,  Sonnin.,  60;  aux 
ailes  variées,  Vieill.,  io8;  à  l'aile  verte,  Edw.,  52;  azuré,  Vieill.,  67; 
barré,  Edw.  ,  85;  Bartavelle,  Vieill.,  109;  à  bec  recourbé,  Sonnin., 
io3;  bicolor,  Vieill.,  73;  blanc,  mangeur  de  muscades.  Sonner.,  29; 
blanc-verdàtre,  Vieill.,  110;  bleu  du  Mexique,  Buff. ,  1  1  1  ;  brun  de  Car- 
thagène,  112  ;  brun  à  couvertures  inférieures  des  ailes  rouges,  d'Azara, 
9;  brun  de  la  Nouvelle  -  Espagne ,  Vieil!.,  127;  brun  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  1 13;  brun-rougeàtre,  Vieill.,  114;  brun  et  vert,  Vieill. ,  11  5; 
Bruvert,  ii5;  à  camail,  3;  caraïbe,  35;  à  ceinturon  noir ,  Vieill.,  49; 
cendré  ferrugineux,  Sonnin.,  33;  Cncotzin  ,  Buff.,  ii;  à  collier  blanc, 
Vieill.,  116;  Colombar,  Levaill.,  io5;  Colombi  -  galline,  Vieill.,  2;  à 
couronne  blanche,  Vieill.,  39;  couronné  de  Banda,  i;  couronné  des 
Indes,  Buff.,  1  ;  à  couronne  pourpre,  Vieill.,  64;  à  cravate  noire,  4; 
cuivré,  mangeur  de  muscades,  21;  à  double  collier,  72;  égyptien,  117; 
à  face  blanche  de  Surinam  ,  Vieill. ,  7;  Founingo,  43  ;  à  front  nu  ,  Vieill., 
104;  Geoffroy,  Vieill.,  86;  de  Guinée,  Vieill.,  42,  Hagarrero,  121; 
hoUandois  ,  Sonn.,  45;  Janiboo,  Vieill.,  53  ;  à  longue  queue,  89;  Mait- 
sou,  Vieill. ,  99  ;  de  la  Martinique,  5  1  ;  Maugé  ,  Vieill.,  94  ;  du  Mexique, 
Buff.,  Jig;  de  montagne,  Vieill.,  5;  de  montagne  du  Mexique,  120; 
des  mornes,  Vieill.,  41;  à  moustaches  blanches ,  Vieill. ,  6i;  nain  d'Az., 
i3;  de  Nicobar,  Buff.,  3j  noir  et  blanc,  Vieill.,  28;  de  la  Nouvelle- 
Guinée,  1;  à  nuque  violette,  Vieill.,  55;  Oricou,  Vieill.,  47;  de  pas- 
sage, Buff.,  89;  peint,  84;  Perroquet,  106  ;  Picazuro,  d'Azara  ,  34;  Picui, 
d'Azara,  14;  plombé,  Vieill.,  124;  Poukiobou,  Vieill.,  62;  Pompadour, 
Lath.,  Vieill.,  io3;  pourpre  de  Java,  Sonn.,  125;  à  queue  annelée, 
Vieill.,  35  ;  Rameron,  Vieill. ,  27;  Ramier,  19;  Ramier  d'Amboine,  Briss., 
Vieill.,  52;  Ramier  blanc  muscadivore,  Vieill.,  29;  Ramier  bleu  de 
Madagascar,  43  ;  Ramier  deCayenne,  Buff.  ,40,  etBonnat. ,  5o  ;  Ramier  à 
collier  pourpre,  Sonn.,  126;  Ramier  de  la  Guadeloupe,  Bonnat.,  41; 
Ramier  des  Moluques,  Buff.,  2  <;  Ramier  vert  de  Madagascar,  Buff.,  99; 


454  PIG 

Fiamiret,  Vifill.,  40;  Je  roclie,  3-j;  de  roche  de  la  Jamaïque,  Buff. , 
39;  Rocherais,  .ly;  rougeàtre  d'Azara,  10;  rouge  et  jaune  d'Azara,6; 
Roussel,  Vieill.,  5o;  roux  de  Cayonne,  Buff. ,  6;  de  Saint-Thomas,  Buff., 
98;  sauvage,  Vieill.,  35;  sauvage  d'Amérique,  89;  sauvage  du  Mexique, 
Buff.,  127;  sauvage  du  Paraguay  d'Azara,  128;  à  taches  triangulaires, 
Edw.,  42;  à  tète  bleue,  Vieill.,  4;  à  tôte  et  cou  blancs  de  Norfolk,  i3o; 
à  tète  et  cou  gris,  Vieill.,  i3i;  à  tête  grise,  Vieill.,  i23;  à  tête  jaune 
olive,  Vieill.,  io3;  unicolore,  Vieill.,  102;  à  ventre  blanc  (petit), 
Browne,  9;  vert  d'Auiboine ,  Buff.,  io3;  vert  de  l'île  de  Luçon,Sonn., 
106;  vert  de  l'île  Saint-Thomas,  Vieill.,  98;  vert  des  Philippinrs,  Vieill., 
106;  vert  tacheté,  Vieill.,  129;  vert  à  tête  grise  d'Antigue,  Sonn.,  52; 
violet  de  la  Martinique,  Buff.,  6;  violet  à  tête  rouge  d'Antigue  ,  Sonner., 
46;  Vlou-vlou,  Vieill.,  58;  voyageur,  V^ieill. ,  89;  Waalia ,  Vieill. ,  io5. 
Tourterelles  :  proprement  dite  ou  d'Europe,  ^5;  aux  ailfs  dorçes, 
Sonnin.,32;  d'Amboine,  Buff.,  90;  d'Amérique  ,  Buff.,  92;  d'Amérique 
(petite),!  i;de  Baiitam ,  Vieill.,  CS;  de  Batavia,  Buff.,  56;  blanche,  Vieill., 
82;  blanche  ensanglantée,  8;  blonde,  Levaill.,  9  et  p.  426;  des  bois  ,  75  ; 
brune  d'Amérique  (petite),  i3;  brune  de  la  Chine,  Sonner.,  75;  du 
Canada,  89;  du  cap  de  Bonne- Espérance,  Sonner.,  42;  de  la  Caroline, 
Buff.,  pi.  92;  de  la  Chine  (grande).  Sonner. ,  i23;de  la  Chine ,  Sonner, 
(variété  de  la  Tourterelle  propre^^uent  dite),  75;  Cocotzin,  Vieill.,  11; 
à  collier,  79  et  page  426;  à  collier  blanc,  Vieill.,  116;  à  collier  du 
Sénégal,  79  et  p.  426;  de  la  côte  de  Malabar,  i32  ;  à  cravate  noire,  Buff., 
95  ;  écaillée,  Vieill.,  88;  Emeraudine,  Levaill.,  68;  ensanglantée,  Vieill., 
8;  d'Europe,  75;  à  gorge  pourprée,  Vieill-,  i33;  à  gorge  tachetée  du 
Sénégal,  Buff.,  81  ;  grise  de  la  Chine,  Sonn.,  76;  grise  ensanglantée,  8; 
grise  de  l'ile  de  Luçon  ,Sonn.,  75;  grise  de  Surate,  76;  Hottcntote,  Vieill.» 
12;  de  la  Jamaïque,  Buff.,  4;  de  Java,  Buff.  ,52;  à  large  queue  du  Sénégal» 
j35  ;  à  longue  queue,  Edw.,  92;  de  Malacca,  85;  maillée,  Levaill. ,  81  ; 
du  Malabar,  «32;  de  la  Martinique  (petite),  Buff.,  11;  à  masque  blanc» 
Levaill.,  77;  naine,  Vieill.,  i3;  à  nuque  perlée,  Vieill.,  76;  Picui , 
Vieill.,  14;  de  Portugal  (var.  de  la  tourterelle  d'Europe),  75;  de  Queda 
(petite),  Sonn.,  85;  rayée  de  la  Chine,  Buff.,  184;  rayée  des  Indes, 
Buff.,  85;  rougeàtre,  Vieill.,  10;  de  Saint-Domingue,  Buff.,  93;  de 
Saint-Domingue  (  petite  ),  Buff.,  i3  ;  du  Sénégal,  Buff.,  68;  de  Surate, 
Sonner.,  76;  de  Surinam,  Ferniin  ,  ii8;  Tambourette,  Levaill.,  66;  à 
tête  grise,  Vieill.,  i23;  Tourte,  Buff.,  92;  Tourtelette  ,  95;  Tourteline, 
Temm>,  97;  Tourocco,  i35;  verte  d'Amboine,  i33;  Yaupan,  q. 

Table  synonymique  des  espèces  et  des  variétés  de  pigeons  domes- 
tiques. 

Biset  de  cOLOMBrER,  page  429. 

PiGEOH  couRONAÉ,  45 1  ;  PiGEow  DOMESTIQUE  :  Bagadais,  448;  Bagadais 
batave  ,  448;  Bagadais   petit  batavc ,  449;  Bagadais  pierre,  45o;  Baga^ 


PIL  455 

dais  à  grande  moillle,  460;  Bagadais  têtard,  449;  de  Barbarie,  445; 
batteur,  438  jbrun  du  Mexique  ,  432  ;  Carme,  441  ;  Cavalier,  447  ;  Cava- 
lier faraud,  448;  Claquart,  438;  Cravate,  444;  de  Crète,  446  ;  Crapaud- 
volant,  442;  culbutant,  439;  culbutant  anglois,439  et  446;  gros  Mondain, 
433  ;  grosse-gorge  ,  437  ;  grosse-gorge  lillois,  438;  grosse -gorge  Claquart , 
438;  Glou-glou,44i  ;  beurté,  441  ;  Hirondelle,  440;  maillé,  436;  Maurin, 
443;  de  mois,  433;  messager  de  "Willughby,  447  ;  miroité,  437  ;  Mondain, 

432  ;  Mondain  de  Berlin  ,  433  ;  Mondain  cape  du  Mans,  434  ;  Mondain  co« 
quille  hollandois,  434  ;  Mondain  palu  et  huppé,  433;  Mondain  patu  ordi- 
naire, 433  ;  Mondain  patu  plongeur,  433;  Mondain  volant,  435;  Mondain 
volant  messager,  435;  Mondain  volant  soie,  436;  Nonnain,442;  Nonnain 
cape,  443  ;  de  Numidie  ,  445;  Paon ,  439  ;  planeur,  433;  patu  (Mondain), 

433  ;  patu  Crapaud-volant,  442;  patu  de  Norwége,  442  ;  Polonois,  444; 
Polonois  bénin,  445;  Romain,  446;  Romain  café-au-lait,  447;  Romain 
coupé,  447;  Tambour,  44»;  Suisse,  436;  trembleur,  439;  trembleur  à 
queue  étroite,  440;  trembleiir  de  la  Guiane,44o;  tournant,  439  ;  Tum- 
bler,  439  et  446;  Turc,  448. 

Pigeon  roussard,  428. 
Tourterelle  a  collier,  426. 

PIGEON  ou  PIGEONNEAU  BLANC.  (Conchjl.)  Les  mar- 
chands donnent  quelquefois  ce  nom  au  stroivbus  epidrow'.s  , 
Linn.,  strombe  aile  relevée  de  M.  de  Lamarck.  (De  B.  ) 

PIGEON  ou  PIGEONNEAU  BLANC  PAPYRACÉ.  (Conclu) 
Variété  du  strombe  aile  relevée,  Strombus  epidrotnis  ,  Linn. 
(DeB.) 

PIGEON  ou  PIGEONNEAU  FAUVE.  {Conchjl.)  C'est  le 
strombus  gibberulus ,  Linn.;  le  strombe  bossu  de  M.  de  La- 
marck, et  quelquefois  le  strombus  lichenarius  jL.inn. ,  le  strombe 
bouche  de  sang  de  M.  de  Lamarck.  (De  B,  ) 

PIGEON  COUVANT  ou  PIGEONNE  COUVANTE  (Conch.); 
Voluta  mercatoria,  Linn.  C'est  le  type  du  genre  Colombelle 
de  M.  de  Lamarck.  (De  B.  ) 

PIGEON  DU  GROENLAND.  [Ornith.)  Nom  donné  impro- 
prement au  petit  guillemot,  colymhus  niinor  et  grylle.  (Ch.D.) 

PIGEON  DE  MER.  (  Ornith.  )  L'oiseau  ainsi  appelé  par 
les  marins  est  le  pétrel  damier,  procellaria  capensis  ,  Linn., 
qui  est  aussi  nommé  pigeon  plongeur  dans  certains  livres  de 
navigation.  (Ch.  D.) 

PIGEONNEAU.  {Ornith.)  C'est  le  nom  qu'on  donne  au 
jeune  pigeon.  (Desm.) 

PIGEONNEAU.  {Conchjl.)  Nom  vulgaire  de  la  colombelle, 


456  PIL 

Voluta  mercaforia,  appelée  aussi  pigeon  couvant  ou  pigeonne 
couvante.  (Desm.) 

PIGEONNIERS.  (Bot.)  Petit  groupe  établi  par  Paulet  dans 
le  genre  Agaric,  qui  comprend  deux  espèces,  les  Ailes  de 
PIGEON  et  le  Blanc  d'argent  (voyez  ces  mots),  qui  se  font  re- 
marquer par  leur  couleur  d'un  blanc  d'argent,  par  leur 
stipe  élevé,  et  surtout  par  l'irrégularité  de  leur  chapeau, 
disposé  à  peu  près  en  manière  d'ailes  de  pigeon.  (Lem.) 

PI  GEO  UN.  (Ornith.)  Nom  du  pigeon  en  Provence,  où  le 
pigeon  ramier  est  appelé  pi geoun  fa^'as.  (Ch.  D.) 

PIGLIAMOSCHE.  {Ornith.)  L'oiseau  ainsi  nommé  dans  les 
environs  de  Bologne  est  le  traquet,  motacilla  ruhicola,  Linn. 
(Ch.D.) 

PIGLO.  (Ichthjyol.)  L'un  des  noms  donnés  à  une  espèce  de 
cyprin  ,  le  Cyprin  pigo.  (  Desm.  ) 

PIGNAN-COIN.  (Ornith.)  Le  toucan  à  gorge  jaune ,  repré- 
senté par  Levaillant,  pi.  7  des  promérops ,  etc.,  est  désigné 
à  Cayenne  par  ce  nom,  qui  s'écrit  aussi  pignen-coin  ou  pi- 
nien-coin,  et  qui  lui  a  été  donné  d'après  son  cri.  (  Ch.  D.) 

PIGNATOXERIS.  {Bot.)  Un  des  noms  grecs  de  l'ellébore 
blanc,  veratrum,  selon  Mentzel.  (J.) 

PIGNE.  {Bot.)  Nom  du  fruit  des  pins  en  Languedoc.  Pi- 
gnier  est  celui  de  ces  arbres.  (Lem.) 

PIGNEUX.  {Ornith.)  Un  des  noms  vulgaires  que  Salerne, 
page  294,  dit  avoir  été  donnés  à  l'ortolan  de  roseaux,  Emhe- 
riza  Sohœniclus ,  Linn.,  à  cause  de  son  cri  pign,  pign.  (Ch.  D.) 

PIGNON.  {Bot.)  C'est  au  Sénégal  le  nom  qu'on  donne  au 
fruit  du  corossol  à  fruit  hérissé.  (  Lem.  ) 

PIGNON  DOUX.  (Bot.)  C'est  le  fruit  du  pin  cultivé.  (L.  D.) 

PIGNONS.  {Bot.)  On  donne  ce  nom  à  des  graines  de  familles 
différentes  et  douées  de  propriétés  très-opposées.  La  graine 
du  pin  cultivé  ,  appartenant  à  la  famille  des  conifères ,  et 
nommée  pignon  doux,  est  employée  dans  les  émulsions  ra- 
fraîchissantes. Celle  que  l'on  connoît  sous  le  nom  de  pignon 
d'Inde  ou  de  Barbarie,  produite  par  le  jatropha  curcas  de  la 
famille  des  euphorbiacées,  est  au  contraire  un  purgatif  assez 
actif,  mais  moins  que  celui  qui  est  fourni  par  la  graine  du 
croton  tiglium  de  la  même  famille,  que  l'on  nomme  graine  de 
tilli  et  quelquefois  aussi  pignon  d'Inde.  (J.) 


PIL  457 

PIG-NUT.  (Bot.)  Nom  donné  dans  le  New-Jersey  en  Amé- 
rique,  suivant  M.  Michaux  fils,  à  un  noyer,  qu'il  cite  sous 
celui  de  juglans  miiiima.  Les  Anglois  donnent  le  même  nom  a 
la  terre-noix,  hunium  hulhocastanum,  plante  ombellifère.  (J.) 

PIGO,  Cyprinus  pigus.  [Ichthjol.)  On  donne  ce  nom  à  un 
poisson  du  genre  Cyprin,  qui  habite  plusieurs  lacs  d'Italie 
et  spécialement  le  lac  majeur  et  le  lac  de  Côme.  Sa  chair 
est  d'une  saveur  agréable  et  son  poids  monte  quelquefois  à 
six  livres.  Son  dos  est  d'un  bleu  mêlé  de  noir;  son  ventre 
d'un  rosé  pâle.  Au  temps  du  frai,  il  pousse  sur  les  écailles 
des  individus  mâles  des  piquans  pyramidaux  et  d'une  appa- 
rence cristalline.  Voyez  Cyprin.  (H.  C.) 

PIGOT.  (Ornith.)  Nom  que,  suivant  Barrère  ,  les  Catalans 
donnent  au  grand  pic  varié,  picus  majoi\  Linn.  (Ch.  D.) 

PIGOUIL.  {Bot.)  Lefestucaqiiadridentata  de  M.  Kunth  est 
ainsi  nommé  dans  les  environs  de  Quito.  (J. ) 

PIGOZO.  (Ornith.)  Un  des  noms  italiens,  suivant  Aldro- 
vande,  du  pic  vert,  picus  viridis,  Linn.  (Ch.  D.) 

PIGRA.  [Ornith.)  La  mésange  penduline,  parus pendulinus , 
Linn.,  est  ainsi  nommée  dans  plusieurs  endroits  de  la  Crau. 
(Ch.  d.) 

PIGRIÈCHE.  (Ornith.)  Voyez  Pxe-grièche.  (Desm.) 

PIGRITIA.  (Mamm.)  L'aï  ou  paresseux  à  trois  doigts  est 
ainsi  désigné  en  latin  par  quelques  auteurs.   (F.  C.) 

PIGROLIER.  (Ornith.)  C'est  un  des  noms  vulgaires  du 
pic  vert,  picus  viridis,  Linn. ,  dans  le  département  des  Deux- 
Sèvres,  selon  M.  Guillemeau.  (Ch.  D.) 

PIGUS.  (IchthjoL.)  Voyez  Pigo.  (H.  C) 

PIHtÎLMBURU.  (Bot.)  Nom  de  l'acrostichum  lanceolatum 
dans  l'île  de  Ceilan.  (J.) 

PI  HAU  HAU.  (Ornith.)  Ce  nom,  qui  a  beaucoup  de 
rapport  avec  celui  de  piauhau ,  est  donné,  suivant  le  Nou- 
veau Dictionnaire  d'histoire  naturelle ,  à  une  grive  de 
Cayenne ,  d'après  le  cri  qu'elle  exprime  d'un  ton  lent  et 
plaintif.  (Ch.  D.) 

PIHE  LERKE.  (  Ornith.  )  C'est  en  danois  le  nom  de 
l'alouette  pipi,  alauda  trivialis,  Linn.  (  Ch.  D.) 

PIHIGUAO.  (Bot.)  Voyez  Pirijao.  (J.) 

PIKA  ou  PICA.   (Mamm.)  Les  Tongous   d'au-delà  du  lac 


458  PIL 

JBaïkal  donnent  ce  nom  à  une  espèce  de  lièvre  à  oreilles 
courtes,  qui  est  devenue  le  type  d'un  genre  particulier.  Ce 
genre  a  reçu  le  nom  de  Pika  par  Lacépéde.  MM.  G.  Cuvier 
et  Geoffroy  l'ont  nommé  Lagomys,  et  .c'est  sous  ce  nom  que 
nous  l'avons  fait  connoitre,  ainsi  que  les  espèces  qu'il  con- 
tient à  la  suite  du  genre  Lièvre.  Voyez  ce  mot.  (F.  C.) 

P1KC-HEADED-\A/HALE.  (Afflmm.)  Nom  anglois  qui  si- 
gnifie baleine  à  tête  pointue,  et  qu'on  donne  en  Angleterre 
à  la  baléinoptère  museau  pointu  des  naturalistes.  (F.  C.) 

PIKILIS.  {Ornith.)  Nom  grec  du  chardonneret , /ringi7/a 
carduelis ,  Linn.  (  Ch.  D.) 

PIKIS.  {Ornith.)  Nom  du  vanneau  commun,  Iringa  vanel- 
lus,  Linn.,  au  Kamtschatka.  (Ch.  D.) 

PIL^GHAS.  (  Bot.  )  Dans  l'ile  de  Ceilan  on  donne  ce 
nom,  suivant  Hermann  et  Linnseus,  à  trois  plantes  légumi- 
neuses; savoir  :  un  indigo,  le  galega  villosa  de  Linnaeus,  et 
son  galega  purpurea.  Ces  deux  dernières  sont  aussi  nommées 
pUœharel.  (  J.  ) 

PILAIS^A  et  PILAISIA.  {Bot.)  Voyez  Pvlais.ea.  (Lem.) 

PILART.  {Ornith.)  Le  bouvreuil,  loxia  pjrrhula ,  Linn., 
est  ainsi  nommé  dans  le  Brabant.  (  Ch.  D.) 

PILAT.  {Bot.)  C'est  le  nom  d'une  variété  d'orge  cultivée 
en  Basse-Bretagne.  (>L.  D.  ) 

PILAU,  TSJAKAMARAN.  (Bot.)  Noms  mala'oarcs,  selon 
Rhéede,  du  jaquier,  artocarpus  jacca,  grand  arbre  de  la 
famille  des  urticées ,  congénère  de  celui  qui  donne  le  fruit 
à  pain.  Ce  jaquier  est  nommé  ponossora  par  les  Brames ,  ja- 
qiieira  par  les  Portugais  du  Malabar.   (J.  ) 

PILAW.  {Bot.)  Préparation  du  riz,  usitée  chez  les  Turcs. 
Après  Pavoir  lavé  dans  plusieurs  eaux  ,  ils  le  font  cuire 
dans  du  jus  de  viande  et  Passaisonnent  avec  du  sel  et  du  sa- 
fran :  c'est  un  mets  vanté  parmi  eux.  (  J.  ) 

PIJ^CHARD.  {Iclithfol.)  Nom  spécifique  d'un  Cldpanodon, 
que  nous  avons  décrit  dans  ce  Dictionnaire,  tome  IX,  page 
/^2S.  (H.  C.) 

PILEANTHUS.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicotylédones,  à 
fleurs  complètes,  polypétalécs,  de  la  famille  des  myrtées ,  de 
Vicosanàrie  monogynie  de  Linnœus,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  LTne  coiffe  qui  renferme  chaque  fleur  avant  son 


PIL  459 

ëpanouissement;  à  cette  époque  elle  s'ouvre  vers  son  milieu 
en  boite  à  savonnette;  la  partie  inférieure,  semblable  à  une 
petite  cupule,  persiste;  la  supérieure  se  divise  en  deux  valves 
entières  et  caduques.  Le  calice  est  entier,  avec  dix  lobes  or- 
biculaires  à  son  limbe;  la  corolle  composée  de  cinq  pétales, 
une  fois  plus  longs  que  les  lobes  du  calice  ,  insérés  à  son  ori- 
fice ;  les  étamines,  au  nombre  d'une  vingtaine,  ont  les  lila- 
mens  courts,  attachés  sous  les  pétales,  à  deux  anthères  uni- 
loculaires,  séparées  par  un  connectif;  Fovaire  est  inférieur; 
le  style  courte  le  stigmate  obtus;  le  fruit  inconnu  :  il  paroît 
devoir  être  une  baie  à  plusieurs  semences. 

Le  nom  de  ce  genre  est  composé  de  deux  mots  grecs  qui 
en  expriment  le  caractère,  TriXiov  {bonnet)^  uvôoç  [fleur). 
Il  est  en  etfet  très- remarquable  par  la  coiffe  qui  enveloppe 
les  fleurs  avant  leur  épanouissement,  parle  Clament  q_ui  se 
bifurque  à  son  sommet,  chaque  partie  soutenant  une  anthère 
uniloculaire.  Malgré  ces  anomalies ,  M.  de  Labillardière , 
auteur  de  ce  genre,  n'a  pas  cru  devoir  l'écarter  de  la  famille 
des  myrtées  ,  dont  il  offre  d'ailleurs  tous  les  autres  caractères. 

PiLEANTHus  EN  LIMAÇON  :  PUcanthus  limucis,  Labill. ,  A^of. 
Holl.,  2,  pag.  1],  tab.  149;  Zérami,  Poir. ,  Encycl.  Arbris- 
seau dont  la  tige  se  divise  en  rameaux  opposés  en  croix , 
courts,  presque  simples,  un  peu  tubercules,  revêtus  d'une 
écorce  cendrée.  Les  feuilles  sont  épaisses,  sessiles ,  opposées, 
presque  en  massue,  glabres,  un  peu  velues  dans  leur  jeu- 
nesse, convexes  sur  le  dos,  creusées  en  dessous  par  un  sillon 
longitudinal,  dilatées  presque  en  limaçon  à  leur  base,  char- 
gées partout  de  points  tubercules  et  anguleux,  longues  d'en- 
viron cinq  à  six  lignes.  Les  fleurs  sont  solitaires,  axillairesvers 
l'extrémité  des  rameaux,  portées  par  un  pédoncule  simple, 
court,  cylindrique;  la  coiffe  est  globuleuse,  un  peu  ovale, 
avec  les  deux  valves  de  la  partie  supérieure  conniventes 
avant  leur  séparation  ;  les  dix  lobes  du  calice  sont  médio- 
crement crénelés;  les  pétales  sessiles,  oblongs ,  tronqués  à 
leur  base  ;  les  fîlamens  plus  courts  que  la  corolle.  L'ovaire 
est  ovale,  enveloppé  par  la  partie  entière  du  calice.  Il  ren- 
ferme des  ovules  aplatis,  en  forme  de  rein.  Cette  plante  a 
été  découverte  par  M.  De  Labillardière  à  la  terre  de  Van- 
Diéme«.  (Poir.) 


4?o  PIL 

PILENTE.  (Ornîih.)  Nom  donné,  par  les  Misnicns,  sui- 
vant Gesner  et  Aidrovande,  à  la  guignette,  tringa  hjpoleu- 
cos,  Linn. ,  qui  est  aussi  appelée,  dans  le  même  pays,  pil- 
wencgen  ou  pilivegichen.  (Ch.  D.) 

PILEOLE.  {Bot.)  Dans  les  graines  monocofylédones  la  plu- 
mule  de  l'embryon  est  quelquefois  cachée  dans  une  cavité 
rofylédonaire,  sorte  d'étui  que  M.  Mirbel  nomme  coléoplile. 
Lorsque  la  plumule  n'a  pas  de  coléoptile,  les  rudimens  des 
feuilles  qui  forment  sa  gemmule  sont  recouverts  par  une  fo- 
liole extérieure,  parfaitement  close,  qui  tient  lieu  de  coléop- 
tile. C'est  cette  foliole,  conformée  comme  un  éteignoir,  que 
M.  Mirbel  nomme  piléole.  On  a  des  exemples  de  plumule 
coléoptilée  dans  les  alismacées,  les  liliacées,  etc.,  et  de  gem- 
mule piléolée  dans  le  scirpus,  le  zostera,  les  graminées,  etc. 
Parmi  ces  deriiiéres,  le  riz  offre  l'exemple  remarquable  d'une 
plumule  coléoptilée  dont  la  gemmule  est,  en  outre,  pourvue 
d'une  piléole.  Il  n'est  pas  aisé  de  distinguer  la  piléole  de  la 
colcopfile  avant  la  germination,  à  moins  que,  dès  l'origine, 
la  tigclle  qui  porte  la  gemmule  ne  soit  apparente,  comme 
dans  le  zostera  et  quelques  graminées.  (Mass.) 

PILËOLE.  (Foss.)  Ce  genre,  qui  ne  se  présente  qu'à  l'état 
fossile,  porte  les  caractères  suivans  :  Coquille  patelliforme, 
régulière,  elliptique,  ou  circulaire,  conique;  sommet  droit 
ou  légèrement  en  spirale,  incliné  en  arrière;  face  inférieure 
concave,  tranchante  surses  bords;  ouverture  entière  ,  petite, 
à  peine  du  tiers  de  la  face  inférieure  ;  bord  columellaire 
denté  ou  strié;  bord  droit  lisse.  Sow.,  Min.  conch.,  tom.  6, 
pag.  4], 

Piléole  lisse  :  Pileolus  lœvis ,  Sow. ,  ioc.  c. ,  pi.  43  2  ,  fig.  5  —  8  ; 
Desh.  ;  Ann.  d'hist.  natur. ,  tom.  1,  pag.  191,  pi.  i3,  fig.  1. 
Coquille  conique,  déprimée,  lisse,  suborbiculaire  ,  à  sommet 
subcentral  concave  en  dessous  ,  marginée  ;  ouverture  très- 
petite  ,  demi-ronde  et  à  columelle  lisse.  Diamètre,  deux  lignes. 
Cette  espèce  ,  ainsi  que  la  suivante  ,  ont  été  trouvées  par  M. 
Miller  dans  l'oolite  à  Anclift  en  Angleterre ,  avec  des  cérites , 
des  sabots,  des  toupies,  et  des  térébratules. 

La  présence  des  coquilles  de  ce  genre  dans  un  terrain  plus 
ancien  que  la  craie,  tel  que  l'oolite,  est  un  fait  très -remar- 
quable et  rare. 


PIL  461 

PiLÉOLE  PLISSÉ  :  Plleolus  plicatus ,  Sovv. ,  loc.  cit.  ,  même  pi., 
fig.  1  —  4;  Desh.,  loc.  cit. ,  même  pi.,  fig.  2.  Coquille  conique, 
couverte  de  côtes  rayonnantes,  à  sommet  subcential,  convexe 
en  dessous,  marginée;  à  ouverture  arrondie  et  portant  des 
petites  dents  à  la  colunielle.  Diamètre,  deux  lignes. 

PiLÉOLE  néritoïde;  PHeolus  neritoides  ,  Desh.,  loc.  cit.,  même 
pi.,  fig.  3.  Coquille  ovale  ,  oblongue,  conique,  lisse  ,  à  sommet 
pointu  et  recourbé  en  arrière  ;  ouverture  demi-ronde  et  por- 
tant de  petites  dents  à  la  columelle.  Diamètre,  trois  lignes  et 
demie.  On  trouve  cette  espèce  à  Mouchy-le-Cliùtel,  départe- 
ment de  l'Oise,  et  près  de  Houdan. 

PiLÉOLE  DE  Hauieville  :  PUcolus  ultayUlensis  ,  De  Gerv.  ;  Cre- 
pidula  altavillensis ,  Dict.  des  se.  nat.,  tom.  XI,  p.  Sgy.  En  signa- 
lant cette  espèce  à  l'article  Crépidule ,  nous  avions  dit  que 
nous  pensions  qu'il  étoit  douteux  qu'elle  appartînt  au  genre 
Crépidule.  Voyez  cet  article.  (D.  F.) 

PILÉOPSIS  [Cabochon].  {Malacoz.)  M.  de  Lamarck  a  donné 
ce  nom  latin  au  genre  Cabochon,  que  Denys  de  Montfort 
avoit  également  établi  sous  la  dénomination  de  Capulus.  Quoi- 
que nous  en  ayons  déjà  donné  la  caractéristique  sous  ce  der- 
nier mot,  en  citant  l'espèce  la  plus  commune,  nous  allons 
indiquer  ici  les  autres  espèces,  établies  par  M.  de  Lamarck, 
dans  son  Ouvrage  sur  les  animaux  sans  vertèbres,  qui  a  paru 
depuis  l'impression  du  3."  volume  de  ce  Dictionnaire.  Nous 
ferons  d'abord  l'observation  que  nous  ne  conservons  dans  le 
genre  des  véritables  cabochons,  que  les  espèces  qui  n'ont  pas 
de  support  ou  de  plaque  testacée  sous  le  pied  ;  celles  qui  en 
ont,  constituant  le  genre  Hipfonyce  de  M.  Defrance  ,  dont 
il  a  parlé  à  cet  article. 

Il  paroit  qu'il  existe  des  cabochons  dans  toutes  les  mers. 
Malheureusement ,  comme  leurs  coquilles  sont  peu  remar- 
quables ,  elles  ont  été  généralement  assez  peu  recueillies. 
Voici  celles  que  j'ai  observées  : 

Le  C.  BONNET  chinois:  p.  ungarica,  Palella  ungarica,  Linn., 
Gmel.,  page  3709,  n.°  89;  Martini,  Conchjl. ,  j  ,  t.  12,  fig. 
107  et  108.  Coquille  assez  mince,  épidermée,  conique,  acu- 
minée,  striée  verticalement ,  à  sommet  recourbé,  un  peu  con- 
tourné; Pouverture  plus  large  transversalement,  plus  ou 
moins  irrégulière.  Couleur  blanche  ou  d'un  blanc  roussàtre 


4G2  PIL 

en  dehors  sous  l'éplderme,   blanche  en  dedans,  quelquefois 

un  peu  rosée. 

C'est  cette  espèce,  commune  dans  la  Méditerranée  et  dans 
l'océan  Atlantique  ,  et,  par  conséquent,  dans  les  collections, 
dont  on  connoît  l'animal.  M.  de  Gerville  en  a  trouvé  un  in- 
dividu sur  une  huître  dans  la  baie  de  Cherbourg. 

Le  C.  FEUILLETÉ  :  P.  mitrulu ,  P.  mitrula,  Linn. ,  Gmel.,  p. 
5708,  n.°  82:  Martini,  Conchj^l. ,  n  ,  t.  12  ,  fîg.  1 1 1  et  1 1  2. 
Coquille  solide,  ovale -arrondie,  obliquement  conique,  à 
sommet  crochu  ;  le  bord  évasé  ;  les  stries  d'accroissement  en 
forme  de  lamelles  transverses,  lâchement  imbriquées. 

Cette  petite  espèce  vient  des  côtes  de  la  Barbade.  Elle  est 
fort  irrégulière.  J'en  possède  une  variété,  dont  les  lamelles 
sont  rebordées  et  striées  dans  toute  leur  étendue.  Ce  pour- 
roit  bien  être  une   espèce  distincte. 

Le  C.  TORTILLÉ  ;  P.  intorta  ,  de  Lamarck  ,  PI.  du  Diction. 
Coquille  ovale-arrondie ,  obliquement  conique,  avec  des 
stries  décurrentes  du  sommet  à  la  circonférence;  sommet  sur- 
baissé, latéral  et  tortillé.  Couleur  toute  blanche. 

Cette  coquille,  dont  on  ignore  la  patrie ,  pourroit  bien  ne 
pas  appartenir  à  ce  genre,  et  devoir  être  rapprochée  des 
sigarets  et  surtout  du  genre  Velutine. 

Le  C.  roussatre:  P.subrufa,  de  Lamarck;  INIartini,  Conch.y 
1,  t.  i2,fig.  1 1 3.  Petite  coquille  ovale-arrondie,  obliquement 
conique,  à  sommet  saillant,  infléchi,  avec  des  sillons  lon- 
gitudinaux, coupant  à  angle  droit  des  stries  transverses. 

Patrie  inconnue. 

Le  C.  RADIÉ,  P.  radiata.  Petite  Coquille  presque  circulaire, 
voûtée,  à  sommet  presque  médian,  surbaissé;  des  côtes  peu 
nombreuses,  denticulant  le  bord.  Couleur  d'un  gris  ver- 
dàtre  en  dehors  ,  châtaine  en  dedans ,  si  ce  n'est  suY  les 
bords,  qui  sont  blancs. 

Cette  espèce,  dont  je  possède  un  individu  dans  ma  col- 
lection, sans  en  connoitre  la  patrie,  est  presque  symétrique, 
de  manière  a  ressembler  à  une  véritable  patelle,  dont  le 
sommet  seroit  en  arrière. 

Le  C.  COULEUR  DE  CHAIR,  P.  carnicolor.  Petite  coquille 
épaisse,  solide,  irrégulière,  conique,  à  sommet  très -pro- 
noncé j  surbaissé  et  dépassant  fortement  le  bord  j  ouverture 


PIL  465 

uîï  peu  plus  large  que  longue  ;  surface  comme  tricotée.  Cou- 
leur générale  :  couleur  de  chair  pâle  en  dehors,  plus  rouge 
en  dedans. 

Cette  espèce,  dont  j'ignore  la  patrie  et  que  je  posséda 
dans  ma  collection  ,  me  paroit  distincte. 

Le  C.  TRiCARÉNÉ  :  P.'tricarinata,  P.  tricarinata,  Linn.,  Gmel., 
page  37 j G,  n."  92;  Schroter,  Einl.  in  Conch.,  2,  page  417, 
lab.  5,  lig.  2.  Coquille  subovale,  inégalement  striée,  can- 
nelée vers  le  sommet,  qui  est  obtus  et  postérieur,  trica- 
rénéc  en  avant.  Couleur  d'un  vert  sale  en  dehors,  blanche 
en  dedans. 

Patrie  inconnue. 

Le  C.  LiRi;  P.  memlranacea ,  Kàanson ,  Sénëg. ,  p.  32,  pi.  2. 
Coquille  très-petite,  extrêmement  mince  ,  transparente,  sub- 
cartilagineuse, couverte  d'un  périoste  membraneux.  Couleur 
de  rouille;  sommet  au  tiers  postérieur  en  crochet  recourbé. 
Adanson  ,  qui  a  trouvé  cette  espèce  sur  les  rochers  du 
cap,  Vert,  dit  que  l'animal  diffère  de  celui  des  patelles;  que 
ses  tentacules  sont  plus  longs,  ainsi  que  son  pied,  qui  dé- 
borde le  corps  en  arrière,  et  que  la  frange  du  manteau  est 
formée  par  trente   filets  fourchus. 

Le  C.  soRON  :  P.  nivea ,  Linn.,  Gmel.,  page  0727  ,  n."  287; 
Adanson,  Sénég. ,  1  ,  page  32  ,  t.  2  ,  fig.  3.  Coquille  tiès-pe- 
tite ,  fort  épaisse,  subconique,  à  base  subcirculaire,  creusée 
en  dehors  de  sept  à  huit  sillons  circuh.ires;  sommet  obtus, 
tout  près  du  bord  postérieur.  Couleur  d'un  blanc  de  neige. 
L'animal  de  cette  espèce,  qui  est  rare  sur  la  côte  du  Sé- 
négal, a  sa  tête  fort  courte,  considérablement  aplatie,  plus 
large  que  longue,  bordée  par  une  membrane;  les  tentacules 
la  dépassent  à  peine  ;  les  yeux  sont  placés  sur  leur  partie 
postériX-ure  ;  le  pied  est  exactement  rond  ;  les  bords  du 
manteau  sont  extrêmement  courts  et  garnis  d'une  rangée  de 
petits  points  élevés.  Sa  couleur  est  d'un  blanc  sale. 

Le  C.  GADiN  :  P.  afra ,  Linn.,  Gmel.,  page  3716,  n.°  122  j 
Adanson,  Sénég.,  1  ,  t.  2  ,  lig.  4.  Coquille  fort  épaisse,  assez 
régulièrement  conique  ;  sommet  vertical ,  subcentral  ,  d"où 
partent  environ  cent  côtes  peu  élevées,  arrondies  et  presque 
égales;  ouverture  subcirculaire,  à  bords  un  peu  irréguliers. 
Couleur  extrêmement  blanche. 


464  PIL 

Très -commune  sur  les  rochers  de  l'ile  de  Corée  et  du 
cap   Manul  au  Sénégal. 

Il  existe  sans  doute  encore  dans  les  collections  plusieurs 
espèces  de  coquilles,  que  l'on  pourra  rapportera  ce  genre, 
du  moins  provisoirement;  car  ce  ne  sera  que,  lorsqu'on  en 
aura  examiné  l'animal  que  l'on  pourra  le  faire  d'une  ma- 
nière décisive.  Il  y  a  peut-être  même  plusieurs  des  espèces 
caractérisées  plus  haut ,  qui  ne  sont  pas  de  véritables  ca- 
bochons. 

On  trouve  encore  confondues  sous  ce  nom  ,  dans  les  col- 
lections,  les  coquilles  qui  constituent  le  genre  Siphonaire,  et 
qui  ne  peuvent  guères  être  distinguées  des  cabochons  que  par 
la  forme  de  l'impression  musculaire.  Voy,  Siphonaire.  (De  B.) 

PILESTE.  (Bot.)  Un  des  noms  vulgaires  de  l'arum  com- 
mun. (L.  D.) 

PILET.  {Ornitli.)  Nom  picard  du  canard  à  longue  queue, 
anas  acuta ,  Linn,  On  appelle,  dans  la  même  contrée,  pilet 
tanné,  le  canard  milouin  ,  anasferina,  Linn.  (Ch.  D.) 

PILGA.  {Bot.)  Nom  hébreu  du  raifort,  suivant  Mentzel.  (J.) 

PILI.  (Ornith.)  Ce  nom  et  celui  de  hégul  désignent,  en 
sanscrit,  le  paon,  pavo  cristatus,  Linn.,  suivant  Paulin  de 
Saint-Barthelémi ,  tome  i.*"' de  son  Voyage  aux  Indes  orien- 
tales, pag.  421.  (Ch.  d.) 

PILIDION.  {Bot.)  Nom  donné  au  conceptacle  des  lichens, 
lorsque,  comme  dans  le  caljcium,  par  exemple,  il  est  orbi- 
culaire  ou  hémisphérique  et  que  sa  superficie  se  réduit  en 
une  poussière  régénératrice.  (Mass.) 

PILIDIUM.  {Bot.)  Genre  de  la  famille  des  champignons  , 
-établi  par  Kunze.  Il  est  caractérisé  par  son  périthécium 
simple,  sessile,  hémisphérique,  d'abord  fermé,  puis  se  par- 
tageant par  son  centre  en  plusieurs  fentes  rayonnantes  et 
contenant  une  masse  formée  par  une  multitude  de  sporidies 
fusiformes.  Ce  genre,  ainsi  que  le  Leptothjyrium  et  ÏActijio- 
thjrium,  également  de  Kunze,  appartiennent  à  celui  appelé 
Phoma  par  Pries,  et  tous,  réunis  à  quelques  autres  genres, 
ont  plus  de  rapports  avec  la  famille  des  hypoxylées  qu'avec 
^elle  des  champignons  ,  où  la  plupart  des  mycologues  les 
placent. 

Le  pilidium  acerinum,  Kunze,  Mycol. ,  2  ,  page  92.  pi.  3, 


PIL  4(55 

iîgs  5,  est  la  seule  espèce  du  genre.  On  la  trouve  en  quan- 
tité sur  les  feuilles  mortes  d'érables:  elle  n'est  pas  plus  grosse 
qu'un  point.  (Lem.) 

PILIET.  (Bot.)  C'est  une- variété  de  l'orge  cultivée.  (L,  D.) 

PILIGNO.  (Min.)  On  nomme  ainsi  dans  le  Siennois  ,  dit 
le  docteur  Santi,  un  scliiste  noir  très-bitumineux.  Voyez  Am- 
vÉLiTE  et  Schiste.   (B.) 

PILILA.  (Bot.)  A  Ceilan,  suivant  Hermann,  on  nomme 
ainsi  le  lorantlius   loniceroides.   (J.) 

PILINGRE.  (Bot.)  Dans  l'Anjou,  on  donne  ce  nom  à  la 
rénouée  persicaire.  (  L.  D.) 

PILITSCHEL  (IchthjoL)  Nom  spécifique  d'un  Caranxomore  , 
décrit  dans  ce  Dictionnaire  ,  tome  VU  ,  page  3o.  (H.  C.) 

PILLE.  (Ornith.)  Voyez  Pillu.  (Ch.  D.) 

PILLEO.  (Ornilh.)  Nom  péruvien  du  colibri  piqueté  ou 
zitzil,  trochilus  punctiilatus,  Lath.   (Ch.  D.) 

PILLO.  (OrniLh.)  Voyez  Pillu.  (Ch.  D.) 

PÏLLOLET.  (Bot.)  Nom  vulgaire  du  serpolet.  (  L.  D.) 

PILLORILLA.  (BoL)  Suivant  Frézier,  on  nomme  ainsi  le 
i-icin  dans  le  Chili.  (J,  ) 

PILLU.  (  Ornith.)  Cet  oiseau  du  Chili  est  le  lantalus  pillas, 
Gmel.  et  Lath.  ,  dont  le  corps  est  de  la  grosseur  de  celui 
d'une  oie  y  selon  Molina ,  pag.  224,  et  au  sujet  duquel  on 
devra  consulter  l'article  Ibis,  page  427  du  tome  XXII  de  ce 
Dictionnaire.  Le  nom  àe pillu  est  aussi  donné,  dans  le  dépar- 
tement de  la  Somme,  à  la  barge  à  queue  noire,  scolopax  li- 
mosa,  Linn.,  et  limosa  melanura  ^   Leisler.  (Ch.  D.  ) 

PILLURION.  [Ornith.)  M.  Vieillot  a  formé  sous  ce  nom. 
françois  et  sous  celui  de  cissopis,  en  latin  tiré  du  grec,  un 
genre  particulier  dans  sa  famille  des  colhirions  ou  pie- 
grièches  (lanius,  Linn.),  lequel  correspond  aux  héthyles  de 
M.  Cuvier,  qui  n'ont  clé  qu'indiqués  au  Supplément  du 
tome  IV  de  ce  Dictionnaire,  pag.  82.  Les  seuls  caractères 
génériques  donnés  par  le  célèbre  Professeur,  consistent  dans 
un  bec  gros,  court,  bombé  de  toute  part,  légèrement  com- 
primé vers  le  bout;  M.  Vieillot  y  ajoute  les  suivans  :  Mandi- 
bule supérieure  échancrée  et  courbée  à  sa  pointe  ;  Pinférieure 
plus  courte,  droite  ;  les  narines  rondes  et  ouvertes;  la  bouche 
ciliée  sur  les  angles;  les  doigts  extérieurs  réunis  à  leur  base. 
40.  3o 


466  PIL 

La  seule  espèce  dont  ce  genre  soit  composé  jusqu'à  pré- 
sent, le  pillurion  bicolor  de  M.  Vieillot  [lanius  picatus  ,  Lath., 
et  lanius  leverianus,  Sliaw),  dont  Illiger  fait  un  tangara,  est 
représentée  dans  les  Oiseaux  d'Afrique  de  Levaillant,  pi.  60. 
sous  le  nom  de  pie  pie-grièche.  Ce  savant  ornithologiste,  que 
la  science  vient  de  perdre  ,  l'a  décrite  au  tome  2  ,  pag.  26  ,  du 
premier  de  ses  ouvrages ,  comme  étant  à  peu  près  de  la  lon- 
gueur de  notre  pie-grièche  grise  d'Europe,  mais  un  peu  plus 
épaisse  de  corps  :  son  plumage  n'est  composé  que  de  deux 
couleurs,  le  noir  lustré  et  le  blanc  pur,  distribués  comme 
sur  notre  pie  commune ,  que  le  béthyle  représente  en  petit. 
Cette  espèce,  qui  se  trouve  à  la  Guiane  et  au  Brésil,  y  est 
fort  rare.  (  Ch.  D.) 

PILOBOLUS.  {Bol.)  Genre  de  la  famille  des  champignons, 
voisin  des  thelebolus  et  sphœrobolus.  Tous  les  trois  établis  par 
J'ode  et  adoptés  par  les  botanistes. 

Les  caractères  du  genre  Piloholus  sont  ceux-ci  :  Filamens 
simples,  tubuleux  ,  membraneux,  évasé  parle  haut  en  forme 
de  vessie,  portant  une  vésicule  ou  corps  charnu  ou  mem- 
braneux, qui  finit  par  éclater  et  lancer  au  loin  les  sporidies; 
celles-ci  sont  distinctes  et  globuleuses. 

Les  espèces  sont  peu  nombreuses,  très-fugaces  ;  on  les 
rencontre  en  été  ou  en  automne  sur  la  fiente  des  animaux, 
sur  les  fumiers;  elles  ressemblent  à  des  moisissures  :  on  peut 
les  comparer,  pour  l'aspect,  à  des  épingles  très-petites  et 
courtes.  Link  explique  la  cause  qui  produit  l'éclatement  de 
la  vésicule ,  par  une  explosioti  due,  selon  lui,  à  la  contrac- 
tion qu'éprouve  la  partie  supérieure  du  filament  ou  la  vessie. 
Le  P.  CRISTALLIN  :  P.  cristalUnus ,  Tode;  Pers. ,  Obs.  myc. ,  1  , 
page  76,  tab.  4,  fig.  g  —  11  ;  Flor.  Dan.,  pi.  1080;  Link, 
Berl.  Mag.,  3,  page  22,  pi.  2  ,  fig.  5o;  Nées,  SjsL,  fig.  80; 
Hjydrogora ,  Wigg-,  Hols. ,  page  1 10  ;  Mucor  urceolatus,  Bull.  , 
Ch.,  pi.  480,  fig.  1.  Filament  jaunâtre  ou  blanc,  s'évasant  en 
une  vessie  obovale  pleine  d'eau,  qui  porte  elle-même 
une  vésicule  charnue,  hémisphérique,  noirâtre,  d'abord 
droite,  puis  penchée,  après  que  la  vessie  a  éclaté.  Dans  cet 
état  les  filamens  semblent  être  autant  de  petits  champi- 
gnons couronnés  d'un  chapeau.  Le  pédicelle  et  la  vessie 
sont  remplis  d'une  eau  limpide  et  transparente,  et  couverts 


PIL  467 

de  gouttelettes  brillantes  ,  qui  leur  donnent  une  apparence 
cristalline.  On  trouve  cette  espèce  en  Europe  et  en  Amé- 
rique, en  automne  et  en  été,  sur  la  fiente  des  vaches,  des 
chevaux,  des  bêtes  fauves,  etc.  Elle  est  très-fugace  ;  cepen- 
dant la  vessie,  après  sa  chute,  se  durcit  et  se  conserve  quel- 
que temps. 

Le  P.  ARROSÉ:  P.  roridus ,  Pers. ,  Pries  ;  Mucor  roridàs ,  Relh., 
Boit.,  tab.  i32,  fig.  4.  Fungus,  Pluk. ,  Phjt. ,  1  ,  pi.  116, 
fig.  7.  La  vessie  est  globuleuse ,  portée  sur  un  filament 
alongé,  filiforme  et  surmontée  d'une  vésicule  noire,  fauve 
en  dessous  ,  ponctiforme.  Cette  espèce  sV  rencontre  avec 
la  précédente.  Elle  est  plus  petite,  plus  délicate,  extrême- 
ment fugace,  pâle,  brillante,  transparente  et  semblable  à 
une  petite  épingle. 

Le  genre  Didjmocrater  de  Martius  est  voisin  du  Pilobolus; 
mais,  comme  il  s'en  distingue  par  Pabsence  de  la  vésicule 
qui  couronne  la  vessie,  il  ne  peut  lui  être  réuni.  Voyez 
Particle  Mycologie,  tom.  XXXIIl  ,  pag,  492.  (Lem.) 

PILOCARFE,  PUocarpus.  {Bot.)  Genre  de  plantes  dicoty- 
lédones, à  fieurs  complètes,  poîypéfalées,  de  la  famille  des 
rutacées,  de  la  pentandrie  pentagynie  de  Linnœus,  offrant  pour 
caractère  essentiel  .-  Un  calice  très-petit  ,  à  cinq  dents  ;  cinq 
pétales;  cinq  étamines  alternes  avec  les  pétales  ;  cinq  ovaires 
très-petitis ,  enfoncés  par  leur  base  dans  un  disque,  unilocu- 
laires,  monospermes  ;  autant  de  styles  très-courts,  connivens^ 
attachés  à  un  angle  central  au-dessus  dii  sommet  des  ovaires; 
le  stigmate  à  cinq  lobes;  cinq  coques  ,  souvent  une  ou  deux, 
s'ouvrant  en  deux  valves  à  Pangle  central;  une  semence  sans 
périsperme. 

PiLOCARPE  EN  ÉPI;  PHocarpus  spicata ,  Aug.  S.  Hil. ,  Mém.  du 
Mus.,  10,  pag.  060.  Arbrisseau  très-glabre,  haut  d'environ 
deux  pieds;  sa  tige  est  droite,  garnie  de  feuilles  alternesj 
les  supérieures  quelquefois  opposées  ou  ternées,  oblongueSj 
elliptiques,  rétrécies  à  leur  base,  longues  de  six  ou  sept 
pouces;  les  pétioles  rougeàtres;  un  épi  terminal,  puis  latéral, 
presque  sessile,  étroit,  long  de  six  à  treize  pouces;  les  fleurs 
un  peu  pédicellées,  munies  chacune  d'une  petite  bractée; 
la  corolle  verte;  le  disque  comprimé,  à  cinq  angles;  les 
coques  ovales,  obtuses,  un  peu  comprimées,  striées,  d'un 


4Cd  PIL 

gris  ferrugineux  :  une  semence  ovale  et  noirâtre.  Cette  plante 
croit  au  Brésil,  dans  les  forêts,  proche  de  Sébastianopolis. 

PiLocAni'E  PAUCiFi-ORE;  PHocarpus  paucï/lorus ,  Aug.  S.  Hil.^ 
loc,  cit.,  pag.  36 1.  Arbrisseau  grêle,  de  trois  pieds,  médiocre- 
ment rameux;  son  écorce  blanche;  ses  rameaux  pubescens. 
les  feuilles  pétiolées,  alternes,  souvent  les  supérieures  oppo- 
sées, lancéolées,  obtuses,  aiguës  à  leur  base,  glabres,  longues 
de  trois  ou  quatre  pouces;  les  fleurs  pédicellces ,  disposées 
en  grappes  terminales,  longues  de  quatre  ou  cinq  pouces, 
munies  à  leur  base  d'une  petite  bractée  pubescente.  Cette 
plante  croît  dans  les  forêts,  au  Chili,  dans  la  province  de 
Sainte-Catherine.  (Poir.) 

PILOMYCl.  {Bot.)  M.  Persoon,  dans  sa  Mycologie  euro- 
péenne ,  désigne  ainsi  le  troisième  ordre  de  sa  famille  des 
champignons,  parce  que  les  plantes  qui  en  font  partie,  of- 
frent un  chapeau  distinct,  le  plus  souvent  porté  sur  un  pied 
comme  un  parasol.  Les  genres  les  plus  remarquables  sont 
les  MeruUus  ,  Foljporus  ,  Boletus  ,  Hydniim  ,  Agaricus  ,  etc. 
(Lem.) 

PILON.  {Bot.)  Un  des  noms  vulgaires  de  l'arum  commun. 
(L.  D.) 

PILON.  {Chim.)  Voyez  MoRTiEii ,  tome  XXXIII,  page  29, 
(Ck.) 

PILON  ou  FAUSSE  ARAIGNEE  FE^MELLE.  {Conchjî.)  II 
paroît  que  les  marchands  désignoient  autrefois  ainsi  le  jeune 
âge  du  sLromltis  chiragra,  Linn.,  le  ptérocère  araignée  de  M- 
de  Lamarck,    et  quelquefois  le  pterocerus  lamlis.  (De  B.) 

PILON  DE  LIMACE.  {Bot.)  Voyez  Limax.  (Lem.) 

PILONS.  (  Bot.  )  Pauïet  nomme  peths  Pilons  ou  petites 
Quilles  ,  le  Clavaria  ccespitosa ,  Jacq. ,  et  gros  Pilon  le  Clavaria 
pistillaris  ,    Linn.   (  Lem.  ) 

PILOPHORA,  {Bot.)  Jacquin  désigne  sous  ce  nom  le 
palmier,  tourloury  de  la  Guiane,  remarquable  par  sa  syathe 
d'une  seule  pièce,  en  forme  de  cône  alongé  ou  de  chausse 
employée  pour  filtrer  ,  et  par  son  fruit  composé  de  deux 
coques  sphériques,  accollées  et  tuberculeuses  à  leur  surface. 
Ce  genre  a  beaucoup  de  rapports  avec  le  manicaria  de  Gœrtncr. 
(J.) 

PILORI.   (  Marnm.  )  Espèce  du   genre  Rat  qui  se  trouve 


PIL  469 

ùans  les  Antilles,  et  à  laquelle  les  François  donnent  ce  nom. 
(F.  C.) 

PILORIOT.  (  Ornilh.  )  Ce  nom  est  donné  ,  dans  quelques 
départemens,  au  loriot  commun,  oriolus  gnlbula ,  Linn. 
(Ch.  D.) 

PILOSELLA.  (Jiot.)  Ce  nom  a  été  donné  chez  les  anciens 
à  diverses  plantes  dont  le  feuillage  étoit  parsemé  de  poils; 
au  gremillet ,  myosotis  scorpioidcs,  par  Gérard;  au  draha  verna 
et  à  Varahis  thaliana ,  par  Thalius  ;  au  tlilaspi  perfoliatum  ,  par 
Camerarius  ;  au  pied  de-chat,  gnaphalium  dioicum  ,  par  Do- 
doëns;  à  divers  hieracium,  par  Matthiole,  Morison,  C.Bauhin, 
et  particulièrement  à  celui  qui  Fa  conservé  comme  nom  spé- 
cifique, hieracium  pilosel la,  en  François  la  piloselle  ou  oreille- 
de-souris.   (J.  ) 

PILOSELLE  A  FLEURS  BLEUES.  (Bot.)  Nom  vulgaire 
de  la  myosotide  annuelle.  (L.  D.) 

PJLOSELL-E  [Petite-.].  {Bol.)  La  drave  prinfanière  et  le 
gnaphale   dioïque  portent  vulgairement  ce  nom.  (  L.  D.) 

PILOSELLE  SILICULEUSE.  (Bot.)  C'est  le  thlaspi  ou 
tabouret  perfolié.  (  L.  D.) 

PILOSELLE  SILIQUEUSE.  (Bot.)  Nom  vulgaire  de  Fara- 
bette  rameuse.  (  L.  D.  ) 

PILOTE.  {Iclilhjol.)  Nom  spécifique  d'un  Centronote.  Voyez 
ce  mot.  (H.  C.  ) 

PILOTRICHUM,  Cappe-poil.  {Bol.)  Genre  de  plantes  de 
la  famille  des  mousses ,  établi  par  Palisot  -  Beauvois ,  qui 
ii'avoit  pas  d'abord  été  adopté  par  les  botanistes,  et  que 
Bridel  a  établi  et  caractérisé  ainsi  :  Péristome  double  :  l'ex- 
térieur à  seize  dents  droites  et  libres;  Fintérieur  à  seize  cils 
alternes,  avec  les  dents  du  péristome  externe-,  coiffe  conique 
ou  en  forme  de  mitre  et  velue,  ce  que  Beauvois  a  voulu 
exprimer  par  le  nom  de  pilotrichum. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  rapportées  par  les  bota- 
nistes d'abord  à  Yhypnum,  puis  au  genre  Neclcera,  et  quel- 
ques-uns au  Crjphœa  (voyez  Occultine)  de  Weber.  Beauvois 
en  indique  une  quinzaine;  mais  Bridel  n'en  compte  que 
neuf,  qu'il  divise  en  deux  sous-genres,  le  Pilotrichum  et  le 
Lepidopilum  :  dans  Fun  la  coiffe  est  velue  et  dans  le  second 
elle  est  recouverte  de  petites  écailles,  caractère  trop  fcible 


470  PIL 

pour  en  faire  un  genre  distinct,  comme  Bridel  éfoit  porté 
à  l'établir.  Les  espèces  sont  étrangères  à  l'Europe  :  elles  rap- 
pellent les  neckera  par  leur  port  et  leurs  habitudes  :  elles 
vivent  principalement  sur  les  écorces  des  arbres;  leurs  fleurs 
sont  latérales;  leurs  feuilles  offrent  deux  nervures,  carac- 
tère qui  ne  se  trouve  point  dans  le  crjphœa,  avec  lequel  ces 
espèces  ont  beaucoup  d'affinités.  Dans  le  crjpliœa  les  feuilles 
s^nt  à  demi  nerveuses. 

§.   1."  Coiffe  velue,  —  Pilotrichiim. 

P.  A  DEUX  .CÔTES  :  P.  hiductulosum ,  Beauv. ,  Mth. ,  page  82; 
Brid.,  Musc.,  Suppl.,  t,  4,  page  141  ;  Nectera ^  Schwaegr.  Tige 
rameuse,  droite;  rameaux  ailés  irrégulièrement;  feuilles 
ovales- lancéolées,  très-acuminées,  dentelées  sur  les  bords, 
marquées  de  deux  nervures,  qui  s'évanouissent  vers  la 
pointe;  capsule  ovale,  penchée,  par  suite  de  ce  que  le  pé- 
dicelle  est  arqué.  On  ne  connoît  point  la  patrie  de  cette  es- 
pèce. 

P.  fougère:  p.  Jilicinum ,  Beauv.,  L  c.  ;  Neclcera  fiUcina  y 
Hedw. ,  Musc.  Frond.,  3,  tab.  18.  Tige  rampante,  divisée,  à 
divisions  droites,  rameuses  et  ailées;  rameaux  rapprochés, 
cylindriques  et  un  peu  comprimés;  feuilles  imbriquées, 
ovales,  pointues,  concaves,  étalées;  capsules  ovales,  recou- 
vertes par  les  feuilles  du  périchèze,  très -longues  et  poin- 
tues; opercule  conique.  Cette  mousse  se  rencontre  sur  les 
troncs  d'arbres ,  dans  les  hautes  montagnes  de  la  Jamaïque  , 
près  Colospring,  de  Saint-Domingue  et  de  lile  de  Bourbon. 

§.  2.  Coiffe  couverte  d'écaillés,  -r-  Lepidopilum. 

P.  A  PÉDiCELTE  CHAGRINÉ  :  P.  scalrisetum ,  Brid.,  Musc,  4, 
page  141  ;  ISeclcera  scabriseta ,  Schwaegrich. ,  Suppl. ,  1,  part. 
2,  page  i53,  pi.  82.  Tige  rampante,  à  rameaux  presque 
simples  et  droits;  feuilles  distiques,  ovales -lancéolées,  con- 
caves, dentelées,  à  deux  nervures;  pédicelles  très-rudes; 
capsule  cylindrique  un  peu  penchée.  Cette  espèce  a  été  dé- 
couverte à  la  Guiane  sur  les  arbres  par  feu  M.  Richard. 

M.  Beauvois  rapportoit  à  ce  genre  :  1.°  le  fontinalis  pen- 
nala^  Linn. ,  ou  neclcera  pennata,  Hedw.  ;  2°l''hj^pnum  Smithii, 


PIM  47i 

Hed^v. ,  ou  lasia  Smilliii ,  Brid.  ;  3.°  le  neckera  pumiîa,  Brid., 
et  le  sphagnum  arboreuni.  Mais  toutes  ces  mousses,  qui  crois- 
sent en  Europe,  ne  peuvent  être  considérées  comme  des 
pilotrichum  ,  d'après  les  caractères  génériques  exposés  plus 
haut  :  ainsi  ce  genre  ne  contient  que  des  espèces  étrangères. 
(Lem.) 

PILULAIRE.  (Entom.)  Nom  donné  par  Geoffroy  à  cer- 
taines espèces  de  scarabées,  qui  déposent  leurs  œufs  dans 
des  houles  de  bouse  de  vache  ou  de  matières  stercorales 
d'autres  mammifères,  qu'ils  roulent  et  transportent  à  certaines 
distances,  pour  les  enterrer  dans  des  cavités  naturelles  de  la 
terre  ou  dans  de  petites  fosses  qu'ils  ont  creusées  d'avance 
dans  le  sable  ou  dans  le  terrain  adjacent.  Tels  sont  les  géo- 
trupes  ou  les  bousiers,  et  surtout  quelques  espèces  d'ateuches 
et  d'onites.  (C.  D.) 

PILULAIRE,  Pilularia.  (Bot.)  Genre  de  plantes  crypto- 
games, de  la  famille  des  rhizospermes  ,  voisin  du  marsilea^ 
Linn.,  et  qui,  comme  lui,  avoit  été  placé  provisoirement 
avec  les  fougères  par  M.  de  Jussieu.  Ce  genre  est  caractérisé 
par  la  fructification,  qui  consiste  en  de  petits involucressphé- 
riques,  de  la  grosseur  d'un  petit  pois  quadrivalve,  divisés  in- 
térieurement en  quatre  loges;  les  deux  loges  supérieures 
renfermant  chacune  douze  à  vingt  corpuscules,  considérés 
comme  des  ovaires  par  Adanson  ,  et  les  deux  loges  inférieures 
contenant  environ  trente-deux  autres  corpuscules,  qui  sont 
des  étamincs  pour  Adanson.  Linnasus  considère  ces  involucres 
comme  des  fleurs  femelles  polyspermes.  Les  séminulcs  sont 
tuniquées. 

Linnaeus  admet  que  la  poussière  qu'on  remarque  à  la  sur- 
face des  feuilles  ,  remplit  les  fonctions  de  poussière  fécon- 
dante ;  mais  les  botanistes  ne  sont  point  de  cet  avis. 

La  PiLijLAiRE  A  GLOBULES  :  PU.  glohiiUfera  ,  Linn. ,  Flor.  Dan. , 
tab.  223;Lamk.,  I//.,pl.  862;  Bull.,Herb.,  pi.  576  ;  Schkuhr , 
CrjpL,  pi.  173  ;  Vaill.,  Par.,  pi.  i5,  fig.  6;  DilL ,  Musc, 
pi.  79  ,  fig.  1  ;  Juss. ,  Mém.  de  l'Acad.  de  Par. ,  1759,  page  240 , 
pi.  1 1  ;  Pétiver ,  Herb. ,  pL  9 ,  lig.  8  ;  Pluk. ,  Alm. ,  pi.  48  ,  fig. 
1  ;  Moris. ,  Hist.,  3,  sect.  i5,  pi.  7 ,  fig.  49-  Cette  espèce,  la 
seule  du  genre,  est  une  herbe  fine,  que  l'on  prendroit  pour 
un  gazon  naissant.  Sa  tige  est  grêle,  rampante,  de  deux  h 


hr^  PIL 

trois  pouces  de  longueur,  fixée  à  la  terre  par  des  fibres  ei 
des  radicules  qtii  y  tiennent  fortement  et  qui  forment  des 
touffes  de  distance  en  distance,  d'où  partent  des  feuilles 
très-lines,  cylindriques,  longues  de  deux  à  quatre  pouces, 
géminées  ou  trigéminées.  Près  de  leur  base  et  sur  la  tige 
naissent  les  involucres.  Ceux-ci  sont  presque  sessiles,  coriaces, 
velus,  d'un  brun  rougeâtre.  Leur  forme  et  leur  couleur  les 
A  fait  comparer  à  des  grains  de  poivre  par  Pétiver,  Rai, 
Morison ,  et  à  des  petites  pilules  par  Vaillant,  Dillen  ,  Jus- 
sieu  ,  d'oij  le  nom  de  Pilularia  a  été  donné  au  genre. 

La  pilulaire  cà  globules  croît  sur  la  terre  dans  les  lieux 
marécageux  et  sujets  à  être  inondés.  Elle  forme  des  gazons 
frais  d"un  vert  gai.  Elle  se  rencontre  communément  en 
Suède,  en  Danemarck  ,  en  Angleterre,  dans  diverses  parties 
de  l'Allemagne,  en  France.  Elle  n'exisle  point  dans  les  par- 
ties les  plus  méridionales  de  l'Europe.  (Lem.) 

PILULARIÉES.  (BoL)  Voyez  Rhizospermes.   (Lem.) 

PILULE,  (Entom.)  Nom  spécifique  d'une  espèce  de  coléop- 
fères  pentamérés  ,  de  la  famille  des  hélocères  ,  du  genre  Birrhe 
de  Linnseus  ,  Birrhus  pilula.  C'est  la  cistèle  satinée  de  Geof- 
froy ,  tome  1  ,  page  116,  pi.   1  ,  fig.  8.  (  C.  D,  ) 

PILUMDUVVA.  (Ornith.)  Lachesnaye- des -Bois  dit,  dans 
^son  Dictionnaire  universel  des  animaux,  que  ce  nom  a  été 
donné  au  grand  ispida  des  Indes,  parce  qu'il  prend  les  pois- 
sons, et  il  commet  deux  fautes  dans  ce  seul  article,  où  il 
renvoie  au  n,"  80  du  Fauna  suecica  de  Linné,  i."'  édition, 
lequel  est  consacré  aux  guêpiers,  merops ,  qui  ne  sont  pas 
ichthyophages,  et  qui  étoient  alors  désignés  par  ce  natura- 
liste sous  le  nom  à'ispida.,  devenu  ensuite  la  dénomination 
spécifique  de  l'alcyon   commun,  alcedo  ispida.  (Ch.  D.) 

PILUMNE,  Pilumnus.  {Crust.)  M.  Leaeh  a  créé  sous  ce 
nom  un  genre  de  crustacés  décapodes  macroures,  qui  ren- 
ferme plusieurs  espèces  de  Cancer  de  Linné  et  de  Fabricius. 
Voyez  à  l'article  Malacostracés  ,  tome  XXVIII,  page  233. 
(Desm.) 

PILWENCKGEN.  {Ornith.)  Voyez  Pilente.  (Ch.  D.) 

PIMALOÏ.  (Ornith.)  Fernandez  parle,  au  chap.  224,  de 
cet  oiseau,  sous  le  nom  de  pitzmalotl,  qui  a  été  abrégé  par 
Buffon  •  et,  malgré  la  largeur  de  son  bec,  d'autres  circQus-. 


PIM  473 

lances  font  penser  qu'il  appartient  à  la  famille  des  êtour- 
neaux.  (Cii.  D.) 

PIMART.  {Ornith.)  Ce  nom  est  rapporté,  par  les  uns 
au  loriot ,  en  lui  donnant  l'épithète  jaune ,  et  par  d'autres 
au  pic  noir,  comme  dérivé  de  picus  martius ,  ainsi  que  pic- 
mart  et  pieumart.  (  Ch.  D.) 

PIMBERAH.  (Erpét.)  Séba  a  parlé  sous  ce  nom  d'un  énorme 
serpent  de  Ceilan  ,  qui  semble  être  une  espèce  de  Boa  ,  et 
qui  dévore  souvent  des  daims  et  des  chevreuils.  {H.  C.) 

PIMELA.  (Bot.)  Loureiro  a  fait  sous  ce  nom  un  genre, 
qui  paroît  devoir  être  réuni  au  canarium  de  Linnaeus  et  qui 
renferme  plusieurs  canarium  de  Rumph  ,  ainsi  que  le  nana- 
rium  du  même.  Il  a  les  mêmes  caractères  et  diffère  seule- 
ment par  un  calice  à  cinq  divisions  au  lieu  de  deux  ou  trois ^ 
six  étamines  au  lieu  de  cinq ,  et  un  stigmate  divisé  plus  pro- 
fondément. Ce  genre  peut  aussi  avoir  de  l'aflinité  avec  le 
lursera  -.  ce  qu'il  faudroit  vérifier  sur  les  plantes  vivantes. 
Voyez  Canari.  (J.  ) 

PIMELEA.  {Bot.)  Uolin,  Encycl.  Genre  de  plantes  dico- 
tylédones, à  fleurs  incomplètes,  de  la  famille  des  thymélées, 
de  la  diandrie  monogjnie  de  Linnaeus,  offrant  pour  caractère 
essentiel  :  \Jn  calice  (une  corolle)  tubulé,  persistant,  à  qua- 
tre divisions  à  son  limbe;  point  de  corolle;  deux  étamines 
insérées  à  l'orifice  du  calice,  opposées  à  ses  divisions;  un 
ovaire  enveloppé  par  le  calice  à  sa  partie  inférieure;  un  style 
latéral  ;  un  stigmate  presque  en  tête  ;  une  noix  à  écorce  mince , 
coriace;  une  seule  semence. 

Ce  genre  est  très-voisin  des  passerina;  il  n'en  diffère  essen- 
tiellement que  par  deux  étamines  au  lieu  de  huit.  Son  fruit 
consiste  en  une  seule  semence,  revêtue  d'une  écorce  mince, 
coriace.  Les  modernes  lui  donnent  le  nom  de  raoï'.r .-  le  calice 
qui  l'enveloppe  en  partie,  semble  converti  en  péricarpe,  et 
donner  à  ce  fruit  une  forme  capsulaire  ;  quelques  espèces  de 
passerina  à  deux  étamines  doivent  être  rapportées  à  ce  genre, 
qui  d'ailleurs  a  acquis  une  nouvelle  consistance  par  plusieurs 
belles  espèces  nouvelles,  rapportées  de  la  Nouvelle-Hollande 
par  M.  De  Labillardière  ,  et  qu'il  a  fait  connoitre.  Toutes  ces 
espèces,  d'après  l'observation  de  ce  savant  voyageur ,  ont 
leur  tige  et  leurs  rameaux  revêtus  d'une  écorce  tenace,  iila'. 


474  PIM 

menteuse,  propre  à  fabriquer  des  cordes,  et  employée  sou- 

vciit  à  cet  usage  par  les  habitans  de  plusieurs  contrées  de  la 

Nouvelle-Hollande. 

PiiViELEA  A  FEUILLES  DE  i.iN  :  Pimeka  UnifoHa ,  Smith  ,  Now. 
HolL,  1  ,  pag.  3i  ,  tab.  ii  ;  Botan.  Magaz.,  tab.  891.  Arbris- 
seau dont  les  rameaux  sont  glabres,  filiformes,  chargés  d'as- 
pérités, garnis  de  feuilles  sessiles,  linéaires,  lancéolées,  gla- 
bres, entières,  longues  d'environ  cinq  a  six  lignes;  les  fleurs 
sont  réunies  en  tête  à  l'extréuiité  des  rameaux,  portées  sur 
un  pédoncule  commun,  long  de  trois  à  quatre  lignes,  épaisses 
au  sommet;  l'involucre  a  quatre  folioles  ovales,  oblongues; 
chaque  fleur  est  sessile,  soyeuse,  plus  longue  que  Tinvolucre. 
Cette  plante  croit  à  la  Nouvelle-Hollande. 

PxMELEA  A  FELiLLES  DE  troh:ne  ;  PimeLeu  ligustrina,  Labill.  , 
Nov.  HolL,  1,  pag.  9,  tab.  3.  Cet  arbrisseau  s'élève  à  la 
hauteur  de  cinq  à  six  pieds  sur  une  tige  glabre ,  cyliaidrique, 
divisée  en  rameaux  alternes,  quelquefois  dichotomes  à  leur 
somoiet.  Les  feuilles  sont  sessiles,  opposées,  glabres,  ovales- 
lancéolées,  longues  de  deux  pouces.  Les  fleurs  sont  réunies 
en  un  paquet  globuleux,  en  tête,  pédicellées;  l'involucre 
a  quatre  folioles  ovales,  assez  grandes,  un  peu  pileuses  en 
dedans;  le  calice  estalongé,  tubulé,  renflé  à  sa  base,  velu  en 
dehors;  le  limbe  a  quatre  lobes  ovales,  oblongs;  les  deux  éta- 
mines  sont  saillantes  ;  l'ovaire  est  velu  vers  son  sommet.  Le 
fruit  est  une  noix  enveloppée  par  la  base  du  calice,  ovale, 
acuminée,  à  une  seule  loge  et  une  seule  semence.  Cette 
plante  croît  dans  la  Nouvelle-Hollande,  au  cap  Van-Diémen. 
PiMELEA  A  FEUILLES  sPATULÉEs  :  Pïmelca  spatulata ,  Labill.,  loc. 
cit.,  tab.  4;  Poir. ,  J//.  gen. ,  Suppl. ,  tab.  902,  fîg.  1 .  Arbuste 
rapproché  du  précédent,  dont  il  diffère  par  la  forme  de  ses 
feuilles,  par  sa  tête  de  fleurs  moins  serrée  et  point  globu- 
leuse. Sa  tige  est  droite,  haute  de  quatre  à  cinq  pieds;  les 
rameaux  sont  grêles,  alternes,  élancés:  les  supérieurs  dicho- 
tomes; les  feuilles  opposées,  sessiles,  oblongues  ,  presque  en 
spatule,  longues  d'environ  un  pouce,  larges  de  deux  lignes, 
glabres,  entières.  Les  fleurs  sont  terminales  ,  réunies  en  une 
tête  un  peu  étalée;  l'involucre  a  quatre,  quelquefois  huit 
folioles  ovales  -  oblongues  ;  les  pédoncules  sont  très-courts. 
Souvent  du  milieu  d'une   bifurcation  s'élève    un  pédoncule 


PIM  475 

long  d'environ  un  pouce  soutenant  plusieurs  fleurs.  Cette 
plante  croît  au  cap  Van-Diémen. 

PiMELEA  ROUILLÉ;  Pimelca  femiginca ,  Labill. ,  loc.  cit.,  tab.  5. 
Arbrisseau  d'un  port  élégant,  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  cinq 
à  six  pieds  sur  une  tige  glabre,  cylindrique,  munie  de  ra- 
meaux épars,  très-droits,  presque  simples.  Les  feuilles  sont 
petites,  sessiles,  opposées,  fermes,  ovales,  nombreuses,  gla- 
bres, entières,  vertes  en  dessus,  d'un  jaune  de  rouille  en 
dessous,  obtuses  au  sommet,  un  peu  rétrécies  à  leur  base. 
Les  fleurs  sont  réunies  en  petites  têtes  à  l'extrémité  des  ra- 
meaux, accompagnées  d'un  involucre  à  quatre  ou  huit  folioles 
ovales,  presque  orbiculaires,  glabres,  entourées  de  cils  roides 
et  caduques.  Cette  plante  croît  à  la  Nouvelle-Hollande,  au 
cap  Van-Diémen. 

PiMELEA  A  FEUILLES  BLANCHES  ;  Pimelca  n'ivca,  Labill. ,  loc.  cit., 
tab.  6.  Cette  espèce  diffère  de  la  précédente  par  son  port, 
par  le  duvet  blanc  qui  revêt  la  plupart  de  ses  parties.  Ses 
tiges  sont  dures,  ligneuses,  hautes  de  six  à  sept  pieds;  les 
rameaux  droits,  alternes;  les  supérieurs  dichotomes,  chargés 
vers  leur  sommet  d'un  duvet  blanc,  tomenteux.  Les  feuilles 
sont  sessiles,  nombreuses,  opposées,  roides,  ovales,  un  peu 
arrondies,  un  peu  roulées  à  leurs  bords,  d'un  vert  foncé  en 
dessus,  tomenteuses  et  d'un  blanc  de  neige  en  dessous,  ob- 
tuses à  leurs  deux  extrémités;  les  fleurs  sont  réunies  en  une 
petite  tête  terminale  ,  munies  d'un  involucre  à  deux  ou  quatre 
folioles  semblables  aux  feuilles.  Le  calice  est  un  tube  long, 
cylindrique;  les  quatre  lobes  du  limbe  sont  ovales,  oblongs, 
un  peu  aigus;  les  étamines  saillantes.  Cette  plante  croit  au 
cap  Van-Diémen. 

PiMELEA  DRUPACÉ  :  Pimeleu  drupacea,  Labill.,  loc.  cit.,  tab.  j  ; 
Poir.,  m.  gen.,  SuppL,  tab.  go2  ,  fig.  2.  Arbrisseau  dont  les 
tiges  sont  droites,  hautes  de  sept  à  huit  pieds  ;  les  rameaux 
opposés,  velus,  alongés,  très-simples;  les  feuilles  sessiles,  op- 
posées, ovales,  oblongues,  entières,  longues  de  deux  pouces, 
glabres,  parsemées  en  dessous  de  quelques  poils  rarto  et  cou- 
chés. Les  fleurs  sont  velues,  réunies  en  tête,  les  unes  ter- 
minales, d'autres  axillaires,  quelquefois  solitaires,  munies 
de  deux  ou  quatre  folioles;  le  tube  du  calice  est  renflé;  les 
lobes  du  limbe  sont  ovales,  obtus;  les  éîamines  non  saillantes. 


47*5  PIM 

Le  fruif  est  un  petit  drupe  en  forme  de  baie,  noirâtre,  pul- 
peux, à  une  seule  loge;  il  renferme  une  noix  luisante,  dans 
laquelle  est  contenue  une  semence  d'un  blanc  pâle.  Cette 
plante  croît  à  la  terre  Van-Diémen. 

PiMELEA  GNIDIEN  :  Pimelea  gnidia,  Willd.,  Spec;  Passerina 
gnidia,  Linn.,  Suppl.;  Banclcsia  gnidia,  Vorst.  ,  Gen.,  8.  Cet 
arbrisseau  a  des  tiges  droites,  divisées  en  branches  alternes 
et  en  rameaux  très-glabres,  garnis  de  feuilles  oblongues,  lan- 
céolées, médiocrement  pétiolées,  roides,  luisantes,  rétrécies 
a  leur  base,  glabres,  entières,  aiguës,  sans  nervures  sensi- 
bles; celles  qui  accompagnent  les  fleurs  sont  elliptiques.  Les 
fleurs  sont  sessiles ,  situées  à  l'extrémité  des  rameaux,  de 
moitié  plus  courtes  que  les  feuilles;  le  calice  velu  à  Texté- 
rieur.  Cette  plante  croît  dans  les  fentes  des  rochers ,  le  long 
des  rivages  de  la  mer,  et  sur  le  sommet  des  montagnes,  à 
la  Nouvelle-Zélande. 

Pimelea  a  baguettes;  Pimelea  virgata ,  Vahl ,  Enum.,  i ,  p.  3o6. 
Arbrisseau  dont  la  tige  se  divise  en  rameaux  grêles,  sôi.ples, 
élancés,  glabres  à  leur  partie  inférieure,  hérissés  d'aspérités 
et  de  cicatrices,  chargés  vers  leur  sommet  de  poils  touffus, 
un  peu  roides.  Les  feuilles  sont  à  peine  pétiolées,  nom- 
breuses, très- rapprochées,  principalement  vers  l'extrémité 
des  rameaux,  lancéolées,  entières,  aiguës,  parsemées,  sur- 
tout à  leur  face  inférieure  ,  de  longs  poils  blanchâtres.  Les 
fleurs  sont  réunies  en  tête  à  l'extrémité  des  rameaux,  velues 
en  dehors,  plus  courtes  que  les  feuilles.  Cette  plante  croît 
à  la  Nouvelle-Zélande. 

Pimelea  velu  :  Pimelea  pilosa ,  Willd.,  Spec,  i,  pag.  5o  ; 
Passerina  pilosa,  Linn.  ,  Suppl.,  226;  Bancksia  tomentosa  , 
l'orst.,  Gen.,  pag,  8.  Arbuste  chargé  de  rameaux  élancés, 
revêtus  d'une  écorce  purpurine,  couverts  d'aspérités  et  de 
cicatrices,  chargés  de  poils  blanchâtres  et  touffus,  glabres  à 
leur  partie  inférieure.  Les  feuilles  sont  médiocrement  pé- 
tiolées, étalées,  longues  d'environ  six  lignes,  tendres,  lan- 
céolées, entières,  glabres,  parsemées  en  dessous  de  poils 
longs,  rares  et  couchées.  Les  fleurs  sont  sessiles,  solitaires, 
situées  dans  l'aisselle  des  feuilles,  à  l'extrémité  des  rameaux, 
rapprochées  au  nombre  de  quatre  ou  cinq  ;  les  lobes  du 
ealice  obtus.  Cette  plante  croit  à  la  Nouvelle-Zélande. 


PIM  477 

PiMELEA  A  FLEURS  ARQUEES  :  PimeUa  curvijlorq,  Rob.  Brown; 
Noi'.  HolL,  36 1  ;  Rudg.,  Trans.soc.  linn. ,  lo,  p.  283  ,  tab.  i3  , 
Jfig.  1.  Arbrisseau  grêle,  très-rameux  et  diffus;  les  rameaux 
cylindriques,  étalés,  chargés  de  poils  toulTus.  Les  feuilles  sont 
éparses,  alternes,  presque  sessiles,  ovales,  très- entières,  gla- 
bres en  dessus,  velues  en  dessous,  longues  de  trois  ou  quatre 
lignes.  Les  fleurs  sont  réunies  en  petites  têtes  dans  les  aisselles 
de  presque  toutes  les  feuilles,  médiocrement  pédonculées, 
contenant  six  ou  huit  fleurs;  le  tube  du  calice  est  velu,  un 
peu  courbé  vers  sa  base,  blanchâtre;  les  lobes  du  limbe  sont 
ovales,  alongés,  obtus;  les  filamens  non  saillans;  les  anthères 
en  cœur;  l'ovaire  est  glabre  ,  alongé  ;  le  style  courbé,  plus 
court  que  le  tube;  le  stigmate  en  tête.  Cette  plante  croit  à  la 
Nouvelle-Hollande,  (Poir.) 

PIMÉLEPTÈRE,  Pimelepterus.  {Ichlhf oL)  M.  de  Lacépède 
a  créé  sous  ce  nom  un  genre  de  poissons  acanthoptérygiens  , 
très- voisin  de  celui  desKyphoscs,  qui  paroît  appartenir, 
comme  lui,  à  la  famille  des  leptosomes  de  M.  Duméril,  et 
que  M.  Cuvier  range  dans  la  deuxième  tribu  des  squami- 
pennes. 

On  reconnoît  les  poissons  de  ce  genre  à  leur  corps  ovale, 
comprimé;  à  leurs  dents  tranchantes,  obtuses ,  serrées ,  disposée:: 
sur  un  seul  rang,  dont  la  base  fait  une  saillie  du  côté  de  la  bouche, 
et  que  des  lèvres  membraneuses  peuvent  recouvrir  ;  à  leurs  na- 
geoires verticales  revêtues  d'écaillés  dans  leur  partie  molle;  à  leur 
membrane  branchiostège  soutenue  seulement  de  quatre  rayons ,  et, 
de  même  que  les  nageoires  pectorales  ,  garnie  également  d'écaillés; 
à  leurs  catopes  abdominaux. 

On  ne  connoit  encore  qu'une  espèce  de  piméleplère  5 
c'est  : 

Le  Piméleptère  bosquien  ;  Pimelepterus  Bosquii.  Lacép.  Na- 
geoire caudale  fourchue,  et,  comme  la  dorsale  et  l'anale, 
en  grande  partie  adipeuse  et  écailleuse  ;  tête  petite;  langue 
ovale;  écailles  arrondies,  larges,  argentines,  brunes  sur  les 
côtés;  un  grand  nombre  de  raies  longitudinales  brunes. 

La  taille  ordinaire  de  ce  poisson  est  d'environ  sept  pouces. 
II  habite  l'Amérique  septentrionale  et  nage  à  la  suite  des 
vaisseaux  qui  traversent  l'Océan  atlantique  boréal,  où  il  a 
été  vu  et  dessiné  par  M.  Bosc,  qui  l'avoit  d'abord   regardé 


A78  PiM 

comme  un  gasférostée  ,  voisin  du  centronote  pilote.  Les  An- 
glois  le  dédaignent  ;  mais  les  François  recherchent  sa  chair. 
(H.  C.) 

PIMÉLIATRES.  {Entom.)  M.  Latreille  a  formé  sous  ce  nom 
une  tribu  d'insectes  coléoptères  hétéromérés ,  dont  le  genre 
Pimélie  est  le  type,  et  qui  correspond  à  la  famille  des  Photo- 
phyges  de  M.  Duméril.  (Desm.) 

PIMELIE,  Pimdia.  (Entom.)  Genre  d'insectes  coléoptères 
a  cinq  articles  aux  tarses  de  devant,  quatre  à  ceux  de  der- 
rière; à  élytres  durs,  soudés,  embrassant  Pabdomen  ;  sans 
ailes  membraneuses,  et  par  conséquent  de  la  famille  des  pho- 
tophyges  ou  lucifuges,  caractérisés  en  outre  par  leur  corps 
ovale,  bossu,  étroit  en  devant  f  par  leur  corselet  arrondi, 
rebordé,  et  par  leurs  pattes  antérieures  dentelées. 

Ce  genre,  établi  sous  ce  nom  par  Fabricius,  semble  avoir 
été  emprunté  de  leur  conformation,  qui  offre  beaucoup  plus 
d'étendue  respectivement  en  largeur  et  en  épaisseur,  que 
sur  le  sens  delà  longueur,  et  surtout  de  leur  démarche,  qui 
est  lente  et  comme  rendue  difficile  à  cause  de  la  grosseur 
de  leur  corps;  le  mot  TrtfXiXng  signifiant  gras,  qui  a  trop 
d'embonpoint. 

Il  est  facile  de  distinguer  les  espèces  de  ce  genre  d'avec 
celles  de  la  même  famille,  par  la  considération  do  la  forme 
générale  du  corps,  du  corselet,  des  élytres  et  des  pattes, 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  consultant  l'article  des  photo- 
phyges  et  le  tableau  synoptique  que  nous  y  avons  inséré. 

On  ne  connoit  pas  les  mœurs  de  ces  insectes,  on  n'a  pas 
observé  leurs  larves.  La  plupart  des  espèces  ont  été  recueillies 
dans  les  pays  chauds  ou  dans  les  parties  méridionales  de 
l'Europe.  Très-peu  d'espèces  ont  été  indiquées  comme  trou- 
vées en  France.  Nous  avons  fait  figurer  la  seule  qu'ait  dé- 
crite Geoffroy  comme  observée  en  Languedoc  par  l'abbé  de 
Sauvages,  c'est 

1.°  La  PiMÉi.iE  MURTQUÉE,  Pimelia  miiricata. 

Voyez  dans  l'atlas  de  ce  Dictionnaire,  planche  14,  n.°  2,- 

C'est  le  ténébrion  cannelé  de  Geoffroy,  tome  1  ,  pag.  352, 

Car.  Noire,  élytres  à  trois  côtes  longitudinales  et  à  canne- 
lures parsemées  de  points  élevés,  comme  chagrinés, 

2."  Pimélie  lissée,  Pimelia  Iteyigata, 


PIM  479 

Car.  Noire ,  à  élytres  très-lisses ,  alongés ,  d'une  même  cou- 
leur. 

Fabricius  décrit  cette  espèce  comme  se  trouvant  en  Hon- 
grie ;  toutes  les  autres  espèces  décrites  par  le  même  auteur, 
au  nombre    de  trente,  sont  étrangères  à  l'Europe.  (C.   D.) 

PIMELITE.  {Min.)  Il  est  assez  dillicilede  trouver  des  motifs 
de  quelque  valeur,  pour  admettre  comme  espèce  le  minéral 
auquel  on  a  donné,  avec  trop  d'empressement  peut-être, 
le  nom  de  pimelite  ;  car  doit-  on  regarder  comme  espèce  un 
minéral  en  masse  ,  sans  structure  ni  texture  qui  indique 
vne  combinaison  réelle  des  parties,  même  presque  toujours 
hétérogène,  qui  paroît  être  un  mélange  de  serpentine  avec 
plus  ou  moins  de  silice,  de  talc  et  d'eau,  et  dans  lequel 
le  nickel  oxidé,  en  quantité  peu  abondante  et  variable,  est 
partie  colorante  P 

Telle  est  cependant  le  pimelite;  c'est  Karsten  qui,  le  pre- 
mier, a  introduit  cette  espèce,  en  la  plaçant  parmi  les  pierres 
siliceuses  aquifères,  et  dans  le  passage  de  ces  espèces  à  celles 
qui  renferment  en  outre  de  l'alumine.  11  en  distingue  même 
deux  variétés  :  l'une  terreuse  ou  friable ,  et  l'autre  solide  ou 
endurcie. 

Klaproth  est  le  premier  et  le  seul  qui  en  ait  donné  l'ana- 
lyse, et  cette  analyse,  que  nous  allons  rapporter  plus  bas, 
indique  une  quantité  de  nickel  assez  considérable  pour  avoir 
fait  soupçonner  à  M.  Berzelius,  dans  son  premier  système  de 
minéralogie,  que  le  pimelite  pouvoit  bien  être  un  silicate  de 
nickel  avec  de  l'eau.  Dans  son  ouvrage  sur  l'emploi  du 
chalumeau  ,  il  le  considère  comme  un  talc,  c'est-à-dire 
comme  une  pierre  magnésienne  renfermant  du  nickel.  Il 
confirme  cette  opinion  dans  son  système  de  1825,  en  plaçant 
le  pimelite  parmi  les  talcs ,  mais  sans  le  caractériser  par 
aucune  composition  définie. 

M.  Beudant ,  adoptant  l'analyse  de  Klaproth  et  la  compo- 
sition définie  qu'en  avoit  conclu  M.  Berzelius  en  1821 ,  regarde 
le  pimelite  comme  une  espèce;  M.  Philipps  le  considère  de 
même.  Ainsi ,  parmi  les  minéralogistes ,  les  uns  placent  le 
pimelite  parmi  les  silicates  de  nickel  aquifères;  les  autres 
parmi  les  talcs  et  serpentines  nickélifères.  Il  faudroit,  non  pa^ 
seulement  pour  se  décider,  mais  pour  établir  la  discussion  d& 


48o  PIM 

cette  question  sur  des  bases  solides,  avoir  d'autres  analyste 
que  celles  de  Klaproth,  et  savoir  si  les  substances  qu'il  a  trou- 
vées dans  ce  minéral  d'apparence  si  hétérogène,  s'y  présen- 
teront deux  fois  les  mêmes  dans  les  mêmes  proportions. 

Le  pimelite,  tel  que  Ta  décrit  Karsten ,  a  l'aspect  terne,  la 
texture  terreuse,  plus  ou  moins  compacte,  une  couleur  vert- 
pomme  ou  vert-poireau,  d'une  intensité  très -inégale;  il  est 
tendre,  onctueux  au  toucher  (de  là  son  nom). 

Exposé  au  feu  dans  le  matras,  il  noircit  et  dégage  une  eau 
qui  sent  le  pétrole.  M.  Berzelius  attribue  la  couleur  qu'il 
prend,  à  la  présence  d'un  peu  de  charbon,  et  l'odeur  empy- 
reumalique  ou  bitumineuse ,  à  celle  de  la  magnésie.  Il  est  in- 
fuslble,  mais  il  se  scorifie  dans  les  parties  minces  et  devient 
gris  sombre. 

Il  se  dissout  dans  le  borax  en  manifestant  la  présence  du 
nickel.  La  soude  y  démontre  également  la  présence  de  ce 
métal. 

Composition. 

Silice.         IVickel.        Eau.  Magnésie.  Alumine. 

55.  i5,62.     07,91.         1,25.  5.10.     Klaproth. 

Le  pimelite  se  trouve  en  petits  nids  ou  rognons  ,  dans  la 
serpentine  qui  renferme  le  silex  chrysoprase  à  Kosemitz  et 
à  Baumgarten  en  Silésie;  il  est  quelquefois  traversé  de  veines 
noirâtres,  formées  de  cristaux  aciculalres  d'amphibole?  On 
le  considère,  et  peut-être  avec  raison ,  comme  une  chry- 
soprase altérée,  pénétrant  la  roche  de  serpentine  qui  enve- 
loppe ce  silex. 

«  Le  docteur  Macknight  a  observé  dans  le  trapp  secondaire 
«  de  Tento  ,  en  Lanarkshire,  une  terre  qu'il  croit  analogue 
«  au  pimelite.  ^>  Léman,  Die  t.  d''hist.  nat.  (B.) 

PIMÉLODE,  Pimelodus.  (Ichth^^'ol.)  On  donne  aujourd'hui 
ce  nom  à  un  genre  de  poissonrs  osseux  holobranches,  abdo- 
minaux, de  la  famille  des  oplophores,  et  reconnoissable  aux 
caractères  suivans  : 

Opercules  des  branchies  mobiles;  louche  au  hout  du  museau  et 
garnie  de  barbillons;  dents  en  velours  aux  deux  mâchoires;  les 
ititermaxillaires  sur  un  seul  rang;  deux  nageoires  dorsales,  la  se- 


PIM  48i 

conde  adipeuse;  corps  conique,  sans  cuirasse  et  couvert  seulement 
d'une  peau  nue  sur  les  flancs. 

On  isolera  sans  peine  les  Pimélodes  des  Asprèdes,  qui  ont 
les  opercules  immobiles  ;  des  Loricaires  et  des  Hypostomes  , 
qui  ont  la  bouche  sous  le  museau;  des  Silures,  des  Schilbés, 
des  Mackoptéronotes  et  des  Malaptérures,  qui  n'ont  qu'une 
nageoire  dorsale;  des  Cataphractes,  des  Pogonathes,  des 
Plotoses,  des  Tachysures  ,  des  Macroramphoses,  des  Cory- 
DORAs,  des  Centranodons  ,  dont  la  seconde  nageoire  dorsale 
n'est  point  adipeuse;  des  Doras  et  des  Hétérobranches  ,  qui 
ont  le  corps  cuirassé;  des  Bagres,  dont  les  dents  intermaxil- 
laires sont  disposées  sur  deux  rangs;  des  Schals,  qui  ont  celles 
de  la  mâchoire  inférieure  crochues  et  rassemblées  en  un  pa- 
quet ;  enfin,  des  Agénéioses,  dont  la  bouche  est  dépourvue 
de  barbillons.  (Voyez  ces  diflerens  noms  de  genres  et  Oplo- 

PqORES.) 

Parmi  les  espèces  de  ce  genre  nous  citerons  : 
Le  PiMÉLODE  NŒUD  :  Pimelodus  nodosus,  Lacép.;  Silurus  nO' 
dosus,  Bloch  ,  568,  fig.  2.  Une  plaque  sillonnée,  distincte 
et  bien  marquée  sur  la  nuque;  nageoire  de  la  queue  four- 
chue; bouche  à  six  barbillons;  un  nœud  ou  une  tubérosité 
à  la  racine  du  premier  rayon  de  la  première  dorsale. 

Ce  poisson  vit  dans  les  eaux  de  Tranquebar  ;  sa  ligne 
latérale  est  ondulée  ;  son  dos  et  sa  nageoire  anale  sont 
bleus  ;  ses  autres  nageoires  brunes;  ses  côtés  et  son  ventre 
argentés. 

Le  PiMÉLODE  CASQUÉ  :  Pimclodus  galeatus ,  Lacép.  ;  Silurus 
galeatus,  Bloch ,  069,  fig.  1.  Nageoire  caudale  arrondie;  tête 
couverte  d'une  plaque  osseuse,  ciselée  et  découpée;  six  bar- 
billons; dents  petites  et  semblables  à  celles  d'une  lime;  pa- 
lais rude;  langue  lisse;  premier  rayon  de  chaque  nageoire 
pectorale  dentelé  sur  les  deux  bords  ;  ligne  latérale  ondulée; 
dos  bleuâtre;  ventre  gris;  nageoires  d'un  brun  foncé. 

De  PAmérique  méridionale. 

Le  PiMKLODE  CHAT  :  Pimelodus  felis  ,  Lacép.  ;  Silurus  felis  , 
Linn.  Six  barbillons;  dos  bleu;  ventre  argenté;  base  des  na- 
geoires rougeâtre. 

Ce  poisson  vient  des  grandes  rivières  du  Brésil  et  des  eaux 
douces  de  la  Guiane  françoise.  A  Cayenne,  en  particulier; 
40.  5i 


/482  PIM 

on   le  nomme  machoiraii   blanc,   passani  ou  petite  gueule.  Sa 
chair  est  ordinairement  d'une  saveur  peu  agréable. 

Le  PiMÉLODE  scHEiLAN  :  Piiuelodus  clarius  ;  Silurus  clarias , 
Bloch.Six  barbillons,  dont  les  deux  des  commissures  sont  d'une 
étendue  égale  à  peu  près  à  la  longueur  totale  de  l'animal; 
mâchoire  suj)érieure  plus  avancée  ;  yeux  grands  et  ovales  ; 
une  plaque  distincte  et  bien  marquée  sur  la  nuque;  ligne 
latérale  courbée  vers  le  bas;  le  premier  rayon  des  catopes, 
de  la  première  nageoire  dorsale  et  des  deux  nageoires  pecto- 
rales, osseux,  très-fort  et  denticulé;  nageoire  anale  falciforme. 
La  teinte  générale  de  ce  piniélode,  dont  le  ventre  est 
blanchâtre,  est  le  gris  noir.  On  le  pèche  dans  les  eaux  douces 
du  Brésil,  et,  dit-on,  aussi  dans  celles  du  Nil.  Mais  celte 
dernière  indication  de  localité  est  le  résultat  d'une  erreur 
commise  par  plusieurs  ichthyologistes  ,  qui  ont  confondu  le 
poisson,  dont  nous  parlons  avec  le  silurus  clarias  d'Hasscl- 
quist,  qui  est  le  silurus  scluil  de  Schneider  et  de  Sonnini  ,  et 
le  pimélode  scheilan  de  M.  Geoffroy  Saint- Hilaire  (Égypt.  , 
pi.  i3,  fig.  5  et  4).  Ce  dernier  est  un  Schal  ou  Synodonte. 
(Voyez  ces  mots.) 

Le  PiMELODE  ^KGENTÉ  :  Piinclodus  argeutêus,  Lacépède:  Si- 
lurus Herlzhergii  ,  Bloch  ,  3Gj.  Six  barbillons;  bouche  petite; 
mâchoires  égales;  ligne  latérale  presque  droite;  plaque  de 
la  nuque  peu  apparente. 

Ce  poisson,  qui  brille  de  Péclat  de  Targent ,  a  seulement, 
le  dos  brunâtre  et  les  nageoires  variées  de  jaune.  Les  eaux 
de  Surinam  le  nourrissent. 

Le  Pimélode  quatre -taches  :  Pimelodus  quadrimaculalus  ; 
Silurus  quadrimaculatus,  Eloch  ,  568,  fig.  2.  Plaque  de  la  nu- 
que peu  marquée;  six  barbillons;  nageoire  adipeuse  très- 
loiiffue;  quatre  taches  grandes,  arrondies,  rangées  longitu- 
dinalem^nt  de  chaque  coté  du  poisson,  dont  le  dos  est  d'un 
brun  nuancé  de  violet,  le  ventre  gris,  la  première  nageoire 
dorsale  jaune  à  la  base,  bleuâtre  à  l'extrémité;  mâchoires 
é'^ales  ;  un  seul  orifice  à  chaque  narine. 
11  vit  en  Amérique. 

Le  PiMÉLODË  MATOU  :  Piinelodus  catus,  Lacép.  ;  Silurus  catus, 
Linnseus.  Plaque  de  la  nuque  peu  marquée  ;  huit  barbillons; 
dos  d'une  couleur  obscure  et  noirâtre. 


PIM  483 

Ce  poisson,  qui  parvient  à  la  taille  de  vingt-deux  à  vingt- 
trois  pouces,  paroit  habiter  à. la  fois  l'Amérique  et  l'Asie. 

Le  PiMÉLODE  jioi'CHETÉ  :  Pimelodus  guttatus ,  Lacépède.  Huit 
barbillons;  nageoire  anale  courte  et  arrondie;  adipeuse 
longue;  première  nageoire  dorsale  sans  aiguillon  dentelé; 
niàclioire  supérieure  plus  avancée  ;  premier  rayon  de  chaque 
nageoire  pectorale  dentelé  du   côté  intérieur. 

M.  de  Lacépède  a  fait  connoître  ce  poisson  d'après  une 
collection  de  peintures  chinoises.  Tout  son  corps  est  parsemé 
de  petites  taches  noirâtres. 

Le  PiMÉLODE  RAYÉ  :  Pimelodus  vittatus  ;  Silurus  vittatus , 
Bloch,  56 1  ,  fig.  2.  Huit  barbillons  ;  plaque  de  la  nuque  peu 
prononcée;  niâclioires  d'égale  longueur;  deux,  orifices  à 
chaque  narine;  ligne  latérale  très-droite;  premier  rayon  de 
chaque  nageoire  pectorale  et  de  la  première  nageoire  du 
dos,  dentelé. 

Ce  poisson  ,  remarquable  par  le  châtain  de  sa  couleur  géné- 
rale et  la  teinte  cendrée  de  son  ventre,  habite  Tranquebar. 

Le  PiMÉLonE  Thcneerg  :  Pimelodus  Thunherg ,  Lacépède; 
Silurus  maculatus,  Thunb.  {Act.  SLockh.,  1792  ).  Plaque  de 
la  nuque  peu  marquée;  six  barbillons;  une  tache  noire  sur 
la  nageoire  adipeuse,    un  aiguillon  à  chaque  opercule. 

De  la  mer  des  Indes  orientales. 

Le  Pi.MÉLODE  ÉRYTHROPTÈRE  :  Pimelodus  crythropterus ,  Lacép.  ; 
Silurus  erythropterus  .  Bloch,  069,  fig.  2;  Silurus  clarias  ,  Gro- 
now  ,  Linnœus.  Huit  barbillons  ;  nageoire  adipeuse  longue  ; 
nageoire  caudale  à  deux  lobes  très-alongés  et  rouge  comme 
les  autres;  nageoire  adipeuse  très -longue;  barbillons  des 
coins  de  la  bouche  fort  prolongés;  langue  courte,  cartilagi- 
neuse et  lisse;  dos  et  c6(és  brunâtres;  ventre  gris. 

De  l'Aniériquc. 

On  doit  encore  ranger  dans  le  genre  Pimélode  ,  le  Pimelodus 
cyclopum ,  observé  par  M.  le  baron  de  Humboldt  dans  les 
eaux  thermales  des  volcans  en  activité  de  la  chaîne  des 
Cordillères;  le  Silurus  hemioliop  ter  us  de  Schneider,  et  le  Pime- 
lodus hisculatus  de  M.  Geoffroy,  ainsi  que  le  Tachysure  chinois 
de  M.  de  Lacépède.  (H.  C.)  , 

,    PIMÉLODE  BAGUE.   (Ichthjol.)    Voyez   Bagrê,    dans  le 
Supplément  du  tome  III   de  ce  Dictionnaire.  (H.  C. ) 


484  PIM 

PIMÉLODE  BAJAD  ou  BAYAD.  (Ichthjol.)  Voyez  Bavad 
dans  le  Supplément  du  tome  JV ,  page  62,  de  ce  Diction- 
naire. (H.  C.) 

PIMÉLODE  BARBU.  (IcMijol.)  Voyez  Bagre  dans  le  Sup- 
plément du  tome  III  de  ce  Dictionnaire.  (  H.  C.  ) 

PIMÉLODE  CHINOIS,  (/chf/ijo/.)  Voyez  Tachvsure.  (H.  C) 

PIMÉLODE  DE  COMMERSON.  (Ichthj^ol.)  Voyez  Bagre 
au  même  endroit.  (H.  C.) 

PIMÉLODE  DOCMAC.  (IchthjoL)  Voyez  Bayad,  au  lieu 
précité.  (H.  C.) 

PIMÉLODE  MEMBRANEUX.  {IchthjoL)  Voyez  Shal. 
(H.  C.) 

PIMÉLODE  SYNODONTE.  (Ichthjol.)  Voyez  Shal.  (H.  C.) 

PIMENT,  Capsicum.  {Bol.)  Genre  de  plantes  dicotylédones, 
à  fleurs  complètes,  monopétalées ,  de  la  famille  des  solanées , 
de  la  pentandrie  monogfnie,  offrant  pour  caractère  essentiel; 
Un  calice  persistant,  d'une  seule  pièce,  à  cinq  découpures; 
une  corolle  en  roue;  le  tube  très-court  ;  le  limbe  à  cinq  lobes  ; 
cinq  étamines  ;  les  anthères  oblongues .  s'ouvrant  dans  leur 
longueur;  un  ovaire  supérieur;  un  style;  un  stigmate  obtus; 
une  baie  sèche,  enflée,  soutenue  par  le  calice,  à  deux  ou 
trois  loges;  les  semences  nombreuses. 

Ce  genre,  intéressant  par  l'usage  que  Ton  fait  des  fruits 
de  la  plupart  de  ses  espèces,  toutes  originaires  des  Indes,  est 
tellement  naturel,  que  la  réforme  la  plus  subtile  n'a  pu  en- 
core le  démembrer  :  il  en  résulte  aussi  que  ces  mêmes  espèces 
sont  tellement  rapprochées,  qu'il  est,  pour  la  plupart,  diffi- 
cile de  les  bien  caractériser.  La  forme  des  feuilles,  même 
celle  des  fruits,  est  souvent  A^ariable.  Ces  plantes  sont  herba- 
cées, bien  plus  souvent  ligneuses;  les  feuilles  entières,  éparses 
ou  géminées;  les  pédoncules  uniflorcs,  hors  de  l'aisselle  des 
feuilles,  solitaires  ou  quelquefois  fascicules;  les  fruits  vésicu- 
leux,  d'un  beau  rouge  de  corail,  d'une  saveur  acre  et  brû- 
lante ,  d'où  vient  le  nom  de  capsicum ,  mot  tiré  du  grec  ')(jt7rm , 
je  mords. 

Piment  annuel  :  Capsicum  annuum ,  Linn.  ,  Spec,  Lamck., 
Jll.  gen. ,  tab.  1  1 6  ,  fig.  1  :  l.oh^l ,  Icon. ,  3 1 6  ;  Rhéed . ,  Malah. , 
2  ,  tab.  35,  vulgairement  le  Poivre  long,  Corail  des  jardins. 
Plante  herbacée,  annuelle,  haute  d'environ  un  pied.  Sa  tige 


PIM  485 

est  cylindrique,  presque  simple;  ses  feuilles  sont  alternes, 
pétiolées,  ovales,  aiguës,  très-entières,  quelquefois  réunies 
deux  à  deux;  les  pétioles  très-longs,  un  peu  pubescens,  ainsi 
que  les  tiges.  Les  fleurs  sont  solitaires,  latérales;  les  pédon- 
cules fort  longs,  plus  ou  moins  courbés;  le  calice  est  très-ou- 
vert; la  corolle  blanchâtre,  à  cinq  lobes  aigus,  ouverts  en 
étoile;  les  anthères  sont  bleuâtres  parla  dessication.  Le  fruit 
est  une  baie  sèche  ,  très- lisse  ,  alongée  ,  d'un  rouge  vif  oU 
jaunâtre,  vésiculeuse,  renfermant,  dans  deux  loges,  beau- 
coup de  semences  aplaties  :  la  forme  de  ce  fruit  est  très- va- 
riable ;  il  est  alongé ,  étroit,  aigu  ou  court,  très-renflé,  ob- 
tus et  même  quelquefois  échancré  au  sommet.  Cette  plante 
croît  naturellement  dans  les  Indes  ,  d'où  elle  a  été  trans- 
portée en  Amérique  et  en  Europe. 

Toutes  les  parties  de  cette  plante  ont  une  saveur  extrême- 
ment acre  et  brûlante,  particulièrement  les  fruits,  qu'on  ne 
peut  essayer  d'avaler  sans  éprouver  à  la  gorge  une  saveur 
piquante  et  douloureuse.  Ces  fruits  sont  cependant  la  seule 
partie  employée  tant  dans  les  alimens  qu'en  médecine,  et 
malgré  leur  grande  activité  dans  les  organes  salivaires ,  les 
Indiens  les  préfèrent  au  poivre  ordinaire  et  les  mangent  crus. 
On  les  confit  aussi  au  sucre  ,  et  Ton  en  porte  sur  mer  pourser- 
vir  dans  les  voyages  de  long  cours  :  i!s  excitent  l'appétit,  dis» 
sipent  les  vents  et  fortifient  l'estomac  ,  à  ce  que  l'on  prétend , 
suptout  dans  les  pays  chauds;  mais  la  sobriété,  comme  je  l'ai 
éprouvé  moi-même,  est  le  meilleur  moyen  de  rendre  les  di- 
gestions faciles,  et  non  ces  substances  brûlantes,  qui  ne 
peuvent  être  considérées  que  comme  remèdes  pour  des  esto- 
macs trop  surchargés  de  nourriture.  On  cueille  aussi  les  pi- 
mens  en  vert,  et  lorsqu'ils  ne  font  que  nouer;  on  les  fait  ma- 
cérer quelques  mois  dans  le  vinaigre,  et  on  s'en  sert  ensuite, 
en  guise  de  câpres  et  de  capucines,  pour  relever  les  sauces 
par  leur  saveur  piquante. 

La  plupart  des  autres  espèces  de  piment  sont  en  usage  chez 
les  Indiens,  qui  en  mêlent  dans  leurs  ragoûts  :  elles  sont  en- 
core plus  acres  que  celle  dont  nous  venons  de  parler;  néan- 
moins ces  peuples  en  font  des  espèces  de  bouillons  ou  de 
décoctions  très-fortes,  qu'ils  boivent  avec  plaisir.  Un  Européen 
ne  pourroit  seulement  en  avaler  une  cuillerée  sans  se  croire 


486  PIM 

empoisonné.  Les  Portugais  établis  dans  ces  contrées  appellent 
ces  potions  stomachiques  caido  di  pimento.  En  Europe  les  vi- 
naigriers en  mettent  quelquefois  dans  leur  vinaigre  pour  le 
rendre  plus  fort  .-  on  les  mêle  aussi  aux  cornichons  que  l'on 
confit  dans  le  vinaigre. 

Voici  la  manière  dont  les  Indiens  préparent  ces  fruits  pour 
leur  usage  ,  et  qu'ils  nomment  beurre  de  cajan  ou  pots  de 
poivre.  D'abord  ils  les  font  sécher  à  l'ombre,  puis  à  un  feu 
lent,  avec  de  la  farine ,  dans  un  vaisseau  propre  à  cela;  en- 
suite ils  les  coupent  bien  menus  avec  des  ciseaux,  et  sur 
chaque  once  de  fruits  ainsi  coupés,  ils  ajoutent  une  livre  de 
la  plus  fine  farine  pour  les  pétrir  avec  du  levain  comme 
de  la  pâte.  La  masse  étant  bien  levée  ,  ils  la  mettent  au  four; 
quand  elle  est  cuite,  ils  la  coupent  par  tranches,  puis  ils  la 
font  cuire  de  nouveau  comme  du  biscuit  ;  enfin  ,  ils  la  ré- 
duisent en  une  poudre  fine,  qu'ils  passent  par  un  tamis.  Cette 
poudre  est  admirable,  selon  eux,  pour  assaisonner  toutes 
sortes  de  viandes  :  elle  excite  l'appétit  ;  elle  fait  trouver  les 
viandes  et  le  vin  agréables  au  goût;  elle  facilite  les  diges- 
tions, et  provoque  les  évacuations  de  l'urine,  etc. 

Les  vapeurs  que  répandent  les  fruits  mûrs  des  différentes 
espèces  de  capsicum  ,  lorsqu'on  les  jette  sur  un  brasier  ardent , 
sont  très  -  pernicieuses  ;  elles  occasionnent  des  étcrnuemens  , 
une  toux  violente  et  même  des  vomissemens,  à  tous  ceux 
qui  y  sont  exposés.  Quelques  personnes  se  sont  fait^un  jeu 
de  mêler  de  la  poudre  de  piment  avec  du  tabac  ;  mais  cette 
plaisanterie  est  très-dangereuse:  car,  si  la  dose  est  trop  forte, 
elle  excite  des  éternuemens  si  violens,  qu'ils  occasionnent 
souvent  la  rupture  de  quelques  vaisseaux. 

Piment  frutescent:  Capsicum frutescens,  Linn.,Sp.,  Lamck., 
JU.  gen.,  lab.  116,  fig.  2;  Rumph.,  Amb.,  5,  tab.  88,  fig.  3; 
Clus. ,  Exot. ,  040  ,  fig.  2.  Cette  espèce  a  des  tiges  ligneuses, 
un  peu  rudes  au  toucher,  légèrement  pubescentes,  ainsi  que 
toutes  les  autres  parties  de  cette  plante;  les  rameaux  sont 
roides,  nombreux,  anguleux;  les  feuilles  alternes  ou  gémi- 
nées, ou  opposées  aux  jeunes  rameaux,  ovales,  lancéolées, 
aiguës;  les  supérieures  plus  étroites,  un  peu  ciliées  à  leurs 
bords;  les  pétioles  plus  courts  que  les  feuilles.  Les  fruits 
sont  solitaires,  latéraux;  les  pédoncules  droits,  renflés  vers 


PIM  487 

leur  sommet;  les  dents  du  calice  très-courtes;  la  corolle  est 
petite,  blanche  ou  jaunâtre;  les  lobes  de  son  limbe  lancéolés^ 
aigus;  une  baie  oblongue,  obtuse,  de  la  grosseur  d'une  pe- 
tite olive,  d'un  jaune  roussàtre.  Cette  plante  croît  dans  les 
Indes  et  à  l'ile  de  Ceilan.  On  la  cultive  dans  plusieurs  jar- 
dins. 

Piment  cerise  :  Capsicum  cerasiforme ,  Poir. ,  Encycl.;  AVilld., 
Enum.  ;  Piper  siliqiia  parva,  J.  Bauh. ,  Hist. ,  2  ,  pag.  g44«  Celte 
espèce ,  qui  n'est  probablement  qu'une  variété  de  la  précé- 
dente,  s'en  distingue  par  ses  baies  arrondies,  globuleuses, 
presque  de  la  grosseur  d'une  cerise.  Sa  tige  est  médiocre- 
ment ligneuse  ,  glabre,  rameuse,  un  peu  quadrangulaire; 
les  feuilles  sont  éparses  ,  alternes ,  glabres  ,  lancéolées  ,  un 
peu  ovales,  pétiolées,  acuminées  à  leur  sommet.  Les  fleurs 
sont  solitaires  ,  latérales  ,  supportées  par  des  pédoncules 
redressés,  longs  d'un  pouce  ;  leur  calice  est  court,  cam- 
panule, comme  tronqué,  à  peine  denté;  la  corolle  d'un 
blanc  jaunâtre,  à  cinq  découpurcis  un  peu  aiguës;  les  fruits 
rouges  ou  jaunâtres.  Cette  plante  croit  au  Brésil.  On  la  cul- 
tive au  Jardin  du  Roi. 

Piment  a  petites  baies  :  Capsicum  laccalum,  Linn. ,  Sjjcc; 
Rumph . ,  Amboin.  f  5,  tab.  88,  fîg.  2;  Clus. ,  Car.  post. ,  55; 
J.  Bauh.,  2,  page  944;  Sloan.,  Jam.  Hist.,  1,  tab.  146, 
£g.  2,  vulgairement  Poivre  de  poule.  Poivre  d'oiseau.  Cette 
plante  a  une  tige  rameuse,  haute  de  plusieurs  pieds,  striée, 
presque  glabre;  les  rameaux  divariqués,  flexueux  à  leurs  ar- 
ticulations. Les  feuilles  sont  alternes,  pétiolées,  presque  en 
cœur,  glabres,  tendres,  acuminées,  solitaires  ou  géminées; 
les  fleurs  sont,  la  plupart,  deux  à  deux,  un  peu  au-dessus 
de  l'aisselle  des  feuilles;  les  pédoncules  droits,  pubescens, 
ainsi  que  les  pétioles:  le  calice  à  cinq  dents;  la  corolle  est 
d'un  blanc  jaunâtre,  fort  petite,  à  cinq  lobes  courts,  obtus. 
Le  fruit  est  une  baie  globuleuse,  un  peu  ovale,  glabre,  à 
peine  de  la  grosseur  d'un  pois,  rouge  ou  un  peu  jaunâtre. 
Cette  plante  croit  dans  les  Indes:  on  la  cultive  au  Jardin  du 
Roi. 

Piment  a  gros  fruits  :  Capsicum  grossum ,  Linn.,  Spec. ;Besl., 
Hort.  eyst,  aut.,  2  ,  tab.  2  ,  fig.  1 ,  vulgairement  le  Poivre  de 
GuiKÉE.  Sa  tige  est  un  peu  ligneuse,  médiocrement  pubes- 


488  PIM 

ceute ,  anguleuse,  comprimée  à  son  sommet.  Les  feuilles 
sont  molles,  un  peu  pendantes  sur  leur  pétiole,  alternes, 
ovales,  lancéolées,  aiguës,  à  peine  plus  longues  que  leur  pé- 
tiole; le  calice  est  presque  glabre,  à  cinq  dents  subulées;  la 
corolle  fort  petite,  d'un  blanc  jaunâtre,  à  cinq  lobes  ;  le 
fruit  une  baie  globuleuse,  mais  variable  dans  sa  forme  et  sa 
grosseur ,  d'un  beau  rouge  vif,  à  peu  près  de  la  grosseur 
d'une  orange;  les  pédoncules  sont  renflés  vers  leur  sommet. 
Cette  plante  croît  dans  les  Indes  :  on  la  cultive  au  Jardin 
du  Roi. 

Piment  conique  ;  Capsicum  conicum  ,  Poir.  ,  Encycl. ,  n.**  7. 
Cette  espèce  a  tant  de  rapports  avec  les  autres  de  ce  genre, 
qu'on  ne  peut  guère  la  distinguer  ,  peut-être  comme  variété, 
que  par  la  forme  de  ses  fruits ,  longs  d'environ  un  demi- 
pouce,  d'un  rouge  très-vif,  très-gros  et  un  peu  ventrus  à 
leur  base,  rétrécis  à  leur  sommet  en  un  cône  obtus,  très-sou- 
vent redressés  sur  leur  pédoncule;  les  tiges  sont  ligneuses,  un 
peu  angiileuses;  les  feuilles  plus  petites  que  dans  les  autres 
espèces,  lancéolées,  aiguës;  les  fleurs  solitaires;  le  calice  est 
campanule,  divisé  à  son  orifice  en  cinq  dents  courtes;  la 
corolle  d'une  grandeur  médiocre,  d'un  blanc  jaunâtre,  très- 
ouverte.  Cette  plante  croît  dans  les  Indes  orientales  :  on  la 
cultive  dans  plusieurs  jardins.  (Poir.) 

PIMENT  DES  ABEILLES.  (Boi.)  C'est  la  mélisse  officinale. 
(L.  D.) 

PIMENT  DES  ANGLOIS.  {Bot.)  Nom  d'une  espèce  de 
myrte  ,  mjrtus  pimenta.  (  L.  D.  ) 

PIMENT  AQUATIQUE ,  PIMENT  D'EAU.  {Bot.)  C'est  la 
renouée  poivre  d'eau.  (  L.  D.) 

PIMENT  DES  MARAIS.  (Bot.)  Nom  vulgaire  du  gale  odo- 
rant. (  L.  D.  ) 

PIMENT  DES  MOUCHES.  {Bot.)  C'est  encore  la  mélisse 
officinale.  (  L.  D.  ) 

PIMENT  ROYAL.  {Bot.)  C'est  encore  le  gale  odorant. 
(L.D.) 

PIMENTA.  {Bot.)  Voyez  QaivA.  (J.) 

PIMENTO  DE  CHAPA.  {Bot.)  L'espèce  de  myrte,  indi- 
quée par  Plukenet  sous  ce  nom  espagnol ,  avoit  été  rap- 
portée par  Linneeus  à  son  mjrtus  carjopJvyllata.  Swartz  a  re- 


PIM  489 

connu  qu'elle  étçit  différente ,  et  l'a  nommée  mjrtus  acris. 
Une  autre  espèce  voisine,  nommée  toutépice  dans  les  colonies  , 
parce  que  toutes  ses  parties  sont  aromatiques,  est  le  myrtus 
pimenta  de  Linnaeus.  Plusieurs  espèces  de  poivre,  piper,  sont 
nommées  pimento  dans  les  colonies  espagnoles.  (J.  ) 

PJMENTO  A  CHAPEAU  CONCAVE.  (Bot.)  Pallas  (vol.  1  , 
pages  69  et  90)  donne  ce  nom  aux  peziza  cochleata,  scutel- 
lata  et  pedunculata,  communes  dans  les  forêts  de  pins  des  en- 
virons de  Mourum ,  en  Russie.  (Lem.) 

PIMINA.  (Bot.)  Les  Canadiens  nomment  ainsi  une  variété 
de  l'obier,  vihurnum  opulus ,  qui,  selon  Duhamel,  est  précoce 
et  porte  de  grandes  fleurs.  (J.) 

PIM-LAM.  [Bot.)  Nom  chinois,  cité  par  le  père  Boyne , 
missionnaire  jésuite,  du  palmier  arec,  areca  c athée u ,  qui  est 
\e faiifel  des  Arabes:  le  pinanga  des  Malais,  suivant  Rumph. 
(J.) 

PIMOUCHE.  {Bot.)  Dans  l'Anjou,  on  donne  ce  nom  à 
l'ivraie  vivace.  (L.  D.) 

PIMPANELO.  {Bot.)  La  pivoine  porte  ce  nom  en  Langue- 
doc. (L.  D.) 

PIMPERNEAU.  {Ichthfol.)  Les  pêcheurs  de  la  Basse- 
Seine  donnent  ce  nom  à  une  variété  de  l'anguille,  dont  la 
teinte  est  brunâtre.  Voyez  Anguille.  (H.  C.) 

PIMPILIM.  {Bot,)  Voyez  Fulful.  (J.) 

PIMPINELLA.  {Bot.)  Sous  ce  nom  C.  Bauhin  et  d'autres 
confondoient  deux  genres  de  familles  très-différentes  ;  savoir  : 
le  sanguisorba  de  Fuchs  et  Cordus,  qui  est  la  pimprenslle, 
pimpinella  de  Tournefort ,  sanguisorba  de  Linnaeus,  de  la  fa- 
mille des  rosacées,  et  le  fragoselinum  de  Taberna;montaiu)s 
et  de  Tournefort,  qui  est  le  boucage  ,  auquel  Linnaeus  a  res- 
titué ou  conservé  le  nom  de  pimpinella.  Un  autre  genre ,  voisin 
du  sanguisorba,  est  le  polerium  ,  auquel  se  ra'pportent ,  soit 
la  pimprenelle  sauvage  ,  pimpinela  des  Languedociens ,  soit 
la  pimprenelle  épineuse,  nommées  l'une  etV autre  pimpinella 
par  C.  Bauhin,  Morison  et  Tournefort.  Voyez  Boucage.  (J.) 

PIMPINICHI.  {Bot.)  Voyez  PiNmMCHi.  (J.) 

PIMPLA.  {Entom.)  Fabricius  a  formé  un  genre  d'insectes 
hyménoptères  sous  ce  nom  pour  placer  les  espèces  d'ichneu- 
mon  à  abdomen  sessile  et  cylindrique.  (Desm.) 


A90  PIM 

PIMPRENELLE:  Poterium,  Linn.  (Bot.)  penve  de  plantes 
dicotylédones  de  la  famille  des  rosacées,  Jiisf.,  et  de  la  mo- 
noécie  polyandrie .  Linn.,  dont  les  fleurs  sont  monoïques  .  dioï- 
ques  ou  polygames,  et  présentent  les  caractères  suivatis  : 
Dans  les  fleurs  niàles  :  un  calice  nionophylle  ,  partagé  jusqu'à 
moitié  en  quatre  divisions  ovales,  conciives,  persistantes, 
et  muni  extérieurement  de  trois  écailles:  point  de  corolle; 
environ  trente  étamines  à  filamens  plus  longs  que  le  calice. 
Dans  les  fleurs  femelles:  calice  et  corolle  comme  dans  les 
ïnàles  ;  deux  ovaires  supères,  surmontés  de  deux  styles  ca- 
pillaires, terminés  par  des  stigmates  en  pinceau.  Ces  ovaires 
deviennent  deux  graines,  renfermées  dans  le  calice,  qui 
prend  l'apparence  d'une  capsule  ou  d'une  iîaie. 

Les  pimprenelies  sont  des  plantes  herbacées  ou  des  ar- 
bustes, à  feuilles  ailées  avec  impair,  et  à  fleurs  rapprochées 
en  tête  terminale.  On  en  connoît  huit  espèces,  dont  trois 
croissent  naturellement  en  Europe. 

PiMPFENELLE  COMMUNE  :  Poteriiiin  sanguisorba,  Linn.,  Spec.  , 
3411  ;  Lamk.,  lllustr.^  t.  777.  Sa  racine  est  alongée ,  rou- 
geâtre  ,  vivace,  divisée  en  plusieurs  fibres;  elle  produit  une 
tige  droite,  haute  d'un  pied  ou  un  peu  plus,  légèrement  an- 
guleuse, un  peu  rameuse  ,  garnie,  surtout  à  sa  base,  de 
feuilles  ailées,  légèrement  velues  sur  leur  pétiole,  compo- 
sées de  onze  cà  vingt- une  folioles  presque  égales,  arrondies 
ou  ovales,  glabres,  dentées  assez  profondément.  Les  fleurs 
sont  verdàtres,  disposées  à  l'extrémité  de  la  tige  ou  des  ra- 
mea-ix  en  épis  courts,  resserrés  en  tête  ovale  ou  arrondie. 
Ces  fleurs  sont  sessiles,  les  unes  mâles,  à  trente  ou  quarante 
étamines  beaucoup  plus  longues  que  les  calices,  les  autres 
femelles  à  stigmates  plumeux  et  rougeàtres.  Cette  espèce 
croît  dans  les  prés  secs,  et  dans  les  bois  montueux  en  France 
et  en  Europe.' 

La  pimprenelle  a  une  saveur  astringente  et  légèrement 
amère.  Elle  a  passé  pour  apéritive  ,  diurétique,  vulné- 
raire, et  on  l'a  conseillée  dans  la  gravelle,  les  obstructions, 
l'hémoptysie,  la  dyssenterie ,  etc.  ;  mais  elle  n'a  jamais  été 
très- usitée  en  médecine  et  aujourd'hui  surtout  elle  l'est 
encore  moins. 

Comme  assaissonnement  dans  les  salades,  ses  feuilles  sont 


PIM  A9t 

d"im  «sage  assez  fréquent,  et  par  leur  qualité  un  peu  toni- 
que, elles  relèvent  agréablement  le  goût,  et  lacilKent  lu  di- 
gestion des  autres  herbes,  ordinairement  plus  fades,  aux- 
quelles on  les  joint.  On  les  met  aussi  quelquefois  dans  les 
bouillons  aux  herbes. 

On  cultive  la  pimprenelle  dans  les  jardins  à  cause  de  son 
emploi  comme  assaisonnement,  et  le  plus  souvent  on  la 
plante  en  bordures  qu'on  fait,  soit  de  semis,  soit  en  éclatant 
en  automne  Its  rac'iies  des  vieux  pieds. 

Les  moutons,  les  bœufs  et  les  vaches  aiment  beaucoup  la 
pimprenelle,  et  cela  a  engagé  quelques  agronomes  à  culiiver 
cette  plante  comme  fourrage.  Elle  a  l'avantage  de  venir  dans 
les  terrains  les  plus  maigres,  la  où  la  luzerne  et  le  sainfoin 
ne  peuvent  réussir  ;  eile  a  aussi  celui  de  résister  aux  grandes 
sécheresses  .  et  de  conserver  ses  feuilles  pendant  que  celles 
des  autres  j)lantes  sont  desséchées  et  grillées  par  la  chaleur  du 
soleil,  et  sous  ce  rapport  elle  pourroit  être  d'un  grand  se- 
cours pour  les  troupeaux  pendant  lété  ,  surtout  dans  les 
pays  du  Midi. 

Pimprenelle  hybride,  Linn.,  Spcc,  1412.  Ses  tiges  sont  ra- 
meuses, un  peu  velues,  hautes  de  deux  pieds  ou  euvirou. 
Ses  feuilles  sont  composées  de  cinq  à  onze  folioles  ovales, 
pubesccntes,  dentées;  dans  les  feuilles  radicales,  les  folioles, 
toujours  plus  nombreuses  (tue  dans  celles  tiges,  sont  entre- 
mêlées de  deux  paires  de  folioles  arrondies,  beaucoup  plus 
petites  que  les  autres.  Les  ileurs  sont  réunies  au  soinmet  des 
tiges  et  des  rameaux  en  petites  têtes  arrondies,  et  leurs  éta- 
mines  sont  à  peine  plus  longues  que  le  calice.  Cette  plante 
croît  naturellement  dans  le  Midi  de  la  France  et  de  l'Eu- 
rope. 

Pimprenelle  épineuse;  Paterium  spinosnm  ,  Linn.,  Sp.,  1412. 
Sa  tige  est  ligneuse,  frutescente,  haute  de  trois  à  quatre 
pieds,  divisée  en  rameaux  tortueux,  très- étalés,  pubescens, 
chargés  d'épines  rameuses,  très  -  piquantes  ,  et  garnis  de 
feuilles  ailées  ,  composées  de  folioles  plus  ou  moins  nom- 
breuses, ovales,  crénelées,  glabres  en  dessus,  souvent  très- 
velues,  et  presque  cotonneuses  en  dessous.  Ses  Heurs  for- 
ment par  leur  rap[/rochemeiit  de  petites  têtes  ovales,  dis- 
posées au  sommet  des  rameaux.  11  leur  succède  de   petites 


492  PIM 

baies  charnues  et  arrondies.  Cette  plante  croît  naturelle- 
ment dans  lile  de  Candie,  dans  plusieurs  îles  de  l'Archipel, 
du  Levant  et  en  Italie.  (L.  D.) 

PIMPRENELLE  D'AFRIQUE.  (Bot.)  On  cite  sous  ce  nom 
le  mélianthe.  (  J.  ) 

PIMPRENELLE  AQUATIQUE.  {Bot.)  Dans  quelques  can- 
tons on  donne  ce  nom  au  samole  de  Valerandus.  (L.  D.) 

PIMPRENELLE  BLANCHE.  (Bot.)  C'est  le  boucage  saxi- 
frage. (L.  D.) 

PIMPRENELLE  COMMUNE  ou  PIMPRENELLE  D'ITALIE. 
(Bot.)  Nom  vulgaire  de  la  sanguisorbe  officinale.  (  L.  D.  ) 

PIMPRENELLE  DE  LA  NOUVELLE  ZÉLANDE.  {Bot.) 
Ce  nom  a  été  donné  à  I'Ancistre.  (Lem.  ) 

PIMPRENELLE  SAXIFRAGE.  {Bot.)  C'est  encore  le  bou- 
cage saxifrage.  (L.  D.) 


FIN    DU    QUARANTIEME    VOLUME. 


ÇTRASBOLAG,   de   rimprimerie  de  F.  G.  Levrault,  impr.  du  Rc 


CARTE    GÉNÉRALE 

DE  LA  GRÈCE 

ou 
TURQUIE  D'EUROPE, 

PARTIE  MÉRIDIONALE, 


Présentant,  d'après  les  meilleures  cartes  et  les  documens  les  plus  récena, 
les  divisions,  tant  de  cette  partie  de  l'empiré  Ottoman,  que  de  la  Grèce 
ancienne  et  moderne. 


A  L ECHELLE    DE" 


1,600,000 

Une  feuille  grand  colombier  vélin.  Prix  :  3  francs. 

Cette  carte,  lithographiée  avec  un  grand  soin,  indique,  sur 
une  échelle  double  de  presque  toutes  les  cartes  existantes,  tous  les 
lieux  qui  sont  le  théâtre  de  la  guerre  actuelle  entre  les  Grecs  et  les 
Turcs,  tant  sur  terre  que  sur  mer.  Les  provinces  ,  villes  ,  fleuves  et 
montagnes  remarquables  y  sont  désignés  par  leurs  noms  anciens  et 
modernes. 

Une  seconde  carte,  qui  paraîtra  prochainement ,  comprendra  In 
partie  septentrionale  de  la  Turquie  d'Europe,  depuis  Constantinople 
jusqu'aux  frontières  des  empires  d'Autriche  et  de  Russie, 


^Urroùrw  d&  ^.=  ^    .t£e'i/ramr, 


EXTRAIT 


b^s  ^^&>Xi^  ^i  ^^0ttb5 


ET  D'ASSORTIMENT. 


^. 


i^t-rej  'n(H(/v^ai/^. 


A    PARIS,    RUE    DE    LA    HARPE,    W"    8l. 

A  STRASBOURG,  rue  des  juifs,  n»  33. 
AVRIL   182.5. 


Imprimerie  de  Marchand  du  BREtii^, 
Rue  Je  la  Harpe,  n°  80. 


(Âj  ùv^v^ /wiùr  ùeâfde  aoj    jcicnccs  UrtiurcffcS,    Âai(/r 

['(trt  miltiaire. 

fy^/trciie/i/e  ai/Jj//iu^j(,eM7tf  occ/f^'aaeJ  cie  /i/uioJo/incej 

i./mJ.    (0(H/Ji9t/  /cj  '^■f'a^^&f  ae  ty/S.  .2/).  t/cewar/'j  eàc. 
oS-ne  caUec/con  de  dv^^&j    mta^ccuj  j    ecâàcond  eù& 

au  M  c(//ef<a/a^'e  e/  CO'  Mrcoue  CMiauc^ufe  dori/ 
en.  /^u(^  c^cuc^'^e&f  en-     <^^'rance. 

.tz^O'  maujon  ^z.ev^'au//  ■f'e/nAu^'a  avec  em/irelde- 
meJi/j  <5C  acùv  concùûonà  /ej  ///aà  /avof'ci^/e^  Âa/jw^j 
/oiic&f  IcJ  com'?na/fu/eJ  a-uc  wc  àe^'O'??/  aar^eeJ. 

£l)ej  ^eui/to9iJ  àrcj'di/cviej  avec  c  iy^uemaane  et 
C  tiy&^taceàer/<e  Âa.  aonnen/  /e  'mo?y^n  ae  /mM'^^i^r 
/iromA/e?nen/^j   a  aeJ  concaào7U  a/i/a/?daa€ajej ,  U'J  &a- 

0ue  acjâ?^wue,  àaoj  IcJ  niaufj  ane  na/ics  acj  cw-reJ 
noiwecuav  ata  Âa^a^ef^i/  en    ^ra//tce  ^    ÔC  âoiùf   ccj 


auaére  moùf  a?z    (ûa^au>aae  c^  aiùV'?'aaeJ  rece?n?ne?ï/ 
/uwu^  en.  >L/^Cùe^iaa?ie. 


TABLE  DES  DIVISIONS  DU  CATALOGUE. 


Dictionnaires,  Traités,  Journaux  scientifiques,  etc P^^g^  i 

Physique  et  Astronomie. 5 

Chimie 7 

Géologie 10 

Cristallographie,  Minéralogie,  Métallurgie i3 

Botanique,   Agriculture i5 

Anatomie  et  Zoologie ,  .  .  22 

Divers  ouvrages  sur  la  Médecine 27 

Philosophie,  Littérature,  Voyages 28 

Éditions  classiques  à  l'usage  des  collèges 32 

Livres  de  fonds  pour  l'étude  des  langues 33 

Livres  anglais 34 

Ouvrages  de  fonds  sur  l'art  militaire 36 

Nota.  L'astérisque  (*)  distingue  les  livres  de  fonds  de  ceux  d'assortiment. 


Liste  par  noms  cl' Auteurs ,  pour  faciliter  la  recherche  des  livres  de 
Sciences  naturelles. 


Pages. 

Accum " 

Ampère 6 

Avago 7 

AuLuisson  (d') io>  12 

Bailly 6 

Beithollet 7'  ^° 

Bertiaiid-Roux 12 

Beudant 6,   i/f, 

Berzelius 8,   10, 

Biot 6 

Blainville 24,  25 

Bonpland 1^ 

Bouillon-Lagiange 7 

Braid i4 

Breislack 10 

Bioccbi ij 

Brochant  de  Villiers i3,  14 

Brongniart  (  Ad.) 4j  i» 

Brongniart(Alex.) la,  i3, 

Biiffon 3 

Cadet 7 

Casslni 17 

Caventou 8 

Chaptal 10 

Charpentier 1 1 

Chevreul 8,  9 

Conybeare 12 

Curtis 17 

Cuvier  (G.) 4'  "» 

Cuvier  (F.) 22 

Davy 8 

DecandoUe 16 

Defrance 12 

Deleuze 5 

Desmarest 26 

Despretz 6 

Duhamel 19 

Duméril 4?  25^ 

Faujas 1I5   i'^ 

Fée 18,  19 

Férussac 4 

Fourcroy 7 

Gay-Lussac 6,  7 

Gmelin 9 


Pages. 

Graffenauer 10 

Gueiiyveau i5 

Guyton-Morveau 7,   10 

Haùy 5,  1 3 

Hermann 26 

Hnmbohlt 10,   11 

Julia  Fontenelle lo 

Jussieu  (  L.  A.  ) i5,  16 

Jussieu  iils ■ 18 

Ket'crstein 12 

Karsten i5 

Kunth i6 

Lacépède 22 

Lamarck 24,  25 

Latreille 24 

Lavoisier 7 

Leonhardt 1 1 

Lepelletierde  St.-Faigeau.  26 

Linnée 4 

Loljstein 24 

Loiseleur-Deslongchamps.    17,  i^ 

Lucas 14 

Manson i5 

Marcel  de  Serres 24 

Mérat 18 

Mirbel 16 

Mohs 14 

Orfila 7 

Parkinson • 12 

Parmentier 9 

Pelletan d,  j 

Persoon 16,  18 

Poiret 16 

Philips 12,   14 

Poiteau 19 

Rozier 19 

Richard 16 

Thénard 6,  7 

Thomson 7 

Turpiu 19 

Ure.. 7 

Vaucher 1» 

Villars o>   '<» 

Virey H 


^ 


HMiiMiiiiiiiUH|wwMiin|ÉigTiniinMj|mnimM 

umWM tO^ÊkmimMmmiHtJKm mSm  .■niJTii  WM  ■  ■■  iiiWi  ■  tr  (Ji^  ' 


OUVr,AGES    NOUYEAUX 

Qui  seront  prochainement  publies  chez  les  mêmes  libraires 
à  Strasboiirg  et  à  Paris  : 

TRAITÉ  DES  ARBRES  FRUITIERS  ,  par  DUHAMEL  DU 
MONCEAU.  Nouvelle  édition,  augmentée  J'un  grand  nombre 
de  fruits,  les  uns  échappés  aux  recherches  de  Duhamei,  les 
autres  obteuiis  depuis  des  progrès  de  la  culture,  par  A.  POrfEAU 
et  P.  TURPIN  ]  ouvrage  orné  de  figures  imprimées  en  couleur  et 
relouchtes  au  pinceau  sur  les  originaux  peints  d'après  nature  par 
les  auteui~  mêmes.  Il  se  composera  de  68  livraisons  in-folio, 
format  nom  de  Jésus,  contenant  chacune  3  à  4  feuilles  de  texte  , 
imprimé  sur  papier  vélin  d'Annonay,  et  6  figures  coloriées  avec 
le  plus  graad  soin.  Dans  le  double  but  de  satisfaire  à  l'impa- 
tience des  anciens  souscripteurs  et  de  donuer  toute  facilité  pos- 
sible aux  nouveaux  amateurs  qui  voudront  acquérir  l'ouvrage, 
les  at)  livraisons  déjà  publiées  sont  remises  en  souscription  et 
paraissent  avec  les  nouvelles,  alternativement  de  mois  en  uaois-, 
la  8.'  (comprenant  le  33.*  cahier),  paraîtra  le  3o  Avril,  et  les 
suivantes  le  3o  de  chaque  mois,  sans  interruption. 

CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALESSUR  LACLASSEDES  t-R^'g. 
TACÉS  ,  et  Description  des  espèces  de  ces  animaux  qui  vivi-n? 
dans  la  mer,  sur  les  côtes,  ou  dans  les  eaux  douces  de  la  Fra'tice  , 
par  Anselme-Gaétan  DESMARESTj  un  volume  in-S.",  grand 
papier,  cartonné,  et  avec  56  planches  (noires  ou  coloriées). 

MANUEL  DE  MALACOLOGIE  ET  DE  CONCHYLIOLOGIE  ; 
par  H.M.Dbcbotay  DEBLAIIN  VILLE,  i  vol.  in-S.'de  texte, avec 
,o«'T*»"««*«^înoîi'es  «u  coloriées),  dessinées  par  M.  PRÊTRE, 
et  gravées  en  taille-douce  avec  le  plus  grand  j^oîn  sous  la  direc- 
tion de  M.  TtJKriw. 

CARTE  GÉNÉRALE  DE  LA  GRÈCE,  ou  Turquie  J'Europe , 
partie  méridionale,  prtscntaiit,  d'après  les  meilleures  cartes  et 
les  documens  les  plus  récens,  les  divisions,  tant  de  cette  partie 
de  l'Empire  oltornan ,  que  de  la  Grèce  ancienne  et  moderne, 
à  l'échelle  de  7—-^;  une  feuille  grand  colombier  yélin. 

JOURNAL  DE  LA  SOCIÉTÉ  DF.S  SCIENCF.S ,  AGRICUL- 
TURE ET  ARTS  ,  du  département  du  Bas-Rhin. 
Ce  Journal  est  divisé  en  quatre  parlics  :  Linérature,  Sciences 
et  ArlSf  Médecine  et  Agricuhure,  qui  contiennenl  les  travaux 
des  quatre  sections  de  la  Société  qui  y  correspoudent.  Un  article 
Farit'.cs  conlicnt  les  nouvelles  littéraires  et  scientifiques  et  des 
annonces  d'ouvrages  marquais. 

11  paraît  par  irimeslrc  un    or.hicr  de  6  à  8  feuilles,   avec    des 
planches,  quand  la  matière  le  comporte.    , 

L'abonnement  annuel  est  de  jo  f:ancs ,  jranc  de  port  par  la  poste. 
On  peut  se  procurer  au  même  prix  les  s-^truées  1824  et  i8;;5. 

1! 


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