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DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES,
DAIVS LEQUEL
ON TRAIJF. MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATOJIE ,
CON'âlDélVÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aFRÈS T/ÉTAT ACTUEL DE NOS
COlàNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l'utILITÉ QU'eN PEUVENT
RETIRER LA MÉDECINE , l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS.
SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRli
NATURALISTES.
PAR
Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi et des principales
Ecoles de Paris.
TOME QUARANTIÈME.
PHOR-PO..
m
F. G. Leveault, Editeur, )à STRASBOURG,
et rue de la Harpe, N.'' 81 , à PAB,IS.
Le Normant, rue de Seine, N.*" 8, à PARIS.
1826.
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LIBRARY OF
ie85_IQ56
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES-
TOME XL.
PHOR = PIM.
Le nombre d'exemplaires prescrit par la loi a été dé-
posé. Tous les exemplaires sont repêtus de la signature
de l'éditeur.
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES
DANS LEQUEL
aN TRAITE METHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE,
CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE
NOS CONNOISSANCES, SOIT RELATIVEMENT A l'gTILITÉ Qu'eN
PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE ^ LE COMMERCE
ET LES ARTS.
SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES
NATURALISTES.
Ouvrage destiné aux me'decins, aux agriculteurs, aux commercans,
aux artiste*, aux manufacturiers, et à tous ceux qui out intérêt
à connoître les productions de la nature, leurs caractèresgént'riques
et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages.
fAR
Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales
Ecoles de Paris.
TOME QUARANTIÈME.
F. G. Levrault, Editeur, à STRASBOURG,
et rue de la Harpe, n.** 81, à PARIS.
Le Normant, rue de Seine, N.^'S, à PARIS.
1826.
Listp des Auteut^s par ordre de Matières.
Phjsique générale.
M. LACROIX , membre de l'Acadéaiie des
Sciences et professeur au Collège de
France. (L.)
Chimie.
M. CIIEVREUL, professeur an CoUëge royal
de Charlemagne. (Cb.)
Minéralogie et Géologie
M. BRONGNIART, membre de l'Académie
des Sciences, professeur à la Faculté des
Sciences. (B.)
M. BROCHANT DE VILLIERS , membre
de l'Académie des Sciences. (B. deV. )
M. DEFRANCE, membre de plusieurs
Sociétés savantes. (D. F.)
Botanique.
M. DESFONTAINES, membre de l'Académie
des Sciences. (Desf.)
M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des
Sciences, prpfesseurau Jardin du Roi. (J.)
M. MIRBEL, membre de l'Académie des
Sciences , professeur à la Faculté des
Sciences. (B. M.)
M. HENRI CASSINI , membre de la Société
pbilomatique de Paris, (II. Cass.)
M. LEMAN, membre de la Société pbiloma-
li<jue de Paris. (Lem.)
M. LOISEI.EUR DESLONGCHAMPS,
Docteur en médecine , membre de plusieurs
Sociétés savantes. (L. D.)
M. MASSEY, (Mass.)
M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés
savantes et littéraires , conlinualeur de
l'Encyclopédie botanique. (PoiR.)
M. DE TUSSAC, membre de plusieurs
Sociétés savantes, auteur de la Flore des
Antilles. (De T.)
MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques
qu'ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets d
rement occupés. M. DE CANDOLLE
M. PREVOT a donné l'article Occi
Zoologie générale , Anatomie et
Physiologie.
M. G. CUVIER, membre et secrétaire per-
pétuel de l'Académie des Sciences, prcf. au
Jardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. on G.)
M. FLOURENS. (F.)
Mammifères.
M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre
de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin
du Roi. (G.)
Oiseaux.
M. DUMONT DE s.'
CROIX ,
de
plusieurs Sociétés savantes. (Cb. D.)
Reptiles et Poissons.
M. DE LACÉPÈDE, membre de l'Académie
des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (L. L.)
M. DUMERIL, membre de l'Académie des
Sciences, prof, à l'École de médecine. (C. D .)
M. CLOQUET, Docteur en médecine, (H. C.)
Insectes.
M. DUMERIL, membre de l'Académie des
Sciences, professeur a. l'École de médecine.
(C. D.)
Crustacés.
M. W. E. LEACH, membre de la Société roy.
de Londres , Correspond, du Muséum d'his-
toire naturelle de France. ( W. E. L. )
M. A. G. DESMAREST, membre titulaire de
l'Académie royale de médecine , professeur
à l'école royale vétérinaire d'Alfort, etc.
Mollusques , Vers et Zoophjtes.
M. DEBLAINVILLE, professeur i la Faculté
des Sciences, (De B.)
M. TDRPIN, naturaliste, est chargé de
l'exécution des dessins et de la direction de
la gravure.
clcs sur les objets nouveaux
ils se sont plus parliculiè-
is a fait la même promesse.
M. VALENCIENNES plusieurs articles d'Orni.
Ihologie, et M. DESPORTES Tarticle Pigeon domtsUqtie.
M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera auï
articles généraux de zoologie et à l'histoire des mammifères. (F. C)
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES.
PHO
Jr^HOR. {Entom.) Arîsfote emploie ce mot de Çicop, (paptoç
(Hist. des anim., livre 5 , chap. 22), pour indiquer une sorte
d'abeilles, probablement les mâles, qui se nourrissent du miel
et n'en recueillent pas. (C. D.)
PHORACIS ou PHORAXIS. (Bot.) Genre que Rafînesque
établit dans la famille des algues , pour y placer plusieurs
espèces de Fucus, Linn. Il le caractérise ainsi : Fronde co-
riace ou membraneuse, rameuse ou de forme variée; fruc-
tification en forme de petits grains, fixés extérieurement à
la tige ou aux rameaux ; d'abord charnus à l'intérieur, puis
polyspermes et percés à la maturité. Ce genre diffère d'un
autre, que M. Rafiuesque nomme Phj'solris, par ses fructifica-
tions , qui ne sont point d'abord vésiculeuses ni remplies
d'eau , comme dans ce dernier genre.
Le Phoracis Jilicina, Rafinesque, Caratt. , p. 99, est une
plante verte ou brune, à fronde rameuse, ayant les ramifica-
tions éparses, distiques, pennées ou dentelées, aiguës, et les
fructifications brunes. Cette plante, qui croit sur les côtes
de la Sicile, paroit être le fucus filicinus de Wulfe/i et des
auteurs, qui rentre dans le genre Delesseria de Lamouroux,
et dont Agardh a fait une espèce de son grateloupia. Les
caractères de ce dernier genre sont, à très- peu de chose
près, ceux du phoracis. Nous croyons même qu'un jour l'on
confondra ces deux genres en un seul. Voyez l'article Pal-
MARiA. (Lem.)
40. 1
2 PHO
PHORANTHE. (Bot.) Nom donné par M. Richard au ré-
ceptacle des synanthérées. (Mass.)
PHORBION. {Bot.) Suivant C. Bauhin, quelques auteurs
ont pensé que cette plante , citée par Galien, é.toit la grande
sclarée ou orvale, salvia sclarea. (J.)
PHORCYNIE, Phorcjynia. (Arachnoderm.) Genre de la fa-
mille des méduses , établi par Pérou et Lesueur pour quel-
ques espèces qui sont gastriques monostomes, sans pédoncule ,
ni bras, ni tentacules, et dont le corps forme un disque or-
biculaire, convexe et comme tronqué en dessus comme en
dessous, à bord épais, obtus et entier; l'estomac garni de
plusieurs bandelettes musculaires.
Les trois espèces qui constituent ce genre , ont été obser-
vées dans l'Australasie.
La P. codonoïde; P. cudonoidea , Ter., Lesueur. Ombrelle
subconique, de couleur hyalino-bleuâtre, avec six protubé-
rances à son rebord supérieur, six dents et six échancrures
profondes au rebord ; estomac en forme de pyrami de hexaèdre
renversée, pourvue de six bandelettes bleues et de six filets.
De la terre de Witt,
La P. PÉTASELI.E ; p. petasella, Pér. , Lesueur. Ombrelle dé-
primée, subpétasiforme , hyaline, à rebord entier; bouche
petite et circulaire; trois bandelettes à Pcstomac. Des îles
Furneaux.
La P. istiophore; P. istiopliora, Pér., Lesueur. Ombrelle
légèrement , convexe de couleur hyaline , avec un rebord
entier, formant comme un large voile tout autour d'elle. Des
îles Hunter. (De B.)
PHORE 5 P/iora. (Enfom.) M. Latreillese sert de ce nom pour
designer un genre d'insectes à deux ailes, qui ont été aussi
nommés trinerva par Meigen , à cause de trois nervures qui
s'observent sur la longueur de leurs ailes. Fabricius les a
rangé parmi les tephrites ou mouches à ailes vibratiles. (C. D.)
PHÔRIMA; Phorina, Steud. {Bot.) Rafînesque-Schmaltz
dit que ce genre de champignons ressemble aux bolets ses-
siles , déprimés, et qu'il a de plus, en dessous, des fossettes
ou cavités, au lieu de pores. Il le place entre ses dœdalea,
alveolinus ei /avaria , qui sont des démembremens du genre
Boletus , Linn. Il indique les phorima betulina, coccinea et
PHO S
minula, qui croissent dans diverses parties des Etats-Unis, et
qui doivent être rapportés, ainsi que les genres cités, aux
dœdalea de Persoon , Pries, etc.; car ils en diffèrent très-
peu. Le fuvolus de P. Beauvois paroît comprendre les genres
Phorima, Favaria et Al^eolinus, (Lem.)
PHORINA, de Steudel. (BoL) Voyez Phorima. (Lem.)
PHORMIUM. {Bot.) Genre de plantes monocotylédones,
à fleurs incomplètes, de la famille des aspJiodélées, de Vhexan-
drie monogjnie de Linnseus, très- rapproché des lachenalia,
offrant pour caractère essentiel : Une corolle divisée en six
pétales, les trois intérieurs plus longs; point de calice; six
étamines ascendantes et saillantes ; un ovaire supérieur ; un
style; une capsule oblongue , à trois côtes, à trois loges; les
semences nombreuses , comprimées , membraneuses à leurs
bords.
L'importance de cette plante a déterminé à en faire un
genre particulier, très- peu distingué des lachenalia, excepté
par son port, auquel elle avoit d'abord été rapportée. Ce
genre a été nommé phormium , du mot grec (popfxoç , qui
signifie un petit panier.
Phormium TEXTILE : Phormium tenax, Forst. , Gen., tab. 24;
Cook, Itin, 2 , page 96 , tab. g6" ; Mill., fasc. 1 , Icon.; Gaertn. ,
Defruct., tab. 18; Lamck., III. gen., tab. 267, fig. 2; Fauj.
S.-Fond , in Ann. mus., vol. 19, icon.; Lachenalia ramosa,
Encyl.; Thieb. Bern , in Journ. botan. , vol. 4, page 200,
tab. 17 et 18; vulgairement Lin de la Nouvelle-Zélande.
Cette plante s'élève à la hauteur de six ou huit pieds sur
une hampe ou une tige droite, très- forte, presque d'un
pouce de diamètre, ramifiée en panicule à sa partie supé-
rieure, enveloppée à sa base de feuilles nombreuses, engai-
nées , de consistance sèche et filamenteuse, disposées sur
deux rangs opposés, larges, comprimées, aiguës, finement
striées, longues de cinq à six pieds, d'un beau vert foncé en
dessus, un peu blanchâtres en dessous, bordé d'un liséré
rouge. Lorsqu'on y fait une ou plusieurs blessures , il en dé-
coule un suc insipide, transparent, d'un jaune clair de paille,
assez semblable à la gomme arabique. Les fleurs, placées
sur les rameaux de la tige , forment une ample et belle pa-
nicule terminale : elles n'ont point de calice. Leur corolle
4 PIIO
est composée de six pétales, dont les trois intérieurs plus
longs, d'un jaune foncé; les trois extérieurs d'un jaune
pâli? , légèrement réfléchis. Les étamines au nombre de six,
dont trois plus courtes, ont les filamens élargis à leur base;
l'ovaire est supérieur, trigone; le style long; le stigmate an-
guleux. La capsule est trigone, un peu torse, à trois loges
polyspermes; les semences sont nombreuses , charnues, com-
primées , membraneuses a leurs bords : on en retire, par la
pression, une substance grasse d'une odeur nauséabonde.
Nous devons la connoissance de cette plante intéressante,
et des avantages économiques qu'elle présente, au capitaine
Cook, qui la découvrit à la Nouvelle-Zélande. Il a vu les
habitans de ces contrées s'en servir en place de chanvre et
de lin ; leur habillement ordinaire est composé des feuilles
de cette ])lante ; sans beaucoup de préparations, ils en fabri-
quent leuts cordes, leurs lignes et leurs cordages, qui sont
beaucoup plus forts que tous ceux qu'on fait avec du chan-
vre, et auquel ils ne peuvent pas être comparés. Ils tirent
de la même plante, préparée d'une autre manière, de lon-
gues fibres minces , luisantes comme de la soie et aussi
blanches que la neige ; ils manufacturent ces fibres, qui sont
aussi d'une force surprenante. Leurs filets , dont quelques-
uns sont très-grands, sont formés de ces feuilles : tout le tra-
vail consiste à les couper en bandes de largeur convenable,
qu'on noue ensemble. On trouve cette plante également sur
les collines et dans les vallées , sur le terrain le plus sec et
dans les marais les plus profonds : elle semble partout pré-
férer les endroits marécageux ; car nous avons observé, ajoute
Cook, qu'elle y étoit plus grande que partout ailleurs.
Des expériences faites par M. Labillardière, pour déter-
miner la force et la ténacité des fils du phormium , compara-
tivement à ceux de Fagavé ou aloès pitte , du lin , du chanvre ,
de la soie, ont confirmé le récit du capitaine Cook, et ont pro-
duit les résultats suivans : 11 a été reconnu que la force des
fibres de Yalocs pitte , étant égale à sept; celle du lin ordinaire
est représintée par onze trois quarts; celle du chanvre par
seize un tiers; celle du phormium par vingt -trois cinq on-
zièmes, et celle de la soie, par vijigt-quatre : mais la quan-
tité dont ces fibres se distendent avant de se rompre, est
PIIO 9
dans une autre proporfion ; car, étant évaluée à deux et
demi pour les filamens de l'aloès pitte, elle n'est que d'un
et demi pour le lin ordinaire; d'un pour. le chanvre: d'un
et demi pour le phormium, et de cinq pour la soie. 11 est
aisé de pressentir , dit M. Labillardière, tous les avantages
qui peuvent résulter de la culture de ce précieux végétal,
surfout pour la marine.
L'introduction en Europe d'une plante aussi utile , devoit
réveiller le zèle des agriculteurs : elle a d'abord été essayée
par M. Freycinet, père, dans le département de la Drôme.
Il eut la douce satisfaction de la voir fleurir et produire
de nombreux rejetons, qui ont également prospéré, même
en pleine terre. M. Faujas de Saint-Fond, qui en a suivi le
développement avec cet esprit d'observation toujours dirigé
vers l'utilité publique, a donné à ce sujet un très -bon mé-
moire dans les Annales du Muséum cVhistoire naturelle de Paris,
dans lequel il expose, avec beaucoup d'exactitude, les soins
qu'exigent la culture de cette plante, le sol et le climat qui
lui conviennent, et l'espoir de la voir bientôt accliu)atéc dans
nos départemens méridionaux.
La culture de cette plante est extrêmement facile, peu
sujette aux inconvéniens qui font manquer si souvent le lin
et le chanvre; la production en filasse très-abondante. Lrs
plus mauvaises terres suRîsent au phormium ; mais il profite
davantage dans celles qui sont fertiles : on peut donc le met-
tre dans toutes. Les foibles gelées du climat de Paris ne l'af-
fectent nullement; mais on a lieu de craindre qu'il n'en soit
pas de même des fortes: on sait qu'il peut passer toute Tannée
sans couverture dans les parties méridionales de la France.
Il a été depuis quelques années également cultivé sur les côtes
de la Normandie, a Cherbourg, et il y a parfaitement réussi:
il y a produit des graines qui ont été distribuées en differens
endroits, et ont produit de nouveaux individus. 11 perd ses
feuilles extérieures chaque année, à mesure qu'il en pousse
de nouvelles au centre; il en résulte que la récolte des feuilles
doit être faite successivement et dès que les extérieures sont
parvenues à toute leur croissance. On le multiplie par les œil-
letons qui naissent tous les ans autour du collet des racines.
On peut obtenir au moins cinq à six de ces œilletons pai?
^ PHO
an, des pieds en pleine terre. C'est au printemps qu'on les
sépare par éclatement; pourvu qu'ils aient trois ou quatre
fibrilles de racines, ils reprennent sans difficulté.
Les naturels de la Nouvelle-Zélande emploient un moyen
très-lent et fort fatigant pour isoler les fibres des feuilles du
phormium :'ils raclent ces feuilles des deux côtés avec une
coquille de manière à enlever leur épiderme et une partie
de leur tissu cellulaire; ensuite ils la divisent en lanières,
qu'ils tordent et battent dans l'eau pendant long-temps pour
enlever le reste du tissu cellulaire. Ces procédés seroient
trop coûteux en Europe pour y être mis en usage. RL de
Faujasa cherché à les suppléer par une opération chimique,
qui lui a très-bien réussie.
« Le décreusage delà soie, dit-il, dont le but est de dé-
« barrasser ce tissu précieux d'une substance gommo-rési-
« neuse, qui voile son éclat et ternit sa blancheur, m'a sug-
« géré ridée très-simple et très-naturelle d'appliquer la même
« opération au phormium. Voici comme je m'y suis pris : on
« recueille à la fin du mois de Septembre, époque où la
« plante est d'une belle venue, vingt-cinq livres pesant des
« plus belles feuilles, qui ne soient point tachées; on en
« forme une botte ou deux, qu'on laisse en tas dans un rez-
« de-chaussée à l'ombre pendant huit à dix jours, sans y tou-
« cher. Ce terme expiré (il peut être prolongé de plusieurs
<r jours encore), on prend chaque feuille une à une, on la
<( coupe longitudinalement en deux, en la fendant par le
<f milieu, soit par le bas ou par le haut, avec la pointe d'un
« couteau, et ensuite, en la déchirant avec la main, elle se
if sépare facilement. On divise de la même manière chaque
fr feuille en quatre rubans ou lanières dans toute leur lon-
« gueur, pour les arranger ensuite en petits faisceaux com-
« posés d'une quarantaine de lanières, disposées dans leur
<;< sens naturel, c'est-à-dire, les pointes du côté des pointes,
« et les bases du côté des bases ; on les lie fortement vers le
*< haut avec de petites cordes ou ficelles. Cette ligature, qui
« est faite pour les réunir et les fixer, ne doit occuper qu'un
« demi-pouce de largeur au plus. ^'
« Tous les faisceaux ainsi disposés seront placés avec ordre
(■/ dans une chaudière oblongue, de grandeur proportionnée
PHO 7
« à la quantité de feuilles qu'on veut expérimenter : on rem-
« plit ensuite la chaudière d'une eau dans laquelle on a fait
« dissoudre trois livres de savon coupé en morceaux, pour
« chaque vingt-cinq livres pesant de feuilles réduites en la-
« niéres et réunies par paquels, ainsi que nous Tavons dit. II
« faut fixer ces feuilles, soit par un corps pesant, soit par des
« bois placés en travers dans la chaudière , afin que les plantes
« soient bien submergées, et ne cessent pas d'être mouillées. ^^
« On peut employer les savons de Marseille, les savons de
« Suisse , ceux de graines, et même les savons verts en partie
« liquides; on met seulement une demi-livre de plus de ce
« dernier. La chaudière doit être tenue en ébullition pendant
« cinq heures; la liqueur étant ensuite refroidie, de manière
« à pouvoir facilement en supporter la chaleur, on prend un
« fiïisçeau avec la main gauche par le haut, c'est-à-dire par
<ic la partie liée, et l'on serre avec la main droite, en la pro-
« menant de haut en bas, les lanières, pour en exprimer et
« en détacher la partie mucilagineuse , qui s'enlève facile-
« ment alors. On continue de même, et on achève ensuite
« de les nettoyer en les lavant dans une eau courante , avec
« l'attention de ne pas embrouiller les fils et de les conserver
« dans toute leur longueur, autant que la chose est possible.
« La belle filasse qu'on obtient d-c cette manière, est séchée
« à l'ombre et peut être employée alprs à faire d'excellens
„ cordages. Ainsi les fibres du phormium, à l'avantage de la
« force, joignent une éclatante blancheur et un coup d'œil
« satiné, qui les rendront d'un emploi bien moins dispen-
« dieux dans la fabrication des toiles , puisque ces toiles n'exi-
« geront pas l'opération du blanchissage, o-pération si coû-
K teuse, et qui affoiblit encore si considérablement les fibres
« du chanvre ou du lin qui les composent. Peut-être les
« toiles qu'on en fera seront- elles inférieures en finesse à
« celles de chanvre, et encore plus à celles de lin, mais
« elles seront moins coûteuses et plus durables ; les plus grands
« avantages sont particulièrement pour la marine. ^^ (Poir.)
PHORULITHE. {Conch-yl.) Nom spécifique, donné par
Denys de Montfort à la coquille, dont il a formé son genre
Phorus. (Desm.)
PHORUS. {Concli-yl.) Nom latin du genre Frippier, établi
8 PHO
par Denys de Montfort avec le trochus agglutinans , vulgaire-
ment la frippière. (De B.)
PHOS , Plios. (Conchyl.) Genre de coquilles établi par
Denys de Montfort (Conchyl. syst., t. 2 , page 493) pour une
coquille du genre Murex de Linné et de M. de Lamarck ,
qui a le tube très-court, au point que quelques auteurs en
font un buccin, et qui, en outre, a une sorte de pli oblique
à la fin de la colurnclle et la fente ombilicale ouverte : c'est
le murex senticosiis, Linné: le Rocher lime de M. de Lamarck.
Denys de Montfort le nomme P. chardon, P. senticosus.
Voyez Rocher. (DeB.)
PHOSGENE. (C/iim.) Nom donné à Pacide chloro-oxicarbo-
nique, parce qu'on Pobtient en exposant au soleil un mé-
lange de volumes égaux de chlore et d'oxide de carbone.
(Ch.)
PHOSPHATES. {Chim.) Combinaisons salines de l'acide
phosphorique et des bases saliliables.
Composition,
Elle est assez difficile à établir; cependant on peut admettre:
1.° D'après les expériences de M. Dulong et de M. Berze-
lius, que dans les phosphates neutres l'oxigène de l'acide étant
6 , celui de la base est 2 ; et que dans les phosphures à pro-
portions constantes préparés par le procédé de M. Dulong,
si la base peut former un protoxide capable de saturer les
acides , le phosphore est au métal dans la proportion néces-
saire pour faire un phosphate de protoxide neutre.
2." D'après les expériences de M. Bei'zelius , que le phos-
phate de chaux contient un peu plus de base que la combi-
naison neutre devroit en contenir, si on l'établissoit d'après
l'analyse des phosphates neutres de baryte, de soude et de
protoxide de plomb.
3." D'après les expériences de M. Berzelius , qu'il existe des
sous-phosphates qui contiennent une fois et demie plus de
base que les phosphates neutres (je les désignerai par l'ex-
pression de sesqui-sous-phosphate) ; qu'il en existe qui en
contiennent deux fois plus.
4." D'après les expériences de Berzelius, qu'il existe des sur-
phosphates qui contiennent une fois et demie plus d'acide
PHO 9
que les phosphates neutres (je les désignerai pax^ l'expression
de sesqui-phosphates) ; qu'il en existe d'autres qui en con-
tiennent deux fois plus.
Action du feu.
Excepté le phosphate d'ammoniaque, dont la base ftsi vo-
latile , tous les phosphates neutres sont indécomposables par
la chaleur; et s'il est vrai, comme on l'a dit, que quelques
surphosphates perdent leur excès d'acide par l'action du feu,
on peut dire que, pour que cet effet soit produit, il faut
une température très-élevée.
Action de l'eau.
Parmi les phosphates neutres , il n'y a que les phosphates
de potasse , de soude et d'ammoniaque qui soient très-so-
lubles : le phosphate de magnésie l'est un peu ; la plupart
des phosphates insolubles sont dissous par un excès de leur
acide.
Action du charhoîi.
En général les phosphates neutres métalliques tendent à
donner un phosphure ou un sous-phosphure quand on les
chauffe avec du charbon, et les sur-phosphates métalliques
tendent en outre à donner du phosphore , lequel provient
pour la plus grande partie de facide en excès.
^ Phosphate d'alumine.
Berzelius.
Acide 67,57
Alumine 32,40.
On le prépare en précipitant le sulfate d'alumine par le
phosphate d'ammoniaque.
Ce sel est insoluble dans l'eau; il est dissous par l'eau de
potasse.
Il se fond en verre transparent.
Sous- PHOSPHATE d'alUMINE.
Berzelius.
Acide 5i,o6 40559
Alumine 48,94 S^jD^
Eau . . , 20,46.
PHO
M. Berzclîus a Irouvé ce sel dans la wawellite, où il est
mélangé avec quelques centièmes de phthorure d'aluminium
et d'oxides de fer , de manganèse et de calcium.
Il a exposé au feu rouge, pendant une demi-heure , 200 p.
de wawellite, i5o parties de cristal de roche et 600 parties
de sous-carbonate de soude. Il a fait digérer la masse pen-
dant vingt- quatre heures avec de l'eau.
L'eau a dissous du phosphate de soude et de la soude rete-
nant un peu de silice.
Le résidu étoit formé d'alumine , d'oxides de fer, de man-
ganèse et de calcium, et de la majeure partie de la silice.
Phosphate d'ammoniaque.
Berzelius.
Acide Sy^yo 67,55
Ammoniaque ^.2j,jS 32,47 '
Eau 14,55.
On le prépare en unissant l'acide phosphorique , étendu
d'eau, à l'ammoniaque, également étendue; on mêle un
léger excès d'ammoniaque et on fait évaporer à une très-
douce chaleur ; ou bien encore on neutralise le phosphate
acide de chaux par l'ammoniaque ou le sous-carbonate d'am-
moniaque. Dans ce cas on sépare par la filtration un préci-
pité de phosphate de chaux.
Il cristallise en tables hexagonales ou en prismes à quatre
pans, terminés par des pyramides à quatre faces. On a en-
core indiqué des cristaux de forme octaédrique. '
Sa saveur est fraîche , salée et piquante.
Il n'est ni déliquescent , ni efRorescent.
Il exige 4 parties d'eau à i5'*,5 pour se dissoudre.
Les acides sulfurique , nitrique et hydrochlorique parois-
sent le réduire en bi-phosphate.
La potasse, la soude en chassent l'ammoniaque ; la chaux,
la baryte , la strontiane précipitent Tacide de sa solution
aqueuse.
1 II ne se oit pas impossible que ces formes, ou quelques-unes seule-
ment, appartinssent au sous-pliospliate ; car Berzelius dit que le phos-
phate cristallise difficilement, tandis que le sous- phosphate cristallise
aisément.
PHO 1»
Au feu, il donne de l'eau et de l'ammoniaque; mais, quoi
qu'on en ait dit , il n'est pas possible d'en chasser assez exac-
tement cette dernière, pour qu'on puisse indiquer la calcina-
tion du phosphate d'ammoniaque comme un moyeu de pré-
parer l'acide phosphorique.
Il n'est pas aussi facile à décomposer par le charbon que
l'est l'acide en excès du sur- phosphate de chaux.
Rouelle, Lavoisier et Vauquelin sont les chimistes qui
nous ont fait connoitre ce sel.
Bl-FHOSFHATE d'aMMONIAQUE.
Berzelius.
Acide 80,61 67,00
Ammoniaque JQj^g 16,11
Eau 16,8g.
Ce sel ne cristallise pas ou que très -difficilement, suivant
Berzelius.
Sous -PHOSPHATE d'aMMONIAQUE.
Berzelius.
Acide 58,09
Ammoniaque 41,91.
Suivant ce chimiste, il contient 1'/^ fois la quantité de
Lase contenue dans le phosphate neutre.
Phosphate d'argent.
Berzelius.
Acide 23, 5i
Oxide d'argent 76,49.
Telle est la composition théorique du phosphate d'argent
neutre , mais il paroit qu'on n'a point encore obtenu ce com-
posé ; car, d'après M. Berzelius, le phosphate d'argent jaune
qui se produit, lorsqu'on mêle des solutions de nitrate d'ar-
gent et de phosphate de soude cristallisé, est un sous-phos-
phate contenant 1 '/^ fois autant de base que le phosphate
neutre, c'est-à-dire qu'il est formé de
Acide i7jOi
Oxide d'argent. 82,99.
Conformément à ce résultat, on observe que la liqueur
d'où il s'est séparé, est acide, quoiqu'on ait employé des
solutions neutres.
^^ PHO
Le sous -phosphate d'argent ne contient pas d'eau; il se
fond au feu en une substance semblable au chlorure d'argent
fondu.
Lorsqu'on met ce phosphate encore frais avec l'acide
phosphorique aqueux, une portion est dissoute. La liqueur
est jaune; elle dépose de petits grains jaunes cristallisés par
l'évaporation , qui ont paru à M. Berzelius être du sous-
phosphate. Quant au liquide acide, il a donné, par l'évapo-
ration spontanée, de petits cristaux pluwiformes blancs, qui
sont devenus jaunes par le contact de l'eau, qui, en leur
enlevant de l'acide, les a convertis en sous-phosphate.
Phosphate de bakyte.
Berzelius.
Acide 3l,8o
Baryte G8,2o.
On le prépare en précipitant de l'hydrochlorate de baryte
par le phosphate d'ammoniaque. Il ne faut pas employer le
nitrate de baryte , parce qu'il se forme alors un sel double
de nitrate et de phosphate de baryte.
Il est en poudre blanche insipide. Hassenfratz lui assigne
1,2867 pour densité.
Il se fond en émail.
Il est insoluble dans l'eau.
Il est soluble dans l'eau acidulée d'acide hydrochlorique,
d'acide nitrique, d'acide phosphorique.
Il est complètement décomposé par l'acide sulfurique, sur-
tout si on a pris la précaution de le dissoudre préalablement
dans l'acide nitrique.
Bl-PHOSFHATE DE BARYTE.
Berzelius.
Acide 48,25 40,02
Baryte 5i,75 46,14
Eau 1 0,84.
On prépare ce sel, suivant M. Berzelius, qui l'a ftiit con-
noître, en étendant l'acide phosphorique concret ou siru-
peux dans six fois son poids d'eau , saturant ce liquide de
phosphate de baryte récemment précipité : filtrant et fai-
sant évaporer lentement la liqueur : on obtient par ce moyen
PHO i5
des cristaux de bi -phosphate , qu'on fait égoutter dans un
entonnoir et qu'on soumet ensuite à la pression entre du
papier Joseph, jusqu'à ce qu'il ne les mouille plus. Si l'on
prend les eaux-mères de ces cristaux et qu'on les Tasse cris-
talliser jusqu'à ce qu'elles ne donnent plus de cristaux , il
reste de l'acide phosphorique pur.
Ce sel cristallise comme l'hydrochlorate de baryte ; il a
une légère saveur acide et est inaltérable à l'air.
Il rougit le papier de tournesol.
Chauffe au feu , il se boursoufle en perdant son eau , et
laisse une masse blanche poreuse semblable à l'alun calciné.
L'eau bouillante le décompose; l'excès d'acide le dissout
avec une portion de phosphate , mais la plus grande partie
de la baryte reste indissoute à l'état de phosphate neutre.
SeSQUI- PHOSPHATE DE BARYTE.
Berzelius.
Acide 38,33
Baryte 61,67.
M. Berzelius a obtenu ce sel , qui contient 1 '/, fois plus
d'acide que le phosphate neutre, en précipitant la solution
du bi-phosphate par l'alcool et en lavant le précipité avec
ce liquide.
Comme le précédent , l'eau bouillante lui enlève son excès
d'acide.
Remarque. M. Berzelius , dans son Mémoire sur les phos-
phates, n'admet que ces trois espèces, et dit qu'il n'a pu ob-
tenir de sous-phosphate de baryte. Cependant, dans sa Théorie
des proportions chimiques, il donne les proportions de deux
sous-phosphates, dont l'un contient 1 /, et l'autre 1'/^ plus
de base que le phosphate neutre.
Phosphate de bismuth.
Berzeliu5.
Acide 3i,i3
Oxide de bismuth 68,87.
Phosphate de chaux.
La détermination des proportions suivant lesquelles l'acide
phosphorique s'unit à la chaux , présente de grandes difli-
n PHO
cultes, si ce n'est pas dans les procédés analytiques, c'est
dans le mode de préparer des phosphates de chaux d'une
composition constante.
Le phosphate de chaux neutre doit être formé , d'après
M. Berzelius , de
Acide 55,62 100
Chaux 44,38 79579«
Mais ce savant, ayant voulu préparer ce sel en mettant une
solution de phosphate de soude cristallisé dans une solution
d'hydrochlorate de chaux neutre , remarqua les faits suivans :
La liqueur séparée du précipité étoit acide.
Le précipité avoit l'aspect cristallin ; au moyen du micros-
cope on voyoit qu'il étoit formé d'une multitude de petits
cristaux fibreux , dont les extrémités étoient divisées en trois
ou quatre fibres plus fines. M. Berzelius détermina la propor-
tion des principes immédiats de ce composé, de la manière
suivante.
(a) En le faisant chauffer au rouge dans une cornue, il en
sépara de l'eau pure.
ijb) En dissolvant le résidu dans l'acide hydrochlorique,
étendant d'alcool la dissolution jusqu'à ce qu'un précipité
commençât à paroître , y versant un mélange d'alcool et d'a-
cide sulfurique aussi long-temps qu'il se formât un précipité ,
il obtint la chaux à l'état de sulfate , et trouva le sel formé de
Acide . . 4i,85o ■ 100
Chaux.. 35,475 84,77
Eau.... 22,675. L'eau contient 2 fois l'oxigène delà chaux.
100,000
D'après cela on voit que le phosphate de chaux contient un
peu plus de base qu'il devroit en contenir d'après la théorie.
SoDS-FHOSPHATE DE CHAUX DES OS.
Berzelius.
Acide.... 48,45 .... 100
Chaux... 5i,55 .... 106,4
1 Cette analyse se rapproche de celle d'Eckeberg :
Acide 39
Chaux 36
Eau 25.
PIIO aô
La quantité de chaux est i '/, plus grande que dans le phos-
phate neutre.
M. Berzelius a vu que le phosphate de chaux, préparé de
la manière suivante , est identique au sous-phosphate des os.
On verse de Fhydrochlorate de chaux dans un excès de
phosphate de soude , afin qu'il ne se développe pas d'acidité
dans la liqueur; on fait digérer le précipité avec l'excès du
phosphate de soude.
Le phosphate de chaux, ainsi préparé, est gélatineux, et
conséquemment non cristallisé; après avoir été séché , M. Ber-
zelius a trouvé qu'il est formé de
Acide.... 48,45 .... ]oo
Chaux.... 5i,55 .... 106,4,
et d'une quantité d'eau dont l'oxigène est la moitié de celui
de la chaux.
Ce sel, dissous dans l'acide hydrochlorique, et précipité en-
suite par l'ammoniaque en excès, présente la même composi-
tion qu'avant sa dissolution. Il en est de même quaud, au
lieu de laver avec de l'eau pure , le sel précipité de nou-
veau, on le lave avec de l'ammoniaque.
Pf^opriétés.
Ce sel desséché est en poudre blanche, insipide, inodore.
Au feu , il se fond en émail sans s'altérer.
Il est insoluble dans l'eau.
Il est dissous par les acides nitrique, hydrochlorique, et en
général par les acides qui forment des sels solubles avec la
chaux. L'ammoniaque, versée dans ces dissolutions, en pré-
cipite le sous-phosphale ; il ne reste dans la liqueur que des
atomes de ce même sel , qu'on peut en séparer en faisant
évaporer le liquide.
L'acide phosphorique dissout le phosphate de chaux et
forme un sursel.
L'acide sulfurique concentré, mis avec son poids de phos-
phate de chaux , le décompose en totalité. La décomposition
est plus facile, si l'on mêle la solution de sous-phosphate
dans l'acide hydrochlorique avec une solution alcoolique
d'acide sulfurique. (Voyez plus haut.)
Si on emploie de 2 à 3 parties d'acide sulfurique concentré
i6 PHO
et 4 p. de phosphate , et si on lessive la masse avec de l'eau,
on sépare du sulfate de chaux et on obtient une liqueur qui,
évaporée , donne un surphosphate de chaux qui cristallise
en paillettes, et qui a été décrit par MM. Fourcroy et Vau-
quelin.
Le sous- phosphate de chaux, chauffé avec deux fois son
poids de charbon à une très- haute température, perd une
portion de son acide, laquelle est probablement réduite, par
le charbon , en oxide de carbone et en phosphore , suivant
l'expérience de M. Th. de Saussure.
La potasse et la soude ne décomposent pas le sous-phosphate
de chaux desséché; mais, lorsque celui-ci est gélatineux, ces
alcalis dissolvent et de l'acide phosphorique et de la chaux ,
suivant un rapport qui n'a pas été déterminé.
Le sous -phosphate de chaux dont nous venons de parler,
est la partie essentielle des os. Il est probable qu'il se trouve
dans les végétaux.
Il sert à la préparation du phosphore.
Sous -PHOSPHATE DE CHAUX FOSSILE CRISTALLIsé.
(Apatite, pierre d'asperge.)
Klaproth. Berzelius.
Acide.... loo .... 45,52 .... 100
Chaux... 116, i5 54,/,8 122,1.
L'acide sature donc 1 % fois plus de base que dans le phos-
phate neutre.
Quant aux propriétés physiques de ce sel, voyez l'article
Chaux phosphatée, tom. VIll, pag. 324.
Sur- PHOSPHATE DE CHAUX.
MM. Fourcroy et Vauquelin ont obtenu , en traitant les os
calcinés par les trois quarts de leur poids d'acide sulfurique
concentré, ajoutant de l'eau à la masse, puis en la lessivant
et faisant évaporer doucement le lavage , un sel acide cristal-
lisé en paillettes nacrées , doué des propriétés suivantes.
Ce sel a une légère saveur acide.
Il s'humecte légèrement par son exposition dans une atmo-
sphère humide.
11 se fond au feu en verre transparent, sur lequel l'eau n'a
PHO i?
pas d'action sensible , au moins pendant un contact de plu*
sieurs heures. Selon MM. Fourcroy et Vauquelin , ce résultat
est tout simple , parce qu'ils pensent que la chaleur est ca-
pable de volatiliser rexcès d'acide du sur-phosphate de chaux.
Suivant les mêmes chimistes , il est dissous par l'eau sans
éprouver d'altération. Suivant Berthollet , au contraire, il
se réduit en phosphate plus acide, soluble , et en phosphate
moins acide, insoluble.
Suivant les premiers chimistes, le sous-carbonate d'ammo-
niaque précipite du sous-phosphate de la solution du sur-phos-
phate , et non du sous-carbonate de chaux , comme Berthollet
l'a prétendu.
Le sur-phosphate de chaux peut être entièrement décom-»
posé par l'acide sulfurique ; et, suivant M. Gay-Lussac, par l'a^
cide oxalique. Pour obtenir ce dernier résultat, il faut mêler
au sur-phosphate épaissi de Tacide oxalique, et traiter le mé--
lange par l'alcool, qui dissout l'acide phosphorique et l'acide
oxalique en excès : il reste de l'oxalate de chaux.
Le sur- phosphate de chaux , chauffé avec du charbon au
l-ouge blanc dans une cornue de grès, est réduit en sous-
phosphate, en phosphore qui se volatilise, en oxigène qui
se dégage à l'état d'oxide de carbone.
Le sur- phosphate de chaux a été trouvé dans des calculs
urinaires par MM. Fourcroy et Vauquelin.
Remorque.
M. Berzelius a cherché à déterminer la composition du sur^
phosphate de chaux; mais il n'est arrivé à aucun résultat
positif: il attribue le peu de succès de ses recherches à ce
qu'il n'a point obtenu de sur-phosphate cristallisé. 11 est mal-'
heureux que cet habile chimiste n'ait pas connu le sur-phos-
phate décrit par MM. Fourcroy et Vauquelin ; car il l'auroit
certainement obtenu , en suivant le procédé des chimistes
françois.
M. Berzelius, en précipitant par de l'alcool une dissolution
saline de phosphate de chaux dans l'acide phorique étendu ' ,
a obtenu un sur-phosphate qui lui a donné une quantité d'a-
\ Provenant du pliospliale (raiiiinoniaque décomposé par le feu-
Ao< ■ 2
18 PHO
cide non pas double de celle du phosphate neutre de chaux,
mais double de celle du sous- phosphate de chaux des os,
c'est-à-dire ,
Acide phosphorique .. . loo
Chaux 53,2.
M. Bcrzelius a remarqué que l'acide phosphorique sur-
saturé de phosphate de chaux, est représenté par
Acide 100
Chaux 49-
11 a vu que cette solution , chauffée, se réduit en phosphate
de chaux neutre, qui se précipite, et en un sur- phosphate
solublc , formé de
Acide loo
Chaux 3o.
Phosphate de cobalt.
Berzelius.
Acide 48,75
Protoxide de cobalt 5i,25.
On prépare ce sel en versant du phosphate de soude dans
du nitrate ou de l'hydrochlorate de cobalt.
Ce phosphate est rose , parce qu'il contient de l'eau; mais
en la perdant par l'action de la chaleur, il passe au bleu.
C'tst sur cette propriété qu'est fondé la fabrication du bleu
de Thénard. Nous allons la décrire d'après ce célèbre chimiste.
« On traite, dit M. Thénard, à l'aide de la chaleur, la
<j mine de cobalt de Tunaberg grillée, par un excès d'acide
« nitrique foible ; on fait évaporer la dissolution presque
« jusqu'à siccité; on fait chauffer le résidu avec de l'eau;
« on filtre la liqueur pour en séparer une certaine quantité
« d'arseniate de fer, qui se dépose : alors on y verse une
„ dissolution de sous- phosphate de soude, et l'on obtient
,t un précipité violet de sous -phosphate de cobalt. Ce pré-
« cipité étant lavé, rassemblé sur un filtre et emore en
« gelée, on en prend une partie, que l'on mêle, le plus
« exactement possible , avec huit parties d'hydrate d'alu-
« mine ou d'alumine en gelée. On reconnoîtra que le mé-
« lange sera bien fait, lorsqu'il sera également coloré, ou
PHO 19
-ï qu'on n'y apercevra plus de petits points de phosphate
« isolé: dans cet état, on le fera sécher à l'étuve ou sur
« un fourneau, et lorsqu'il sera assez sec pour être cassant,
« on le calcinera dans un creuset de terre ordinaire. A cet
« effet, on remplira le creuset de matière; on le recouvrira
« de son couvercle; on le chauffera peu à peu, jusqu'au-
« dessus du rouge-cerise, et on le tiendra exposé à ce digré
« de chaleur pendant une demi-heure; on retirera le creu-
« set, et l'on y trouvera une belle couleur bleue, qu'on
^ conservera dans un flacon. L'opération réussira constam-
t( ment, si on a le soin d'employer un suffisant excès d'am-
« moniaque pour préparer l'alumine, de la laver à plusieurs
« reprises avec des eaux très-limpides, par exemple iiltrées
« au charbon.
« Le phosphate de cobalt peut être remplacé, dans la
« préparation de cette couleur, par l'arseniate de cobalt :
»t seulement , au lieu d'employer une partie d'arseniate sur
« huit d'alumine, il ne faudra en employer qu'une demi-
« partie. On obtiendra d'ailleurs ce sel de même que le
« phosphate, c'est-à-dire, en versant dans la solution de
<f cobalt, préparée comme nous venons de le dire , une
« dissolution d'arseniate de potasse.
« En mêlant intimement et en proportions convenables,
„ de l'alumine en gelée ou de l'alun à base d'ammoniaque
f< avec une solution de nitrate de cobalt, desséchant et cal-
^ cinant le mélange , il se produit encore une couleur bleue,
K analogue à la précédente : ce qui tend à prouver que cette
« couleur n'est qu'un composé d'alumine et d'oxide de co-
« balt. Celle que donne l'alumine, est assez belle ; mais
« celle qui provient de l'alun est pâle, »
Phosphate de deutoxide de cuivre.
Berzelias.
Acide ....' .- 47,37
Deutoxide de cuivre.... 52,63.
On le prépare en mêlant une solution de phosphate de
soude avec du sulfate de cuivre.
Ce sel est d'un bleu tendre quand il est hydraté ; mais
quand on le chauffe il devient brun, en perdant son eau.
20 PHO
Il est insoluble dans l'eau , et soluble dans tous les acides
qui dissolvent le deutoxide de cuivre.
La potasse le décompose.
Il se trouve dans la nature.
Phosphate de protxoide d'étain.
Berzelius.
Acide 34,82
Protoxide d'étain.... 65, 18.
On le prépare en versant du phosphate de soude dans de
l'hydrochlorate de protoxide d'étain. Le phosphate d'étain se
précipite.
Phosphate de deutoxide d'étain.
Berzelius.
Acide 48,82
Deutoxide.... 5i,i8.
On le prépare en versant de l'eau dans de l'hydrochlorate
de peroxide d'étain. Ce sel est insoluble.
Phosphate de protoxide de fer.
Berzelius.
Acide 50,59
Protoxide.... 49,61..
On obtient ce sel en décomposant le sulfate de protoxide
de fer, par le phosphate de soude. Ce sel se précipite en
flocons gélatineux d'un blanc sale, quand on a eu le soin
d'écarter l'oxigène atmosphérique des liqueurs; autrement il
est d'un blanc grisâtre ; et s'il a le contact de l'air, il devient
d'un bleu d'ardoise.
On a généralement décrit comme phosphate de protoxide
de fer, le phosphate bleu de la nature, ainsi que le phos-
phate artificiel devenu bleu par son exposition à l'air. J'avoue
que je suis assez porté à croire que le phosphate bleu résulte
de l'union de l'acide phosphorique avec le protoxide et le
peroxide de fer. Ce qu'il y a de certain, c'est que les sels de
fer au minimum, et les sels au maximum, ne donnent pas
de précipité bleu, et qu'il faut, pour obtenir celui-ci, ex-
poser à Pair le phosphate préparé avec un sel de fer au mi-
nimum , lorsqu'il est encore gélatineux. En outre, il est
PHO
certain que l'absorption de l'oxigène par le phosphate blanc
ne porte pas le protoxide au maximum, pu sque le phos-
phate bleu, traité à chaud par la potasse, se réduit en
acide phospborique qui s'unit à l'alcali , et en oxide de fer
noir, qui est évidemment du deutoxide de fer, ou plutôt
une combinaison de protoxide et de deutoxide.
Le phosphate de fer bleu, calciné, devient rouge en ab-
sorbant de l'oxigène.
Il est soluble dans les acides sulfurique, hydrochlorique,
etc.
JI est réduit par le charbon en phosphure de fer.
Phosphate de peroxide de fer.
Beizelius.
Acide 57,77
Peroxide de fer. . . . 42,23.
On le prépare en précipitant l'hydrochlorate de peroxide
de fer par le phosphate de soude. Le phosphate récemment
précipité est d'un blanc légèrement jaunâtre.
Par la çalcination il devient rougeàtre en perdant son eau.
Comme le phosphate de fer bleu , il est soluble dans les
acides sulfuiùque , hydrochlorique; il est décomposé par la
potasse et réduit par le charbon rouge en phosphure.
MM. Fourcroy et Vauquelin avoient avancé que le sang
devoit sa belle couleur à du phosphate de peroxide de fer
qui avoit été réduit en sous -phosphate de peroxide par
l'alcali du sang.
Phosphate de glucine.
Berzelius.
Acide 56,84
Glucine.... 43,16.
M. Vauquelin l'a obtenu en précipitant le sulfate ou Phy-
drochlorate de glucine par le phosphate d'ammoniaque.
Il est en poudre blanche.
Il se fond au feu en un verre transparent.
Il est soluble dans un excès de son acide, et dans les acides
qui forment des sels solubles avec sa base.
^a PHO
Phosphate de magnésie.
Berzelius.
Acide 63,33
Magnésie.... 36,67.
On le prépare en mêlant des solutions de phosphate de
soude et de sulfate de magnésie : si les solutions sont sutii-
samnient étendues d'eau, le phosphate qui se dépose est sous
forme crisialline.
11 cristallise en prismes hexaèdres dont les côtés sont iné-
gaux. A la longue il imprime à la langue une saveur dou-
ceâtre et amère.
Au feu il se fond en un verre transparent.
Il est (flflorescent.
Il est légèrement soluble dans l'eau bouillante -. par le re^
frnidissenient , la liqueur dépose des cristaux, et il ne reste
que très- peu de phosphate en dissolution.
Il est très-soluble dans un excès de sou acide, et dans l'eau
acidulée d'acides hydrochlorique , nitrique , etc.
L'acide sulfurique le dissout. Par l'évaporation , on obtient
le sulfate de magnésie en cristaux.
La potasse, la soude , la baryte , la strontiane , la chaux ,
le décomposent.
L'ammoniaque le décompose en partie; la portion indé-
composée forme un sel double avec le phosphate d'ammo-
niaque qui s'en produit.
Ce sel fut découvert, en 1773 , par Bergman.
11 se troiive dans les os, dans les urines de plusieurs ani^
maux, et dans les plantes.
Bl-PHOSFHATE DE MAGNÉSIE.
Acide 775^5
Magnésie.... ^^,45.
Phosphate ammoniaco- magnésien.
Fourcrov.
Phosphate d'ammoniaque. ... 35
Phosphate de magnésie 55
Eau 33.
Fourcroy a découvert ce sel. Il l'a préparé, soit en préci-
PHO 23
pitant par l'ammoniaque le phosphate de magnésie dissous
dans un excès de son acide, soit en mélaiigeiint des solutions
de phosphate d'ammoniaque et de sur-phosphate de uiagnésie.
Il cristallise en prismes tétraèdres très petits, terminés par
des pyramides irrégulières à quatre faces.
Il est insipide.
M. Vauquelin dit qu'au feu il perd son ammoniaque sans
que le résidu soit acide. L'acide du phosphate d'ammoniaque
se volatilise-t-il P ou bien le phosphate de magnésie, qui est
uni au phosphate d'ammoniaque, est-il un bi-sous-phosphate?
et dans ce cas la pro,nortion de ce sel seroit-elle convenable
pour que l'acide uni à l'ammoniaque égalât l'acide de la
magnésie? c'est ce qui n'a pas encore été examiné.
Il est presque insoluble dans l'eau.
Le phosphate auimoniaco - magnésien se dépose de l'urine,
qui s'altère spontanément par son exposition à l'air ; il se
dépose d'un grand nombre de sucs végétaux qui contiennent
du phosphate de magnésie et une matière azotée putréfiable.
Je peux citer pour exemple le suc de pastel qui a été coagulé
par la chaleur.
Le phosphate ammoniaco- magnésien existe dans les con-
crétions animales.
Phosphate »e manganèse.
Bcrzelius.
Acide 49j47
Protoxide de manganèse ... . 5o,55.
On le prépare en mêlant des solutions de sulfate de manga-
nèse et de phosphate de soude.
Il est blanc.
Il est décomposé par la potasse et la soude bouillantes.
Phosphate de protoxide de mercure.
Berzelius.
Acide 14,60
Protoxide. . . . 85, 5o.
On l'obtient en mêlant le nitrate de protoxide de mercure
avec le phosphate de soude.
Il est blanc grenu.
24 PHO
Phosphate de pero.xide de iMercure,
Berzelius.
Acide 24,62
Peroxide.... 76,08,
II se prépare en mêlant des solutions de phosphate de soude
et de peroxide de mercure.
Il est d'un jaune léger.
Phosphate de potasse.
Acide . 43,06
Potasse 56, (j4.
Ce sel s'obtient en neutralisant la potasse par l'acide phos-
phorique.
Il verdit légèrement la couleur de violette.
Il ne cristallise pas. Il est presque insipide.
Au feu, il se fond d'abord dans son eau de cristallisation)
ensuite il éprouve la fusion ignée.
Il est déliquescent , et par conséquent très-soluble dans
Peau.
Les eaux de baryte, de strontiane et de chaux, précipitent
son acide.
Il est décomposé quand on le chauffe très-fortement, avec
le double de son poids de charbon, dans une cornue de por^
celaine lutée,
B1-PHOSPHATE DE POTASSE,
ISeiïplius.
Acide 60,20
Potasse 09,80,
En ajoutant à la potasse deux fois plus d'acide phosphorique
qu'il ii'tn faut pour la neutraliser, on obtient un sel qui cris-
tallise en prismes quadr.jngulaires terminés par d< s pyramides
à quatre faces.
Le même sel parort se former quand on traite le phosphate
neutre par les acides nitrique, hydrochlorique et même acé-
tique.
Il a une saveur très-aisre. 11 rougit fortement le tournesol.
PHO 35
II se fond au feu en un verre transparent , qui devient
opaque en refroidissant.
Il est assez soluble dans l'eau.
Sous-phosphate de potasse.
Lorsqu'on fait chauffer, dans un creuset de platine, deux
parties de phosphate de potasse mêlées à une partie de potasse
à l'alcool, et qu'on lave la masse fondue avec de l'eau, il
reste une poudre blanche , qui est un sous-phosphate de po-
tasse, suivant Darracq.
Ce sel n'a presque pas de saveur. Il se fond au feu en un
verre qui devient opaque par le refroidissement.
Il est presque insoluble dans l'eau froide.
L'eau bouillante en dissout une quantité notable : aussi
précipite-t-elle l'eau de chaux et le nitrate d'argent.
Il est dissous dans les acides nitrique , hydrochlorique.
Ces dissolutions sont épaisses comme de l'empoi concentré.
Elles donnent par les alcalis un précipité qui est soluble
dans un excès d'eau.
C'est surtout cette préparation qui avoit fait croire à Guy-
ton et à Desormes, que quand on calcine le chlorate de potasse
avec l'acide phosphorique, on changeoit la potasse en chaux j
mais la description que Darracq a donnée des propriétés du
sous-phosphate de potasse , explique l'erreur de Guyton et de
Desormes.
Phosphate de nickel.
Bcrzelius.
Acide 48,71
Oxide de nickel. .. . 61,29.
On le prépare en mêlant du phosphate de soude avec du
sulfate de nickel.
Il est insoluble ; d'une couleur verdàtre.
Phosphate de plomb.
Berzelius.
Acide 24,24
Protoxide. . . . 75,76.
On le prépare en décomposant une solution de chlorure
^6 PHO
de plomb par le phosphate de soude. Si l'on employoit le
nitrate de plomb, on obtiendroit un sel double de nitrate
et de phosphate de plomb.
Le phosphate de plomb est blanc ; on le trouve dans la
nature cristallisé en prismes hexaèdres. Exposé à la flamme
du charbon, il se fond en un verre transparent qui cristal-
lise en polyèdres par le refroidissement.
Jl est insoluble dans l'eau.
Il faut une assez grande quantité de son acide pour le dis-
soudre.
L'acide sulfurique le décompose complètement.
L'acide hydrochlori({ue bouillant le dissout. Par le refroi-
dissement il se dépose des cristaux de chlorure de plomb; mais
la décomposition du phosphate n'est pas complète.
L'acide nitrique le dissout. La potasse, la soude, l'ammo-
niaque , précipitent de cette solution un phosphate qui con-
tient probablement un excès de base.
Quand onchaufle le phosphate de plomb avec du charbon,
on obtient un phosphure métallique.
Phosphate et nitrate de plomb.
Ce sel se produit lorsqu'on verse du phosphate d'ammo-
niaque dans du nitrate de plomb. Il se dépose quelques heures
après le mélange en petits grains cristallins.
Ces cristaux sont presque inattaquables par l'eau froide;
mais l'eau bouillante en sépare du nitrate de plomb.
Au feu ils perdent leur acide nitrique et il reste du sous-
phosphate de plomb , dans lequel la quantité de base est
1 )(, celle du phosphate neutre , d'oîi M. Berzelius conclut
que dans le sel double deux proportions de protoxide sont
unies à l'acide phosphorique , tandis qu'une seule l'est à Pa-
cide nitrique.
SeSQUI- sous -PHOSPHATE DE PLOMB.
M. Berzelius a obtenu ce sel en faisant digérer le phos-
phate neutre de plomb dans l'ammoniaque; lavant le résidu
et le faisant rougir : il Ta trouvé formé de i '/^ fois autant de
base que le phosphate neutre, c'est-à-dire,
Acide. J7>38
Protoxide de plomb.... 'd-j,/i-j.
PHO 37
Sesoui 5Ur-?hosi'hate de plomb.
M. Berzelius a obtenu ce sel en versant du bi-phosphate de
soude dans une solution bouillante de chlorure de plomb,
lavant le précipité a l'eau froide, puis à l'eau bouillante. Le
précipité rougissoit le tournesol , et étoit formé de
Acide ^9?9o
Protoxide de plomb, .. . 70,10,
c'est-cà-dire, que ce sel contient 1 '/^ plus d'acide que le phos-
phate neutre.
Phosvhate de silice.
Lorsqu'on fond l'acide phosphorique avec une proportion
suffisante de silice, on obtient un verre qui n'est pas déli-
quescent comme l'est le verre d'acide phosphorique pur, et
qui est une vraie combinaison des deux corps. Mais, si l'on
considère l'acidité de la silice, on ne peut comparer ce com-
posé aux sels proprement dits ; car la disparition plus ou moins
-grande de l'acidité de l'acide phosphorique tient uniquement
à l'insolubilité de la silice dans Teau.
Phosphate de soude.
Thcnaid. Beraelius.
Acide i5 .... 55,3 .... 20,41
Soude. — 19 .... 46,7 .... 17,88
Eau 06 61,7 1 , dont l'oxigène est
double de celui de la base.
On obtient ce sel en grand , en neutralisant , par le sous-
Carbonate de soude, l'excès d'acide de sur-phosphate de chaux
provenant du traitement des os par l'acide sulfurique, ou en
neutralisant l'acide phosphorique par la soude. Si l'on ne
met pas un excès d'alcali bien sensible, on obtient des cris-
taux de phosphate alcalins au sirop de violette et une eau-
mère acide au tournesol , ainsi que M. Thénard l'a remarqué
il y a long-temps.
Ce sel cristallise en prismes rhomboidaux ; quelquefois en
prismes hexaèdres.
Il n'a qu'une légère saveur; il verdit le sirop de violette et
rougit l'hématine comme le font les alc,ilis foibles.
28 PHO
Au feu il se fond dans son eau de cristallisation, puis il se
vitrifie. Ce verre cristallise en se refroidissant, et finit par
devenir opaque.
Il s'effleurit à l'air avec une grande facilité.
Il demande 4 parties d'eau à 1 5'' et 2 parties d'eau bouil-
lante pour se dissoudre.
Comme le phosphate de potasse , il est en partie décom-
posé par le charbon rouge de feu.
Les acides sulfurique, nitrique, hydrochlorique , le ré-
duisent en sur-phosphate de soude.
Les alcalis solubles en précipitent l'acide , si ce n'est en to-
talité, du moins en partie.
Ce sel existe dans l'urine, mais en combinaison avec le
phosphate d'ammoniaque.
Il est employé en médecine comme purgatif. Outre l'avan-
tage qu'il a de n'avoir pas de saveur amère , il a celui de
purger sans occasioner des nausées. Il peut être substitué au
borax dans la soudure : il sert de flux dans les essais au cha-
lumeau.
SuR-PHOSPHATE DE SOUDE.
Le sur- phosphate de soude, qu'on obtient en traitant le
phosphate neutre par les acides , a été appelé sel perlé de Haupt ,
parce que c'est Haupt qui l'a découvert. Le nom de sel perlé
lui a été donné à cause de sa ressemblance avec les perles
lorsqu'on l'a fondu. Proust pensa qu'il contenoit un acide
particulier, qu'il appela acide du sel perlé ; mais Klaproth
en fit connoitre la vraie nature.
Le sur- phosphate de soude cristallise en petites paillettes
semblables à l'acide borique.
Il est vraisemblable qu'en ajoutant à du phosphate de soude
de l'acide phosphorique, puis de l'alcool , le précipité qu'on
obtient alors est semblable au précédent. M. Berzelius , qui a
recueilli ce précipité, n en a pas Tait une an^ilyse assez rigou-
reuse pour en établir la composition ; mais il pense qu'il est
très-probable qu'il contient deux fois plus d'acide que le
phosphate neutre ; qu'il est par conséquent un bi-phosphatc.
PHO 29
Phosphate AiMmoniaco de soude.
Sel microcosmique. = Sel fusible de l'urine,
Fourcroy.
Acide 32
Ammoniaque.... 19
Soude ^4
Eau 25.
Margraff reconnut dans ce sel, qu'on obtint d'abord âû
l'urine , l'ammoniaque et le phosphore ; Fourcroy ensuite
en fit connoitre la nature. On peut l'obtenir en mêlant des
dissolutions de phosphates de soude et d'ammoniaque.
Ce sel est eflflorcscent ; en perdant de l'eau , il perd une
petife quantité d'ammoniaque.
Au feu il se convertit en sur- phosphate de soude.
On dit qu'il ne dégage pas d'ammoniaque quand on le tri-
ture avec de la soude.
Phosphate de strontiane.
Berzelius.
Acide 40,8
Strontiane.... 69,2.
On le prépare en précipitant une solution d'un sel de
strontiane par le phosphate d'ammoniaque.
Il est en poudre blanche.
Il se fond en émail.
Il est soluble dans les acides nitrique et hydrochlorique.
Il est complètement décomposé par l'acide sulfurique.
Il a été découvert par Hope en 1797.
Phosphate de zinc.
Berzelius.
Acide 4^,99
Oxide de zinc... 55, 01.
On le prépare en mêlant le phosphate de soude avec le
sulfate de zinc.
Ce sel , insoluble dans l'eau , le devient dans un excès de
son acide.
ôo PHO
Phosphate de zircone.
On ignore la proportion des principes immédiats de ce sel:
on ^ait seulement qu'ils forment un composé insoluble; car
l'acide phosphorique précipite les sels solubles de zircone.
Phosphate d'yttria.
On sait que ce sel est insoluble ; car les phosphates de soude ,
d'ammoniaque, précipitent les solutions salines d'yttria. (Cii.)
PHOSPHATIQUE [Acide]. (Chim.) M. Dulong a proposé
ce nom pour désigner Tacide qui se produit lorsque le phos-
phore brûle lentement dans l'air atmosphérique. Sage avoit
bien vu qu'il diffère de l'acide phosphorique; mais ce ne fut
qu'en 1777 que r,avoisier démontra que cette différence tient
à ce qu'il contient moins d'oxigène que ce dernier : en consé-
quence on l'appela acide phosphoreux dans la nouvelle nomen-
clature chimique. M. Davy reconnut, en 1800, qu'il contenoit
constamment de l'icirle phosphorique, et en même temps il fit
connoître le véritable acide phosphoreux: il considéra Tacide
phdspliatique comme un mélange d'acides phosphoreux et
phosphorique. M. Dulong , au contraire, en 1816, ayant repris
l'examen de cet acide , le regarda comme un composé de ces
deux acides ; et c'est d'après cette manière devoir qu'il proposa
le nom d'acide phosphatique. M. Dulong s'appuya principale-
ment sur ce que cet acide contient une proportion constante
d'oxigène et de phosphore, et sur ce qu'il ne donne pas,
quand on l'unit aux bases salifiables , des srls particuliers , mais
bien des phosphates et des phosphites. Si l'on vouloit suivre le
principe de nomenclature qu'on a établi dans ces derniers
temps , il faudroit l'appeler acide hypophosphorique.
Composition.
Tlienard.
Du
long.
Ixigène . . .
. 1 10,4 • • ■
. . log . .
... 112,4,
par le calcul.
hosphore ,
. . 100
. . 100 .
. . . 100
Propriétés.
Toutes les propriétés de cet acide sont celles qui doivent
résulter d'un mélange d'acides phosphorique et phosphoreux.
PHO 3i
Préparation.
Pour préparer cet acide , il faut introduire dans de petits
tubes de verre , effilés à un bout, des bâtons de phosphore;
placer ces tubes dans un entonnoir qui repose sur un fla-
con . mettre l'appareil dans une assiette couverte d'eau , puis
recouvrir le tout d'une cloche de verre portant deux ouver-
tures, l'une à son sommet et l'autre latérale. Par ce moyen
la combustion du phosphore est toujours [ente, et à mesure
qu'elle a lieu , la vapeur d'eau dissout l'acide produit et Pen-
traine dans le flacon. (Ch.)
PHOSPHITES. ( Oiïm. ) Combinaisons salines de l'acide
phosphoreux avec les bases salifiables.
Composition.
Dans les phosphites neutres à base d'oxides , le phosphore
est au métal dans le même rapport que dans les phosphures
neutres; et comme il en est de même des phosphates , on
conçoit que, si l'acide d'un phosphite passe à Pétat d'acide
phosphorique , la neutralité de la combinaison restera cons-
tante : tel est aussi le résultat des observations de M. Gay-
Lussac , qui ont été confirmées par celles de M. Dulong et
de M. Berzeliiis,
Dans les phosphites, Poxigène de Pacide est à celui de la
base :: 3:2.
Il existe, outre les phosphites neutres , des sous-phosphifes
et des sur-phosphites.
Préparation.
On prépare les phosphites en unissant directement Pacide
phosphoreux avec les bases salifiables.
Les oxides métalliques faciles à réduire ne forment pas de
phosphites, parce qu'ils sont réduits, non-seulement par Pa-
cifie phosphoreux, mais ils le sont encore, au moins pour
la plupart, par les phosphites.
Pœmarque.
Les phosphites n'ont été que peu examinés, et encore ne
peut-on compter jusqu'ici que sur les observatioc» He M. Du-
long; car avant ce chimiste, qui a étudié quelques espèces
3â PHO
de phosphites préparés avec l'acide phosphoreux de Davy,
l'on avoit toujours décrit comme des phosphites les matières
salines obtenues en unissant avec les bases l'acide que donne
le phosphore en brûlant spontanément dans l'air: or, il est
bien prouvé maintenant que par ce moyen on ne peut obtenir
que des phosphates , ou un mélange de phosphites et de phos-
phates ; c'est pour cette raison que nous ne pouvons citer ici
le travail de MM, Fourcroy et Vauquelin.
Phosphite d'ammoniaque.
11 cristallise, mais si confusément, que M. Dulong n'a pu
en déterminer la forme*
Il est déliquescent , conséquemment très-soluble dans l'eau ;
mais il est insoluble dans l'alcool.
Par la chaleur il laisse dégager de l'ammoniaque; et, à un
certain degré de concentration , de l'hydrogène proto-phos-
phuré qui s'enflamme à l'air , si la température du sel est
suffisamment élevée.
Pkosphite de baryte.
Le phosphite neutre est soluble et susceptible de cristal-*
liser, quand la solution est évaporée spontanément; mais, si
l'on chauffe la liqueur lorsqu'elle a atteint de 5o à 6o'\ il se
dépose de petits cristaux nacrés de sous-phosphite , absolu-
ment insolubles dans l'eau , et il reste en dissolution un sur-
phosphite plus difficilement cristallisable.
Le phosphite neutre de baryte, mis sur un charbon ardent,
produit une flamme jaune; le sous-phosphite en produit une
moins intense, et le sur-phosphite une plus intense.
Le sous-phosphite de baryte distillé donne de l'hydrogène
proto-phosphuré , un peu de phosphore, et un phosphate
coloré en jaune fauve; et ce qui est remarquable, c'est que
ce phosphate ne perd point sa couleur lorsqu'on le calcine
avec l'oxigène : cependant elle est due à la matière rouge
qu'on a appelée oxide de phosphore, et qui est combustible*
Pour s'en convaincre, il suffit de traiter ce résidu par de l'acide
hydrochlo."!que ou nitrique , qui dissout le phosphate , h
l'exclusion de la matière rouge-
PHO 53
Phosphite de potasse.
Il est déliquescent. M. Dulong n'a pu faire cristalliser sa
dissolution.
Il est insoluble dans l'alcool.
Le phosphite de potasse se comporte à la distillation comme
le sous-phosphite de baryte. Le résidu de phosphate est rouge;
en le traitant par l'eau, la matière rouge n'est pas dissoute;
celle-ci, traitée par les acides, donne lieu à un foible déga-
gement d'hydrogène phosphore.
Phosphite de soude.
II est très-soluble dans l'eau. La solution cristallise en
rhomboïdes qui s'approchent beaucoup du cube.
Il est insoluble dans l'alcool.
Il se comporte à la manière du phosphite de potasse.
Phosphite de sïrontiane.
Il présente des propriétés tout-à-fait analogues à celles du
phosphite de baryte. (Ch.)
PHOSPHITES [Hypo-]. ( Chim.) Combinaisons salines de
Pacide hypophosphoreux avec les bases salifiables.
Ces sels n'ont été étudiés que par M. Dulong, qui les a
découverts : voici les propriétés qu'il leur a reconnues.
Action de l'eau.
Tous les hypophosphites sont solubles dans Peau. L'hypo-
phosphite de potasse est beaucoup plus déliquescent que le
chlorure de calcium. Les hypophosphites de baryte et de
strontiane ne peuvent être obtenus cristallisés régulièrement,
à cause de leur extrême solubilité.
Action de l'alcool.
Les hypophosphites de potasse et de soude sont solubles
dans l'alcool en toutes proportions.
Action de la chaleur.
Ils donnent à la distillation du gaz hydrogène perphos-
phuré , du phosphore, et un phosphate mêlé d'oxide rouge
de phosphore, qu'on peut en séparer au moyen de tout acide
susceptible de dissoudre le phosphate.
Ce résultat explique pourquoi les hypophosphites projetés
sur un charbon ardent , produisent une belle flamme jaune.
40 . 3
34 fHO
Action de Voxigène.
Les hypophosphites neutres absorbent lentement Foxigène
de Fair et deviennent acides. C'est par une suite de cette
propriété qu'ils précipitent l'or à l'état métallique de la solu-
tion du chlorure d'or; l'argent, de ses dissolutions, etc. (Ch.)
PHOSPHOLITHE. (Mm.) Kirwan a donné ce nom à la
combinaison de l'argile ou alumine avec l'acide phosphorique,
que M. Proust attribue à une pierre vitreuse qu'il désigne sous
le nom de grenats de Valence , qui se boursoufle au chalumeau
et qui est ensuite très-difficile à fondre (Ann.de ch., t. i, p. ig6).
Il soupçonne , mais sans motifs suffisans , que ces grenats
pourroient bien être ceux qui sont mentionnés par de Born
sous la désignation de grenats couleur dlvyacinthe , transparensr
dodécaèdres , à plans rliombes, venant d'Espagne. Cat. de Raab. ,
tom. 1.", pag. i55. (B.)
PHOSPHORE. (Chim.) Corps simple, non métallique, doué
des propriétés suivantes :
Le phosphore, parfaitement purifié, est transparent et inco-
lore. Il a un tissu lamelleux; il peut cristalliser en octaèdres
alongés; il est insipide : dans l'air il répand une odeur d'ail.
A quelques degrés au-dessus de lo il jouit d'une ductilité très-
sensible; aussi peut-on le couper au couteau : au-dessous de
zéro il est cassant.
Il a une pesanteur spécifique de 1,77.
Le phosphore se fond à 43*^; il ressemble, quand il est
fondu , à une huile grasse. M. Thénard a observé des échan-
tillons de phosphore qui lui ont présenté la propriété de de-
venir noirs quand , après les avoir fondus de 60 à 70*^, on les
plongeoit dans Peau froide. Ces mêmes phosphores, fondus à
45*^ et refroidis lentement dans Pair, redevenoient transpa-
rens et incolores. M. Thénard avoit cru que ce phénomène
étoit général ; mais il a reconnu qu'on ne Pobserve que sur
les échantillons de phosphore qui ont été distillés trois ou
quatre fois et même neuf ou dix fois. 11 n'est pas éloigné de
penser que ces distillations ont pour objet de séparer l'hydro-
gène du phosphore , et que le phénomène qu'il a observé
est essentiel au phosphore pur.
Le phosphore bout à 271'', suivant Davy ; à 290"*, suivant
suivant Thénard. Il paroît
PHO 35
qu'on peut en volatiliser une petite quantité en le distillant
avec He l'eau.
Le phosphore exposé à la lumière devient rouge ; et s'il est
cassant, il devient flexible. Ce phénomène se produit dans
le vide de Toritelli, dans les gv./. hydrogène et azote, l'eau
bouillie , etc. M. Vogel pense qu'il se produit un oxide
rouge de phosphore; mais point d'acide phosphoreux.
Le phosphore fondu , exposé à une décharge voltaïque ,
donne un peu d'hydrogène phosphuré; mais cet hydrogène,
suivant Davy, n'est point essentiel à sa nature.
Le phosphore forme quatre acides avec l'oxigène , et, dit-
on , deux oxides.
Sous la pression barométrique de o,'"76o et à la tempéra-
ture ordinaire, le phosphore plongé dans le gaz oxigène n'y
brûle pas : si on le chautTe à 38 environ, il brûle en déga-
geant beaucoup de lumière et de chaleur. Le résultat de la
combustion est de l'acide phosphorique. (Pour opérer la com-
bustion du phosphore dans le gaz oxigène, voyez Qxigene.)
Sous la pression barométrique de o,"*! à o,'"o5 et à des tem-
pératures comprises entre 27 et 5 , le phosphore brûle spon-
tanément dans le gaz oxigène humide; mais ce n'. st plus de
l'acide phosphorique qui se forme , c'est de l'acide phospha-
tique ou hypophosphorique. M. Bellani , à qui nous devons
cette observation curieuse, observe que la température, à
laquelle le phosphore brûle dans l'oxigène est d'auiant plus
élevée, que la tension de ce gaz est plus forte.
On doit ajouter que si au gaz oxigène on mêle de l'hydro-
gène , de Tacide carbonique , de l'azote provenant de l'ana-
lyse de l'air par le phosphore ' , de manière à diminuer la
tension de l'oxigène, celui-ci devient susceptible de brûler
le phosphore au-dessous de 27 : c'est ainsi que ce combus-
tible brûle dans l'air et produit de l'acide phosphatique.
A la température ordinaire il se forme assez de vapeur de
phosphore dans une atmosphère d'acide carbonique, d'hydro-
gène , etc., pour que ces gaz deviennent lumineux dans
l'obscurité, quand on y mêle de l'oxigène. La vaporisation a
1 Suivant M. Thénard, l'expérience ne réussit pas avec l'azote pro-
venant de l'analyse de l'air faite par un mélange de fer et de soufre-
ol^ PIIO
lieu dans Toxigène sous la pression ordinaire ; mais , pour que
la vapeur devienne lumineuse , il faut mêler le gaz avec l'azote.
Le phosphore n'est pas dissous par l'eau. Quand on le con-
serve dans ce liquide , qui a bouilli pendant long-temps, il se
recouvre d'une croûte blanchie, il devient rouge dans l'inté-
rieur, et l'eau acquiert une odeur alliacée : elle contient de
l'acide phosphoreux et de l'hydrogène phosphuré en disso-
lution. On n'est pas encore certain que l'eau soit décomposée.
Le phosphore s'unit au chlore en deux proportions à la
température ordinaire. Il y a dégagement de chaleur , fu-
sion du phosphore, émission de lumière. Il peut se former
un chlorure liquide ou de l'acide chloro-phosphorique.
Le phosphore s'unit à l'iode et au soufre à l'aide de la
chaleur en toutes proportions.
Il s'unit également à l'arsenic, quand la température est
suffisamment élevée.
Suivant Proust , il s'unit au carbone.
Enfin, la plupart des métaux sont susceptibles de former
des phosphures.
Le phosphore enlève l'oxigène à un grand nombre d'acides
et d'oxides métalliques. Avec ces derniers il se forme pres-
que toujours un phosphate et un phosphuré.
Le phosphore est considéré comme un excitant très-éner-
gique. On l'a administré à la dose d'un grain par jour, en
dissolution dans l'alcool, l'éther, et sous la forme de pilules,
avec les huiles, la mie de pain.
Si le phosphore peut être considéré comme un excitant
général , on doit dire qu'il excite les organes de la généra-
tion d'une manière toute spéciale.
Éfaf.
Le phospliore ne se trouve pas libre dans la nature. M.
Vauquelin dit qu'il est à l'état de combustible dans la ma-
tière cérébrale, les nerfs, la laitance des carpes; mais il ne
seroit pas impossible qu'il y fût a l'état d'acide phosphorique
uni à une matière grasse.
L'acide phosphorique, combiné avec diverses bases , est,
si non très-abondant, au moins très répandu dans la nature. Le
phosphate de chaux est la base inorganique des os.
PHO 57
Préparation.
Avant que Gahn eût découvert l'acide phosphoriqne dans
les os, on retiroit le phosphore de l'urine: ou la faisoit éva-
porer et on en distilloit l'exlrait à une température très-éle-
vée. Dans cette opération, le phosphate d'ammoniaque de
l'urine donnoit du phosphore. MargrafF conseilla de mêler
l'extrait d'urine avec du chlqrure de plomb contenant de
l'oxide : par ce moyen, on obtient du phosphore non-seule-
ment du phosphate d'ammoniaque , mais encore du phos-
phate de soude.
Aujourd'hui on suit communément le procédé que nous
allons décrire.
On prend des os calcinés au blanc, on les réduit en poudre
dans un mortier de fer et on les tamise. On met la poudre
dans des terrines de grès; ensuite on verse sur 100 p. de
poudre 76 p. d'acide sulfurique à Q,Ç>'^ ^ étendues dans Son p.
d'eau. On laisse agir les matières pendant plusieurs jours, en
ayant soin de les agiter avec une spalule de verre ou de bois.
On met la masse sur un filtre de toile ou dans des tonneaux.
On la lave avec de l'eau à plusieurs reprises, et on la soumet
ensuite à la presse. Toutes les liqueurs réunies sont éva})orées
dars une capsule ou dans une chaudière. Lorsque la liqueur
est concentrée, on la laisse refroidir; elle dépose du sulfate
de chaux' ; on la décante, on lave le dépôt et on réunit le
lavage avec la liqueur, qui tient du sur-phosphate de chaux
en dissolution; on fait évaporer le tout à siccité , et on
ajoute environ un quart de charbon au résidu : on peut
faire cette opération dans un bassine de plomb ou de fonte.
On introduit ce mélange dans une cornue de grès éprouvée,
qui a été enduite d'un lut composé de terre et de fiente
de cheval. On place la cornue dans un fourneau à réver-
bère construit d'une telle manière, que la flamme du bois
qui sert à chauffer la cornue descend dessous , et se re-
lève ensuite pour la chauffer dans toutes ses parties. 11 faut
que l'air qui doit alimenter la combustion ne pénètre dans
le fourneau que par les petits interstices qui existent entre
les portes du foyer et du cendrier, et les parois du iour-
1 On peut faire évaporer en consistance de sirop, et traiter le jcsidu
par 4 fois son volume d'eau froide. Le sulfate de chaux ne se dissout
pas ; ou \o. sépare par le filtre.
38 PHO
neau. On adapte à la cornue un récipient de cuivre qui a la
forme d'une cornue renversée, dont le bec iroit s'engager avec
celui de la cornue de grès ; on remplit d'eau à moitié le réci-
pient : de cette manière l'air n'a point d'accès dans l'inté-
rieur de la cornue. Après avoir luté le récipient à la cornue,
et le col de celle-ci au fourneau , on chauffe graduellement.
Au rouge cerise il se dégage du gaz oxide de carbone et
du gaz hydrogène, tfui proviennent de la décomposition
de l'eau contenue dans les matières. Quatre heures environ
après qu'on a mis le feu sous la cornue, lorsque la tempéra-
ture est au rouge blanc, le phosphore commence à se dégager
avec du gaz oxide de carbone et de l'hydrogène carboné: le
premier provient de l'oxigène de l'acide phosphorique , et le
second de l'hydrogène du charbon. Quand il ne se dégage
plus de gaz, l'opération est terminée.
Le phosphore obtenu par le procédé précédent n'est pas
pur. Pour l'avoir dans cet état, on le met sur une peau
de ctiamois dont on relève les bords , qu'on attache ensuite
avec une ficelle : on plonge dans l'eau chaude à 5o le phos-
phore ainsi enfermé; on presse la peau avec la main ou avec
des pinces : le phosphore fondu se filtre et se sépare ainsi d'une
matière rouge. Si l'on veut l'obtenir le plus pur possible,
on le distille dans une cornue de verre. Pour le mouler en
bâtons, on le fond dans l'eau chaude à 46' ; on y plonge
Pextrémité d'un tube de verre; on aspire par l'autre extré-
mité avec la bouche. Quand le phosphore occupe les deux
tiers de la capacité du tube, on soulève ce dernier, on met
le doigt sous Pextrémité ouverte, et on le porte dans Peau
froide. E.e phosphore se solidifie; on le fait sortir du tube au
moyen d'une tige de fer.
On conserve le phosphore dans de l'eau bouillie, qui est
contenue dans des flacons opaques.
Usages.
J^e phosphore sert à faire des briquets, à préparer l'acide
phosphorique , etc.
Histoire.
Le phosphore fut découvert, par hasard , en 1(169, par un
alchimiste de Hambourg nommé Brandt. Kunckel, ignorant
PHO 59
le procédé de Brandt , le retira de l'urine en 1674. Boyle,
en 1679, fit la même découverte. Mais ce ne fut qu'en lySS
que la préparation du phosphore cessa d'être un secret,
parce que Hellot publia le procédé qu'un étranger avoit
vendu au gouvernement françois, MargrafF, Lavoisier, Gahn,
Schéele et Pelletier, MM. Thénard, Davy, Dulong, Berzelius ,
examinèrent ensuite les propriétés de ce corps.
Des combinaisons du phosphore avec plusieurs corps.
De l'oxide de phosphore.
Les chimistes ont décrit sous ce nom deux corps differens,
^u moins sous le rapport de leurs propriétés physiques.
De l'oxide rouge.
Suivant M. Vogel , on l'obtient de la manière suivante :
On étend du phosphore , coupé en petits morceaux , sur une
assiette blanche ; on y met le feu ; on lave le résidu rouge de la
combustion à l'eau distillée jusqu'à ce que ce liquide ne rou-
gisse plus la teinture de tournesol. On fait sécher le résidu.
On obtient ainsi une matière d'un rouge foncé qui n'est point
acide ; qui exige , pour se fondre , une chaleur plus élevée que
pelle de l'eau bouillante, et qui est moins dense que le phosphore.
Quand on la chauffe dans une capsule de platine, elle brûle
avec une flamme jaunâtre , qui s'éteint lorsqu'on retire la
capsule du feu.
Par la combustion opérée, soit par l'air, soit par l'acide
nitrique, on ne peut en retirer d'acide carbonique,
M. Davy dit qu'en chauffant le phosphore dans l'air non
raréfié , on obtient deux acides et un résidu rouge d'oxide.
De l'oxide blanc.
II est solide , insipide ; il a l'odeur du phosphore.
Il çsi moins fusible que le phosphore; il brûle rapidement
quand on le chauffe dans l'eau et le gaz oxigène,
11 est décomposé par le charbon.
On le prépare en mettant du phosphore en petits cylin-
dres dans un flacon presque plein d'eau aérée; on renouvelle
l'air du flacon de temps en temps: il faut laver l'oxide avec
de l'eau pour en séparer l'acide phosphoreux.
Suivant Steinacher , on obtient vn oxide blanc moins
oxidé que cehii-ci , en chauffant le phosphore à 100 dans
40 PHO
un tube de verre étroit et alongé : l'oxide se condense en
flocons blancs dans la partie supérieure du tube.
On ne sait point encore positivement le rapport qu'il y a
entre cesoxides et la matière roiigespontanémentinflammable,
qu'on obtient quand on a fait brûler vivement du phosphore
en excès sous une cloche d'air reposant sur le mercure.
Quant aux oxides de phosphore , voyez Phosphoreux
[AriDEJ, Phosphoreux (Hypo-) [Acide], Phosphorique [Acide],
Pho^phatique ou Hypophosphorique [Acidê].
Du chlorure de thosphore.
Covipos'ition.
Davy. Dulong.
Chlore 355 327
Phosphore ... 100 100.
SuivantM. Davy, l'acide chlorophosphorique contiendroit,
pour 100 de pliosphore, 666 de chlore; et suivant M. Dulong,
54g : conséqueniuient le phosphore se combineroit à des
quantités de chlore qui seroient entre elles :: 1 : 2, suivant
M. Davy; et comme 5:5, suivant M. Dulong. C'est ce rap-
port que nous adopterons.
Pj^opriélés.
11 est liquide , Incolore comme l'eau.
11 a une pesanteur spécifique de 1,45.
Il ne rougit pas le papier de tournesol parfaitement desséché.
11 est volatil: une chaleur rouge ne le décompose pas.
Lorsqu'on le fait passer dans un tube de porcelaine rouge
de feu avec du gaz oxigène , le phosphore est brûlé et le
chlore séparé.
Il est entièrement soluble dans l'eau; mais il éprouve une
décomposition. L'oxigène d'une portion d'eau s'unit au phos-
phore , et l'hydrogène au chlore. 11 en résulte de Pacide phos-
phoreux pur et de l'acide hydrochlorique.
Le chlorure de phosphore ne s'enflamme point à Pair;
il y répand des fumées blanches, dues à ce que sa vapeur
produit de l'acide phosphorique et de Pacide hydrochlorique
par le contact de l'humidité. Le gaz ammoniaque en sépare
du phosphore et forme du chloro-phosphate ?
Le chlorure de phosphore peut dissoudre du phosphore.
PHO 4»
Dans cet état, exposé à l'air sur un papier Joseph , il y en a
une portion qui se volatilise, et celle qui reste sur le papier
produit assez de chaleur, en se décomposant par Thumidité ,
pour enflammer le phosphore qui étoit en simple dissolution
dans la liqueur.
Le chlorure de phosphore, exposé à un courant de chlore,
l'absorbe, devient solide, et passe ainsi à l'étal d'acide chloro-
phosphorique.
Préparation.
1.*' Procédé. On prépare le chlorure de phosphore en met-
tant 25 grammes de phosphore bien sec au fond d'un tube
fermé à une de ses extrémités; on ajoute liîo grammes de
sublimé corrosif. On place le tube dans un fourneau de ma-
nière à ce que la partie qui contient le phosphore ne soit
pas chauffée. On adapte à l'extrémité ouverte du tube un
petit tube courbé qui va plonger au fond d'une éprouvette
bien sèche, et fermée avec un bouchon auquel on a pratiqué
une légère ouverture. On chauffe le sublimé à 200 environ,
puis on fait passer dessus le phosphore réduit en vapeur : ce-
lui-ci enlève le chlore au mercure et la nouvelle combinai-
son se condense dans réprouvelte.
2." Procédé. On met du phosphore desséché dans une cornue;
ce vaisseau communique par une tubulure à un appareil
propre à préparer du chlore sec, et par son bec à un petit
récipient, dont la tubulure est garnie d'un tube qui plonge
dans une couche légère de mercure. On fait arriver du chlore
dans la cornue jusqu'à ce que tout le phosphore, après s'être
complètement liquéfié , commence à déposer de facide chloro-
phosphorique. A cette époque on supprime l'appareil d'où le
chlore se dégage. On bouche la tubulure de la cornue; on vo-
latilise doucement le chlorure de phosphore dans le récipient.
5." Procédé. M. Davy fait le chlorure de phosphore en mêlant
7 p. d'acide chlorophosphorique avec 1 p. de phosphore.
Histobe.
MM. Gay-Lussac et Théuard l'obtinrent, en 1808, en fai-
sant passer du phosphore sur du mercure doux ; mais celui
qu'ils ont décrit contenoit du phosphore en dissolution. C'est
M. Davy qui l'a préparé le premier à l'état de pureté avec le
sublimé corrosif.
4? PHO
Iode et phosphore.
L'iode se combine au phosphore en un grand nombre de
proportions. L'union a lieu à froid avec dégagement de cha-
leur; mais sans lumière. Si les corps ne sont pas desséchés, on
obtient de l'acide pliosphoreux, du gaz hydriodique et même
de l'hydrogène proto-phosphuré. On peut opérer la combinai-
son des corps dans un petit tube de verre fermé à un bout.
1 p. de phosphore et 8p. d'iode donnent une combinaison d'un
rouge orangé, brun , fusible à loo'', volatile. Lorsqu'on la
met dans l'eau , il y a dégagement de gaz hydrogène phos-
phuré, formation d'acides phosphoreux et hydriodique , et un
dépôt de phosphore : l'eau reste incolore.
1 p. de phosphore et i6p. d'iode. Matière d'un gris noir, fu-
sible à 29 . Lorsqu'on la met dans l'eau, il ne se dégage pas
de gaz hydrogène phosphuré ; il se produit des acides phos-
phoreux et hydriodique : l'eau ne se colore pas.
1 p. de phosphore et 2l\ p. d'iode. Matière fusible en partie à
46 ; l'eau la dissout et se colore en brun. Elle contient des
acides phosphorique et phosphoreux, de l'iode et de l'acide
hydriodique.
1 p. de phosphore et l^p. d'iode. Il en résulte deux matières
différentes : l'une est analogue à la combinaison de 1 partie
de phosphore et de 8 p. d'iode ; l'autre , qui est rouge , paroît
dépourvue d'iode et analogue à ce qu'on appelle l'oxidç rouge
de phosphore.
Phosphore et arsenic.
Pelletier dit avoir opéré la combinaison dç ces deux corps
soit en les distillant à parties égales , soit en les chauffant
dans la même proportion au milieu de l'eau. Le composé est
noir et brillant. Pelletier dit qu'il faut le conserver sous l'eau.
Soufre et phosphore.
Le soufre paroît s'unir au phosphore en toutes proportions;
mais il est vraisemblable que, si l'on pouvoit obtenir des cris-
taux de ces composés, on #'ainoit qu'un certain nombre de.
combinaisons déterminées ; car il est vraisemblable que les
diffcrens composés qu'on obtient en unissant 1 p. de phos-
phore avec toutes sortes de proportions de soufre , sont des
combinaisons déterminées, dissoutes dans un excès d'un des.
élémens.
PHO 43
Pour faire ces composés , on prend un tube de huit à dix
centimètres de longueur et d'un à deux ceiîtimèfres de dia-
mètre, qui est fermé à un bout et ouvert à l'autre-, on y
introduit 2 ou 5 grammes de phosphore, on les fait fondre,
puis on y jette peu à peu le soufre qu'on veut y combiner:
on n'ajoute de nouvelles portions de soufre que quand celles
qu'on y a mises précédemment sont entrées en combinaison.
L'action des deux corps est assez vive pour que la combi-
naison se fasse spontanément, lorsqu'on met dans une petite
cloche 2 gr. de phosphore et 1 de soufre.
Lorsque le soufre s'unit au phosphore qui est fondu , il se
produit une détonation , qui seroit très-forte , si l'on mettoit
d'une seule fois tout le soufre qu'on veut y combiner.
Cette détonation est due au grand dégagement de chaleur
qui se fait et à la production d'une certaine quantité d'hy-
drogène sulfuré. La chaleur réduit en vapeur une partie de
la combinaison. La production de l'hydrogène sulfuré étant ac-
compagnée de celle de l'acide phosphoreux , il paroît s'en
suivre qu'elle est due à un peu d'eau contenue dans le phos-
phore , et aussi à l'hydrogène qui peut exister dans le soufre.
En opérant la combinaison du phosphore et du soufre sous
l'eau , on obtient dans ce liquide l'hydrogène sulfuré et l'acide
phosphoreux.
Le soufre, uni au phospliore dans la proportion de 1 à 2 ,
donne un composé fusible a i5'', qui est jaune, très-com-
bustible, susceptible de se volatiliser. 11 paroit que les pre-
mières portions qui se volatilisent contiennent plus de phos-
phore que les dernières.
Le soufre , uni au phosphore dans la proportion de 2 à i ,
donne un (-(imposé fluide à ejiviron 3o^ , qui est jaune
quand il est fondu , et qui donne à la distillation un premier
produit beaucoup plus phosphore que le second.
Combinaison du phosphore avec le carbone.
Le phosphure de carbone est solide , pulvérulent , d'un
jaune orangé vif.
11 n'a ni odeur ni saveur.
A une chaleur rouge le phosphore s'en sépare, et il reste
du charbon.
'.4 PHO
Chauffé avec le contact de l'air , il brûle et laisse du charbon.
Ce composé a été découvert par M. Proust dans la matière
rouge qui reste dans la peau de chamois après la fillration du
phosphore brut. Mais comme le carbure est mêlé à un excès
de phospliore , il faut mettre la matière rouge dans une cor-
nue, et l'y chauffer au-dessous du rouge, afin de dégager le
phosphore en excès.
On avoit pensé que la matière rouge qui colore le phos-
phore qu'on a exposé dans plusieurs gaz à la lumière , et que
le résidu rouge que laisse le phosphore après sa combustion
rapide dans Tair atmosphérique, étoicnt du phosphure de car-
bone contenudansle phosphore employé; mais M. Vogel, ayant
rassembléune assez grande quantité de résidus rouges de la com-
bustion du phosphore , s'est assuré qu'ils ne contenoient pas sen-
siblement de carbone ; car , chauffés avec de l'acide nitrique ,
ils ne produisoient point de gaz acide carbonique. 11 les a en
conséquence regardé comme un oxide, ainsi qu'on l'avoit fait
avant lui. Suivant le même chimiste, le phosphore distillé
deux fois ne contient plus de carbone; cependant il fournit
toujours de la matière rouge par la combustion.
Depuis M. Vogel , M. J. P. Boudet a examiné la matière
à laquelle M. Proust a donné le nom de carbure, et il lui a
paru que ce n'étoit que de l'oxide rouge de phosphore.
Quant aux combinaisons binaires du phosphore qui ne sont
pas acides, on en trouvera Phistoire aux articles des corps
qui sont unis au phosphore. (Ch.)
PHOSPHORE D'ANGLETERRE. {Chim.) C'est le corps
simple que nous avons décrit sous le nom de Phosphobe. (Ch.)
PHOSPHORE DE BAUDOUIN. {Chim.) Les anciens appe-
loient phosphore de Baudouin ou de Balduinus, le nitrate de
chaux qui avoit été exposé à la chaleur; c'étoit du nitrate de
chaux anhydre, quiétoitsouvent mêléd'unpeu dechaux. (Ch.)
PHOSPHORE DE BOLOGNE. {Chim.) C'est le sulfate de
baryte qu'on a pulvérisé, réduit en pâte avec de la gomme
adraganthe, moulé en gâteaux de l'épaisseur d'une lame de
couteau au plus, calciné au milieu du charbon, dans un
fourneau à réverbère, laissé refroidir et enfin exposé pen-
dant quelques minutes au soleil. Après cette préparation, la
matière portée dans un lieu obscur répand une vive lumière.
PHO 45
Il est clair que le phosphore de Bologne est un sulfure. (Ch.)
PHOSPHORE DE BOLOGNE. {Min.) C'est cette baryte sul-
fatée dans laquelle on a remarqué, il y a déjà assez long-temps
et d'une manière très-distincte , la phosphorescence par in-
solation. Voyez Barvte sulfatée radiée, tom. IV, pag. 94,
et Phosphorescence de minéraux à Particle Minéraux, tom.
XXXI, pag. 2 23. (B.)
PHOSPHORE DE HOMBERG. {CUm.) C'étoit de l'hydro-
chlorate de chaux calciné, ou plutôt, du chlorure de cal-
cium, retenant de la chaux. (Ch.)
PHOSPHORE DE KUNCKEL. {Chim.) C'est le corps simple
que nous avons décrit sous le nom de Phosphore. (Ch.)
PHOSPHORE D'URINE. {Chim.) C'est le corps simple que
nous avons décrit sous le nom de Phosphore. (Ch.)
PHOSPHORES PIERREUX. {Chim.) On donnoit autrefois
ce nom à des substances inorganiques, en général de nature
saline, qui étoient susceptibles de briller dans l'obscurité,
après qu'on les avoit exposées au feu suivant un procédé
convenable. Ces substances, étant regardées par les anciens
comme des pierres, furent appelées phosphores pierreux; tel
est le phosphore de Bologne. On regardoit encore comme
phosphores pierreux, le nitrate de chaux et Phydroclilorate
de chaux calcinés : le premier étoit connu sous la di'nomi-
natiqn de phosphore de Baudouin, et le second sous celle de
phosphore de Homherg. (Ch.)
PHOSPHORESCENCE DE LA MER. {Zoolog.) On a donné
ce nom à la propriété qu'offrent les eaux de la mer de de-
venir lumineuses. Les causes auxquelles on a attribué ce
phénomène, ont long-temps partagé le jugement des savans,
et même aujourd'hui on n'est point fixé d'une manière posi-
tive sur ce sujet. Les anciens navigateurs, frappés de la vive
lumière dont briiloit POcéan entre les tropiques , en firent
une peinture pompeuse et peut-être exagérée. Ce ne fut
qu'après qu'on eût étudié avec plus de soin la phosphores-
cence, qu'on la rangea au nombre des faits physiques les
plus singuliers et les plus remarquables.
Peu de sujets dans les sciences ont autant occupé les natu-
ralistes et les physiciens que la phosphorescence, nommée
aussi , mais à tort , météore des mers. Les titres seuls des Mé-
46 PHO
moires publiés sur ce sujet, formeroient une liste volumi-
neuse , et il seroit assez fastidieux de reproduire la plupart
des hypothèses qu'ils renferment.
La première idée qu'on trouve émise sur la phosphores-
cence est celle qui la considère comme une modification des
divers phénomènes électriques, et c'étoit l'opinion de Robert
Boyle, de Nollet et de Leroy. Bajon {Hist. Caj.) l'attribuoit
au frottement des courans opposés entre eux ou heurtés par
la proue du navire, d'où naissoit une sorte d'électricité.
Enfin, d'autres pensoient qu'elle étoit due à l'inflammation
du gaz hydrogène ou à des feux pho.sphoriques.
Rejetant ces opinions, quelques auteurs modernes ont
adopté la manière de voir des missionnaires Bourzes et
Canton, qui, avant 1769, l'attribuèrent à la putréfaction des
poissons et autres animaux morts dans la mer. Ce fut aussi
celle de Commerson , qui consigna dans ses manuscrits cette
théorie : « La phosphorescence est due à une cause générale,
« celle de la décomposition des substances animales, et sur-
« tout des cétacés, des phoques, riches en matières hui-
«i leuses. » M. Bory de Saint- Vincent [Anim. microscop., 1826)
y ajoute ses propres observations, et dit formellement : «Nous
« n'avons trouvé que par hazard des microscopiques dans
« les eaux srintillantes, et ils n'y scintilloient pas : il nous
« est démontré que les animalcules marii]s ne sont pour rien
^< dans le phénomène qu'on leur attribue généralement. *
Cette opinion est défendue par MM. Oken , Lehelvig. M.
Kéraudren [Ann. marit. , 1817), d'après Forster, l'attribue à
trois causes, à des mollusques et crustacés, à l'électricité et
à la formation du phosphore. Dans ce dernier cas, on s'étaie
de la propriété dont jouissent certaines substances animales
de briller avec plus ou moins de vivacité, suivant le degré
de leur putréfaction.
A ces opinions nous ferons succéder les observations de
divers naturalistes et voyageurs : il en résultera que, dans les
neuf dixièmes des cas, la phosphorescence est due à des
animaux marins, appartenant à des classes difierentes, sui-
vant les lieux, et le plus communément à des crustacés mi-
croscopiques.
Rigaud, dès 1768, avoit vu la phosphorescence produite
PHO 4f
paî* ce qu'il nommoit des polypes sphéroïdes diaphanes ;
mais, dès 1749, Vianellila considéroit comme le résultat d'une
néréide. Newland , en 1772, pensoit qu'elle étoit produite
par des animalcules provenant du frai de poisson, et Tern-
stein , Dagelet, ne sont point éloignés de cette manière de
voir. Un grand nombre d'observateurs signalèrent bientôt
cette propriété phosphorescente à un haut degré, dans les
méduses (Spallanzani, Forskal , Macartney, Banks); dans la
nereis noctiluca (Viviani) ; dans des polypiers flexibles (Shaw) ;
dans la noctiluque miliaire (Suriray, de Blainville, Desma-
rest); dans des animaux de forme ronde (Dicquemare) ; dans
le beroe fulgens (Mitchill); dans des animaux d'une ténuité
extrême (Quoy et Gaim. , Artaud ) : enfin , nul être organisé
peut-être ne présente la phosphorescence la plus éclatante
et la plus magique que le pyrosome (Pérou et Lesueur, de
Humboldt), qui semble convertir l'espace qu'il occupe dans
la mer, en coulées incandescentes de métal fondu.
Plusieurs écrivains attribuent la phosphorescence à des
crustacés marins d'une grande ténuité, et c'est ce que nous
espérons démontrer ailleurs. Forster l'avoit en effet observé
sur des crustacés, de même que Banks, et ensuite de Langs-
dorff. Anderson décrivit, sous le nom d''oniscus fulgens , un
crustacé phosphorifère ; Pallas le cancer pulex ; Riville croyoit
qu'elle étoit due à Phuile d'un monocle, etc.
D'après nos propres observations, et obéissant à notre con-
viction , nous ne regardons nullement la phosphorescence
comme susceptible d'être produite par une action purement
physique ou chimique. Nous dirons qu'elle est due à des
animaux marins, appartenant le plus souvent à des crustacés
de genres très-différens : qu'elle est propre à toutes les lati-
tudes, dans toutes les saisons ; mais qu'elle est plus habituelle
et plus remarquable sous la zone torride : que le foyer de
cette lumière, émise par irritation ou à l'époque de la pro-
création, inconnu pour le plus grand nombre, réside dans
des glandes placées en nombre variable sur les côtés du tho-
rax de certains crustacés, à la manière des foyers lucifuges
de quelques insectes ; qu'enfin, on doit la regarder, jusqu'à
ce que des recherches complètes et suivies viennent fixer
l'opinion , comme une modification des lois de la vie , dif-
48 PHO
férenfe de la simple lumière scintillante, qui résulte de la
décomposition des substances animales. ( R. P. Lesson.)
PHOSPHORESCENCE DES MINÉRAUX. ( Min. ) Nous
avons traité de cette propriété dans les minéraux avec le
développement suffisant à l'article Minéralogie , §. 7 , tom.
XXI, pag. 218. (B.)
PHOSPHOREUX [Acide]. (Chim.)
Composition.
Thomson. Davy. Berz. Diilong.
Oxîgène... 66,67... 76,6... 76,92... 74,88
Phosphore. 100 100 100 100.
Préparation.
On verse le chlorure de phosphore dans l'eau ; il s'y dissout.
Le phosphore absorbe l'oxigène d'une portion d'eau, et le
chlore l'hydrogène de cette même portion; il en résulte de
l'acide phosphoreux et de l'acide hydrochlorique : en faisant
évaporer le liquide doucement, on chasse l'acide hydrochlo-
rique , et on obtient un sirop qui se prend en masse cristal-
line par le refroidissement. C'est l'acide phosphoreux hy-
draté.
On prouve l'existence de l'eau dans cet acide en le chauf-
fant dans un tube contenant du gaz ammoniac ; celui-ci est
absorbé , et la combinaison , n'ayant pas la même affinité pour
Peau que l'acide, l'abandonne.
Propinétés.
L'acide phosphoreux est toujours combiné à l'eau ou à une
base saliliable. Dans le premier cas il est sous la forme siru-
peuse quand il est un peu échauffé , ou sous la forme de
petits cristaux prismatiques alongés quand il est refroidi.
L'acide phosphoreux hydraté , dissous dans Peau , exposé
à l'air, en absorbe peu à peu l'oxigène et se convertit en
acide phosphorique.
Lorsqu'on Pexpose à la chaleur dans une petite cornue
dont le bec s'engage sous une cloche pleine de mercure ,
on obtient le gaz hydrogène phosphore, dans lequel , suivant
M. Davy, l'hydrogène est condensé de la moitié de son vo-
lume; il reste dans la cornue de l'acide phosphorique solide.
PHO 49
L'oxîgène de l'eau s'est porté sur l'acide phosphoreux, et
l'hydrogène du même liquide a enlevé une portion de phos-
phore à l'acide, de sorte que celui-ci s'oxigène dans cette
opération en perdant de son radical et en recevant de l'oxi-
gène.
Si on chauffe l'acide phosphoreux avec le contact de l'air,
le gaz hydrogène phosphuré s'enflamme dans l'air; il se dépose
un peu de matière, qu'on regarde comme un oxide rouge
de phosphore (qui provient du gaz hydrogène phosphuré),
et il se forme de l'acide phosphorique.
L'acide phosphoreux est décomposé à une température
élevée par le charbon.
11 est converti en acide phosphorique par l'acide nitrique,
l'eau de chlore , plusieurs oxides métalliques , tels que ceux
de mercure, d'argent.
Usage.
Il n'est pas employé dans les arts.
HistoiT^e.
L'acide phosphoreux, décrit par Sage, par Pelletier, etc. ,
étoit un mélange ou une combinaison d'acides phosphoreux
et phosphorique. Voyez Phosphatique (Acide). C'est M. Davy
qui a fait connoitre l'acide phosphoreux hydraté pur. (Gh.)
PHOSPHOREUX (HYPO-) [Acide]. {Chim.) Nous devons
la découverte de cet acide à M. Dulong.
Composition.
Oxigène ^7,44
Phosphore 100.
Préparation.
On met du phosphuré de baryte dans l'eau ; il se dégage
d'abord de Phydrogène perphosphuré , easuite de Phydro-
gène protophosphuré. Quand le dégagement se ralentit, on
élève la température du liquide; enfin, quand il ne se dégage
plus rien, on verse le tout sur un filtre. Il reste sur le pa-
pier du phosphate de baryte, mêlé d'une très-petite quantité
40. 4
5o PHO
de phosphure avec excès de base, et l'on obtient une solu-
tion d'hypophosphite de baryte. Pour en précipiter la base,
il faut opérer de la manière suivante. On partage la liqueur
en deux quantités inégales; dans la plus forte, on verse de
l'acide sulfurique en léger excès, pour que le sulfate de ba-
ryte, qui se forme, puisse être séparé facilement par la fil-
fration ; puis on précipite l'excès d'acide sulfurique par la
portion d'hypophosphite qu'on a mise de côté.
L'acide liypophosphoreux, ainsi préparé, est étendu d'eau;,
si on le distille de manière à l'amener doucement à la den-
sité de 1,84 environ, on n'en dégage que de l'eau pure.
Pj^opriétés.
M. Dulong n'a pu l'obtenir cristallisé j il est sous la forme
d'un sirop.
11 a une saveur très -acide.
Il est très-soluble dans l'eau.
L'iode s'y dissout; l'eau est décomposée: son oxigène se
porte sur l'acide phosphoreux et son hydrogène forme de
l'acide hydriodique.
Il décolore le sulfate rouge de manganèse, en s'emparant
de l'excès d'oxigène de l'oxide.
L'eau de chlore le convertit en acide phosphorique.
Exposé à l'air, il n'en absorbe pas l'oxigène. (Ch.)
PHOSPHORIQUE [Acide]. {Chim.)
Composition.
Lav. Davy. Rose. Btrth. Berzelius. Dulong. Berzelius.
Oxigène.. 1 54 55,5 65,8 64,42 119,39 124,8 128,17.
Phosphore 100 46,6 4^)2 45,58 100 100 100.
Préparation.
1. On peut faire l'acide phosphorique sec en brûlant du
phosphore dans du gaz oxigène ou de l'air sec. Pour cela on
met du phosphore dans une petite capsule d'os de mouton
ou coupelle ; on place celle-ci sur le mercure ; on la recouvre
d'une cloche de verre pleine d'air (pour dessécher le gaz, on
y laisse séjourner quelques morceaux de chlorure de calcium).
On élève le mercure sous le récipient; on fait rougir un fer
PHO 5i
recourbé, puis on plonge le crochet dans la coupelle où se
Irouve le phosphore. Celui-ci prend feu et donne naissance
à une fumée blanche d'acide phosphorique qui se condense
en flocons sur les parois de la cloche.
Cet acide est exempt d'humidité, mais il contient toujours
un peu de silice et de potasse ou de soude, par la raison
qu'il se trouve avoir le contact du verre à une tempéra-
ture très -élevée. Lorsqu'on verse de l'eau dessus, il fait
entendre un petit bruit, et une portion reste sous la forme
d'une gelée opaque.
2. Le meilleur procédé qu'on puisse suivre, est celui d(?
Lavoisier. Il consiste à mettre dans une cornue tubulée à
l'émeril , qui communique avec un Lallon , 8 parties d'acide
nitrique à 02°, de faire chauffer, puis de projeter dans In
cornue une partie de phosphore qu'on a divisée en plusieurs
portions. On en ajoute de nouvelles, aussitôt que celles qu'on
y a mises sont brûlées. Après que tout le phosphore est dis-
sous, on distille pour chasser la plus grande partie de l'excès
d'acide nitrique, puis on met la liqueur concentrée dans un
vaisseau de platine, où on la fait évaporer jusqu'à ce qu'elle
soit en fonte vitreuse.
Dans cette opération le phosphore s'empare de l'oxigène
de l'acide nitrique, c'est ce qui est prouvé par le dégage-
ment des gaz azote , nitreux et acide nitreux , qui a lieu tant
qu'il reste du phosphore à l'état combustible.
3. Un procédé économique pour faire l'acide phosphori-
que, c'est de traiter par l'acide nitrique l'acide phosphatique
préparé par le procédé de Pelletier. Il est plus économique
que le précédent, parce qu'il faut employer beaucoup moins
d'acide nitrique.
Propriétés de l'acide hydraté.
L'acide phosphorique sec est vitreux ou sous la forme de
flocons Jjlancs. 11 n'a pas d'odeur; il a une saveur trés-aigre,
mais qui n'est pas caustique.
Sa pesanteur spécifique est plus grande que celle de l'eau.
Exposé au feu dans un creuset de platine, il se fond et
présente un liquide vitreux transparent. On peut le couler
dans une capsule de platine.
5j PHO
M. Davy prétend que l'acide phosphorique anhydre est
aussi fixe que Test l'acide borique. M. Vauquelin prétend
au contraire qu'il est volatil. Quand on fond cet acide dans
des creusets de terre, il s'unit à la matière du creuset.
Il se décompose par la pile en oxigène, qui se dégage au
pôle positif, et en phosphore qui se dépose sur la surface
électrisée négativement: comme il est non conducteur quand
il est isolé , il faut l'humecter légèrement à sa surface.
L'acide phosphorique n'éprouve pas d'altération de la part
de l'air sec, mais il attire puissamment l'eau de celui qui
^est humide.
L'acide phosphorique est très-soluble dans l'eau; il forme
lin liquide oléagineux qui a une saveur très-aigre : et qui
est susceptible de cristalliser. Quand on met de l'acide phos-
phorique bien sec dans un verre d'eau , il se brise en faisant
entendre de petites détonations, dues vraisemblablement à
Xa séparation subite de ses particules.
Il est probable que le bore et l'hydrogène décomposent
l'acide phosphorique vitreux à une température rouge.
Le charbon le décompose , et c'est sur ce procédé qu'est
fondé l'extraction du phosphore des os. On peut s'en con-
vaincre, au reste, en mettant i partie d'acide lîhosphorique
vitreux et 3 p. de charbon calciné dans une cornue de grès à
laquelle on adapte un récipient à moitié rempli d'eau. Si l'on
veut recueillir les gaz , on adapte un tube au récipient. A une
chaleur rouge -blanche l'acide est décomposé, le phosphore
se sublime et l'on obtient du gaz oxide de carbone, un peu
d'acide carbonique et du gaz hydrogène carburé; mais il
faut observer que dans cette opération il y a beaucoup d'acide
qui échappe à la décomposition parla volatilité, c'est pour-
quoi, lorsqu'on veut se procurer le phosphore, il est bien
préférable de décomposer l'excès de l'acide du sur-phosphate
de chaux au lieu d'agir sur l'acide pur.
Si le cai"bone enlève l'oxigène à l'acide phosphorique, le
phosphore peut à son tour enlever l'oxigène au carbone, qui
est a l'état d'acide carbonique et engagé avec une base alca-
line, de laquelle la chaleur ne peut l'en d'égager , ou si
elle l'en sépare, il faut qu'elle ait un certain degré d'intensité.
Cela est dû à ce que le phosphore j l'oxigène et la base sa-
PHO 53
lifiable du carbonate peuvent former une combinaison beau-
coup plus fixe à une température très- élevée, que le car-
bone, l'oxigéne et la même base. Pour faire l'expérience,
on met du phosphore bien sec dans un tube de verre vert
luté; on a soin de fondre le phosphore dans le tube, afin
d'en dégager l'humidité. On y passe ensuite un papier Joseph ,
puis on remplit presque la totalité du tube de sous -carbo-
nate de soude ou de chaux bien desséché. On chauffe le
tube de manière à ne faire rougir que le carbonate, ensuite
on approche des charbons de l'extrémité qui contient le
phosphore , celui se vaporise et décompose l'acide carboni-
que ; il se produit du phosphate de soude ou de chaux. On
peut séparer le phosphate de soude du charbon au moyen
de l'eau bouillante, et le phosphate de chaux au moyen de
l'acide nitrique ou hydrochlorique.
Èlat.
L'acide phosphorique ne se rencontre dans la nature qu'à
l'état salin. (Ch.)
PHOSPHORITE. (Min.) C'est le nom univoque que Kirwan
a donné ta la chaux phosphatée , et que nous avons adopté
dans le tableau minéralogique inséré dans le tome XXXI ,
article Minéralogie , pag. 277. Voyez ce tableau et Chaux
PHOSPHATÉE, tom. VIII , pag. 022. ( B. )
PHOSPHORES. {Chim.) Combinaisons du phosphore avec
les corps simples ou les oxides qui sont électro-positifs, rela-
tivement au phosphore.
Composition.
D'après M. Dulong, il existe des phosphures métalliques à
proportions fixes, qu'on peut obtenir, lorsque les métaux qui
les forment ne se fondent pas au-dessous de 5oo à 600 , en
faisant passer le phosphore en vapeur sur ces métaux chauffés
au rouge dans un tube de verre.
Ces phosphures correspondent aux protoxides, qui ont la
propriété de neutraliser les acides, et leur composition est
telle que , si le phosphore passe à l'état d'acide phosphorique,
et le métal à celui de protoxide basique , l'oxigéne absorbé
54 PHO
par le premier est à l'oxigène absorbé par le second , comme
5 ,-2.
Nous traitons des phosphures à l'article du corps qui est
susceptible de constituer un composé de ce genre en s'unis-
sant au phosphore , excepté cependant pour le phosphure de
carbone, qui est décrit au mot Phosphore. Quant aux com-
binaisons du phosphore,
1.° Avec le chlore , il en est traité aux mots Chloro-
PHOsPHonrçcE (acide) , Phosphore (voyez Chlorure de phos-
ipnORE);
2." Avec l'iode, au mot Phosphore;
3.° Avec le soufre, au mot Phosphore.
Les phosphures métalliques sont solides; ceux qui sont for-
més de métaux peu fusibles, sont plus fusibles que ces métaux ;
tandis que les phosphures formés de métaux fusibles sont moins
fusibles que les métaux qui les constituent.
En général , ils ont l'éclat métallique et la propriété de
cristalliser.
Ils sont cassans.
Une température élevée les décompose , sinon complète-
ment , du moins en partie.
Excepté les phosphures des métaux de la 2." section, ils
sont peu altérables à l'air aux températures ordinaires , et
ils sont insolubles dans l'eau.
L'acide nitrique les convertit en phosphates.
Le meilleur procédé pour phosphurer les métaux qui ne
se fondent pas à 5oo , est le procédé de M. Dulong , dont
nous avons déjà parlé. Il faut que la température à laquelle
on expose le métal, soit suffisante pour le faire rougir; mais
non pour le fondre : il faut en outre que le métal soit en
fils ou très-divisé.
Le meilleur procédé pour phosphurer les métaux qui tien-
nent peu à l'oxigène, comme l'or, etc. , consiste à faire
passer un courant d'hydrogène phosphure dans leur dissolu-
tion.
On peut encore se procurer des phosphures qui tiennent
beaucoup de phosphore, en faisant rougir les phosphates au
milieu du charbon; mais le charbon et la chaleur expulsent
presque toujours une portion de phosphore. (Ch.)
PHO 55
PHOTIZITE. (Min.) C'est un manganèse lithoide , bru-
nâtre, rougeàtre , rosàtre , passant même au jaunâtre ou au
blanc, compacte, ayant l'apparence d'un jaspe, un peu plus
dur que le felspath ; d'une pesanteur spécifique de 2,8 à 5;
difficilement fusible et seulement sur les angles : à peine
translucide dans les parties minces.
Le jaune rosâtre est composé , d'après l'analyse de Brandes ,
de manganèse oxidé 46, i3 , de silice 09, d'acide carbonique
i 1 , et d'eau 3. 11 se trouve à Schebenholz, dans les envi-
rons d'Elbingerode , au Harz , avec l'allagite verdàtre , autre
manganèse silicate et carbonate sans eau , suivant M. Du-
ménil, qui, d'ailleurs, n'en indique pas non plus dans le
photizite. Toutes ces espèces demandent à être étudiées plus
exactement et à être déterminées avec plus de précision.
Voyez Manganèse lithoide. (B.)
PHOTOPHYGES ou LUCIFUGES , Coleoptera lucifuga. {Ent.)
jNous avons ainsi nommé une famille d'insectes coléoptères
héléromérés, qui ont les élytres très-durs, soudés et sans ailes.
Leur nom emprunté du grec, indique Pune des principales
particularités de leurs mœurs, qui est de chercher les lieux
peu éclairés, et de marcher, pour subvenir à leur nourriture,
dans le silence et Pobscurité des nuits. Le mot (puyctç-, signifie
fujard, ct<Ç>a1oç, delà lumière. La plupart de ces insectes
habitent cependant les pays chauds; on les trouve dans les
lieux arides -. ils ne peuvent pas voler, parce que leurs ély-
tres durs, soudés le long de la suture, ne sont propres qu'à
protéger leur abdomen; ils sont privés d'ailes membraneuses.
Nous avons fait représenter une espèce de chacun des huit
genres qui composent cette famille, dans Patlas qui fait partie
de ce Dictionnaire, sur la planche 14. Ce sont : les Blaps,
les Pimélies, les Eurychores, les Akides, les Scaures, les
Sépidies, les Érodies, les Zophoses et les Tagénies, qui sont
faciles à distinguer entre eux, ainsi que nous le verrons par le
tableau synoptique qui termine cet article, en considérant
la forme générale de leur corps, celle de leurs pattes ou
même de leurs jambes.
Il est d'ailleurs aisé de distinguer cette famille de toutes
celles qui sont comprises dans le même sous-ordre (voyez
HetEi103ier.es} , en remarquant que dans les épispatiques seule-
56 PHO
ment, comme les cantharides, les ëlytres sont mous et flexi-
bles; que dans les ornéphiles et les sténoptères, comme les
cistèles et les mordclles, les élytres sont durs et les antennes
en fil, tandis que ces derniers organes sont en chapelet ou
grenus, le plus souvent en masse, et les élytres non soudés
entre eux dans les lygophiles, comme les ténébrions, et dans
les mycétobies, comme les diapères.
Voici le tableau des genres compris dans cette famille, tel
que nous Favons rédigé pour la Zoologie analytique, n." i35.
iS." Famille. Lucifuges ou Photophyges.
Coléoptères hétéromérés, à élytres durs, soudés, sans ailes.
jambes; corps ovalaire, plat en dessus. 7. Erodie.
rentiees aux, . , , 1 , , „ „
cuisses; corps alonge, ventre bombe.. 5. Scaure.
i concave. ... 3. Eurychore.
Plî"» 4- Akide.
, , , convexe 6. Sépidie.
mples, a ) j , ,
< l prolonges en pointe 1. Blaps.
corps. ) I ,
i lisses; I non pro- 1 en carène 8. Zophose.
'•îljlresj longés; |noncarén.;| épineuses 2. Pimélie.
[poitrine, (jambes. .. (simples . . 9. Tagénie.
(CD.)
PHOXICHILE, PhoxicliUus. [Entom.) M. Latreille décrit sous
ce nom de genre quelques jjycnogo/wns ou poux de baleines,
qui ont les pattes fort longues et deux mandibules sans palpes.
(CD.)
PHOXINUS. {Ichthyol.) Voyez A^'éron et Able dans le Sup-
plément du tome I.'"' de ce Dictionnaire. (H. C)
PHRAGMIDIUM. {Bol.) Genre de la famille des cham-
pignons , de l'ordre des mucédines et de la série des ento-
phj'tes dans la méthode de Link. Il a été établi par Link et
adopté par Pries sous celui à^aregma. Il n'est qu'un démem-
brement du puccinia. Il comprend essentiellement les espèces
qui croissent sur l'épiderme des pîatites et non dessous. Il est
caractérisé par ses sporidies pédicellées , divisées intérieure-
ment par trois cloisons ou plus, et par ses pédicelles renflés
à leur base. Ce genre comprend trois espèces, qui sont des
vredo de Strauss et des ascophora de Tode.
].° Le Phragmidium hulbosum, Sclmi. et Kunze, qui est le
PHR 57
Puccinia hulhosa, Rœhl; le Puccinia ruli , Hedw. ; VAregma
hulbosa, Pries ; YUredo hulbosa, Strauss; VAscopliora discijlora,
Tode.
2." Le Phragmidium mucronatum , Link,ou Puccinia rosœ ,
Decand.
3.° I,e Phragmidium ohtiisum, Schm. et Kunze , ou Poten-
lillœ, Persoon. Voyez Puccinia. (Lem.)
PHRAGMITES. {Bot.) Ce nom grec , donné par Dioscoride
au roseau ordinaire, arundo, lui a été conservé comme spéci-
fique. (J.)
PHRAGMOTRICHUM. {Bot.) Genre de la famille des
champignons établi par Kunze, qu'il caractérise ainsi : Spo-
ridies riiomboïdales, cloisonnées, opaques, séparées par des
étranglemens ou isthmes cylindriques, transparens, réunis
en fibres droites, agrégés, partant d'une base gélatineuse,
mais finissant par se détacher et se disperser. Ce genre ap-
partient à Pordre des urédinées. Le ph. Chailletii , Kunze ,
Aijcol., 2, pag. 84, pi. 2, fig. 4, est la seule espèce de ce
genre ; elle a été découverte par M. Chaillet sur les cônes
du sapin aux environs de Neufchatel en Suisse. (Lem.)
PHRENOTRIX. {Ornith.) M. Horsfield, dans son Arrange-
ment systématique des oiseaux de Vile de Java, dont l'extrait se
trouve pages 578 et suiv. du tome 1." du Bulletin des
sciences naturelles, Avril 1824, a créé sous ce nom, dans sa
famille des corvidœ , un genre caractérisé par la forme du
bec, qui est élevé, régulier, et a la base bordée de plumes
veloutées. Ce genre diffère des autres de la même famille,
en ce que les côtés du bec sont plans, depuis le bord de la
mandibule jusqu'à la carène. L'espèce indiquée par Pauteur
porte le nom de temia. (Ch. D.)
PHROCALIDA. {Bot.) Voyez Mauronu. (J.^
PHROMYME; Phronjma, Latr. {Crust.) Genre de Crus-
tacés de Pordre des Amphipodes, que nous avons décrit à
Parlicle Malacostracks , tome XXXVIII, page 346. (Desm.)
PHROSINE, Phrosina. {Crust.) Autre genre de Crustacés,
voisin du précédent, et décrit dans le même article, page
348. (Desm.)
PHRYGANE. {Entom.) Voyez Frigake. (C. D.)
PHRYGA^'ELLA. {Bot.) Fronde filiforme, très-rameuse,
53 PHR
dernières Ramifications sétacées, le plus souvent imbriquées,
des tubercules terminaux contenus dans la substance de la
fronde, ovales, rameux ; fructification terminale formant un
tout rameux. Ce genre de plantes marines, établi par Stack-
house, comprend les/ucus erinoides , abrotanifolius, nodicaulis,
discors, barbatus et concatenatus des auteurs, qui rentrent
dans le genre Cjstoseira de M. Agardh , et dans le genre
fucus de Lamouroux. Voyez Fucus. (Lem.)
PHRYGIA. [Bot.) Division du genre Centaurea de Lin-
naeus, dont quelques auteurs ont fait un genre. Il contient
les espèces de Centaurea, dont les écailles calicinales sont ci-
liées. (Lem.)
PHRYMA, (Bot.) Ce genre de Forskal , qu'il ne faut point
confondre avec le pliryma de Linnœus, avoit été réuni par
Vahl à la verveine sous le nom de verbena Forskalii; mais
plus récemment il a été reconnu qu'il appartient au genre
Priva dans la même famille. (J.)
PHRYMA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédonées, à fleurs
complètes, irrégulières, de la famille des labiées, de la didy-
nainie gjmnospermie de Linnaeus , offrant pour caractère
essentiel : Un calice persistant, cylindrique, à deux lèvres,
la supérieure plus longue, trifîde, l'inférieure a deux dents;
une corolle labiée; la lèvre supérieure fort courte : une seule
semence au fond du calice.
Phryma en épi : Phryma leptostachia , Linn. , Aman., 3,
p. 19; Lamck. , ILl. gen., tab. 5i6 ; Pluken., Amalth., tab. 38o ,
fig. 5. Espèce remarquable par le caractère de ses tiges arti-
culées à de longues distances, renflées aux articulations, puis
redressées au-dessus, où elles se plient et se redressent comme
un genou: elles sont hautes d'un pied et plus, presque tétra-
gones ; les rameaux opposés , peu nombreux , garnis de
feuilles opposées, pétiolées, ovales, un peu rudes au tou-
cher, obtuses à leur sommet, à grosses dentelures inégales;
les supérieures sessiles, un peu lancéolées, aiguës; les infé-
rieures portées sur des pétioles très- courts. Les fleurs sont
sessiles , solitaires, opposées, horizontales, écartées les unes
des autres, un peu inclinées après la floraison , formant par
leur ensemble un épilàche , terminal. Chaque fleur est accom-
pagnée à sa base de trois bractées très- étroites , subulées ;
PUR 59
l'inférieure de la longueur du calice ; les deux latérales
droites et plus courtes. Le calice est cylindrique, strié, re-
levé en bosse un peu au-dessus de sa base , dur, roide, tu-
bulé, partagé en deux lèvres à son orifice; la supérieure
purpurine, étroite, à trois dents; Finférieure bifide et plus
courte: la corolle blanche; le tube de la longueur du calice;
la lèvre supérieure très-courte, purpurine en dehors, droite,
presque ovale , échancrée au sommet ; Tinférieure plus
grande, très-ouverte, à trois divisions, celle du milieu plus
alongée ; les quatre étamines sont didynames, rapprochées deux
à deux; les deux supérieures plus courtes; les anthères arron-
dies, conniventes; l'ovaire est supérieur, oblong ; le style de
la longueur des étamines; le stigmate obtus. Le fruit consiste
en une seule semence oblongue, sillonnée d'un côté, ren-
fermée dans le fond du calice. Cette plante croit dans l'Amé-
rique septentrionale.
Le Pkrj'ina dehiscens de Linnaeus a été converti en un genre
par Necker, sous le nom de Deniscea, fondé sur le calice
fendu dans sa longueur à un de ses côtés, à l'époque de la
maturité; et sur la corolle, plus régulière, approchant de
celle de la verveine , tubulée , divisée à son orifice eu cinq
lobes arrondis, presque égaux. La tige est presque ligneuse
à sa base; les rameaux sont droits, peu nombreux; les feuilles
pétiolées , opposées , cunéiformes à leur base, arrondies à
leur partie supérieure, presque aussi larges que longues, un
peu épaisses, munies d'environ neuf dents; les fleurs dispo-
sées ( n grappes terminales, accompagnées de très-petites brac-
tées subulées. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance.
(PoiR.)
PHRYNE, Phrynus. {Entom. ) Nom d'un genre d'insectes
aptères , de la famille des acères ou aranéides , établi par
Olivier pour y ranger quelques espèces d'araignées étrangères,
caractérisées par la longueur excessive et la ténuité de leurs
pattes antérieures; en outre parleur corps aplati et parleurs
palpes simulant des pattes et terminés en griffe, comme on
peut le voir sur la figure 2, de la planche 66, de l'atlas de
ce Dictionnaire.
Le nom de phryne, emprunté du grec Ç/pvvoç, signilioit prc~
bablement un crapaud vivant dans .les lieux secs.
^« PHR
Les espèces de ce genre n'ont été observées qu'en Amérique
et aux Séchelles dans les Indes orientales. Elles ressemblent
un peu aux scorpions, mais elles sont privées de la queue et
n'ont pas les lames en forme de branchies sous l'abdomen
qu'on a appelées des peignes. On ignore leurs mœurs, mais
il est très-probable que ces insectes sont carnassiers.
Celui que nous avons fait figurer, avoit déjà été décrit par
Pallas , et figuré dans le neuvième fascicule de ses Glanures
zoologiques. C'est le
Phryne RÉNiFORME, Phrynus rcniformis {Phalangium Linn.) ,
que nous avons fait peindre d'après nature. (C. D.)
PHRYNION. (Bot.) Un des noms grecs anciens, cités par
Ruellius, Matthiole et Daléchamps, du poterium de Diosco-
ride , qui est Vastragalus tragacantha , duquel découle la
gomme adraganthe. Daléchamps le cite encore sous le nom de
nevras. Il parle aussi d'un autre poterium, de Lobel, dont il
donne la figure: c'est à celui-ci que Linnaeus a conservé le
nom générique de poterium avec le nom spécifique de spino'
sum. (J.)
PHRYNIUM. {Bot.) Genre de plantes monocotylédones ,
à fleurs incomplètes, de la famille des amomées, de la mo-
nandrie monogjnie de Linnaeus, offrant pour caractère essen-
tiel : Des fleurs réunies en iète ; point de calice; une corolle
à trois divisions extérieures très-profondes ; trois intérieures
égales, soudées sur un tube filiforme; limbe à quatre lobes ;
une seule étamine ; un style ; un ovaire inférieur ; un stig-
mate creux; une capsule à trois loges; une noix dans chaque
loge.
Cette plante , d'abord imparfaitement connue , avoit été
placée par Linné parmi les pontederia. Loureiro en avoit
fait un genre particulier, sous le nom de PhjUodes, auquel
"VVilldenow a substitué le nom de Phrjnium.
Phrynium en tête : Phrjnium, capitatum, Willd. , Spec. , i ,
page 17; Pontederia ovata, Linn., Spec; Swartz, Obs. bot.,
lia; Phyllodes placentaria , Lour. , Flor. Cochin. , page 16;
Naru-Kila, Rhéed., Hort. malab., 11 , page 67, tab. 04. Cette
plante s'élève à la hauteur de cinq pieds ; elle n'a point de
tige proprement dite. De ses racines s'élèvent des pétioles
cylindriques, très-droits, longs de quatre pieds, soutenant
PHT Cl
une feuille longue d'un pied, plane, ovale, alongée , glabre,
aiguë, très-entière, coriace, à stries obliques. Du milieu de
ces feuilles sortent des fleurs blanches, assez grandes, sessiles,
réunies en tête, ou en une cîme hémisphérique, pourvues
d'un involucre à deux folioles, et de spathes partielles, ai-
guës, imbriquées; les trois divisions extérieures de la corolle
sont droites, subulées , égales; les trois intérieures aiguës,
réfléchies, presque égales. Un tube droit, alongé, canaliculé.
se divise en quatre lobes droits, obtus, inégaux; il n'existe
qu'un seul filament soudé sur le tube, terminé par une an-
thère alongée, irrégulière. L'ovaire est inférieur, ovale, à
trois côtés, surmonté d'un style court, épais, terminé par
un stigmate concave, incliné vers l'anthère. Le fruit est une
capsule trigone, obtuse, à trois loges; chaque loge renferme
une noix lisse, ovale. Cette plante croit aux lieux o^ibragés
dans la Chine et la Cochinchine. (Pom.)
PHTANITE. ( Min. ) Haiiy a senti la nécessité de déterminer
et de décrire , d'une manière particulière , les masses miné-
rales, tant homogènes qu'hétérogènes qui se présentent si fré-
quemment et sous une si grande étendue à la surface de la
terre , et qui ne sont pas assez pures , lors même qu'elles pa-
roissent homogènes , pour cristalliser ou pour être rapportées
avec sûreté à des espèces minérales réellement déterminées.
11 a ensuite senti la nécessité de donner à ces masses des
noms univoques, tirés d'une langue éminemment propre aux
sciences, et qui, par sa haute antiquité, n'appartient, pour
ainsi dire, en propre à aucun peuple. Il a appliqué ces prin-
cipes au minéral en masse que nous avons placé parmi les
jaspes sous le nom de Jaspe schistelx , en cherchant à rendre
par cette dénomination le nom de Kiesdscliiefer , sous lequel
il est décrit dans les ouvrages de minéralogie allemands.
La place que nous avions donnée à cette pierre parmi les
jaspes, étoit la seule qui nous parut lui convenir à l'époque
où nous le fîmes; car c'est une pierre éminemment siliceuse,
mais elle est parfaitement opaque , et ne pouvoit donc être
placée parmi les silex , qui pour nous sont toujours trans-
lucides.
C'est une pierre qui paroît renfermer de l'argile , du fer
et du charbon ; elle ressemble donc au jaspe par les deux
62 PUT
premiers corps ; enfin , elle a souvent une structure schistoïde
en grand et même en petit. Plusieurs jaspes font aussi voir
cette structure; en sorte que cette pierre ne nous paroissoit
différer des jaspes que par la couleur et le corps qui la lui
donnoit.
Mais ces ressemblances minéralogiques n'étant pas assez
complètes pour établir une véritable identité d'espèces , et
les positions géologiques du jaspe et du phtanite étant souvent
très-différentes, nous pensons qu'il est convenable d'en faire,
avecHaiiy, une espèce particulière de roche homogène ; et,
en adoptant le nom de phtanite , qu'il lui a donné , sans
vouloir chercher à prouver la bonté de sa signification, nous
le substituerons à celui de Jaspe schisteux (voyez ce mot).
Il n'y a point d'analyse de phtanite à laquelle on puisse
se fier : celle de Wiegleb, qu'on a rapportée à l'article du
Jaspe schisteux, paroît tout-à-fait étrangère à ce que tous les
minéralogistes (Haîiy, d'Aubuisson , Léonhard , de Bonnard ,
etc.) présument de la composition de cette pierre, sans ce^
pendant qu'aucun , à notre connoissance , l'ait encore prouvé.
(B.)
PHTEIRES. (Entom.) On trouve ce nom dans Aristote. pour
désigner un grand nombre d'animaux parasites, tels que les
poux , les tiques, les îxodes, les ricins , les pycnogonons et un
grand nombre d'autres entomostracés, désignés vulgairement
sous le nom de poux de poissons. C'est du mot (pSupiç que
sont venus les noms de phthiriase , ou maladie pédiculaire,
(pSiû}ot.<rtç ■) et de phthiropliages , mangeurs de poux, comme le
sont Jes singes et les Hottentots. (C. D. )
PHÏHIRIDE, Phthiridium. {Entom.) Herman fils a donné
ce nom à l'hippobosque de la chauve -souris, dont M. La-
treille a formé le genre Nyctéribie. (Desm.)
PHTHIRIE, Phthiria. {Entom.) Ce genre d'insectes dip-
tères, formé par M. Mcigen , renferme les volucella pygrnœa
et minuta de Fabricius. Il ne diffère des bombyies , de la famille
des sclérostomes, qu'en ce que les deux premiers articles des
antennes sont courts et égaux , et que le dernier est en fuseau.
Ces petits insectes, dont le corps est simplement pubesr
cent et non velu , se trouvent dans les lieux secs sur les
fleurs. (Desm.)
PHT €S
PHTHIRION. (Bot.) Daléchamps indique et figure sous ce
nom une plante qu'il croit être une crête -de- coq, r/iinan-
thus ; mais qui, à cause de son port et de ses feuilles pennées,
appartient plus certainement au genre Pedicularis, dont il lui
donne même le nom comme synonyme, parce qu'elle engen-
dre, dit-il, des poux aux moutons et aux chevaux qui pais-
sent dans les prés où elle abonde. Il ajoute que les Allemands
la nomment hraunrodel. (J.)
PHTHIROCTONON. {Bot.) Nom grec de la staphysaigrc ,
delphinium staphysagria , suivant C. Bauhin. (J.)
PHTHIROPHAGES. {Zool. ) Ce nom est donné aux animaux
qui mangent des poux. Plusieurs peuplades d'hommes sont
phthirophages. (Desm.)
PHTHORE ou PHTORE. (Chim.) M. Ampère a donné ce
nom à un corps simple comburant qu'il suppose former l'acide
fluorique, lorsqu'il est uni à l'hydrogène.
Le phthore n'a point encore été obtenu à Pétat de pureté.
Il a des affinités si énergiques, qu'il est difficile de le cliasser
de ses combinaisons; et, en second lieu, il agit sur un si
grand nombre de corps, qu'il n'a pas été possible jusqu'ici
de se procurer des vaisseaux sur la matière desquels il n'exer-
çât pas d'action corrosive : c'est même de cette action qu'est
dérivé son nom '. Les caractères du phthore ne sont donc
tirés que de ses combinaisons, et tout l'art du chimiste est
jusqu'à présent réduit à faire passer ce corps d'une com-
binaison dans une autre.
Les combinaisons caractéristiques du phthore sont : PAcidiv
HVDRaPHTORiQUE (voyez ce mot), l'acide phtoroborique (voyez
Phtorobobique [Acide], et l'acide phtorosilicique (voye?
Phtorosiilcique [Acide]. Il s'unit et forme en outre, avec
ia plupart des métaux, des composés appelés p/itor«res. (Ch.)
PHTORA. (Bot.) Lobel et d'autres citoient sous ce nom le
ranunculus thora. (J. )
PHTOROBORIQUE [Acide]. (Chim.)
Sj77077jmie et coin position.
Dans Phypothèse deshydracides, appliquée par M. Ampère
aux composés fluoriques , l'acide phtoroborique est un com-
' Phthore est tiré du grec t^ui», corrumpo.
64 PHT
j)osé de phtofe et de bore ; dans l'hypothèse des oxacides,
cet acide est un composé d'acide fluorique et d'acide bo-
rique. Il est désigné par le nom d'acide Jluoborique.
Préparation.
Premier procédé. MM. Gay-Lussac et Thénard l'ont préparé,
les premiers, en chauffant dans un tube de fer, qui commu-
niquoit à une cloche pleine de mercure au moyen d'un tube
de verre , un mélange de 3o grammes d'acide borique vitrifié
et de 60 grammes de phtorure de calcium. A une tempéra-
ture élevée, une partie d'acide cède son oxigène au calcium;
il en résulte de la chaux, qui s'unit à l'acide borique indé-
composé, tandis que le phtore s'unit au bore et forme le
gaz qu'on recueille sur le mercure.
Deuxième procédé. M. J. Davy a simplifié ce procédé de la
manière suivante. Il met dans une fiole à médecine un mé-
lange de 1 partie d'acide borique vitrifié et de 2 parties de
phtorure de calcium, réduites en poudre impalpable; il verse
par-dessus 12 parties d'acide sulfurique à i,85; il adapte un
tube recourbé à la fiole et l'engage sous le mercure. A l'aide
de la chaleur le calcium s'oxigène aux dépens de l'acide bo-
rique ; le bore s'unit au phtore, et la chaux à l'acide sulfu-
rique. Il faut chauff'er assez doucement pour ne pas faire
bouillir l'acide sulfurique. Si l'on employoit une quantité
d'acide inférieure à 12 parties, l'eau qui seroit mise en liberté
dissoudroit tout le gaz phtoro-borique : si l'on mettoit plus de
12 parties d'acide sulfurique, celui-ci le dissoudroit. C'est sur
la fin de cette opération que se dégage un composé visqueux
d'acide sulfurique et d'acide phtoro-borique.
Quand on veut obtenir de l'acide phtoro-borique dissous dans
l'eau , on adapte un tube de sûreté à la fiole qui contient
le mélange ci-dessus , et on fait plonger le tube dans une
éprouvette contenant de l'eau.
Propriétés.
Il est gazeux, incolore. Il a une odeur piquante comme
celle de l'acide hydrochlorique; on ne sauroit le respirer sans
être suffoqué : il éteint les corps en ignilion et rougit très-
fortement le tournesol.
PHT «5
Sa pesanfeur spécifique est de 2,371.
II est sans action sur le verre ; mais il en exerce une très-
vive sur les matières organiques : il les charbonne en déter-
minant une formation d'eau aux dépens de leur oxigène et
de leur hydrogène. On peut le toucher sans être brûlé,
IL ne peut être liquéfié par le froid.
Il n'est pas décomposé par la chaleur et la lumière.
Le gaz oxigène sec et les corps combustibles simples et
composés non métalliques n'ont aucune action sur ce gaz.
L'acide plitoro - borique a une action extrêmement forte
sur l'eau; car, quand on débouche sous l'eau un flacon d'un
litre qui en est rempli , le liquide s'élance avec une telle
force dans le flacon, qu'il peut le mettre en pièces. D'après
M. J. Davy , 1 mesure d'eau peut en dissoudre 700 de gaz
phtoro- borique ou environ deux fois son poids. La glace
mêtne, l'absorbe avec rapidité. Il se dégage beaucoup de ca-
lorique pendant la liquéfaction du gaz , et l'eau augmente
beaucoup de volume. Quand l'eau est aussi saturée d'acide que
possible, elle est caustique et fumante; elle a une pesanteur
spécifique de 1,77. Elle charbonne les matières organiques.
Quand on la chauffe, elle perd le cinquième de son gaz, et
le résidu est encore caustique et fumant. Il peut s'élever à
la distillation et se condenser ensuite sans éprouver de chan-
gement. 11 n'entre en ébuUition qu'à une température supé-
rieure à 100. 11 a beaucoup d'analogie avec l'acide sulfu-
rique.
La grande affinité de l'acide phtoro-borique le rend très-
propre pour reconnoitre si un gaz est parfaitement desséché.
En effet, si on mélange un gaz humide avec le gaz phtoro-
borique, il se produit sur-le-champ une fumée blanche, due
à la condensation du gaz acide par l'humidité, ainsi que
MM. Gay-Lussac et Thénard l'ont observé.
Quand on met de l'air ou du gaz oxigène, du gaz hydro-
gène, du gaz oxide de carbone, du gaz acide carbonique,
du gaz hydrogène carburé, du gaz hydrogène phosphuré , du
gaz hydrogène sulfuré , du gaz acide sulfureux, du gaz azote,
du gaz oxidule d'azote, du gaz nltreux, de la vapeur acide
nilreuse, du chlore, du gaz hydrochlorique , desséchés au
moyen d'un contact de plusieurs heures avec l'un ou l'autre
/|0, 5
66 PHT
des corps suivans , les acides sulfurique, nitrique, concen-
trés, phosphorique vitreux, arsenique desséché, potasse et
soude, barvie et strontiane sèches, chaux vive, chlorure de
calcium , sulfate de chaux calciné , etc. ; quand on met ,
dis-je , ces gaz desséchés avec le gaz phtoro-borique , il n'y a
pas de fumée blanche; mais celle-ci paroît dès qu'on intro-
duit dans le mélange un cinquantième de leur volume de
gaz humilie.
Un froid de 20 — o dessèche les gaz comme les corps ci-
dessus nommés.
Suivant MM. Gay-Lussac et Thénard , les fluides élastiques
très-solubles dans l'eau, tels que le gaz ammoniac, la vapeur
acide nitreuse, le gaz hydrochlorique , ne contiennent pas
d'eau hygrométrique ; suivant M. Davy , ces gaz peuvent con-
tenir un peu de vapeur d'eau, non pas à l'état de pureté,
mais à l'état d'acide hydraté.
Si les gaz phtoro-borique et phtoro-silicique contiennent de
l'eau, ce liquide ne peut y exister que dans l'état d'acide
hydraté.
Une mesure d'acide sulfurique peut en absorber 5o de gaz
phtoro-borique ; ce composé est fumant et plus épais que
l'acide sulfurique. On peut obtenir une combinaison des
deux acides qui paroît contenir moins d'eau que celle-ci ,
dans l'opération où l'on prépare l'acide phtoro-borique. Cette
dernière combinaison donne un précipité blanc, quand on
la mêle avec l'eau : il est si visqueux qu'il coule lentement ;
il est beaucoup plus volatil que l'acide sulfurique pur.
Une mesure de gaz phtoro-borique peut absorber i mesure
de gaz ammoniac et donner naissance à un sel concret blanc
opaque; une mesure de gaz phtoro-borique peut absorber
2 mesures et même 3 mesures de gaz ammoniac, et produire
alors deux composés salins qui sont liquides à la température
ordinaire : lorsqu'ils sont exposés à l'air ou dans toute autre
atmosphère, ils perdent 1 ou 2 mesures de gaz et se conver-
tissent en sel concret. (J. Davy.)
État.
Il n'a jamais été trouvé dans la nature.
PHT 67
Histoire.
Découvert par MM. Gay-Lussac et Thénard , étudié par
M. Davy. (Ch.)
PHTORO-SIIJCATES. ( C/m/ti. )
Combinaisons de V acide phtoro-silicique avec les bases
. salijiables.
On ne connoit guère que le phtoro-silicate d'ammoniaque
(voyez Phtoro-silicique [Acide]) , par la Raison que jusqu'ici
on a étudié l'action que cet acide, dissous dans Tcau , exerce
sur les bases saliliables plutôt qu'on n'a cherché à déterminer
l'action qu'il exerce directement sur elles. Or, dans le pre-
mier cas, l'acide, en se dissolvant dans Teau , se dénature,
au moins en partie; l'eau est décomposée : il se produit de
la silice, dont une partie se précipite, et de l'acide hydro-
phtorique, qui reste en dissolution. ( Ch.)
PHTORO-SILICIQUE [Acide]. {Oiim.)
Synonymie et composition.
Dans l'hypothèse des hydracides, appliquée par M. Ampère
aux composés fluoriques, l'acide phtoro-silicique est un com-
posé de phtore et de silicium ; dans l'hypothèse des oxacides,
cet acide est un composé d'acide fluorique et de silice, et
il est désigné par le nom d'acide Jluorique silice.
Préparation.
On met dans une fiole à médecine ou une cornue 3 parties
de phtorurede calcium et 1 partie de sable, exactement pul-
vérisées et mélangées. On verse par-dessus assez d'acide sul-
furique concentré pour faire une bouillie épaisse; on fait
chauffer et on recueille le gaz sur le mercure. 11 est pur,
quand il e&t absorbé en totalité par l'eau. Dans cette opéra-
tion le silicium du sable cède son oxigène au calcium ; la
chaux produite s'unit à l'acide sulfurique et le silicium au
phtore.
Propriétés.
Il est incolore , gazeux.
Il a une odeur analogue à celle de l'acide hydrochlorique
et une saveur très-acide sans être caustique.
€8 PHT
Il a une pesanteur spécifique de 3,574.
Il est très- acide ù la teinture de tournesol.
Il éteint les bougies.
La chaleur, la lumière et l'électricité né j^aroissent pas
le décomposer.
Le gaz, oxigène n'a pas d'action sur lui.
Les corps combustibles simples et composés non métalli-
ques n'en ont pas davantage.
Quand il est en contact avec l'eau, il s'y dissout et laisse
déposer en même temps de la silice. Suivant MM. Gay-Lus-
sac et Thénard , cette silice retient de l'acide; suivant M. J.
Davy, elle est parfaitement pure quand elle a été lavée et
chauITée au rouge; i mesure d'eau absorbe 365 mesures de
gaz phtoro-silicique, suivant J. Davy. Le liquide retient beau-
coup de silice en dissolution.
M. Davy pense que l'acide phtoro-silicique décompose
l'eau, qu'il se produit de la silice et de l'acide hydrophto-
rique ; la quantité de cet acide n'étant pas sullisante pour
dissoudre toute la silice, une partie de cette substance doit
nécessairement se déposer.
Le gaz phtoro-silicique répand d'épaisses fumées blanches
dans l'alm^osphère en s'emparant de l'eau hygrométrique.
L'hydrogène s'unit au phtore et l'oxigène au silicium, et eu
même temps l'acide hydrophtorique absorbe de l'eau , qui le
condense.
L'acide phtoro-silicique n'a pas d'action sur le verre.
L'acide hydrochlorique gazeux qu'on fait arriver dans de
l'eau à laquelle on a fait absorber du gaz phtoro-silicique et
dont on n'a pas séparé la silice précipitée, détermine une for-
mation d'eau et de gaz phtoro-silicique ; il se produit en même
temps une solution d'acide hydrochlorique pur.
L'acide sulfurique paroit avoir la même action que l'acide
hydrochlorique; ces effets sont dus à l'affinité de ces acides
pour l'eau.
La solution aqueuse d'acide phtoro-silicique, qui a été fil-
trée , est décomposée par l'acide hydrochlorique et par l'a-
cide sulfurique; mais il est vraisemblable qu'il reste dans la
liqueur une portion d'acide hydrophtorique qui ne se vola-
tilise pas , faute de silice.
PHT (^9
L'acide borique décompose cette solution ; l'oxigène de
l'acide borique s'unit à l'hydrogène de l'acide hydrophto-
Hque, et le bore se combine avec le phtore : il se préci-
pite de la silice. Si l'on admet que l'acide phtoro-borique,
dissous dans l'eau, est une combinaison d'acide hydrophto-
rique et d'acide borique, on expliquera cette expérience
en disant que l'acide boracique, ayant plus d'afïinité que la
silice pour l'acide hydrophtorique, en prend la place.
Lorsqu'on chauffe l'acide phtoro-silicique dissous dans l'eau
dans une cornue qui communique à une cloche pleine de
mercure, on obtient du gaz phtoro-silicique, et il doit rester
de l'acide hydrophtorique, qui décompose le verre avec
rapidité et passe à l'état d'acide phtoro-silicique.
Le gaz phtoro-silicique condense deux fois son volume de
gaz ammoniac sec. lise produit un sel qu'on peut volatiliser
sans décomposition ; mais, dès qu'on le met en contact avec
l'eau, il se produit de l'acide hydrophtorique qui sature
l'ammoniaque, et de la silice, dont une partie se précipite.
Le précipité est égal à celui qui auroit eu lieu par l'action
de l'eau sur le gaz phtoro-silicique pur.
L'acide phtoro-silicique, dissous dans l'eau , peut être privé
de toute sa silice au moyen de l'ammoniaque ou de la soude;
mais avec la potasse on obtient une silice retenant de l'acide
et de l'alcali. MM. Gay Lussac et Thénard ont dit que l'am-
moniaque ne précipitoit pas toute la silice; mais ils ont été
contredit en cela par M. J. Davy. Les chim.istes François au-
ront opéré dans des vaisseaux siliceux.
Lorsqu'on met du verre en contact avec l'acide hydro-
phtorique concentré, il se développe de la chaleur, et de l'a-
cide phtoro-silicique se dégage avec effervescence : dans ce
cas, une portion de l'acide est décomposée; son hydrogène
s'unit à l'oxigène de la silice du verre et le phtore s'unit au
silicium.
EtaL
Il n'existe pas dans la nature.
Histoire.
Il a été découvert par Schéele, et examiné par MM. Gay-
Lussac , Thénard, J. Davy et l?erzelius. (Ch.)
70 PHU
PHU. (Bot.) Nom sous lequel Dioscoride désignoit une va-
lériane , nommée pour cette raison valeriana phu par Linnaeus.
On le retrouve encore donné à la viilériane ofiirinale, à la
mâche, valeriandla , et même au polemonium., nommé pour
cette raison valériane grecque, phu grœcum de Dodoëns. (J.)
PHUCAGROSTIS. {Bot.) Ce genre de plantes marines, éta-
bli par M. Cavolini , a été réuni au zostera par M. De Quidolle
dans la Flore françoise. (J.)
PHUCOS. {Bot.) Voyez Phycos. (Lem.)
PHULMAN. {Mamm.) Le Lacomvs }'ika reçoit ce nom des
Ostiaques. (Desm. )
PHUSICARPOS. {Bot.) Poir., Encycl. , Suppl.; Poiretia ,
Smith. Voyez Hovea. (Poir.)
PHYCERUS. {Bot.) Genre créé par Rafinesque-Schmall?
(Tableau de l'univers), dont les caractères nous sont in-
connus, et qu'il met près des éponges, dont il paroit être
un démembrement; l'un et l'autre, joints au spontham.nium ,
forment un groupe particulier, les spongidiées, que Rafines-
que-Schmaltz place dans le règne végétal et dans la famille
des algues: mais ce rapprochement n'est pas heureux. (Lem.)
PHYCIS. {Entoin.) Nom de genre indiqué par Fabricius,
pour réunir certaines espèces de teignes dont les palpes sont
garnis de faisceaux de poils ou d'écaillés à leur second article,
tandis que le troisième, relevé et coudé, est presque nu. Telle
est la linea guttella.
Le nom de phycis étoit employé par Aristote pour dési-
gner un poisson qui se trouve au milieu des algues ou varecs,
(C. D.)
PHYCÎS. Ph-ycis. {Ichthyol.) Artédi et MM. Schneider et
Fr. De la Roche, et, après eux , M. le professeur Cuvier, de
Paris, ont donné ce nom à un genre de poissons holo-
branches, de l'ordre des jugulaires et de la famille des au-
chénoptères , reconnoissable aux caractères suivans :
Catopes sous la gorge et à un seul ou deux rayons ; corps
alongé, coniprirré; yeux et trous des branchies latéraux; deux
nageoires anales; deux nageoires dorsales; un barbillon sous le
menton , le plus ordinairement.
Ce genre, dont le nom , fort ancien, étoit appliqué chez
les Grecs à un poisson mal déterminé dans Pétat actuel de
PHY 7'
la science, diffère évidemment des Morues, des Merlans,
des Merluches, des Lottes, des Mustèles, des Brosmes , qui
ont six rayons aux cafopes, des Chrysostomes et des Kurtes,
qui ont le corps ovale , des Vives, qui n'ont qu'une nageoire
anale, des C^lliomores , dont le corps est déprimé vers la
queue, des Callionymes , qui ont les branchies ouvertes sur
la nuque, des Uranoscopes et des Batrachoïdes , qui ont les
yeux verticaux. (Voyez ces différens noms de genres et Au-
chénoptères. )
Nos mers possèdent quelques espèces de phycis ; parmi
elles nous citerons :
La Tanche de mer : Phycis medilerraneus , Laroche ; Pliycis
linca , Schneider; Blennius phycis, Linnœus; Asrlliis callarias,
Salviani; Tinca mor/ria, Willughby. Nageoires dorsales égale-
ment élevées; l'antérieure ronde; catopes à un seul rayon
fourchu et à peu près de la longueur de la tête, qui n'est
nullement épineuse; dents disposées sur plusieurs rangées en
une arcade étroite; teinte générale d'un brun noirâtre; un
appendice auprès de chaque narine ; nageoires pectorales
rouges ; anus entouré d'un cercle noir.
Ce poisson, dont la taille se balance entre dix- huit et
vingt- quatre pouces, vit près des côtes de roches dans la
Méditerranée. Il a la chair ferme et délicate : il est commun
à Iviça, où on le désigne sous le nom de mollera et où on
le pêche au large avec les palangres. Il ne faut pas le con-
fondre avec le phjcis tinca de l'Océan , décrit par Bloch, ni
avec le gadus bifurcus de Pennant. De la Roche en a
donné une bonne figure dans les Annales du Muséum.
Le Merlus barbu: Ph-ycis llcnnioides , Schneider; Gadus al-
lidus , Gmel.; Blennius gadoides , Kisso ; Gadus fuscatus , Pen-
nant. Un filament sous le menton ; point_d'appendicc sur la
tête ; deux rayons aux catopes , qui sont plus longs que la
tête de deux fois.
Ce poisson a été découvert par Brunnich dans la Méditer-
ranée. Son corps, mou et étroit, n'a guère plus de sept
pouces de longueur, et offre une teinte générale blanchâtre;
sa tête est rouge ; des nuances noirâtres régnent sur le haut
de la première nageoire dorsale et sur celle de la queue.
Le Phycis deG.melin: Phfcis Gmelini ; N. ; Batrachoides Gmc-
7> PHY
Uni, Rîsso. Corps ensiforme, d'un gris rougeâtre, couvert
en dessus de petites écailles peu adhérentes ; léte grosse ,
comprimée, effilée, de couleur lilas ; opercules et ventre
décorés des teintes brillantes de l'or et de l'argent polis;
mandibule plus longue que la mâchoire, qui est garnie d'un
long filament j bouche ample; dents rongeàtres à la base; yeux
grands, dorés, à iris argenté et à pupille noire; nageoires
grises, lisérées de noir.
Ce poisson ne parvient guère qu'à la taille de six pouces.
Sa chair, quoique molle, a une fort bonne saveur. On le
pêche dans les rochers de Villefranche , sur la côte des Alpes
maritimes, oîi il a été découvert par l'infatigable M. Risso.
qui en a fait d'abord un batrachoïde.
C'est encore aux Phycis qu'il faut rapporter le gadus ame-
ricanus de M. Schntider ou hlennius chubs des naturalistes de
Berlin (Vil. i43), et , peut-être , après un plus mûr examen,
on le confondra avec le merlus harbu dans le genre dont
nous écrivons l'histoire. (H. C.)
PHYCODENDRUM. {Bot.) Nom donné à une plante ma-
rine,le laminaria digitata, Lamk. , ou fucus digitatus , Linn. ,
par Olafsen, dans son Voyage en Islande, 11 signifie /ucus
en arhre , en grec. ( Lem. )
PHYCOMYCES. {Bot.) Genre de plantes cryptogames établi
par M. Kunze , et qu'il caractérise ainsi : Flocons filamen-
teux, couchés, continus, simples et flasques; sporidies oblon-
gues , rassemblées aux extrémités autour d'une vésicule en
forme de poire.
La seule espèce de ce genre est le Phj'comjces nilens de
Kunze, Mjcol. , 2, p. ii3, pi. 2 , fig. 9. Selon cet auteur,
c'est la même plante que l'uU'a nitens d'Agardh {Sp. alg., i ,
p. 426), qui croît en Suède sur les murailles et dans les
canaux en bois qui font aller les moulins à huile. Pour lui,
les filamens de cette plante sont des frondes tubuleuscs,
très -transparen tes . simples, filiformes, d'un vert olivâtre,
rassemblées en une membrane comprimée, extrêmement
mince et flasque , qui, étant desséchée, est tellement légère
que le moiiidre soufle l'enlève. M. Agardh n'ayant pas ob-
servé la fructification de sa plante et doutant qu'elle puisse
être considérée comme une espèce d'ulya, il i-ésulte de ses
PHY 73
observations et de celles de Kunze, que le phvcomyces est
un genre qui tient le milieu entre les algues et les cham-
pignons filamenteux , tels que les byssoïdées et quelques
mucédinées. (Lem.)
PHYCOS et PHUCOS. (Bot.) Les Grecs, selon Théo-
phraste, Dioscoride , etc., donnoient ce nom à des plantes
marines, qui croissoient attachées aux rochers, aux pierres,
aux coquillages, et même sur d'autres débris quelconques,
n'ayant pas de racines, mais fixées le plus souvent par une
rondelle ou patelle nue. Les Latins, en changeant ces noms
en ceux de fucus, ficus et alga marina, leur ont laissé la
même acception. Ce nom s'appliquoit d'une manière géné-
rale aux plantes, et même à quelques zoophytcs marins;
car, d'après ce qu'en disoient Théophraste , Dioscoride,
Pline, etc., on en reconnoissoit de leur temps beaucoup
d'espèces qui, par leur forme ou quelque autre ressem-
blance, étoient comparées à des herbes, à des buissons, à
de la mousse, d'autres à des feuilles de chêne, à des bran-
ches de sapin, à des palmiers, au thym, au laurier, etc.;
c'est même à cette grande diversité que ces plantes dévoient
leurs noms collectifs de Phucos ou Phucus , synonymes de
notre mot trompeur. Quelques espèces de phucos servoient
à fabriquer une couleur rouge, dont les coquettes se ser-
voient pour s'embellir et tromper ainsi les ravages du
temps, d'où l'on explique mieux, selon quelques auteurs,
l'étymologie de phucos, qu'ils rendent synonymes de fraude
ou tromperie: notre mot fard même en dériveroit. Les an-
ciens tiroient de plusieurs ///eus une teinture rouge, assez
solide, et particulièrement de celui qu'ils comparoient au
chêne et qui se trouvoit dans les eaux profondes, qui avoit un
coude de longueur, et qu'ils disoient porter des glands : es-
pèce qui est la même que noire /wc«s vesicuiosus. \,^ahies ma-
rina, une autre espèce, qui portoit des fruits, semblables
à des grains de raisin, en donnoient encore. C'étoit parti-
culièrement la laine qu'on teignoit avec la couleur obtenue
par les/ucw5. On pourroit s'étendre davantage sur les phucos
ou fucus des anciens, mais ce que nous en disons, suffit pour
y reconnoître nos î^arecs qu fucus , ou mieux nos algues ma-
rines.
74 PHY
On faisoit usage des fucus comme réfrigérant, et pour en
composer des cataplasmes, propres à calmer les inflamma-
tions , occasionées par la goutte.
Nous terminerons, en faisant remarquer que quelques au-
teurs pensent, que le phjcbs, décrit par Dioscoiide , pour-
roit être une plante phanérogame de la famille des synan-
thérées, un conjza ; mais en lisant la descriptioii de Dios-
coride, on ne peut être de celte opinion.
On trouve dans le Lexicon polj'gloUon de Mentzel, que les
anciens donnoient aussi ce nom à une espèce de conyza, dont
on tiroit une sorte de teinture. (Lem.)
PHI LA. (Bot.) Genre de Lourerro , espèce de verveine
ou dezapania, qui paroit devoir se rapporter au uerèena no-
di/lora de Linné. Voyez aux mots Verveine et Zapania.
(PoiR.)
PHYLACON. (Bot.) Nom égyptien de la clématite, cité
par Mentzel. La même est mentionnée par Ruellius sous celui
de philacrion. ( J. )
PHYLICA. (Bot.) Ce nom, donné primitivement à Talaterne,
alaternus de Pline et de Tournefort, rhamnus alaternus de
Linnaeus, a été transporté par ce dernier à un autre genre
de la même famille, nommé auparavant alaternoides pa.r Com-
melin. On trouve encore des phjllirea dans Daléchamps sous
le nom de phjdica. Voyez Phylique. (J. )
PHYLIDRUM. (Bot.) Voyez PHmor.E. (Poir.)
THYUQUE, Phjlica.(Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
a fleurs complètes, polypéfalées, de la famille des rhamnées ,
de la pentanàrie monogynie de Linnaeus , dont le caractère
essentiel est d'avoir : Un calice persistant, turbiné, à cii^q
découpures; cinq pétales fort petits, presque en forme d'é-
cailles; cinq étamines insérées sous les pétales; les anthères
simples; un ovaire supérieur; un style; un stigmate; une
capsule presque en baie, à trois coques bivalves; les semences
solitaires dans chaque coque.
Ce genre est composé de petits arbrisseaux très-rameux,
presque en buisson, garnis de feuilles nombreuses , éparses,
linéaires, fort étroites , presque imbriquées, souvent pubes-
centes et blanchâtres en dessous ; dans quelques espèces ces
feuilles sont oa aies , assez larges, moins nombreuses; les
PHY 75
fleurs réunies pour fa plupart en une tête terminale , ovale
ou globuleuse , environnée de bractées presque en forme
d'involucre ; chaque fleur est de plus environnée de petites
Lracfées plus courte^ que le calice. Ces petits arbrisseaux
sont d'ailleurs assez élégans et ont le port des bruyères, ce
qui les fait rechercher ; mais leur culture est un peu diffi-
cile et exige des soins particuliers : ils craignent également
le trop grand chaud et le trop grand froid , ainsi que l'excès
de la sécheresse et de Thumidité. On ne les multiplie guère
que par marcottes et par boutures, dans une terre franche,
mêlée à moitié de terre de bruyère.
Phyuoue a feuilles de bruyère : Pliylica ericoidcs, Linn. ,
Spec; Lamk., III. gen., tab. 127, lig. i; Commel. , Hort. ,
2, page 1 , tab. 1; Gaertner, De fruct. , tab. 36. Arbrisseau
du cap de Bonne-Espérance, dont les tiges sont hautes d'un
à deux pieds, pubescentes dans leur jeunesse, divisées en
rameaux nombreux, qui en produisent d'autres presque fas-
cicules, garnis de feuilles éparses , presque sessiles, étroites,
linéaires, presque verticillées, roulées à leurs bords, de
couleur cendrée et pubescentes en dessous, glabres et d'un
vert foncé en dessus , obtuses , assez semblables à celles des
hruyères. Les fleurs sont un peu odorantes, réunies, à l'ex-
trémité des rameaux, en petites têtes terminales, envelop-
pées d'un duvet cotonneux d'une grande blancheur. Les fo-
lioles de l'involucre sont ovales, un peu subulées; le calice
blanc et cotonneux; les pétales fort petits. Cette plante est
aujourd'hui très-multipliée, non qu'elle séduise par l'éclat de
ses fleurs, mais par l'avantage qu'elle a de se conserver avec
ses feuilles tout l'hiver, et de produii'c un grand nombre de
fêtes de fleurs d'une blancheur éclatante ; ce qui en fait un
arbrisseau d'appartement assez élégant.
Phvlique axillaire : Phylica axillaris, Poir. , Encycl.; Lamk.,
m. gen., n." 2616. Cette espèce est remarquable par ses
fleurs axillaires et solitaires. Ses tiges sont ligneuses , pubes-
centes ; les rameaux lâches , étalés ; les feuilles presque
planes, sessiles, linéaires, lancéolées, un peu ouvertes,
blanches et pubescentes en dessous, luisantes, glabres et ra-
boteuses en dessus, d'un vert sombre, obtuses, un peu rou-
lées à leurs bords. . Les fleurs naissent dans l'aisselle des
76 pj^Y
feuilles, à l'extrémité ries rameaux; elles forment, par leur
rapprochement, des épis courts et lâches, portés sur des
péioncules courts, tomenteux , un peu jaunâtres , ainsi que
le calice, à l'extérieur, d'un jaune de rouille à l'intérieur,
ainsi que les pétales. Cette plante croît au cap de Bonne-
Espérance. On la cultive au Jardin du Roi.
Phylique a feuilles de romarin : Phjylica rosmarinifolia , Foir.,
Er.cycl.; Lamk., lU. gen., n." 2614. Cette plante est très-
rapprochée de la précédente, quant à son port; elle en
dilïere par ses fleurs en tête. Ses tiges sont droites, pubes-
centes;ses rameaux courts, presque fascicules: les feuilles
presque imbriquées, planes, un peu roulées à leurs bords,
linéaires, obtuses, tomenteuses et blanchâtres en dessous,
un peu pileuses et d'un vert noirâtre en dessus, dressées le
long des rameaux. Les fleurs sont réunies en une tête ter-
minale, un peu globuleuse, blanche et tomenteuse ; les
bractées roussàtres , couvertes d'un duvet très- abondant.
Cette plante croît au cap de Bonne -Espérance.
Phylique bicolore; Phjlica hicolor, Linn., ManL, 208. Ses
tiges sont ligneuses; les rameaux ellilés , de couleur rous-
sàtre, couverts dans leur jeunesse d'un duvet blanchâtre. Les
feuilles sont éparses, linéaires, lancéolées, assez semblables
à celles de l'if, étalées, roulées à leurs bords, un peu pubes-
centes, blanches et tomenteuses en dessous. Les fleurs sont
réunies en une tête terminale; les folioles de l'involucre
plus courtes que le calice, en forme d'écaillés, lancéolées,
rouges sur le dos, chargées de poils en dehors; également
pileux. Cette plante croit dans les plaines sablonneuses, au
cap de Bonne- Espérance.
Phylique plumeuse : Phjdica plumosa , Linn., Spec; Lamk.,
m. gen. , tab. 1 2 7 , fig. 4 ; Séb. , Thés. , 1 , tab. 20 , fig. 4 , 5 ;
Burm., Afric, tab. 44, fîg. 3; Pluken. , ManL, tab. 541,
fig. 3. Espèce très -remarquable par des touffes de longues
feuilles étroites, plumeuses , chargées de poils abondans,
soyeux, d'un blanc ronssàtre , qui terminent les rameaux et
enveloppent les fleurs, qu'elles dérobent à la vue. Ses tiges
s'élèvent à la hauteur de deux ou trois pieds ; elles sont de
couleur sombre, un peu purpurines, droites, velues; ïes
rameaux alternes, irréguliers; les feuilles éparses, un peu
PHY 7?
épaisses, coriaces, lancéolées, subulées , tomenteuses et
blanchâtres en dessous, roulées cà leurs bords, glabres, lui-
santes et un peu rudes en dessus ; les supérieures plus
étroites, couvertes de longs poils grisâtres; celles qui termi-
nent les rameaux ont un duvet plumeux , trés-épais, qui les
recouvrent en totalité, qui masquent les fleurs, disposées en
un épi court on en une tête terminale. Cette plante croit
au cap de Bonne-Espérance; on la cultive au Jardin du Roi.
Elle fleurit pendant tout l'hiver.
PhylI(^)UE fubescente : PJLylica piibescens , Lamk., III. gen. ,
tab. 127, fig. 2 ; Ait., Hort. Kew. ; Ph-ylica capitata , Willd.,
Spec, 2, page 1109. Arbrisseau qui a de très-grands rapports
avec l'espèce précédente ; mais ses feuilles sont beaucoup plus
étroites, très aigu es , éparses , un peu cotonneuses en des-
sous, glabres en dessus; les supérieures velues.- les termi-
nales chargées d'un grand nombre de poils grisâtres ou d'un
blanc jaunâtre. Les fleurs sont axillaires et forment un épi
un peu alongé. Le fruit est une capsule un peu globuleuse,
noire, très- lisse, couronnée par le calice, qui persiste avec
son tube alongé, cylindrique, long d'environ deux lignes,
pubescent, et à cinq dents; les semences sont dures, lui-
santes, ovales, aiguës. Cette plante croît au cap de Bonne-
Espérance.
Phylique a feuilles en cœur: Phjlica cordata, Linn., Spec;
Burm. , Afric. , tab. 44; Commel., Rar. , 62, tab. 12. Cette
espèce a des rameaux pubescens , blanchâtres, très- nom-'
breux , un peu écartés , divisés à leur sommet en d'autres
beaucoup plus petits, fort courts, rapprochés; les feuilles
éparses, pétiolées , larges, ovales, en cœur, un peu arron-
dies, médiocrement roulées à leurs bords, tomenteuses en
dessous, ridées et ponctuées à leur face supérieure. Les fleurs
sont terminales, réunies en petites têtes très -velues; les
calices pubescens en dehors , jaunâtres en dedans ; ainsi
que les pétales fort petits. Cette plante est cultivée au Jar-
din du Roi. Elle est originaire du cap de Bonne - Espé-
rance.
Phylique a feuilles de myrte : Phylica mjrlifolia , Poir. ,
Encycl.; PtijUca paniculata, Willd., Spec. Celle espèce s'é-
Itfve à la hauteur de trois pieds sur des tiges ligneuses, gri-
7<'5 PHY
s.ilres, divisées en rameaux très-serrés , en forme de buisson ,
blanchâtres, pubescens, garnis de feuilles éparses , alternes,
pétiolées, assez semblables à celles du myrte, luisantes,
ovales, aiguës, pubescentes et d'un blanc de neige en des-
sous, longues de trois à qua're lignes, larges de deux; les
pétioles courts, pubescens. Les fleurs sont presque termi-
nales, solitaires, axillaires , dépourvues de bractées; leur
calice est velu, un peu turbiné, à cinq divisions courtes,
ovales, aiguës; l'ovaire un peu pubescent: les capsules sont
ovales, obtuses, presque glabres, un peu en baie, couron-
nées par le calice. Cette plante croit au cap de Bonne- Es-
pérance. On la cultive au Jardin du Roi.
PHYLiguE A FELiLiEs DE THYM ; Pliylica thjmifoUa , Vent. ,
Hort. Malm., i , tab. 67. Arbrisseau d'un port élégant, tou-
jours vert, dont les tiges sont glabres, rameuses à leur partie
supérieure, d'un brun rougeàtre; les rameaux un peu pu-
bescens dans leur jeunesse; les feuilles alternes, pétiolées.
rapprochées, très-ouvertes, petites, lancéolées, aiguës, rou-
lées à leurs bords, glabres, luisantes en dessus, blanches et
tomenteuses en dessous; les pétioles articulés, très- courts,
pubescens. Les fleurs sont sessiles , blanchâtres, réunies en
une petiJe tête terminale, globuleuse, accompagnée de
bractées ovales, aiguës; leur calice est tubulé , pubescent: la
corolle fort petite; les anthères ont deux lobes ; l'ovaire est
entouré d'un disque charnu; le style très-court, surmonté de
trois stigmjites obtus. Cette plante croît dans les îles de la
mer du Sud. (Poir.)
PHYLIRA. (Bot.) Nom du tilleul chez les anciens Grecs.
( Lem. )
PHYLLACERA. (Bof.) Arbrisseau de la Chine, remarquable
par la riche parure de ses feuilles, et qui appartient au
croton variegatum de Linnesus. (Poir.)
PHYLLACHNE. (Bot.) Voyez Forsteka. (Poir.)
PHYLLACTERIA. (Bot.) Division du genre Thelephora.
Voyez ce mot. (Lem.)
PHYLLACTIS. {Bot,) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs complètes, monopétalées, de la {"iimille des valérianées ,
de la triandrie monogynie de Linnanis, offrant pour caractère
essentiel: Un involucre commun d'une seule pièce, à deux
PII Y 79
lobes aîgus: chaque fleur munie d'un involucre partiel ; un
rebord très-petit constitue le calice; la corolle est monopétale,
divisée à son limbe en trois lobes; trois étamines; un ovaire
inférieur; un style; une semence non aigrettée.
Ce genre est un démembrement de celui des valérianes
de Linné, établi sur le port de quelques espèces presqu.> sans
tige, à feuilles toutes radicales, étroites, alongées, dispo-
sées assez régulièrement en rayons autour d'un amas de
fleurs resserrées, semblables aux fleurons d'une plante à fleurs
composées, réunies dans un calice commun. Cet amas est
formé de beaucoup de pédoncules très-courts, portant cha-
cun plusieurs fleurs rassemblées en une ombelle, munie d'un
involucne général d'une seule pièce et d'un partiel pour
chaque fleur.
Fhvllactis spatulée : Ph-yllactis spathulata, Pers. , Sjnops. , i ,
page Sg ; Valeriana spatliulata, Ruiz et Pav. , Flor. Per. , i ,
tab. 68, fig. 6. Cette plante est ramassée en gazon. Ses ra-
cines sont épaisses, divisées en plusieurs fibres grêles, d'où
s'élèvent quelques tiges basses, un peu comprimées, à deux
angles; les feuilles radicales, nombreuses, serrées; les cau-
linaires éparses , spatulées , presque linéaires, obtuses, un
peu ciliées et pubescentes. Les fleurs sont disposées en petites
ombelles sessiles, terminales, entourées à leur base de brac-
tées en forme d'involucre; la corolle est blanche; son tube
grcle , alongé; le limbe à trois lobes ; trois étamines; les se-
mences, couronnées par les bords du calice, ne sont point ai-
grettées.
Phyllactis a feuilles roides : Pliyllactis rigida, Pers., lot:
cit.; Valeriana rigida, Flor. Per., loc. cit. , tab. 65 , iig. C.
Cette espèce a des racines épaisses, fusiformes; elles pro-
duisent des feuilles nombreuses , toutes radicales , étalées
en rosette, linéaires, lancéolées, entières, longues d'en-
viron un pouce et demi, roides, glabres, coriaces, ponc-
tuées à leurs deux faces, terminées par une pointe presque
épineuse; les hampes sont très-courtes, comprimées, portant
des paquets de fleurs sessiles, réunies en une large tête
plane, arrondie, entourée d'un involucre d'une seule pièce,
en gaine , à deux lobes aigus ; les involucres partiels sont de
même forme , très-petits ; le calice est terminé par un rebord
8o PHY
étroit; la corolle blanche; le tube grêle, alongé; le limbe à
trois lobes étalés; trois étamines; le stigmate est bifide; les
semences sont nues. Cette espèce croit sur les hautes mon-
tagnes du Pérou : elle fleurit dans les mois d'Octobre et de
IVovembre.
Phyllactis a feuilles étroites : Phyllactis lenuifolia, Pers. ,
loc.cit.; Valeriana lenuifolia, Flor. Per. , loc. cit., tab. 65, fig.
D. Cette espèce a le port de la précédente. Ses racines sont
épaisses, fusiformes ; ses feuilles nombreuses, sessiles, im-
briquées, ouvertes en étoile, glabres, étroites, linéaires,
subulées, très-entières, roides, aiguës à leur sommet, ciliées
à leur partie inférieure. Les Heurs sont blanches, infundi-
buliformes ; le tube est grêle ; le limbe trifide ; trois éta-
mines : le stigmate a deux divisions étalées; les semences
sont nues. Ces fleurs sont disposées comme dans la plante
précédente. Cette plante croit sur les hautes montagnes du
Pérou. ( Poir..)
PHYLLADE. ( Min. ) Les principes que j'ai cru devoir
suivre pour la spécification des roches mélangées , et la
nomenclature qui a dû nécessairement l'accompagner, m'ont
forcé quelquefois , pour être conséquent, d'établir des es-
pèces qui ne montrent que peu de différence avec les miné-
raux ou roches homogènes qui en sont la base. De là on en
a conclu ^ et avec des raisons assez spécieuses , l'inutilité de
ces espèces.
Les phyllades étoient dans ce cas; c"étoient, d'après mon
ancienne définition, de véritables schistes argileux, mêlés de
difîercns minéraux. La nature du mélange étoit restée vague,
et le caractère des phyllades , comme roches mélangées ,
consistoit à être un schiste argileux hétérogène, bien diffé-
rent en cela des autres roches, telles que le granité, le gneiss,
, le micaschiste , le porphyre, etc., dont les composés étoient
spécifiés et nettement circonscrits. On pensoit donc qu'il eût
été plus simple de dire, comme on peut encore le faire dans
quelques cas, schiste maclifère , schiste micacé , schiste satiné,
etc.
Mais alors j'étois ramené de proche en proche au point
d'où je cherchois à m'éloigner, à la confusion que je voulois
éviter , celle de donner les niêmes noms ii des minéraux
PHY 81
homogènes en masse qui renferment ça et là , accidentellement,
quelques corps étrangers , et à des masses minérales mélangées
également dans toute leur masse , composant des montagnes et
même des pays entiers, et présentant toujours le même mode
de mélange , soit qu'on le considère suivant la nature , soit
qu'on l'envisage dans ses différences de structure.
L'obligation d'être conséquent aux principes posés m'avoit
donc engagé, peut-être encore plus qu'une réelle différence
entre les schistes et les phyllades, à établir cette dernière es-
pèce ; car je conviens qu'il y a bien peu de schistes argileux
parfaitement homogènes, et qu'il y a beaucoup de pliyllades
dont l'hétérogénéité est fort peu sensible : mais, entin, ces deux
sortes de roches existent réellement et se présentent plus sou-
vent qu'on ne croit , dans des circonstances assez différentes ,
pour qu'il ne soit pas possible de les laisser confondues.
Ces objections, très-fondées , m'ont été faites principale-
ment par M. Omalius d'Halloy. J'ai cherché , d'après ces
justes observations , à corriger dans mon travail ce qu'il y
avoit de défectueux , et à déterminer les ph3llades par une
définition précise des minéraux qui les composent essentiel-
lement.
En essayant d'opérer cette correction, j'ai éprouvé la satis-
faction de voir que l'espèce avoit été mieux étal)lie qu'on ne
l'avoit présumé; car je n'ai point été force de la couper ni
de la diviser, comme je le craignois: la définition seule étoit
fautive ; il a suffi de la changer , ou plutôt de la préciser da-
vantage , pour faire de l'espèce phyllade une roche hétéro-
gène aussi bien caractérisée que le micaschiste , le gneiss ,
etc. Très-peu de variétés ont été exclues p^r cette défi/ùtion
ainsi amendée : c'est ce que l'on va voir difns l'exposition
des caractères et des variétés de cette roêtie.
M. d'Aubuisson est l'auteur de ce nom j mais, suivant les
principes de l'école allemande , il n'a pas voulu distinguer
comme j'ai cru nécessaire de le faire , la considération , dé-
termination , classification et dénomination des roches sous
le rapport minéralogique, de la considération des roches , sous
le rapport géognostique ou de gisement. Il a donc donné plus
d'extension que je ne le fais au nom de phyllade, en l'appli-
quant aux schistes argileux homogènes et aux roches corn-
.40. 6
8. PHY
posées dont cette roche homogène est la base. Nous n'appl^
quons le nom de phyllade qu'a ces dernières.
Le Phyllade est une roche formée principalement par voie
de sédiment , essentiellement composée de schiste argileux ,
comme base, et de mica.
Sa structure est nécessairement fissile et souvent feuilletée.
Le mica y est toujours en petites paillettes , tantôt dissé-
minées, tantôt presque continues.
Les parties accessoires sont : le quarz en grains , le felspath
en petits cristaux , la macle, la staurotide. Elles y sont dissé-
minées assez également.
Les parties accidentelles y sont généralement peu nombreu-
ses; on y observe :
La wavellite en enduit ou concrétions dans les cavités et
fissures.
Les grenats , très-rarement. ( Schnéeberg et Rathswald ,
Léonh. )
L'amphibole ?
La tourmaline en petits cristaiix. (A Skrkawsky-skaly ,
dans la chaîne du Sud, vers l'Iser , en Bohème.)
Le disthène.
Le talc, remplaçant des débris de végétaux.
Le felspath en assez gros cristaux. (Laifour , dans les Ar-
dennes.)
Le fer pyriteux , assez communément.
Le graphite . très-souvent.
Le cuivre pyriteux , d'une manière presque invisible.
La blende. (A Andreasbcrg. )
La structure du phyllade est , comme on l'a établi en
exposant ses caractères essentiels , fissile et même feuilletée.
Les feuillets qui le composent sont souvent droits, quelque-
fois ondulés, comme plissés ou gaufrés. Les divers minéraux
qui sont disséminés dans cette roche , sont situés , tantôt entre
les feuillets ou fissures de stratification, qui les contournent et
s'y appliquent exactement , comme dans le felspath acciden-
tel, la staurotide, etc.; tantôt ils semblent les iiilerrompre,
les couper même : ils sont ce que nous appelons traversans ,
et c'est le cas de quelques petits cristaux de felspath, de
quarz, et surtout des pyrites et de la macle.
PII Y 83
Les phyllades sont formés en grande partie, et quelquefois
même entièrement, par voie sédimenteuse , tels sont la plu-
part des phyllades pailletés; mais dans d'autres, tels que les
phyllades satinés , les maclifères , etc. , l'action chimique ou
de cristallisation est évidente. On voit qu'une partie dissoute
a cristallisé dans une masse sédimenteuse , et que par consé-
quent les deux modes de formation sont simultanés.
Ces roches ont assez de cohésion, surtout dans le sens per-
pendiculaire à la stratification. Leur cassure , dans ce sens, est
inégale, esquilleuse , tandis qu'on opère dans l'autre sens une
sorte de clivage qui découvre des surfaces planes ou ondu-
lées , mais toujours unies. Cependant cette séparation par
faces planes a aussi lieu dans l'autre sens; mais, comme la
direction est oblique à la surface des feuillets , elle donne
des fragmens assez exactement rhomboïdaux.
Les phyllades sont tendres ^ tousse laissent rayer par le fer
et même par le cuivre : ce dernier caractère les distingueroit
.suflisamment du schiste coticule, des cornéennes , etc., si
leur caractère de roche composée ne suffisoit pas.
Ils ne peuvent recevoir aucune espèce de poli.
Tous les phyllades sont opaques, et dans toutes leurs parties,
même les plus minces. Leurs couleurs sont assez variées ; la
couleur la plus générale est le noir bleuâtre , le gris foncé ,
brunâtre , verdàtre ou bleuâtre : il y en a aussi de bruns, de
rougeàtres, de rosàtres , de Jaunâtres. Toutes ces couleurs
sont sales, répandues assez uniformément, ou disposées tan-
tôt parallèlement à la stra^tifîcation , tantôt en taches con-
fluentes.
Les parties accessoires, étant quelquefois d'une couleur dif-
férente du fond, donnent à quelques variétés de ces roches
un aspect moucheté.
Action chimique. La pâte des phyllades est presque toujours
fusible en un verre noir, quelquefois aussi en un veiTe gri-
sâtre , ce qui arrive ordinairement quand la pâte est décolo-
rable par le feu. Quelques phyllades roug»s-;ent en totalité ou
en partie par l'action d'un feu modéré. Dans quelques cas la
pâte fait elfervescence avec les acides , mais cette efferves-
cence est foible , de peu de durée, et ne désagrège pas le
Inorceau ; néanmoins les phyllades eflfervescens se rappro-
84 PHY
chent tellement des macignos par ce caractère , qu'on n'a
plus pour les en distinguer que l'aspect plus terne , la struc-
ture plus fissile. Ils ne font jamais pâte avec l'eau.
Les phyllades éprouvent , par l'action de Tair et des mé-
téores atciosphériques , divers genres à'' altération. La plupart
se désagrègent, les uns seulement dans le sens de leurs feuil-
lets : il en résulte une multitude de lamelles minces et régu-
lières; les autres principalement dans deux sens : il en résulte
une multitude de parties alongées prismatoïdes comme des
esquilles de bois ( la plupart des phyllades calcaires des îles
basses du golfe de Christiania) ; d'autres enfin à peu près
également dans tous les sens , et il en résulte une multitude
de débris grossièrement rhomboïdaux. Ils sont généralement
très- fragmenteux , et leurs fissures sont couvertes d'un en-
duit ocracé. Enfin les pyrites qui sont disséminés donnent
lieu à un autre mode d'altération, qui n'est pas une simple
désagrégation, mais une véritable altération chimique.
Le phyllade passe souvent: au micaschiste lorsqu'il perd son
schiste, que le mica devient dominant et qu'il prend de pe-
tits lits de quarz; au phtanite ; au schiste argileux ; au schiste
coticule : au psammite schistoide ; au macigno, et il n'y a de
différence entre cette dernière roche et quelques phyllades.
que l'absence du calcaire, minéral caractéristique du ma-
cigno.
Onpeutreconnoître dans cette roche les variétés suivantes,
comme étant assez bien caractérisées par les parties accessoires
au mica.
1. Phvllade satiné.
Le mica y est en paillettes si petites , si multipliées, si inti-
mement liées les unes avec les autres, qu'il forme un enduit
d'un éclat soyeux sur les fissures de stratification , et lui
donne un éclat analogue à celui du satin. Au premier aspect
ces roches semblent être homogènes , et on peut même dans
certains cas les considérer comme telles'. Quelquefois les
feuillets sont droits et plans; mais souvent aussi ils sont comme
1 C'est sous ce point de vue que je l'ai considéré dans ma Miné-
ralogie, tom. I, pag. 554, en le décrivant sous le nom de schiste lui-
sant.
PHY 85
plissés en petits plisondoyans: ils ont la structure qu'on nomme
gaufrée dans l'art des tissus. Ses couleurs dominantes sont le
gris verdâtre, le rougeàlre, le rosàtre et le violâtre.
Le phyllade satiné passe donc au schiste luisant; il passe aussi
au micaschiste, et il en est d'autant plus difficile à distinguer ,
qu'il renferme quelquefois assez de talc pour acquérir quel-
ques-uns des caractères de cette dernière roche.
Exemples. La plupart des schistes argileux primitifs de la
Saxe ( Urthonschiefer ) appartiennent à cette variété ; par
conséquent ceux de Schnéeberg , de Hermersdorf.
On prendra encore des exemples de ces phylladrs: dans les
hautes Pyrénées , au col deTourmalet, dans la vallée de l'Ar-
boust; mais il est en même temps maclifère. — A Saint-La-
zare, dans le canton de Terrasson , département de la Dor-
dogne ; il est verdâtre. — A La-Chaise-le-Vicomte , dépar-
tement de la Vendée ; il est violàfre et verdàlre. — Entre
Saint-Bel et Lyon, en lits extrêmement sinueux; le fond en
est verdâtre et les feuillets sont enduits de terre ocreuse. — A
Vay , aux environs de Nantes; il est d'un beau rose pourpré.
— Plusieurs des roches auxquelles on donne le nom de killas ,
dans le pays de Cornouailles , sont des phyllades, ou satinés,
ou pailletés.
2, Phyllade pailleté.
Le mica y est disséminé en paillettes distinctes et très-sé-
parées les unes des autres. Sa structure est feuilletée , droite;
sa couleur, noirâtre, brunâtre ou jaunâtre. Le schiste, qui
en fait la base, est tantôt dense et assez luisant, tantôt à
texture lâche avec un aspect terne. Il ressemble au psammite
schistoïde ; mais il en diffère par l'absence du quarz en sable.
Il ressemble aussi au macigno ; mais comme il ne contient
pas de calcaire , il ne fait aucune effervescence avec les acides.
Exemples. La plupai't des roches nommées schiste des houil-
lières {schieferthon) et schiste de la Grauwake [Grauwahenschie-
fer) : Goslar , au Harz. — Planitz , en Saxe. — MeflTersdorf, en
Lusace. — Lacombe Gilliarde-en-Oisans , département de
risère. — Beaucoup de ces roches sont employées à aiguiser les
faux , d'où on les nomme pierres à faux : celles de Viel-Salm ,
dans le pays de Liège , et de Houffalise , dans le pays de
Luxembourg. Ce phyllade passe quelquefois au psammite
8C PHY
scJiistoïdc il grains fins'. — Les ardoises de Claris, en Suisse^
qui renferment des ichthyolithes ; et l'ardoise du port de
Cherbourg, qui leur ressemble en tout. — Les environs
d'Angers : il est brun, bleuâtre et fissile comme l'ardoise-,
mais il offre des taches grisâtres, rondes et confluentes. —
Du cap Cepet, près Toulon: il est brun-rougeàtre. On en voit
d'absolument semblable près de Clausthal, au Harz.
Cet;e variélé fait assez généralement partie des roches des
terrains de transition et des terrains houillers. Elle renferme
entre ses feuillets les débris organiques végétaux qui appar-
tiennent à ces formations, tant en Europe (outre tous ceux
des houilliéres, on doit citer les phyllades pailletés, noirs et
durs , dont les parties végétales sont remplacées par du talc ,
du Mont- Perdu dans les Pyrénées, du col de Balme en Sa-
voie) que dans l'Amérique septentrionale ( Wilkesbare en
Pensylvanie ; Sunderland en Connecticut, etc.).
5. PhYLLADE CAR13UR)é.
Il est noir, tachant, décolorable par Paction du feu; les
paillettes de mica y sont rares et quelquefois très-peu dis-
tinctes. Sa structure fissile est tantôt à feuillets droits, mais
plus souvent à feuillets ondulés et gaufrés ; enfin , plusieurs
de ses sous-variétés renferment du calcaire d'une manière
invisible , qui ne se manifeste que par Paction des acides,
et non par des grains lamellaires , comme dans le ma-
cigno.
C'est par ce mode de structure, le peu d'abondance du
calcaire , et surtout pnr la présence du charbon , que le
phyllade carburé calcarifère se distingue du macigno.
Les exemples en sont nombreux.
Bagnère de I,uchon , dans les Pyrénées : ses feuillets sont
plissés. — llermersdorf et Hartenstein , en Saxe : avec des em-
preintes de végétaux. — Hofnungstolle près Lautenthal,
au Harz. — Gerbstedt près d'Eisleben , en ïhuringe. C'est
La roche connue sous le nom de schiste marneux bitumineux,
et qui renferme du cuivre pyriteux et des débris nombreux
et remarquables de poissons. Ces deux derniers sont calca-
rifères. On trouve cette même roche , avec les mêmes cir-
1 Omalius d'IIalloj', Jouru. des min., tom. 24, n." 1^3, p. 363.
PHY 87
constances , mais un peu plus micacée , à ■yVeslficld près
Middeletown , dans le Connecticut.
4. PhYLLADE yUARZEUX.
Des grains de quarz disséminés, ou de petits lits de cette
pierre interposés dans le phyllade, qui est ordinairement rou-
geàtre ou jaunâtre dans le premier cas, brunâtre ou noirâtre
dans le second; dur, solide, à feuillets ii peine séparables.
Il passe au micaschiste et au phtanite.
Exemples, Les bords de la Mayenne , près d'Angers. — Plu-
sieurs parties de la Bretagne. — Hohelstein et Braunsdorf, en
Saxe. — Mittengrunde , en Bohème.
5. Phyllade fétrosiliceux.
lia, comme tous les phyllades, une structure stratiforme,
mais il est très-dur et les feuillets sont presque inséparables;
la cassure transversale est éiailleuse à petites écailles. Le
mica y est tantôt disséminé en petites paillettes, et tantôt
étendu comme un enduit luisant. Ce phyllade est noir, gri-
sâtre ou jaunâtre. Il fond en un émail gris et même blanc.
Exemples. Schnéeberg , en Saxe: il est noir luisant et jau-
nâtre luisant. — Le Ramelsberg , au Harz : il est gris , bleuâtre ,
pailleté et terne.
6. Phyllade porphyroïde.
Des cristaux de felspath , plus ou moins volumineux , dissé-
piinésdans un phyllade ordinairement satiné. Ils en traversent
ordinairement les feuillets : ils sont souvent accompagnés de
grains de quarz , en sorte qu'on pourroit dire que c'est un
porphyre à base de schiste.
Exemples. Environs d'Angers ; les cristaux de felspath y
sont petits et blanchâtres. — Dcville et Laifour , dans les
Ardennes'; d'un gris foncé bleuâtre , les cristaux de fels-
path y sont gros et enduits de phyllade satiné; ils sont associés
avec des grains de quarz hyalin , et sont évidemment de for-
mation de cristallisation contemporaine à la roche. — Mou-
lin-Bardou , non loin de Limoges. — Des bords de la Mayenne,
près d'Angers : la pâte est grise blanchâtre satinée; les cristaux
de felspath sont petits et blancs. — Le col de la petite
i Ardoise porphyroïde. Omalius d'Halloy, Journ. des min. , toni. 2g,
p. 55.
68 PHY
Fourche, au Saint-Gothard, côté derifalie: fond dephyllade
satiné gris- verdàtre, taches brunes rectangulaires , formées
par des petits paraléllipipèdes de mica; taches blanches,
rondes, de felspath grenu. — Herzogswald et Tharandt , en
Saxe. — Les îles écossaises d'isia et de Jura.
7. Phyllade maclifère.
Des cristaux de macle traversant un phyllade ordinairement
terne, d'une couleur noire tirant sur le bleuâtre, etc.
C'est une roche très-répandue dans les terrains primor-
diaux schistoïdes qui ne renferment aucun débri organique.
La manière dont les maclesysont placées, leur abondance,
leur liaison intime avec la base schisteuse , indiquent une
formation par voie de dissolution et de cristallisation.
Exemples. Alençon , dans un phyllade tendre, brunâtre, pail-
leté. — Antrain , rive gauche du Coesnan , arrondissement
de Fougères, département d'Isle - et -Vilaine , et Martilly,
dans le Calvados : ils sont bruns et rougeâtres; la macle y
forme des taches rectangulaires noirâtres. — S. Michel- en-
Grève, Côtes-du-Nord : noir, grisâtre, et des Salles de Rohan ,
à l'est de Pontivi , dans le Morbihan. >— Les hautes Pyré-
nées, col de Tourmalet , surtout à la descente de ce col,
vers Grippe , où il se montre dur , noir et pyrileux , et
dans la montagne de Comclie : très - petits cristaux de
macle dans un phyllade noir- terne. — Près Bagnère de
Luchon, à Pentrée de la vallée de PArboust. — Burkharts-
wald et Schnéeberg, en Saxe. — Gefreiss , près Bareuth,
en Franconie : les macles y sont petites et très-déliées. — Les
killas de Camelford et de Saint- Austel, sont aussi des phyl-
lades satinés maclifères. — Skiddau , près Keswig, en Cum-
berland : il est très-différent des précédens. — Aux environs
de Dublin. — Entre Greifenhagen et Braunsrode , au Harz.
8. Phyllade sxaurotique.
Des cristaux abondans de staurotide disséminés dans un
phyllade , tantôt pailleté , tantôt et plus souvent satiné : en
général très-abondant en mica.
Ses couleurs sont le noir pur et le brun jaunâtre métal-
loïde.
I-es cristaux y sont disposés comme dans le phyllade macli-
fère ; et quand ces cristaux ne sont pas bien prononcés , ce
PHY 89
qui arrive souvent , il devient très-difficile de distinguer ces
deux variétés de phyllade , malgré les grandes différences des
espèces minérales qu'elles renferment et qui les caractérisent.
Ce qui est encore et plus difficile , et ce qui reste par consé-
quent plus incertain , c'est de distinguer ce phyllade du mi-
caschiste.
Exemples. Baud et Coray , dans le département du Finis-
tère Entre Keilh et Huntly, en Ecosse. — En Pensylvanie,
à 12 milles de Philadelphie, et dans plusieurs autres lieux
des Etats-Unis d'Amérique.
9. Phyllade pvritecx.
Du fer pyriteux cristallisé , disséminé d'une manière visible
et à peu près égale dans le phyllade.
La couleur du phyllade pyriteux est ordinairement ver-
dàtre , d'un gris bleuâtre, rougeàtre et même jaunâtre. Les
pyrites se montrent non -seulement interposées dans les fis-
sures de stratification , mais elles sont aussi traversantes.
Exemples. Les environs de Cherbourg: le phyllade est ver-
dâtre et satiné. — A Bagnère de Luchon , dans la mon-
tagne même d'où sourdent les eaux chaudes. — A Deville-
sur- Meuse, près Mézières : il est en même temps pailleté. —
Schnéeberg, en Saxe. — Andreasberg , au Harz. — Dans la
montagne de Gomlaer, en Voigtland.
Les phyllades pailletés peu abondans en mica , dans les-
quels la base de schiste argileux domine , fournissent des
ardoises au moins égales en qualité à celles que donne le
schiste tégulaire; cependant on peut remarquer que, si elles
peuvent s'exploiter en tables d'une grande étendue, elles ne
sont pas susceptibles d'être divisées en feuillets aussi minces,
et par conséquent aussi légers que la roche homogène nom-
mée schiste tégulaire , qu'on exploite auprès d'x\ngers et sur la
Meuse, près de Rimogne et de Rocroy.
Les plus grandes tables d'ardoises de phyllade pailleté
viennent du Plattenberg , dans le canton de Claris et des envi-
rons de Gênes, principalement à l'orient de cette ville, où
elles sont connues sous le nom de lavegna. On en fait de
grands réservoirs pour contenir l'huile.
Le phyllade pailleté terne sert quelquefois de pierre à
so PHY
faux; mais toutes les pierres à faux ne proviennent cepen-
dant pas de cette roche.
La structure fissile des phyllades , et surtout la facilité avec
laquelle ils se désagrègent , ne permettent que rarement de
les employer comme pierre de construction. (B.)
PHYLLAMPHORA. {Bot.) Voyez Nepf.nthes. (Poir.)
PHYLLANTHE, Piijllanthus. {Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones, <à fleurs incomplètes, monoïques, de la famille
des euphorhiacées , de la monoécie triandrie de Linnasus, offrant
pour caractère essentiel : Des fleurs monoïques,- un calice à
cinq ou six divisions profondes; point de corolle; dans les
fleurs mâles, trois étamines, les lilamens connivens et glan-
duleux à leur base; dans les fleurs femelles, un ovalr^j , en-
touré à sa base, de plusieurs glandes; trois styles rapprochés
à leur base, bifides; six stigmates; une capsule à trois co-
ques bivalves; deux semences dans chaque coque.
Ce genre, très-nombreux en espèces, renferme des ar-
bres, des arbrisseaux, ou des herbes à feuilles alternes, sou-
vent fort petites et disposées sur les rameaux de manière
à représenter des feuilles ailées. Les fleurs sont axillaires,
presque solitaires, plus souvent fasciculées, accompagnées
de bractées.
* Espèces ligneuses , à grandes feuilles.
Phyllanthe A GRANDES FEUILLES ; Plij'llanthus graudifoUa, Linn.,
Hort. Cliff. Cette plante est une des plus grandes espèces de
ce genre. Sa tige arborescente se divise en branches étalées,
chargées de rameaux striés , rougeàtres, comprimés, presque
anguleux, garnis de feuilles grandes, alternes, fermes, ovales,
obtuses, entières, à nervures jaunâtres; les pétioles sont très-
courts , ayant à leur base deux petites stipules courtes , obtuses.
Les fleurs sont axillaires, presque terminales, réunies plusieurs
ensemble et supportées par des pédoncules filiformes, iné-
gaux, plus longs que les pétioles; quelques fleurs sessiles ; le
calice est fort petit, à cinq divisions obtuses. Cette plante
croit dans plusieurs contrées de l'Amérique.
Phyllanthe du Brésil : Phyllanthus brasiliensis , Voir. , Enc. ;
Pliyllanlhus conami , "Willd. , Spec. ; S\v. , Flor. Amer.; Co-
nami brasiliensis , Aubl. , Guian., tab. 354 ; vulgairement Bors
PHY 91
A ENIVRER. Arbrisseau dont les tiges s'élèvent à la hauteur
de six ou huit pieds , couvertes d'une écorce rude et ver-
dâtre ; les branches se divisent en rameaux grêles, eflilés ,
garnis de feuilles alternes, p étiolées, glabres, entières, d'un
vert pâle, ovales, un peu arrondies, presque en cœur; les
pétioles courts; les stipules opposées, fort petites. Les fleurs
sont axillaires, pédonculées , fort petites, inclinées; munies
de bractées arrondies ; leur calice est à six divisions verdà-
Ires , aiguës, connivcntes à leur base; l'ovaire environné à
sa base de six petites écailles ou glandes courtes, obtuses;
la capsule à trois loges, à six valves, formant à l'extérieur
six côtes distinctes et marquées d'autant de sillons.
Cet arbre croît dans le Brésil, auprès de Para, où il est
nommé conami-para ou amazone par les Créoles. Le nom de
conanii est employé pour désigner toutes les plantes dont
on se sert pour enivrer les poissons: ce qui se fait en pilant
les rameaux chargés de feuilles, que l'on jette de suite dans
le courant d'une rivière. Lorsque cet arbre est en fleur, il
exhale une odeur pénétrante et désagréable. On le cultive ,
ainsi que le précédent , au Jardin du Roi.
Phyllanthe a grappes fendantes : Phjllanthtts nu tans , Sw. ,
Flor. Ind. occid. , i2o5; Jacq. , Hort. Schccnb., 2, tab. igo;
Sloan., Jam. Hist., 1 , tab. i58, fig. 3. Cet arbrisseau a des
tiges glabres, cylindriques, chargées de rameaux alternes,
garnis de grandes feuilles ovales, alternes, médiocrement pé-
tiolées , blanchâtres en dessous, lisses et vertes en dessus,
à nervures purpurines. Les fleurs sont disposées en grappes
presque terminales, feuillées, pauciflores, pendantes; chaque
fleur est portée sur un pédoncule simple, alongé , de moitié
plus court que les feuilles; le calice est de couleur purpu-
rine, partagé en cinq folioles ovales, obtuses, réunies à leur,
base. Celte plante croît à la Jamaïque.
Phyllanthe a feuilles de ne.iPrun ; Phjllanthus rhamnoides ,
Retz., Obs. lot., fasc. 5 , page 3o. Dans cette espèce la tige
est glabre , un peu ligneuse ; les rameaux sont grêles , alternes,
un peu eflilés ; les feuilles très- entières, d'une médiocre
grandeur, un peu pétiolées, ovales, obtuses à leurs deux
extrémités, glabres à leurs deux faces; les stipules courtes,
iicuminées , caduqiies. Les fleurs sont axillaires, situées le
r,2 PHY
long des Jeunes rameaux ; les inférieures mâles au nombre
de deux ou trois; les supérieures solitaires et femelles, por-
tées sur des pédoncules beaucoup plus longs; les calices des
fleurs mâles sont tronqués, évasés; ceux des femelles à plu-
sieurs divisions courtes. Le fruit est une capsule de la forme
et de la grosseur des baies de genévrier. Cette plante croît
dans les Indes orientales.
PHyLLANïHE RÉTicvLÛE ; Phj'llanthus reticiilata , Poir. , Enc. ,
n," 9. Cet arbrisseau, d'un aspect assez élégant, se rapproche
du précédent; mais ses feuilles sont plus petites, remar-
quables par le réseau délicat qu'elles présentent à leur face
inférieure et par ses jeunes rameaux pubescens. Ceux-ci
sont nombreux, épars et confus, un peu anguleux ; les feuilles
alternes, médiocrement pétiolées, un peu coriaces, ovales,
moins larges à leur base qu'à leur sommet, glabres, très-en-
tières, vertes en dessus, d'une couleur glauque, un peu
grisâtres en dessous, agréablement veinées, quelquefois mu-
nies au sommet d'une petite pointe; les stipules petites, ai-
guës. Les fleurs sont nombreuses, axillaires, disposées par petits
paquets; les pédoncules inégaux, plus longs que le calice;
le calice tsi d'un blanc sale, à six folioles ovales, courtes,
obtuses, persistantes; la capsule est de la grosseur d'un pois,
globuleuse et noirâtre. Cette plante croît dans les Indes
orientales.
Phyllanïhe PENCHÉE; Phyllanthus cernua , Poir., Encycl. ,
n.° 10. Cette espèce se distingue par ses fleurs toutes soli-
taires, par ses feuilles presque rondes; sa tige est ligneuse,
brune ou roussâtre , cylindrique; les rameaux sont souples ,
glabres, effilés; les feuilles alternes, pétiolées, d'une grandeur
médiocre, ovales, un peu arrondies, très-obtuses, glabres,
d'un vert sombre en dessus, plus pâles en dessous, membra-
neuses; les pétioles très-courts ; les stipules petites, en forme
d'écaillés. Les fleurs sont solitaires, alternes, axillaires; les
pédoncules simples , épais, de la longueur des pétioles, re-
courbées pendant la floraison, puis redressés; les capsules
sont glabres, arrondies, noirâtres, à six côtes peu marquées.
Cette plante croît dans les Indes orientales.
Phyllanthe emblic : Phyllanthus emblica, Linn., Spec; Mjy~
robolanus emblica, Rumph. , Amb,, 7, tab. 1 ; Blackw., tab.
PIIY 95
400; N'elli-cemarum.', Rhéed. , Malab., \, tab. 3i , vulgaire-
ment MiROBOLANS EMELics. GaertncF a fait, sous le nom d'em-
llica, un genre particulier de cette espèce, à cause de sa
coque renfermée dans une baie, et les loges occupées par
deux semences. On lui donne aussi le nom A''anvaU. Cette
plante est connue depuis long- temps par ses fruits. Ce n'est
que depuis peu qu'on a découvert que ces fruits apparle-
noient à un arbrisseau qui s'élève à la hauteur de douze
ou quinze pieds, divisé en branches et en rameaux alternei,
un peu rougeâtres , légèrement pubescens , garnis de
feuilles disposées en aile, très - rapprochées , alternes, pres-
que linéaires, glabres, elliptiques, longues d'environ trois
lignes, presque sessiles, munies de deux stipules opposées,
très-petites, ovales, aiguës. Les fleurs sont axillaires , laté-
rales, fort petites, d'un blanc roussàtre ; les pédoncules très-
courts; leur calice est partagé en cinq folioles très-courtes,
arrondies , réunies à leur base ; les filamens sont connivens ; les
anthères fort petites, rapprochées. Les fruits sont arrondis,
en forme de baie, de la grosseur d'une noix de gale, à sis
valves relevées en côte extérieurement, renfermant, dans
leur intérieur, une pulpe charnue; les semences sont blan-
châtres et anguleuses.
Cette plante croît dans les Indes, aux environs du Malabar.
Les Indiens se servent de ses fruits pour tanner le cuir, le
verdir, et pour faire de l'encre; ils en mangent aussi de
confits dans de la saumure pour exciter l'appétit. Ces fruits
purgent doucement. Leur décoction est utile pour raffermir
les dents ébranlées. L'eau , dans laquelle on les a fait ma-
cérer , rougit le papier bleu. Ils étoient autrefois employés
seuls, autant que le 'sont aujourd'hui le senne et le tamarin
réunis. On ne nous apporte communément que les fragmens
de la pulpe desséchés. Ils sont noirâtres , d'une saveur ai-
grelette, un peu austère. Les autres espèces de mirobolans,
tels que mirobolans chéhules , citrins , heUerics , etc., appar-
tiennent à d'autres plantes, quoique le nom qu'elles portent
semble indiquer qu'ils sont des fruits du même genre ; mais
on doit se rappeler que les anciens n'avoient pour la dé-
nomination des plantes, que des principes vagues, appuyés
sur la ressemblance extérieure de quelques parties des végé-
taux. (Voyez Mirobolans.)
94 PÎIY
^* Espèces à tige presque liej^hacée ; les feuilles très-
petites, disposées en aile.
Phyllanthe niruri : Piiyllanthus niruri, Linn., Spec; Burm.,
Zefl., tab. 9 , fig. 2 ; Herba mœroris alba , Rumph., Amhoin.,
6, tab. 17, fig. 1; Kirganelli, Rliéecl. , Malab., 10, tab. i5.
Cette plante a des racines blanchâtres, un peu longues, fili-
formes; ses tiges sont droites, hautes d'environ un pied,
chargées de rameaux droits, alternes, glabres, presque an-
guleux; les feuilles sont distantes, alternes, petites, simples,
trés-glabres, en ovale ou en cœur renversé, rétrécies à leur
base, obtuses et quelquefois échancrées au sommet; les pé-
tioles très -courts; deux petites bractées aiguës, colorées.
Les fleurs sont axillaires, un peu inclinées, les mâles mélan-
gées avec les femelles, à peine pédonculées; leur calice est
composé de cinq folioles ovales, obtuses, presque spatulées,
de couleur pâle; les filamens sont rapprochés en colonne;
les anthères contiguè's, à deux lobes; la base des filamens est
garnie de cinq glandes; les trois styles sont bifides. Cette
plante croît dans les Indes orientales, ainsi qu'en Amérique,
aux lieux marécageux. Les feuilles de cette plante, infusées,
sont un très -puissant diurétique, au rapport de Commerson,
confirmé par Loureiro.
Phyllanthe URiNAiRE ; Phjllantlius urinaria, Linn., Spec;
hamk.fllLgen., tab. 736, Cg. 2 : Herba mœroris rubra, Rumph.,
Amb., 6, tab. 37, fig. 2. Cette espèce diffère de la précé-
dente par ses feuilles plus petites, nombreuses, plus rappro-
chées, courtes, elliptiques, obtuses à leurs deux extrémités;
les tiges sont un peu rougeâtres, tombantes , légèrement
pubescentes. Les fleurs sont très -nombreuses, fort petites,
axillaires presque dans toute la longueur des rameaux, pen-
dantes, solitaires; les pédoncules très -courts; le calice est
partagé jusqu'à sa base en cinq découpures fort petites, ar-
rondies, d'un blanc sale; les (llamens des éfamines sont con-
nivens dans toute leur longueur; la capsule est petite, orbi-
culaire. Cette plante croit dans les Indes orientales et à
l'île de Bourbon. Elle passe pour diurétique, favorable dans
les retentions d'urine. On l'emploie aussi dans les maladies
Yénériennes.
PHY 95
Phvllanthe de Caroline : Phjllanthus caroliniana , Walth. ,
Flor. CaroL, 228; Miçh., Amer.; PhjUantlius olovata , Willd.,
Spec. Plante herbacée, qui s'élève à la hauteur de six à huit
pouces, sur une tige droite, cylindrique, très-glabre, cour-
bée à sa base ; les rameaux sont grêles , très -lisses, garnis de
feuilles minces, alternes, un peu pétiolées, vertes, un peu
glauques, surtout à leur face inférieure, ovales, arrondies
à leurs deux extrémités, obtuses au sommet, munies à leur
base de deux stipules ovales, aiguës, mucronées, fort pe-
tites. Les fleurs sont un peu rougeàtres , pendaufes, pédon-
culées, placées deux à deux, maies et femelles, dans l'ais-
selle des feuilles, rangées le long des rameaux. Celte plante
croît dans la Caroline. (Poir.)
PHYLLANTHUS. {Bot.) Ce genre de Necker, différent de
celui de Linnapus , est le niême que VepiphjUum de He^mann,
que Linngeus avoit réuni au cactus. (J.)
PHYLLAUREA. (Bot.) Ce genre, établi par Loureiro ,
s'éloigne peu des Crotons. M. Adrien de Jussieu l'a conservé
sous le nom de Codiœum, employé par llumph pour l'espèce
que Loureiro a nommée phjllaurea codiœum. M. Adrien de
Jussieu y ajoute le croton variegatum de Linné, Juss. , Eu-
phorb. , page 33. Voyez Croton. (Poir. )
PHYLLEPIDIUM. [Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs incomplètes, de la famille des amaranthacées , de la
pentandrie digjnie de Linnaeus, offrant pour caractère essen-
tiel : Un calice double, persistant; Pextérieur à cinq divi-
sions lancéolées, aiguës; l'intérieur plus long, à cinq divi-
sions oblongues, obtuses, échancrées; point fie corolle; cinq
étamines ; un ovaire supérieur; deux styles; une capsule
indéhiscente , monosperme.
Ce genre a été établi par M. Rafinesque-Schmaltz, dans
le Journal de botanique de Desvaux, vol. 1 , pagt- 218, pour
une seule plante de l'Amérique, qu'il nomme pliyllepidium
scariosum , dont la tige est herbacée, rameuse, g.irnie de
feuilles alternes, écailleuses, à deuii - auipiexicaules , agu-
minées à leur sommet. Les fleurs sont disposées en un épi
terminal. Cette plante a été découverte dans les Etats-Unis
d'Amérique, au milieu des bois, à quelque distance de Bal-
timore. (Poir.)
96 PHY
PHYLLERIUM. (Bot.) C'est ainsî que Pries a cru devoir
nommer un genre qu'il a créé sur une partie de Yerineum
de Link, qui lui-même diffère à peine du genre Eiineum de
Persoon , auquel se réunissent les trois genres Taphria , llu-
iigo et Phjllerium de Fiies. Celui-ci donne le nom d'erineum
au ruhigo de Link, modifié par lui, opérant ainsi des trans-
positions de noms qui ne peuvent qu'ajouter encore à la
confusion qui règne déjà dans la nomenclature cryptogamique.
Le Phjllerium , caractérisé par ses filamens longs, simples,
flexueux et repliés, sans cloisons, atténués aux extrémités,
n'est pour M. Kunze, et la plupart des botanistes, non un
genre distinct , mais une division du grand genre Erineum, de
M. Persoon, dont M. Kunze a donné une monographie dans la
deuxième partie de sa Mycologie, pag. i53. Dans ce travail,
qui présente Verineum divisé en trois sections [lapliria, gru-
maria et plijllerium ) , la section pliyllerium comprend vingt-
cinq espèces, remarquables parleur grandeur, leur superficie
tomenteuse, et leurs filamens floconneux très -longs; parmi
elles se trouvent Verineum vitis et purpureum, qui sont décrits
à Particle Erineum, oii nous n'avons pu rendre compte du
travail de Kunze, qui a paru beaucoup plus tard. De là nous
prenons occasion pour signaler la monographie de Kunze,
qui porte à quarante-cinq le nombre des espèces de ce genre;
mais il faut encore y joindre quelques espèces décrites de-
puis, et entre autres le E. puhinatum , Nées, âi Noy. Act. nat.,
car., g, p. 240, tab. 5, fîg. 10, qui croit aux environs de
Sain t- Jacques, prqis des bords du torrent de Birsa , au Brésil.
(Lem.)
PHYLLIDE, Phjllis. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des rubiacées ^
de la pentandrie monogynie de Linnaeus, offrant pour carac-
tère essentiel : Un calice fort petit, à deux divisions; une
corolle à cinq divisions très-profondes ; cinq étamines ; un
Style très- court; deux stigmates; un ovaire inférieur; deux
semences oblongues , conniventes.
Phyllide nobla : Phjllis nohla, Linn., Spec. ■ Lamk. , III.
gen., tab. 186; Dill. , EUham., 4o5, tab. agy, fig. 586. Ar-
brisseau dont la tige est noueuse, souple, verdàtre, haute
de deux ou trois pieds, rameuse vers son sommet; les feuilles
PHY 97
sont verticîllëes , ordinairement trois à chaque verticille ,
presque sessiles, lancéolées , longues d'environ quatre pouces,
étroites, entières, rétrécies à leurs deux extrémités, d'un
beau vert, luisantes en dessus, très- glabres , munis à leur
base de stipules dentées, caduques. Les fleurs sont petites,
de couleur herbacée, d'un brun foncé après la floraison,
disposées en corymbes opposées, axillaires , formant par leur
ensemble une panicule lâche ; deux petites stipules sont à la base
de chaque ramification; la corolle est petite, à cinq décou-
pures très-profondes, fortement réfléchies, couvrant l'ovaire
en totalité, lequel se convertit en un fruit court, obtus, an-
guleux, divisé, comme dans les ombelles , en deux semences
planes en dedans, convexes et anguleuses en dehors. Cette
plante croît dans les îles Canaries. On la cultive dans plu-
sieurs jardins de l'Europe. Elle conserve , pendant toute
l'année, ses feuilles, dont le lustre et la verdure produisent,
pendant l'hiver, un effet assez agréable. Ses fleurs parois-
sent au printemps ; elle exige une exposition favorable ,
qui la mette à l'abri des froids et des gelées. (Poir.)
PHYLLIDIE, Phjllidia, (Malacoz.) M. G. Cuvier, Annal,
du Mus., t. 5 , a établi sous ce nom un genre de Mollusques
qui constitue presqu'à lui seul son ordre des inférobranches,
adopté par M. de Blainville. Il peut être caractérisé ainsi :
Corps ovale, oblong, assez bombé; tête cachée, comme le
pied, par les bords du manteau ; quatre tentacules, deux su-
périeurs rétractiles dans une cavité qui est à leur base , deux
inférieurs buccaux; bouche sans dent supérieure ; une masse
linguale denticulée ; lames branchiales tout autour du rebord
du manteau, si ce n'est en avant; anus à la partie posté-
rieure et médiane du dos; orifice des organes de la géné-
ration dans un tubercule commun au quart antérieur du
côté droit. D'après cette caractéristique, il est évident que
c'est un genre assez voisin des doris et des péronies , dont il
ne diffère essentiellement que par la position assez singulière
des branchies. Je n'ai jamais eu l'occasion d'observer moi-
même l'organisation des phyllidies; mais, d'après ce qu'en
dit M. Cuvier dans le Mémoire cité, elle n'offre rien de
bien remarquable. Le corps est ovale, bombé en dessus, cou-
vert d'un manteau plus ou moins tuberculeux, qui déborde
40, 7
98 PHY
de toutes parts la tête, peu ou point distincte, et le pied
qui est assez étroit ; les tentacules supérieurs ont cela
de semblable, à ce qui existe dans les doris , qu'ils peu-
vent être retirés dans une cavité située à leur base ; les
yeux n'ont pas été observés; la bouche est formée par un
petit orifice arrondi, et pourvue à droite et à gauche d'un
petit tentacule conique ; la masse buccale est ovale ; ses
muscles rétracteurs vont s'attacher à l'enveloppe musculaire
vers le tiers antérieur de la longueur du corps : il n'y a pas
de dents; mais la langue, dont la forme n'a pas été obser-
vée, est garnie de denticules; l'œsophage est fort long et
très-grêle ; les glandes salivaires sont petites et tout près de la
bouche ; l'estomac est simple et membraneux; le foie est assez
considérable ; le canal intestinal est court et se porte direc-
tement à l'anus : celui-ci est à la partie supérieure et posté-
rieure du dos, dans la ligne médiane; il est percé dans un
tubercule assez gros; l'appareil branchial est formé par un
cordon de petites lames triangulaires , fort alongées , adhé-
rentes par leur côté supérieur à la partie inférieure du bord
saillant du manteau , et ne cesse qu'en avant pour le passage
de la tête. C'est par des artères situées latéralement que
le sang est porté aux branchies. De chaque côté naît une
grosse veine branchiale, qui aboutit au cœur. Celui-ci est
placé dans son péricarde au milieu du dos : il est alongé.
L'oreillette est placée en arrière. II naît du ventricule une
seule aorte , qui se porte en avant. L'appareil générateur n*a
pu être observé complètement ; mais cependant l'a été assez
pour qu'on pût voir qu'il n'offre rien de contraire à ce qui
existe dans les genres voisins. Le cerveau a paru former une
petite masse globuleuse, placée comme à l'ordinaire, four-
nissant des rameaux aux tentacules, à la bouche et au gan-
glion sous-œsophagien, d'où partent les filets des viscères.
Les mœurs des phyllidies ne sont pas connues; mais , sans
doute , diffèrent fort peu de celles des doris et des tritonies.
Les espèces, en petit nombre, qui constituent ce genre, sont
toutes des mers de l'Inde.
M. Cuvier en définit trois espèces.
La P. A TROIS LIGNES : P. trUineata , G. Cuv. , loc. cit., pi.
18 , fig. 1 — 4 ; P.varicosa, de Larak.j Anim. sans vert., t. 6,
PHY 99
.1." part., page 514, n." i. Corps ovale-oblong; dos de cou-
leur noire, avec trois rangs lungiiudiuaux de verrues rappro-
chées, de couleur jaunâtre, commençant en arriére des ten-
tacules supérieurs et finissant à l'anus. Mers de Tlnde.
La P. pustuleuse; P. puslulosa, G. Cuvier, /oc. cit,, fig. 8.
Corps subovale; dos noir, couvert par des pustules larges,
inégales, irrégulièrement éparses, de couleur d'un jaune
pâle. Des mers de l'Inde.
La P. ocellée; p. ocellata , G. Cuv. , loc. cit., fig. 7. Corps
suboA'^ale ; dos cendré, parsemé de petits tubercules jau-
nâtres entre cinq grosses pustules pédicellées, jaunes, avec
un cercle noir , ce qui les rend ocellées. Les petits tuber-
cules du milieu réunis par une ligne saillante , longitudinale.
Rapportée de la mer des Indes par MM. Pérou et Lesueur,
comme les précédentes.
La P. A CINQ lignes; P. quinquelineata, de Blainv. , Cinq,
raém. sur les mollusq. , Bull, par la Soc. phil. , ann. 1816.
Corps ovale- alongé, assez déprimé, arrondi aux deux ex-
trémités; cinq séries de tubercules comprimés, une médiane
et deux latérales ; les pustules de celle-ci assez rapprochées
pour former une sorte de crête dentelée. Couleur blanche,
sans doute par l'action de la liqueur conservatrice.
Je n'ai observé qu'un individu de cette espèce dans la
collection du Muséum britannique.
M. Quoy et Gaimard ont rapporté de Timor une phyllidie ,
qu'ils figurent pi. 87, n.°' 7 à 10 de V Atlas du voyage de PV-
ranie. Ils la regardent comme étant une variété de la P. a
TROIS LIGNES, daus laquelle les tubercules de la ligne du milieu
sont les seuls qui se touchent presque, tandis que ceux des
deux rangées latérales sont bien séparés.
M. G. Cuvier, Règne anim. , tome 2 , page SqS , en annonce
plusieurs espèces nouvelles. (De B. )
PHYLLIDOCÉ, Phjllidoce (Chétop.), du Nouveau Dic-
tionnaire d'histoire naturelle. Voyez Phyllodocé. (Desm.)
PHYLLIE, Phjdlium. (Entom.) Genre "d'insectes orthoptères
de la famille des anomides ou difformes, voisin des mantes,
établi par Illiger et caractérisé par les pattes antérieures
qui ne forment pas le crochet, mais dont les hanches sont
courtes, les cuisses et les jambes dilatées, membraneuses;
loo PHY
l'abdomen et les él^ très excessivement élargis, et les antennes
de forme variable suivant les sexes.
Nous avons fait figurer une espèce de ce genre dans l'atlas
joint à ce Dictionnaire, planche 20, fig. 2. Le mot de phyl-
lie est emprunté du grec ÇvXXiov, feuille , du nom de l'espèce
même que nous avons fait représenter, et qu'on appelle, à
cause de la disposition et de l'apparence de ses élytres, la
feuille ambulante.
On ne connoît pas les mœurs de ces insectes : il est pro-
bable, qu'ils sont carnassiers comme les mantes. Les deux
espèces qu'on rapporte à ce genre, n'ont été observées qu'aux
Indes orientales. Les voyageurs qui reviennent des Séchelles,
en rapportent, parce que les naturels les recueillent pour
les vendre aux amateurs étrangers. (C. D.)
PHYLLINE, PltYlline. ( Entomoz. ) Genre établi par M.
Oken (Man. de zool. , 1.™ part., page 070) pour un petit
nombre de sangsues , dont le corps est aplati , court, ovale,
et dont le disque postérieur, très-grand, est pourvu de cro-
chets. Les espèces qu'il y rapporte sont VHirudo hippogtossi ,
VH. grossa de Muller, ainsi que les H. diodontis et slurionis ,
que je ne connois pas. Ce genre a été nommé Entobdelle par
moi. Voyez Sangsue et Vers. (De B.)
PHYLLIREA. {Bot.) Voyez Fxlaria. (Lem.)
PHYLLIREASTRUM. {Bot.) Vaillant, dans les Mémoires
de l'Académie des sciences, avoit fait sous ce nom un genre,
auquel Linnaeus a substitué celui de mjginda, qui a été adopté.
(J.)
PHYLLIROE, Pliylliroë. {Malacoz.) MM. Péron et Lesueur,
dans leur Mémoire sur l'ordre des ptéropodes (Ann. du
Mus., tome i5, page 65) ont établi sous ce nom un genre
avec un animal mollusque qu'ils ont recueilli dans la mer
de Nice. Voici les caractères que j'ai assigné à ce genre,
d'après un examen attentif du seul individu connu jusqu'ici.
Corps libre, nu, très-comprimé ou beaucoup plus haut qu'é-
pais, terminé en arrière par une sorte de nageoire verticale;
céphalothorax fort petit et pourvu d'une paire d'appendices
natatoires, triangulaires, comprimés et simulant des espèces
de longs tentacules ou de branchies; bouche subterminale en
forme de fer à cheval . avec une trompe courte et rétrac-
PHY 'ox
file; anus au côté droit du corps; orifice des organes de la
génération unique, du même côté et plus antérieur que l'anus;
organes de la respiration inconnus. Pour bien entendre cette
caractéristique et concevoir pourquoi elle diffère assez de
celle de Pérou, ainsi que de celle de M. de Lamarck, nous
allons donner une description un peu complète du phylliroè".
Son corps peut être divisé en deux parties, comme celui de
l'hyale, et même des bulles et buUées, une abdominale beau-
coup plus grande et une antérieure , qui représente à la fois
la tête et le thorax ; ce qui m'a fait la désigner sous le nom
de céphalothorax. La partie abdominale, à peu près quadri-
latère , est remarquable par sa grande compression , en
sorte que le dos est mince et presque tranchant, que le
ventre et que les côtés sont très-élevés; il n'y a aucune trace
de pied ou de disque musculaire, pas plus que de nageoire
inférieure, comme dans la carinaire ; mais le corps se termine
par une sorte de nageoire verticale, un peu élargie en arrière
et rétrécie en avant; ce qui la fait assez bien ressembler à la
pinnule caudale des poissons. Les parois de cet abdomen sont
si minces et si gélatineuses, qu'on peut aisément apercevoir
à travers tous les viscères de la digestion et de la génération,
presque comme s'ils étoient hors de la cavité. On y voit ce-
pendant quelques faisceaux de fibres longitudinales, qui se
portent essentiellement sur les côtés de la queue. Le céphalo-
thorax, bien plus petit que Pabdomen et plus épais que
lui, forme comme une sorte de tête carrée. De chaque côté
s'attache un appendice triangulaire-, aplati , plus épais en avant
qu'en arrière , et que l'action de la liqueur conservatrice a l'ait
contracter de manière à ressembler un peu à des espèces de
cornes. Pérou y a vu des tentacules: il y aura même vu en-
core des espèces de nageoires branchiales, comme dans les
hyales; car on peut y apercevoir aussi des stries ou plis per-
pendiculaires à 1^ longueur: mais réellement ce sont des ap-
pendices natatoires sans branchies, absolument comme dans
les hyales et les clios. La masse buccale fait une saillie assez
distincte par un petit étranglement à l'extrémité tout-à-fait
antérieure du corps. Je n'y ai pas aperçu de tentacules pro-^
prement dits. Pour terminer l'examen de ce qui existe à
l'extérieur du corps du phylliroë, il ne reste plus qu'à notep
PHY
la terminaison du canal intestinal, ainsi que celle de l'appareil
générateur à droite dans un tubercule commun, comme cela
a été exposé dans la caractéristique. L'anafomie de ce singulier
mollusque peut être presque faite à travers sa peau. On voit
que la bouche, en forme de fer à cheval, conduit dans une
masse buccale évidente, quoique petite et pouvant probable-
ment sortir et rentrer un peu à la manière d'une trompe. Il en
part un œsophage bien distinct, assez long, étroit, droit, qui
bientôt se renfle en un estomac ovale, simple, complètement
dans sa direction. Un peu en arrière du pylore ou du com-
mencement de l'intestin, on voit très-aisément la réunion des
canaux hépatiques qui proviennent du foie , divisé en quatre
lobes alongés et divergens , deux en dessus , un en avant et
un en arrière, et deux en dessous, un en arrière et un en
avant. Ce sont ces lobes que Pérou , et par suite M. de La-
marck, ont regardés comme des branchies internes. Le ca-
nal intestinal proprement dit est court et se recourbe pres-
que auprès de son origine pour aller à l'anus. Je n'ai pu voir
d'une manière distincte, ni le cœur, ni des branchies pro-
prement dites, à moins que de croire que les appendices
antérieurs en tiennent lieu : ce que je ne pense pas. MM. Péron
et Lesueur figurent le cœur d'une manière évidente vers le
milieu du corps, donnant un gros vaisseau en arrière; ce
qui peut être. Quant à sa connexion avec un des lobes du
foie, il est certain que ce n'est qu'une apparence. L'appa-
reil de la génération est au contraire très-visible et disposé
comme dans tous les maîacozoaires subcéphalés monoïques,
ou portant les deux sexes sur le même individu. La partie
femelle se compose d'un ovaire ou masse arrondie , située en
arrière; d'un oviducte, d'abord plus étroit, puis plus renflé
et droit, qui se continue jusqu'au tubercule extérieur. Le
testicule est au contraire assez éloigné et antérieur ; mais
je n'ai pu suivre sa communication avec la partie femelle,
ni connoîlre la forme de l'organe excitateur, qui paroit ce-
pendant être assez considérable. Je ne serois pas éloigné de
penser que son orifice seroit très-distant de celui de l'ovi-
ducte et au céphalothorax, comme dans l'hyale. On voit à
peu près tout cela dans la figure donnée par Péron, mais
dans des connexions évidemment erronnées, ce qui lui a
PHY icrS
fait supposer des branchies internes. Elle est du reste tort
bonne.
On ne connoît, comme nous l'avons dit plus haut, qu'une
espèce dans ce genre. Les zoologistes cités la nomment le
Ph. BOCBPHAtE , P. bucephalum. C'est un animal d'un pouce et
demi à deux pouces de long sur un pouce de large; de
couleur jaunâtre. Il a été recueilli dans la Méditerranée sur
les côtes de Nice. (De B. )
PHYLLIS. (Bot.) Les Grecs donnoient ce nom à plusieurs
plantes. D'abord à un arbre qu'on croit être l'amandier,
auquel, dit-on, PhjlUs , fille de l^ycurgue , roi de Thrace ,
se pendit ; 2.° à une fougère , qu'on croit être le pferis aquilina,
grande espèce qui croit dans nos bois, et qui se fait remar-
quer par l'étendue de son feuillage; 3.° au phyllitis, décrit
ci -après; enfin 4.° à la mercuriale. Les botanistes du i5.*
siècle l'ont donné à une espèce de potamogeton, et aux va-
riétés de la Scolopendre. Voyez Phyilitis. ( Lem. )
PHYLLITIS. (Bol.) Mœnch forme sous ce nom un genre
dans la famille des fougères, pour y placer les asplenium
adiantum nigrum , trichowanes , lànn.; germanicum , V^ eiss ,
et ruta-muraria , Linn. , que Roth avoit réunis à son genre
Scolopendrium. Dans \c phjllitis la {ructihcation , située comme
dans ï asplenium , à la surface inférieure de la fronde, y
forme plusieurs lignes, qui, par la maturité, finissent par
couvrir entièrement cette surface. Ce caractère ne s'observe
pas dans V asplenium , Mœnch , lequel ne comprend que Vasple-
nium scolopendrium , vrai phjllitis des anciens, d'où l'on voit
qu'il n'est pas d'accord avec la plupart des botanistes, qui font
au contraire un genre distinct de ï asplenium scolopendrium;
le phyilitis , Mœnch, est donc Y asplenium des modernes.
Necker a cru devoir aussi former avant Mœnch un genre
Phyilitis, fondé aux dépens des acrosticlium. Il n'a pas été
adopté, de même qu'un autre genre du même auteur, Phjllitri-
clium, fondé sur des espèces de mousses du genre Brjum , tel
que Linnaeus l'avoit établi, et dont les feuilles imitent par
leur disposition la forme de la fronde de certaines fougères.
Chez les anciens Grecs le phjllUis étoit une plante sans
tige ni fleurs , et uniquement formée de feuilles semlila-
bles à celles de l'oseille, mais plus grandes, plus oblongues.
104 PHY
plus vertes, au nombre de six à sept, droites, lisses à la sur-
face supérieure et présentant en dessous de petits corps
minces , semblables à des vermisseaux qui y seroient atta-
chés. Elle croissoit à l'ombre dans les jardins et les vergers.
On en faisoit usage en décoction dans la dyssenterie, contre
les morsures desserpens, etc. On peut reconnoître très-bien
par ces lignes extraites de Dioscoride, notre scolopendre,
asplenium scolopendrium , Linn., ou scolopendrium qfficinarum ,
"Willd., ou scolopendrium pliyllitis , Roth. Il ne s'est élevé au-
cun doute sérieux sur ce rapprochement depuis Gaza , qui
convertit le nom dephjllitis en lingua cervina. Depuis lors cette
fougère a été décrite par tous les botanistes anciens , jusqu'à
Linnaeus, sous les noms dephj/Uilis, lingua cervina et scolopen-
drium. Cependant le nom dephylUtisne lui est pas resté exclu-
sivement. Indépendamment du phyllitis laciniata jDod, , qui est
une variété de la scolopendre à feuilles laciniées au bout , on
trouve encore le phyllitis lacustris ^ Cord., qui est le polygo-
num amphibium. Insensiblement l'on a désigné quelque autre
plante par ce nom, et particulièrement des fougères. Petiver
n'a pas indiqué autrement ces plantes dans son Pterigraphia
americana, où il a fait connoître des espèces des genres Da-
nœa, Acrostichum, Tœnitis , Poljpodium , Aspidium , Asplenium ,
Pteris et Vittaria. Morison , Rai, Sloane, Plumier, en ont fait
également usage. (Lem.)
PHYLLITRICHUM {Bot.), de Necker, genre qui comprend
des mousses du genre Bryum , Linn. 11 n'a pas été adopté.
Voyez Phylutis. ( Lem. )
PHYLLOCARPOS. {Bot.) On trouve sous ce nom, dans
l'Encyclopédie méthodique , le genre Cenomyce d'Acharius.
Cet auteur avoit nommé phjllocarpa , dans sa Lichénographie
universelle , la première section du genre Cenoniyce , qui
comprenoit des lichens à expansion foliacée, lobée, imbri-
quée, et à apothéciums presque sessiles ; tels que les C. rubi-
formis , strepsiiis et epiphjlla, qu'il avoit placés antérieurement
dans le genre Bcemyces. Depuis, Acharius a supprimé cette
divison , et même il a porté le C. rubiformis dans son genre
Lecidea. (Lem.)
PHYLLOCARPUS. (Bot.) Voyez Phyuccarfos. (Lem.)
PKYLLOCHARIS. {Bot.) Genre de la famille des lichens,
PHY ïo5
établi récemment par M. Fée, ainsi que les genres Nematnra,
Bacoplaca, Craspedon , Melanophthalmum et Aulaxina. Tous
ces genres forment la seconde section , celle des squammariées
épiphjlles , de la huitième tribu, les squammariées du troi-
sième ordre , les vrais lichens , dans la distribution des genres
de cette famille , d'après Fauteur que nous venons de citer.
Voici les caractères qu'il assigne aux genres nommés plus
haut et les espèces qu'il y rapporte , d'après son très-utile et
fort intéressant Essai sur les cryptogames des écorces exotiques
officinales^ , ouvrage accompagné de figures d'une exactitude
rare, et dont le texte ne laisse rien à désirer aux bota-
nistes par son exactitude, sa clarté et les remarques neuves
dont il est rempli. Nous avons le regret de n'avoir pu en
faire mention à l'article Lichen, sa publication plus tardive
nous en a seule empêché.
Nematora. Thallus byssoïde , à expansions divergentes,
noduleuses, avec les extrémités renflées et obtuses. Apothé-
ciums en forme de tubercules, situés à l'extrémité des ra-
meaux, en partie enfoncés , très-noirs, homogènes à Finté-
rieur.
Le Nematora argentea, Fée, Ess. int. , p. gg , pi. 2 , fig. 4-
Il forme sur les feuilles de divers arbres de Saint-Domingue
de petites rosettes minces de deux à quatre lignes, d'un blanc
argentin ; vus à une forte loupe , les rameaux sont entre-
lacés et anastomosés de manière à représenter un réseau
irrégulier, à ramifications filiformes très-élégantes, ce qu'ex-
prime nematora, tiré du grec
Le Nematora viridissima, Fée, loc. cit., fig. 8, forme sur
les feuilles des arbres du royaume d'Oware de très -petites
étoiles d'un beau vert, d'une ligne environ, éparses, rare-
ment confluentes ; chaque étoile offre des rayons ou rameaux
simples, élargis arrondis, lobés, renflés ; les apothéciums sonl
infiniment petits, enfoncés, épars près des bords des expan-
sions.
Racoplaca. Thallus membraneux, réticulaire, très -lisse.
1 Cet ouvrage , entièrement terminé, forme un volume petit in-folio}
orné de 36 planches; il se trouve chez Firmin Didot père et fils, rue
Jacob, n.° 24, à Paris.
io6 PHY
découpé en lanières fort étroites et anastomosées; apothé-
ciiims épars, noirs, luisans , homogènes.
Le Raccplaca subtilissima, Fée , loc. cit. , tab. 2 , fig. 5 , forme
sur les feuilles du cacaoyer et des ananas de petites taches
de quatre à six lignes de large, olivâtres, membraneuses,
minces, oblongues et arrondies; les apothéciums sont situés
sur l'expansion ; celle - ci semble une croule déchirée en
lambeaux : c'est ce qu'exprime en grec son nom générique
de racoplaca.
Phyllocharis. Thallus crustacé , uniforme, orbiculaire, à
ramifications épaisses, arrondies, divergentes, soudées entre
elles; apothéciums tuberculeux, épars, noirs, perforés, à
bords obtus, et intérieur homogène. Les trois espèces qui
composent ce genre sont re-uarquables parleur élégance;
c'est pourquoi on a nommé celui-ci p/y//ocharis, qui signifie
feuilles élégantes.
Le Phyllocharis complanata, Fée, loc. cit., fig. 5, est crus-
tacé, orbiculaire, de deux lignes de diamètre, plan, d'un
jaune vert, avec le centre plus foncé et se détruisant le
premier; les apothéciums sont situés vers le centre. Cette
espèce croît à Saint-Domingue sur les feuilles du diypis
glauca.
Le Phyllocliaris elegans , Fée, loc. cit., fig. 7, est d'un
blanc vert, crustacé, orbiculaire, à contour irrégulier et
lobé; les apothéciums sont très-petits. Cette espèce forme des
taches d'une ligne, rarement deux, sur les feuilles des arbres
à l'Isle-de-France, oix elle a été découverte par M. du Petit-
Thouars.
Cp.aspeuox. Thallus épais, élevé, dans le centre arrondi,
sublobé, frangé sur les bords, offrant sur toute sa surface
des enfoncemens puncfiformes, épars; apothéciums tubercu-
leux, épars, d'un noir foncé, luisant, homogène à l'intérieur.
Le Craspedon concretum, Fée, loc. cit., pag. 100, pi. 2,
fig. 1 , est d'un blanc verdàtre avec les apothéciums noirs ;
il forme sur les feuilles de divers poivriers des Antilles de
petites crustules de trois lignes de diamètre, qui, vues à la
loupe, imitent des franges, d'où le nom grec de craspedon,
donné à ce genre. Cette espèce a été découverte par M.
Foiteau.
PHY i"7
M. Fée fait observer que, soit qu'elle délnnse en végétant
le parenchyme de la feuille, soit que cet hahitus lui soit
particulier, on la trouve assez constamment pUicée autour
des trous qui existent accidentellement sur les feuilles; elle
est rarement orbiculaire, et lorsque cela a lieu, le centre
du lichen est détruit.
Melanophthalmum. Thallus orbiculaire, crustacé, un peu
lobé; apothéciums tuberculeux, noirs, rassemblés dans le
centre au nombre de quatre à six et distinct.
Le Melanophthalmum Antillarum , Fée , toc. c'iL, fig. 2 , forme
sur les feuilles des divers arbres des Antilles de petites
crustules d'une ligne de diamètre , épars ou rarement con-
tigues, d'un vert jaunâtre et dont le centre porte des apo-
théciums noirs, de telle sorte que ce lichen imite un œil,
d'où son nom générique grec. Cette espèce, dans sa vieil-
lesse, ne ressemble plus qu'à une croûte rugueuse de cou-
leur noire.
AuLAxiNA. Thallus orbiculaire, membraneux, marqué de
stries ou sillons concentriques ; apothéciums tuberculeux ,
triangulaires, avec un enfoncement dans le milieu , ayant les
angles aigus.
VAulaxiiia opegraphina, Fée. loc. cit.. fig. 6, est membra-
neuse , ori)iculaire , striée, d'un vert jaunâtre, ayant au
centre un, rarement deux à trois apothéciums triangulaires,
d'un noir foncé sur le bord , grisâtre dans le milieu avec le
centre noir. Cette espèce croit sur les feuilles de divers
arbres à Cayenne et dans les Antilles; elle forme des cruS;
tules d'une ligne au plus de diamètre et éparses. Ce gt^nre
doit son nom, tiré du grec, aux stries qui entourent les
apothéciums. Ces apothéciums rappellent les lirelles des ope-
grapha.
Tous les lichens que nous venons de décrire, vivent sur
les feuilles et ont cependant le port des lichens, qui, chez
nous, ne se rencojitrent que sur les pierres ou sur les écorces
des arbres. ( Lem.)
PHYLLOCHNOIS. (Bot.) Nom que Reneaulme donnoit à
une bugle, ajuga pyramidalis. (J.)
PHYLLODE, Phyllode. (Conchjl.) M. Schumacher a établi
sous ce nom, dans son Nouveau S}'Stème de conchyliologie,
^o8 PHY
un genre avec le tellina foliacea , vulgairement la langue d'or,
probablement à cause de la grande compression, et surtout
parce que les dents latérales de la charnière sont extrême-
ment rapprochées des cardinales. Voyez Tei.line. ( De B. )
PHYLLODES. {Bot.) Ce genre de Loureiro est maintenant
le phijnium de Willdenow, dans la famille des amomées. (J.)
PHYLLODIIJM. {Bot.) Genre établi par M. Desvaux , Journ.
bot., 3 , page i25, pour quelques espèces de Sainfoin. Voyez
ce mot. (PoiR. )
PHYLLODOCÉ, Phyllodoce. (Chefop.) Subdivision généri-
que, établie par M. Savigny et adoptée par M. de Lamarck
pour une espèce de néréide proboscidée sans dents, avec deux
paires de tentacules céphaliques supérieurs et quatre paires
de latéraux; les branchies nulles: deux paires d'yeux; les ap-
pendices mucronés, avec les cirrhes tentaculaires supérieurs,
foliacés, et le corps très-long. Le type de ce genre est la JV.
lamelligera, Linn., Gmel. Voyez NÉRÉmE , tome XXXIV, p.
444, où cette espèce est décrite. (De B. )
PHYLLODOCÉ, Phjllodoce. {Chdtop.) M. Ranzani (Mém.
d hist. nat. , Decad., i , page i) établit sous cette dénomina-
tion un autre genre de la même classe avec un animal jus-
qu'alors inconnu. Les caractères qu'on peut' lui assigner sont
lessuivans: Trompe considérable, exseriile, pourvue de mâ-
choires cornées, se mouvant verticalement l'une sur l'autre,
et de deux tentacules médians , l'un en dessus, l'autre en
dessous; corps large, déprimé; deux yeux pédoncules sur le
premier anneau ; trois paires de cirrhes tentaculaires, dont
deux de chaque côté courtes, et une interne beaucoup plus
longue: anneaux du corps assez peu nombrevix, pourvus
chacun d'une paire d'appendices biramés ; la rame supé-
rieure formée d'un cirrhe tcntaculaire inférieur, d'un double
pinceau de soies et d'un cirrhe tcntaculaire supérieur, pres-
que toujours lamelleux et probablement branchial ; la rame
inférieure beaucoup plus petite et à peu près composée de
même ; le cirrhe tcntaculaire court et conique. L'anim;il qui
sert de type à ce genre et que M. Ranzani nomme la P.
MAxiLLÉE , P. maxiUosa, loc. cit., pi. i , fig. 2 — 9, ressemble
assez bien à une aphrodite. Son corps ovale, déprimé, a
trois pouces et quelques lignes de long sur un pouce de large
PIIY iog
dans la partie la plus renflée. La partie à laquelle M. Ran-
zani a donné le nom de tête et qui paroît être une sorte de
trompe , susceptible de rentrer et de sortir, est ovale , un peu
comprimée, d'un pouce deux ou trois lignes de longueur ,
sa surface est lisse; à son extrémité elle présente une bouche
très-fendue , oblique , avec des espèces de lèvres tubercu-
leuses dans toute leur longueur et un cii'rhe tentaculaire
médian, en haut comme en bas; mais, ce qu'elle offre
de plus remarquable , c'est que de chaque côté et à chaque
mâchoire un grand nombre de soies dures et cornées, de
longueur de plus en plus grafide , depuis la postérieure jus-
qu'à l'antérieure, se réunissent à la base, se serrent assez
complètement pour constituer de véritables mâchoires ,
coznme denticulées sur leur bord et terminées par un long
crochet, agissant les deux de la lèvre inférieure sur les deux
de la lèvre supérieure. Comme il y a un intervalle nu entre
le bord denticulé et le crochet terminal, il semble qu'il y
ait des dents molaires et des dents canines. Dans l'intérieur
de la bouche il y a un palais à superficie inégale. Le pre-
mier anneau du corps est le plus petit et s'avance au-dessus
de la base de la trompe. Dans son milieu et à son bord an-
térieur sont des yeux comme pédicules ou cylindriques,
longs d'une ligne environ , et portés sur une base commune.
De chaque côté est une paire d'appendices tentaculaires
courts, soutenus chacun par une petite proéminence. Au-
dessous de ces yeux et de leur base, un peu en dehors,
sortent deux autres tentacules filamenteux assez longs. Le
reste du corps est composé de quarante-six anneaux, séparés
par dessillons transverses peu profonds; la face ventrale pré-
sente, dans son milieu, une série de tubercules, décroissant
de grosseur du premier au dernier. Les appendices , en gé-
néral fort petits, sont composés chacun de deux rames,
une ventrale et l'autre dorsale, séparées par un assez grand
intervalle. La rame ventrale, en forme d'un mamelon com-
primé, porte à son extrémité deux faisceaux de soies iné-
gaux et deux cirrhes tentaculaires , l'un en dessus, l'autre en
dessous; la rame dorsale est formée à peu près de même, si
ce n'est que deux faisceaux de soies ont leur pédoncule ma-
melonné bien plus distant . ef que le cirrhe tentaculaire supé-
PHY
rieur est élargi en une sorte de lame branchiale. Les diffé-
rences des appendices sur chaque anneau paroissent assez
peu considérables. Ceux de l'extrémité postérieure sont in-
connus: car il me paroît fort probable que l'individu ob-
servé par le zoologiste bolooois, n'étoit pas tout-à-fait com-
plet; mais qu'il lui uianquoit un certain nombre d'anneaux
postérieurs. On ignore du reste la patrie de cet animal. Ce-
pendant il est assez vraisemblable qu'il provient des mers
d'Italie. II est conservé dans la Collection de l'académie de
BolognA (De B.)
FHYLLODOCE. (Bot.) Sous ce nom M. Salisbury a séparé
des bruyères Verica carulea, dont la capsule s'ouvre, selon
lui , comme dans les rhodoracées. Dans cette supposition ce
genre devroit être reporté au menziezia , avec Verica daboecii.
Voyez Menziezia. (J. )
PHYLLODORA. {Bot.) Genre établi par Salisbury, tab.
36 , pour Vandromeda cœrulea , Linn. , qui est ïerica taxifolia,
Willd. (PoiR.)
PHYLLOMA. (Bot.) Genre de la famille des algues , établi
par Link, dans les Horœ physicœ berolinenses , pour placer
une grande partie des espèces du genre IJlya , Linn. Il le
caractérise ainsi : Thallus membraneux, large, entier; fruc-
tilication externe nulle ; une matière verte distribuée dans
des aréoles très -petites. Link ayant supprimé le nom d'ul^'a
comme générique, on peut considérer qu'il a conservé néan-
moins le genre, en le modifiant un peu et en changeant seu-
lement le nom. (Lkm.)
PHYLLON, PHYLLUM. {Bot,) Nom grec de la mercu-
riale, adopté par la plupart des auteurs anciens. On le trouve
encore cité par Daléchamps pour le draba alpina, et par Cé-
salpin pour un cotylédon. (J.)
PHYLLONA {Bot.), de A^iggers {Prim. Flor. Hob.), cité
par Agardh , est le même genre que le Phylloma de Link.
"Wiggers y rapporte les ufva latissima et linza. (Lem.)
PFIYLLONOMA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des rhamnées,
Juss. , célastrinées , Kunth , de la pentandrie digjnie de Lin-
naeus , offrant pour caractère essentiel : Un calice persistant,
adhérent à l'ovaire , à cinq dents ; cinq pétales insérés sur
PHY 11»
les bords d'un disque, ainsi que les cinq étamines, alternes
avec les pétales; les anthères à deux loges; un ovaire infé-
rieur, entouré d'un disque orbiculaire ; point de style; deux
stigmates recourbés. Le fruit est une baie globuleuse, de la
grosseur d'un pois, couronné par les dents du calice avec
les pétales et les étamines , à demi divisé en deux loges ; deux
ou trois semences tuberculées dans chaque loge.
Phvllonoma a feuilles de houx : Phjilonoma ruscifolia^
Rœm. et Schutt. , Syst. vég. , 6, page 210; Dulongia acumi-
nata , Kunth in Humb. et Bonpl. , Nov. gen., vol. 7, p. 78,
tab. 623. Arbre ou arbrisseau dont les rameaux sont al-
ternes, d'un brun foncé, glabres, sans épines, un peu angu-
leux ; les feuille/ alternes, pétiolées, oblongues, lancéolées,
longuement acuminées, rétrécies à leur base, un peu den-
tées en scie vers leur sommet, veinées, réticulées, glabres,
membraneuses, luisantes en dessus, longues d'environ deux
pouces, larges de cinq à six lignes; les pétioles courts; point
de stipules ; des grappes partent de la nervure mitoyenne
des feuilles à la face supérieure ; elli^s sont courtes, sessiles,
bifides, quelquefois chaque division dichotome, divergente.
Les fleurs sont fort petites, pédicellées ; leur calice se ter-
mine par cinq dents égales, ovales, arrondies, un peu ai-
guës; la corolle est composée de cinq pétales ovales, aigus,
élargis à leur base, étalés, un peu épais, persistans; cinq
étamines alternes avec les pétales, et trois fois plus courtes,
persistantes; les filamens glabres, subulés ; les anthères glo-
buleuses, à deux loges; l'ovaire inférieur, ovale, presque
turbiné, glabre, uniloculaire , entouré d'un disque orbicu-
laire, et porte deux stigmates sessiles, aigus, étalés, recour-
bés. Le fruit est une baie globuleuse , à une seule loge , de la
grosseur d'un grain de poivre, occupé par deux placentas
latéraux, saillans, formant comme deux demi- loges; dans
chaque loge deux ou trois semences elliptiques, presque en
rein, tuberculées. Cette plante croit dans les environs de
Popayan. (Poir.)
PHYLLOPES, Phjllopoda. (Crust.) Ordre d'entomostracés,
fondé par M. Latreille , et qui renferme principalement le
genre Apus. Nous en avons fait connoître les caractères dans
notre article Malacostracés. Voy. t. XXVIII, p. aga. (Desm.)
n. PHY
PHYLLOPHARES , TRIPEDILON. (Bot.) Noms grecs an-
ciens du marrube, cités par Ruellius. (J. )
PHYLLOPODES. (Crust.) Voyez Phyllopes. (Desm.)
PHYLLORCHIS. (Bot.) Ce geni'e de la famille des or-
chidées, établi par M. du Petit - Thouars , rentre dans le
genre Dendrobium , Svvartz. (Lem.)
PHYLLOSOME; Phjllosoma , Leach. [Crust.) Genre de
crustacés malacostracés stomapodes, que nous avons décrit
dans l'article Malacostracés, tom. XXVill, pag. 344. (Desm.)
PHYLLOSTAPHYLON. [Bot.) Un des noms grecs anciens
du câprier, suivant Ruellius et Mentzel. (J.)
PHYLLOSTEMA. {Bot.) Necker nommoit ainsi le genre
Aruha d'Aublet, réuni maintenant au simaba du même. (J.)
PHYLLOSTICTA. (Bot.) Sous-genre établi par M. Persoon
dans le genre Sph^ria (voyez ce mot) , de la famille des
hypoxylées. (Lem.)
PHYLLOSTOME, Phjllostoma. (Mamm.) Genre de mam-
mifères carnassiers, delà famille des chéiroptères ou chauve-
souris, particulier à l'Amérique méridionale, et caractérisé
principalement par l'existence de deux crêtes membraneuses,
nasales, l'une en forme de fer à cheval, sur le haut de la
lèvre supérieure, et l'autre , située au-dessus de la première,
en forme de feuille ou de fer de lance.
Ce genre, fondé par M. Geoffroy, a été, en dernier lieu,
partagé en deux autres par le même naturaliste , d'après la
considération des différences de formes qu'on observe dans
la langue de plusieurs des animaux qui y sont compris, et
d'après celles que présente également leur système dentaire.
Le genre Phyllostoime ne comprend plus que les chauve-
souris, douées des caractères suivaus : Il y a trente -deux
ou trente-quatre dents en totalité ; savoir , quatre incisives
à chaque mâchoire, souvent serrées entre les canines, les
latérales étant très -petites et les intermédiaires plus larges
et taillées en biseau ' ; deux canines en haut et en bas, très-
I Ce nombre tles incisives n'est pas constant, on en trouve sou-
vent deux de moins ou point du tout, à l'une ou à l'autre inâchoire,
ce qui nous paroît du à ce qu'elles ont été chassées par le dévelop-
penienl souvent excessif de la base des canines.
PHY w3
grosses à leur base et se touchant presque l'une l'aulre par
leurs collets ; quatre ou cinq molaires à couronne hérissée de
tubercules aigus, à droite et à gauche, aux deux miichoircs;
la tête est longue, uniformément conique, à gueule très-
fendue, des lèvres de laquelle sortent les canines; le nez
a la forme décrite ci- dessus ; les oreilles sont grandes, nues,
non réunies à leur base, et leur oreillon, qui est interne,
naît du bord du trou auriculaire et est denté sur son bord ;
les yeux sont très -petits et latéraux; la langue, de forme
simple, est hérissée de papilles cornées, dont la pointe est
dirigée en arrière; les ailes ont bei'ucoup d'envergure, et le
doigt du milieu a une phalange de plus que les autres; la
queue est variable dans sa longueur et manque même dans
quelques espèces ; la membrane est plus ou moins dévelop-
pée ; le poil est, en général, court et lustré; la taille est
moyenne.
Les habitudes de ces animaux sont peu connues : néan-
moins on sait que ce sont les plus sanguinaires de fous les
chéiroptères; qu'ils ne se contentent pas de vivre d'insectes,
et qu'ils attaquent les gros animaux endormis , pour en
sucer le sang, qu'ils font sortir de la peau en l'incisant avec
les papilles cornées dont leur langue est munie.
Parmi les espèces pourvues d'une queue, toujours plus
courte que la membrane interfémorale , on distingue :
Le PHYLI.0ST0ME CRÉNELÉ { Phyllostoma crenulatum, GeoflTr. ;
Desm., Mamm. ,Sp. i68), dont l'envergure est d'un pied et
la longueur totale du corps et de la tête de trois pouces deux
lignes; à corps assez trapu; à museau court; à oreilles
ovales et à feuille verticale du nez en forme d'un long
triangle, dont les côtés sont dentelés et dont la base est
jointe à la feuille en fer à cheval : le bout de la queue est
libre. La patrie et les habitudes de cette espèce sont in-
connues.
Le Phyllostome a feuille alongée [ Phyllostoma eJons;atum ,
Geoffr. ;Desm. , Mamm., Sp. 169), a quaire pouces trois lignes
de longueur totale, et son envergure est d'un pied trois pouces.
Il a la feuille verticale de son nez très-longue et très-aiguë,
sinueuse à sa base et de bien peu débordée par la feuille en
fer à cheval; les oreilles ovales, striées et étroites vers le
40. 8
314 PHY
hout; le museau gros et court; le bout de la queue libre
en dessus de la membrane interfémorale. Sa patrie et ses
habitudes sont inconnues.
Le Phvllostome fer de lance : Phyllostoma hastatum , GeofFr. ;
Desm., Mamm., Sp. 170; Chauve -soiris fkr de lance, BufiT,,
lome i3, pi. 33. Long de cinq pouces trois lignes et avec
un pied six pouces d'envergure. Ce phyllostorae est carac-
térisé par sa feuille nasale, verticale, qui est entière, sans
échancrure à l'extrémité et sans bourrelet, avec le milieu
légèrement renflé et la base fort étroite, et débordée par
la feuille de la lèvre, qui est en forme de large fer à cheval ;
ses oreilles sont longues et étroites vers le haut; sa lèvre in-
férieure est pourvue de verrues; sa queue, très- courte, est
renfermée toute entière dans la membrane interfémorale,
qui se prolonge en pointe beaucoup au-delà de son extrémité ,
son poil est court, marron en dessus et brun en dessous.
Cette espèce vit à la Guiane.
D'autres phyllostomes sont dépourvus de queue; ce sont -.
Le Phvllostome lunette : Pliyllostoma perspicitlatum ,
GeoflTr. ; Desm. , Mamm., Sp. 171 ; Vesperfilio americanus vul-
garis , Séba , Thés., tome 1 , pi. 55; Vespertilio perspicillatus,
Linn. ; Gmel. ; le Guand fer de lance , Buff. , Hist. nat. ,
Suppl. , tome 7, pi. 74. 11 a environ quatre pouces de lon-
gueur et une envergure d'un pied cinq pouces. Son mu-
seau est court et large; sa feuille verticale est courte, for-
mée d'un large bourrelet et de membranes sur les côtés, qui
n'accompagnent pas celui-ci jusqu'à sa pointe, qui est
échancrée , et sa base est arrondie en ovale; ses oreilles sont
légèrement échancrées à leur bord extérieur ; ses oreillons
sont finement dentelés; ses lèvres sont garnies de verrues:
sa membrane interfémorale forme un angle rentrant dans son
milieu, et les osselets qui la soutiennent, sont très- petits;
son pelage est d'un brun noirâtre sur le dos, d'un brun
clair sous le ventre, et l'on remarque une ligne blanche de
chaque côté de la tête, partant du nez et allant à Toreille.
M. Geoffroy regarde la chauve-souris brune et rayée de
d'Azara comme une variété de cette espèce, quoique sa
■taille soit plus grande, que sa feuille soit plus longue et que
les couleurs de son pelage soient plus roussàtres.
PHY ^i5
Le phyllostome lunette se trouve à la Guiane, et la va-
riété décrite par d'Azara, au Paraguay.
Le Phyllostome rayé : Phjllostoma lineatum , Gcoffr. ;
Desm. , Mamm., Sp. 172; la Chauve -souris brune et rayée,
d'Azara. Il a un pied un pouce d'envergure ; le museau ob-
tus ; la feuille verticale de son nez pointue et entière; le
pelage brun et seulement plus clair en dessous qu'en dessus,
avec une raie blanche sur la ligne moyenne du dos, une
autre allant de chaque narine à Toreille du même côté, et
une troisième partant de l'angle de la bouche jusqu'à la
base de l'oreille et parallèle à la précédente ; roreillon
pointu.
Selon d'Azara, il y a seulement deux incisives à la mâ-
choire supérieure, et cette sorte de dent manque tout-à-fait
à l'inférieure, 11 y a cinq molaires de chaque côté en
haut et sept en bas, ce qui porte le nombre total des dents
à trente- deux. Cette espèce est du Paraguay. Ses mœurs
sont inconnues.
Le Phyllostome a feuille arrondie : Phyllostoma rotunda-
lum , Geoffr. ; Desm., Mamm., Sp. 170 ; la Chauve-souris brune,
d'Azara. Son envergure est d'un pied quatre pouces environ.
Son museau est plutôt aigu que plat; sa feuille verticale
entière et arrondie à son extrémité; son pelage d'un brun
rougeàtre. Cette chauve -souris est très -commune au Para-
guay.
Le Phyllostome fleur-de-lis : Phj'Uostoma lilium, Geoflr. ;
Desm., Mamm., Sp. 174. Son envergure est d'un pied et sa
longueur totale de deux pouces trois lignes; les oreilles ont
six lignes de longueur et sa feuille trois lignes. Cette feuille
est aussi haute que large, et étroite à sa base. Les mâchoires
sont alongées: les oreilles droites; les yeux assez grands et
placés à égale distance de l'oreille et du museau , qui est obtus
et peu fendu. Le pelage est dun brun roussàtre en dessus
et d'un brun blanchâtre en dessous.
D'Azara dit qu'il y a deux incisives à chaque mâchoire
dans cette espèce. Une chauve-souris, rapportée du Brésil
par M. Auguste de Saint- Hilaire, et qui nous paroit s'en
rapprocher beaucoup , a néanmoins quatre incisives infé-
rieures et seulement deux supérieures 5 mais cette irrégula-
n6 PHY
rite dans le nombre de ces dents peut provenir de la cause
que nous avons indiquée plus haut (voyez la note de la
page 112).
Cette espèce est du Paraguay.
Le Phyllostome vamure : Phjilosioma spectrum , Geoffr. ;
Desm. , Mamm. , Sp. 176 : Andica guacu , Pison ? Canis volans
maxima aurita, Séba , Thés., tome 1, pi. 56; le Vampire,
BuflF. , Vespertilio spectrum, Linn. ; Gmel. Cette espèce, dont
M. Leach a proposé de former un genre particulier, a cinq
molaires à chaque côté de la mâchoire supérieure et six à
ceux de l'inférieure. Son corps a près de six pouces de lon-
gueur totale, sur quoi la tête prend un pouce dix lignes; ses
oreilles ont treize lignes ; les dents incisives sont évidem-
ment serrées entre les canines; son museau est long; sa feuille
verticale nasale, moins large que haute, se prolonge sur le
fer à cheval sans être découpée à sa base ; son bourrelet du
milieu est peu épais, et les lobes latéraux, arrondis, vont
mourir en pointe vers son extrémité, qui n'a pas d'échan-
crure ; la membrane des ailes s'étend jusqu'à la base du
doigt extérieur du pied de derrière ; le milieu du bord pos-
térieur de la membrane interfémorale se prolonge en angle
saillant; son pelage est doux, de couleur marron en dessus
et dun jaune roussâtre en dessous.
On rapporte de cet animal , qui habile la Nouvelle-
Espagne, qu'il s'approche des hommes endormis ou des ani-
maux pendant la nuit, et qu'en en léchant la peau il leur
fait des plaies, dont il suce le sang. On ajoute même qu'il
peut causer ainsi la mort, ce qui paroit peu probable.
Un cheiroptère de ce genre, ou peut-être du genre Glos-
sophage , et rapporté du Brésil par M. Auguste Saint-Hilaire ,
a neuf pouces d'envergure; la feuille nasale très- courte,
deux incisives supérieures assez larges, quatre incisives infé-
rieures bien rangées et serrées entre les canines ; point de
membrane interfémorale et le pelage d'un gris fauve.
Un autre, rapporté du même pays par le même natura-
liste, a la taille de notre vespertilion sérotine d'Europe;
la membrane interfémorale, au plus longue de six lignes,
forme un angle rentrant; les oreilles sont grandes et latérales;
les dents semblables à celles du premier par leur nombz'e
PîIY 1^7
et leurs dimensions relatives; sou pelage est d'un gris fauve.
Nous n'avons pu voir sa feuille , qui doit être fort petite.
Le genre Glossophage, Glossophaga, Geoffroy, démembré
de celui des Phyllostomes par M. Geoffroy, en diffère par
un moindre nombre de molaires , puisqu'on n'en compte
que trois à chaque côté de la mâchoire. Il y a d'ailleurs quatre
incisives supérieures et quatre incisives inférieures, bien
rangées, et les molaires sont à tubercules aigus h leur cou-
ronne, comme celles des phyllostomes. La tête est longue et
assez uniformément conique; la langue offre un caractère
tout particulier , en ce qu'elle est très-longue , roulée , étroite ,
extensible, avec ses bords saillans ou en bourrelet, faisant la
fonction d'un organe de succion ; le nez supporte une petite
crête en forme de fer de lance ; la queue est tantôt nulle,
tantôt plus ou moins longue; la membrane interfémorale est
très- petite ou presque nulle; les membranes des ailes sont
médiocrement développées ; la taille est plus petite que celle
des phyllostomes. La patrie des animaux compris dans ce
genre , est l'Amérique méridionale.
On attribue aux glossophages des" habitudes semblables à
celles des phyllostomes, et l'on pense que la conformation
de leur langue doit leur donner encore plus de facilité pour
sucer le sang des animaux.
Le Glossophage de Pallas [Glossophaga soricina , Geoffr. ;
Desm., Mamm. , Sp. 176), est l'espèce la plus anciennement
connue. Pallas l'a décrite sous le nom de Vespertilio soriciauSf
et Buffon l'a mentionnée sous celui de Musaraigne volante :
c'est la Feuille de Vicq-d'yVzyr. Sa longueur totale est de deux
pouces une ligne ; sa tête a onze lignes et son envergure huit
pouces trois lignes; son museau est très-long et presque
cylindrique; sa langue fort longue et canaliculée vers l'ex-
trémité, avec les bords du sillon garnis de papilles, divi-
sées en deux branches ou de soies se renversant de côté;
les yeux sont assez grands; les canines distinctes; les oreilles
petites et oblongues ; sa feuille est petite , en forme de
cœur, un peu moins large que haute, et se termine par une
pointe aiguë ; sa membrane interfémoraîe est coupée en
angle rentrant. Il n'a point de queue ; son poil est doux et
laineux, d'un cendré brun en dessus et d'un brun très- clair
313 VH\
en dessous ; sos membranes sont brunes. Il habite Cayenne et
Surinam.
Le Glossophage a ^ueue enveloppée {Glossophaga amplexi-
caudata , Geoffr. ; Desm., Mamm. , 5p. 177), a la membrane
interféiiiorale large; une queue courte et terminée par une
nodosité; son pelage est d'un brun noirâtre, plus clair en
dessous qu'en dessus. Cette espèce a été découverte par feu
ÎVl. Delalande aux environs de Rio-Janeiro.
Le Glossophage caudalatre {Glossophaga caudifcr , Geoffr.;
Desm., Mamm., 5p. n.° 178), a la membrane interfémorale
très -courte; une queue qui la déborde, et le pelage d'un
brun noirâtre. 11 se trouve avec le précédent et a été comme
lui découvert par M. Delalande, ainsi que le suivant.
Le Glossophage SANS queue : Glossophaga ecaudata, Geoffr.;
Desm., Mamm.. 5p. 179. Celui-ci, de couleur brune obs-
cure, manque de queue, comme le glossophage de Pallas ;
mais il en diffère par sa membrane interfémorale , beaucoup
plus courte que celle de cet animal.
Nous croyons devoir joindre à cet article l'extrait d'un
travail de M. Leach, publié dans les Transactions de la So-
ciété linéenne, tome i5, 1 J" partie, et dans lequel se
trouve la proposition de plusieurs genres nouveaux et l'indi-
cation d'un certain nombre de chéiroptères non encore dé-
crits, qui se rapporteroient entièrement au genre des Phyl-
lostomes, tel que M. Geoffroy l'avoit établi d'abord, c'est-à-
dire, en y comprenant les glossophages.
Le premier genre est nommé Artibée, Artibeus; il a pour
caractères: quatre incisives à chaque mâchoire, dont les
supérieures biiides et les inférieures tronquées; deux ca-
nines en haut et en bas, dont les supérieures ont un re-
bord interne à leur base ; quatre molaires supérieures et
cinq inférieures de chaque côté ; les feuilles nasales au
nombre de deux, l'une horizontale et l'autre verticale: la
queue nulle; une seule phalange à l'index ou second doigt ,
quatre au médius et trois aux quatrième et cinquième doigts;
oreilles écartées, médiocrement grandes; des oreillons.
L'AîiTiBÉE DE la Jamaïque (Artibeus jamaicensis , Leach)
est brun en dessus et gris de souris en dessous ; ses membranes
et ses oreilles sont brunâtres.
♦
PHY ^19
Un second genre est appelé Monophylle, Monopliyllus ,
parce qu'il ne présente qu'une seule feuille droite sur le nez.
Il a quatre incisives supérieures inégales, dont les deux du
milieu plus longues que les latérales et bifides, et point d'in-
férieures; deux canines à chaque mâchoire; cinq molaires
supérieures et six inférieures de chaque côté ; la queue
courte; les doigts pourvus de phalanges, en même nombre
que les artibées, et les oreilles écartées et garnies d'oreillons,
comme celles de ces mêmes chéiroptères.
Le Monophylle DE Redmann, M onophjllu s Redmanni ,Lc'dch,
se trouve à la Jamaïque, Il est brun en dessus et gris en
■ dessous; ses oreilles sont arrondies; sa feuille, qui est aiguë,
est couverte de petits poils blanchâtres; ses membranes sont
brunes.
Un troisième genre a reçu le nom de Mormops, Mormops,.
Il a quatre incisives supérieures inégales, dont les intermé-
diaires sont largement échancrées; quatre incisives inférieures
inégales trifides; deux canines à chaque mâchoire, dont les
supérieures sont doubles en longueur des inférieures, pres-
que comprimées et canaliculées en devant ; cinq molaires
en haut et six en bas de chaque côté; une seule feuille na-
sale droite et réunie aux oreilles, qui sont très- vastes, com-
pliquées et pourvues d'un oreillon ; l'index à deux phalanges;
le médius à quatre; le quatrième et le cinquième doigt en
ont trois.
Le Mormops de Blainville {Mormops Blainvillii , Leach ,
Trans.^ loc. cit., pi. 7), est remarquable par l'élévation ex-
trême de son front, l'excavation de son chanfrein, la forme
lobée et crénelée de sa lèvre supérieure, la division de Fin»
férieure en trois lobes membraneux , l'existence sur la langue
de papilles , dont les antérieures sont bifides < t les postérieures
multifides, le plissement de sa feuille nasale, la division du
bord supérieur de ses oreilles en deux lobes. Il est aussi de
la Jamaïque.
Le «enre Nyctophile, Njclophilus , du même naturaliste,
ayant été décrit d'après lui, à sa lettre, nous nous bornerons
à y renvoyer. (Voyez Nyctophile, tome XXXV, page 244.)
Enfin, le dernier genre dont nous ferons mention, est
nommé Madatée , Madatœus , par M. Leach. Il présente quatre
incisives à chaque mâchoire; les deux inlermédiaires supé-
rieures ayant plus de longueur que les latérales et bifides ;
les inférieures étant égales, simples et aiguës; quatre mo-
laires supérieures et cinq inférieures de chaque côté; deux
feuilles nasales, une verticale et l'autre horizontale et lu-
nulce ; la queue nulle; la lèvre pourvue de papilles molles,
comprimées et frangées au bout; la langue antérieurement
divisée en deux filamens comprimés; le doigt index de l'aile
à deux phalanges; le médius à quatre; les quatrième et cin-
quième doigts en ayant trois seulement ; les oreilles distantes
et pourvues d'un oreillon.
Le Madaték de Levts {Madatœus Levisii, Learh , de la Ja-
maïque) a sa feuille nasale verticale , à bords brusquement
atténués et formant la pointe vers le haut; les oreilles mé-
diocres, arrondies et légèrement pointues; le pelage noirâtre;
la membrane intcrfémorale échancrée : l'envergure de ses
ailes de dix-sept pouces anglois.
Tous ces genres auront sans doute besoin d'être examinés
de nouveau , et il sera utile de faire entrer dans les carac-
tères des anciens phyllosfonics et des glossophages , la consi-
dération du nombre des phalanges. Ces observations nouvelles
mèneront vraisemblablement à mieux distinguer ces animaux
et peut-être aussi à faire disparoitre quelque double emploi,
qui aura pu s'introduire dans leur nomenclature. Toutefois est-
il remarquable qu'avant le travail de M. Leach nous ne possé-
dions aucun renseignement sur les chéiroptères des îles du
golfe du Mexique, et que les premières recherches qu'on a
faites dans une seule d'entre elles, la Jamaïque , aient procuré
la connoissance d'un aussi grand nombre , sinon de genres
nouveaux, au moins d'espèces jusqu'alors inconnues. (Desji.)
PHYLLURE, Phyllurus. (Erpét.) M. Cuvier a donné ce
nom à un genre de reptiles sauriens, de la famille des eu-
mérodes, très-voisins des geckos, et reconnoissables aux ca-
ractères de ces derniers, à la différence près seulement que
leurs doigts ne sont point aplatist
On ne connoît encore qu'une espèce dans ce genre ;
c'est le :
Phyllure de la Nouvelle -Hollande : Phyllurus vulgarisf
^. ; Stellio plij'llurus, Schneider; Lacerta platura , "\^'hite.
PÎIY 12X
Corps gris, marbré de brun en dessus et hérissé de petits
tubercules pointus; queue lisse, déprimée, en forme de
cœur; taille de cinq à six pouces.
On a trouvé ce hideux reptile dans la Nouvelle- Hollande,
près de Botany-Bay et dans toute la Nouvelle- Galles méri-
dionale. (H. C.)
PHYMARIA. ( Bot. ) Nom proposé par M. Rafinesque-
Schmaltz pour désigner la famille des Lichens. (Lem.)
PHYMATE, Ph^mata. {Entom.) M. Latreille avoit désigné
sous ce nom un genre d'insectes hémiptères, de la famille
des frontirostres ou des punaises, mais dont les pattes anté-
rieures se terminent par un crochet mobile, comme dans les
mantes, et chez lesquels les antennes entrent ou sont re-
çues sous le corselet dans une rainure qui s'y trouve pra-
tiquée; telle est le syrlis crassipes de Fabricius , qui est la
punaise à pattes de crabe de Geoffroy. (C. D.)
PHYSA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
incomplètes, de la famille des car-yophjUées , de la décan-
drie trigjnie de Linnaeus, établi par M. Du Petit-Thouars ,
jSoi'. gêner. Madagase. ,' 22 , n.° 67 , pour une plante de Ma-
dao^ascar , dont le caractère essentiel consiste dans un ca-
lice à cinq folioles concaves, colorées en dedans; point de
corolle; dix filamens ; les alternes plus courts; les anthères
à deux lobes séparés; un ovaire simple; trois stigmates; une
capsule à trois sillons; nn réceptacle central; trois loges ;
trois valves séparées par autant de cloisons conniventes avec
le réceptable ; les semences nombreuses, fort petites, pres-
que en rein. Les tiges sont couchées, articulées; les feuilles
verticillées ou quaternées, inégales; les pédoncules unidores.
(PoiR.)
PHYSALE , PHYSALION , PHYSALIS ou même PHYSA-
LIDIDIS. {Malacoz.) Genres d'animaux extrêmement bizarres,
aperçus depuis long-temps par les marins, qui les nomment
galères , frégates ou même vaisseaux de guerre, à cause de la
manière élégante dont ils semblent voguer à la surface de
la mer; phjsales , pliysalies ou vessies de mer, à cause de leur
ressemblance avec une vessie, ou même orties de mer, parce
qu'il paroît qu'ils produisent sur la peau , qu'ils touchent,
le même effet que les orties , absolument comme les me-
PHY
duses. Browne , dans son Histoire naturelle de la Jamaïque,
est le premier qui ait cru devoir en former un genre distinct,
sous le nom à'arethusa. Osbeck, dans son Voyage à la Chine,
les désigna depuis sous la dénomination de phjsalis, qui a été
adoptée par M. de Lamarck et tous les zoologistes subséquens,
quoique Linné et Gmelin aient réuni ces animaux avec
les biphores ou salpas parmi leurs holothuries. Cette place,
assignée par Linné aux physales dans la série animale , a
sans doute été la raison pour laquelle les zoologistes les
plus récens n'ont pas balancé à les ranger parmi les zoo-
jrtiytes ou actinozoaires , quoiqu'elles soient si différentes
des genres dont on les a rapprochées, qu'il est absolument
impossible d'y trouver rien qui rappelle une disposition ra-
diaire. Aussi ai-je dans ces derniers temps été porté à con-
clure de cette considération de la l'orme des physales, que
ce n'étoient réellement pas des animaux de ce type, comme
on va le voir par la description de l'espèce la plus commune,
dont j"ai vu plusieurs individus bien conservés, rapportés par
MM. Quoy et Gaimard. Le corps d'une physale est ordinai-
rement ovale, plus ou moins alongé, plus obtus à une ex-
trémité qu'à l'autre, qui même se prolonge en une sorte de
trompe, relevée un peu à sa terminaison. A cette extrémité
on voit souvent aisément, mais quelquefois plus difiicile-
ment, deux tubercules ou mamelons, dont l'un est plus ter-
minal que l'autre. Ils sont percés d'une ouverture étoilée
ou plissée d'une manière très-serrée , en sorte qu'il est assez
difficile d'y introduire de l'air et d'insufler ainsi le corps
de l'animal. Sur un des côtés du corps et obliquement di-
rigée de l'extrémité biforée à l'autre, est une crête membra-
neuse, assez épaisse, comme denticulée ou mieux festonnée
à son bord supérieur, et de chaque côté de laquelle on voit
des espèces de cannelures, évidemment formées par des
vaisseaux intérieurs. Cette crête , que nous allons voir n'être
qu'une véritable branchie, est susceptible d'un grand nombre
de variations dans son étendue et son développement, en
hauteur surtout , principalement dans les individus conservés
dans l'esprit de vin. On en trouve même quelquefois où
elle est presqu'entièrement rentrée et ne paroît que par un
bourrelet plus brun, resté à la surface du corps de l'animal.
PII Y »23
A son exfrémifé la plus épaisse, ou à Topposite des deux ori-
fices, est un faisceau d'organes listuleux, eylindroides , quel-
quefois fusiformes, terminés dans un certain état de dévelop-
pement par un petit bourrelet percé d'un orifice, et ces or-
ganes sont en nombre variable , yans disposition évidemment
paire et encore moinsradiaire. Jen'airéellementjamais trouvé
deux individus semblables sous ce rapport , pas plus que dans
la composition d'un autre faisceau d'organes analogues, et en
général bien plus compliqués dans leur forme et dans leur
nombre, qui occupent une plus ou moins grande partie du
côté inférieur de la physale. C'est cette masse que la plu-
part des personnes qui ont observé des pliysales, ont re-
gardée comme composée d'organes analogues aux tentacules
ou aux cirrhes des méduses. On peut y distinguer réellement
trois ou quatre espèces d'appendices cœcaux , tous également
vésiculeux. Dans l'individu que je décris, comme le plus
complet de ceux que j'ai vus , il y avoit d'abord, et assez
rapproché du groupe précédent, un faisceau d'appendices
de même forme que ceux de celui-ci. On pouvoit y distin-
guer quelque chose de pair, c'est-à-dire, un partage en deux
divisions, l'une à droite et l'autre à gauche d'un seul appen-
dice médian , beaucoup plus gros, ayant lui-même à sa base
un faisceau de cœcums plus courts , portés par un seul
pédoncule. La disposition paire étoit beaucoup plus sensible
encore pour l'autre partie du faisce<''u inférieur. En elfet,
outre un très-grand nombre d'appendices cœcaux ordinaires,
il y avoit à droite et à gauche de la ligne médiane un ap-
pendice beaucoup plus gros , bien plusalongé, en forme de
trompe , quoique de même structure que les autres et du
côté externe de la base duquel sortoit un filament d'une
longueur extrêmement considérable, finement plissé en tra-
vers et qui sembloit ne pouvoir atteindre toute l'extension
dont il étoit susceptible, à cause d'une membrane étroite
qui en retenoit les plis dans toute sa longueur, comme le
mésentère fait à l'intestin grêle des mammifères.
Cette description extérieure de la physale est toute diffé-
rente de celle qu'en ont donnée les naturalistes qui pensent
l'avoir mieux observée ; ce qui tient surtout à ce qu'ils n'ont
pas examiné tous la même espèce , et à et qu'ils ne l'ont
^=4 PHY
pas fait d'une manière suffisante. Ainsi M. Bosc, quoiqu'il
ait vu des physalides vivantes , ne fait aucune mentioa
des deux orifices étoiles; aussi pense -t -il que la bouche
de ces animaux est placée inférieurement un peu à droite et
accompagnée d'un grand nombre de tentacules de cinq formes
différentes : ï." un beaucoup plus grand que les autres, placé
sur le bord même de la bouche et qui peut acquérir jusqu'à
onze pouces de long; 2." deux autres de même forme et
structure , mais beaucoup moins longs ; 3.° beaucoup de
plus petits, fusiformes, formant une grosse masse globuleuse,
située k droite des précédens ; 4." enfin, vingt-quatre autres,
fusiformes, très-épais, s'alongeant peu, terminés par un
suçoir large et jaunâtre , et que M. Bosc regarde comme les
vrais bras de l'animal. Quant aux tentacules de la cinquième
sorte, probablement que ce sont ceux qui existent à une
extrémité de l'animal et qu'il décrit comme des tubercules
plus ou moins longs; car il n'en fait pas de description, et
la figure qu'il donne ne pourroit guère y suppléer.
M. Tilésius, dans son Voyage autour du monde avec le capi-
taine russe Krusenstern , a combattu d'une manière victorieuse
cette supposition de M. Bosc, d'une bouche inférieure, en-
tourée de tentacules, et quoiqu'il ait fort bien décrit et figuré
les deux ouvertures étoilées , il croit que tous les tentacules ou
suçoirs servent réellement de bouches, ou qu'il y a autant de
bouches ou de suçoirs. Du reste , sa description de la dispo-
sition des tentacules dans l'espèce qu'il a le mieux observée,
e&i toute différente de ce que M. Bosc a dit. En voici la
traduction : Toutes les physales consistent en une longue
vessie gonflée d'air, flottante sur l'eau, ayant au-dessus une
espèce de peigne qui tient lieu de voile, et en dessous de
longs tentacules, qui constituent à la fois ïa bouche et le
gouvernail. Quoique leur examen soit assez difficile, d'abord
à cause qu'ils brûlent plus fortement que des orties quand
on les touche, et surtout à cause de leur grand nombre et
de la manière dont ils s'entortillent, j'ai pu en distinguer
de trois espèces, du moins sur plusieurs individus. Ceux de
la première sorte sont plus épais à leur racine, en forme
d'intestins, d'un bleu foncé, parsemé de points bruns; ils
sont suspendus en dessous presqu'au milieu du ventre de
PHY 125
l'animal et s'étendent en formant une sorte d'entortillement
spiral, à une grande profondeur dans la mer. Ils sont trans-
parens h leur racine et dans le reste de leur étendue par-
semés de cercles réguliers, riombreux, de couleur rouge, ou
de cellules renflées, interrompues ou articulées, presque
comme dans les conferves. Ils ont en outre la faculté de se
rétracter fortement jusqu'à leur racine et de se rassembler
en un seul faisceau. Les tentacules de la seconde espèce sont
également plus épais à leur racine ; mais ils y sont aussi
plus serrés : aussi n'ai- je jamais pu parvenir à les compter.
Ils sont aussi fort longs et pourvus d'une espèce de bande
frangée de couleur rouge, qui de la racine se perd en une
espèce de tronc. L'espèce de physalide observée par Laniar-
tinière , Bory et Péron , a un tentacule de cette sorte qui
n'est du reste terminé par aucun suçoir , et qui paroît
seulement servir comme de piège , afin que les animaux
qui servent de nourriture aux physalides, puissent s'y embar-
rasser. Au contraire, les tentacules delà première sorte sont
terminés par un suçoir et sont susceptibles d'une extension
considérable. La troisième sorte est constituée par des ten-
tacules courts, cylindroïdes, attachés dix ou douze à la fois
à une tige commune. Ils forment la plus grande partie de
la masse tentaculaire, et leur usage paroit être d'attirer et
de prendre tout ce qui a pu échapper aux suçoirs uni-
ques des longs tentacules: il paroit qu'ils ne sont pas pour-
vus de fibres longitudinales comme les deux premières sortes ;
mais, au contraire, on observe beaucoup de fibres circu-
laires dans leur structure, en sorte qu'ils peuvent s'alonger
et se raccourcir seulement fort peu, tandis qu'ils peuvent
très- bien s'étendre et se tordre de tous côtés; l'orifice ou
suçoir qui les termine, est fort grand et de couleur jaune.
La viscosité qui enveloppe les tentacules de la physalide, et
surtout ceux de couleur rouge, est excessivement brûlante
etcorrosive, sans qu'on puisse apercevoir même, à la loupe,
aucun crochet ou aiguillon qui puisse produire cet effet.
La structure anafomique des physalides n'a encore été exa-
minée que d'une manière très -incomplète; aussi la plupart
des naturalistes pensent que ce n'est qu'une vessie libro-mus-
culaire gonflée d'air. Voici ce qu'eu dit M. Tiiésius, le na-
126 PU Y
tiiraliste qui s'en est le plus occupé, et sur des individus frais
et même vivans. La membrane qui forme la vessie et la
crête , est transparente , lorsqu'elle est dilatée par l'air qu'elle
renferme. Elle consiste en un tissu de fibres longitudinales
et circulaires, qui tiennent peut-être la place de vaisseaux.
En etfet, premièrement tout le tissu de la peau et de ses
libres est spongieux, outre qu'on ne trouve aucune trace de
vaisseaux qui pourroient servir à faciliter l'absorption; se-
condement, la vessie et sa crête perdent tout-à-fait l'aspect
d'une membrane transparente, aussitôt qu'on les a ouvertes,
de manière à laisser échapper l'air qui les tenoit distendues,
et semblent alors n'être qu'un tissu poreux , opaque, sale,
grisâtre, spongieux, qui bientôt se change en une mucosité
de mauvaise odeur; troisièmement les fibres longitudinales,
pendant la vie de l'animal, sont de couleur bleue et les cir-
culaires de couleur rouge; celle-ci étant plus sensible aux
endroits où ces fibres sont plus fortes, comme à la racine
du faisceau tentaculaire et où elles se rassemblent en fais-
ceau comme sur la crête. En admettant que des fluides cir-
culeroient dans quelques-unes de ces fibres, dont se compose
le tissu spongieux et double de la vessie, on pourroit s'ex-
pliquer pourquoi, lorsque celle-ci est morte, et encore
gonflée d'air, celles-là sont extrêmement hygrométriques,
comme j'ai eu plusieurs fois l'occasion de l'observer. Il faut
encore remarquer que ces animaux jouissent de la faculté de
pouvoir, sans aucune irritation extérieure, colorer en un
instant toute leur peau en bleu : ce qui est peut être dû,
ajoute M. Tilésius , à une sorte de contraction volontaire
intérieure, par exemple à un enroulement delà vessie ou
à la rentrée de la crête, comme le pense M. Bosc. Toujours
est-il que les mouvemens sont tellement évidens , qu'on ne
peut méconnoitre l'action des fibres dans l'extension, le rac-
courcissement et le tortillement , du moins sur la crête.
Quoique M. Tilésius ait eu une idée qui nous paroit erronée
sur le mode de nutrition des physales, il n'en a pas moins
fort bien décrit et figuré les deux orifices du corps de la
vessie. 11 a remarqué en outre qu'ils étoient au milieu d'es-
pèces de papilles ou de verrues entourées de raydns concen-
triques et de libres circulaires rouges aussi concentriques, en
PHY î-7
ajoutant même que ce sont sans cloute des muscles dilata-
teurs et constricteurs. Quant aux tentacules, le même au-
teur dit qu'ils sont creux et composés de fibres circulaires
et longitudinales ; il les regarde comme de véritables suçoirs
et il dit même qu'il a trouvé dans leur intérieur de petits
poissons à demi digérés; ce qui l'a porté à penser que ces
animaux ont autant de bouches que de suçoirs.
Je n'ai disséqué que des physales conservées depuis un
assez long temps dans l'esprit de vin, et voici ce que j'ai
vu de leur structure : Le corps de la physale et sa crêfe
branchiale m'ont paru être formés par une même enveloppe,
évidemment libro-musculaire. On y distingue aisément deux
couches de libres; les unes longitudinales et les autres circu-
laires; celles-ci sont cependant beaucoup plus nombreuses
et plus serrées. A la base de la crêfe elles se réunissent en fais-
ceaux verticaux, distincts, qui se portent plus ou moins
obliquement jusqu'à son sommet. A l'endroit oii se trouvent
les orifices, on voit aussi d'aulres faisceaux distincts, qui
constituent autour de ceux-ci une sorte d'étoile. Je n'y ai
pas remarqué les fibres annulaires dont parle M. Tilésius.
Les tentacules m'ont paru également composés de deux or-
dres de fibres musculaires, plus épaisses à leur base et à leur
sommet que dans d'autres parties de leur étendue. Quand on
a fendu cette enveloppe extérieure ou musculo-cutanée, ou
entrouve une seconde, évidemment beaucoup plus mince
et qui n'adhère à l'autre qu'autour des deux orifices. Elle
se continue visiblement dans la crête branchiale, et c'est
dans cette membrane que se trouve contenu l'air qui
convertit le corps de la physale en une sorte de vessie. A
la partie supérieure de cette poche intérieure on remarque
plusieurs taches un peu irrégulières, ayant quelque épais-
seur, et que je suis tenté de regarder comme constituant une
sorte de foie. Au même endroit, c'est-à-dire, au dos de l'a-
nimal, j'ai aussi remarqué une autre tache ou corps fort
mince, ovale, que l'on pourroit concevoir en connexion
avec des lignes brunes s'élevant verticalement dans la crête,
et alors ce seroit le cœur recevant des veines branchiales.
Les tentacules m'ont aussi paru formés d'un tissu contractile,
dans lequel ou peut même quelquefois distinguer des libres
1.8 PHY
surtout transversales ; mais je n'oserois pas assurer que ces
fibres ne fussent pas de simples rides, déterminées par la ré-
traction de l'organe. En effet , quand ces tentacules sont com-
plètement distendus, leurs parois sont excessivement minces,
et ils présentent une cavité étendue d'une extrémité à l'autre
et s'ouvrant largement par des orifices ovalaires , groupés
comme eux dans la cavité formée par fenveloppe extérieure.
J'ai souvent trouvé ces tentacules ou espèces de cœcums
remplis en plus ou moins grande quantité, de matière pul-
tacée jaunâtre , mais dans un état tel qu'il m"a été impos-
sible de reconuoître ce que c'étoit.
D'après le peu que je viens de dire de l'organisation des
physales , il me semble qu'elle concorde fort bien avec la
forme extérieure pour constituer un animal voisin des as-
cidies et des biphores, puisqu'on y remarque deux orifices
extérieurs , qui ne sont pas plus la bouche et l'anus que dans
ces derniers; une enveloppe ou sac extérieur n'adhérant à
l'intérieur qu'à l'endroit des deux orifices, comme dans
ceux-ci; une disposition radiaire des muscles à ces orifices;
une sorte de branchie anomale et oblique, comme chez eux,
mais qui diffère de la leur en ce que le plus souvnet elle est
extérieure ; la disposition du foie et peut-être du cœur est
encore assez semblable : quant aux tentacules des physales,
qui ne se retrouvent pas dans les tuniciers , peut-être
faut-il y voir des espèces d'ovaires, ou bien seroit-ce réelle-
ment un nouveau point de rapprochement avec les animaux
radiaires.
La physiologie des physales a également besoin d'être
observée. Leur mode de locomotion a réellement quelque
chose de celui des biphores, en ce qu'elles paroissent tou-
jours être flottantes dans les eaux et même, dit-on, cons-
tamment à leur surface. La structure musculaire de leur
enveloppe extérieure ne permet cependant pas de croire
qu'elles soient toujours à un même élat de distension , et
alors elles doivent plus ou moins s'enfoncer. Mais d'où vient
le fluide aérifôrme qui remplit leurs corps? Si c'est de l'air
atmosphérique, ce qui est probable ; alors n'est - il pas
puisé à la surface de l'eau au contact de l'atmosphère ? Leur
mode de nutrition se fait-il, comme le veut M. Tilésius,
PHY 129
par un grand nombre de bouches ou de suçoirs P c'est réel-
lement ce qui n'est pas probable , puisque les tentacules
s'ouvrent largement dans la cavité qui sépare l'enveloppe ex-
térieure de l'intérieure. S'il étoit vrai que les tentacules fus-
sent pour ainsi dire autant d'estomacs, comme le croit l'au-
teur que nous venons de citer, et que les animaux pussent y
pénétrer et y être convertis en une sorte de chyme; comment
ensuite ce chyme, converti en chyle, on ne sait où , iroit-il
dans toutes les parties de l'animal ? Nous croyons donc plus
probable que le mode de nutrition des physales se fait
comme dans les biphores, chez lesquels, il est vrai, il n'est
pas encore bien connu. Quant à celui de la génération aucun
auteur ne nous a donné de renseignemens à ce sujet.
I-es physales jouissent de deux propriétés assez singulières
et dont la cause est à peu près inconnue. Elles sont d'abord
plus ou moins phosphorescentes, et ensuite elles produisent
sur la main qui les touche, une sensation douloureuse, que
l'on a comparée à celle que produit le contact des orties ,
absolument comme certaines méduses, qui ont été, à cause de
cela, appelées orties de mer. M. Tilésius est encore le natu-
raliste qui a fait le plus d'observations à ce sujet. Il s'est
d'abord assuré que la sensation de brûlure qu'on ressent
quand on a touché plus ou moins fortement les tentacules
d'une physalide vivante , et qui est plus intense que celle
produite par les orties, est due , non pas à une matière mu-
queuse qui les recouvre, comme il l'avoit cru d'abord,
mais à de petits poils, de couleur rose que la mucosité in-
troduit dans les pores de la peau. En effet, un jour qu'il
s'étoit fortement brûlé en maniant beaucoup les tentacules
d'une physalide, après avoir essayé inutilement de calmer
la douleur au moyen de vinaigre étendu, d'eau salpétrée ,
de sel, d'acide sulfurique ou d'ammoniaque, il ne put réussir
à peu près complètement qu'en employant de fréquentes lo-
tions sur les parties douloureuses avec de l'eau de savon ,
toutefois après avoir préalablement enlevé les petits poils a
l'aide d'une pince. 11 faut cependant croire que la mucosité
elle-même a aussi une action brûlante; car le même obser-
vateur a éprouvé qu'un vase de porcelaine dans lequel une
physalide avoit été conservée, n'ayant pas été suffisamment
40. 9
i3o PHY
nettoyé, îl se brûla les lèvres, le nez et les joues, en se servant
de ce vase pour se laver.
Les physales vivent dans les eaux de la mer à d'assez
grandes distances des rivages, si ce n'est sans doute quand
elles y sont poussées par des courans ou par le vent. Les
observateurs ne les ayant vues qu'à la surface, on a admis
généralement qu'elles y sont toujours, la vessie en partie
hors de l'eau , ainsi que la branchie , et les tentacules flot-
tans plus ou moins profondément dans la mer. M. ïilésius
ajoute que ces animaux, quand ils sont bien vivans , son-
dent avec leurs tentacules tous les corps qui peuvent se
trouver avec eux sous l'eau , et que les suçoirs s'appli-
quent sur le bois , la pierre et même sur le verre et la
porcelaine, et qu'ils y déposent de la mucosité qui leur
transmet la propriété brûlants des tentacules eux-mêmes^
L'habitude qu'ont les physales de se trouver ainsi flottantes à
la surface de l'eau, entraînées sans doute par les courans,
les a fait comparer à des vaisseaux, dans lesquels la crête
branchiale a été regardée comme la voile, et les tentacules
comme les rames. On admet ensuite que ces animaux se
servent des tentacules qui garnissent la partie inférieure du
corps, pour saisir et même sucer ou avaler leur proie. Du
moins dans l'opinion de M. Tilésius, qui dit positivement
qu'ayant développé quelques-uns des gros tentacules , entor-
tillés les uns avec les autres à l'aide de petites pinces, il re-
marqua que des places de trois ou quatre pouces, dilatées
inégalement, dévoient cette dilatation à la présence de corps
étrangers, parmi lesquels il reconnut entre autres une petite
athérine toute entière, enveloppée de mucosités, d'autres
petits poissons presque complètement digérés et quelques pièces
du cartilage d'une vélelle. Ainsi ces tentacules, ou au moins
quelques-uns d'entre eux, ne seroient pas seulement des
suçoirs, mais formeroient de véritables estomacs; ce qui pa-
roît contradictoire avec tout ce qu'on connoit dans les autres
animaux. M. Tilésius admet en outre que, près la racine de
ces tentacules, à l'endroit où ils sont attachés à la vessie, il
y a d'autres organes dans l'intérieur des tentacules rouges
qui servent de suçoirs, et qui , après avoir extrait de la proie
les sucs nourriciers, les portent à toutes les parties du corps î
PHY i3i
ce qui l'engage à regarder ces organes comme analogues
aux villosités intestinales de Lieberkiihn.
On rencontre des physales dans les mers de tous les pays
chauds et même clans la Méditerranée. Malheureusement ce
sont des animaux assez difficiles à étudier et, par consé-
quent, à caractériser, parce que hors de l'eau ils perdent
presque complètement leur forme. M. Tilésius est encore le
seul naturaliste qui se soit occupé de cette distinction, d'a-
bord dans le Voyage autour du monde par le capitaine
Krusenstern, et ensuite dans un volume à part, intitulé: Na~
turhistorische Friichle der ersten haiscrlich-russischen , unter dem
Kommando des Herrn von Krusenstern , etc. Sanct- Petersburg ,
i8i3.
Nous allons d'abord donner la caractéristique de ce genre,
d'après nos nouvelles observations, après quoi nous donne-
rons celle des espèces que M. Tilésius établit.
G. Physale. Corps ovale, plus ou moins alongé, symé-
trique ou pair, vésiculeux , pourvu de deux orifices plus
ou moins rapprochés, stelliformes; d'une crête branchiale ,
oblique à sa partie supérieure, et d'un ou de plusieurs fais-
ceaux d'appendices en forme de cœcums, très -contractiles
à sa partie inférieure.
La P. ARÉTHUSE; P. arethusa, Browne , Jam. Corps très-
grand , terminé à une extrémité par un rostre assez alongé
de couleur rose, et obtus à l'autre ; tentacules ou appendices
de couleur bleue, en un seul faisceau vers l'extrémité ob-
tuse ; crête longitudinale veinée de rose et de bleu. Les ou-
vertures stelliformes, distantes ; l'une sur le rostre, l'autre
au-dessus de la racine du faisceau tentaculaire.
De l'océan Équatorial , d'un tropique à l'autre.
Cette espèce, l'une des plus grandes, est connue au Brésil,
où elle est nommée moocicu. Les Portugais l'appellent cara-
vella.
La physale dont parle Molina dans son Histoire du Chili,
page 172 de la traduction françoise, appartient- elle à cette
espèce ? Elle a , dit-il , la forme et la grosseur d'une vessie
de bœuf.
La P. glauque: P. glauca, Til. Corps de même forme que
la précédente, dont elle n'est peut-être qu'une variété,
PHY
mais plus petit, de la grosseur d'un œuf de pigeon ; de cou-
leur plus ou moins glauque ; le rostre roux ; les tentacules
glauques.
Des mêmes lieux.
La P. PÉLAGIQUE; P. pelagica, Bosc , Vers, tome 2, page
i5g, pi. 19, fig. 1 , 2. Corps oblong , subrostré à une ex-
trémité, ventru et subbifurqué à l'autre, qui est pourvue
de tentacules de différentes formes et longueur, non véné-
neux ; crête crépue, crénelée, avec des veines roses.
Cette espèce , dont le corps est de la grosseur d'une
amande, est commune en haute mer, entre l'Europe et
l'Amérique.
La P. DE Lamartinière, Til. ; Lamartin., Voyage de La
Pérouse , tome 4- P^* 20, fig. i3 , 14; Médusa utriculus ,
Linn.; Gmel., p. 3i55,n.° 20. Corps atténué aux deux extré-
mités, pourvu à l'une d'un rostre très-long, terminé par une
papille et bordé de suçoirs, en dessous de tentacules papil-
lifères simples etrameux, avec un cirrhe très-long, solitaire
et cilié; enfin, en dessus d'une crête assez basse et quelque-
fois indiquée seulement par une ligne sillonnée en travers.
C'est cette espèce qui a été observée par Péron et par
M. Bory de Saint- Vincent. Lamartinière, qui l'a vue le pre-
mier, dit que cet animal pouvoit se fixer aux parois d'un
vase au moyen des suçoirs qui bordent le rostre à sa partie
inférieure.
La P. CORNUE ; P. cornuia, Til. , loc. cit. , t. 1 , fig. 14 — 16.
Rostre nul ou très -court, à peine papillaire, de couleur
jaune; corps claviforme,^ pourvu d'un appendice latéral en
forme de corne; d'une crête déprimée, crénelée, plus
élevée en avant qu'en arrière, et d'un très -long cirrhe soli-
taire, avec plusieurs tentacules glanduleux ou papillifères
à la racine.
C'est la plus petite des espèces de physales, puisqu'elle
n'est guère plus grande qu'une grosse fève. Elle a été ob-
servée dans la mer entre la Chine et Sainte-Hélène.
La P. DE Gaimard, P. Gaimardi. Corps ovale, obtus en ar-
rière, un peu atténué en avant; les deux orifices très-rap-
prochés à cette extrémité ; un faisceau de tentacules assez
courts à Pextrémité postérieure i l'inférieur très- considérable
PHY i55
et formé, outre un grand nombre de tentacules semblables,
d'un beaucoup plus gros proboscidiforme , et d'un très-lon<f
filament cirrheux, bridé par une sorte de mésentère.
Cette physale , dont j'ai étudié la structure , diffère-t-elle'
des précédentes? C'est ce que je ne veux pas assurer. Elle
offre cependant un caractère remarquable dans le rapproche-
ment de ses deux ouvertures.
Je dois encore ajouter que dans les physales qui m'ont
été remises par MM. Quoy et Gaimard, et qui ont été re-
cueillies dans leur circumnavigation, j'en ai cru distinguer
deux espèces. L'une offre tous les caractères de la physale
de Lamartiniére et de M. Tilésius : son enveloppe est plus
épaisse, plus solide; elle a des suçoirs tout le long du bord
inférieur de son extrémité rostrée , et le faisceau tentaculaire,
moins considérable que dans les autres espèces, entoure un
long filament fort grêle, filiforme dans une grande partie
de son étendue, garni dans toute sa longueur de petits su-
çoirs cupuliformes.
L'autre espèce, que je crois pouvoir distinguer, est ovale
et à peu près également atténuée vers ses extrémités , à
chacune desquelles se trouve un orifice ; mais en quoi elle
diffère principalement de toutes les autres, c'est que le
groupe inférieur des tentacules est partagé en deux faisceaux ,
qui accompagnent chacun un gros suçoir proboscidiforme,
collé, dans une grande partie de son étendue, à la base d'un
long tentacule cirrheux et intestiniforme , extrêmement pro-
longé, comme celui de la physale pélagique. Il en résulte
donc une paire de ces singuliers organes, l'un à droite et
l'autre à gauche.
J'ai vu deux individus de cette espèce, qui me paroit de-
voir être différente de celles de M. ïilésius.
Enfin je dois aussi avertir que dans de très -petits indivi-
dus, que je suppose jeunes, les tentacules sont beaucoup
moins nombreux, et surtout qu'il ne paroit pas y avoir en-
core d'appendices intestiniformes. (De B.)
PHYSALE. (Manim.) Nom tiré du grec, et qui signifie souf-
fleur, donné par M. de Lacépède à un genre de Cachalots.
Voyez ce mot. ( F. C. )
PHYSALIDE. {M alacoz.) V une des dénominations françoises
î34 PHY
du genre Phjsale, employée par M. Bosc , par exemple.
(De. B.)
PHYSALIDE. (Bot.) Nom francisé du plijsalis, plus connu
sous le nom ancien de Coquereï. Voyez ce mot. (J.)
PHYSALIE. (Malacoz.) C'est le nom que M. de Lamarck
donne aux physales. (De B.)
PHYSALION, Phjsalis. {Malacoz.) Quelques auteurs Fran-
çois traduisent ainsi le nom de Phjsalis ou Physale. (De B.)
PHYSALIS. {Bot.) Voyez Coqueret, (L. D.)
PHYSALITHE. (Min.) M. Léonhard , dans sa Minéralogie,
cite ce nom comme synonyme de la pyrophysalite de Berze-
lius, qui est une topase fusible avec bouillonnement, venant
de Finbo et de Brodbo , près Fahlun , en Suède. Voyez
ToPASE. (B.)
PHYSALOÏDES. (Bot) Sous ce nom Mœnch a séparé du
genre Plvysalis des espèces dont le calice est simplement
denté et la corolle un peu campaniforme : ces caractères
ont paru insuffisans pour en former un genre distinct. (J. )
PHYSALUS. (Mamm.) Nom latin spécifique de la baleine
gibbar. Voyez Physale et surtout Cachalot. (F. C)
PHYSAPE, Phj^sapus, (Entom.) Degéer a donné ce nom
au genre d'insectes hémiptères nommé Thrips par la plupart
des entomologistes. (DesiM.)
PHYSAPODES ou VÉSITARSES. {Entom.) Noms d'une
famille d'insectes hémiptères, qui ne renferme que le seul
genre anomal des thrips, et qui a tiré son nom de la singu-
lière conformation des tarses, lesquels sont garnis de petites
vessies , qui font , à ce qu'il paroît, l'usage de petites ventouses ,
à l'aide desquelles l'insecte cidhère sur les surfaces les plus
polies : les mots (pvs'ci signifiant une poche, une vessie, et
TToç , TroS'ûç , pied. Leur caractère est ainsi exprimé : Elytres
plans, étroits, croisés, couchés sur le dos dans l'état de re-
pos; pattes courtes; tarses terminés par des vésicules. Tels
sont les thrips, que nous avons fait figurer dans l'atlas de ce
Dictionnaire, planche 36, fig. ihis. (C. D.)
PHY'SARUM. {Bot.) Genre delà famille des champignons,
créé par Persoon , qui le place dans l'ordre des champignons
dermatocàTpes {gasteronvyci , Link; lycoperdacées), avec les
trichia , les Ljcoperdon. etc. Son caractère générique a été
PII Y i35
rectifié par Link et établi ainsi : Péridium globuleux ou ob-
long, ou évasé, simple ou double; columelle ou axe central
nul; filamens nuls ou fixés vers la base interne; sporidies
ou séminules agglomérées. Les péridiums sont situés sur une
membrane apparente, surtout dans la jeunesse.
Le genre Phjsarum a été formé pour placer quelques es»
pèces des genres Trichia (Capili.ine) , Sphœrocarpus et Re~
ticularia de Bulliard ; Didjmium de Schrader, qui n'avoient
pas les caractères des genres dans lesquels on les avoit placé,
Persoon en portoit le nombre cà seize espèces. Link, en révi-
sant le travail de Persoon et en en faisant un propre sur le
phjsarum, a renvoyé quelques-unes des espèces de cet auteur
et des siennes, qu'il avoit fait connoître antécédemment, aux
genres Leocarpus et Cionium , et, par contre, ramène au
physarum le diderma difforme, Pers. Malgré ces changemens,
le phjsarum oifre cinquante espèces environ , toutes indi-
gènes, et dont on doit la connoissance à Persoon, Link,
Albertini et Schweinifz, Ditmar, Schumacher et Ehrenberg.
Ces plantes sont très-petites, semblables, pour la grandeur,
aux Trichia, Diderma, Leocarpus, etc., genres voisins. On
les rencontre sur les troncs et les branches des arbres , sur
le bois pourri, sur les mousses, etc. Leur péridium est sessile
ou stipité, lisse ou comme farineux etécailleux; il est com-
munément cendré : dans quelques espèces il est vert , orangé ,
blanchâtre , purpurin , etc. Nous ne ferons connoître que
quelques espèces, et, selon notre usage, celles seulement
propres à donner une idée exacte du genre et de ses coupes.
§. 1.^' Péridium sessile et lisse.
1. Physarum CHAINETTE; P/i. coutextum, Pers. , Sjnops. Espèce
d'un iaune citron, formée de péridiums contigus, le plus
souvent comprimé et flexueux , rugueux, s'ouvrant au som-
met en deux parties. On la trouve, en automne, sur la
mousse, les feuilles mortes et les branches tombées, qu'elle
entoure en manière de ceinture ou de chaîne.
,§. 2. Péridiums sessiles et écai lieux,
2. Ph. bivalve : Ph: bivalve, Fers. , Ohi. mjcoL, i , pag. 6,
i56 PHY
tab. 1, fig. 2; Relicularia sinuosa . Bull., Champ,, tab. 446,
fig. 3. Espèce cendrée ou blanchâtre, formée par des péri-
diums irréguliers, souvent semblables à des lignes alongées et
flexucuses. On la trouve, quoique rarement, sur les feuilles
et les branches mortes. Elle se compose de deux lames co-
riaces, unies par un réseau filamenteux, qui contient une
poussière noirâtre.
§. 3. Péridiutn grenu ou écailleux et de couleur
grise,
3. Ph. penché : Ph, nutans , Pers. , Sjn. ; Spliœrocarpus al~
tus, Bull., Champ., tab. 407, fig. 3, et tab. 470, fig. 1 -, Péri-
dium d'abord blanc, puis cendré ou jaunâtre, sphérique ou
lenticulaire, glabre, penché, à surface grenue; stipe d'un
gris blanchâtre ou blanc, quelquefois cylindrique, quelque-
fois renflé à la base. Cette espèce croit sur les feuilles mortes
et sur les troncs d'arbres, après les grandes pluies et quel-
quefois sur les mousses,
§. 4. Péridium grenu ou écailleux et d'autre
couleur que le gris.
il,. Ph. vert: P\i. viride , Pers.; Sphœrocarpus viridis, Bull.,
Champ., pi. 481 , fig. 1. Espèce à péridium vert, sphérique
ou un peu déprimé; stipe grêle, cylindrique, brun ou d'uu
rouge de brique ; membrane de la base grisâtre et très-appa-
rente. Cette espèce se trouve sur les troncs d'arbres morts,
et le plus souvent sur la terre.
§. 5. Péridium stipité et lisse.
6. Ph. vernissé : Ph. vernicosum , Pers., Obs. mjyc, 1 , pK
5 , fig. 7 — 9 ; Lycopeidon fragile , Dicks. , PL crypt. , \ ,
pi. 3 , fig. 5. Espèce à stipes réunis plusieurs ensemble , blan-
châtres , courts; péridiums ovales, brillans et translucides ,
bruns ou d'un jaune fuligineux, quelquefois roussàtre ; mem-:
brane, qui sert de base, blanchâtre. Cette espèce, remar-?
quable par son aspect brillant, croît en automne. dans les
bpis , sur lç$ fei^illes , les branchages tombés et particulière^
PHY i37
ment sur la mousse. 11 y en a une variété à péridîum pres-
que rond et à stipe d'un blanc jaunâtre. Voyez Trichia et
Sph^rocarpus. ( Lem. )
PHYSCHIUM. (Bot.) En examinant avec attention ce genre
de Loureiro, nous avons reconnu que sa plante étoit un
Vallisneria dontil n'avoit pas bien saisi les caractères. Voyez
ce mot. (J.)
PHYSCIA. (Bot.) Genre de la famille des lichens, carac-
térisé par ses expansions membraneuses et foliacées, libres,
glabres ou ciliées sur les bords , divisées en lanières droites,
ou disposées en touifes ou bouquets et quelquefois en pla-
ques, portant sur leurs bords des scutelles sessiles ou pédi-
cules, et des points ou tubercules farineux.
Les phjscia sont de belles espèces de lichens, remarqua-
bles par leur grandeur, leurs couleurs quelquefois vives, leurs
scutelles de couleur différente de celles des expansions. Elles
forment sur les écorces des arbres, les rochers et rarement sur
la terre, des touffes et des plaques nombreuses, qui les revê-
tent de mille couleurs. On en connoît un assez grand nombre
d'espèces , environ quarante à peu près , presque toutes
d'Europe, et dont plus de la moitié se trouve en France.
Une grande partie de ce genre formoit dans le Prodro-
mus d'Acharius une tribu particulière. M. De Candolle y a
joint le platisma du même auteur; mais Acharius , en re-
prenant son premier travail sur les lichens, a remplacé le
phjscia de M. De Candolle par ses genres Borrera, Cetraria ,
Ramalina , Evernia et Dufourea; de plus, quelques espèces ont
été rejetées dans les genres Alectoria, Rocella et Parmelia.
§. 1." Expansions divisées en lanières alongées , cour-
bées par dessous en canal longitudinal. (Borrera,
Achar.)
1. Ph. grenue : P/i. furfuracea , Decand. ; Lichen furfura-
ceus , Linn.; Engl. Bot., pi. 984 ; Lichenoides furfuraceum ,
Hoffin., Lich, , pi. 9 , fig. 2 ; Borrera furfuracea , Ach. , Syn. ;
Dill., Musc, tab. 21 , fig. 62. Expansion membraneuse, d'un
gris cendré en dessus , avec la surface couverte d'une pous-
3 58 PHY
siére formée de très-petits grains noirâtres, globuleux, quel-
quefois rameux, d'un violet noir, réticulé et glabre en des-
sous; découpures ou lanières rameuses, linéaires; scutelles
rares, grandes, concaves, d'un rouge brun, situées sur les
lobes les plus larges. Cette grande et belle espèce se ren-
contre dans les forets montagneuses, sur les rochers et les
troncs des arbres , particulièrement dans les Alpes et les
Pyrénées. Il y en a plusieurs variétés. On pourroit en faire
usage pour teindre la laine en couleur vert-olive.
Les Ph. tenella et ciliaris, communes dans nos environs de
Paris , sont décrites à farticle Borrera comme exemples de
ce genre, ainsi que le Ph. chrjsophthalma.
§. 2. Expansions divisées en lanières planes et
alongées. (Evernia et Ramalina, Ach.)
2. Ph. du prunellier •• Ph. prunastri, Dec.; Lichen pru-
nastri, Linn.; EngL Bot., pi. 869 et i353 (L.stictoceros) ; Dill.,
Musc, tab. 21 , fig. 54, 55 , A; Vaill. , Bot., pi. 20 , fig. 11.
Expansion molle et membraneuse , cendrée-blanchâtre , quel-
quefois verdàtre, ridée, bosselée, d'un blanc de lait en des-
sous, inégalement bifurquée , très - rameuse , à découpures
redressées, linéaires, atténuées et planes; scutelles fort rares,
brunes, marginales; tubercules farineux, marginaux, très-
fréquens. Cette plante, excessivement commune, est cepen-
dant infiniment rare avec les scutelles, et si l'on vouloit une
preuve que ces organes ne sont point nécessaires à la multi-
plication , elle la fourniroit complètement. On en connoit
plusieurs variétés. (Voyez Evernia.)
Cette espèce , qui par son abondance intercepte la trans-
piration de quelques arbres fruitiers, procure à la teinture
une couleur rouge ou de vigogne claire et dorée. Dambour-
nay fait observer qu'en faisant macérer ce lichen dans de
l'urine, on pourroit en tirer quelque chose de mieux. Fors-
kal et Niebuhr rapportent que les Arabes l'emploient pour
faire du pain et de la bière.
3. Ph. FARINEL3E : Ph.farinaceu , Dec; Ramalina farinacea,
Ach. ; Lichen farinaceus , Linn. ; Ach. , in ISov. act. Acad.
Stochh. , vol. i8, pi. 11, fig. 1 ; EngL Bot., pi. 889. Expan-
PHY .39
sion cartilagineuse , gris-cendrée , glauque , à découpures com-
primées ou seiui-cylindriques, glabres, un peu bosselées, bi-
furquées ou rameuses; scutelles éparses, un peu pédiculées
et d'un jaune pâle , couvertes de bouquets ou de tubercules
farineux. Cette espèce offre plusieurs variétés, toutes remar-
quables par 4^ quantité des tubercules farineux qui les re-
couvrent ; elle&,se rencontrent fréquemment et en abondance
sur les arbres et plus rarement sur les vieux murs.
4. Ph. des frênes : Ph. fraxinea , Decand. ; Lichen, fraxi-
neus , Linn. ; Flor. Dan. , pi. 1187 ; Plafisma fraxinea ,
Hoffm.; Lich., pi. 18, fîg. 1 , 2; Dill. , Musc, pi. 22, fig.
29 ; Ram alina fraxinea , Ach. , Synops, , 296. Expansion plane,
linéaire, très-découpée et laciniée , d'un blanc grisâtre ou
verdàtre , glabre, rugueuse, bosselée et comme réticulée des
deux côtés, dernières découpures lancéolées, atténuées; scu-
telles marginales, sessiles , d'un rouge de chair fort pâle,
d'abord concave et lisse , puis ridée , plane ou convexe.
Cette espèce est très-commune sur les arbres, et particulière-
ment sur les vieux chênes , les frênes , les hêtres , les peu-
pliers.
Le PJiyscia fastigiata , Decand.; Lichen fastigiatus , Pers. ,
ou calicaris, Lamk. , est très-voisin du Ph. fraxinea. Il en
diffère par les scutelles sessiles, terminales, munies d'un
petit appendice ou éperon. Cette division offre plusieurs
autres espèces, intéressantes par leur grandeur et leur fré-^
quence.
§. 3. Expansions dwisées en lanières alongées , cour
hées en canal longitudinal en dessous. (Cf.tharij*;,
Sp.j Ach.)
6. Ph. d'Islande : Ph. islandica, Decand.; Lichen islandicus,
Linn.; F/or. Dan., pi. i53, fig. 879; EngL Bot., pl. i33o ;
Lichenoïdes islandicum , Hoffm., Lich., pl. 9, fig. 1 ; Dill.,
Musc, pl. 28, fig. 111, 112. Expansion membraneuse d'un
brun châtain, olivâtre ou verdàtre, d'un rouge brunâtre à
sa base, plus pâle en dessous, droite, rameuse, lobée, à
découpures redressées , presque linéaires, multifides, canali-
culées, dentées, ciliées; les découpures fructifères plus élar-
140 PHY
gies ; scutelles planes , sessiles , appliquées , de même couleur ou
plus foncée que l'expansion , ayant le bord élevé , entier , cilié.
On rencontre cette plante à terre dans les bois montueux, les
prairies montueuses, quelquefois dans les champs arides et
les bruyères. Elle forme des touffes et couvre souvent un
grand espace de terrain, surtout dans le Norc^de l'Europe.
On en trouve en Suède deux variétés : l'une a le bord des
scutelles élevé et denté ; l'autre a le disque des scutelles noir,
plissé et rugueux.
Cette espèce, très-çonnue sous le nom de lichen d'Islande,
est une des plus célèbres de la famille par ses usages. En
Islande, où elle abonde, on la réduit en une farine ou gruau,
que l'on met dans la soupe et dans le pain. Elle est employée
avec succès en pharmacie pour composer des pâtes et des si-
rops pectoraux; bouillie avec du lait, on l'administre sou-
vent dans les maladies de poitrine. La décoction de cette
plante amère , un peu astringente , coupée avec le lait, après
avoir rejeté la première eau , fournit une nourriture légère,
saine, très- recommandée dans la toux, l'hémoptopsie, la
pulmonie, etc. Le pain de lichen, quoique mauvais, est
nourrissant et antiseptique. Les vaches maigres et les co-
chons s'engraissent très-bien en mangeant cette plante nutri-
tive. Nous avons fait connoître son analyse par Berzelius , à
l'article Lichen, tom. XXVI, p. 266, et l'on peut y voir que
l'abondance de fécule que contient cette plante, est la cause
de sa propriété d'être nutritive.
On a cherché à utiliser cette plante dans la teinture; mais
son emploi n'a pas eu de suite. Elle donne une couleur
jaune.
Plusieurs autres lichens de ce genre pourroient remplacer
le phjyscia islandica, et peut-être avec plus d'avantage, par
exemple, le Ph. du frêne, décrit plus haut. Villars fait ob-
server qu'il est si chargé de mucilage , qu'une once de la
plante lui a donné six gros d'une gelée gris - blanchâtre,
dense, solide, d'un goût fade, douceâtre, mêlé d'amer-
tume.
PHY Ut
§. 4. Expansions divisées en lohes arrondis ou dé-
chiquetés irrégulièrement. (Getrari^, Sp., Ach. )
6. Le Ph. du genévrier : P?i. juniperina, Dec; Lichen juni-
perinus, Linn. ; HofFm., Eniim. Lich., pi. 7 , fig. 2 [squammaria).
Expansion d'un jaune vif, surtout en dessous, membraneuse,
glabre, un peu bosselée, à découpures nombreuses, planes,
redressées, comme déchiquetées, crénelées et crépues: scu-
telles situées vers l'extrémité des découpures, élevées, d'un
roux brun, avec une bordure jaune, crénelée. Cette espèce,
très-élégante, se trouve sur les troncs et les rameaux des ar-
brisseaux, et principalement sur le genévrier.
Le lichen pinastri , Scop. ou phjyscia pinastri, Decand., est,
selon Acharius , une variété du Ph. juniperina, qui se dis-
tingue par sa couleur jaune jonquille, quelquefois un peu
verdàtre , et par son expansion chargée en ses bords d'une
grande quantité de tubercules pulvérulens , d'un jaune ex-
trêmement vif. Elle n'a jamais présenté de scutelles. On la
trouve particulièrement dans les montagnes, sur les troncs
des pins, des sapins et des mélèzes, mais près de terre.
7. Ph. glauque : Ph. glauca, Decand. ; Lichen glaucus , Linn. ;
Flor. Dan. , tab. 698; Hoffm. , Enum. lich., pi. 20, fig. 1;
Celraria glauca , Ach. ; Dill. , Musc, pi. 2 5 , fig. 96 ; Vaill. , Bot.
Par., pi. 21 , fig. 12. Expansion membraneuse, lisse des deux
côtés, luisante, d'un blanc grisâtre, glauque en dessus, d'un
noir brun en dessous , étendue , sinuée et lobée, à découpures
incisées , déchiquetées , ascendans , entremêlées et comme cris-
pées; scutelles éparses, élevées, fauves ou rouge-bruns. Cette
espèce forme sur les rochers de grandes plaques. Ses scu-
telles ont un rebord grenu et grisâtre , produit par l'expan-
sion elle-même. On la trouve aussi fort communément sur
les arbres ; mais elle s'y présente plus petite et toujours sans
scutelles.
Le Physcia fallax , Decand., est une variété du Ph. glauca,
suivant Acharius. Il est figuré dans Dillen. , Musc, pi. 22,
fig. 58. Voyez aussi Micheli , Gen. , pi. 07, et Hoffm., Ph.
lich., pi. 46, fig. 1 — 3. (Lem.)
PHYSE, Physa. (Malacoz.) Genre de malacozoaires sub-
céphalés, de l'ordre des pulmobranches, famille des lim-
^/|2 PIIY
nées, établi par Draparnaud, dans son Prodrome de l'his-
toire des mollusques terrestres et fluviatiles de France, mais
qu'Adanson (Sénég. , p. 5) avoit parfaitement établi, bien
auparavant, sous le nom de Bulin. Nous le caractérisons ainsi :
Animal presque en tout semblable aux limnées ; tentacules
subconiques ou sétacés , élargis à la base ; manteau digité ou
simple sur ses bords', pouvant se recourber en dessus et re-
couvrir plus ou moins la coquille ; coquille souvent séniestre,
ovale, oblongue ou globuleuse, parfaitement lisse; ouver-
ture ovale, entière, rétrécie postérieurement; le bord ex-
terne tranchant, avancé au-dessous du plan du bord colu-
meKaire et s'élargissant pour se joindre à la partie anté-
rieure de celui-ci. L'animal des physes est réellement in-
termédiaire à celui des limnées et à celui des planorbes ,
c'est-à-dire, qu'il est ovale et enroulé, comme les limnées;
mais que ses tentacules sont à peu près situés comme dans
les planorbes. Quant à la coquille, elle a quelque chose de
celle des bulles par sa minceur, sa fragilité et même un peu
par sa forme ; mais sa spire est constamment saillante. Elle
est d'ailleurs presque toujours sénestre. La petitesse des
physes de nos pays n'a pas permis d'en scruter l'organisa-
tion ; mais nul doute qu'elle ne diffère que très - peu de
celle des limnées. Ce sont des animaux d'eau douce, respi-
rant l'air en nature et nageant avec la plus grande facilité,
le pied en haut, le dos et la coquille en bas, tout-à-fait à la
manière des limnées. Ils se nourrissent également de subs-
tances végétales et ils pondent aussi un assez petit nombre
d'œufs, réunis en une petite masse glaireuse.
On connoît un assez petit nombre d'espèces de ce genre;
mais comme il avoit été assez négligé jnsque dans ces derniers
temps, il est probable que le nombre s'en augmentera bien-
tôt. On en connoit déjà dans la Nouvelle-Hollande et dans
l'Amérique septentrionale, et même en Afrique, dont M.
de Lamarck ne parle pas.
A. Espèces suhtui^t^iculées , sans pli à la columelle.
La P. DES MOUSSES : P. hy^noTum, Drap., Moll., pi. 3, fig.
12, i3 ; Bulla turrita , Linn. ; Gmel. , page 3428, n." 20.
Petite coquille alongée , conique, sénestre, sujîturriculée,
PHY i45
à spire aiguë, de couleur fauve ou jaunâtre, avec un peu
de blanc à la columelle.
De toutes les parties de la France, où elle vit sur les
mousses , les herbes des vallées et dans les rivières elles-
mêmes.
La P. étroite; P.angustata, Lesson. Petite coquille de quatre
à cinq lignes de long sur deux et demie de large, mince,
striée, étroite, alongée , subturriculée ; tours despire renflés
et très-distincts ; le dernier égalant les quatre autres pris en-
semble ; ouverture assez courte, ovale et presque semblable
aux deux extrémités; couleur d'un blanc verdàtre. De l'ex-
pédition du capitaine Duperrey. Elle ressemble beaucoup à
une limnée alongée , qui seroit sénestre.
B. Espèces ovales ou ventrues, avec une torsion
de la columelle.
La P,- MARRON : P. castanea, de Lamarck , Anim. sans vert. ,
tom. 6 , part. 2 , pag. i56 , n.° 1 ; Enc. méth. , pi. 469 , fig. i ,
a, b. Coquille de neuf à dix lignes de long, jaunâtre, ovale-
oblongue, ventrue, très-mince, pellucide , à spire assez
courte , à sommet carié ; couleur châtaine.
De la Garonne. Diffère- t-elle réellement de la Ph. aiguè'
de Draparnaud ?
La P. AIGUË; P. acuta, Drap., loc. cit., page 55, pi. 3, fig,
10, 11. Coquille assez grande pour le genre (huit à dix
lignes), sénestre, ovale, ventrue, striée, un peu solide; à
spire aiguë, très- courte, de cinq tours, dont le dernier
beaucoup plus grand que tous les autres; columelle forte-
ment tordue; le bord externe submarginé en dedans. Cou-
leur un peu cendrée.
De la Garonne et des rivières qui s'y jettent.
La P. SOBOPAQUE ; p. suhopaqua , de Lamarck , loc. cit. , n." 4.
Coquille très-petite (quatre lignes et demie), sénestre, ovale ,
semi-pellucide, à quatre tours de spire; celle-ci un peu sail-
lante. Couleur fauve pâle.
Des eaux stagnantes des environs de Montpellier.
La P. DES FONTAINES : P. fontinalis , Bulla fontinalis, Linn. ;
Gmel. , page 3427, n." 18; Drap., Moll., pi. 3, fig. 8, 9.
Coquille petite (six lignes), sénestre, ovale, ventrue, dia-
M4 PHY
pliane, de quatre tours de spire; celle-ci très -courte et ob-
tuse. Couleur de corne pâle. Le manteau de l'animal est
pourvu de languettes linéaires, qui se recourbent sur la co-
quille quand il rampe.
Dans les eaux des sources et des ruisseaux de toute la
France.
La P. DES sot3RCEs; P. scaturiginuni ^ Drap., loc. cit., pi. 3,
£g. 12, i5. Très-petite coquille ovale, très-lisse, diaphane,
assez alongée ; aspire courte, légèrement obtuse au sommet.
Couleur blanchâtre , avec une teinte jaune.
Des sources froides des montagnes.
La P. d'Adanson : P. Adansonii ; le Bulin , Adans., Sénég. ,
page 5, pi. 1. Très-petite coquille (une ligne et demie de
long), ovoïde, luisante , mince , transparente, sénestre; à
suture presque canaliculée ; à sommet pointu. Couleur fauve,
quelquefois pointillce de noir vers l'ouverture.
Très- commune dans les marais et les étangs de P^dor au
Sénégal.
Adanson décrit très- bien l'animal de cette coquille, ainsi
que ses mœurs et ses habitudes. Il en fait le rapprochement
exact avec l'espèce connue dans nos pays; il le place près
du planorbe, qu'il nomme coret ; cependant Draparnaud ne
le cite pas, et le genre, établi par celui-ci, a prévalu. C'est
en parlant de ce petit animal qu'Adanson a fait l'observa-
tion curieuse que tous les ans, dans la saison pluvieuse, les
individus sont tellement abondans, qu'on en peut prendre
d'un coup de main plusieurs milliers , quoique le terrain
inondé où ils se trouvent, eût été, pendant les six mois pré-
cédens, desséché et brûlé par le soleil le plus cuisant. Ce
qui confirme l'expérience de M. Leechs sur la faculté qu'ont
les œui's de mollusques, de résister à une dessiccation consi-
dérable.
La P. DELA Nouvelle- Hollande ; P. JSSovœ-Hollandiœ , PI.
du Dict., EllipsostOxMEs. Coquille grande (un pouce au moins
de long), ovale, lisse, à spire très-courte, obtuse, de quatre
tours , dont le dernier est huit fois aussi grand que tous les
autres pris ensemble ; columelle nue , tordue. Couleur brune
assez foncée ; la columelle d'un beau blanc.
Des rivières de la Nouvelle- Hollande.
PHY U5
La P. DE Say : p. Say ; Limnœa heterostropha , Say , Enc.
amer., Concholopj, pi. i, lig. 6. Coquille sénestre , ovale,
un peu alongée , à spire très- courte, pointue-, ouverture
ovale , alongée, avec un pli subonibiliqué à la coluuielle t
un épaiss'ssement en dedans du bord ext. rne., Couleur jaune
pâle, quelquefois noirâtre; lèvre externe teinte d'un rouge
foncé.
Dans la Delavvare et d'autres rivières des Etats - Unis,
(Dk B.)
PHYSE. (Foss.) Les coquilles de ce genre se rencontrent
à l'état fossile dans les terrains lacustres postérieurs à la craie,
La plus grande espèce que l'on connoisse , et qui a près de
deux pouces et demi de longueur, se trouve dans les marnes
calcaires blanches de la montagne d'Epernon près Epernay.
Dans la Description des coquilles fossiles des environs de Paris ,
M. Deshayes lui a donné le nom de physe columellaire , Physa
columelluris , et il en a donné la figure pi. lo , n.°* ) i et 12 de
cet ouvrage. Elle est élancée, turriculée, très-fragile, lisse et
tournée à gauche ; l'ouverture est ovale , aiguë postérieurement ;
la lèvre est très-mince, peu recouvrante; la columelle est
lisse, tordue dans son milieu, où elle s'aplatit en s'élargissant,
pour se confondre avec le bord columellaire, qui est bordé.
Il est rare de trouver cette coquille entière.
M. de Férussac a été le premier à indiquer ce genre à l'état
fossile: une espèce q\i'on trouve dans les terrains d'eau douce
de Lauzerte, est Panalogue du phjsa hjpnorum deDraparnaud ,
bulla hypnorum , Linné.
M. de Férussac a trouvé dans le bassin d'Épernay une autre
espèce, à laquelle il a donnéle nom àe phjsa antiqua. (D.F.)
PHYSENA. {Bot.) Petit -Thouars, Nov. gen, Madag,, page
6, n." 20. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incom-
plètes, dont la famille naturelle n'est point encore connue,
de la polyandrie digynie de Linnaeus, offrant pour caractère
essentiel : Un calice fort petit, à cinq ou six divisions ; point
de corolle; dix à douze étamines et plus, beaucoup plus
longues que le calice; les fîlamens foibles, très-fins; les an-
thères oblongucs , acuminées; un ovaire supérieur fort petit,
à quatre ovules, surmonté de deux styles linéaires; un pé-
ricarpe testacé, fragile, enflé, membraneux, acuminé , à
A o . 10
HG PHY
une seule loge , ne renfermant qu'une seule semence épaîsje,
attachée au fond du péricarpe, qui , après la chute de ce
dernier, devient libre. Son tégument est coriace, toraen-
teux, charnu, traversé par une bande glabre, longitudinale;
la radicule est latérale , protubérante ; les cotylédons sont
charnus , réunis en une masse solide. Ces fruits portent le
nom de varontha.
Ce genre a été établi par M. Du Petit-Thouars pour un
arbrisseau de l'ile de Madagascar, dont les feuilles sont al-
ternes, médiocrement pétiolées , ovales, aiguës, ondulées à
leurs bords, (Poir.)
PHYSÈTE. (Ornith.) Voyez Macagua. (Ch. D.)
PHYSETÈRE. (Mamm.) Les ancieus Grecs donnoient ce nom,
qui signifie souffleur, à une espèce de cétacé. Ensuite il est
devenu générique pour les cachalots, et enfin, M. de Lacépède
l'a restreint à une des divisions de ces animaux. Voyez Ca-
chalot. (F. C. )
PHYSICARPOS. (Bot.) Ce genre de M. Sprengel est le même
que 1& hovea de M. R. Brown, voisin de la crotalaire. ( J.)
PHY'SIDIUM. {Bot.) Ce genre de Schrader est le même
que Vangelomia de la Flore équinoxiale, qui fait partie de la
famille des scrophularinées ou personées. (J.)
PHYSIDRUM. (Bot.) Corps solitaire, membraneux, en
forme de vessie élastique, imperforée, pleine d'une liqueur
aqueuse , dans laquelle nagent les séminules. Lorsque la
plante est arrivée au degré nécessaire de développement,
elle crève pour laisser écouler le liquide intérieur. Ces vé-
gétaux, qui se rapprochent des ulva, valonia etrivularia, crois-
sent dans la Méditerranée, sur les côtes de la Sicile, fixés
aux pierres et sur les zoophytes. Rafinesque, à qui on doit
ce genre, en décrit quatre espèces.
Le Ph. pisiFORME. Il est sessile , pisiforme, sphérique et
d'un vert opaque;
Le Ph. hyalinum est sessile , ovale , transparent et bril-
lant;
Le Ph. ruhens est rougeâtre , sphérique , opaque et pédi-
cule ;
Le Ph. aggregatum est ovale ou sphérique ; vert, presque
diaphane.
PHY Î/.7
Rafînesque-Schmaltz forme de ce genre , auquel il^ associe
ses autres genres Plvyxalium , Mjriosidrum , Vermillara et Phj-
sotris , son groupe des physidrées, qu'il dit tenir le milieu
entre les rivulinées ou rxvulaircs , et les corallinées, qui com-
prennent le ^enre Corallina^ Linn. , de la classe des zoo-
phytes. ( Lem. )
PHYSIGLOCHIS. {Bot.) Les espèces de laiche, carex , à
fleurs dioïques , avoient été séparées sous ce nom générique
par Necker. (J.)
PHYSIOLOGIE. {Anat. et Phys.) Voyez Science de l'ojiga-
>'ISATr0N ET DE LA VIE. (F.)
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. (Bot.) Science qui a pour
objet la connoissance de la structure et des fonctions des
organes dans les végétaux. Voyez l'article Botanique , t. V,
p. 177 et suivantes. (Mass.)
PHYSIQUE. Suivant son étymologie grecque, ce mot dé-
signe la science de la nature, science que les auteurs latins
nommoient philosophie naturelle (voyez Sénéque , lettre Sg.*"),
et dont l'objet étoit d'abord l'explication de tous les phéno-
mènes que présente l'universalité des corps, ainsi qu'on le
voit dans ce passage de Cicéron : «Ils (Aristote et ses disci-
« pies) se sont tellement appliqués à la recherche de la na-
« ture, qu'à parler poétiquement, il n'y a rien ni dans le
« ciel, ni dans la mer, ni dans la terre, qu'ils aient passé
« sous silence.* {De Jinibus, lih. V, cap. 7.)
La dénomination de philosophie naturelle s'est principa-
lement conservée en Angleterre, sans doute à cause que le
jnot phj^sique y désigne le plus souvent la médecine; et,
quant à l'étendue de l'acception, elle est à peu près la même
que chez les anciens, du moins suivant la définition qu'en a
donnée Maclaurin . géomètre célèbre. «Décrire, dit-il, les
n phénomènes de la nature, exposer leurs causes, indiquer
« les relations *et les dépendances de ces causes, et recher-
« cher la constitution de l'univers; tel est le but de la phi-
« losophie naturelle. * {An account of sir Isaac Newton's
philosophical discoi'eries , p. 3.)
Mais pour y parvenir , jusqu'à Descartes inclusivement,
les philosophes, partant de principes qu'ils posaient à leur
gré, et dont ils ne tiroient presque jamais que des coiisé-
M8 PHY
quences vagues, qu'ils u'avoient pas la patience ni même les
moyens de vérifier par les faits, s'égarèrent de système en
système, et ne mirent guères au jour que des erreurs. Ils
ont eu, comme Descartes, le «dessein d'expliquer les effets
« par leurs causes et non les cm ses par leurs effets^* {Les
principes de la philosophie , S/ partie, §.4), ce qui est pré-
cisément le contraire de la marche qui a conduit Newton
à la découverte des lois du mouvement des corps célestes.
On lit dans la préface de la première édition des Principes
mathématiques de la philosophie naturelle i que f< toute la ditfi-
« culte de la philosophie paroit consister à trouver les forces
« qu'emploie la nature, par les phénomènes du mouvement
» que nous coniioissons , et à démontrer ensuite par là les
« autres phénomènes. >^ Aussi à la fin de cet immortel ouvrage
a-t-il pu dire: «Je n'imagine point d'hypothèses; tout ce qui
« ne se déduit point des phénomènes est une hypothèse, elles
« hypothèses .... ne doivent pas être reçues dans la philoso-
« phie expérimentale.^^ J'ajouterai, la seule qui mérite d'être
cultivée, parce qu'elle comprend aussi tout ce qu'il y a de
vrai et d'utile dans la philosophie dite rationnelle, comme
dans les sciences physiques; car, dans toutes nos connois-
sances, il faut commencer par les faits, et y revenir souvent
pour assurer ses pas et constater ses progrès.
La grande étendue, qu'ont acquise les diverses branches
de l'étude de la nature, a fait restreindre la physique à la
connoissance des propriétés les plus générales des corps,
ct-ltes qui se manifestent par elles-mêmes, sans qu'il soit
besoin de diviser les corps, afin de mettre leurs molécules
en contact. C'est du moins par cette considération qu'on sé-
pare le mieux la physique de la chimie, avec laquelle elle
a de tels rapports, qu^on a quelquefois appelé la première
phjsique générale, et la seconde physique particulière , en com-
prenant encore dans celle-ci la physiologie , 'qui est la ph)-
sique particulière de corps organisés. ( Voyez PHYsior.oGiE. ' )
Considérant ensuite que la plupart des phénomènes dé-
I Ce mot, qui signifie discours sur la nature , a été quelquefois
appliqué à la philosophie naturelle, et l'on a donné le nom de phj'-
siolvgistes aux premieis qui s'en sont occupes.
PU Y M9
pendent de l'étendue, de la durée, et offrent des circons-
tances susceptibles de mesure, qui donnent lieu à d'heu-
reuses et fréquentes applications de la science des grandeurs,
on a fait de cet ensemble la phjsique malhématique , ou plus
spécialement encore la phjsique mécanique.
J,e j)rogramme , inséré dans V Introduction ( tome I." ) ,
indique de quelle manière on a cru devoir exposer dans cet
ouvrage les résultats fondamentaux de la physique; on y voit,
mais dans Tordre alphabétique, la liste des principaux arti-
cles, où les phénomènes sont décrits. Je crois devoir encore
insérer ici cette liste, pour l'étendre et la disposer dans un
ordre méthodique, savoir:
Matière, Porosité, Ressort, Mouvement, Fluide, Pesanteur ,
Air, Feu, Lumière, Température, Électricité, Magnétisme,
Méiéores, Système du monde, Tubes capillaires. (L. C.)
PHYSOCARPUM. {Bot.) M. De Candolle donne ce nom à
Tune des trois sections établies par lui dans le genre Thalic-
trum , laquelle est caractérisée par les graines ou fruits non
anguleux, mais renflés en vessie: les espèces de cette section
sont exotiques, originaires du Pérou.
Necker a aussi fait du Ijchnis dioica un genre, sous le nom
de Phjsocarpon , qui n'a pas été admis. (J.)
PHYSODES. [Entom. et Crust.) Nom que nous avions donné,
d'après Fabricius , à un genre cPinsectes aptères, de la famille
des polygnathes ou quadricornes , correspondant au groupe
désigné par M. Latreille sous le nom d'asellotes. Ce sont des
cloportes aquatiques dont le corps est peu convexe, alongé,
et les quatre antennes visibles et sur une même ligne; les
palpes saillans sur le dernier article du corps, beaucoup plus
grand que les autres. On les a depuis rangés parmi les crus-
tacés isopodes, et dans les genres Cymodocée, Cilicée, Nélo-
cire et Anilocre : au reste, puisque l'occasion s'en présente,
nous ferons remarquer la bizarrerie des noms employés par
M. Leach, qui semble s'être fait un plaisir de prendre abso-
lument les mêmes lettres qui composent les noms de genres,
pour établir les dénominations de ISelocira, Nerocila, Olen-
cira, Anilocre, Cirolane, Rocinela, Canolire , Conilera, qui ne
présentent qu'un jeu de lettres sans aucun sens. M. Desma-
rest, dans l'article Malacosxracés de ce Dictionnaire, tome
,5o PHY
XXVin, page 379, a adopté le nom de genre Aselle de Fa-
bricius pour indiquer l'espèce de physode, nom sous lequel
se trouve inscrit l'insecte figuré dans l'atlas des insectes;
planche 58, n.° 2. (C. D.)
PHYSOON, Pliysoon, (Actinoz.?) Genre proposé par M.
Rafinesque et caractérisé ainsi : Corps renllé, couvert de
tentacules prenans ; bouche pourvue de cinq petits tuber-
cules intérieurs; anus terminal ; ce qui paroît devoir le faire
j-approcher des holothuries. Il y place deux espèces, toutes
deux des mers de Sicile ; l'une qu'il nomme
P. ÉCHINÉ, P. échinât us , et l'autre P. fusiforme, P. fusi-
formis. (De B.)
PHYSOSPERMUM. (Bo/.)Cusson vouloit, sous ce nom géné-
rique, séparer du ligusticuni austriacum de Linnseus le Ugitsli-
cum alterum de Lobel , qu'il distinguoit par un interstice
existant entre les deux tuniques recouvrant la graine. (J, )
PHYSOTRIS. [Bot.) Tige ramifiée, portant de petites vé-
sicules, qui renferment des séminules, nageant dans un li-
quide, Rafinesque-Schmaltz rapporte à ce genre, qu'il dit
très-voisin de ses genres Vhysidrum et Mjrsidrum, diverses
espèces de fucus; mais il n'en indique que deux :
1." Le Ph. agglomeratus , plante marine de la côte de Si-
cile, d'un rouge obscur, à tige irrégulièrement rameuse,
flexueuse, comprimée, d'un pied de longueur, à rameaux
alternes et à vessies groupées, sessiles et opaques.
2° Le Ph, capitatus. Il a la tige rameuse, presque dicho-
tome, filiforme; les vessies solitaires , terminales , globuleuses,
inégales. Cette espèce croit sur les côtes de Sicile.
Les fucus elongatus et longissimus paroissent être les types
de ce genre. ( Lem.)
PHYSSOPHORE, Phj'ssophora. (Malacoz.?) Genre établi
par Forskal, dans sa Faune arabique, page 119, pour un
animal fort singulier , très^rapproché des physales, mais mal-
heureusement trop incomplètement connu pour qu'on puisse
le définir d'une manière un peu rigoureuse. Voici la ca-
ractéristique de Forskal : Corps libre, gélatineux, suspendu
à une vessie aérienne ; à membres gélatineux , sessiles sur
les côtés et à plusieurs tentacules inférieurs ; et voici la des-
cription qu'il donne de l'espèce qu'il a observée et qu'il a
PHY i5t
aommée la P. hydrostatique, P. hjdrostatica , Faun. arah.,
p. 1 19, Icon., t. 33 , fig. e 1 ete2 , cop. dans TEncméth., pi. 89 ,
fig. 7 — g. Corps de l'épaisseur d'un pouce , sur une longueur
d'un pouce et demi, ovale, comprimé, terminé supérieure-
ment par une vésicule ovale, oblongue , de la grosseur d'une
plume de pigeon , droite, saillante et toujours pleine d'air; de
chaque côté sont des vessies hyalines, trilobées l'une sur l'autre :
il y en a trois d'un côté et cinq obliques de l'autre; mais, pro-
bablement, par quelque disposition irrégulière. L'extrémité
inférieure est tronquée et terminée par une bouche orbicu-
laire , à limbe rétractile et dilatable. L'intestin médian , plus
étroit qu'une plume de pigeon, s'étend de la vésicule termi-
nale à un estomac globuleux; il est filiforme, hyalin vers
sa pointe, rouge dans le reste de son étendue et plus épais
à sa base. L'estomac proprement dit , situé à la partie
inférieure, entre les vessies trilobées, est globuleux , excavé,
rouge à son orifice orbiculaire ; il est accompagné par des
papilles blanches, contournées, quand elles ne sont pas bien
étendues, etpar des vésicules globuleuses du diamètre de l'in-
testin ; cinq d'un côté et quatre de l'autre. Les tentacules les
plus grands sont en dessous , sur les côtés de l'estomac, et de
couleur rouge, au nombre de trois d'un côté, dont deux plus
grands, de la longueur d'un pouce, et l'autre plus court,
de la grosseur d'une plume de pigeon, épaissis dans leur mi-
lieu ; ils se terminent par un renflement blanc ; de l'autre
côté il y en a deux plus petits; l'un ouvert au sommet, le se-
cond plus étroit que l'intestin, subulé et d'un demi- pouce
de long.
Forskal ajoute qu'il en a vu un autre individu avec des
tentacules plus grands et presque égaux.
Le mode de locomotion de cet animal est, dit le même
observateur, fort singulier. Le physsophore est toujours à la
surface de l'eau , au moyen de sa vessie supérieure pleine
d'air; celles qui sont trilobées, stint toujours dans une sorte
de mouvement de tremblement, en rentrant et sortant les
bords de la bouche; il étend et tord les tentacules de l'esto-
mac et dirige ses cornes vers tous les points.
Forskal décrit encore une autre espèce de physsophore ,
la P. ROSACÉE, P. rosacea, Enc. méth., pi. 89, fig. 10, 11,
i52 PHY
assez semblable à une fleur : la vessie aérienne est ovale, ob-
tuse et rous.s:\tre ; elle est entourée d'espèces de feuilles ses-
siles, obtuses, planes, im peu courbées, sur plusieurs séries,
d'un demi-pouce de long, et pourvue en dessous de quelques
tentacules filiformes, brunâtres, extrêmement extensibles,
souvent plus longs que les folioles.
Quant à sa P. filiforme, P. filiformis , Enc. méth., pi. 89,
fig. 12, elle me paroît appartenir au genre Stéphanomie.
(Vo^-ez ce mot et surfout celui de Physale , où nous avons
montré les rapprochcmens qu'il y a entre ces genres, et à
quelle partie de la série animale ils appartiennent.)
MM. Péron et Lesueur ont ajouté à ce genre une nouvelle
espèce, qu'ils nomment P. muzonema, P. muzonema , figurée
dans l'atlas du Voyage aux Terres australes, pi. 2C) , fig. 4.
Elle est oblongue, portant des lobes distiques sur les côtés,
et sa base, plus ample, est multilide et tentaculée.
De l'océan Atlantique. (De B.)
PHYTADELGES ou PLANTISUGES. [Entom.) Nous avons
désigné sous ces noms, empruntés l'un du grec et Pautre du
latin , une famille d'insectes hémiptères à ailes membra-
neuses, à peu près d'égale consistance, non croisées, n'ayant
au plus que deux articles aux tarses.
Leur nom dérive des mots (^utov, plante, et d'acTïA^o, je
suce, ou des mots plantarum suga ou suce-plante.
Ces insectes sont compris dans cinq petits genres très-
faciles à distinguer les uns des autres. I,eur bec ou suçoir,
qu'on nomme rostrtim en latin , paroit prendre son origine à la
base de la tête en dessous, au-devant du corselet, ou sous le
col, comme dans les cigales. La plupart des espèces sont très-
Jentes et restent souvent fixées sur les végétaux, au lieu même
oii elles ont été déposées par leur mère, soit tout-a-fait motiles,
,soit sous la forme d'œufs. Il en est beaucoup qui n'ont pas
d'ailes, au moins dms le sexe femelle, et dont les pattes, très-
courtes, ne peuvent tout «u plus servir qu'à les retenir sur
les feuilles ou sur les écorces , tels sont les gallinsectes, les
cochenilles femelles, les chermès, les psylles. D'autres, comme
les pucerons, les aleyrodes, peuvent, à l'aide de leurs ailes , se
transporter d'une plante à une autre. Le mode de génération
de ces insectes est des plus curieux a connoîfre. (V. Pucerox.)
PHY ^53
Nous divisons les insectes qui appartiennent à cette famille,
par la différence de leurs ailes, qui sont tantôt nues, tantôt
couvertes d'une sorte de poussière, ensuite par la confor-
mation de la tête ou la disposition de l'extrémité libre de
leur abdomen.
Nous avons fait représenter les insectes qui composent
cette famille des phytadeiges, sur la planche Sg de l'atlas qui
fait partie de ce Dictionnaire.
Voici le tableau synoptique qui peut servir à la détermi-
nation des genres par leurs caractères essentiels.
Phytadelges ou Plantisuges.
Hémiptères à ailes semblables, non croisées, souvent étendues, trans-
parentes; bec paroissant naître du cou; tarses à deux articles.
icouvertesd'écailles farineuses comme les lépidopii-res. i . Aleyrode.
j grosses , coniaie faisant partie du front. 4. Chermès.
nuesou nulles,! l mamelons 3. Puceron.
^"'^""" (anl'/rru; soies; front 1^—1-- • 5- Ps-c-
^ (entier... 2. Cocheisille.
X'^oyez les noms de chacun de ces genres. (C. D.)
PHYTELEPHAS. ( Bot. ) Ce genre de la Flore du Pérou ,
nommé elephantusia par WiUdenow, a déjà été décrit dans
ce Dictionnaire sous ce dernier nom. (J.)
PHYTELEPHCIS. (Bot.) Voyez Elephantusia. (Poia.)
PHYTELIS, Ph^telis. {Corallin. ?) M. Rafinesque a désigné
sous ce nom un genre de corps marins que l'on trouve assez
communément en forme d'expansions crustacées, irrégulières,
à la surface des thalassiophytes, et qui paroit ne pas diflerer,
comme le fait justement observer M. Desmarest, du genre
Mélobésie de M. Lamouroux (voyez ce mot). Malheureuse-
ment il est assez difficile de se faire une idée suffisante de
ces corps, à la surface desquels se remarquent des petiis tu-
bercules poreux et irrégulièrement épais, que M. Rafi-
nesque, dans la définition de son genre, nomme des fructi-
fications, probablement parce qu'il le range parmi les plantes
marines. M. Lamouroux, au contraire, en fait des coralliaes :
manière de voir qui n'est pas beaucoup plus admissible que
l'autre. Quoi qu'il en soit, M. Rafinesque caractérise six es-
pèces de phytelis; parmi lesquelles il se pourroit qu'il y eût
i54 PHY
(les reufs àe mollusques : i.° la P. radicée , P. raàicala. tuber-
cules disposés presque régulièrement en lignes divergentes;
2." la P. SILLONNÉE , P. sulcdta : petits sillons et petits tuber-
cules, épars irrégulièrement; 3.° la P. noire, P. nigra ; tu-
bercules presque égaux, ronds, convexes, charnus, sur une
expansion noire; 4.° la P. macrocarpe, P. macrocarpa : blan-
châtre, à tubercules gros et alongés ; 5." la P. granuleuse,
P. granulosa ; tubercules fort rapprochés; 6." la P. tubercu-
leuse, P. tuherciilosa : tubercules écartés, convexes et bombés.
(De B.)
PHVTEUMA. (Bot.) La plante ainsi nommée par Diosco-
ride est, selon Columna, une scabieuse, scabiosa columbaria.
Gesner et Lobel citent sous le nom de plvyteuma monspelien-
sium le reseda phyteuma de Linnaeus ; V antirrhin um orontium
est un phyteuma selon Belli , cité par Chisius et C. Bauhin.
Le même nom est donné par Matthiole et d'autres au carri'
panula perfoltata: enfin, ce que ce dernier nommoit rapun-
culus, ainsi que Tournefort, étoit le phyteuma de Césalpin ,
et c'est à cette plante et à ses congénères que Linnaeus a con-
servé ce nom. Voyez Raiponce. (.J. )
PHYTEUMOFSIS. ( Bot. ) Ce nom , inscrit par Michaux au
bas d'une planche représentant une plante composée, avoit
été changé par lui dans le texte de l'ouvrage en celui de
persoonia, que l'on a abandonné pour lui substituer celui de
marshallia . donné par M. Pursh à des plantes congénères. On
retrouve encore le nom phjteumopsis reproduit pour les mêmes
plantes dans le Supplément de l'Encyclopédie méthodique. (J.)
PHYTEUOÏDES. {Bot.) Plukenet, dans son Almageste ,
pi. 2i5, fig. ) , donne ce nom au scoparia dulcis , Linn. (Lem.)
PHYTIBRANCHES. (Crust.) M. Latreille adonné ce nom
à une division de Pordre des crustacés isopodes, qui corres-
pond à notre première section de cet ordre, et qui com-
prend les genres Typhis, Ancée , Pranize , Euphée et Jone.
Voyez l'article Malacostracés , tome XXVIII , page 366 et
suivantes. (Desm.)
PHYTOBASILA. (J9o/.) Un des noms anciens du leonto-
podium de Dioscoride, suivant Ruellius. (J. )
PHYÏOCOMA. (Bot.) Nom donné par Donati à un genre
de la famille des algues, qu'il établit pour placer Vabics ma-
PHY ^55
rina ou gongolara d'Imperato, c'est-à-cllre le fucus ericoides ,
Linn. Ce genre de Donati diffère de celui qu'il a nommé
Virsoides, par la sphéricité de ses fruits. Ces deux genres ren-
trent dans la première section des fucus, selon la méthode
de Lamouroux, et dans le genre Cfstoseira, d'Agardh. (Lem.)
PHYTOCONIS. {Bot.) Poussière végétale, en grec. Genre
proposé autrefois par Bory de Saint- Vincent pour placer
quelques espèces pulvérulentes du genre Bjsshs de Linnœus,
et qui depuis en ont été également séparées pour être placées,
soit dans les lichens, particulièrement dans le genre Lepra-
ria , soit dans les algues articules, ou même dans le genre
Oscillatoria. l,e Phytoconis est le même que le Coccodea de
Palisot-Beauvois , décrit dans ce Dictionnaire aux mots Coc-
CODÉE et Lepraria. ( Lem.)
PHYTOLAQUE ; Phjtholacca , Linn. ( Bof. ) Genre de
plantes dicotylédones apétales, de la famille des alriplicées,
Juss. , et de la décandrie décagynie du Système sexuel, qui
a pour principaux caractères : Un calice coloré, persistant,
à cinq divisions concaves; point de corolle; huit à dix et
même jusqu'à vingt étamines , à filamens subulés , portant
des anthères arrondies ; un ovaire orbiculaire , déprimé ,
surmonté de huit à dix styles; une baie arrondie, compri-
mée, marquée de huit à dix sillons longitudinaux, et divisée
en autant de loges contenant chacune une seule graine réni-
forme.
Les phytolaques sont des arbustes ou des plantes herba-
cées, à feuilles entières, et à fleurs petites, disposées en
grappes ordinairement opposées aux feuilles. On en connoit
huit espèces, toutes exotiques à l'Europe, mais dont une s'est
naturalisée dans plusieurs de ses parties méridionales , au
point d'y croître aussi abondamment que si elle étoit indi-
gène ; c'est la suivante :
Phytholaque a dix étamines , vulgairement Raisin d'Amé-
RIQDE , MOREI-LE EN GRAPPE, HeRBE DE LA LAQUE , MÉCHOACAtC
DU Canada; Phjytolacca decandra, Linn., Spec. 63 1. Sa ra-
cine est épaisse , charnue, vivace , divisée en plusieurs grosses
fibres ; elle produit une ou plusieurs tiges cylindriques, pres-
que ligneuses, hautes de cinq à six pieds, souvent de cou-
leur purpurine , divisées dans leur partie supérieure en ra-
i56 PHY
meaux nombreux , dichotomes. Ses feuilles sont brièvement
pétiolées, alternes , glabres, ovales- lancéolées , longues de
quatre à cinq pouces et plus. Ses fleurs sont d'un rouge
paie, disposées en grappes solitaires, simples, longues d'en-
viron six pouces et opposées aux feuilles; elles ont dix éta-
mines. Les fruits sont des baies d'un noir bleuâtre et à dix
ou douze loges. Cette plante est originaire de l'Amérique
septentrionale; introduite en Europe, il y a deux cents et
quelques années , el'e croit aujourd'hui, comme si elle y
étoit naturelle, en Espagne, en Portugal, en Italie et même
dans plusieurs parties du Midi de la France.
En Amérique, selon Parkinson , on emploie, comme pur-
gatif ordinaire , le suc de la racine de cette plante. Deux
cuillerées produisent beaucoup d'effet. Le suc des baies est
également purgatif. En An;j,ieterre et en Italie on a fait usage
du suc de la racine en application sur le carscer ouvert. Ail-
leurs on a vanlé cette racine contre l'iiydrophobie. En Amé-
rique on mange au printemps les feuilles encore tendres et
les jeunes rejetons cuits à la manière des épinards ; plus tard
ces parties deviennent acres en vieillissant , exhalent même
une odeur un peu vireuse et ne valent plus rien. Le suc des
baies donne une belle couleur pourpre, mais qui est très-
peu solide et qu'on n'a pu, à cause de cela, employer utile-
ment pour les étoffes. En Portugal , il fut un temps où les vi-
gnerons faisoient usage de ce suc pour donner une couleur plus
foncée aux vins; mais cela leur donnoit un goût désagréable
et nuisoit à leur qualité. Le roi de ce pays, sur les plaintes
qui lui furent faites et pour empêcher cette altération nui-
"sible au commerce, ordonna de détruire les tiges de cette
jdante avant la maturité des baies. Dans quelques cantons
au Midi de la France on emploie plus utilement ces mêmes
fruits en les faisant servir à la nourriture de la volaille. Les
grappes de (leurs et de fruit de ce phytolaque, qui se succè-
d nt les unes aux autres pendant tout l'été, le port général
de la plante, font un bel effet dans les grands jardins. Les
liges coupées avant la floraison , ensuite séchées et brûlées,
l'ournissent une grande quantité de potasse.
Phytolaque a huit étamines ; Plijtolacca octandra, Linn.,
Sj)ec., 6'5i. Sa tige est haute de deux à trois pieds, divisée.
PII Y '57
(Tans sa partie supérieure en quelques rameaux garnis de
feuilles ovales- lancéolées , d'un vert clair, traversées dans
leur milieu par une côte jaunâtre, et portées sur des pétioles
d'un pouce de longueur. Ses fleurs sont jaunâtres ou blan-
châtres, disposées en un épi droit, long de cinq à six pouces
et opposé aux feuilles: elles n'ont que huit étamines. Les baies
sont d'un noir rougeàtie. Cette espère est originaire du
Mexique; on la cultive en France et en Europe dans les jar-
dins de botanique.
Phytolaque dioïque; Phylolacca dioica, Linn., Spec. 652.
Sa tige est ligneuse, arborescente, haute de vingt pieds ou
environ. Ses feuilles sont ovales, très- glabres et portées sur
de longs pétioles. Les fleurs sont disposées en grappes ou en
épis dans les aisselles des feuilles supérieures; les femelles
et les mâles portées sur des pieds ditférens; les dernières
sont <à quinze ou vingt étamines. Cette espèce est originaire
de l'Amérique méridionale. On fa cultive en caisse dans
les jardins de botanique, afin de la rentrer dans la serre
pendant l'hiver, parce qu'elle craint beaucoup le froid.
(L. D.)
PHYÏOLITHES et PHYTOTYPOLITKES. {Foss.) On a gé-
néralement appliqué ces noms aux empreintes de végétaux,
et surtout de feuilles qu'on trouve dans les lits des pierres
fissiles. Voyez l'article Végétaux fossu.es. (Desm.)
PHYTOLOGIE. {Bot.) Ce nom de composition grecque,
dont la traduction françoise est discours ou traité sur les
plantes, est synonyme de Botaki(^)ue. (Desm.)
PHYTON. {Bot.) Un des noms grecs anciens de la cyno-
glosse , suivant Ruellius. (J. )
PHYTOPHAGES ou HERBIVORES, Insecta phytophaga seu
herhii^ora. {Enlow.) Famille d'insectes coléoplères à quatre
articles à tous les tarses , dont les antennes sont en fil et à
articulations plus ou moins grenues, non portées sur un bec,
et dont le corps arrondi est le plus souvent très-convexe.
Cette famille très-naturelle comprend toutes les espèces de
coléoptères tétramérés que Linna-us avoit rangées dans son
genre Chrjysomela. Elle se distingue facilement, à l'aide des
caractères que noiîî venons d'indiquer, de tous les autres in-
sectes de la même famille, ainsi qu'on pourra s'en faire une
î58 PHY
idée exacte, en jetant un coup d'œil sur le tableau synop-
tique présenté à l'article Tétramérés.
Voici d'ailleurs les notes caractéristiques à l'aide desquelles
on parvient aisément à ce résultat. Les rhinocères, comme
les charansons et genres analogues, ont tous les antennes sup-
portées par un prolongement de la tête et du front, qui si-
mule une sorte de bec. Les cylindroïdcs, comme les clairons,
les bostriches, etc. , et les omaloïdes, tels que les mycétophages,
les trogosites, etc., ont tous les antennes en masse ou renflées
a l'extrémité libre; tandis que ces antennes sont en soie,
c'est-à-dire, qu'elles se terminent par une partie plus grêle à
l'extrémité libre dans les xylophages, tels que les capricornes,
les leptures, etc. Il ne reste donc que les deux genres ano-
maux, Spondyle et Cucuje , qui ont les antennes en fil; mais
leurs articulations sont aplaties dans le premier, et le corps
lui-même est très-déprimé dans les seconds, de sorte que la
convexité du corps, la rondeur des articles aux antennes,
caractérise spécialement les phytophages.
Ce nom est formé de deux mots grecs, dont l'un, (purcvy
signifie plante, et l'autre, Çiotyoç, correspond à mangeur -. ce
que nous avons cherché à exprimer par le mot latin francisé
lierbivorcs, ou qui se nourrit de feuilles de plantes.
Cette famille des phytophages est une des plus naturelles;
ces coléoptères ont en effet les mêmes mœurs et la plus
grande analogie dans leur structure, leurs fonctions et leurs
métamorphoses. C'est surtout dans la forme des antennes
qu'il y a une ressemblance parfaite; caria figure générale
du corps présente dans les dimensions respectives d'assez
grandes difïérences, pour qu'elles aient permis de les parta-
ger en genres fort naturels.
Tous les phytophages proviennent de larves, qu'on trouve
le plus souvent réunies en société sur les feuilles de plantes -
qu'elles dévorent. Leur corps trapu, succulent, mou, con-
vexe, offre une tête écailleuse, une extrémité postérieure
tronquée, arrondie, ramassée, et la totalité de la circonfé-
rence présente des rides transversales. Quelques-unes laissent
exsuder de leur surface ou de porcs particuliers, distincts,
une humeur colorée ou odorante, qu'elles peuvent repomper
ou absorber à volonié. Leurs pattes sont alongées, cepen-
PHY ih
dant elles marchent assez lentement; la plupart emploient
des manœuvres curieuses pour se soustraire à la vuç des
oiseaux, qui en sont fort friands , ou pour les dégoûter à l'aide
de quelques liqueurs qu'elles exhalent. (Voyez Chrysomèle,
Ckiocère, Casside.)
Sous l'état parfait, les insectes de celte famille ont géné-
ralement le dessus du corps convexe, bombé, arrondi laté-
ralement; parmi les particularités qui les distinguent, on re-
marque surtout la disposition de l'avant-dernier article de
lerrs tarses, qui offre une sorte d'échancrure dans laquelle
est reçue la pièce qui porte les ongles, comme entre deux
lobes qui sont veloutés en dessous : c'est à l'aide de ces
parties élargies des tarses que ces coléoptères adhèrent ou
s'accrochent avec beaucoup de force aux surfaces des tiges
et des feuilles même les plus lisses.
Les nymphes diffèrent selon les genres : la plupart se mé-
tamorphosent ou prennent cette forme dans la terre, telles
sont celles des criocères et de la plupart des chrysomèles;
d'autres subissent leur transformation dans une sorte de coque
ou de fourreau qu'elles se filent; quelques-unes sont fixées
sur les tiges ou sur les feuilles, et s'y transforment ainsi à
l'air libre, telles sont les nymphes des Cassides.
Dans ces derniers temps, M. Latreille a divisé cette fa-
mille en deux autres, les Eupodes et les Cycliques. Les pre-
miers sont de forme alongée ; ils ont le corselet arrondi,
étroit et cylindrique, et souvent les cuisses postérieures très-
développées, ce qui leur a fait donner leur nom. M. La-
treille y rapporte les criocères et quelques autres genres
voisins, ainsi que les donacies. Les cycliques ont le corselet
de la largeur de la base des élytres, tels sont les cassides,
les chrysomèles, les gribouris, les galéruques, les altises.
Nous avons fait représenter une espèce de chacun des
quatorze genres qui composent cette famille des coléoptères
phytophages, sur les planches 19 et 20 de l'atlas qui fait suite
à ce Dictionnaire. Les unes ont les antennes à peu près de
même grosseur dans toute leur étendue, comme les Lupèrcs ,
les Altises , les Galéruques ; d'autres ont le corselet très-convexe ,
comme bossu, couvrant la tête, comme les Clythres et les Gri-
bouris ou Crfptocéphales. Le corseJet n'est pas rebordé dans
iGo PHY
les Hispes, les Criocères , les Donacies elles Alurnes. Les an-
tennes ont un léger renflement arrondi à leur extrémité libre
dans les Chrysomèles , les Hélodes et les Cassides : ce renflement,
qui est encore plus marqué, est en même temps aplati dans
les Flrnfyles.
Voici au reste le tableau synoptique à l'aide duquel il est
facile d'arriver très-aisément a la connoissance des genres fort
naturels que renferme cette famille.
Coléoptères phytophages ou herbivores.
lali ; nii-i °" corps au moins 5. Lupér
y. Altisi
f : ] >|^'« J« '" j .le la moitié du < ""1^" •
ongueur ^ corps; cuisses post. J simples .
.... ( • (totalement,
en fil; cor- \ t I ) ^n scie ■ •<
Diivcxe; antennes \ ('^ l extréniiii
(--P'es
^ 1 courts , rappro- ( ëpineux .
ans rebords ; an- «hés; corps ^li^se...
tenues à articles j alongës, ronds , f ventre . .
corselet
en massue, aplatie .
distincte ; f coni
fil ; { grossissant insensible- j .orps ^ p,3,
6. GiLÉnCQDK. ^
9. Clytbbe.
I O. EOMOLI'E.
8. Gribodri.
3. HlSPE.
2. CniocÈitE.
I. DONACIE.
12, AlURKE.
i3. Erotïle.
II. CbrisomÎ-le.
^ _ , , 4 HÉLOTE.
ment; l<!le | "^
chée sous le corselet. 14. C.iSSioE.
(CD.)
PHYTOTOME. {Omith.) Cet oiseau, de l'ordre des passe-
reaux, a été trouvé au Chili, par l'abbé Molina , qui l'a dé-
crit dans son Histoire naturelle de cette contrée, sous
le nom générique de phjtotoma, c'est-à-dire coupeur de
plantes, et a donné à l'espèce le nom de rara, tiré de sa
voix rauque, qui prononce avec quelque intervalle les syl-
labes ra ra.
Il résulte des caractères établis par cet auteur, que le
phytotome a le bec droit, conique, robuste, pointu, dont
les mandibules sont finement dentelées; la langue très-courte
et obtuse; quatre doigts aux pieds, dont trois en devant et
un plus petit par derrière.
Déjà Bruce avoit trouvé en Abyssinie un oiseau appelé
dans ce pays, Guifso balito dimmo- won jerek , et Bulfon ,
l'ayant vu représenté sur les figures de ce voyageur, la-
voit décrit sous le nom de guifso balito, parmi les gros-
PHY i6i
becs, en observant qu'il n'avoit que trois doigts, dont deux
devant et un derrière, et que son bec étoit dentelé sur
les bords.
Gmelin , dans sa treizième édition du Systema naturœ de
Linné, a compris cet oiseau comme quarante-neuvième es-
pèce du genre Loxia , sous la dénomination de loxia tridac-
tjla, et il a établi un genre particulier à pieds tétradactyles
pour l'espèce de Molina, ce que Latham a aussi fait d'après
lui. MaisDaudin, Traité d'ornithologie, tom. 2, p. 564, a
réuni le rara et le guifso balito comme appartenant défini-
tivement au même genre, malgré la ditférence dans le nom-
bre des doigts, et il a ajouté aux signes caractéristiques ci-
dessus indiqués d'après MoHna, des narines petites, arron-
dies, placées à la base du bec, et des pieds à tarses maigres,
annelés, ayant trois ou deux doigts devant et un derrière.
M. Vieillot, suivant cet exemple, et admettant l'alter-
native de quatre ou trois doigts, a divisé le genre Phyto-
tome en deux sections; et M. Temminck, p. LXXll de l'ana-
lyse de son Système d'ornithologie, a aussi adopté l'alter-
native de quatre ou trois doigts, mais en prévenant que,
n'ayant pu examiner aucun des deux oiseaux individuelle-
ment, il ne garantissoit pas ces caractères*
Outre les différences qu'on vient de signaler relativement
aux phytotomes du Chili et d'Abyssinie , il paroît en exister
d'autres dans leurs habitudes et leur manière de vivre. Le
premier, dit Molina, se nourrit de jeunes plantes, dont il
coupe les tiges près des racines , se bornant quelquefois à
les arracher ainsi sans y toucher. Les Chiliens lui font pour
cela une guerre continuelle , et ils mettent sa tête à prix.
C'est sur les plus hauts arbres et dans des endroits peu fré-
quentés qu'il fait son nid.
Quant au guifso balito, il habite, comme le premier, les
lieux solitaires, où il ne se fait guères entendre, dit Buffon,
que par les coups de bec réitérés , dont il perce les noyaux pour
en tirer l'amande. 11 sembleroit, d'après cela, que la circons-
tance commune de la dentelure du bec est le principal mo-
tif qui a déterminé les auteurs à associer des oiseaux dont la
nourriture et l'organisation extérieure auroient si peu d'ana-
logie.
40. n
î62 PHY
Quoi qu'il en soit, voici la description des deux espèces,
qui, comme on le sent bien, auroient besoin d'être mieux
connues, pour leur assigner la place qui leur appartient réel-
lement.
Le Phytotome du Chili ( Phjtotoma rara , Mol. , Gmel. ,
Lath., Daud., Vieill. ) est de la grosseur d'une caille, et a
le bec long d'un demi-pouce; son plumage est d'un brun
obscur sur les parties supérieures, et un peu plus clair sur
les inférieures; les pennes alaires et caudales sont parsemées
de points noirs; la queue, de longueur moyenne, est arron-
die ; il fait sur la cime des arbres dont le feuillage est le
plus touffu , un nid dans lequel la femelle pond des œufs
blancs, tachetés de rouge.
Le Phytotome d' Abyssinie ; Phytotoma tridactyla, Daud.,
Vieill. ; Loxia tridactyla, Gmel., Lath.; Guifso balito , Buff. ,
dont la figure se trouve sur la planche 28 de Daudin, tom. 2.
Il est de la taille du gros- bec ordinaire, et sa longueur est
d'environ six pouces, la tête et le devant du cou sont d'un
beau rouge, qui se prolonge, suivant Buffon, en une bande
assez étroite sous le corps jusqu'aux couvertures inférieures
de la queue. Les parties supérieures sont noires, avec une
teinte verdàtre ; la queue est un peu fourchue, et les ailes,
dans l'état de repos, n'en atteignent que la moitié; le bec et
les pierls sont bruns.
M. Vieillot a présenté, comme troisième espèce (2.^ de
sa première section) , le Phytotome du Paraguay, Phjtotoma
rutila, décrit d'après le Denté de M. d'Azara , n.° 91 ; mais il
est bon de faire observer que l'auteur espagnol n'avoit pu se
procurer qu'un individu privé de dix pennes caudales. La
longueur étoit de sept pouces; les deux mandibules étoient
garnies intérieurement de dents si fines qu'on ne les décou-
vroit qu'en ouvrant le bec , et la langue se termino't en
pointe aiguë. Le front, la gorge, le devant du cou et le bas-
ventre étoient d'un roux vif, et il y avoit une longue tache
de la m^'nie couleur sur les côtés de la poitrine; le reste des
parties inférieures étoit blanchâtre; la tête et le dessus du
corps étoient d'un brun lavé de vert; les ailes étoient noi-
râtres avec des taches blanches sur leurs couvertures, et les
pennes qui restoient au milieu de la queue étoient égale-
ment noirâtres.
PIA i65
Daudin fait aussi mention, d'après le naturaliste Maugé,
de l'expédition du capitaine Baudin, que le chirurgien du
vaisseau avoit acheté, à un habitant de Porto-Rico, un oiseau
gris, de la grosseur d'une grive, qui avoit les bords des man-
dibules crénelés , et dont la queue étoit un peu longue.
Cet oiseau, qui étoit très- privé, se plaisoit à pincer ceux
qui jouoient avec lui, et se nourrîssoit de bananes et de fruits
succulens ; son cri aigre ressembloit au bruit d'une lime.
Il paroît que c'étoit une espèce de rara, et l'on n'en parle
ici , que pour faire remarquer sa nourriture frugivore.
(Ch. D.)
PHYXALLIUM. (Bot.) Genre créé par Rafinesque , qu'il
place entre ses genres Mjriosidrum et Phj&idrum , près des
Rivularia, dans la famille des algues. Nous n'en connoissons
point les caractères. (Lem.)
PHYXIMILON. {Bot.) Suivant C. Bauhin ce nom étoit donné
par ^Eschyle au bananier. (J.)
PI. (Bot.) Ce nom est donné en Languedoc aux PiNSi
PiGNE est celui du fruit de ses arbres. (Lem.)
PIA, PIAC. (Ornith.) La pie commune a reçu ces noms
patois dans quelques provinces de France. (Desm. )
PIA. (Bot.) Ce nom est donné dans l'île d'Othaïti à la va-
riété cu'tivée du tacca pinnatijida, dont la racine tubéreuse
crue a beaucoup d'amertume et d'acrimonie , que la culture
diminue un peu. On la râpe dans l'eau, comme la pomme
de terre, pour en retirer une fécule blanche, que l'on a com-
mencé à adoucir en la changeant plusieurs fois d'eau ; on la
laisse ensuite sécher au soleil. Après en avoir rejeté les
premières infusions , on fait avec cette fécule une espèce
de pain très-nourrissant. Forster, qui nous donne ces détails,
ajoute qu'on applique aussi cette racine en cataplasme sur
les plaies profondes. Il dit encore que la variété sauvage est
nommée e-ve. (J.)
PIABA. ( Bot. ) Nom caraïbe de ïeupatorium odoraton ,
cité par Surian dans le Catalogue de l'herbier de Vaillant.
(J.)
PIABA. (IchtliyoL) Marcgrave a parlé sous ce nom d'un
petit poisson des rivières du Brésil, et qui paroit devoir être
rapporté au genre Piabu^ue. Voyez ce mot. (H. C.)
*64 PIA
PIABUCU. ( Ichthyol. ) Nom par lequel Marcgrave a dé-
signé le PiABUQiE. Voyez ce mot. (H. C.)
PIABUQUE, Piabucus. {Ichlhjol.) D'après le mot exotique
piabucu , M. Ciivier a créé, sous cette dénomination, dans la
famille des dermoptères, un genre de poissons holobranches,
reconnoissable aux caractères suivans :
Catopes abdominaux ; branchies complètes ; rayons pectoraux
réunis; opercules lisses; deux nageoires dorsales; la seconde adi-
peuse; ventre caréné et tranchant; dents tranchantes et dentelées^
nageoire anale très-longue; corps comprimé, haut verticalement;
tête petite; bouche peu fendue. (Voyez Dermoptères.)
On ne connoît encore dans ce genre que des poissons des
rivières de l'Amérique méridionale, qui montrent beaucoup
d'appétit pour la chair et pour le sang.
Le PiABUQUE COMMUN : Piabucus vulgaris , N. ; Saimo argen-
tinus , Linnœus ; Characinus piabucu, Lacépède. Nageoire
caudale fourchue ; mâchoires garnies de dents à trois pointes ;
tête des plus petites; mâchoire inférieure saillante; un seul
orifice à chaque narine ; ligne latérale courbée; dos vert;
nageoires grises ; une raie longitudinale argentée de chaque
côté du corps.
Ce poisson n'atteint guère qu'à la taille de onze à douze
pouces. Sa chair est blanche et délicate. On le pêche avec
des hameçons, armés d'un ver -de -terre ou d'un mélange
de sang et de farine.
Le PiABuyuE double -mouche : Piabucus bimaculatus , N. ;
Salmo bimaculatus, Linnœus; Characinus bimaculatus , Lacép.
Nageoire caudale fourchue ; deux taches noires de chaque
côté, Tune auprès de la tête et l'autre auprès de la nageoire
de la queue; gueule très - étroite ; mâchoires égales; deux
orifices à chaque narine ; dos arrondi , verdâtre ; côtés d'un
bleu argentin; nageoire dorsale jaune, de même que les
pectorales et les catopes ; les autres nageoires brunes.
On prend ce poisson , dont la chair est blanche , grasse et
délicate , dans les rivières de Surinam et d'Amboine ; mais
nous n"osons affirmer l'identité parfaite des individus péchés
dans ces deux localités, si éloignées l'une de l'autre.
Il paroît évident que Ton a confondu à tort cette espèce
avec le coregonus amboinensis d'Artédi,
PIA î65
Le PiABUQUE BOSSU : Piabucus gihbosus , N. ; Salmo gîhbosus,
Linnaeus; Characinus gibbosus , Lacépède. Nageoire caudale
fourchue; nuque très -élevée en bosse; un aiguillon incliné
vers la queue et placé auprès de la base de chacune des na-
geoires pectorales ; teinte générale d'un roux argenté ; une
tache noire sur chaque côté.
Des côtes de Surinam.
Le PiABUQUE A QUEUE NOIRE : Piabucus melanurus , N. ; Cha-
racinus melanurus , Bloch , 58, fig. 2. Nageoire caudale four-
chue; mâchoires égales; un seul orifice à chaque narine;
une tache noire et irrégulière sur chaque côté de la na-
geoire de la queue; corps et queue argentés; dos gris; na-
geoires jaunâtres; dents très-petites ; un seul orifice à chaque
narine.
Même patrie que le précédent. (H. C.)
PIADERA, LADIERNA. (Bot.) Noms portugais des p?y/i-
lirea à feuilles étroites, suivant Clusius. ( J. }
PIAILLEUR. [Ornith.) L'oiseau auquel, suivant Barrère ,
les François de la Guiane donnent ce nom et celui de cor-
moran des Amazones, est le vautour aura, vultur brasiliensis ,
Briss. (Ch. D.)
PIAMICH, YASMICH. {Bot.) Noms péruviens du clarisia
hijlora de la Flore du Pérou; genre voisin du gnetum , avec
lequel il est placé à la suite des urticées, en attendant que
l'on établisse une famille dont ils feront partie. Une autre
espèce, clarisia racemosa , est nommée tulpaj. Ce sont des
arbres dont on extrait par incision un suc blanc , qui s'é-
paissit promptement à l'air en une résine élastique, propre à
prendre différentes formes et à former divers instrumens. (J.)
PIAN GIN. (Ornith.) Un des noms piémontois de la sittelle
ou torchepot, sitta europœa, Linn. (Ch. D.)
PIANIA-TRAVA. (Bot.) C'est une plante que les Russes
emploient pour guérir les rhumatismes et les ulcères. Selon
Pallas, c'est son rJiododendrum chrjysanlhum. (Lem.)
PIANNET. (Ornith.) Ce nom est donné, en anglois , à la
pie commune, corvus pica, Linn., et au petit pic varié , pi-
cus minor , Linn. (Ch, D. )
PIAPAU. {Bot.) Un des noms vulgaires de la renoncule hui-
leuse ou bassinet. (Lem.)
i66 PIA
PIAPIAC. (OrrîifTi.) Nom imposé par Levaillant, t. 2 , p. 14,
de son Ornilhologie d'^Afrique, à une pie, dont M. Vieillot
a fait sa pica nigra, et Latham son corvus senegalensis. (Ch.D.)
PIARANTilUS. (Bot.) R. Brown a distingué ce genre de
celui des stapelia , à cause de sa corolle campanulée , de sa
colonne fructifère saillante, et par sa couronne staminifère
double. Ces caractères sont très-foibles , aussi ce genre n'est - il
pas généralement adopté. Les stapelia punctata et pulla de
Massoh y sont rapportés. ( Lem. )
PIARDS. {Maiiim.) Les Nègres, dont la peau est tachetée
de blanc , ou conséquemment les JNègres Albinos pies ont
reçu ce nom. (Desm.)
PIAT. (Ornith.) Suivant Salerne et Mauduyt, ce nom est
donné aux petits de la pie, cornus pica, Linn. (Ch. D.)
PIAUHAU. {Ornith.) M. Vieillot a créé pour cet oiseau de
la famille des cotingas, muscicapa rubricoUis de Gnielin et de
Latham, im genre particulier, qu'il a nommé en latin Que-
rula, et qu'il a ainsi caractérisé : Bec très-déprimé et garni à
sa base de plumes et de soies dirigées en avant, triangulaire
et convexe en dessus et en dessous ; mandibule supérieure
échancrée et crochue vers le bout, l'inférieure à pointe très-
grêle, retroussée et très -aiguë; narines ouvertes, un peu
arrondies, couvertes par les plumes du capistrunt; bouche
ample, garnie de poils sur les angles.
L'espèce ci-dessus désignée et une autre sont décrites dans
ce Dictionnaire, tome XI, pag. 18 et suiv. , au mot Cotinga.
(Ch. D.)
PLAYE. (Ornith.) La description et l'histoire de cet oi-
seau se trouvent à l'article Coucou, p. i32 du tome XI de
ce Dictionnaire. (Ch. D.)
PIAZZAJOLA. (Bot.) A Florence on donne ce nom aune
espèce d'agaric, qu'on y mange et qu'on porte à cet effet
dans les marchés pendant le mois de Septembre. Cet agaric
est petit et d'une consistance ferme ; il forme des touffes
qui se font remarquer par la couleur blanche du stipe et la
couleur obscure de la surface supérieure du chapeau. Les
feuillets sont gris. Dans d'autres parties de la Toscane cette
plante est connue sous le nom defoderino. Paulet la désigne
par Touffe bise et crise. (Lem.)
PIC 167
PÎBE-LERKE. (Ornith.) Ce nom danois est cité par Mul-
1er, Zool. Danic. Prodr., page 29, comme synonyme de Valauda
trivialis. (Ch. D.)
PIBOULE. {Bot.) Nom vulgaire d'une variété du peuplier
noir. (L. D.)
PIBOULADOS. ( Bot. ) Nom languedocien de quelques
champignons agarics, qui croissent aux pieds des vieux peu-
pliers et d'autres arbres , et qui sont bons à manger. Voyez
Pivouj^ADE. (Lem.)
PIBOULO. {Bot.) Nom provençal du peuplier noir, cité
par Garidel : c'est le pîtou des Languedociens, selon Gouan.
(J.)
PIC. {Ornith.) Les naturalistes réunissent sous ce nom un
grand nombre d'oiseaux qui constituent un genre très-natu-
rel de la famille des Grimpeurs {Scansores). On peut ainsi
le caractériser : Bec droit, pointu, de forme pyramidale; na-
rines à la base recouvertes par des soies roides, dirigées en avant;
quatre doigts aux pieds, deux en avant, deux en arrière; queue
composée de pennes usées à leur pointe , et à tige très-roide.
Les pics ont la tête solide, lourde; le bec en coin, le plus
souvent pentaédre; l'arête du milieu du bec supérieur est
très-vive; la pointe est toujours dans l'axe de la tête, ce qui
la rend une tête martelière, comme l'a très-bien dit Levail-
lant. Ils ont la queue composée de douze pennes, quelquefois
de dix seulement, à tiges fortes, élastiques, et toujours usées
à leur extrémité, qui est pointue.
Leur langue est longue, susceptible de s'alonger beaucoup,
à cause de la longueur excessive des cornes de l'hyoïde, qui
se recourbent sur le crâne , et avancent sur le front, bien au-
delà des yeux. Cette langue est dure, et armée de papilles
cornées solides, dont la pointe acérée est recourbée vers le fond
du gosier; ce qui en fait une arme propre à saisir les insectes,
et surtout les larves molles que ces oiseaux vont chercher
sous l'écorce ou dans le bois tendre et pourri des vieux arbres.
Les pieds sont courts et munis de quatre doigts, dont les
ongles , forts et crochus, les aident à se cramponner le long des
arbres, sur lesquels ils montent le plus souvent en spirale;
ils peuvent encore courir contre leur propre poids le long
des branches horizontales. Le cri des pics est aigre etpinchardj
i68 PIC
leur vol est lourd et par Londs; on les reconnoîtra aussi aux
coups redoublés dont ils frappent les arbres pour épouvanter
les insectes, qui se cachent sous l'écorce , ou même pour les
prendre , si le bois est assez mou pour céder à leurs coups. Les
pics ne sont jamais gras ; leur chair est dure, coriace, noire,
et par conséquent peu estimée; leur plumage est très-varié,
et on trouve dessus toutes les couleurs, le bleu excepté : gé-
néralement la femelle diffère très -peu du mâle, le plus sou-
vent celui-ci se reconnoît à une tache rouge oblongue qui des-
cend de la base de la mandibule inférieure vers le cou, en
passant au-dessous de l'oreille : c'est ce que les ornithologistes
nomment la moustache.
Les pics sont toujours occupés à creuser les arbres : c'est
dans les trous qu'ils se retirent pendant la nuit , et aussi
pendant la saison de la ponte; la femelle y dépose ses œufs
sans y faire de nid ; le père et la mère y rassemblent
leurs petits, jusqu'à ce qu'ils s'accouplent eux-mêmes. Pen-
dant le jour ils se tiennent isolés, et leur vie paroit active et
pénible. Les espèces de ce genre sont très-nombreuses, Buffon
en connoissoit déjà trente-neuf ; mais, depuis, ce nombre s'est
beaucoup augmenté. Elles sont répandues sur le globe sous
toutes les latitudes : les deux tiers se trouvent sous les tropi-
ques, et c'est dans les forêts humides de l'Amérique que l'on
en voit le plus grand nombre. On a fait depuis long- temps
l'observation qu'on n'en a point encore rencontré dans la
"Nouvelle-Hollande.
Quoique les pics constituent un genre bien naturel, et que
tous les individus soient, pour ainsi dire, modelés l'un sur
l'autre, il y a quelques espèces, cependant, dont les mœurs
varient tellement, que nous en connoissons qui ne grimpent
pas, comme leur organisation sembleroit le faire croire ; mais
qui, au contraire, vivent à terre ou dans les rochers.
L'Europe en nourrit six espèces, qui font le type de trois
petits groupes, autour desquels on peut réunir les espèces
étrangères. Nous décrirons d'abord les pics, dits pics - verts.
Le peuple réunit sous ce nom deux oiseaux que l'on peut
aisément distinguer à la tête ; l'un a tout le dessus de la
tête rouge, tandis que le second n'a que le front rouge, et
l'occiput gris. Nous nommerons le premier
PIC 169
Le Pic vert a tête rouge, Buff. , 879; Picus viridis , Linn.
Il a le dos vert-olive , le ventre plus pâle , les pennes de l'aile
et de la queue rayées de vert pâle et de noir; le croupion est
jaunâtre; les plumes du sommet de la tête sont alongées en
pointe, elles ont la base grise et l'extrémité rouge; le tour
de l'œil est noir, ainsi qu'une bande qui va de la mandibule
inférieure au-dessous de l'œil. Le mâle a une tache rouge-vif
alongée sur cette bande noire; le bec et les pieds sont bruns.
Dans la jeune femelle le rouge du sommet de la tête ne
descend pas jusqu'au front; le ventre est plus pâle.
Pendant le premier âge le corps est grivelé de traits noirs,
qui s'effacent peu à peu en prenant la forme de points noirs;
le bec est aussi plus court.
Le pic se nourrit d'insectes, surtout de fourmis, qu'il saisit
le long des arbres, en étendant et appuyant sa langue sur
Je chemin que ces insectes y suivent; si le froid les tient
enfermés, il descend à terre, se jette dans la fourmilière,
la détruit et se repaît des insectes et de leurs larves.
Le pic n'est que de passage en France .- il disparoît de nos
contrées pendant l'automne et l'hiver ; son cri est rauque
et peut se rendre par les syllabes tiacacan, tiacacan. Pendant
la saison des amours, sa voix change et devient une espèce
de rire bruyant et continu , que Poiseau répète un très-grand
nombre de fois de suite, tiô, tiô , tiô ; quelquefois aussi il
semble prononcer les syllabes plieu , pli -eu, ce qui l'a fait
nommer pleupleu dans quelques provinces de la France ,
particulièrement en Normandie. 11 pond trois œufs d'un
blanc lustré dans les trous des arbres, au moins à sept ou
huit pieds de terre.
La seconde espèce, que nous nommons
Le Pic vert a tête grise, Edw. , 68 (Ficus canus , Gmel.) ,
a le dos et le ventre verts comme le précédent ; le cou
et la tête grises; une plaque rouge sur le devant du front
du mâle seulement.
Les plumes de la queue ne sont pas rayées; mais elles sont
noirâtres et bordées de jaune -olive.
Le bec est un peu plus foible que celui du précédent.
Nous connoissons une variété blanche. La femelle est
tout -à- fait dépourvue de rouge sur le front; elle pond
^70 PIC
quatre à six œufs blancs. Cette espèce, rare en France, est
abondante en Norwëge et en Russie; on la trouve aussi
dans le Nord de l'Asie et de l'Amérique.
Auprès de ces deux espèces européennes nous en grou-
perons un assez grand nombre d'étrangères, qui nous of-
frent un plumage plus ou moins varié, presque toujours sur
un fond vert; tels sont :
Le Pic vert et noir, Buff. , yif) [Picus melanochloros ,
GmeL), qui vient du Brésil. Il est un peu plus petit que le
commun ; son bec est plus court; son dos est vert, rayé de
noir en travers, et le ventre est ponctué de même couleur;
le dessus de la tête est noir ; l'occiput est rouge , ainsi que
la moustache : le tour de l'œil est blanc ; les pennes des ailes
sont rayées de noir et d'olive; les plumes moyennes de la
queue sont noires, et les deux latérales sont rayées de jaune
et de noir. D'Azara a rencontré ce pic au Paraguay , où il vit
seul ou par paires dans les bosquets clairs.
Le Pic des champs ( Picus campestris ) est de la taille du
pic commun. Il a le dos rayé de noii" et de blanc-olivàtre ; le
ventre rayé de noir et de traits transversaux blanchâtres,
un peu mêlés d'olive; le dessus de la tête et la gorge noir
foncé; une bande large, jaune-dorée, brillante, allant de l'œil
sur Poreille, se réunissant à celle de l'autre côté sur Pocciput
et le derrière du cou, et descendant ensuite de chaque côté,
pour former sur la poitrine un large plastron jaune. La
queue est d'un noir très- foncé; la seule plume externe a ses
petites barbes rayées de jaune.
D'Azara, qui a vu cette espèce au Bicsil, nous apprend
qu'il l'a nommée charpentier des champs, à cause de son
habitude de vivre à terre et d'y chercher les vers et autres
insectes en enfonçant son bec dans le gazon. Elle niche
dans des trous de murailles et y dépose, sans aucun apprêt,
deux ou quatre œufs d'un blanc pur et luisant.
Le Pic A coRGE JAUNE (Picus polyzonus) est une espèce nou-
velle du Brésil , un peu plus petite que la précédente. C'est M.
Auguste de Saint-Hilaire qui l'y a découverte. Son dos est vert-
olive foncé; le ventre est rayé d'olive et de jaunâtre; le
dessus de la têle est moins foncé que le dos; un trait jaune
part du bec supérieur, passe sous Pœil et descend sur le cou ;
PïG 171
la gorge est jaune , plus pâle ; elle est séparée du trait jaune
par une large bande olive foncée ; la queue est noirâtre en
dessus et jaune -olivâtre en dessous.
Je ne connois rien des habitudes de cet oiseau.
Le Pic laboureur, Vaill. , Afr., 264 et a 56 {Ficus oliva-
ceus) , nous vient du Cap par M. de Lalande. Le dos est ver-
dàlre, le ventre rose, la tête grise et la gorge blanchâtre;
les ailes sont vertes, tachetées de blanc- jaunâtre ; la queue
est olive, et prend une teinte rouge à l'extrémité; elle est
rayée en travers d'olive clair : il est plus petit que le pic
commun. Cette espèce africaine a les mêmes habitudes que
notre picus campestris,
Levaillant , qui a observé ce pic au cap de Bonne- Espé-
rance , principalement dans les contrées montagneuses, dit
qu'il ne grimpe jamais aux arbres. Il fouille la terre pour
y découvrir les insectes, et c'est pour cela que Levaillant
lui a donné le nom de laboureur. Il gratte la terre aussi
avec ses pieds. Sa ponte est de cinq à huit œufs roussâtres,
que couvent les deux sexes. Ils se refirent dans des cre-
vasses de rochers, où ils déposent leurs œufs.
Le Pic tigré, Vaill., Afr., 260 (Picus nubicus) , est de
la taille de notre moyen épeiche. 11 vient du Cap : son dos
est vert; son ventre est blanchâtre, tacheté de gros points
noirs ; le dessus de la tête et les moustaches sont rouges ;
la queue est jaunâtre, rayée de blanchâtre en travers.
La femelle pond quatre œufs tachetés de brun sur un
fond blanc -bleuâtre.
Le Pic ponctué (Picus punctatus). Nous trouvons au Sénégal
un pic un peu plus grand que le tigré, et qui n'a encore été
décrit par aucun ornithologiste. 11 a le dos vert, grivelé de
blanchâtre sur les ailes; le cou et la poitrine gris, grivelés
de petits points noirs, qui s'étendent sur les flancs; l'abdo-
men d'un jaune-olive ; le dessus de la tête et la moustache
rouges; la queue jaune, rayée de brun.
Le Pic de Cayenne (Picus caj^ennensis ) est de la même
taille, mais son bec est plus court. Il a le dos vert, rayé
de noir; le ventre olive, un peu roussâtre et tacheté de
points noirs; le front noir; l'occiput ronge ; les joues blan-
ches ; le dessous de la gorge noir, grivelé de blanc. La
172 PIC
femelle ne diffère du mâle que par l'absence de la mous-
tache rouge.
Le Pic a gorge jadne, Lath. (Picus icterocephalus) , nous
vient du Brésil. Beaucoup plus petit que le précédent , il a
le dos olive; le ventre verdàtre , rayé de blanc; le dessus
de la tête et la gorge d'un beau rouge; les joues et les côtés
du cou d'un beau jaune doré.
Buffon n'a représenté que le jeune mâle , qui a le ventre
marqué de larges taches blanches triangulaires, au lieu de
raies transversales, et dont le dessus de la tête et les mous-
taches seules sont rouges; le dessous de la gorge étant jaune,
comme les joues : la femelle a la iête toute jaune.
Le Pic vert doris {Pirus aurulentui) est de la taille du
précédent , auquel il ressemble beaucoup. Le dos est olive
foncé; le ventre olive, finement rayé de blanchâtre; le
front jaune -olive; l'occiput rouge; la gorge jaune; l'oreille
brune ; la moustache rouge : un trait jaune va du bec à
l'œil.
Je n'ai pas vu la femelle de cette espèce, qui habite le Bré-
sil. Ce pic est très- commun aux environs de Rio -Janeiro.
Le Pic de Porto-Rico {Picus portoricensis) est une espèce
non décrite des Antilles, qui a le dessus noir brillant, à re-
flets bleus; la gorge, la poitrine, le ventre rouges; les flancs
gris; le front blanc.
Le rouge augmente avec l'âge sur le ventre, qui est tout
gris dans la jeunesse; la queue est noire et un peu grise en
dessous; le bec et les pieds sont noirs.
Le Pic HiRONDiNACÉ, Buff. , pi. cnlum. 694 {Picus hirundi-
naceus, Gm.) , a le dos, la tête, la gorge et la poitrine noirs,
à reflets bleus, comme l'hirondelle ; le ventre rouge ; les
flancs rayés de brun et de blanc. Au milieu du dessus de
la' tête il y a une petite plaque rouge.
Ce pic vient de la Guiane.
Le Pic A CHEVRON d'or {Picus occipitalis) vient aussi du
même pays. Sous l'occiput il y a un chevron jaune -d'or. Il
est de même taille; a le dos, la tête, la gorge et la poitrine
du même noir - bleuâtre ; seulement ce noir descend plus
bas sur le ventre. Il y a moins de rouge. Cette espèce n'a
pas encore été décrite.
PIC 175
Le Pic couronné (Pleus coronatus, IHig. ) est delà taille
du précédent; mais il a le bec plus long; le dos est noir
brillant; le ventre est rouge vif; les côtés en arrière sont
bruns, rayés de roux; le front et le dessous delà gorge sont
d'un beau jaune doré; l'occiput est rouge; le jaune de la
gorge passe au gris - roux sur la poitrine : le mâle n'a pas
de moustaches; la femelle a l'occiput noir et moins de rouge
sous le ventre.
Nous conservons à cette espèce le nom de coronatus , qui
lui a été donné par M. Illiger, et nous n'adopterons pas celui
de pic à ventre rouge, que M. Vieillot a cru devoir lui
donner ( Gai, d'ornith., pi. 27), parce que ce nom est déjà
employé par d'Azara pour une espèce dififérente.
Le Pic a front gris {Ficus ruliginosus , Swainson, ïllust.
zoo/., pi. 14) a le dos vert- olive; le ventre noirâtre, rayé
de blanchâtre: le front gris de fer foncé, l'œil entouré d'un
cercle blanc : le mâle a une moustache rouge.
Il est plus petit que le pic rayé, et son bec est plus court
que celui de cet oiseau. Cette espèce habite à la Trinité.
Le Pic rayé, Buff. , pi. enlum. 281 {Picus striatus) , nous
vient également des Antilles. Il a le dos noir rayé de vert-
olive ; le front gris, ainsi que le sourcil ; le dessus de la tête
noir et l'occiput rouge ; le ventre est roux. Je n'ai vu que
la femelle.
Le Pic olive, Vaill. , Afr., pi. 248 et 249 {Picus capensis ,Gm.)
est vert olive sur le dos et sur la poitrine; sa tête est grise,
excepté sur le dessus , qui est rouge ; le dessus de son croupion
est de la même couleur: quand il est jeune, il y a moins de
rouge; il n'y a pas de moustaches : la femelle n'a pas de rouge
sur la tête; elle pond quatre œufs blancs, que le mâle couve
avec elle.
Le Pic A FRONT TACHETÉ {Picus maculosus) est un petit pic
du Sénégal, qui a le dos vert, le ventre rayé de noirâtre et
de blanc olivâtre; le dessus de la tête noir, tacheté de
nombreux points couleur de rouille.
Le Pic DU Sénégal {Picus sene galensis , Gmel.) e&t un très-
petit pic a dos vert-olive un peu jaunâtre ; et à ventre rayé de
blanc et d'olive : le mâle a le dessus de la tête rouge, et la
femelle l'a gris.
174 PIC
Le Pic a ventre rubanné {Picus dimidiatus) nous vient de
Java. Il est un peu plus petit que le commun: le dos est vert-
olive; la poitrine jaune-olive; le ventre à flammes longues et
étroites, noires, bordées de jaune -olive pâle; le dessus de
la tête rouge ; les moustaches sont noires; la queue noire
dessus, est olivâtre en dessous.
Le Pic du Bengale [Picus bengalensis , Gmel. ) est de la taille
du pic vert; le dos est jaune d'or; le ventre blanc, à grandes
flammes noires; la gorge noire, grivelée de blanc; le dessus
de la tête huppé et rouge; un trait noir descend de l'œil sur
le derrière du cou; les ailes sont noires, tachetées de blanc;
la queue est noire. Il est remarquable par la brièveté de son
pouce.
Le Pic de Goa (Picus goensis, Gmel.) est une autre espèce,
très-voisine de la précédente, et à peu près de la même taille,
dont le dos est vert - olive ; le ventre blanc , à flammes
noires; plus larges la gorge noire , grivelée de blanc; les ailes
noires, à épaulettes rouges ; la queue noire. Il a le pouce
encore plus rudimentaire que le précédent , et il conduit
aux picoïdes.
Les espèces de pics qui suivent maintenant, jusqu'au grand
Pic noir d'Europe , ont le plumage assez varié ; mais elles
n'offrent plus de nuances vertes comme les précédentes : ces
pics étrangers viennent presque tous de PAmérique, et sur-
tout des contrées chaudes de ce continent.
Le Pic jaunet, Bufï". , 609 {Picus exalbidus, Gmel.), est ori-
ginaire de Cayenne et du Brésil; il est d'un jaune verdâtre
sur le dos, sur le ventre, sur la tête et sur le cou. Les ailes
sont de couleur marron, ainsi que la queue ; les petites cou-
vertures des ailes sont blanchâtres; la tête est huppée; le
màle a une moustache rouge; le bec est jaunâtre et court;
les pieds sont noirâtres . sa taille est plus petite que celle
du pic commun.
Le Pic mokdoré, Buff. , 624 {Picus cinnamomeus, Gmel.),
est plus grand que le précédent : il a le bec plus long et de
couleur de corne. Tout le corps est de couleur marron; le
dessus de la tête est huppé et de couleur jaune-paille, ainsi
que les flancs; les ailes et la queue sont noirs : le mâle a
une moustache rouge.
PIC Ï75
Il habite aussi dans l'Amérique méridionale.
Nous en avons une variété qui a le dessus de la tête de la
même couleur que le reste du corps.
Le Pic a cravate noire {Picus muUicolor , Gmel. ) vient
de Cayenne : il a le dos et les ailes marron ; la poitrine
noirâtre; le ventre roux-jaunâtre; la queue rousse, rayée de
noir en travers, et noire à sa pointe; le dessus de la tête
est roux : le mâle a des moustaches rouges; la femelle n'en a
point, et a le front gris. Il est plus petit que le précédent
et il a le bec plus foible.
Le Pic A HurPE paillée {Picus Jlavescens , Gmel.) a le corps
noir tacheté en dessus et sur les ailes de jaune-paille. La
tête est huppée et jaune-paille : le mâle a les moustaches
rouges; la femelle les a noires, grivelées de blanc .- il est de
la taille du jaunet, mais le bec est plus long.
Cette espèce est très-commune aux envii'ous deRio-Janeiro;
d'Azara l'a aussi rencontrée dans les grands bois du Paraguay.
Le Pic dominicain, d'x\zara , 254 {Picus dominicanus) se
trouve au Brésil et au Paraguay : il a le dos et les ailes d'un
noir foncé; la tête, le cou, la poitrine et le ventre blancs;
la queue noire, blanchâtre en dessous; les pennes externes
ou les barbes intérieures rayées de noirâtre.
D'Azara nous apprend que ce pic vit en famille, qu'il est
fort criard , et qu'il fait entendre de fort loin sa voix rauque
et désagréable.
Il n'y a pas de différence entre le mâle et la femelle; ces
pics n'entrent jamais dans les grands bois, mais ils se tiennent
dans les lieux plantés de palmiers, et dans les endroits où il
y a peu d'arbres. Ils ne vont cependant pas à terre; mais ils
se tiennent sur les toits : ils se nourrissent de larves de guêpes ,
d'oranges douces, de raisins et d'autres fruits.
Le Pic DES Philippines (Picus Philippinarum) a le dos et les
ailes d'un brun rougeâtre ; du rouge i:ux épaulettes; la poi-
trine rousse et chaque plume bordée de brun foncé ; le
ventre roussâtre : le mâle a la tête rouge , et la femelle l'a
noirâtre, ponctuée de blanc ; le roux du cou et de la poi-
trine du mâle est blanc sale dans la femelle. Je ne sais rien
des mœurs de ce pic.
Le Pic a baguettes dorées , Bufif. , pi. enlum. CgS , et W^s. ,
176 PIC
Orn. am.,pL iii, fig. i {Picus auratus, Gmel.), est de la
taille de notre pic verf. Il a le dos gris-brun , rayé de brun
en travers ; le ventre gris -vineux, ponctué de noir; le som-
met de la tête gris; l'occiput rouge; le cou et la gorge d'un
roux vineux clair; un plastron noir sur la poitrine ; les
tiges des pennes alaires d'un beau jaune d'or, ainsi que
celles de la queue : de chaque côté du bec il a , dansle mâle,
deux larges moustaches noires, qui manquent à la femelle,
dont les couleurs sont plus pâles : celle-ci pond six œufs blancs.
Cet oiseau voyage aussi comme notre pic vert; il reste en Pen-
sylvanie pendant tout l'hiver. Il arrive à la baie d'Hudson en
Août , et la quitte en Septembre ; les naturels le nomment ou-
thée quan-nor-ou, à cause de la couleur dorée de ses ailes. En
Pensylvanie il porte différens noms , hittockjjucker, pint, etc.
Le PETIT Pic aux ailes dorées, Vaill., Afr. , 253, 12 [Picus
cafer, Lath.), originaire du Cap ; il est de la taille de notre petit
épeiche. Le dos est verdàtre, rayé de noir; le ventre est
plus clair, mais coloré de même; les ailes et la queue sont
rayées de vert et de vert noirâtre; les tiges des pennes sont
d'un beau jaune d'or; le front est gris; la gorge et les joues
sont grivelées de noir sur un fond blanc -grisâtre ; le mâle a
le dessus de la tête rouge et l'occiput noir: la femelle a du
brun au lieu de rouge , qui se fond avec le noir de l'occiput.
C'est un des oiseaux les plus communs aux environs du
Cap, là où l'on trouve encore des grands bois. La femelle
pond de cinq à sept œufs blancs.
Le Pic A DOUBLES MOUSTACHES, Vaill., 261 et 262 [Picus liaT"
micus), est à peine plus grand que notre épeiche .- il se re-
connoit à ses deux larges moustaches noires, qui partent du
bec et dont l'une se dirige au-dessous de l'œil vers l'oreille,
tandis que l'autre descend sur le cou. Le dessus de la tête
est piqueté de roussâtre, et l'occiput est rouge vermillon; le
dessus du corps est verdàtre, à reflets gris ou bruns, et
vermiculé de traits jaunâtres : le dessous du cou et les joues
sont blanches; la poitrine et l'abdomen d'un blanc - grisâtre ,
flambé de brun-olive ; les ailes et les plumes de la queue sont
olives, et ont leurs tiges d'un jaune d'or. La femelle n'a pas
de rouge sur la tête; elle pond quatre œufs blancs, que le
mâle couve avec elle.
PIC 177
Ce pic est très-abondant dans tout le pays des Cafres ; il
vit liabituellement sur les mimosas, qu'il frappe à coups re-
doublés.
Le Pic a collier {Picus torquatus , "VVils., Orn. am., t. 111,
pi. 20 , fig. 20) est une belle espèce , que l'on doit aux voyages
de Lewis et Clarck. Ce pic, long de onze pouces, a la tête
et le dos d'un vert foncé; le cou et la poitrine gris; l'abdo-
men rose ; le devant du front d'un beau rouge.
Le Pic noir, Buff. , pi. enlum. 696 {Picus martius, Linn.),
est la plus grande des espèces d'Europe : sa taille égale celle
d'une petite corneille ; il est en entier d'un noir profond.
L"arête supérieure de son bec est noire, ainsi que sa pointe;
le reste est blanchâtre. Le màle a tout le dessus de la tète
rouge, tandis que la femelle n'a que l'occiput de cette cou-
leur : elle pond trois œufs blancs.
Ce pic habite dans le Nord de l'Europe jusqu'en Sibérie:
il s'avance dans les forêts de l'Allemagne et de la France;
mais on ne le trouve jamais en Hollande.
Le Pic a bec d'ivoire, Buff., 690 (Wils., Orn. am. , t. 4,
pi. 29 , fig. 1 ; Picus priiicipalis , Gmel. ]i, est plus grand
que le précédent; il est noir et sa tête est huppée; le des-
sous de son oreille est noir; un trait blanc qui descend sur
les côtés du cou, s'élargit sur les couvertures des ailes ; la
moitié postérieure des secondes rémiges est blanche et dessine
sur chaque aile un large miroir blanc. Le bec est très-ro-
buste et d'un beau blanc ; les pieds sont bruns.
Le màle, que Buffon a représenté pi. enl. 690, a l'occiput
et le derrière du cou d'un beau rouge. La femelle a le
bec moindre, et toute la tête noire, glacée de vert.
Cet oiseau est sédentaire dans les contrées qu'il habite.
"Wilson ne croit pas qu'il aille plus au sud que dans la Virgi-
nie; on le trouve jusque dans le New- Jersey. La femelle pond
quatre à cinq œufs blancs; les petits éclosent à la mi-Juin.
Le Pic a huppe rouge, BufF. , 708 ("VVils., Orn, am,, t. 4,
pi. 2g, fig. 2; Picus pileatus , Gmel.), est un peu plus petit
que le précédent. 11 est répandu dans toute l'Amérique sep-
tentrionale , depuis Pintérieur du Canada jusque dans le
Mexique. Il est tout noir, avec un petit miroir blaiic'sur le haut
des premières pennes de l'aile; l'oreille estd'uo gris foacé; un
40. 1 2
1^8 PIC
trait blanc est au-dessus d'elle; un autre, de même couleur,
part de la narine, passe sous l'œil et sous l'oreille, descend
sur le cou en s'élargissant, et va se terminer sur les flancs. Le
mâle a le dessus de la tête tout rouge; tandis que dans la
femelle le front est gris et l'occiput rouge. Celle-ci pond six
œufs d'un blanc de neige.
Le Pic a moustaches blanches [Picus leucopogon) est une
nouvelle espèce, qui nous vient du Brésil par M. Auguste
de Saint-Hilaire.
Ce pic est noir, avec le dos blanc; le dessus de la tête est
également noir ; l'occiput et les oreilles sont rouges, ainsi que
la gorge; un trait blanc, bordé en dessus et en dessous d'un
autre trait noir , descend de la commissure du bec et se ter-
mine un peu au-delà de l'œil; le bec est blanc ; les pieds
sont bruns.
Le Pic guttural ( Picus gulturalis ) est un grand pic de
Sumatra, découvert par M. A. Duvaucel. Le corps est gris
cendré uniforme ; la gorge d'un blanc roussâtre ; le bec cou-
leur de corne ; les pieds sont noirâtres : sa taille égale celle
du pic noir.
Le Pic OUENTOU*, Buff., 707 [Picus lineatus , Gmel.), a le
dos, la gorge, la poitrine et le front noirs; le vtntre roux,
rayé de noir; l'occiput huppé et rouge; les joues blanches;
(ce blanc descend en trait sur les côtés du cou et borde
ensuite les scapulaires) ; le bec de couleur de corne.
L'espèce nominale que l'on a faite sous la dénomination
de picus melanoleucus, nous paroît être la femelle, qui ne
diffère du mâle que par son occiput blanc. Ce,t oiseau vient
de la Guiane.
Le Pic a face rouge {Picus erythrops) en est une espèce
fort voisine, originaire du Brésil. Le dos, la poitrine, la
gorge et le ventre sont colorés de la même manière. Elle
diffère par ses oreilles, par le dessus de la tête, rouge sur
le front dans le mâle (la femelle a le front noirâtre), et
par la direction du trait blanc, qui, au lieu de s'étendre
sur le dos, descend sur les côtés de la poitrine.
Le Pic A ventre blanc {Picus leucogaster, Keinvv.). Ce pic,
que M. Reinwardt a découvert à Java, se trouve aussi à
Miudanao, d'où M. Regnault de la Susse l'a rapporté et donné
PIC 179
au cabinet du Roi. Le dos, la tête, le cou et la poitrine sont
noirs; l'occiput est rouge, la poitrine est linéolée de rous-
sâtre; le ventre est blanc; le bec et les pieds sont noi-
râtres.
Le Pic A OREILLES BICOLORES (Picus robustus , IHig. ) a le dos
blanc; les ailes noires; le ventre rayé de roux et de noir;
la tête et le cou rouges; les oreilles grises, avec un trait
blanc dessous. Les femelles ont les narines et les moustaches
blanches, et le dos noir. Taille des précédens.
Du Brésil et du Pérou.
Pic EN DEUIL {Picus funebris). Espèce un peu plus petite
que les précédentes. Son plumage est d'un noir cendré; le
dessous de la gorge est très- finement ponctué de blanc.
Il nous vient des Philippines.
Le Pic ÇRAND ÉPEiCHE, Buff. , pî. enlum. iy6 {Picus major,
Linn.), a le dos noir; la gorge, la poitrine, le ventre et le
sommet de la tête noirs; le front et les joues blancs; un
trait noir, qui part du bec inférieur, descend sous la joue»
s'élargit un peu sous foreille et descend en croissant sur les
côtés de la poitrine ; les scapulaires blancs ; les ailes et la
queue noires, variées de blanc ; les plumes moyennes de celle-
ci toutes noires; le dessous du croupion rouge: le mâle ne
diffère de la femelle que par un croissant rouge au bas de
l'occiput.
Dans le jeune âge le mâle a le dessus de la tête rou<^e.
La ponte est de quatre à six œufs blancs.
Il est commun dans les bois, les parcs et même dans les
buissons.
Le Pic a dos blanc {Picus leuconotos , Bechst. ) a été long-
temps confondu avec le précédent. Il est un peu plus grand
et il en diffère par les caractères suivans .• Le haut du dos
est noir, ainsi que les scapulaires ; mais les ailes, le bas du
dos et le croupion sont noirs, rayés de blanc; le front est
blanc; Pocciput noir; les oreilles et le derrière du cou sont
de couleur blanche, ainsi que la gorge; un trait noir part
du bec inférieur, s'élargit sous l'oreille , s'étend sur la poi-
trine , et devient de larges flammes noires sur le fond
blanc de la poitrine et blanc- rosé de Pabdomen ; le crou-
pion est rosé. Il est abondant en Silésie , en Courlande , en
jBo pic
Livonie, d'où 11 émigré rarement dans les provinces du Nord
de l'Allemagne. Il se tient dans les liantes futaies et assez
souvent autour des maisons rustiques. 11 pond de quatre à
six œufs blancs.
Le Pic moven épeiche, Buff. , pi. enlum. Gii, ou le Pic
MAR, Temm. (Picus médius, Linn.), d'Europe, est un peu
plus petit que Pépeiche. 11 a le dos et les ailes colorés
comme dans l'épeiche ; le sommet de la tête d'un beau
rouge; la gorge et la poitrine blanches; le rouge du crou-
pion s'étend sur Pabdomen et sur les flancs; ceux-ci sont
flambés de noir. La femelle diffère très- peu du mâle : elle
a un peu moins de rouge sur le dessus de la tête.
Ce pic habite les jardins, les parcs. II est plus commun
dans le Midi de l'Europe que dans le Nord. Il pond trois ou
quatre œufs blancs.
Le Pic PETIT ÉPEICHE, Buff. , pi. cnL , SgS (le Pic épei-
CHETTE , Temm.; Ficus minor , Linn.); de la taille de notre
moineau. Il a le bec court ; le dos noir sur le haut, rayé en-
suite de noir et de blanc; le sommet de la tête rouge; l'oc-
ciput noir; Pabdomen blanc sale, flambé de noir; point
de rouge au croupion. La femelle diffère par Pabsence du
rouge sur la tête.
Il vit dans les grandes forêts de pins et de sapins. Fendant
l'hiver il se relire quelquefois dans les vergers. II est plus
commun dans le Nord que dans le Midi de l'Europe.
La ponte est de quatre à cinq œufs blancs, teintés de ver-
dàtre : c'est la seule espèce de pic qui offre quelque va-
riété de couleur dans ses œufs.
Le Pic CHEVELU, Wils. , Ornith. anu, tome i, pi. 9, n.° 3
(Picus villosus, Gmel.), nous vient des Etats-Unis. II est de
la taille du moyen épeiche; mais ses couleurs sont semblables
à celle du picus major. Buffon Va représenté, pi. enlum. 764 ,
sous le nom de pic du Canada. Mais il va au Sud jusque
dans la Géorgie. La femelle pond cinq œufs blancs. Son cri
peut se rendre par la syllabe chuck, répétée plusieurs fois
de suite.
Le Pic MiNULE, Wils., Ornith. am. , tome 1, pi. 9, n.° 4
[Picus pubescens , Gmel.), est un autre petit pic, delà taille
dup{C«5 mHnor, qui habite aussi les États-Unis. Son cri peut
PIC 181
être rendu par la syllabe chinch, répétée fréquemment. Ce
petit pic s'associe aux mésanges et aux troglodytes pendant
rhiver. Il diffère du petit épeiche, parce qu'il a le dessus de
la tête tout noir et le ventre tout blanc. La ponte est de six
ou huit œufs blancs. Les petits éclosent en Juin.
Le Pic carolin , Buff. , 692 , et Wils. , Ornith. am., tome 1 ,
pi. 7, fig. 2 {Picus caroliniis, Gmel.), a le dos, les ailes et
la queue noirâtres , grivelés de blanc ; le dessus de la tête d'un
beau rouge ; le dessus du corps gris , teinté de rouge , sur-
tout sous l'abdomen. Le mâle ne prend ces couleurs qu'à trois
ans. Les jeunes ont la tête et le cou d'un cendré-brunâtre. La
femelle diffère du mâle, parce qu'elle n'a pas de rouge sur
la tête, que le front est cendré, et que la partie noire est
moins intense. Ce pic est très-abondant dans tous les États-
Unis, depuis le Haut-Canada jusqu'à la Louisiane. Il est fa-
rouche et préfère les grands bois; son cri peut être ex-
primé par chow, suivant Wilson.
Le Pic A CAMAiL ROL'GE , Buff. , pi. cnlum. 17; Wils.,
Ornith. am. , tome 1, pL 9 , fig. 1 {Picus erythrocephalus ,
Guiel.), a la tête et le cou rouges; le dos noir, glacé de
bleu; un large miroir blanc sur l'aile; le ventre tout blanc,
séparé du rouge de la poitrine par un croissant noirâtre.
Les jeunes ont la tête grise, grivelée de noirâtre sur le
devant.
11 est plus grand que notre épeiche. Il habite depuis le
Haiît-Canada jusqu'au golfe du Mexique et sur la côte sud-
oues( de l'Amérique. Il construit son nid à la tin de Mai.
La femelle y dépose six œufs blancs. Il se plaît dans le voi-
sinage des grandes villes , et , en général , il est peu fa-
rouche. 11 se nourrit de larves d'insectes et de cerises sau-
vages. (Valenc.)
PIC-BŒUF. {Ornith.) Voyez Pique-bœuf. (Ch. D.)
PIC -BOIS. {Ornith.) Lepage du Pratz , dans son Histoire
de la Louisiane, tome 2, page i36, écrit ainsi le nom
des pics de cette contrée , dont il désigne deux espèces.
(Ch. D.)
PIC-GRIMPEREAU. {Ornith.) Voyez Picucui.e. ( Ch. D.)
PIC -MAÇON. {Ornith.) Un des noms vulgaires de la sit-
telle ou torchepot, sitta eurapœa, Linn. (Ch. D.)
i8a PIC
PIC- MARC. (Ornilh.) Ce nom, qu'on écrit aussi pic-mars,
pic-rnart, désigne tantôt le pic vert ou le pic noir, et tantôt
le pic épeiche. (Ch. D.)
PIC-D'MOUNTAGNA. (Omirti.) Nom du pic noir, picus
martius, Linn. , dans le Piémont. (Ch. D.)
PIC-MURADOUR. (Omith.) On donne ce nom au grim-
pereau de muraille dans le Piémont, où la sittelle , sitta eu-
ropœa, Linn., est appelée Pic-piouns. (Ch. D.)
PIC DE MURAILLE. [Ormth.) C'est le grimpereau de
muraille , dont M. Cuvier a fait le type de son genre ÉchC'
lette. (Desm.)
PiC-MURAU. (Omith.) Voyez Pic- muradour. (Desm.)
PIC-PIOUJNS. {Omith.) L'un des noms piémontois de la
sittelle. (Desm.)
PIC-TRIL. (Omith.) Ce nom, suivant Guillemeau , dans
son Essai sur Phistoire naturelle des oiseaux du département
des Deux-Sèvres, est donné, prés d'Argenton-Chàteau et de
Thouars, à la pie-grièche grise, lanius excuhitor, Linn., qui,
en d'autres endroits du même département, est appelée pic-
griché. ( Ch. D.)
PIC A TROIS DOIGTS (Omith.)-. Picus Iridacljlus , Lath. ;
Picus hirsutus , Vieill. , ou Pic tridactvle. Voyez Picoïue.
(Desm.)
PIC A. (Omith.) Ce nom latin et italien de la pie est ap-
pliqué avec diverses épithètes à plusieurs oiseaux différens.
Le cassenoix, con'us caiyocatactes , Linn., est appelé par
certains auteurs pica abictum guttata; le tyran titiri, lanius
Ivrannus, Linn., est nommé par Frisch , pica americana cris-
tata; les Catalans appellent, suivant Barrère , le grimpereau
de muraille, pica aranyas ; l'aracari bleu est désigné dans
Aldrovande sous la dénomination de pica hrasilica secunda;
le guêpier rouge et bleu est le pica brasiliensis amanissimis
coloribus , de Séba ; le geai d'Europe, cori>us glandnrius , Linn. ,
est le pica glandaria de plusieurs ornithologistes-, le maca-
reux, alca arctica , Linn., est le pica ma/'ina d'AldroA^inde?
Phuitrier, hœinatopus ostralegus, Linn., est le pica marina de
Charleton , comme le guillemo t , co/jymtHs /roi7e, Linn., est
le pica marina de Gcsner ; le pica mexicana de Séba, est
Pépeidie du Mexique; le pica minima de Frisch, est la pie-
PIC i85
grîéche rousse, lanius rufus , Gmel. ; le pic a nigra jamaicensis,
de Klein, est l'ani des Savanes, crotophaga ani, Liiiii.; le
martin-pécheur à longs brins, alcedo dea, Linn., est le pica
ternatana, de Klein. (Ch. D.)
PICA. (^Mamm.) On a quelquefois écrit à tort ce mot pour
celui de Pika, qui désigne un mammifère rongeur du genre
Lagomys. (Desm. )
PICA-POULE. (Bot.) Nom languedocien du micocoulier,
celtis aiislralis, cité par Gouan. (J. )
PICA -ROCHE ou PIC D'LA MORT. ( Ornith. ) En Pié-
mont ces noms sont donnés au grimpereau de muraille , oi-
seau du genre Echefette. Voyez ce mot. (Desm.)
PICACUROBA. {Ornith.) Marcgravc , page 204, indique
sous ce nom une tourterelle du Brésil d'un cendré roussâtre ,
que Buifon, tome 2 , in 4.°, page ôSy , rapporte à la tourte-
relle de la Caroline, de Catesby , autrement nommée tourte.
(Ch.D.)
PICAHUAY. (Bot.) Nom péruvien de Vembothrium. emar-
ginatum de la Flore du Pérou. (J. )
PICALOTL. (Ornith.) Fernandez , chap. u-jS , décrit cet
oiseau comme long de dix-huit pouces , ayant les parties su-
périeures bleues, les inférieures blanches ; le bec épais, long,
noir, et la tête surmontée d'une huppe de cette dernière
couleur; il ne chante pas, et ne fait entendre que des cris;
il vit, ajoute l'auteur, de semences de graminées et de ver-
misseaux ; on rélève en domesticité et il est bon à manger.
(Ch.D.)
PICAN. {Bot.) Voyez Polan. (J.)
PIÇAN. {Bot.) Voyez Pissang. (J.)
PICAREL. {Ichthyol.) Voyez Smare. ( H. C. )
PICARY. (Mamm.) Manière fautive d'écrire le nom du
Pécari. ( Desm.)
• PICASSON. (Ornith.) Nom vulgaire du grimpereau com-
mun, certhia familiaris , Linn. (Ch. D.)
PICATA. {Ornith.) Un des noms espagnols de la pie com-
mune, qui est aussi appelée, dans la même langue, picaza et
pega. (Ch. D.)
PICATEOA. {Ornith.) Nom provençal des Pics. (Desm.)
PICAVERET. {Ornith.) Ce nom, qu'on écrit aussi ptcaçre^ ,
184 PIC
est donné par Belon au cabaret, variété dans le genre Linotte.
(Ch. D.)
PICAZURO. {Ornith.) D'Azara qui dit, que les Guaranis (ha-
bitans du Paraguay) appellent pjgflzu tout pigeon de grande
espèce, décrit sous le n.° Siy le picazuro, que M. Temminck
nomme aussi colombe picazuro, pag. m , in 8.", de son His-
toire des pigeons. (Ch. D.)
FICCAFIGA. {Ornith.) Suivant Gesner et Aldrovande , ce
nom est donné par les Italiens des environs du lac Majeur,
au bec-figue ou beque-iique, c'est-à-dire à la farlouse ou fau-
vette désignée sous cette dénomination ; car M. Cuvier pré-
tend que c'est un oiseau imaginaire. ( Ch. D. )
PICCHIA FERRO. {Ornith.) C'est, en sicilien, le guêpier
commun, merops apiaster, Linn. (Ch. D.)
PICCHIO. {Ornith.) Pic, en italien. (Ch. D.)
PICCHION. {Ornith.) Voyez Échelette. (Ch.D.)
PICCIA. {Bot.) Necker a voulu substituer ce nom généri-
que à celui de symphonia , donné par Linnaeus fils à un genre
qui, postérieurement, a été réuni au moronobea dans Li fa-
mille des guttifères. (J.)
PICCÏONE. {Ornith.) Jeune pigeon en italien. (Ch. D.)
PICEA. {Bot.) On désigne sous ce nom une section du
genre Sapin , Ahies, dont les diverses espèces, plus résineuses
que balsamiques, ont le feuillage non aplati , mais circulaire,
et les cônes renversés. On les nomme aussi epicia, et il pa-
raît que le pitjs de Tliéophraste doit être assimilé aux mêmes
espèces. Picea est aussi ie nom d'une espèce du genre Sapin.
Voyez ce mot. (J.)
PICHAROUKI. {Erpét.) Nom égyptien du crocodile, d'a-
près le Dictionnaire éiifplien de Kircher. Vovez Crocodile»
(H. C.)
PICHAR PEERING. {Bot.) Marsden cite à Sumatra sous ce
nom un arbrisseau à grandes fleurs blanches, qu'il dit être
dans le catalogue de Batavia sous le nom de clerodendrum.
(J.)
PICHAlî. {Mamm.) Nom de tous les animaux à poils cré-
pus au Paraguay, suivant d'Azara. (F. C.)
FICHE. {Ornith.) On lit dans les Mémoires philosophiques
de D. Ulloa, trad. françoise, tome premier, p;!g. 189, que
PIC i85
parmi les oiseaux du haut Pérou se trouvent les piches, dont
le chant est agréable. (Ch. D.)
PICHI. (Bot.) Nom donné dans le Chili tin fabiana de la
Flore du Pérou. Cette plante passe dans le pays pour un re-
mède efficace contre la maladie dite pizguin, qui attaque
les chèvres et les moulons. (J. )
PICHO. {Ichthjol.) Le Cyprin picot est ainsi appelé dans
quelques cantons. (Desm.)
PICHOT. (Ornith.) Ce nom vulgaire est donné au pinson
commun, /n)igï7./(^i calehs, Linn. , et celui de pichot de mer, au
pinson d'Ardennes,/r;ng/7/a montifringilla, Linn. (Ch. D.)
PICHOT MONDAIN. {Omith.) Le pinson d'Ardennes est
ainsi nommé aux environs d'Orléans. (Desm.)
PICHOTA VERMEIL. {IcUhyol.) A Barcelonne, on donne
ce nom à la flamme de mer. Voyez Cépole. (H. C. )
PICHOU. {Mamm.) Lepage du Pratz, dans son Histoire de
la Louisiane, rapporte que «le pichou est une espèce de
« chat pitois, aussi haut que le tigre, mais moins gros, dont
« la peau est assez belle, et qui est un grand destructeur de
« volailles, mais que, par bonheur, il n'est pas commun à
« la Louisiane. » Bulfon pensoit que cet animal étoit le mar-
guay , ce qui étoit une erreur: le margua}^ n'est guère plus
grand que le chat domestique; cependant il est impossible
d'en déterminer l'espèce d'après les paroles du voyageur.
(F.C.)
PICHOULINE. {BoL) Nom languedocien, selon Gouan ,
d'une variété d'olive, olea europœa ohlonga, plus petite que
les autres. Une autre variété moyenne, olea europœa viridula ,
est nommée pigale, (J. )
PICHOUN-PIC. {Ornith.) Nom provençal du petit épeiche,
picus minor , Linn. (Ch. D. )
PICHUIQUITA, SOCCONCHE. (Bot.) A Huanuco on
nomme ainsi le gardoquia incana de la Flore du Pérou. Cette
plante y est employée dans certains assaisonnemens, à cause
de sa saveur agréable. (J.)
PICHURIM ou PÉCHURIM. {Bot.) C'est sous ce nom que
l'on connoît dans les matières médicales une graine apportée
de l'Amérique méridionale. Sa forme est celle d'une grosse
olive,- sa couleur est iirunc, tirant sur le noir; son odeur
186 PIC
et sa saveur tiennent du sassafras et de la muscade. Elle est
composée de deux grands lobes, aplatis d'un côté et convexes
de Fautre, lesquels se détachent aisément. Linnœus , le pre-
mier, a cru qu'elle pouvoit être fournie par une espèce de
laurier ; mais cette opinion n'est appuyée d'aucune preuve
certaine, si ce n'est qu'elle doit appartenir à une famille ou
à un genre dont la graine est dénuée de périsperme ; mais
elle pourroit aussi, pour la même raison, provenir d'une
plante guttifère, si l'on observe que sa cassure présente
une substance dure et presque ligneuse. Suivant Murray ,
elle nous arrive du Brésil par le Portugal, puisqu'on la
nomme pichurim du Maragnon. Elle fut d'abord vantée
vers le milieu du dix -huitième siècle à Stockholm, par
un capitaine , qui l'apporta du Portugal , et Pannonça
comme un spécifique contre la diarrhée. Cette propriété
fut confirmée par plusieurs guérisons , et peu à peu cette
graine a été introduite dans plusieurs pharmacopées de
l'Europe.
Meyer fait mention d'une écorce de pichurim , qu'il dit pro-
duite par le même végétal; laquelle a la couleur de la can-
nelle; l'épaisseur d'une ligne; Podeur supérieure à celle de
la muscade et du girofle, tirant un peu sur celle de l'ambre;
la saveur piquante, acre et astringente. Elle est apportée de
Panama , ce qui peut donner des doutes sur son identité
d'origine avec la graiiie. Murray dit qu'elle a été employée
à Lisbonne comme astringente, stomachique et fébrifuge:
mais elle n'est point usitée en France.
M. Kunth, parmi ses plantes équinoxiales . cite un arbre
de la famille des laurinées, scus le nom à^ocotea pichurim .
qui croit dans la province de Venezuela en Amérique, où
on le nomme laurel ; mais il est incertain si son fruit est le
même que le pichurim décrit précédemment. (J.)
PICICITLI. (Ornith.) Fernandez, chap. 200, p. 53, décrit
un petit oiseau dont tout le plumage est cendré, à l'excep-
tion de la tête et du cou , qui sont noirs , avec une assez
grande tache blanche entourant les yeux et dont la pointe
retombe sur la poitrine. On le voit au Mexique, après la sai-
son des pluies, et quoiqu'il ne chante point, comme on
ignore quelle est la contrée où il se reproduit, on essaie de
PIC ïfi?
l'élever en cage; mais il n'y vit pas long-temps. C'est un
fort bon manger.
Séba a appliqué le même nom, tome i , pag. gS, et pi. ôcj,
à un petit oiseau de couleur pourpre, qui porte une huppe
jaune, et des naturalistes en ont fait un manakin , quoique
son bec fût annoncé comme pointu; mais le nom seul, qui
est mexicain et non brésilien, suffisoit, comme l'a dit Buf-
fon, pour prouver une erreur dans l'origine supposée par
Séba. (Ch. D.)
PICIELT. {Bot.) Voyez Pktum.'(J.)
PICINNA. [Bot.) Nom malabare, cité par Rhéede , du luffa
fatida de Cavanilles, genre de cucurbitacées , qui est le gon-
salj des Brames, le pateles des Portugais dePlnde. On donne
aussi, à risle-de-France , le nom de paleles au ricJiosai-dh es
angiiina, autre cucurbitacée. (J.)
PICITE. (Min.) C'est le nom que M. Fischer , dans son
Systema orjctognosiec (imprimé à Moscou en 1811), donne au
Pechsteiti fusible des minéralogistes allemands , à celui que
nous avons nommé Rétimtk. Voyez ce mot, ( B. )
PICKART. (Ornitk.) Un des noms allemands du héron bu-
tor, ardea sjellaris , Linn. (Ch. D.)
PICLO. (Ichthyol.) Voyez Pigo. (H. C.)
PICMAR. {Ornitli.) Voyez Picumar. (Ch. D.)
PICNOCOMON. [Bot.) Ce nom ancien a été donné à des
plantes très -différentes. On le trouve d'abord appliqué par
Daléchamps à une carduacée, que Linnaeus nommoit cnicus
acarna , dont Adanson faisoit son genre Picnocomon et qui pa-
roit devoir être réuni au cirsium. Le pycnocomon de Columna
est le scabiosa succisa. On peut encore rapporter ici le pyono-
comos de Brunfels, qui est Vœgopodium podagraria ; celui
d'Anguillara , que C. Bauhin soupçonne être le re:?eda alba;
enfin, la plante que Cortusus cite comme étant le picnocoinon
de Dioscoride, est assimilée par C. Bauhin a la pomme de
terre, solanitm luberosum , qui cependant, suivant les rela-
tions les plus accréditées, n'était pas connue avant la dé-
couverte de PAmérique, dont on la croit originaire. (J.)
PICNOME, Picnomon. (Bot.) Ce genre de plantes, qui
appartient à l'ordre des Synanthérées et à notre tribu natu-
relle des Carduinées, présente les caractères suivans.-
i88 PIC
Calathide incoiironnée , équaliflore, multiflore, obringen-
tiflore, androgyriiflore. Péricline égal ou même un peu su-
périeur aux fleurs, ovoïde, presque conique; formé de
squames régulièrement imbriquées , appliquées , longues ,
étroites, coriaces, plurinervées, surmontées d'un appendice
étalé, arqué en dehors, long, épais, roide, linéaire-subulé,
armé de sept épines très-longues, dont une terminale et six
latérales. Clinanthe épais , charnu , planiuscule, garni de fim-
brillcs très-nombreuses, très-longues, inégales, libres, linéai-
res-subulées, laminées, membraneuses. Ovaires comprimés
bilatéralement, obovales-oblongs, glabres, lisses; aréole ba-
silaire large, point oblique; aréole apicihiire surmontée d'un
plateau subhémisphérique, qui porte le nectaire et la corolle,
et qui est entouré d'un anneau pappifère et caduc; aigrette
longue , égale à la corolle , grisâtre en son milieu , compo-
sée de squamellules très-nombreuses, plurisériées , inégales,
filiformes, barbées, à barbes longues et capillaires. Corolles
à limbe étroit, à peine distinct du tube, obringent. Êta-
mincs à filets garnis de longs poils; à anthères pourvues d'ap-
pendices apicilaires entregreffés , longs, linéaires, aigus au
sommet. Style à deux stigmatophores entregreffés, libres et
divergens au sommet.
Les squames extérieures du péricline sont Hnéaires-subu-
lées, presque inappendiculées, les intérieures linéaires-oblon-
gues et surmontées de l'appendice décrit ci-dessus. C'est pré-
cisément tout le contraire de ce que disent les botanistes :
sqiiamis calycinis lanceolatis , inferioribus spina pinnata termi-
natis.
INousne connoissons qu'une seule espèce de ce genre.
PicNOME AcARNE : Piciiomon Acarna , H. Cass.; Cnicus Acar-
na,Linn. ,Sp. p/., édit. 5, pag. ii58. C'est une plante her-
bacée, haute d'environ un pied, à tige dressée, portant des
rameaux très-longs, étalés; la tige et les rameaux sont garnis
tout autour d'ailes longitudinales, bordées d'épines, et for-
mées par les décurrences des feuilles ; celles-ci sont alternes,
étalées, sessiles, décurrentes, longues d'environ quatre pouces,
larges d'environ six lignes, oblongues- lancéolées, blanchâ-
tres ou grisâtres , et plus ou moins pubescentcs ou tomen-
teuses sur les deux faces, par la présence de longs poils lai-
PIC 189
oenx, couchés, plus ou moins rapprochés; ces feuilles sont
boniées de petites épines en forme de cils, et pourvues en
outre de lobes distans, courts, bifides, dont les deux divi-
sions sont terminées chacune par une longue épine jaune ,
et de manière que l'une est élevée au-dessus de Ja feuille et
l'autre abaissée au-dessous; les calathides, hautes d'un pouce
et composées d'environ trente-quatre fleurs purpurines, sont
solitaires au sommet de la tige et des rameaux, et chacune
d'elles est entourée d'un assemblage de feuilles courtes, iné-
gales, verticillées, formant une sorte d'involucre; leur pé-
ricline est tomenteux ou laineux.
Nous avons fait cette description spécifique, et celle des
caractères génériques, sur un individu vivant, cultivé au
Jardin du Roi, où il fleurissoit en Septembre.
Le Picnomon Acarna est une plante annuelle , bisannuelle,
ou vivace , suivant divers botanistes; elle habite les champs
de l'Espagne , et se trouve aussi sur les terrains pierreux et
stériles de nos départemens méridionaux, où elle fleurit en
Juillet. Tournefort, dans son Corollarium (pag. 53), indique
une variété à fleurs blanches; Linné, d'après C. JBauhin, en
indique une autre à tige basse.
Cette planle, nommée d'abord Picnomon par Daléchamps .
puis Chamœleon par Clusius, ensuite Acarna par C. Bauhin,
fut attribuée par Tournefort à son genre Cnicus , caractérisé
par le péricline entouré de bractées, et composé d'espèces
presque toutes hétérogènes. Vaillant, bien meilleur observa-
teur, reconnut, le premier, que l'espèce dont il s'agit de-
voit seule constituer un genre particulier, qu'il nomma
Acai^na, et qu'il caractérisa ainsi : Fleur ordinairement en
houppe; ovaires lisses, couronnés de plumes, nichés entre
les poils du placenta; calice à pureau des écailles becqué
d'un piquant endenté. Ce caractère générique, exprimé en
style barbare, n'en est pas moins fort exact, et il auroit dû
préserver le genre Acarna de l'injuste oubli dans lequel il
est tombé. Linné, négligeant les excellentes observations de
Vaillant, confondit V Acarna, d'abord avec les Carduus, puis
avec ses Cnicus. Le genre Cnicus de Linné, très- différent ,
surtout par sa composition, du genre Cnicus de Tournefort.
est caractérisé par le péricline entouré de bractées, formé
19° PIC
de squames munies d'épines rameuses, et par l'aigrette plu-
meuse. Ce caractère générique, dans lequel Tauteur paroît
avoir combiné celui du Cnicus de Tournefort, et celui de
VAcarna de Vaillant, convient très-bien à VAcarna, mais fort
mal à tous les autres Cnicus de Linné, notamment à son
Cnicus oleraceus , qui est le type du genre, et dont le péri-
cline est muni d'épines simples (voyez notre article Ono-
TROPHE, tom. XXXVI, pag. 146). Adanson nous paroît avoir
voulu rétablir le genre Acama de Vaillant, sous le nom de
Picaomon; car il indique le Chamœleon de L'Écluse comme
type de ce genre; mais il le caractérise assez mal par les
feuilles épineuses, entières et ailées, les calajhides corym-
bées , le péincline formé de squames imbriquées, bordées
d'épines , le clinanthe garni d'écaillés entières , l'aigrette
longue , plumeuse , les corolles hermaphrodites et à cinq
dents. MM. de Lamarck et de Jussieu ont rapporté VAcarna
au genre Carihamus. Aujourd'hui les botanistes l'attribuent
à leur genre Cirsium ou Cnicus, qui, selon eux, doit com-
prendre tous les chardons à aigrette plumeuse.
Nous pensons, comme Vaillant, que VAcarna constitue un
genre particulier , que nous plaçons auprès des Lophiolepis
et Eriolepis , dont il diffère principalement par la structure
de l'appendice des squames du péricline. En effet , dans
VAcarna, cet appendice est armé, sur chaque côté, de trois
épines très-longues et roides; tandis que, dans les Lophio^
lepis, il est bordé sur les deux côtés d'un grand nombre de
petites épines molles, et que dans les Eriolepis il n'est point
du tout bordé d'épines. ( Voyez notre article Lophiolèpe ,
tom. XXVIl, pag. 180, et les articles Notobase et Onotrophe,
où nous avons indiqué le caractère essentiellement distinctif
du genre Eriolepis.) VAcarna s'éloigne aussi des Eriolepis et
Lophiolepis par son port, que Linné comparoît à celui de
la Carline ou du Carthame , mais qu'il est plus exact de com-
parer à celui de nos hamjra.
Le nom à\4carna, primitivement imposé par Vaillant au
genre dont il s'agit, aurait dû être conservé par nous, si
Willdenow ne l'avoit pas appliqué à un genre de Carlinées,
aujourd'hui généralement adopté sous ce nom. Quant au nom
de Cnicus, il doit certainement être consacré à un genre de
PIC 191
Centauriées , ainsi nommé par Vaillant , Gsertner , M. De Can-
dolle. (Voyez notre article Cnicus, tom. IX, pag. 467, dans
lequel il faut lire, ligne 21 , égales au lieu de également.)
Il nous a donc paru convenable, en proposant (tom. XXV,
pag. 22 5) le rétablissement du genre Acarna de Vaillant,
de le présenter sous l'ancien nom crétois de Picnomon, adopté
par Adanson , d'après Daléchamps et Lobcl, et qui a, sur
les noms d'' Acarna et de Chamœleon , le précieux avantage de
n'avoir pas été , comme ceux-ci , appliqué par divers bota-
nistes à plusieurs plantes hétérogènes. (H. Cass.)
PICO. ( Ornith. ) Nom italien du pic et de la sittelle.
(Ch. D.)
PICO - TRIGUENO. ( Ornith. ) Sonnini donne ce nom
comme se rapportant à une espèce de Grosbec. (Desm.)
PICOÏDE, Picoïdes. {Ornitji.) Ce sont des oiseaux absolu-
ment conformés comme les pics. M. de Lacépède a cru devoir
les séparer des pics , que l'on caractérise par leurs quatre
doigts, parce que les picoïdes n'en ont que trois, un der-
rière et deux devant. M. Temminck n'a pas adopté ce
genre, parce qu'il y a des pics de l'Inde qui conduisent à
nos picoïdes , ainsi que nous Pavons indiqué à l'article Pic
(voyez ce mot), attendu que le doigt externe et postérieur
est presque rudimentaire ; mais pour se conformer aux ca-
ractères que nous assignons au genre Pic, nous croyons plus
convenable d'en séparer l'espèce qui n'a que trois doigts;
nous la nommerons
PicoÏDË VAuiÉ : Picoïdes variegatus , Picus Iridactylus , Gmel.,
Edw., 114. Elle a le dos noir grivelé de blanc; le ventre blanc
flambé de noir; la tête noirâtre, avec une couronne d'un
beau jaune sur l'occiput; une moustache noire, assez large,
bordée de blanc sur les deux côtés, descendant de l'angle du
bec sur la poitrine. La femelle diffère du mâle, parce qu'elle
n'a pas de jaune sur la tête; elle niche en Suisse et dans les
forêts du Nord de PEurope, et pond quatre ou cinq œufs
d'un blanc pur. On le trouve aussi dans l'Amérique septen-
trionale, et dans le Nord de l'Asie. (Valenc.)
PICOLAT. {Ornith.) On appelle ainsi, dans le Périgord,
le pic vert, picus viridis, Linn. , lequel, dans d'autres dépar-
temens, est nommé picosseau, (Ch. D.)
Î92 PIC
PICOLOTI, SANGANGOUPI. (Bot.) Noms, cités dam un
Hei'Lier de Peudichéry , de la plante que nous avons nommée
ovieda ovalifoUa dans les Annales du Muséum, vol. 7, p. 76.
(J.)
PICOPOULO. {Bot.) En Languedoc on donne ce nom à
nne sorte de raisin blanc à petits grains et au fruit du
micocoulier. (L. D.)
PICOSSEAU. {OrnitU.) Voyez Picolât. (Ch. D.)
PICOTAZ. [Bot.) Nom provençal de l'aconit napel. (L. D.)
PICOTÉ. {Conchj'l.) Nom spécifique d'une espèce du
genre Cône. (Desm.)
PICOTELLE. {Ornith.) Un des noms vulgaires de la sittelle,
appelée en catalan picolella. (Ch. D.)
PICOTIA. {Bot.) Ce nom est cité par MM. Rœmer et
Schultes, comme synonyme de Vomphalodes , qui lui-même
a été réuni depuis long- temps au cjnoglossum par Linnaeus.
(J.)
PICOTIN. {Bot.) Dans quelques cantons on donne ce nom
au gouet commun. (L. D.)
PICOTITE. {Min.) C'est un minéral inconnu; car, pour
nous , un minéral n'est connu et ne mérite un nom particu-
lier que quand on connoît sa composition , ou au moins sa
forme cristalline , ou enfin quelques pi'opriétés physiques
tellement éminentes , qu'on puisse être sûr qu'elles ne peu-
vent se trouver que dans une espèce nouvelle pour la science.
Or , comme on va le voir par la description que M. de
Charpentier en a faite, aucun de ces caractères déterminans
n'a pu se reconnoî(re dans le minéral auquel il a donné le
nom de Picot de la Peyrouse.
Il est d'un noir parfait, d'un éclat vitreux très-vif: il est
facile à casser. Sa cassure est conchoïde ; cependant dans
quelques échantillons on aperçoit une tendance à la cassure
lamelleuse. Il est opaque, dur , rayant fortement le verre.
Il donne une poussière d'un gris verdàtre , maigre au tou-
cher.
II n'a présenté aucuae forme cristalline. On n'a pu évaluer
ea pesanteur spécifique. Il n'agit point sur l'aiguille aimantée ,
même après avoir été chaufi'é et , n'acquiert aucune élec-
tricité par la chaleur. Il est indissoluble dans l'acide nitrique
PIC 195
et infusible au chalumeau. (Tous ces caractères négatifs ne
peuvent jamais avoir la valeur des caractères positifs. On sait
qu'il y a des tourmalines infusibles, et dans lesquelles il est
très-difficile de développer l'électricité.)
Il est disséminé en parties rarement d'un volume hien sensible
dans le pyroxène en roche des Pyrénées de l'Arriége : pyroxène
auquel on avoit donné autrefois le nom de Iherzolite , croyant
aussi que c'étoit une espèce nouvelle, parce qu'on n'avoit pas
encore su la reconnoitre.
Quelle urgence y a-t-il donc de décrire et de nommer tout ce
que l'on trouve ? Pourquoi n'a-t-on pas la patience d'attendre
qu'on puisse savoir ce que c'est , pour le faire alors réellement
connoître P car un nom donné ne fait pas connoitre la chose;
et, en minéralogie, une description des caractères extérieurs
de Féchantillon que l'on tient, quelque minutieuse qu'elle
soit, ne fait pas davantage connoître le corps auquel elle s'ap-
plique.
Ce n'est pas à M. de Charpentier que nous adressons ces
observations , mais à l'ancienne École allemande , dont il a
suivi les principes , si bons en géognosie , et si trompeurs en
minéralogie. ( B. )
PICOUTAZ. (Bot.) Dans le Midi de la France on donne
ce nom à l'aconit à grandes fleurs. ( L. D. )
PICOZO. (Ornith.) Nom italien du pic vert, picus viridis,
Linn., qui est aussi appelé, dans la même langue, pjco verde.
(Ch. D.)
PICRAMNIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs incomplètes, dioïques, de la famille des térébintacées,
de la dioécie pentandrie de Linnaeus , offrant pour caractère
essentiel : Des fleurs dioïques ; un calice à trois ou cinq di-
visions.; autant de pétales et d'étamines ; dans les fleurs fe-
melles, un ovaire supérieur; deux stigmates presque ses-
siles; une baie à deux loges; deux semences dans chaque
loge.
PiCRAMNiA ANTiDESME : Picrumnia antidesma , Swartz, Flor.
ind. occid. , 21Q ; Berberis fruticosa , Sloan. , Jam. , 170
Hist., 2, tab. 209, fig. 2. Arbrisseau dont la tige droite,
foible, chargée de rameaux grêles, étalés, cendrés, rabattus,
un peu ramifiés, garnis de feuilles ailées, longues d'un pied
40. i3
^94 PIC
et plus; les folioles pédîcellées , glabres, alternes, ellipti-
ques, obtuses, entières. Les fleurs sont dioïques, disposées
en grappes terminales, filiformes, longues d'un à deux pieds,
lâches, pendantes, chargées de fleurs d'un vert blanchâtre,
pédicellées, réunies en^ paquets alternes; le calice à trois di-
visions droites, lancéolées; trois pétales lancéolés, étalés, un
peu plus longs que le calice; trois filamens plus longs que
la corolle; les anthères ovales , à deux loges; dans les fleurs
femelles un ovaire oblong, un peu comprimé; deux stigmates
courts, presque sessiles, recourbés. Le fruit est une baie
alongée, de la grosseur d'une groseille , d'abord d'un rouge
vif, puis noire, à deux loges; deux semences ovales, ob-
longues dans chaque loge. Cette plante croit sur les montagnes
à la Jamaïque; elle est Irès-amère. Elle passe, chez les
Nègres , pour anti-vénérienne ; ils la prennent aussi en infu-
sion pour appaiser la colique.
PicRAMNiA A CINQ ÉTAMiNEs ; Picramnia pentandra , Swartz ,
loc. cit. Cet arbrisseau ressemble beaucoup à l'espèce précé-
dente , mais ses folioles sont plus larges ; les grappes beaucoup
plus courtes, inclinées et ordinairement un peu ramifiées.
Les fleurs sont plus petites; le calice à cinq divisions; les
étamines, au nombre de six, plus longues que la corolle;
les anthères arrondies; l'ovaire un peu globuleux; deux
stigmates sessiles en tête. Cette plante croît dans l'Amérique
méridionale et au mont Serrât. (Poir.)
PICREUS. (Bot.) Ce genre, établi par Beauvois dans sa
Flore d'Oware, t. 86, ne paroit congénère du souchet , cy-
perus, que par le stigmate double, qui se retrouve dans
d'autres souchets. (J. )
PIORIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes, mouopétalées, irréguliéres, delà famille des per-
sonnées , de la didynamie angiospermie de Linnaeus , offrant
pour caractère essentiel : Un calice à quatre découpures
profondes, inégales; une corolle en masque; le tube resserré
dans son milieu ; quatre étamines didynames ; un ovaire su-
périeur ; un style; deux stigmates; une baie à deux loges
polyspermes.
PiCRiE FIEL DE TEKRP , P'icria fel tcrrœ , Lour. , Flor. cochin. ,
i, page 7,78. Plante herbacée, dont les racines produisent
PIC 195
plusieurs tiges droites, tétragoneS , rameuses, lôiigues d'un
pied; les feuilles sont opposées, rudes, ovales, glabres,
dentées en scie; les fleurs axillaires , pédonculées, réunies
en paquets d'un blanc rougeâtre ; le calice a quatre folioles
caduques, desquelles deux sont planes, ovales, plus longues
que la corolle ; deux autres alternes, linéaires, plus courtes;
la corolle est tubulée, en masque; le tube resserré dans son
milieu ; la lèvre supérieure spatulée , échancrée au sommet;
l'inférieure plus ample, à trois lobes égaux, arrondis; des
quatre filamens didynames , les deux plus longs sont engainés
par de petits tubes papilleux et leurs anthères Séparées , in-
clinées, à une seule loge; les deux filamens plus courts,
courbés en dedans; leurs anthères conniventes , à deux loges;
l'ovaire est ovale, à un style de la longueur de la corolle , et
deux stigmates droits, lancéolés; la baie ovale, à deux loges,
renferme plusieurs semences arrondies. Cette plante est cul-
tivée dans les jardins, à la Chine et à la Cochinchine , à
cause de Sa grande amertume, qui la fait employer danà les
fièvres intermittentes, comme apéritive , sudorifique , em-
menagogue et diurétique. (Poir.)
PICRIDIE, Picridium. (Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs composées, de la famille des chichoracées ,
de la syngénésie polygamie égale de Linnaeus , ofirant pour
caractère essentiel : Des fleurs toutes hermaphrodites, semi-
flosculeuses , renfermées dans un involucre ou un calice
commun imbriqué, ventru à sa base, composés de folioles
membraneuses sur les bords ; cinq étamines syngénèses ; le
réceptacle nu; les semences tétragones , un peu courbées,
marquées de tubercules disposées en séries transversales; une
aigrette sessile, à poils simples.
En rapprochant des picris. ce genre établi par M. Desfon-
taines , on reconnoit qu'il en diffère par le caractère de ses
semenees quadrangulaires , par les tubercules en séries trans-
versales, dont elles sont hérissées et par le défaut de calice
extérieur distinct. Ce dernier caractère les avoit fait ranger
d'abord par Linné parmi les scorzonèTes ; mais le caractère
des semences les en écartent. Willdenow les rapporte aux
ôonchus. Le genre Reiahardia de Mœnch et de Roth est le
même que celui-ci.
i^e PIC
PiCRiDiE VULGAIRE : Picridium vulgare , Desf. , Flor. Atlaïi. ^
3, page 22 1 ; Sonchus picroides , AU. Jlor. ped. , tab. 16, fig.
1 ; Lobel, Icon., 236, fig. 2; Scorzonera picroides , Linn.;
Poir. , Voyag. en Bîirb. . 2 , page 226. Cette espèce a des
tiges hautes d'un à deux pieds, un peu fîstuleuses. Les ra-
meaux sont étalés; les feuilles glabres, distantes; les infé-
rieures lancéolées, rétrécies à leur base en pétiole ; les unes
entières, d'autres rongées ou laciniées avec quelques petites
dents aiguës; celles des tiges très^simples, embrassantes, élar-
gies à leur base, un peu denticulées vers leur sommet; les
pédoncules sont rameux , fistuleux , renflés à leur sommet,
garnis d'écaillés éparses, en cœur, membraneuses à leurs
bords. Les fleurs sont jaunes, assez grandes: leur calice est
ventru, à écailles inégales : les extérieures très-courtes; les
semtnces, surtout les extérieures, un peu courbées en arc,
tétra^ones; les intérieures droites, presque ovales; leur ai-
grette est sessile, simple et velue. Cette plante croît dans les
contrées méridionales de la France. Je l'ai trouvée en Bar-
barie ; Tournefort dans l'ile de Mycone. Il dit que les habi-
tans en font des salades tout-à-fait ragoûtantes, quand on
frotte le plat avec de l'ail. (Voyage du Levant^ vol. 1 , page
334, in-8.°)
PiCRiDiE DE Tanger : Picridium tingitanum , Desf., loc. cit.;
Scorzonera tingilana, Linn., Spec. Cette plante a des feuilles
assez semblables à celles du pavot sommifère , un peu char-
nues, ron<^ées sur leurs bords. Les fleurs sont grandes, d'un
beau Jaune, et méritent d'être introduites dans nos parterres
comme plantes d'ornement; les tiges sont droites," glabres,
cannelées; les feuilles embrassantes, d'un vert glauque, gar-
nies à leurs bords de petites dents spinuliformes : les pédon-
cules très-longs, uniflores , renflés au sommet, parsemés de
quelques petites folioles linéaires ; le calice est épais , très-ven-
tru, à écailles larges, ovoïdes, aiguës, membraneuses à leurs
bords; les demi-fleurons sont velus et de couleur purpurine
à l'entrée du tube; le tube des étamines est pubescent; les se-
mences sont tétragones, obtuses, tuberculées; à aigrette d'un
blanc brillant et soyeux. J'ai recueilli cette plante sur les côtes
de Barbarie, particulièrement vers les côtes maritimes, dans
les fentes des rochers. On la cultive au Jardin du Roi.
PIC '97
PiCRiDiE BLANCHATRE : Picriditim albidum , Decand., FI. fr. ,
4, page ]6; Crépis albida , Vill. , Dauph. , 5, page iSg, tab.
33; Jacq., Jcofi. rar. , i, tab. 164; AUion , Pei. , n." 800,
tab. 32, fig. 3. Cette espèce n'est pas inférieure en beauté à
la précédente, avec laquelle elle a beaucoup de rapports.
Sa racine est épaisse et profonde; sa tige presque simple,
longue de douze à quinze pouces, un peu pubescente ; ses
feuilles sont assez grandes, velues, oblongues et blanchâtres,
souvent pinnatifides ou dentées, rarement entières ; les cau-
linaires embrassantes ou sessiles; les pédoncules très-longs,
uniflores. Les fleurs sont grandes, d'un jaune pâle, d'un bel
aspect; les folioles du calice ovales, oblongues, presque gla-
bres, membraneuses sur leurs bords ; les semences oblongues,
amincies au sommet; l'aigrette très-blanche, à poils simples.
Cette plante croît aux lieux pierreux des hautes montagnes,
dans les Pyrénées et les Alpes.
PiCRiDiE d'Espagne: Pirridiumhispanicum , Poir., Enc. suppl.;
Sonchus hispanicus, Willd., Spec. ; Jacq., Horf. Schanhr. , 2,
tab. 143. Cette plante ressemble beaucoup au picridium tin-
gitanum ; elle s'en distingue par sa couleur plus glauque,
par les points blancs et nombreux, dont les feuilles sont
parsemées; elles sont de plus embrassantes, alongées , si-
nuées ou pinnatifides, dentées à leur contour, glabres à la
vue , mais considérées à la loupe, couvertes d'un duvet très-
fin , formé par de petits points blancs; les dentelures termi-
nées par une pointe épineuse ; les pédoncules écailleux , ren-
flés à leur sommet ; les calic^\s glabres, raboteux. Cette plante
croit en Espagne, aux environs de Malaga.
PiCRiDiE A FEUILLES EN LANIERES ; Picridium Ugulattim , Vent.,
Malw., 2, tab. G8. Cette espèce a des tiges droites, hautes
de deux pieds et plus; les feuilles sont alternes, sessiles, em-
brassantes, alongées, en forme de lanière, obtuses, légère-
ment sinuées, glabres, d'un vert glauque, un peu épaisses,
longues de six pouces, bordées de dents aiguës; les pé'îon-
cules sont longs, terminaux, souvent «olitaires , creux et
renflés à leur sommet, parsemés de quelques petites écailles.
Les fleurs, de la grandeur de celles du pissenlit et d'un beau
Jaune, ont le calice renflé à sa base; ses folioles glabres,
imbriquées, aiguës, membraneuses à leurs bords; les se-
Ȕ>8 PIC
menées tétragones, tuberculées sur leurs angles, d'un brus»
foncé; l'aigrette simple, sessile , pubescente, très-blanche:
le réceptacle nu, convexe , alvéolaire. Cette plante croit
aux environs de Mogador , où elle a été découverte par
Broussonnet.
PiCRiDiE d'Orient ; Picridium orientale , Poir. ; Scorzonera
orientalis, Linn. , Spec. Cette plante, qui a le port et une
partie des caractères du genre Picridium, doit y être réuni.
Sa tige est basse, presque simple, cylindrique, terminée par
une seule fleur; les feuilles sont glabres, alternes, sinuées,
profondément dentées, assez semblables à celles du leontodon^
leurs découpures finement denticulpes. Les fleurs sont soli-
taires; elles ont leur calice composé d'écaillés imbriquées;
les inférieures entourées d'une large membrane scarieuse ;
la corolle jaune , assez grande. Cette plante croit dans le
Levant. (Poir.)
PICRIS. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
composées , de la famille des chicoracé.c.x . de la sjngénésie po-
ijygamie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Des
fleurs toutes hermaphrodites , à demi-fleurpns ; un involucre
ou calice commun , composé d'une rangée de folioles enr
tourée à sa base d'un sepond rang de folioles beaucoup plus
courtes. Les fleurs demi-flosculeuses ; cinq étamin.es syngér
nèses; le réceptacle ponctué; Ips semences striées transver-
salement , surmontées d'une aigrette plumeuse , sessile pu
presque sessile.
On a séparé du genre Pipris de Linné toutes les espèces
dont les semences sont alongées, rptrécies en une sorte de pé-
dicelle, qui supporte une aigrette plumeuse. Les semences
les plus extérieures de la circonférence sont difformes , ve-
lues , adhérentes à la base des folioles, à aigrette plu^
courte et comme avortée; les corolles pourvues de longs
poils coniques à l'entrée du tubç. Ce genre porte le nom
rt'HELMiNTiA. (Voyez ce mot.)
PiCRis ÉPERViÈRE t PicHs hicracioUes , Linn., Speç.; Lamk.,
m. gen., tab. 648, fig. 2. Cette plante s'élève à la hauteur
d'un ou deux pieds sur une tige dure, divisée en rameaux
très-divergens et roides, hérissée, ainsi que toiites les par-
ties de cette plante, de poils très-rydes, crochu§ , bifurques
PIC Ï99
à leur sommet; les feuilles radicales sont alongées , un peu
sinuées, lancéolées, rétrécies en pétiole à leur base, longues
de six à huit pouces; celles de la tige plus étroites, sessiles ,
aiguës, denticulées, rudes au toucher, d'un vert blanchâtre.
Les fleurs sont jaunes, d'une grandeur médiocre, la plu-
part solitaires et pédouculées à l'extrémité des rameaux à
ramifications divergentes , presque nues. Celte plante croît
dans les champs, les bois, aux lieux arides ; elle fleurit dans
l'automne.
Picms iiUDE ; Picris strigosa , Marsch. , Flor. taur. Cauc. , 2 ,
page 2 5o. Cette espèce ressemble, par ses semences et ses
aigrettes, à la précédente ; mais ses fleurs sont une fois plus
petites et la corolle d'un jaune plus pâle. Les tiges sont
droites, hautes d'un pied, étalées, très- rameuses dès leur
base, hérissées de poils rudes, blanchâtres; les feuilles sont
alternes , lancéolées , dentées cà leur contour. Les fleurs
éparses le long des tiges et des rameaux , toutes pédoncu-
lées, ont le calice extérieur lâche ; les semences sont petites,
ridées et tuberculées, de couleur brune. Cette plante croit
sur Xc!, collines orientales du Carcase.
Picris sprengère : Picris sprengeriana ^ Poir. , Encyci. ; Hie-
racium sprengerianum ^ Linn. , Spec. ; J. Bauh. , HisL, 2 , page
■12G, fig. ], bona ; Moris. , Hist. , 3, §, 7 , tab. 5 , fig. i5;
Crépis sprengeriana , Willd. Cette plante a été successive-
ment rapportée à plusieurs genres, aux Hieracium par Linné,
aux Crépis par Willdenow ; mais son port , l'aspérité de
ses tiges, ainsi que celle de ses feuilles et leur forme ,
et surtout son calice caliculé et ses semences marquées de
stries transversales, à la vérité fort menues , visibles à la
loupe , doivent la ranger parmi les picris. Ses tiges sont
hautes d'environ deux pieds , divisées en rameaux nom-
breux; les feuilles sont embrassantes, lancéolées, terminées
par une lanière linéaire , obtuse ; rudes , velues , presque
laciniées ou découpées à leurs bords en dents courtes,
droites, inégales, obtuses; les pédoncules sont terminaux,
la plupart uniflores. presque fascicules; la corolle est d'un
jaune foncé, de grandeur médiocre-. Cette plante croît dans
l'Espagne.
Le PiCRia PABciFioRA de De Candolle, Flor. fr. et Icort,
200 PIC
gdlL, tab. 20, est bien certainement une plante différente
de celle-ci par la forme des feuilles sinuëes à leurs bords,
point acurninées, par les fleurs supportées par de longs pé-
doncules rares, axillaires. Cette plante croit dans les contrées
méridionales de la France.
PiCRis GLOBULEUX : Picfis glohuUfera , Hort.par., Poir. , Enc,
suppl.; Crépis dioscoridis , Decand., Icon. galL, tab. 18; Linn.,
Spec? Espèce remarquable par la forme des calices à l'épo-
que de la maturité des fruits, etque Vahl considéroit comme
le véritable Crépis Dioscoridis de Linné : opinion adoptée par
M. De CandoUe. Ses tiges sont glabres, cylindriques, très-
rameuses; les rameaux nus, très -étalés; les feuilles infé-
rieures amplexicaules , larges, presque ovales, assez grandes,
glabres, munies de quelqties dents inégales, quelquefois pro-
longées en lanières linéaires ; celles de la base des rameaux
fort étroites; les pédoncules longs, glabres, bstuleux. Les co-
rolles jaunes ; quelques petites bractées éparses , subulées , qui
forment aussi le calicule. Les folioles intérieures du calice
sont un peu pubescentes; elles se durcissent et prennent une
forme globuleuse après la floraison ; les semences sont d'un
brun marron , striées, un peu rétrécies au sommet; l'aigrette
velue, très-blanche, plus longue que le calice. Cette plante
croît en France et dans le Piémont. On la cultive au Jardin
du Roi.
PiCRis DES DÉCOMBRES : Picris Tudcralis , Willd., Spec, 3,
page )558 ; Picris hispida , Ait. , Eort. Kew. Cette plante a des
racines épaisses , rongées; des tiges droites, hispides , hautes
d'environ six pouces; les feuilles radicales étroitt-s , lancéo-
lées, hispides, ciliées et dentées à leurs bords, longues d'en-
viron un pouce; les feuilles éparses, graduellement plus pe-
tites; 'es pédoncules alternes , distans , placés le long des
tiges, très - hérissées , munis d'une foliole à leur' base. Les
fleurs sont petites, de la grandeur de celles du crépis tccto'
riim; le calice calicule; ses folioles hispides; les extérieures
étalées: les semences elliptiques, marquées d'un grand
nombre de stries transversales; l'aigrette sessile et plumeuse.
Cette plante croît sur les rochers, dans la Bohème, aux en-
virons de Prague.
Picnis DF,8 Pyrénées : Picris pfrenaiça^ Linn., Spec; Picris
PIC 201
taherosa, Lapeyr., FI. pyren. , 467. Cette espèce ne doit être
confondue, ni avec le picris paucijlora, "Willd. , ni avec le
sprengdiana, Encyc. Elle est remarquable par ses racines en
forme de navet , d'où sortent deux ou trois grosses fibres
longues et charnues. Ses tiges sont vivaces , droites , fermes ,
divisées en longs rameaux ascendans, ordinairement uniflores,
garnis de feuilles embrassantes , dilatées à leur insertion ,
ovales, lancéolées, aiguës, hérissées et dentées. Les fleurs
sont grandes, d'un jaune orangé; les semences noirâtres,
arquées , élégamment striées. Lapeyrouse en cite une variété
à feuilles plus grandes et plus larges, presque pinnatifides.
Cette plante croît au mont Louis, dans les Pyrénées. (Poir.)
PICRIS. {Bot,) On trouve dans Daléchamps ce nom appli-
qué primitivement au leontodon autumnale. Linnaeus l'a em-
ployé pour désigner un autre genre voisin. (J. )
PICRITE. (Mm.) Blumenbach a donné ce nom univoque
à la chaux carbonatée magnésifère, a laquelle on a étendu le
nom de dolomie, qui ne s'appliquoit d'abord qu'à la variété
saccaroïde. Voyez Calcaire lent à l'article de la Chaux car-
bonatée, tom. VIII, p. 3o8. (B.)
PICRIUM. {Bot.) Schreber désigne sous ce nom le coutou-
hea d'Aublet, genre de la Guiane , qui appartient à la fa-
mille des gentianées. (J. )
PICROLITHE. {Min.) C'est-à-dire pierre amère , parce
que c'est un minéral talqueux , ou renfermant de la magné-
sie , base du sulfate de magnésie , nommée sel cathartique
amer. M. Hausmann , qui a donné ce nom , l'a appliqué plus
particulièrement à une variété de talc intermédiaire entre le
talc écailleux et la serpentine. 11 est dense , à texture fibreuse ,
à cassure esquilleuse , verdàtre , passant au jaunâtre.
M. Almroth , qui a analysé celui du Taberg, y a reconnu
les principes suivans :
Magnésie 38, 80
Fer oxiflulé ........ 8,28
Silice 40,04
Acide carbonique. .... 4,70
Eau 9,08.
II forme des petits filons dans les amas de fer oxidulé
subordonnés à la serpentine et au gneiss du Taberg , en
302 PIC
Smoland , et de Nordmark , prés de Philippstadt en Ver-
meland , en Suède. On le cite aussi àReichenstein, en Silésie.
(Léonhard, Oryctognosie , pag. 546.) (B.)
PICROMEL. (Chim.) Nom que M. Thénard a donné à une
matière qu'il regarde comme un des principes immédiats de
la bile. Le nom de picromel est dérivé de Trmpoç-, amer, et
de /xîA; , miel. 11 signifie donc miel amer, et c'est en effet à
cette matière que M. Thénard rapporte la cause de la saveur
de la bile , qui est à la fois amère et douceâtre. Au mot
Bile du Supplément du tom. IV de ce Dictionnaire, p. 98,
on trouvera la description des propriétés du picromel, d'après
M. Thénard.
Nous allons ajouter ici à l'histoire de la bile quelques
faits que nous avons découverts dans ces dernières années.
A. La matière qu'on a appelée résine d ns les biles de
bœuf, d'homme, d'ours, et qu'on a considérée comme un
principe immédiat, est formée : i." de cholestérine ; 2.°
d'acide oléique; 3.° d'acide margarique ; 4.°, 5.°, 6." et 7.°
d'une très -petite quantité d'une matière grasse non acide
et de trois principes colorans , dont l'un est bleu , l'autre
rose et le troisième jaune: peut-être celui-ci provient-il de
l'altération des deux autres.
B, La matière qu'on a appelée résirue dans la bile du porc,
est formée des principes précédens, et en outre d^ une subs-
tance très-remarquable , que je ne désignerai par un nom par-
ticulier qu'à l'époque où je l'aurai mieux étudiée que je
n'ai pu le faire jusqu'aujourd'hui, 11 Novembre 1825. Voici
les propriétés qu'elle m'a présentées.
Elle est acide au papier de tournesol ; sa saveur est frès-
anière, sans être nauséabonde; pour la goûter, il faut la tenir
quelque temps dans la bouche, parce qu'elle est peu soluble
dans la salive.
Elle est peu soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool
et dans l'éther.
Elle s'unit aux bases salifiables en faisant de véritables
sels ; sa combinaison avec la baryte est surtout remarquable ,
en ce qu'elle est très-soluble dans l'alcool.
Elle s'unit avec la potasse et forme un sel amer.
Elle brille à la manière des corps qu'an a appelés résineux.
PIC ^°5
Elle donne à la distillation un produit alcalin.
C. J'ai obtenu de la bile de bœuf un picromel dont la
saveur n'a presque pas damertume, et qui rappelle celle de la
réglisse; d'un autre côté, la substance nouvelle de la bile de
porc, en «'unissant à ce picromel, forme un composé très-
amer. D'après cela, n'est -il pas probable que le picromel,
itel qu'on l'a obtenu , est un composé de deux principes im-
médiats, dont l'un a une saveur douce particulière, et l'au-
tre, doué de l'acidité, en aune amère ? (Ch.)
PICRO-PHARMACOLITHE. [Min.) C'est une variété de
pharmacolithe ou de chaux arsenisatée qui , d'après l'ana-
lyse de M. Sfromeyer , renferme de la magnésie.
Elle se trouve à Riegelsdorf en Hesse , et contient ,
Chaux 24,65
Magnésie. 3,22
Acide arsenique h^'>i31
Eau 23,98
Cobalt oxidé 1,00.
Voyez Pharmacolithe. (B.)
PICROTOXINE. {Chim.) M. Boullay adonnécenojn au prin-
cipe auquel la coque du Levant, menispermum cocculus , doit
son amertume et sa propriété d'empoisonner les animaux,
picrotoxine signifie poison amer; son étymologie est rrinpcç et
Composition.
Elle est formée d'oxigène, de carbone et d'hydrogène, dans
des proportions qui n'ont point été déterminées.
a) Cas où la picrotoxine n'est pas altérée.
Elle ^^i incolore, cristallisée en prismes quadrangulaires,
microscopiques, brillans , demi- transparens.
100 parties d'eau bouillante dissolvent 4 parties de picro-
toxine; par le refroidissement il s'en p.écipite environ 3 p.,
qui cristallisent régulièrement si la précipitation est lente.
100 p. d'alcool, d'une densité de 0,810, dissolvent à chaud
33 j p. de picrotoxine. Cette solution , en se refroidissant,
se prend en aiguilles, qui retiennent entre elles la portion
4e la matière qui a conservé sa liquidité. La solution alcoo-
204 PIC
lique de picrotoxine est précipitée par un peu d'eau ; un
excès de ce liquide redissout le précipité.
loo p. d'éther hydratique , d'une densité de 0,700, dis-
solvent 4 p. de picrotoxine. L'éther aqueux en dissout da-
vantage.
L'oléine ne paroît pas dissoudre la picrotoxine.
L'huile volatile de térébenthine chaude n'en dissout que
très -peu.
La potasse, la soude, l'ammoniaque, là dissolvent bien.
L'iode, trituré avec la picrotoxine, la fait passer au brun.
Cette substance ne paroit pas éprouver d'altération de la
part du chlore dissous dans l'eau.
b) Cas où la picrotoxine est altérée.
L'acide sulfurique concentré et froid dissout la picro-
toxine, et se colore en jaune. A chaud, il se produit du
charbon.
L'acide nitrique bouillant la décompose.
La picrotoxine, jetée sur un charbon ardent, se bour-
soufle sans s'enflammer, et répand une odeur résineuse.
La picrotoxine distillée donne une eau acide, une huile
empyreumatique jaune acide, du gaz carbonique et hydro-
gène perçarburé, du charbon.
M. Boullay a considéré, dans un second travail, la picro-
toxine comme un alcali organique d'après les considérations
suivantes :
].° La solution aqueuse de picrotoxine ramène au bleu le
papier de tournesol rougi par un acide.
1° La picrotoxine s'unit ou plutôt se dissout dans plu-
sieurs acides, particulièrement dans les acides acétique et
oxalique. Mais les observations que M. Boullay rapporte à
ce sujet, sont aussi insuffisantes pour démontrer son opinion,
que la propriété qu'a la picrotoxine de se dissoudre dans les
eaux de potasse, de soude et d'ammoniaque, le sont pour
ilémontrcr qu'elle est un acide.
Action de la picrotoxine sur V économie animale.
I,a picrotoxine est inodore; elle a une saveur dune amer-
tume insupportable , dit M. Boullay.
PIC ^o5
lo grains de picrotoxine incorporés dans de la mie de
pain, ont occasioné à un jeune chien de moyenne force,
vingt-cinq minutes après l'ingestion , des convulsions , uii
tournoiement, qui a duré un quart d'heure. L'animal est
tombé sur le côté, et est mort cinq minutes après.
L'orifice de l'œsophage étoit enflammé; la membrane de
l'estomac étoit rouge, sans aucun signe de ramollissement.
M. Boullay ajoute que , ayant ingéré dans l'estomac d'un
autre chien, semblable au premier, lo grains d'acétate de
morphine cristallisé et sec, l'animal a éprouvé du mal-aise,
des trembleniens; mais, trois heures après l'ingestion du poi-
son , il paroissoit être dans son état ordinaire.
Préparation.
On traite par l'eau bouillante les semences mondées du
menispermum cocctilus; on filtre la liqueur; on la fait évaporer
en consistance d'un sirop épais: on triture l'extrait avec —
de son poids de baryte ou de magnésie; après vingt-quatre
heures on épuise la masse de ce qu'elle contient de soluble
dans l'alcool absolu bouillant; celui-ci , filtré, est évaporé à
sec ; le résidu est repris par l'alcool , qui dissoutla picrotoxine ;
si la solution est colorée, on la traitera par le charbon ani-
mal, puis on la concentrera, et par le refroidissement la
picrotoxine cristallisera.
Suivant M. Boullay, les semences de menispermum cocculus
sont composées de
].° Environ o,5o d'une matière grasse, formée de stéarine
et d'oléine.
2.° D'une matière albumineuse coagulable par l'action de
la chaleur.
3." D'une partie colorante jaune.
4.° De 0,02 environ de picrotoxine.
5.° De o,o5 de matière fibreuse.
6.° D'un acide végétal que M. Boullay appelle menispermi-
què. Les caractères que l'auteur attribue à ce corps , sont tout-
à-fait insuffisans pour le faire admettre comme une espèce
de principe immédiat.
7.° De sulfate de potasse, de chlorure de potassium, de
phosphate de chaux, de silice et de fer. (Ch.)
2o6 PIC
PICTARNE. ( Ornith. ) Les Écossois , selon Sibbald , appel-
lent ainsi la grande hirondelle denxer , sterna hirundo , Linn.
(Ch. D.)
PICTETIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes, papilionacées, de la famille des légumineuses, de
la diadelphie décandrie de Linnaeus, offrant pour caractère
essentiel: Un calice campanule, à cinq divisions; les deux
supérieures plus courtes; les trois inférieures acuminées ,
un peu épineuses; une corolle papilionacée; l'étendard plié,
un peu arrondi; la carène obtuse, un peu plus courte que
les ailes ; dix étaioaines diadelphes, presque de même lon-
gueur; un ovaire supérieur; le style glabre, filiforme :1e
fruit est une gousse pédicellée , comprimée, souvent divisée
par articulations monospermes, quelques-unes stériles; les
semences planes, ovales, un peu tronquées à leur base; les
cotylédons plans, verdàtres ; la radicule inclinée sur leur
jointure.
Ce genre , établi par M. De Candolle , pour quelques espèces
de robinia et d^œschinomene , renferme des arbrisseaux origi-
naires de l'Amérique, glabres, luisans , pourvus de stipules,
la plupart épineuses. Les feuilles sont ailées avec une im-
paire; les folioles traversées par une nervure qui se termine
en une pointe épineuse. Les fleurs sont jaunes, axillaires ,
solitaires ou disposées en grappes lâches, articulées à l'extré-
mité des pédicelles, munies de très-petites bractées. Voici
quelques espèces qu'on doit rapporter à ce genre.
PiCTETiA ÉCAiLLEux : Pictetia squammata, Decand. , Legum.,
Ann. des se. nat. , vol. 4 , pag. 94 ; Robinia squammata, Vahl,
Sjmb., 5 , tab. 69; Poir. , Encycl., n.° 6. Cet arbrisseau a des
tiges glabres; les rameaux cylindriques, grisâtres ou de cou-
leur purpurine, divisés en d'autres plus courts, alternes,
presque tétragones , longs d'un pouce , couverts d'écaillés
imbriquées, ovales , acuminées; les feuilles sont alternes,
distantes , pétiolées , ailées avec une impaire , composées
d'environ dix -neuf folioles alternes, un peu pédicellées ,
longues de six lignes; les supérieures plus petites , toutes
ovales ou presque rondes, glabres, luisantes, veinées, obtuses,
terminées par une pointe mucronée, épineuse; les pétioles
munis à leur base de deux épines roides, droites, persis-
PIC 207
tantes. Les fleurs sont disposées en petites grappes courtes,
solitaires, axillaires; les pédoncules filiformes et pubescens,
plus courts que les feuilles, chargés de quatre ou cinq fleurs
distantes; les pédicelles géniculés au sommet, munis à leur
base d'une petite bractée linéaire; le calice est glabre, à
cinq découpures lancéolées; les gousses sont étroites, linéaires,
comprimées, droites, aiguës, un peu articulées, contenant
deux ou cinq semences. Cette plante croît dans l'Amérique .
à l'ile de Saint-Thomas.
PiCTETrA ARisTÉ : Pictetia aristata, Decand. , loc. cit.; .^Lschi-
nomene aristata, Jacq. , Hort. Schcenbr. , 2 , tab. 287 ; Nélitte,
Poir. , Encycl. , Suppl. , n.° 17. Arbrisseau dont les tiges sont
droites, élevées, divisées en rameaux épineux, garnis de
feuilles alternes, ailées avec une impaire, composées de fo-
lioles nombreuses, alternes, presque rondes, échancrées ,
petites, terminées par une pointe alongée. Les stipules sont
subulées , persistantes, en forme d'épines ; les pédoncules
axillaires, chargés de trois fleurs; les corolles jaunes; les
gousses rudes, tuberculées, partagées en articulations alon-
gées. Cette plante croît dans l'île de Sainte - Croix et dans
celle de Saint-Domingue.
A ces espèces M. De CandoUe ajoute les suivantes, décou-
vertes à Saint-Domingue par le docteur Bertéro : i." Picte-
tia obcordata , dont les feuilles sont composées de dix à douze
paires de folioles presque opposées, en cœur renversé avec
la principale nervure prolongée au sommet en une épin€
courte, recourbée; 2." Pictetia ternata, les feuilles sont très-
légèrement pétiolées , composées de trois folioles rappro-
chées, oblongues, en coin à leur base, terminées par une
pointe droite , courte , épineuse : les stipules droites , en
forme d'épine ; les fleurs solitaires , axillaires, pédonculées;
les gousses linéaires , oblongues , aiguës , rétrécies par un
étranglement à leurs articulations. (Poir.)
PICTITE. ( Min. ) De la Mélherie a donné ce nom au titane
silicéo-calcaire comme un hommage à Pictet.
C'est un nouvel exemple de Tinconvénient qui résulte pour
la science de la précipitation qu'ont mise quelques savans à
nommer des minéraux qu'ils ne connoissoient pas, croyant
les faixe connoître en les décrivant. L'honneur que de la
.08 PIC
Métherieacru faire à Pictet, ne lui restera pas, €t empêchera
probablement qu'on ne lui dédie une véritable espèce; car
la prétendue pictite est le titanlte des minéralogistes alle-
mands, la chaux silice -titaniatée des minéralogistes- chi-
mistes et le Sfhène d'Haiiy. Voyez ce dernier mot. ( B. )
PICUCULE. (Ornith.) BufiFon a décrit, à la suite des pics,
deux oiseaux qui lui ont paru faire la nuance entre le genre
des Pics et celui des Grimpereaux, et il les a fait peindre,
n.°' 621 et 6o5 , avec les noms de picucule et de talapiot, sous
lesquels ils lui avoient été envoyés de Cayenne. La princi-
pale différence qu'on a observée d'abord entre ces oiseaux
et les pics, a été qu'au lieu d'avoir, comme ceux-ci, les
doigts distribués deux en avant et deux en arrière, ils en
avoient trois en avant et un en arrière, comme les grim-
pereaux; et que cependant les pennes caudales étoient roides
et pointues, ainsi que chez les pics.
Gmelin et Latham ont ensuite placé le premier de ces
oiseaux d'Amérique dans le genre Mainate, sous les dénomi-
nations de gracula cajennensis et gracula scandens, et le second
dans le genre Loriotsous le nom d'oriofusp(cw5;mais Hermann,
dans ses Observations zoologiques, a créé pour eux le genre
Dendrocolaptes , quoiqu'il dût sentir la difficulté de réunir deux
oiseaux dont l'un avoit le bec courbé , comme les grimpereaux ,
et l'autre droit, comme les pics. Cette réunion a cependant
été adoptée par lUiger, par M. Temminck et par M. Vieillot,
qui a seulement changé le nom de dendrocolaptes en celuii
de dendrocopus.
Dés l'année 1806, Levaillant avoit publié l'Histoire natu-
relle des Promérops , dont la troisième division renferme
la monographie des Grimpars, et trois ans après Sonnini a
fait paroitre sa traduction de POrnithologie du Paraguay,
dans laquelle d'Azara avoit donné la description de plusieurs
pics-grimpereaux.
Un assez grand nombre d'espèces se trotivoit ainsi connu;
mais leur description particulière avoit fait remarquer tant
de diversité dans la conformation du bec, qu'il auroit été
bien difficile d'établir des signes caractéristiques, sans for-
mer des sections propres à en faire disparoitre les alterna-
tives. MM. Vieillot et Temminck ont l'un et l'autre préféré.
pour le nom François du genre, le mot pîcuculê au mot grirn-
par, imaginé par Levaillant, et les caractères par eux assignés
au genre peuvent être analysés en ces termes : Bec déprimé
et trigone à la base, comprimé ou grêle à la pointe, sans
échancrure, droit ou plus ou moins courbé, presque sans
fosses nasales; narines latérales, ovoïdes ou rondes, situées à
la base du bec; langue courte, cartilagineuse, étroite, aiguë,
et incapable d'être poussée hors du bec ; trois doigts de-
vant, un derrière; les deux externes réunis k leur ba'se et
d'égale longueur, l'interne moins long et le postérieur plus
court; les ongles très-arqués et sillonnés; les ailes médiocres
et la queue conique, à baguettes fortes, terminées par des
piquans.
M. Vieillot n'a divisé le groupe qu'en deux parties d'après
la courbure ou la rectitude du bec , ce qui sépare les picu-
cules des talapiofs.
M. Temminck a formé quatre sections, mais il en a seule-
ment indiqué les caractères par la citation de l'une des espèces
comprises dans chacune d'elles; et, comme ces espèces sont
1." le gracula scandens, 2.° Voriolus picus, 3.° le dendrocolaptes
procuryus (probablement le grîmpar nasican) , 4.° le dendroco-
laptes xenops, ou grimpar sittelle , Lev. , pi. 3i , fig. i , on a
lieu de penser qu'il les exprimeroit à peu près ainsi : Bec
courbé à l'extrémité seulement ; bec droit; bec trés-courbéj
bec retroussé comme celui de la sittelle.
M. Vieillot étant le seul qui ait distribué les espèces con-
nues dans ses deux sections, on suivra la même marche, en
faisant toutefois observer que, même pour les couleurs, il
existe tant de rapports entre ces espèces, qu'il est très-diffi-
cile de les distinguer.
Les caractères physiques et moraux dés picucules sont
d'avoir les os de la tête épais, durs, lourds, et le bec projeté
de munière que toute sa force répond au centre delà tête,
Comme il en est généralemerit de tous les oiseaux qui piochent
ou font effort de cette partie pour se procurer leur subsis-
tance. Leurs mandibules sont éridées dans l'intérieur, pour
faire place à la langue^ qui, chez toutes les espèces, est
cornée, plate, triangulaire, plus ou moins frangée sur les
bords* La q[ueue sert d'appui a l'oiseau , qui s'en aide poui*
4<** 14
3IO PIC
grimper au moyen de son élasticité et de la roideur de ses
pennes, toutes terminées par une pointe cornée. Chez ces
oiseaux les muscles du cou sont très -forts; les plumes sont
rudes, sèches; le corps est nerveux; la chair maigre, dure
et de mauvais goût ; la peau épaisse et coriace. Ils habitent
les grands bois et fréquentent de préférence les arbres morts,
sur lesquels ils trouvent un plus grand nombre des insectes
et des larves dont ils se nourrissent ; mais , n'ayant pas la
langue harponnante des pics, ils ne peuvent que ramasser,
à mesure qu'ils montent, ceux qui pullulent à la surface du
tronc et des branches, sous l'écorce ou sous la mousse qu'ils
détachent. Ces oiseaux, toujours en mouvement et très- dé-
fians , se retirent dans des trous d'arbres , sans y faire de nids ;
ils pondent quatre ou six œufs sur la poussière du bois ver-
moulu. Lorsque leurs petits ont pris l'essor, ils rentrent
tous les soirs avec le père et la mère dans le même trou qui
leur a servi de berceau. Pendant le jour chacun vaque à ses
besoins.
1,'* Section.
Bec plus ou moins arqué.
PicncuLÊ proprement dit : Dendrocolaptes scandens, Dum. ;
Dendrocopus scandens, Vieill.; Gracula cajennensis , Gmel. ;
Gracula scandens, Lath.; pi. enl. de Buff., n.° 621; de Lev. ,
n." 26. Cette espèce, originairement décrite sous le nom de
picucule de Cayenne, a neuf à dix pouces de longueur; le
mâle, dans son état parfait, a le front, le dessus de la tête,
et le cou jusqu'à la poitrine, couverts de plumes rayées lon-
gitudinalement de roux clair, sur un fond brun roussàtre ; on
voit sur tout le dessous du corps des hachures transversales,
d'un brun roussàtre, sur un fond plus clair; le haut du dos,
les scapulaires, les couvertures des ailes, les plumes uropy-
giales sont d'un brun roussàtre; les pennes alaires et caudales
sont d'un roux-canelle; le bec , légèrement arqué et terminé
par un petit croc , est d'un brun noir , jaunissant vers la
pointe ; les pieds et les ongles sont d'un brun jaunâtre. Chez
les jeunes la tête a des raies transversales et non longitudi-
nales.
Grand Ficucdie : Dendrocolaptes major, Dum.; Dendrocopu»
PIC 2U
major, Vieill.; pi. 2 5 de Levaillant, sous le nom de grand
Grimpar. Cet oiseau, long de douze pouces et demi, et qui se
trouve au Brésil, a été décrit , par d'Azara , sous le n." 241.
Levaillant, qui en a vu sept individus, a observé que plu-^
sieurs étoient moins forts de taille et se rapprochoient ainsi
de la première espèce, dont, en effet, Sonnini ne regardoif
celle-ci que comme une variété; mais néanmoins le bec est
bien différent; et, tandis que la mandibule supérieure du
picucule proprement dit se termine en crochet, la cour-
bure se continue sur toute la longueur chez l'autre, qui est
étroit à sa base supérieure et long de vingt- quatre lignes.
Picucule nasican ; Dendrocopus longirostris , Vieill.; pi. 24
de Levaillant , sous le nom de grimpar nasican (c'est proba-
blement le dendrocolaples procurvus de M. Temminck). Il sef
distingue des autres espèces par son bec très-long, arrondi
sur les faces et dont la mandibule supérieure est tez'minée
par un petit croc. Le dessus de sa tête est d'un brun clair;
le derrière du cou porte, sur un fond d'un brun roussâtre,
deux bandes d'un blanc sale, qui, de chaque côté, remon-
tent jusqu'aux yeux; la gorge et les joues sont blanches;
les plumes du devant du cou et de la poitrine, blanches et
brunes, forment une sorte de marqueterie; les parties infé-
rieures sont d'un roux pâle; le bec est jaunâtre et les pieds
sont bruns. Cette espèce , qui se trouve au Brésil et à Cayenne,
et dont les individus sont plus forts dans la première con-
trée , grimpe aux arbres de la lisière des grands bois et contre
les arbrisseaux élevés et peu branchus.
Picucule enfumé : Dendrocolaples fuligino&us , Dum.: Dendro-
copus fuliginosus , Vieill.; pi. 28 de Levaillant. A l'exception
de deux traits d'un roux clair, qui se font remarquer sur
les deux côtés de la tête, le plumage de cet oiseau, qu'on
trouve à Cayenne, et qui est de la taille du talapiot, est en-
tièrement de couleur de suie; son bec est noir et ses pieds
sont plombés.
PicucuLB brun : Dendrocopus fuscus , Vieill.; Dendrocolaples
fuscus, Dum. Cette espèce, qui a été rapportée du Brésil,
par M. Delalande fils, et que M. Levaillant a figurée sous le
nom de grimpar maillé, pi. 29, n.° 2, a six pouces et demi
de longueur totale; le dessus de sa tête est d'un brun roussâtre.
fiis PIC
marqué de petites taches jauncàtres; le derrière du cou et k
dos sont d'un roux- brun légèrement olivacé ; le croupion et
la queue sont d'un roux vif; la gorge est blanche et les par-*
lies inférieures sont couvertes de plumes blanches au milieu
et bordées de noir; les pieds sont bruns et le bec est jau-
nâtre.
PicLFCULE flaMbé; i)e»idrocopi/s parc/a/ofus, Vieill. Cet oiseau
de Cayenne, figuré par Levaillant, pi. 3o, sous le nom de
grimp:ir flambé , est d'un brun terne sur la tête et le cou ,
où l'on voit aussi des taches d'un roux jaunâtre en forme de
larmes; des plumes de la même couleur et qui ressemblent
à des écailles, couvrent la gorge et le devant du cou; le
haut du dos et tout le dessous du corps sont d'un brun ter-
i-eux; les pieds sont bruns, et le bec, de couleur noire, est
le plus droit que présentent les espèces de cette famille ,
après celui du talapiot.
D'Azara a décrit plusieurs autres espèces de picucules du
Paraguay, dont M. Vieillot a fait aussi mention; mais, comme
il n'en existe ni dépouilles, ni figures, on se contentera de les
indiquer ici. Ce sont : le Picucule roux et brun, n.° 246 de
d'Azara , Dendrocopus pjrrhopliius , Vieill.; le Picucule a tête
GRISE, n." 244 , Dendrocopus griseicapillus , Vieill.; le Picucule
A BEC ÉTROIT, n." 242, DcTidrocopus angustirostris ) Vieil!., dont
le pic-grimpereau à bec court de d'Azara, n.''2i4 3,paroît àSon-
nini ne pas différer. M. Vieillot donne aussi une description
de deux picucules du Brésil, sous les noms de Picucule a
GORGE BLANCHE et PicucuLE MACULÉ, Dcndrocopus albicoLUs et
JD. maculatus.
2." Section.
JBec dt^oit.
Picucule TALAPIOT : Oriolus picus, Gmel. et Lath.; Dendro*
eolaptes reclirostris , Dum. ; Dendrocopus rèctirostris , Vieill. 5
pi. 6o5 de Buffon, et 27 des Prômérops de Levaillant. Cet
oiseau de Cayenne, qui est long de sept pouces, a le bec
droit, trigone et terminé en pointe mousse. Le dessus de sa
tête et le derrièi*e du cou sont d'un brun roux; les plumes
des côtés, du ditvant du cou et de la poitrine présentent des
écailles blanches, bordées de brun roussâtre; les parties in-
PIC ai5
férieures sont d'un roux clair, et les supérieures d'un i-oux
vif: le bec est jaune et les pieds sont de couleur de plomb.
La femelle est un peu plus petite que le mâle.
M. Vieillot a décrit dans cette section deux autres espèces,
savoir: i.° le Talapiot roix , Dendrocopus rufus , qui se trouve
au Brésil et dont la longueur est de six pouces et demi. Les
parties supérieures du corps, les ailes, la queue, la gorge,
sont d'une couleur rousse, plus vive sur les sourcils, les
joues, la gorge et les ailes, et rembrunie sur le manleau;
le dessus de la tête est d'un gris sombre; le bec est noir
et les pieds sont bruns; 2." un oiseau décrit par M. d'Azara
sous le n.° 247, et sous la dénomination de Pic- grimpereau
DORÉ. L'auteur espagnol, en plaçant cet oiseau à la suite
de ses pics-grimpereaux, ne se dissimule pas qu'il s'écarte
des caractères communs aux autres espèces, en ce que le
doigt du milieu est libre dans toute sa longueur; mais il s'en
rapproche par la forme du bec et par les piquaus des pennes
caudales. Au surplus, cet oiseau, long de six pouces, a le
dessus de la tête et du corps mordoré et presque tout 1« reste
du plumage d'une foible couleur d'or; l'iris brun; le bec,
noirâtre en dessus , blanchâtre en dessous , et les tarses d'un-
vert jaunâtre.
Enfin, comme on Ta déjà exposé, M". Temminck forme,
dans son genre Picucule, une section particulière du Grimpar
siTTELLE de Levaillant, pi. 01 , fig. 1 , sous le nom de Dendro-
colaptes xenops. Cette petite espèce se distingue des autres par
son bec court, pointu et rebroussé en l'air, et surtout par la
forme de sa queue très-étagée, et dont toutes les pennes,
terminées par une griffe, sont contournées en spirale vers
le bout. C'est la Sittine a queue en spirale, Neops spirurus ,
de M. Vieillot, dont tout le plumage est d'un roux brun et
olivâtre, et dont le bec et les pieds sont gris. (Ch. D. )
PTCUL {Ornith,) C'est au Paraguay le nom générique des
tourterelles, que d'Azara applique d'une manière plus par-
ticulière à l'espèce par lui décrite sous le n.° 524. (Ch. D.)
PICUIPINIMA. {Ornitlu) La petite tourterelle du Brésil,
décrite sous ce nom dans Pison , pag. &6 , et dans Marcgrave,
pag. 204, est le turlur parvus americanus de Brisson , tom. 1 ,
^^^^ PIC
pag. ii3, rapporté par lui au cocotzin d'Hernandez et de
Nieremberg; columha passerina, Linn. et Temm. (Ch. D.)
PICUIPITA. {Ornith.) Les Guaranis appellent ainsi une
tourterelle rougeàtre, qui a été décrite par d'Azara sous le
n.° 325. (Ch. D.)
PICUMAR. {Ornith.) Un des noms vulgaires du pic vert,
picus viridis , Linn., qui s'écrit aussi piinard ou pieumart.
( Ch. d. )
PICUPIOLO. {Ornith.) Nom italien du martin-pêcheur ou
alC3'on commun, alcedn ispida, Linn. (Ch. D.)
PICUS. (Ornith.) Nom générique despics en latin. (Ch. D.)
PIDIP. {i'i.nith.) C'est le nom générique des perruches à
la Nouvelle-Calédonie. (Ch. D.)
PIDSCHIAN. {Ichthj'ol.) Nom spécifique d'un Corrégone,
décrit dans ce Dic/ionnaire. (H. C.)
PIE. {Conchjl.) Nom marchand d'une espèce de sabot, T.
pica, parce qu'à la suite d'un certain degré d'usure de sa
surface on lui donne une couleur noire et blanche. (De E.)
PIE, Pica. {Ornith.) Le babil continuel de notre pie a
rendu cet oiseau célèbre; sa pétulance et son incommodité,
soit dans Pétat de liberté, soit dans Pétat privé, l'ont fait
connoître de tout le monde. On peut grouper autour de
lui plusieurs espèces étrangères, qui se distinguent des cor-
beaux, par leur queue longue et étagée, par la brièveté de
leurs ailes, et par la forme du bec dont la mandibule supé-
rieure est la seule qui soit arquée. Les geais diffèrent des
pies parleur bec à mandibules égales, courbées également et
subitement à leur extrémité; leur queue est courte, égale, et
les plumes de leur tête, qu'ils relèvent facilement en huppe
dans la colère, leur donnent une physionomie très-différente.
La Pie ordinaire (Buff. , pi. enlum. 148, Corvus pica) , a
le dos noir, à reflets verdàtres et cuivrés; la tête et la poi-
trine d'un noir velouté; le ventre blanc; le bec et les pieds
noirs; les plumes de Paile ont leur barbules internes blanches ;
les scapulaîres sont de même d'un blanc pur. Les parties
noires varient en brun dans quelques individus.- nous avons
des pies toutes blanches.
La femelle diffère du mâle par des reflets un peu moins
brillans; elle est très-ardente pour lui; elle a aussi un très-
PIE ^»5
grand amour pour ses petits qu'elle soigne avec beaucoup de
sollicitude , et qu'elle défend par son courage contre les cor-
beaux et les corneilles, et par la ruse contre les faucons,
les buses, et autres oiseaux de proie beaucoup plus forts
qu'elle; elle construit son nid au plus haut des arbres, avec
de petites branches d'arbres cimentées avec de la boue ; le
mâle l'aide dans cette fatigue, et on dit même, qu'il partage
avec elle les soins de l'incubation. Le fond du nid est garni
d'un matelas épais de duvet mou et chaud, sur lequel elle
dépose de cinq à sept œufs bleus-verdâtres , tachetés irrégu-
lièrement de noir. Les petits de la pie se noxament piats ; ils
naissent aveugles et très-informes.
La pie est un oiseau vorace , omnivore, qui fait de grands
dégâts dans les vergers; elle mange les œufs et même les
peti's des autres oiseaux, et on s'est autrefois servi de son
ardeur pour la dresser, comme les corbeaux, pour la chasse.
Elle apprend à parler avec facilité; le nom de Margot est
celui qu'elle paroît prononcer le plus facilement, ce qui le
lui a fait donner dans quelques provinces de la France. Les
chasseurs parlent aussi avec beaucoup d'assurance de sa mer-
veilleuse aptitude pour les connoissances arithmétiques qui
vont jusqu'au nombre cinq.
La pie ne mue qu'une fois par an ; les plumes du corps
tombent peu à peu, mais la tête se dépouille tout à la fois.
La pie est très-commune dans les climats tempérés et froids
de l'Europe; cependant elle ne s'avance pas très au Nord,
on ne la trouve plus en Laponie, et elle ne s'élève pas très-
haut sur les montagnes; elle est aussi très- commune dans
les Etats - Unis ; nous avons reçu au cabinet du Roi des
individus venus de Philadelphie, qui sont entièrement sem-
blables à ceux d'Europe.
La Pie dd Sénégal (Buff., 538, et mieux, Levaill.,Afr. , 64,
6OUS le nom de Piacpiac; Corvus senegalensis , Gmel.) est toute
noire, lustrée à reflets un peu cuivrés; les barbes externes de
l'aile et de la queue sont roussàtres. Le mâle a le bec noir.
la femelle l'a blanchâtre à sa base et noir à sa pointe; elle
a aussi la queue plus courte.
Cette pie a la queue très-pointue, et ses ailes sont moins
courtes que celles de notre pic d'Europe ; aussi cette espèce
«i6 PIE
africaine vole beaucoup mieux. Levaillant l'a vue dans le
pays des grands Namaquois. Cet oiseau se perche sur le haut
des plus grands arbres, et vit par bandes, composées d'une
vingtaine d'individus ; on le trouve au Sénégal et dans le
Sennaar, d'où M. Cailliaud l'a rapporté.
La Pie a culotte de peao (Levaill. , Afr. , 55 ; Corvus octopen-
natus, Daud.) est une espèce très-voisine de la précédente,
que Levaillant a vue dans le cabinet de M. Ray de Breuke-
lerward, à Amsterdam : il a cru que cet oiseau venoit des
îles de la mer du Sud. Ses formes sont semblables à celles
du piacpiac ; tout le corps est d'un noir luisant, à reflets
bleuâtres, excepté l'abdomen, qui est d'un roux clair, comme
celui que l'on voit sur notre huppe commune {upupa epops,
Linn. ) ; quelques plumes de l'aile sont bordées de rous-
sàtre.
La Pie rousse (Levaill., Afr. 99; Cori>us rufus, Daud.) vient
du Bengale et de Java.
La tête et la poitrine sont d'un noir cendré; le dos et l'ab-
domen jaunâtres; les ailes noires avec les épaulettes blanches ;
la queue est noire aA'^ec une bandelette blanche près de l'ex-
trémité de chaque penne : les deux mitoyennes sont aussi
presque blanches. Le bec est noir, plus court, plus haut,
plus arqué que celui de notre pie commune. Les pieds sont
bruns; le corps est plus grêle que celui de la pie, et la
taille de l'oiseau est beaucoup plus petite.
La Pie de la Nouvelle- Çalédonie (Labill., Voy. , pi. 19;
Corvus caledonicus , Lath.j est un oiseau rare, que M. La-
billardière a fait connoître en France.
Elle a la tête et le dos , les ailes , le ventre et la queue d'un
noir profond ; la couleur triste de ce plumage tranche avec
le blanc pur du cou et de la poitrine. Le bec est noir, et
blanchâtre à sa pointe. Sa taille est plus petite que celle de
notre pie.
La Pie bleu-de-ciel (Temm. et Laug. , pi. col., 168: Corvus
azureus) est une des plus belles espèces de ce genre. Ce magni-
fique oiseau, un peu plus fort que notre pie, a la tête et la
poitrine noires ; le reste du corps est d'un beau bleu-de-
ciel , excepté le dessous de la queue qui est noir. Le bec est de
la forme de celui de notre pie, et noir : les pieds sont de
PIE 217
couleur de corne; dans la jeunesse, il est gris noirâtre. On
trouve cette espèce au Brésil et au Paraguay.
D'Azara qui a vu cette pie au Paraguay, l'a décrite, t. 3 ,
p. i55, sous le nom que nous lui avons conservé; nous croyons
qu'il a fait connoitre le jeune sous le nom de pie bleue, pag.
164 : les Guaranis nomment ce jeune âge, acahé hu , c'est-à-
dire, acahé noir. Le cri de cette pie est représenté parles
syllabes cheu cheu cheu. Elle se tient auprès des habitations
et mange la viande qui y est accrochée. La femelle pond des
œufs blancs teintes de bleuâtre et marbrés de taches brunes
rougeâtres. D'Azara n'en dit pas le nombre.
La Pie bleue a tkte noire (Levaill. , Afr. , 58 ; Corvus mêla-
nocephalus , Daud.) est une belle espèce que Levaillant nous
a fait connoître. Elle a la tête noire, le dos bleu, le ventre
gris -cendré; les ailes et la queue bleues avec une tache
blanche à l'extrémité de plusieurs pennes.
Levaillant dit que ce bel oiseau vient de la Chine.
La Pie bleue (Levaill. , Afr., 67; Corvus cjaneus, Gmeh; Cor-
vus erjihrorhjnchos , Daud., et peut-être Corvus africanus,
Lath.) a la tête et la poitrine d'un noir bleuâtre; les ailes
et le dos d'un bleu de ciel ; le ventre blanc , teinté de
bleu; la queue très-longue, d'un beau bleu, avec l'extrémité
de chaque penne blanche; le bec et les pieds rouges. Ce bel
oiseau a le corps plus grêle que la pie; il vient du Bengale.
Buffon en a donné une figure inexacte à la planche 622.
Il lui manque les deux longues plumes de la queue. Daudin
en a publié une très-bonne pour les formes, dans son Traité
d'ornithologie, pi. XV. La meilleure de toutes est celle de
Levaillant, que nous avons citée.
La Pie coeffe blanche (Buff., pi. enl. SyS; Corvus cajanus,
Gmel.) a été rangée parmi les geais par Buffon ; mais la
queue étagée , et l'ensemble même des couleurs, doivent
rapprocher cet oiseau des pies. Il a le front, la gorge et le
haut de la poitrine noires ; les moustaches blanches , ainsi que
le derrière du cou et le ventre; le dessus du dos bleu cen-
dré ; les ailes bleues, ainsi que la queue, qui est terminée
de blanc.
Taille de notre pie pour le corps, mais la queue plus
courte.
2lB pi£
La Pie houppette (Temm. et Laug. , pi. col. 1 90; Corvus cris-
tatellus) nous vient du Brésil. Cette belle pie a la tête et la
poitrine d'un brun noirâtre, et le ventre blanc. Les plumes
qui sont à la base du bec supérieur, sont plus longues que
les autres, et s'élèvent sur la tête en une sorte de petite ai-
grette flottante ; les ailes sont bleues ; la queue bleue à sa
naissance, est ensuite toute blanche, elle est plus courte et
moins élagée que dans les autres espèces; le bec est corné,
plus haut, plus court, plus arqué que celui de notre pie.
Le prince de Neuwied a trouvé cette espèce dans ses voyages,
et il l'avoit nommée Corvus cjanoleucus.
La PiE ACAHÉ (d'Az. ; Temm. et Laug. , pi. col., 58 ; Corvus
pî7eafj/5, Illig. ). Ce nom à'acàhé est générique au Paraguay
pour les diverses espèces de pies. D'Azara l'a donné à celle-
ci , particulièrement parce qu'elle y est la plus commune.
Un caractère remarquable de cet oiseau , c'est d'avoir les
plumes de la tête serrées comme dans les oiseaux de paradis;
et comme elles sont longues, elles forment une sorte de
casque. Le dessus de la tête , la gorge et la poitrine sont
noirs. L'occiput est blanchâtre ; cette couleur passe au bleu
tendre et cendré sur le cou, et devient bleu d'azur sur le
dos, les ailes et la partie antérieure de la queue, qui est ter-
minée par une large bande blanche; au-dessus et au-dessous
de l'œil, il y a une tache d'un beau bleu d'azur.
D'Azara décrit, p. 162, les habitudes de cet oiseau : elles
sont semblables à celles de notre pie. Le mâle et la femelle
sont très -tendres l'un pour l'autre. Leurs œufs sont blancs,
teintés de bleu terreux et tachetés de brun.
La Pie geng (Temm. et Laug. , pi. col. 16g; Cornus cjano-
gogon, prince Max.) vit aussi au Brésil; elle est plus petite
que notre pie et ressemble au premier aspect à l'espèce pré-
cédente, mais elle est facile à distinguer quand on examine
les plumes du sommet de la tête; elles sont longues, eflilées,
mobiles et susceptibles de se relever en huppe à la manière
de nos geais, avec lesquels cette espèce a beaucoup de rap-
ports. Lqs couleurs diffèrent d'ailleurs peu de celles de
j'acahé ; le dessus de la tête, la gorge et la poitrine sont
ijoirs.
L'occipui est bîanchâtre, teinté de bleu, et passe insensi-
PIE 219
hiement au f)leu d'azur qui colore le dos : les ailes sont
bleuâtres; la queue est noirâtre, et terminée par une bande
blanche : le sourcil et la moustache sont d'un bleu foncé.
Dans la planche coloriée de MM. Temminck et Laugier, la
couleur du do? et des ailes nous paroît trop brune; et celle
du ventre est beaucoup trop blanche : nous avons eu un
bel individu vivant, dont le ventre étoit Jaune-pàle et lustré.
La Pie OLIVE {Coryus olivaceus , Lath.), dont nous ne pou-
vons citer de figure, est la plus petite espèce du genre. Elle
habite à la Nouvelle -Hollande. Son dos est vert-olive assez
foncé; la couleur de la tête, de la gorge, de la poitrine et
des côtés de l'abdomen , est noire ; celle des moustaches
ainsi que celle du milieu du ventre, est blanche; la queue,
noirâtre en dessous, a l'extrémité de chaque plume blanche.
Cet oiseau, dont nous ignorons les mœurs , est de la taille
d'un merle. (Valenc.)
PIE AGASSE et PIE AJASSE. (Ornith.) Ces noms vul-
gaires ont été donnés aux oiseaux du genre des PiE-cRiÈcHEi.
(Desm.)
PIE DES ANTILLES, de Dutertre. (Ornith.) C'est le Rol-
LIER DES Antilles. (Desai.)
PIE AUCROUELLE. (Ornith.) L'un des noms vulgaires
de la pie-grièche écorcheur. (Desm.)
PIE DES BOULEAUX. {Ornith.) Le rollier d'Europe a
quelquefois été désigné sous ce nom. ( Desm. )
PIE DU BRÉSIL. (Ornith.) Le Cassique jaune dans Belon ,
et le Toucan a gorge blanche de Brisson, ont également reçu
ce nom. (Desm.)
PIE CORNUE D'ETHIOPIE. {Ornit]i.) C'est le calao du
Malabar. (Desm.)
PIE A COURTE QUEUE DES INDES ORIENTALES.
[Ornith.) Cette désignation a été quelquefois appliquée aux
brèves. ( Desm. )
PIE-CRINI. (Ornith.) On appelle ainsi à Nantes la pie-
grièche grise ou commune , lanius excuhitor, Linn. (Ch. D.)
PIE-CROI. (Ornith.) Nom angevin des pie - grièches.
(Desm. )
PIE CRUELLE. ( Ornith. ) Aux environs d'Orléans on
nomme ainsi la Pie -crièche grise. (Desm.)
220 PIE
PIE DE SAINT-DOMINGUE. (Ornith.) "Nom du tacco
dans les Antilles françoises , selon le père Feuillée. (Desm.)
PIE ESCRAYÈRE. (Ornith.) La pie-grièche écorcheur a
reçu ce nom dans plusieurs lieux. (Desm.)
PIE GRIVELËE. {Ornith.) Le casse-noix ordinaire, corvus
caryocatactes, Linn., est ainsi nommé par quelques auteurs.
(Ch, D.)
PIE DES INDES. ( Ornith. ) La brève de Ceilan a quel-
quefois reçu ce nom. (Desm.)
PIE DES INDES A QUEUE FOURCHUE. {Ornith.) C'est
le Drongo- FiNGAH. (Desm.)
PIE DE LA JAMAÏQUE. {Ornith.) L'un des noms du
quisquale versicolor. (Desm.)
PIE MATAGESSE. {Ornith.) Nom vulgaire delà pie-grièche
rousse. (Desm.)
PIE DE MER. {Ornith.) Ce nom, vulgairement donné à
l'huîtrier, hœmatopus ostralegiis, Linn., a été mal à propos
appliqué, ainsi que celui de pie des bouleaux, au rollier
commun, coracias garrula , Linn. ( Ch. D.)
PIE DE MER A GROS BEC. ( Ornith. ) Ce nom désigne ,
dans Albin, le macareux, alca arctica , Linn. ( Ch. D.)
PIE DE MER DES ISLES MALOUINES. {Ornith.) Ce nom
paroît être donné à une espèce de pluvier, dans le Voyage
de Bougainville. (Ch. D.)
PIE DU MEXIQUE (Grande]. {Ornith.) L'un des noms
appliqués au grand quisquale. (Desm.)
PIE DE MONTAGNE. ( Ornith. ) Le couroucou damoi-
seau, trogon roseigaster , Vieill. , porte ce nom dans certains
cantons de Saint-Domingue. (Ch. D. )
PIE DE MONTAGNE. {Ornith.) La pie-grièche grise a
reçu ce nom. (Desm.)
PIE DE L'ISLE PAPOÉ. {Ornith.) C'est la Vardiole.
(Desm.)
PIE DE PARADIS. {Ornith,) Le platyrhynque blanc huppé
a été nommé ainsi. (Desm.)
PIE A PENDELOQUES, de Daudin. {Ornith.) Voyez l'ar-
ticle Philédon. (Desm.)
PIE PIE-GRIECHE. {Ornith.) Oiseau, dont M. Vieillot a
formé le type de son genre Pillurion. (Desm.)
PIE 221
PIE DES SAPINS. ( Ornith. ) Un des noms vulgaires du
casse-noix ordinaire, corvus caryocatactes , Linn. (Ch. D.)
PIE DES SAVANES. (Ornith.) L'oiseau auquel ce nom a été
donné j est le tocco , de la famille des coucous, cuculus velula,
Linn., et cuculus pluvialis , Grael. , dont M. Vieillot a formé
le genre Saurothera. ( Ch. D.)
PIE-GRIÈCHE, Lanias. [Ornith,) Ce genre d'oiseaux, tel
que les ornithologistes le caractérisent maintenant, se compose
d'un grand nombre d'espèces, dont le lec est médiocre, fort ; à
arête supérieure, droite, arrondie; à pointe fortement arquée et
crochue, et précédée d'une échancrure profonde. Les pieds ont
trois doigts devant et un derrière; les ailes sont de moyenne
longueur. On peut les diviser en trois sections, ainsi que l'a
fait Levaillant : les unes ont les ailes longues et le bec
plus fort; elles volent bien et sont très- portées à la chasse:
les autres ont les ailes plus courtes, arrondies; leur bec est
plus foible , leurs mœurs plus douces ; on les voit moins
sortir des buissons, où elles se tiennent cachées pendant la
plus grande partie du jour: celles de la troisième section
ont le corps ramassé, trapu, et la queue très- courte; leur
bec est foible. Le genre des Pie-grièches, tel que Linnaeus
l'avoit formé , se composoit d'espèces très-disparates , et qui
ont été reportées dans les genres qui leur convenoient, ou
qui ont servi de type à plusieurs genres nouveaux.
Ainsi M. Cuvier a d'abord séparé les Cassicans , qui
ont le port et la taille des corbeaux, mais qui sont denti-
rostres ; les Vanga de BufFon, ou Tamnophilus de M. Tem-
minck, le cèdent à peine aux cassicans par leur taille, et se
reconnoissent à leur bec comprimé. Ils sont propres à l'Amé-
rique méridionale, ainsi que les Bécardes à bec arrondi; ces
deux genres remplacent dans cette partie du nouveau monde
les véritables pie-grièches, que Ton n'y rencontre que très-
rarement : les Choucaris (Graucalus) , les Béthyles {Bethjlus) ,
les Drongos [Edolius) , les Échenilleurs (Ceblephjris) , sont
aussi des démembremens des pie-grièches ; mais ce genre, tel
qu'il reste encore composé, réunit un grand nombre d'espèces ,
dont les unes conduisent aux merles, et les autres aux becs-
fins, d'une manière insensible, principalement par les es-
pèces de la troisième section. Leurs mœurs et leur nourri-
PIE
ture insectivore montrent aussi leurs rapports naturels avec
les divers genres que nous venons de citer.
Leur courage et leur activité à la chasse les rapprochent
des oiseaux de proie ; car plusieurs excercent aussi leurs
rapines sur les petits oiseaux.
Nous avons en Europe cinq espèces de pie-grièches.
La PiE-GRiÈcHE GHisE, Buff. , pi. cnl. ^/^S [Lanius excuhUor ,
Linn.). a la tête, la nuque et le dos d'un beau cendré clair;
une bande noire, qui va de l'angle du bec à l'oreille, en pas-
sant sous l'œil: le dessous du corps d'un blanc pur; les ailes
et la queue noires et variées de blanc. La lemeile a le ven-
tre plus gris; les jeunes ont le ventre rayé de gris foncé. Cet
oiseau offre aussi des variétés toutes blanches. Il habite dans
presque toute l'Europe: sédentaire dans quelques contrées, il
est de passage dans d'autres; il vit dans les bois et buissons; se
nourrit de petits mulots, de souris, de grenouilles, de lézards
et d'insectes : il niche sur les arbres dans l'enfourchure des
branches près le tronc; son nid est proprement fait, et la
femelle y dépose cinq à six œufs blancs, marqués de brun au
bout le plus gros. Les mâles prennent beaucoup de soin pour
élever leur famille, et montrent un grand courage dans la
défense de leurs petits : une pie-grièche attaque un corbeau
avec tant de vigueur, que souvent elle le force à s'éloigner
du nid.
La PiE-GRTÈCHE MÉRIDIONALE {Lanius mendionalis , Temm. )
est une espèce qui n'a été distinguée que dans ces derniers
temps. M. Temminck , qui l'a décrite dans son Manuel, t. i ,
pag. 143, la caractérise ainsi : Tête, nuque et manteau d'un
cendré très-foncé: gorge d'un blanc vineux; toutes les autres
parties grises, avec une légère teinte vineuse; elle diffère
du reste très-peu de notre pie-grièche grise; sa taille est
toujours plus forte. On ne sait rien des habitudes de cet oi-
seau, qui est propre à la Provence, à l'Italie, à la Dalmatie ,
à l'Espagne et même à l'Egypte.
Les États-Unis d'Amérique ont une pie-grièche très -voi-
sine dé celle-ci, que Wilson a représentée, tome 3, pi. 22^
îjg. 5. Ses couleurs sont absolument les mêmes que celles que
nous observons sur notre pie-grièche grise; mais nous croyons
remarquer que la queue de Pespèce d'Amérique est plus
PIE 225
longue que celle de notre pie-grièche : Wilson l'a nommé
le lanius carolinensis.
La Pie-grièche d'Italie, Buff. , pi. enl., 32, fig. i , ou la Pie-
grièche A POITRINE ROSE, Tcmm. {Lanius minor, Gmel. ; Lanius
italicus , Shaw) , a le dos gris, le front et les joues noirs; la poi-
trine rose; la gorge et le ventre blancs; les ailes et la queue
noires, mêlées de blanc : la femelle a le rose plus terne; les
jeunes n'ont pas de bandeau noir sur le front, et n'ont pas
de rose sur la poitrine. Cette espèce, plus petite que la pré-
cédente, habite l'Italie, l'Espagne, l'Archipel : elle est rare
en France, plus en Hollande, quelquefois cependant elle se
répand en Allemagne et va même jusqu'en Russie.
La PiE-GRiÈCHE ROUSSE, Buff. , pi. cnl. 9, et Levain. , Afr.,
63 [Lanius ru/us, Briss. ) , a le front, le tour des yeux et les
oreilles noirs; le derrière de la tête d'un roux très-vif; les
scapulaires, le miroir de l'aile et le dessous du corps d'un
blanc pur; la queue noire, avec une tache blanche sur le
bord interne de chaque penne vers l'extrémité. La femelle
a le roux de la tête linéolé de gris; les jeunes sont rayés de
gris sous le ventre et de brun-roux sur le dos; les ailes et la
queue sont d'un brun noirâtre.
Cette espèce, très -commune en Europe, Pest aussi en
Afrique, depuis PEgypte jusqu'au cap de Bonne -Espérance;
elle niche dans les buissons et pond six œufs verdàtres, tache-
tés de points cendrés, inégaux et nombreux.
La PiE-CRiÈcHE ÉcoRCHEUR , BufF. , pi. eul. 3 1 , 1 et 2 , et Lev. ,
Afr., 64, a le dessus de la tête, le haut du dos et le crou-
pion cendrés; du noir autour de l'œil et sur le devant des
oreilles ; le dos et les couvertures de Paile de couleur marron ;
la poitrine et les flancs rosés; la gorge et Pabdomen d"un blanc
pur; les ailes noires, bordées de blanc : la femelle a les mêmes
couleurs, mais elles sont plus ternes; la poitrine est toute
blanche. Bufl"on a donné cette femelle comme celle de Pespèce
précédente. Les jeunes ont le croupion roux, rayé de petites
lignes brunes. Cet oiseau se nourrit d'insectes et de petits lé-
zards; il niche dans les buissons, et y pond cinq ou six œufs
obtus, roses , tachetés de rougeâtre. On trouve cette espèce
répandue dans toute PEurope , dans toute PAfrique , et, sui-
vant M. Temminck , dans l'Amérique méridionale.
224 PIE
La PiE-GRiÈCHE FISCAL, Buff. , pi. cnl. 477, et mieux Lev.,
Afr., 61 ; Lanius collaris , Gmel. Cet oiseau , de la grosseur
de notre pie - grièche grise, a la tête, le derrière du cou
et le manteau d'un brun noirâtre; les ailes noires, avec un
miroir blanc sur le milieu des grandes pennes, qui sont bor-
dées de blanc; la queue, plus longue et plus large que celle
de la pie-grièche grise [lanius excubitor) , avec ses deux pennes
moyennes noires , les latérales prenant plus de blanc à me-
sure qu'elles sont plus extrêmes, et les deux pennes latérales
étant tout- à -fait blanches. Cette espèce est fort commune
dans les bois et dans les jardins du cap de Bonne -Espérance;
elle est occupée tout le jour à chasser les insectes, et elle
en prend un si grand nombre qu'elle ne sauroit les dévorer,
aussitôt qu'elle s'en saisit; mais elle les conserve, en les
piquant à une pointe d'un arbre épineux , ou en les
fixant dans la fourche de deux petites branches d'un buisson.
Cette chasse continuelle est ce qui lui a fait donner le nom
Ae fiscal, par les colons lioUandois du cap de Bonne-Espé-
rance.
La Pie -GRIÈCHE brubru , Levaill., Afi\, 71 {Lanius cap ensis ,
Gmel.), est une petite pie-grièche du Cap, dans laquelle le
sommet de la tête et du cou sont noirs; le dos est de la
même couleur, mais avec de grandes taches blanches; un
trait blanc part de la base du bec et remonte sur le sourcil,
s'élargit sur le cou, et y forme une grande tache blanche;
le dessous du corps est blanc; les ailes sont noires, avec
une bande transversale blanche , formée par l'extrémité
blanche des plumes des moyennes couvertures ; la queue ,
arrondie, est noire et bordée de blanc. Les jeunes ont le
blanc sali de roux, même sous les parties inférieures.
Le nom de brubru est une imitation du cri de cette pie-
grièche , qui fait son nid sur les mimosas : elle dépose cinq
œufs blancs , tachetés de roussâtre.
La PiE-GRiÈcHE TcHAGRA , Levaill. , 71 (Lanius senegalensis ,
Shaw ) , est de la taille de notre pie-grièche grise ; le dessus
de son corps est noir bruni, à reflets olivâtres; le derirère
du cou et le dos sont fannés; la gorge est blanchâtre; le
ventre est gris; une bande blanche , bordée de noir, traverse
l'œilj les ailes et la queue sont ferrugineuses. Le jeune a le»
PIE i2i
parties grises plus claires que l'adulte ; le blanc est aussi plus
roussàtre, et le sommet de la tête n'est pas encore noir.
Cette espèce fréquente les endroits les plus touffus et les
plus couverts ; son cri est exprimé par les syllabes fréquem-
ment répétés tcha-tcha tcha-gra.
Originaire du cap de Bonne-Espérance, elle fait son nid
dans les broussailles, et y pond cinq œufs tachetés de brun.
La PiE-GRiÈCHE MORDORÉE, Buff. , pi. cnl. 809 (TuTiagra atri-
capilla, Gmel.), a la tête et les ailes noires ; le dos roux noirâtre ;
la queue noirâtre; la poitrine d'un beau roux mordoré, et
le ventre jaunâtre. Cet oiseau vit à Cayenne -. la plupart
écs ornithologistes l'avoient rangé, à l'exemple de Buffon ,
parmi les tangaras; mais la forte dent de son bec crochu,
doit le rapprocher des pie-grièches ; sa taille est celle de
notre pie-griéche d'Italie.
La PiE-GRiÈcHE NOIRE ET BLANCHE (LuTiius mclanoleucos) vient
du cap de Bonne - Espérance : elle a le dos noir , assez
foncé ; toutes les parties inférieures blanches; les ailes variées
de noir et de blanc; la queue noire, bordée d'un fin trait
blanc. Nous ne savons rien des mœurs de cette espèce , dont
la taille approche celle de notre pie-grièche d'Italie.
La PiE-GRiÈcHE A CRAVATE BLANCHE, Levail!., Afr. (Mo^aci/Zu
dubia, Shaw), est une jolie espèce, à bec foible , que Shaw
a rangée parmi ses motacilla ; mais cet oiseau n'a pas le bec-
déprimé et pointu des fauvettes et des autres insectivores.
C'est une des pie-grièches qui fait le passage aux merles par
les fourmiliers : elle a la tête et le plastron noirs ; le dos ver-
dâtre ; le ventre jaune brillant. Le dessous de la gorge , d'un
beau blanc, lui a valu le nom que Levaillant lui a donné;
la poitrine est noire. Cette espèce vit au cap de Bonne-Espé-
rance • sa taille égale celle d'une alouette.
La PiE-GRiÈCHE CLIVA, Lcvaill. , Afr.,75, 1 [hanius oUvaceus
Lath.). Le mâle a toute la partie antérieure du corps d'un ve/t
olive, tirant sur le jaune; la queue jaunâtre, avec les deux
pennes du milieu olives; l'aile noirâtre, mais, quand elle es^t
pliée , paroissant verte , comme le manteau , parce que le bord
externe de chaque plume est vert-olive. Le front est jaune : un
trait noir passe sur l'œil et s'élargit sur les côtés du cou •
un trait jaune borde la partie antérieure de cette tache.
40. i5
a.ê PIE
LevaiUant a représenté le jeune au n.° 2 de la même
planche; le front est roux, au lieu d'être jaune; la poitrine
est d'un jaune sale, mêlé de roux; le vert des parties supé-
rieures est plus terne.
Ce n'est qu'à la troisième mue que Foiseau perd la livrée
de la jeunesse, pour se revêtir du plumage, dont les cou-
leurs ne varieront plus pendant sa vie.
La femelle est représentée à la planche 76 des Oiseaux
d'Afrique de LevaiUant; elle diffère très-peu du mâle. Cette
espèce, de la taille de la précédente, fait son nid dans les
buissons et y dépose cinq œufs.
La PiE-GRiÈCHE SOUCI ROL'x , Lcvaill, , Afr., 76, 2 {Tanagra
^uyannensis , Gmel. ), est une petite pie-grièche de Cayenne;
LevaiUant , l'ayant observée dans des cabinets, l'a figurée dans
son Histoire des oiseaux d'Afrique, et on sait que les oiseaux ,
qu'il a décrit sous ce titre, ne sont pas tous de cette partie du
monde. L'espèce qui nous occupe est propre à toutes les par-
ties chaudes de l'Amérique : les Antilles, le Brésil, la nour-
rissent aussi bien que la Guiane. Gmelin l'avoit placée parmi
les tangaras; mais la force de son bec dentelé et crochu la
rapporte aux pie-grièches à corps trapu, court et ramassé, à
queue courte, passant déjà vers les fourmiliers. Le dessus du
corps de cet oiseau est verdàtre ; le ventre est jaune; les joues
sont grises; un trait roux passe sur le sourcil et s'avance sur
le front.
Buffon l'a décrit sous le nom de verde roux; maisilen faisoit
un tangara.
La Pie-grièche olive [Lanius chloris) est une grande pie-
grièche de Galam , que nous croyons appartenir à la division
que M. Temminck a considérée comme devant former un genre
distinct, qu'il nomme Crinon, caractérisé par un bec long ,
droit, courbé subitement en une pointe acérée. Cette espèce
a la tête, les joues, le dos, d'un beau vert olive ; le ventre
d'un gris cendré uniforme; les ailes et la queue vertes. Elle
est de la taille du Mauvis.
La PiE-GRiî:CHE RoussET, Lcvaill. , 77, 2 (Lanius ruhiginosus,
Lath. ), est encore uue petite pie-grièche de Cayenne, dont
LevaiUant nous a laissé une bonne figure. Le sommet de la tète
est d'un roux ardent; les joues et la gorge sont d'un noir peu
PIE S27
foncé , varié de blanc et de roussâtre, ce qui forme une lâche
tigrée sur le haut du cou, où se dessine une sorte de col-
lier. Le reste des parties supérieures est d'un roux plus clair
que la tête; la poitrine est grisâtre; le dessous du croupion
est roussâtre, et la queue d'un roux très -vif; la couleur
du bec est celle de la corne.
La PiE-GRiÈCHE BRIDÉE, Temm. , Laug. , pi. col., 266, i
(Lanius virgatus , Temm.) , a le dos gris et le dessous du corps
d'un beau blanc pur. Un trait noir part du front, traverse l'œil
et s'élargit un peu sur l'oreille, où il s'arrête. Ceite espèce,
dont nous ignorons les habitudes, vient de Manille.
La PiE-GRiÈcHE A BANDEAU (LûMii/s vittutus) cst pIus petite
que notre pie-grièche écorcheur. Elle a le sommet de la
tête d'un gris assez clair; le derrière du cou plus foncé; le
dos marron; le croupion blanc; les ailes noires, avec les
scapulaires blanches ; les couvertures moyenni'S bordées
de blanc; la gorge blanche; la poitrine rousse; un ban-
deau noir qui passe sur le front, traverse les yeux et s'étend
sur l'oreille ; la queue longue , étagée, avec ses deux pennes
moyennes noires, et les autres noires, terminées de blanc.
M. Leschenault, qui a vu cet oiseau vivant, à Pondichéry,
nous apprend qu'il vit en société dans les endroits plantés
de broussailles ; il aime à se percher sur l'extrémité des
branches sèches; les naturels le nomment val-kourouvi.
La PiE-GRiàcHE MASQUÉE, Temm., Laug., pi. col., 266, 2
[Lanius personatiis, Temm.). M. Temminck a décrit et figuré
cette espèce nouvelle de l'Inde, dans son beau Recueil de
planches coloriées. Elle avoisine la précédente par la distri-
bution de ses couleurs et par sa taille. Le sommet de la tête,
le haut du dos et les ailes sont noirs; les scapulaires sont
blanches, ainsi que le miroir de l'aile; le front est aussi
blanc , ainsi que toutes les parties inférieures; les flancs sont
roussàtres; le sourcil est blanc; un trait noir descend de
l'angle postérieur de l'œil, sur l'oreille, et se perd dans le
noir de la partie postérieure du cou ; la queue est longue,
étagée, avec les deux pennes moyennes noires, et les autres
terminées par de grandes taches blanches.
Celte espèce vit à Java.
La PiE-GRiÈCHE oaEiLLARD, Pule-sîtou , Lesch;, 555 (Lanius
228 PIE
melanotis). Nous devons encorelaconnoissance de cette espèce
à M. Leschenault, qui l'a observée à Pondichéry, où on la
nomme en malabar pale-sitou : son corps est plus trapu que
celui du val-kourouA [lanius vittatus). Le dessus du corps
est roux; cette couleur s'éclaircit sur le croupion; un trait
va de l'angle du bec à l'oreille, en passant sur lœil; le ven-
tre est blanc, sali de roussàtre , et traversé par des traits
ondulés et grisâtres. Cet oiseau vit dans les mêmes lieux que
la pie-grièche à bandeau-, mais il est solitaire.
La PiE-GRiÈCHE BOUBOU, Lcvaill. , Afr. , 68, i, 2 (Lanius
houlboul, Lath.) , est delà taille de notre pie-grièche d'Italie,
mais elle a le corps plus trapu. Le mâle a le dos, la queue et
les ailes noirs; sur le milieu de celles-ci il y a un trait
blanc oblique, formé par la pointe blanche de chacune des
couvertures moyennes; le dessous du corps est blanc: vers
le croupion il devient sali de roux.
La femelle a le dos gris et plus de roux sur les parties in-
férieures.
Ce nom de Bouhou , que lui a donné Levaillant, est une
imitation de son cri.
Cette espèce est très- commune dans toute la Cafrerie; elle
se tient dans les broussailles, où elle cache son nid, dont
l'accès est très- difEcile à cause des épines dont elle, l'en-
toure. La femelle pond quatre œufs.
La PiE-GRikcHE GoNOf.ECK , BufF. , pi. enl. 56, et Levaill. ,
Afr. , 69 {Lanius barlarux , Gmel. ). La taille de cette pie-grièche
est plus svelte et plus alongée que celle du boubou ; ses cou-
leurs sont très-vives ; le dessus de la tête et le derrière du cou
est d'un beau jaune mordoré; tout le dessus du corps, les
ailes et la queue sont noirs, à reflets bleus-glacés, le dessous
du plus beau rouge carmin; un trait noir part de la narine,
traverse l'œil et descend le long des côtés du cou, de manière
à séparer le rouge de la partie antérieure du jaune de la par-
tie postérieure. Cette bande noire se fond dans la couleur
du dos.
Ce nom de Gonoleck a été donné, par Adanson , à cette
espèce, que ce naturaliste a découvert au Sénégal; Levaillant
l'a trouvée au cap de Bonne- Espérance , dans le pays des
grands Namaquois. Elle paroit assez rare.
PIE 229
La PiE-GRiÈcHE BACEAKiRi, Buff. , pi. cnl. 272, ct Lcvalll. ,
Afr. , 67 (Lanius hachakiri ,Shaw ; Turdus zeylonus , GnieL), a le
bec plus foible que celui de nos pie-grièches ordinaires, et se
rapproche un peu des merles par son port; aussi, Ginelin
Tavoit classée dans son genre Turdus, et , trompé par la fausse;
indication d'Edwards, qui la dit de Ceilan , il l'avoit nommée
turdus zeylonus; et il luidonnoit comme synonyme la figure de
Buffon, qui indique cependant la véritable patrie de cet
oiseau.
Le mâle a le dessus de la tête gris; le dos, les ailes et la
queue d'un vert-olive ; la gorge et l'abdomen d'un jaune-clair ,
tirant sur le vert; un trait noir descend du bec, passe sous
l'œil et vient s'élargir en un grand plastron noir luisant sur
le devant de la poitrine : la femelle n'a pas de plastron et
ses couleurs sont beaucoup plus variées de vert; les jeunes
ont la gorge grise.
C'est un des oiseaux les plus communs aux environs du
cap de Bonne -Espérance et dans tout l'intérieur de cette
colonie. Au cap on le nomme Bachaliri , c'est l'onomatopée
de son cri; dans différens cantons il prend différens noms ,
tel que jentje-hibi ; on lui donne aussi le nom d'Ejiand^'ogel.
Cette pie-grièche est peu farouche; elle vit par paires,
et niche dans les buissons ; la femelle pond quatre œuh, que
lé mâle couve avec elle.
La PiE-GRiÈCHE PERRiK, Lcvaill. , Afr., 28C (Lanius guttu-
ralis , Daud. ) , est une belle espèce de la côte d'Angole ,
qui tient le milieu entre le gonoleck et le bacbakiri ; son
dos est vert; sa gorge et l'abdomen brillent d'un beau rouge ;
la poitrine est couverte d'un plastron noir; les ailes sont
vertes ; la queue est noirâtre ; le dessous du croupion est
rouge.
La liste des espèces de pie-grièches est très- nombreuse
dans les auteurs ; mais nous n'avons voulu parler ici que
de celles que nous regardons comme de véritables pie-
grièches, par la force de leur bec. Les autres ont un bec
assez caractérisé pour former des genres distincts, et ne pas
rester arbitrairement dans celui-ci. (Vai.enc.)
PIED. {Ornith.) Les extrémités postérieures du corps des
oiseaux que souvent on appelle indistinctement jambes ou
2^o PIE
pieds, sont composées de la cuisse-ou fémur; du tibia, sur
le bord externe duquel est un rudiment du péroné; du tarse,
des doigts et des ongles. Mais on a déjà vu au mot Jambe a
quel membre ce nom doit s'appliquer exclusivement, et
celui de pieds n'embrasse proprement que le tarse et les
parties qui le suivent.
La peau des pieds, qui est toujours d'une grande séche-
resse, est divisée par petites écailles de formes très-variables,
qui sont étroites et transversales aux oiseaux à pieds annelés;
rondes, carrées, hexagones, octogones ou polygones chez les
oiseaux à pieds réticulés. Comme les oiseaux marchent sou-
vent sur des pierres et dans des lieux rocailleux ou couverts
d'épines, il étoit nécessaire que leurs pieds ne fussent pas
exposés aux blessures : aussi la peau qui les couvre peut-elle
être comparée à un fort parchemin.
Les oiseaux différent des autres animaux en ce qu'ils
n'ont jamais que deux pieds.
]l a déjà été parlé des doigts et des ongles dans des articles
séparés; il en sera de même du tarse, et l'on ne s'occupera
ici que des pieds considérés dans les dénominations générales
qu'ils ont reçues de la part des auteurs qui ont traité des
principes de l'ornithologie, comme Scopoli, Forster, Mer-
rem, Daudin , Illiger , etc.
Les pieds, relativement à leurs proportions, sont dits très-
Jojigs, longissimi, lorsqu'ils égalent en longueur la moitié du
corps, ainsi que dans l'échasse ; longs, longi, quand cette
longueur est du tiers de celle du corps, comme dans le flam-
mant; médiocres, médiocres , quand elle est du quart, comme
dans la fauvette; courts, bre\>es , lorsqu'elle est d'environ le
cinquième, comme chez les cotingas; très-courts, brevissimi,
quand elle n'excède pas le douzième de la longueur de l'oi-
seau, ainsi que chez le martinet.
Sous le rapport des tégumens qui les recouvrent, les pieds
sont dits membraneux , membranacei, quand cette peau est
douce et line, comme chez les becs-iins; coriaces, coriacei ,
quand la peau est épaisse, comme chez les pigeons; cornés^
ccrnei, lorsqu'elle est dure, ainsi que chez les rapaces ; écail-
leux , sqiiamati, lorsqu'ils présentent des sortes d'écaillcs ;
glabrrs ou nus, quand la peau n'offre qu'un épiderme lisse 5
PIE «3i
laineux ou semi-laineux, lorsqu'ils sont en totalité ou à demi-
couverts de plumes ou de poils; éperonnés , quand ils sont
garnis d'un ou de plusieurs éperons.
Les pieds sont nommés sédilipèdes ou percheurs, lorsque
les doigts sont libres et au nombre de trois en devant et un en
arrière, comme chez les rapaces et les passereaux; préhen-
sipèdes ou à doigts preneurs , quand il y a quatre doigts de-
vant et point derrière, comme chez les martinets; grcssori-
pèdes ou marcheurs , lorsque les doigts sont aplatis et au
nombre de quatre, dont un derrière et trois en devant,
réunis en partie, comme aux calaos, aux guêpiers; scansori"
pèdes ou grimpeurs, quand les doigts sont distribués deux
devant et deux derrière, comme aux pics, aux perroquets,
quoique beaucoup d'autres oiseaux grimpent aussi bien,
sans que leurs doigts soient ainsi disposés : cursoripèdes ou
coureurs, lorsque les trois doigts sont fendus et dirigés en
devant, comme chez le coureur proprement dit «les pluviers,
etc. ; vadipcdes ou échassicrs (vadanfes , grallœ) , quand ils sont
propres à faciliter les moyens de traverser les eaux k gué.
Parmi les oiseaux dont les doigts sont garnis de membranes
se trouvent les semi- palmipèdes, tels que les gallinacés, etc.;
les /label tipèdes ou à doigts en éventail , comme les pélicans^
les anhingas, etc.'; les palmipèdes ou à doigts entièrement
palmés, comme les canards; les tobipcdes ou à doigts lobés,
comme les grèbes, les plongeons, etc.; les pinnalipèdes ou à
doigts pinnés, c'est-à-dire bordés d'une membrane découpée,
comme les foulques, les phalaropes, etc.
On trouve dans Torster et dans llliger un assez grand
nombre d'autres termes dont quelques-uns sont peu usités, tels
que compedrs nu aversi , pour désigner ceux qui sont engagés
vers l'anus, de manière que le corps de l'oiseau debout est
totalement droit (les grèbes, les munchots) ; pectinali, pour
désigner des peignes cartilagineux existant de chaque côté des
doigts; slegani, pour exprimer des doigts engagés tous quatre
jusqu'aux ongles dans la même membrane; colUeati , expri-
mant des pieds demi-nus, dont deux doigts sont séparés ou
dont les trois antérieurs sont joints à leur base par une mem-
brane courte qui s'avance à peine au-delà de la première
phalange, comme dans les huîtriers; semi-eolligati , dont lo
232 PIE
doigt infermëdiaire est joint à l'extérieur par une membrane
totalement séparée de l'interne (les chionis , les glaréoles,
les courlis); hicolligati, dont les doigts antérieurs sont réunis
à la base par une membrane (les cigognes, les ibis, les om-
brettes); adhamantes , dont les quatre doigts sont dirigés en
avant ou un en arrière, mais versatile (les colious, les mar-
tinets); epoUicati , à deux ou trois doigts, sans pouce; hrac-
cati, à jambes dont les plumes sont alongées et pendantes,
etc. Voyez Doigt , Jambe, Tarse. (Ch. D.)
PIED. (Anat. et Phys.) Voyez Squelette et Relation [Mou-
VEMENS de]. ( F. )
PIED-D'AIGLE. {Bot.) C'est l'égopode podagraire. (L. D.)
PIED D'ALEXANDRE. {Bot,) C'est une espèce de pyrètre.
( Lem. )
PIED-D'ALOUETTE. {Bot.) On donne vulgairement ce nom
aux dauphinelles. ( L. D.)
PIED-D'ANE. {Conchjl.) Traduction littérale du nom spé-
cifique du spondj'ltis gœderopus. (De B.)
PIED-D'ANE. {Foss.) On a autrefois donné ce nom aux
spondyies, que l'on trouve fossiles à Castelen dans le canton
de Berne, (D. F.)
PIED-BILL-DOBCHICK. (Ornith.) L'oiseau ainsi nommé
dans Catesby, est le castagneux à bec cerclé, podiceps caroli-
uensis, La th. ( Ch. D, )
PIED BIRD OF PARADISE. ( Ornith. ) L'oiseau qu'Ed-
wards désigne par cette dénomination , est le schet voulou-
lou ou platyrhynque schet, muscicapa mutata , Lath., et pla-
tyrhynchos mutatus, Vieill. (Ch. D.)
PIED-DE-BGEUF. ÇBot. ) Un des noms vulgaires du gouet
commun. ( L, D. )
PIED-DE-BŒUF. {Bot.) C'est le holetus bovinus , Linn. (Lem.)
PIED -DE- BŒUF. {Ornith.) On appelle quelquefois ainsi
à Cayenne la bécassine des Savanes, scolopax cajyennensis ,
Linn., qvii est plus grosse que la nôtre. (Ch. D.)
PIED-DE-BOUC. {Bot.) Plusieurs plantes portent vulgaire-
ment ce nom -. l'angélique sauvage, lemélampyredes champs,
l'égopode podagraire, la spirée qrmière, et le boucage saxi-
frage. ( L. D.)
pJ^D-CHAFFINCH, {Ornith,) Albin nomme ainsi l'oTto-
PIE 235
lan de neige à collier ou pinson-pie , tome 2 , page 34. (Ch. D.)
PIED-DE-CHAT. {Bot.) Nom vulgaire du gnaphale dioïque.
(L. D.)
PIED-DE-CHEVAL. {Bot.) C'est le cacalia alpina, Linn. ,
dont la forme de la feuille imite celle de l'empreinte du pas
d'un cheval. (Lem.)
PIED -DE -CHÈVRE. {Bot.) Paulet désigne ainsi un agaric
que l'Ecluse a figuré et nommé pes caprinus. Il y ramène Ta-
rn ani ta , n.° 2378, de Haller , qui est Vagaricus prunulus ,
Scop. , Pers. , et Vagaricus mousseron de BuUiard, excellente
espèce. Dans le champignon de l'Ecluse , le chapeau n'est
pas bien circulaire ; il est sujet à se fendre ou à se déchirer
sur le bord , de manière à représenter grossièrement un pied
de chèvre. ( Lem. )
PIED-DE-CHÈVRE. {Bot.) C'est le nom vulgaire de Pan-
gélique sauvage , du boucage saxifrage et d'une espèce de
liseron. (L. D.)
PIED-DE-CHÈVRE DES INDES. {Bot.) On donne ce
nom au convolvulus pes cayrœ, très- belle espèce de liseron.
Ses feuilles sont à deux lobes, et imitent la forme du pied ■
de la chèvre. (Lem.)
PIED -DE- CHEVREAU. {Bot.) Nom que l'on donne dans
quelques ouvrages à la chanterelle ou à quelques autres es-
pèces de champignons analogues (voyez Girolles). Ce même
nom est donné aussi à l'espèce qu'on nomme coulemelle en
Bourgogne, et écluseau dans le Poitou : c'est ïagaricus pro'
cerus , Pers. Voyez Fonge. (Lem.)
PIED -DE- COLOMBE, {Bot.) Nom vulgaire du géranier
robertin. ( L. D.)
PIED-DE-COQ. {Bot.) C'est le panis crête de coq, la
renoncule rampante, et la creteile d'Egypte. (L. D.)
PIED-DE-COQ. {Bot.) Nom vulgaire du clavaria coral-
loides Voyez Clavaires. (Lem.)
PIED-DE-CORBEAU. {Bot.) Nom vulgaire de la renon-
cule à feuille d'aconit, et aussi du plantin corne de cerf.
(L. D.)
PIED-DE-CORBIN. {Bot.) Un des noms vulgaires de la
renoncule acre. (L. D. )
PIflD- DE- CORNEILLE. {Bot.) Nom vulgaire du plantiu
2^4 PIE
corne de cerf et du oochlearia coronopiis , Lînn. ( L. D. )
PIED COURT, PIED COT. (Bot.) Dans quelques cantons
on donne ces noms à la renoncule rampante. ( L. D.)
PIED D'ÉLÉPHANT. (Bot.) C'est Velephantopus scaper ,
plante exotique de la famille des synanthérées. (Lem.)
PIED -DE- CELINE. (Bot.) C'est la fumeterre officinale.
(L. D.)
PIED -DE -GRIFFON. {Bot.) Nom vulgaire de Pellébore
fétide. (L. D.)
PIED GRIS. (Ornith.) L'alouette de mer ordinaire, tringa
cinclus, Linn. , est ainsi nommée dans le département de
l'Ain. (Ch. d.)
PIED-DE-LIÈVRE. {Bot.) Nom vulgaire du trèfle des champs.
(L. D.)
PIED-DE-LION. {Bot.) C'est le nom de l'a^cliémille com-
mune, du filago leordopodium , Linn., et du trifolium. arvense ,
Linn. ( L. D. j
PIED-DE-LIT. ( Bot. ) Nom vulgaire du clinopode com-
mun et de l'origan. ( L. D.)
PIED -DE- LOUP. {Bot.) C'est le marrube aquatique ou
lycope d'Europe. ( L. D. )
PIED -DE -MILAN. {Bot.) C'est une espèce de pigamon,
ihalicLrumJlavum. (Lem.)
PIED NOIR. {Ornith.) Nom vulgaire du traquet, motacilla
ruhicola , Linn. (Ch. D.)
PIED D'OIE. {Bot.) On donne vulgairement ce nom aux
chénopodcs. (L. D.)
PIED-D'OISEAU. {Bot.) C'est une espèce de champignon
du genre des Clavaires, le clavaria laciniata, Schaeffer, Bai>.,
lab. 29. (Lem.)
PIED-D'OISEAU. (Bot.) C'est l'ornithope délicat. ( L. D.)
PIED D'OISEAU DE NARBONNE. {Bot.) C'est l'astragale
sésame. ( Lem.)
PIED-DE- PÉLICAN. {Condijl.) Nom vulgaire du stromhus
pes pelecani , ptérocère pied de pélican de M. de Lamarck.
(DeB.)
PIED-DE-PIGEON. {Bot.) Nom vulgaire d'une espèce de
géranier. ( L. D. )
PIED -DE-POT. {Ornith.) Un des noms vulgaires de la
PIE 235
fauvette d'hiver ou passe -buse, motacilla modularis, Linn.
{Ch. D.)
PIED -POU. (Bot) Nom vulgaire de la renoncule rampante
dans plusieurs cantons. (L. D.)
PJED-DE- POULE. {Bot.) Nom vulgaire de la renoncule
rampante, du lamier blanc et du panicum 'daetjlon, Linn.
On désigne aussi sous le même nom un andropogon et un cj-
nosuriis. ( L. D.)
PIED -DE- POULE. {Bot.) Le paulinia asiatica est ainsi
nommée à Pile Bourbon. ( Lem. )
PIED ROUGE. {Ornith.) C'est, â la Louisiane, suivant
Lepage du Pratz, le nom de l'huitrier ou pie de mer, hœ-
matopus ostralegus , lyinn. (Ch. D. )
PIED-DE-SAUTERELLE. {Bot.) Nom vulgaire de la cam-
panule raiponce. (L. D.)
PIED -DE-TIGRE. {Bot.) C'est Vipomœa pes tigris, Linn.
(J.)
PIED -DE- VEAU. (Bot.) Nom vulgaire du genre Arum ou
Gouet. (L. D.)
PIED VERT. {Ornith.) Dénomination vulgaire du bécas-
seau , tringa ocliropus, Linn. (Ch. D.)
PIEDS -BOTS et PIEDBOTS. {Bot.) Paulet donne ce nom
à un petit groupe qu'il établit dans It-s agarics et qui com-
prend trois espèces, distinguées par leur stipe élevé et peu
droit, cylindrique, piein, mais inégalement arrondi du bas
et un peu tourné à peu près en manière de pied-bot, et par
le chapeau relevé inégalement en bosse. Ces champignons ne
sont point malfaisans; ce sont: i."Ie Rouxde Vincennes ravier ;
2.° le Chapeau (petit) deSenard, qui ne cause aucun accident
aux animaux qui en ont mangé, mais qui les rend tristes;
3.° le Champignon prune de Monsieur. Voyez ces mots. (Lem.)
PIEGES. {Ornith.) On a déjà parlé au mot Filets de plu-
sieurs moyens employés pour prendre les oiseaux. Pour trouver
plus de détails sur ces objets, on pourra consulter VAvicep-
tologie françoise , où il y a beaucoup de pièges décrits et
figurés. ( Ch. D.)
PIEGZA. {Ornith.) Nom polonois de la fauvette babillarde,
motacilla curruca , Linn., que les lUyriens appellent p;c>i/|;^e,
(Ch. D.)
a56 PIE
PIEMYCUS. {Bot,) M. Rafinesque, dans une note imprimée
dans le Journal de botanique, vol. 3, Mai i8i3, page 235,
dit qu'il rapporte à ce genre le lycoperdon complanatum,
Desf. , et dans son Précis somiologique, 1814, page 63, à
l'article OmalygUvS , il ajoute le Lycoperdon complanatum ,
appartient au même genre; je le nommerai Omalycus erosus.
Dans son Analyse de la nature, VOmalycus paroit après le
Geastrum et le Piemycus (ou Piesmycus, comme on le trouve
aussi imprimé, sans doute par erreur typogr^iphique). Enfin
M. Rafinesque, revenant sur son travail, place le lycoperdon
complanatum dans son genre Mycastruni , dont il forme un
sous-genre Piemycus , distingué par sa forme comprimée ; ainsi
il l'auroit retiré de ïomalycus, où il l'avoit logé primitive-
ment. (Lem.)
PIENKAWA. {Ornith.) Nom illyrien , suivant Gesner ,
du 'pinson commun, /nng(7./fl calebs, Linn. (Ch. D.)
PIENU. (Ornith.) Nom que porte en Pologne , suivant Sa-
lerne , l'alouette cujelier , alauda arhorea et nemorosa , Linn.
(Ch.D.)
PIEPER. (Ornith.) Nom générique des pipits en allemand.
(Ch. D.)
PIERCEA. (Bot. ) Miller nommoit ainsi le rivina humilis.
(J.)
PIERIDE; Pieris, Schr., Latr., Lamk. (Entom.) Genre de
lépidoptères diurnes, de la famille des Ropalocères, créé
par M. Schrank, et généralement adopté par les entomolo-
gistes. Il comprend une grande partie des danaxdes blanches,
danai candidi , Linn. (nos papillons blancs du chou de la
rave , et des autres crucifères ).
Les espèces principales de notre pays étant décrites dans
l'article Papillon, tome XXXVII , du n." 16 au n.° 27 , et les
caractères du genre Piéride, y étant exposés, page 377 , nous
nous bornerons à renvoyer à cet article. (Desm. )
PIERRE. (Ornith.) Voyez Pauxi. (Ch.D.)
PIERRE ABSORBANTE. (Min.). Surnom de la ponce et
des pierres à détacher. (Brard.)
PIERRE D'ABYSSINIE. (Min.) C'est un des noms de
l'amiante dans les anciens auteurs. (Brard.)
PIERRE ACIDE. (Min.) On a donné ce nom aux laves
PIE 237
«Itérées, qui donnent de Talun par simple lessivation , el aux
autres roches qui exigent un grillage avant de s'effleurir.
(Brard.)
PIERRE D'tELAND ou MARBRE DE L'ISLE D'^LAND,
dans la mer Baltique. (Min.) Il est rouge et coquiller, suivant
Patrin. (Brard.)
PIERRE ^ROFHANE. (Min.) Quelques sous- variétés de
silex, qui ne sont translucides qu'à travers le jour, c'est-à-dire,
iquand on les place entre l'œil et la lumière , ont reçu jadis
cette dénomination. Patrin pensoit, qu'on l'avoit particuliè-
rement donnée à une variété d'hydrophane. (Brard.)
PIERRE D'AIGLE. (Min.) Un ancien préjugé, que la
femelle de l'aigle emportoit sur son aire des géodes creuses
de fer oxidé hydraté pour faciliter sa pente, avoit accrédité
cette singulière dénomination, qui étoit passée du langage po-
pulaire dans les livres de minéralogie; on s'attachoit à un
conte ridicule, et l'on méconnoissoit le point de vue réelle-
ment intéressant, sous lequel on peut considérer ces petites
géodes ferrugineuses, recelant souvent un noyau mobile qui
se fait entendre, quand on les agite près de l'oreille, et qui
sont l'un des meilleurs minerais de fer. Voyez Fer hydraté
GÉODiyuE. ( Brard. )
PIERRE EN AIGUILLES ou NADELSTEIN , Wern. (Mm.)
C'est particulièrement au titane oxidé rutile que l'on avoit
donné le nom de pierre en aiguilles; mais Werner étendit
ce même nom de nadelstein à la mésotype aciculaire. Voyez
Titane et Mésotype. (Brard.)
PIERRE D'AIMANT. ( Min. ) Variété du fer oxidulé.
(Brard.)
PIERRE D'ALCHÉRON. (Zool.) On a donné ce nom à
des calculs biliaires du bœuf. (Desm.)
PIERRE ALECTORIENNE ou PIERRE DE COQ. {Zool.)
Autres calculs, que l'on dit exister quelquefois dans les in-
testins du coq, et auxquels on attribue, comme à tous les
bézoards, des propriétés merveilleuses. (Desm.)
PIERRE D'ALLIANCE. {Min.) M. Léman assure qu'un
certain granité, ou plutôtsiénite , des environs de Katherine-
bourg en Sibérie, qui est composé de quarz gris, de felspath
blanc et d'amphibole vert, traversé par des bandes d'une autre
238 PIE
variété de quarz, a reçu le nom de pierre d'alliance; on le
taille en socles, en plaques, etc. (Brarp.)
PIERRE D'ALTO RF. {Min.) Marbre d'un noir brunâtre
qui est pénétré en tous sens par des ammonites spathiques
ou pyriteuses , et que l'on extrait aux environs d'AItorf en
Fr:;nconie. (Brard.)
PIERRE ALUMINEUSE. {Min.) Pierre, dont on peut ex-
traire de l'alun. Voyez en particulier Alunite de la Tolfa
à l'article Pierre d'alun. (Brard.)
PIERRE D'ALUN , ALUNITE , Alaunstein. { Min. ) La
roche particulière que l'on exploite à la Tolfa , et dont
on extrait l'alun rose , si connu dans le commerce sous le nom
d'alun de Rome, paroît mériter une place dans la méthode,
non-seulement comme espèce arbitraire en raison de son
importance et de son analogie avec celle qui abonde en Hon-
grie, mais aussi comme substance ci'istaliisable et pourvue
par conséquent des deux conditions essentielles à la formation
de l'espèce minérale ; identité de composition et de forme
cristalline. Nous devons à M. Cordier l'avantage de pouvoir
aujourd'hui classer ce minéral important parmi les espèces,
et c'est d'après son propre travail que nous allons en énoncer
les caractères.
L'alunite cristallise en rhomboïdes très-voisins du cube; sa
forme primitive est un rhomboïde dont les angles sont de
89 et 91°, et qui est divisible dans le sens d'un plan perpen-
diculaire à Taxe.
Sa pesanteur spécifique est 2,75 : au chalumeau l'alunite
décrépite et exige Pusage de la lame de platine , pour que l'on
puisse observer que les premiers coups de feu lui font déga-
ger une odeur très -sensible d'acide sulfureux à ce point de
simple grillage. Cette substance happe à la langue et fait
éprouver un goût d'alun bien caractérisé; mais, si Ton pousse
le feu sans interruption , Taiunite perd complètement son
acide, se fritte et devient parfaitement insipide.
Les cristaux d'alunite que Ton a pu se procurer jusqu'à ce
jour, et qui proviennent delà Tolfa et de Hongrie, sont ex-
cessivement petits ; ils atteignent à peine trois millimètres de
grosseur, et sont engagés dans les fissures de l'alunite en masse.
Les angles et les arêtes de ces cristaux presque microsco-
PIE 2^9
piques sont assez nets ; mais leurs faces sont parfois striées
suivant leur petite diagonale, ou gauchies et tourmentées à la
manière de celles du spath perlé.
Les grains et les cristaux sont diaphanes et incolores,
excepté quand leur surface naturellement miroitante est
recouverte d'une pellicule ferrugineuse. Malgi'é la petitesse
des cristaux d'alunite, M. Biot est parvenu à y reconnoitre la
double réfraction.
L'alunite est médiocrement dure ; elle est maigre au tou-
cher, aigre et facile à casser. Sa cassure éclatante est lamel-
leuse dans le sens où les rhomboïdes sont susceptibles de se
cliver, et inégale dans l'autre sens, malgré que l'on remarque
des indices de joints naturels parallèles aux faces.
La propriété de donner un goût d'alun sur la langue, après
avoir été légèrement grillée, et de répandre alors une odeur
sulfureuse, composeroit le signalement de cette espèce.
Analyse de Valunite cristalline par M. Cordier.
Acide sulfurique 35,26
Alumine 39,53
Potasse 10, 38
Eau et perte 14, 83
100,00
On ne connoît encore que deux variétés d'alunite cristal-
lisée ; savoir :
V Alunite primitiye , un rhomboïde légèrement ai-^u ; et
L'Alunite basée , un rhomboïde primitif , dont les deux
sommets sont remplacés par une facette triangulaire équila-
térale.
On distingue parmi les variétés d'alunite en masse •
V Alunite grenue, composée de gros grains cristallins;
L Alunite compacte, et
V Alunite terreuse et souvent friable.
Ses couleurs varient du blanc pur aulilas, au rougeàtrc,
au jaunâtre , au violàtre , et le plus souvent aussi ces différentes
teintes se mêlent de taches ou de veines irrégulières ou paral-
lèles. Il paroît que l'alunite en masse est mêlée à une grande
quantité de silice, ainsi que le prouvent les analyses de MM.
Vauquelia et Klaproth, en sorte qu'il eonviendroit peut-être
2/,0 PIE
d'en former une sous-espéce sous le nom d'alunite sîlicifére.
Voici l'analyse de ces alunites en masse de la Tolfa et de
Hongrie, faites l'une et l'autre par Klaproth.
Aiunite de la Tolfa. Alunite de Hongrie.
3 2, s
Acide sulfurique. . .
.. 16,5
Potasse
SiUce
.. Ar^ <;
Eau ^ ^
Perte
17» '
62,2?
5, .
1,75
100,0 99jOo
Cette énorme quantité de silice, bien qu'elle ne soit que
mélangée, suftiroit, ce me semble, pour motiver cette sous-
division, qui d'ailleurs est déjà réclamée par M. Cordier,
Gisement et localités. L'alunite se forme journellement dans
les solfatares qui sont encore en pleine activité, et par
suite de l'action permanente des vapeurs acides et aqueuses
qui attaquent les roches à travers lesquelles le temps et les
bouleversemens du sol leur ont frayé un passage : c'est ainsi
qu'elle se forme à la solfatare de Pouzzole, si parfaitement
décrite par M. Breislak ; dans celle qui termine le pic de Téné-
riffe, et probablement dans tous les lieux où les circonstances
essentielles ou favorables à la formation de cette substance se
trouvent rassemblées. Nous sommes donc justement autorisés
à considérer les alunites qui se trouvent dans les volcans
éteints, comme ayant été formés par les mêmes moyens et les
mêmes jeux d'aflBnilé que ceux qu'il nous est permis d'observer
encore.
De cette origine fortuite on doit conclure ce qui est en
effet, que les gîtes dès alunites ne présentent pas la même
ordonnance et la même régularité que l'on remarque dans
les terrains qui ont été formés par couches successives et
parallèles.
A la Tolfa l'alunite forme des espèces de filons plus ou
moins abondans, mal encaissés, sans direction constante, et,
s'inclinant souvent en sens opposés ; ils courent ainsi , en
se ramifiant, tout à travers des roches felspathiques plus ou
moins altérées, généralement blanchâtres et d'un aspect argi-
PIE 241
Jeux, avec lesquelles l'alunite se confond au premier aspect:
toutefois celle que les ouvriers préfèrent , comme étant la
plus riche en alun, est compacte, lourde et rosée. L'alunite
abonde en Hongrie et fait l'objet d'une branche d'indusfrie
des plus importantes : on la connoit dans un grand nombre de
localités diverses; mais partout il paroît évident qu'elle a
été formée aux dépens des roches qui appartiennent aux vol-
cans de tous les âges.
Usages. L'aluniie est le meilleur minerai d'alun ; il suffit
de la griller, de la lessiver, et d'évaporer la liqueur, pour
en obtenir de l'alun de première qualité, et cela sans que l'on
soit obligé d'y ajouter d'alkali, puisqu'elle contient de la
poîasse. Je renvoie, pour de plus amples détails, aux beaux
mémoires de MM. Breislak , Descotils, Cordier et Beudant.
On ne doit pas confondre l'alunite avec les schistes alumi-
neux des houUières embrasées, qui appartiennent à un tout
autre ordre de substances. (Brard.)
PIERRE DES AMAZONES. (A/m.) C'est un jade d'un
vert sombre que les anciens naturels de l'Amérique tailloient
de différentes formes, et particulièrement sous la figure de
coins coniques, aplatis et tranchans à leur base; c'est une
pierre qui a quelques rapports avec la pierre de lu des Chi-
nois. Suivant La Condamine, c'est surtout chez les Topavos ,
que l'on trouve encore ces pierres particulières , auxquelles
on attribuoit autrefois plusieurs propriétés merveilleuses.
(Voyez Jade.) On a également donné le nom de Pierre des
Amazones au Felspath vert. Voyez ce mot. (Brard.)
PIERRE DES AMPHIBIES. (Zool.) Les phoques avalent
très-souvent d'assez grosses pierres ou des galets, qui restent
dans leur estomac, et que Ton a considéré à tort comme étant
des calculs ou bézoards. (Desm.)
PIERRE ANGLOISE ou ÉCLATS DE JERSEY. {Min.) C'est
une pierre calcaire grise micacée , une espèce de cipolin qui
a la texture schisteuse, qui se divise en éclats, et que l'on
emploie dans les arts pour aiguiser les taillans, et surtout les
outils des corroyeurs. (Brard.)
PIERRE DES ANIMAUX. (Zoo/.) Toutes les concrétions
trouvées dans les viscères des animaux , et qui ont de la
eolidité, mais dont la composition chimique varie, selon les
40. iG
21^2 PIE
animaux, et les parties de leur organisation , où on les ren-
contre, ont reçu ce nom. Elles sont plus connues encore sous
les dénominations de calculs ou de bézoards. (Df.sm.)
PIERRE DE L'APOCALYPSE. {Min.) Quelques auteurs
anciens et du moyen âge ont désigné Popale sous cette déno-
mination ridicule. (Brard.)
PIERRE APYRE ou PIERRE RÉFRACTAIRE. {Min.) C'est-
à-dire, qui peut résister sans se fondre à l'action d'un feu vif
et prolongé. (Voyez Pierres réfractaires. ) Quelques sous-
\'ariétés, appartenant à des espèces fusibles, résistent à l'ac-
tion du chalumeau , et prennent Pépilhèle d'apyre ; c'est
ainsi que nous avons du felspath, de la tourmaline apyre, etc.
(Brard. )
PIERRE ARBORISÉE. {Min.) Ce nom convient à toutes les
pierres qui renferment ou qui présentent seulement à leur
surface des dessins plus ou moins parfaits, qui imitent assez
bien des buissons, des tiges branchues, des rameaux déta-
chés, des mousses, etc. Ces arborisations sont dues à des
cristallisations, ou à des infiltrations ferrugineuses ou man-
ganésifères : telles sont surtout celles que l'on remarque sur
les marnes, sur certaines pierres calcaires, et particulièrement
dans les agathes. Les arborisations jaunes et brillantes des
ardoises sont dues à du fer sulfuré ou pyrite. Voyez Arborisa-
tions et Dendrites. (Brard.)
PIERRE x\RGlLEUSE. (M/m.) Ce nom convient assez bien
à toutes les substances qui sont susceptibles de se désagréger
dans l'humidité et de répandre une odeur terreuse, quand on
vient à les humecter ou à souffler dessus : telles que les marnes ,
Vardoise pourrie ou de rebut, les différentes sortes d'argiles,
etc. (Brard.)
PIERRE D'ARITHMÉTIQUE. (Min.) Quelques pierres,
quelques roches surtout, semblent couA^ertes de chiffres, jetés
au hasard, et l'on a cru devoir leur donner ce surnom.
(Braro.)
PIERRE D'ARMÉNIE. {Min.) C'est le cuivre carbonate
bleu terreux. Voytz Particle consacré à cette variété.
(Brard.)
PIERRE D'ARQUEBUSE ou D'ARQUEBUSADE. {Min.)
C'est le fer sulfuré, dont les anciens se servoient pour garnir
PIE 245
leurs mousquets et leurs arquebuses. Voyez Fer sulfuré.
(Brard.)
PIERRE ARSENICALE. (Min.) Toutes les pierres qui con-
tiennent C( tte substance (l'oxide, le sulfure ou le métal nommé
arJenic), sont des pierres arsenicales. Voyez Fer sulfuré ar-
senical, (BllARD.)
PIERRE D'ASPERGE. (Min.) C'est le surnom du spargelstein
des Allemands , qui est une variété de notre chaux phos-
phatée. (Brard.)
PIERRE ASSIENNE. {Min.) On donnoit autrefois ce
nom à la pierre d'alun de la Tolfa. Voyez Pierre d'alun.
(Brard.)
PIERRE ATMOSPHÉRIQUE. {Min.) Voyez Météorite.
(Brard.)
PIERRE ATRAMENTAIRE. {Min.) Certains schistes pyri-
teux noirs, tombant en décomposition, et qui colorent Peau
en noir, ont reçu ce nom chez les anciens auteurs. Le crayon
noir, la pierre des charpentiers, ou pierre salée étoient pro-
bablement des pierres atramentaires. (Brard.)
PIERRE AVENTURINE ou AVENTURINÉE. {Min.) Plu-
sieurs substances minérales présentent, lorsqu'elles sont tail-
lées et polies, des reflets qui ressemblent à une multitude
de petites paillettes blanches ou jaunes - dorées ou argen-
tées qui brillent toutes à la fois, et qui font souvent un fort
bel effet. Ces minéraux, qui sont assez estimés dans le com-
merce, doivent les accidens de lumière, dont nous parlons,
soit à des gerçures internes et multipliées , soit à des pail-
lettes de mica, etc. Voyez Felspath , Quarz aventuriné, etc.
(Brard.)
PIERRE D'AZUR. {Min.) Voyez Lazulite. (Brard.)
PIERRE A BAGUETTES ou A BARRES. {Min.) C'est la
substance à laquelle on a donné les noms de scapolite, de
rapidolite, de paranthine, et qui n'est actuellement qu'une
variété du Wernerite. Voyez ce dernier mot. (Brard.)
PIERRE DE BAINS. {Min.) Ce sont les sédimens ou les
concrétions qui se déposent au fond des canaux ou des bas-
eins, qui reçoivent les eaux thermales. Voyez Chaux carbo-
rJATBE concrétionnée. (Brard.)
PIERRE DE BARAM. (Mi».) L'une des nombreuses déno-
244. PIE
minations de la pîerre ou de la serpentine ollaire. (Braîid.)
PIERRE DE BASALTE. {Min.) Voyez les articles Basaîte,
Laves. (Brard.)
PIERRE A BATIR. {Min.) Toutes les pierres que l'on
trouve dans la nature en assez grandes masses , et qui sont
assez solides pour résister au choc et à l'action de la pluie,
sont susceptibles d'être employées dans la bâtisse commune ;
mais nous donnons plus particulièrement le nom de pierre
d'appareil à celles qui sont propres à l'architecture. Voyez
Pierre d'appareil. (Brard.)
PIERRE DE BEAUCAIRE. (Min.) C'est une très- belle
roche calcaire, dont on fait us;ige pour les parties les plus
délicates des bàtimens du Gard et des autres départemens
circonvoisins; elle se prête au travail de la sculpture et reçoit
une espèce de poli. (Brard.)
PIERRE BERGERONETTE. {Min.) M. Beurard , ancien
agent du gouvernement françois sur les mines de mercure
du Palatinat, rapporte que ce nom est donné à une sorte de
terre vert -pré, analogue à la chlorite, et que l'on dit se
trouver quelquefois dans l'estomac du petit oiseau, nommé
bergerette ou bergeronette. Ceci demande un nouvel examen.
( Brard.)
PIERRE DES BESTIAUX. (ZooL) Ce nom équivaut à celui
de Pierre des animaux, qu'on donne aux diverses concrétions
ou calculs, qui prennent naissance dans les viscères des qua-
drupèdes domestiques. (Desm.)
PIERRE BILIAIRE. {Chim.) On a donné ce nom aux con-
crétions qui se trouvent dans la bile. Voyez Calculs biliaires
DU BŒUF et Calculs biliaires humains. (Ch.)
PIERRE DE BŒUF. {ZooL) Calculs ou concrétions formés
dans les viscères des bœufs. (Desm.)
PIERRE DE BOLOGNE. {Min.) Nom donné, pendant assez
lono^-temps, à de petites masses rondes de baryte sulfatée com-
posée d'aiguilles serrées, partant d'un même centre, qui, après
avoir été calcinées, deviennent phosphorescentes dans l'obscu-
rité. On en composoit aussi de petites tablettes qui portoient
le nom de Phosphore de Bologne. Voyez Baryte sulfatée ra-
diée. (Brard.)
PIERRE DE BOMBACO. ( ZooL ) Les bézoards ou calculs
PIE 245
intestinaux des chevaux sont ainsi appelés par les Portugais.
( DiiSM. )
PIERRE A BOUTON. (Min.) C'est notre lignite jajet, dont
on fait , comme ou le sait , des parures et des boutons de deuil.
Les numisniales, qui sont des fossiles discoïdes, ont égale-
ment reçu cette dénomination, parce qu'on les comparoit à
des moules de boutons. (Brard.)
PIERRE BRANCHUE. (Min.) Les concrétions calcaires et
surtout Parragonite , dite Jlosferri, portent ce nom dans l'an-
cienne minér;ilogie. (Brard.)
PIERRE A BRIQUET. (Mm.) Le silex commun, qui se
trouve ordinairement dans la craie, débité en pièces plates
et tranchantes sur les bords, sert particulièrement à battre
le briquet, et porte le nom vulgaire de pierre à briquet. Voyez
SlLKX l'YROMAyCE. (BrARD.)
PIERRE BRULEE. (Min.) Ou donne assez généralement le
nom de pierres brûlées aux lavos qui présentent des caractères
évidcns de fusion, soit en Auvergne, soit en Vivarais. C'est
de cette manière que les paysans de ces contrées les désignent
aux voyageurs. (Brard.)
PIERRE A BRUNIR. (Min.) C'est l'hématite dure à pous-
sière rouge , que Pon tire de PArriége ou d'Espagne sous le
nom de ferret, et qui sert à brunir les métaux. Voyez Fer
OXIDÉ ROUGE CONCRÉTIQNNÉ. (BraRD.)
PIERRE CALAMINAIRE ou CALAMINE. (Min.) C'est
notre zinc oxidé, dont on se sert pour changer le cuivre
rouge en laiton. Voyez Zinc oxidé. (Brard.)
PIERRE CALCAIRE ou CALCAIRE. (Min.) Toutes les va-
riétés de chaux carbonatée, qui se trouvent en grandes masses,
se désignent ordinairement par les mots calcaire ou pierre
calcaire. Cette expression a quelque chose d'abréviatif qui
convient à la rapidité du discours, et d'ailleurs , comme il y a
peu de ces pierres qui ne soient rigoureusement composées
que de chaux et d'acide carbonique, le mot calcaire est pré-
férable par cela même qu'il est moins précis, et l'on dit
calcaire alpin, grossier, du Jura, etc. Voyez Chaux carbo-
natée. (Brard.)
PIERRE CAMÉLÉON. [Min.) Notre silex hydrophane qui
passe dans Peau de l'état opaque à un état sensible de trans-
246 PIE
parence , portoit le surnom de caméléon dans l'ancienne
minéralogie. Voyez Quarz hydrophane. (Brard.)
PIERRE DE CANDAR. (Min.) C'est le fer sulfuré ou
pyrite, suivant M. Léman. (Bbard.)
PIERRE DE CANELLE ou KANELSTEIN des Allemands.
(Min.) C'est notre essonite ; mais elle est décrite dans ce Dic-
tionnaire au mot Kanelstein. Voyez ce mot. (Brard.)
PIERRE DE CAPRAROLA. (Min.) C'est une lave par-
semée d'une infinité de cristaux d'amphigène, qui se trouve
non-seulement à Caprarolaprès de Rome, mais aussi à Tivoli,
à Aquapendente et ailleurs. (Brard.)
PIERRE CARABINE. (Mm.) La pyrite de fer, qui est notre
fer sulfuré, fut employé à la place des mèches, et avant
l'usage des pierres à fusil ; c'est ce qui lui fit donner le nom
de pierre de carabine. (Brard.)
PIERRE DE CARLSBAD. (Min.) C'est la chaux carbo-
natée incrustante, diversement colorée, qui se dépose dans
les eaux thermales de Carlsbad en Bohème. (Brard.)
PIERRE DE CASTOR. (Zool.) Ce nom a été donné à des
calculs intestinaux du castor. (Desm.)
PIERRE A CAUTERE. (Chim.) C'est la potasse du com-
merce, dont on a séparé Pacide carbonique au moyen de la
chaux, et qui a été ensuite séparée , par l'évaporation , de
l'eau, qui la tenoit en dissolution. Voyez Potassium. (Ch.)
PIERRE CAVERNEUSE. (Min.) Cette dénomination vague
convenoit à toutes les géodes, et tout aussi bien aux agathes
xju'aux fers aetites. (Brard.)
PIERRE DE CAYENNE. (Min.) De petits galets de quarz
hyalin, ordinairement d'une grande pureté et d'une eau par-
faite, ont porté jadis le nom de pierre de Cayenne; on les a
nommés aussi cailloux du Rhin , diâmans d'Alençon ou du
Médoc, et en effet, on trouve de ces galets de quarz parmi le
gravier des environs de Bordeaux , que Ton nomme grave,
(Brard.)
PIERRE DE CAYENNE. {Ornith.) Le Hocco-pauxi est
ainsi désigné par plusieurs ornithologistes, bien qu'il ne se
trouve pas à Cayenne. (Desm.)
PIERRE CÉLESTE. (Hm.) Le lazulite, le cuivre carbo-
nate bleu terreux, la chaux anhydro-sulfatée dite célestine ,
PIE 247
et la strontiane sulfatée bleue, ont mérité et reçu tour à tour
cette dénomination. (Brard.)
PIERRE DE CÉMENTATION. (Min.) C'est notre Chaux
CARBONATÉE INCRUSTANTE. Voycz cct article. (Brard.)
PIERRE DES CENDRES ou TIRE-CENDRE. {Min.) La
propriété de la tourmaline, d'attirer la cendre comme corps
léger, quand elle avoit été échauffée près d'un charbon ar-
dent , lui avoit fait donner ce surnom. Voyez Tourmaline.
(Brard.)
PIERRE A CHAMPIGNON. (Bot.) Voyez, à Particle Poly-
FORUS , le Poljp. tuberaster. (Lem.)
PIERRE CHANGEANTE. {Min.) L'hydrophane et les
pierres chatoyantes ont reçu tour à tour cette dénomination.
(Brard.)
PIERRE DE CHAPON. ( ZooL) Ce nom a été donné à une
concrétion brunâtre et de la grosseur d'une fève, que l'on
dit se trouver dans l'estomac du coq et du chapon. (Desm.)
PIERRE DE CHARPENTIER. {Min.) C'est un schiste noir
et tendre, dont les charpentiers et les appareilleurs font
usage pour tracer leur trait ou l'épure de leurs ouvrages.
(Brard. )
PIERRE CHATOYANTE. (Mm.) Le chatoiement est un
accident de lumière, qui tient presque toujours à une struc-
ture fibreuse ou à une disposition particulière des molécules
cristallines, et ce phénomène consiste dans des reflets satinés ,
soyeux ou nacrés , qui se manifestent surtout , quand les pierres,
qui en sont douées, sont taillées en cabochon ou en gouttes
de suif. La variété du quarz, nommé œil-de-chat, et le felspath ,
dit pierre- de-lune , sont avec la cymophane les pierres cha-
toyantes par excellence. (Brard.)
PIERRE DE CHAUDRON. {Min.) C'est la pierre ollaire,
dont on fait des vases de cuisine, sur le tour, soit dans les
Grisons, le Vallais et ailleurs. (Brard.)
PIERRE A CHAUX. {Min.) Toutes les variétés de chaux
carbonatée sont susceptibles de donner de la chaux par la
calcination ; mais cette chaux diffère par ses qualités en
raison de la pierre qui Ta produite ; de là cette distinction
de chaux grasse ou commune, de chaux maigre et de chaux
hydraulique, qui se distingue de toutes les autres par sa pro-
248 PIE
priétë de durcir sous l'eau. Les marbres statuaires et autres,
les pierres calcaires d'appareil , la craie , l'albâtre proprement
dit, la plupart des marnes, les coquilles et les madrépores
vivans ou fossiles, donnent de la chaux par la calcination.
Voyez Chaux carbonatée. (Brard.)
PIERRE DE CHÉLIDOINE ou D'HIRONDELLE. (Min.)
On dit que le silex calcédoine a reçu ce nom dans les anciens
auteurs. (Brard.)
PIERRE DE CHEVAL. (ZooZ.) Nom donné aux calculs
ou concrétions qu'on trouve quelquefois dans les viscères
abdominaux des chevaux. (Desm.)
PIERRE DE CHOUIN. {Min.) La pierre à bâtir de Lyon
qui est un calcaire blanc ou noir avec coquilles fossiles, porte
le nom de pierre de choiiin ou simplement chouln. Il y a
même du chouin antique , dont on retrouve des pièces travail-
lées parmi les ruines romaines de Lyon et des environs. (Brard.)
PIERRE DE CHYPRE. {Min.) L'un des nombreux syno-
nymes de l'asbeste. (Brard.)
PIERRE DE CIRCONCISION. {Min.) Notre jade, la pierre
de lu des Chinois, a reçu ce nom chez les minéralogistes an-
ciens. (Brard.)
PIERRE DE CLOCHE. {Min.) On a donné ce nom à cer-
taines pierres volcaniques qui rendent un son particulier et
assez remarquable , quand on vient à les frapper avec un
marteau. (Brard.)
PIERRE CLOISONNÉE. {Min.) Pierres particulières argi-
leuses endurcies, qui semblent avoir pris du retrait, et qui
ontreçu dans leurs fissures unesubstance étrangère, qui y forme
des cloisons. Le Ludus Helmontii de l'ancienne minéralogie
est un exemple de ces sortes de pierres. (Brard.)
PIERRE DE COBRA ou DE SERPENT. {Min.) Les Portu-
gais ayant pris les ammonites fossiles du cap de Bonne-Espé-
rance pour des serpens enroulés pétrifiés, leur donnèrent ce
nom. (Brard.)
PIERRE DE COCHON. {Min.) Nom trivial de notre Chaux
Carbonatée fétide. Voyez ce mot. (Brard.)
PIERRE DE COCHON. {Zool.) Nom donné aux calcula
intestinaux des porcs. (Desm.)
PIERRE DE COLOPHANE. (Mm.) On a donné ce nom à
PIE =49
une variété de grenat et aux silex résînites ou Pechstein, en
raison de la ressemblance de ces substances avec la colophane.
Voyez CoLOPHONiTE. (Brard.)
PIERRE DE COLUBRINE. (Min.) L'une des nombreuses
variétés des serpentines ou pierres ollaires. (Brard.)
PIERRE DE COME. (Min.) C'est la pierre ollaire , dont
on fait des marmites à Chiavenna, et que l'on vient vendre à
Côme. (Brard.)
PIERRE CONTRE LA PEUR. (Min.) Le jade néphrit
taillé en forme de petits cœurs ou de petits poissons, servoit
à former des amulettes de ce nom , qu'on suspendoit au cou
des enfans pour les préserver de la peur. (Desm.)
PIERRE DE COQ. [Zool.) Concrétion calculeuse ou bé-
zoard , que l'on dit se trouver quelquefois dans l'estomac du
coq ou du chapon. (Desm.)
PIERRE DE COQUILLE. (Conchjl.) Dans les recueils, où
l'on a eu pour but de signaler toutes les concrétions acci-
denielles que l'on trouve dans le corps des animaux, on a
désigné ainsi les Perles. Voyez ce mot. (DeB.)
PIERRE DE CORNE. {Min.) Ce nom , comme plusieurs
autres, a joui du singulier privilège de rassembler une foule
de roches de nature opposée; c'étoit en quelque sorte la
case des roches douteuses. Il suffisoit qu'elles fussent noirâ-
tres , pour qu'on les qiialifîàt de roches de corne. Voyez
cependant plus particulièrement notre article Cornéenne.
(B.)
PIERRE DE COULEUR. {Min.) Les joailliers, les bijou-
tiers et les lapidaires réunissent sous cette dénomination
générale toutes les pierres fines colorées, comme l'éméraude ,
le grenat, les saphirs, etc. (Brard.)
PIERRE DE CRABES. {Foss.) Les pétrifications de crus-
tacés et de certaines coquilles qui, telles que les nautiles,
présentent quelque analogie avec une queue d'écrevisse, ont
reçu ce nom des anciens oryctographes. (Desm.)
PIERRE DE CRAPAUD. {Min.) Les mineurs du Derbyshire,
et par suite tous les minéralogistes anglois ont nommé Toad-
stone, pierre de crapaud, une cornéenne compacte amygda-
laire , qui recèle ou qui interrompt quelquefois les filons
nombreux de plomb sulfuré qui abondent dans cette contrée.
25o PIE
(Voyez CoRNÉENNE.) Certaines dents de poissons fossiles , que
l'on trouve en Sicile et ailleurs, ont également reçu le nom
de pierre de crapaud. (Brard.)
PIERRE DE CROIX ou CROISETÏE. (Mm.) Voyez Stau-
ROTIDE. (Brard.)
PIERRE CRUCIFORME. (Min.) Voyez Harmotome. (Brard.)
PIERRE EN DÉLIT. (Min.) On dit qu'une pierre est en
délit lorsqu'on l'a placée dans un mur sur le sens opposé
à celui oii elle gisoit dans la carrière; on doit l'éviter,
parce que placées ainsi, les pierres calcaires d'appareil sont
beaucoup moins solides, que quand elles le sont suivant
leur lit de carrière. Voyez a l'article Pierres d'appareii,.
(Brard. )
PIERRE A DÉTACHER. {Min.) Les argiles smectiques, qui
ont la propriété d'absorber les corps gras , sont employées
non-seulement dans les foulons pour la préparation des draps;
mais en petit, l'on s'en sert pour enlever les taches d'huile ou
de graisse. On les taille en petits pains carrés, qui portent
Ip nom de savon de soldat ou de pierre à détacher; telle est
entre autres celle qui se trouve à Montmartre près Paris.
Voyez Argile. (Brard.)
PIERRE DIVINE. {Min.) L'une des nombreuses dénomi-
nations du jade. (Brard.)
PIERRE DE DOMINE. (Min.) M. Patrin prétend que la
terre bolaire de Pile d'Amboine a été nommée ainsi par
quelques naturalistes hollandois. (Brard.)
PIERRE DOUBLANTE. {Min.) C'est la chaux carbonatée
primitive , qui jouit de la double réfraction à un très-haut
degré. Voyez Chaux carbonatée. (Brard.)
PIERRE DOUCE, DEMI-DOUCE ET RUDE. {Min.) Les
ouvriers, qui usent ou qui polissent les métaux, ont donné
ces noms aux différentes sortes de grès et de schistes qu'ils
emploient à cet usage, La plupart nous sont apportées de
Nuremberg. (Brard.)
PIERRE DE DRAGÉES ou DRAGÉES DE TIVOLI. {Min.)
Petites incrustations calcaires blanches, d'un volume et
d'une figure assez uniformes, qui se déposent dans les eaux
thermales de Tivoli. Voyez Chaux caubonaték globuliforme
testacée. (Brard.)
PIE 25l
PIERRE DE DRAGON. (Min.) Les charlatans qui courent
les marchés et les campagnes, vendent quelquefois de petits
cailloux lenticulaires fort innocens, sous le nom de pierre de
dragon. (Brard.)
PIERRE A ÉCORCE. ( Min. ) Wallerius , dit Saussure ,
avoit fort bien remarqué que dans quelques espèces de
pierres de corne, cornéennes, le fer qui entre dans leur
composition, s'altère à leur surface, en change la couleur et
même le tissu. Cette altération se présente sous un tout
autre aspect dans certains silex, où elle prend une apparence
plombée. Je l'ai remarquée entre autres sur les silex de la
montagne Sainte-Catherine, à Rouen. (Brard.)
PIERRE D'ÉCREVISSE. (Crust.) On a donné ce nom à
deux plaques ovalaires et bombées, de substance calcaire,
qui existent dans les parois de l'estomac de l'écrevisse, et
sans doute de la plupart des crustacés décapodes, quelque
temps avant leur mue, et qui diminuent à mesure que le
nouveau têt se durcit; ce qui a fait présumer que ces pierres
sont le dépôt de la matière calcaire , nécessaire à sa consoli-
dation.
Ces pierres étoient autrefois d'un grand usage en médecine
comme remède absorbant ; on ne les emploie plus , et elles
sont remplacées parle carbonate de magnésie. (Desm.)
PIERRE A ÉCRITOIRE.(lVl m.) Suivant l'Encyclopédie japo-
noise, on donneroit ce nom à une pierre naturellement
creuse, dans laquelle les lettrés du pays délayeroient leur
encre et tremperoient leur pinceau pour écrire ; c'est pro-
bablement une pétrification. (Brard.)
PIERRE ÉCUMANTE. {Min.) M. Léman pense que la
pierre écumante, ou Gœstein des Suédois, n'est qu'une mé-
sotype compacte altérée, analogue à la crocalite. Elle est
extrêmement fusible et se boursouffle au chalumeau en un
verre blanc écumeux. M. Léman s'est particulièrement occupé
de ces substances et doit faire autorité dans cette circonstance.
(Brard.)
PIERRE ÉCUMANTE. {Min.) L'extrême facilité, avec la-
quelle certaines obsidiennes se fondent au chalumeau , leur
a encore valu le nom de Gœstein. Voyez Obsidiennes. (Brard.)
PIERRE ÉLASTIQUE, FLEXIBLE ou PLIANTE. {Min.)
252 PIE
On peut distinguer deux sortes de pierres flexibles : celles
qui le sont avec élasticité, comme le mica , et celles qui
sont simplement flexibles, sans qu'elles puissent reprendre
d'elles-mêmes leur première forme ou situation, tels sont
les grès micacés du Brésil, les marbres blancs ch;iuff'és et les
marbres blancs poufs , réduits en tablettes minces. Ce phé-
nomène tient à un arrangement particulier des molécules,
ou à la présence du mica. (Brard.)
PIERRE ÉLECTRIQUE. (Mm.) On dit que le succin , qui
se nommoit electrum chez les anciens, a donné naissance au
mot électricité; c'est donc la pierre électrique par excellence.
Cependant la tourmaline, qui a donné les premiers signes
d'attraction et de répulsions successives, peut lui disputer
cette prérogative. (Brard.)
PIERRE ÉLÉMENTAIRE. [Min.) C'est un des surnoms
de l'opale noble. (Brard.)
PIERRE D'ÉMÉRIL (Mm.) C'est Péméril en roche, et
tel qu'il se trouve dans la nature avant qu'il ait été pulvé-
risé, lavé et approprié aux arts. Voyez Corindon éméril.
(Brard.)
PIERRE A EMPREINTE. ( Mm. ) Cette dénomination
vague convient tout aussi bien aux calcaires fissiles qui ren-
ferment les empreintes de plantes, de poissons et d'insectes ,
d'Œningen, de Pappenheim et de Vestenanova, qu'aux ar-
doises de Claris et aux schistes impressionnés des houiîlers.
( Brard. )
PIERRE EN ÉPI. [Min.) Plusieurs substances offrent une
disposition analogue à celle de la barbe des épis de blé:
tels sont entre autres le Mica des Pyrénées, le Gypse sélénite
des environs de Paris, plusieurs variétés de la Chaux car-
30NATÉE , etc. Le cuivre sulfuré spiciforme mériteroit plus
que tout autre minéral le nom de pierre en épi. Voyez ces
différens articles. (Brard.)
PIERRE D'ÉPONGÉ, {Min.) La pierre d'épongé des an-
ciens naturalistes n'appartient point à la minéralogie, c'étoit
tout simplement ces fragmens de madrépores ou lithophytes,
qui se trouvent souvent dans Pintérieur des éponges com-
munes, mais auxquels on n'avoit pas manqué d'attribuer
beaucoup de propriétés imaginaires. (Brard.)
PIE 253
. PIERRE D'ÉTAIN SPATHIQUE. (Min.) Linné avoit ainsi
nommé notre schéelin calcaire. (Brard.)
PIERRE D'ETHIOPIE. (Min.) On rapporte ce nom aux
prétendus basaltes noirs et verts d'Ég^qitc, qui sont deux
variétés de diabase. Le noir passe insensiblement au siénite
rouge d'Egypte. (Brard.)
PIERRE ÉTOILÉE. (Min.) Les articulations d'encrinites
fossiles, détachées et isolées, ont la forme de petites pas-
tilles plates, à cinq et six rayons; on leur attribuoit autre-
fois une origine et des propriétés merveilleuses sous le nom
de pierres étoilées. Des madrépores pétrifiés, dont on peut
faire des plaques, des boites et autres bijoux, ont égale-
ment reçu ce nom , à cause de la forme de leurs cellules.
(Brard. )
PIERRE ÉTOILÉE. {Min.) On donne encore ce nom au
corindon saphir astérie, bleu ou rouge, qui présente un
retlet chatoyant, nacré à six rayons. (Brard.)
PIERRE D'ÉVÊQUE. (Mm.) C'est le quarz améthyste dont
les évéques sont dans l'usage de porter une bague; la cou-
leur violette de cette pierre est analogue à celle de Phabit
de ces prélats, et c'est prohablement ce qui lui a valu la
préférence. (Brard.)
PIERRE A FARD. {Min.) Voyez Talc, parce que cette
pierre douce est la base du fard des dames. (Brard.)
PIERRE A FAUX. {Mm.) On fabrique ordinairement les
pierres à faux avec le grès psammite qui fait partie des ter-
r;iins houillers, telles sont celles de la Belgique. On en fait
de toutes pièces avec un grès pulvérulent que l'on réduit
en pâte, que l'on moule et que l'on cuit comme de la poterie.
Voyez Grés psammite. (Brard.)
PIERRE FÉTIDE. ( Min. ) Voyez Chaux carbonatée et
Quarz fétide. Cette odeur devient sensible par le choc.
(Brard.)
PIERRE A FEU. {Min. ) On donne ce nom aux silex,
pierre à fusil et à briquet, et dans les usines, on le donne
aux grès ou autres pierres qui résistent à l'action du feu des
fourneaux. (Brard.)
PIERRE DE FIEL. {Zool.) Ce nom est donné particuliè-
rement aux calculs ou aux concrétions , qui se forment dans
254 PIE
la vésicule du fiel ou dans le canal cholédoque des animaux,
et qui renl'erment toujours plusieurs des principes consti-
tuans de la bile. Leur couleur est ordinairement d'un brun
verdâtre, et leur toucher est savonneux. (Desm.)
PIERRE FIGURÉE. {M m.) Ce nom est vulgairement donné
aux pierres qui présentent fortuitement dans leurs formes
quelque ressemblance avec des corps organisés quelconques,
végétaux et animaux. Elles dififèrent des vraies pétrifications
en ce qu'elles n'offrent, dans leur structure, aucune trace
de l'organisation du corps, qu'elles semblent représenter plus
ou moins grossièrement. (Desm.)
PIERRE A FILTRER. (Min.) Les roches, dont le tissu est
assez lâche pour laisser passer l'eau, mais dont les pores ne
sont point assez larges pour que les molécules des corps
étrangers puissent passer avec elle , sont des pierres fil-
trantes, parce que l'eau trouble , que l'on met dans le creux
d'une de ces pierres, en sort claire et limpide. Tel est le
liais de Paris , le grès d'Espagne et de Bohème , etc. (Brard.)
PIERRE DU FIRMAMENT. ( Min. ) Dénomination ridicule,
donnée à une variété d'opale. (Brard.)
PIERRE FLEXIBLE. (Min.) Voyez Pierre élastique et
l'article Minéralogie, t. XXXI, de ce Dictionnaire, p. 235 et
suivans. (Brard.)
PIERRE DE FLORENCE. (Min.) Voyez Pierres de Flo-
rence. (Brard)
PIERRE DE FOIE. [Min.) Certains calcaires répandent,
quand on les frappe, une odeur d'œufs couvés, d'hydro-
sulfure , que l'on nommoit jadis foie de soufre. C'est à cela
que ces calcaires et certains quarz ont dû le nom de pierre
de foie , et non à leur couleur. L'odeur du quarz fétide se
rapproche davantage de celle d'une matière cornée, que de
l'hydrogène sulfuré. (Brard.)
PIERRE DE FOUDRE ou DE TONNERRE. (Min.) Les bé-
lemnites et les pyrites de fer ont reçu ces noms ; mais on
les a donnés depuis, avec plus de vraisemblance , aux pierres
atmosphériques qui tombent sur la terre à la suite d'une
violente explosion, mais qui n'ont cependant rien de com-
mun avec la foudre. Voyez Météorite. (Brard.)
PIERRE DE FRAL (Foss.) Certaines oolithes et plusieurs
PIE 2^5
amas de très-petifes coquilles cloisonnées , globuleuses , nom-
mées borélies par Denys de Montfort , ont reçu ce nom,
parce qu'on les considéroit comme des amas d'œuls de pois-
sons pétrifiés. (Desm.)
PIERRE FROMENTAIRE ou FRUMENTAIRE. {Min.) Nom
donné à des fossiles qui ressemblent assez à des grains de blé
ou aux roches qui les contiennent en abondance : tel que
le marbre isabelle du Roussillon , si communément employé
à Toulouse, et qui paroît entièrement composé de camé-
rines, dont la section verticale ressemble à des grains de
blé ou de riz. (Brard.)
PIERRE FULMINAIRE. {Foss.) Voyez Pierre fulminante.
(Desm.)
PIERRE FULMINANTE ou DE FOUDRE. ( Foss. ) Les
anciens oryctographes donnoient ce nom aux bélemnites,
( Desm. )
PIERRE A FUSIL. (Min.) Voyez Silex pyromaque blond.
On fait cependant aussi des pierres à fusil avec le silex noir,
soit en Angleterre, soit en Belgique, et même en France.
(Brard. )
PIERRE DE GALLINACE. (Min.) Nom que l'on don-
noit à l'obsidienne du Pérou. Voyez Obsidienne. (Brard.)
PIERRE - GARIN. ( Ornith. ) Cette grande hirondelle
de mer est le sterne pierre -garin , sterna hirundo , Linn.
(Ch. D.)
PIERRE GÉODIQUE. (Min.) Voyez Géodes et Fer oxidk
hydraté GÉODiyuE. (Brard.)
PIERRE DE GLACE. {Min.) C'est une des nombreuses
synonymies de la Chaux sulfatée cristallisée. Voyez cet arti-
cle. (Brard.)
PIERRE DE GO A. {Zool.) Au temps, où l'on supposoit
beaucoup de vertus médicales aux bézoards ou calculs in-
testinaux des animaux, on en fabriquoit de factices, qui sont
connus sous le nom de |)ierres de Goa. (Desm.)
PIERRE GRAPHIQUE ou GRANIT GRAPHIQUE. ( Mm. )
Roche à base de felspath blanc ou rose, lardée de cristaux
de quarz gris, régulièrement disposés, et offrant dans leur
section horizontale des espèces de caractères ou d'écriture.
Voyez Pegmatite. (Brard.)
256 PIE
PIERRE GRASSE. ( Min,) Fetlstein de Werner. Voyez
Eléolithk. (Brard.)
PIERRE DE HACHE. ( Min. ) Voyez à rarticle Jade.
(Brard.)
PIERRE HÉBRAÏQUE. (Min.) C'est un des noms de no-
tre Granité pegmatite, que l'on avoit aussi nommé Pierre
GRAPHIQUE ou ÉCRITE. Voyez ces mots. (Brard.)
PIERRE HÉLIOTROPE. {Min.) Voyez Héliotrope. C'est
un quarz agathe. (Brard.)
PIERRE HÉMATITE. ( Min. ) II y en a , dont la poussière
est d'un rouge sombre; c'est une variété de notre fer oxidé
rouge, et d'autres, dont la poussière est d'un jaune plus ou
moins foncé, passant au brun, mais sans mélange de rouge,
et celle-ci est une variété de fer oxidé hydraté. Voyez Fer
HYDRATÉ et Fer oxidé rouge. (Brard.)
PIERRE HÉPATIQUE. {Min.) On a donné ce nom à plu-
sieurs substances métalliques , dont la couleur rouge brune
s'approchoit plus ou moins de la teinte du foie, tels entre
autres que le fer hématite, etc. (Brard.)
PIERRE HERBORISÉE. {Min.) Voyez Dendrites , Pierres
ARBORisÉES, Pierres figurées, etc. (Brard.)
PIERRE HERCULIENNE. {Min.) C'étoit un des noms
donnés au fer oxidulé alimentaire. (Brard.)
PIERRE D HIRONDELLE. ( Zool. ) Ce nom a été donné à
de petites pierres qu'on trouve dans l'estomac des hirondelles
et auxquelles on attribuoit autant de vertus imaginaires qu'aux
autres concrétions des animaux ou bézoards.
Le même nom et ceux de pierre de chélidoine et de
pierre de Sassenage ont été appliqués à de petites agathes
lenticulaires, qu'on trouve dans diff'érens lieux de la Suisse
et aussi dans les grottes de Sassenage , près Grenoble.
(Desm.)
PIERRE A L'HUILE ou PIERRES DU LEVANT. {Min.)
On connoît dans les arts et dans le commerce, sous le nom
de pierres à l'huile, une sorte de calcaire excessivement
compacte qui ne fait qu'une effervescence lente et tardive
dans les acides, et qui a peine à se laisser rayer par un burin
d'acier; sa couleur est le jaune pâle ou le blanc sale. Elle
vient, dit-on , des environs de Smyrne; on la vend a Paris, à
PIE 25;
trois francs la livre , et sert au moyen de l'huile d'olive à ai-
guiser la coutellerie fine. (Brard.)
PIERRE HUMAINE. (ZooL) Les différens calculs ou con-
crétions des viscères de l'homme ont quelquefois reçu ce
nom. (Desm.)
PIERRE HYDROPHANE (Min.); c'est-à-dire, qui devient
transparente ou du moins translucide dans l'eau : c'est notre
quarz silex hydrophane. Voyez Hydrophane et Silex hydro-
FHANE. (Brard.)
PIERRE HYGROMÉTRIQUE. {Min.) Je propose de nom-
mer ainsi les pierres d'appareil, qui ont la propriété de se
couvrir d'humidité à Papproche du changement de temps et
de se sécher ensuite. Nous ne savons à quoi attribuer cette
propriété, et c'est pour appeler Pattention des observateurs
sur ce phénomène, que je me détermine à le consigner ici;
peut-être cet effet tient -il à la présence d'un sel, comme
nous l'avons vu en parlant des pierres solaires. (Brard.)
PIERRE IDIOMORPHE. (Foss.) Ce nom a été donné à des
pierres figurées accidentellement, ou à des pétrifications.
(Desm.)
PIERRE IMPRESSIONNÉE. (Min.) Ce nom convient par-
ticulièrement aux schistes argileux, couverts d'impressions de
fougères, et qui se trouvent dans les terrains houillers; mais
on conçoit qu'il appartient aussi aux pierres calcaires, qui
conservent Pempreinte en creux ou en relief des coquilles
ou autres corps organisés; cette dénomination est donc vague
et mauvaise. (Brard.)
PIERRE DES INCAS. (Min.) Ayant trouvé des plaques
de pyrites polies dans les tombeaux des princes péruviens,
on pensa, qu'ils s'en étoient servis comme de miroirs, ce qui
n'est cependant pas prouvé; mais cette idée prévalut, et les
pyrites reçurent encore celte nouvelle dénomination , qu'elles
partagèrent aussi avec la pierre de gallinace , qui est une
variété cV obsidienne. (Brard.)
PIERRE INFERNALE. {Chim.) C'est le nitrate d'argent,
fondu et coulé en cylindre dans une lingotière. Voyez , au
mot Nitrates, Nitrate d'argent. (Ch.)
PIERRE D"1RIS. (Min.) L'iris des lapidaires et des joail-
liers n'est ordinairement qu'un quarz fendillé naturellement
40. 17
258 PIE
on par l'art, et qui doit à cet accident la faculté de réfléchir
les couleurs de l'iris. Voyez Quarz irise. (Brard.)
PIERRE D'ITALIE. (Mm.) C'est une variété de schiste
argileux très- fin, dont les dessinateurs se servent avec succès
pour les dessins fins et délicats. (Brard.)
PIERRE A JÉSUS. (Min.) Comme le mica et la chaux
sulfatée se divisent facilement en lames transparentes, les
religieuses s'en servent, en place de verre, pour conserver
les images sacrées qu'elles exécutent dans le silence du cloître;
de la le nom de pierre à Jésus. (Brard.)
PIERRE JUDAÏQUE. (Min.) Surnom de certaines pointes
d'oursins fossiles, trouvées dans l'Orient, et rapportées de
Palestine par les Croisés. (Brard.)
PIERRE DE LABRADOR. ( Mm. ) Le felspath opalin ,
découvert sur les côtes du Labrador , porte encore ce
nom dans le commerce, quoique l'on en ait trouvé de-
puis dans plusieurs autres contrées. Voyez Felspath opalin.
(Brard. )
PIERRE DE LAIT; Milcli- Stein, Wern. (Min.) Lait de
lune ou agaric minéral de l'ancienne minéralogie. Les subs-
tances qui ont reçu cette singulière dénomination, ne sont
pour Pordinaire que de la Chaux carbonatée ou de la Chaux
SULFATÉE SPONGIEUSE, déposécs par les eaux dans les fissures
des roches calcaires. Voyez l'Histoire de ces deux espèces.
(Brard. )
PIERRE A LANCETTE. (Min.) On donne ce nom, dans
le commerce , à des variétés de schiste argilo-siliceux olivâtre ,
dont le grain est fin et serré; elles ont les plus grands rap-
ports avec les pierres à rasoirs. On nous apporte ces pierres
de Nuremberg. (Brard.)
PIERRE DE LARD. {Min.) Le toucher, l'aspect et même
la couleur de certaines variétés de stéatites de la Chine leur
ont valu ce nom. Voyez Serpentines, Stéatijes et Pagodite.
(Brard.)
PIERRE ;,ÉGÈRE. {Min.) C'est notre silex nec tique , dont
le tissu lâche lui permet de nager momentanément à la sur-
face de Peau. Voyez Silex nectique. (Brard.)
PIERRE LENTICULAIRE. {Min.) On a donné ce nom à
plusieurs corps organisés fossiles de forme lenticulaire , mais
PIE 259
qui appartiennent à difFérens genres. Voyez en particulier
Camérine, Nummumte et Cyclolite. (Brard.)
PIERRE DU LEVANT. (Min.) La pierre du Levant du
commerce est une roche calcaire extrêmement compacte,
qui est lente à faire effervescence , dont la cassure est exces-
sivement compacte, et qui passe du jaune pâle au verdâtre,
quand on l'imprègne d'huile d'olive. Li s artisks en font usage
pourafuler les taillans fins de leurs meilleurs instrumens; on
assure qu'elle se trouve à Smyrne , et qu'on l'apporte en lest
à Marseille. On la vend à trois francs la livre à Paris. (Brarp.)
PIERRE DE LIAIS. {Min.) Les Parisiens nomment ainsi
Tune des plus belles espèces de leurs pierres à bâtir; ils en
distinguent même trois variétés : le liais dur, le liais ferault
et le liais tendre ou rose; en sorte que le mot liais ne se
rapporte pas toujours au même banc de pierre , mais c'est une
sorte d'expression générale qu'ils appliquent aux pierres d'ap-
pareil, qui ont le grain fin, serré et dépourvu de cavités.
L'ancien liais de Paris, s'exploitoit dans les carrières des
environs du Luxembourg et de PObservafoire ; on s'en sert
pour les fontaines domestiques et pour les pierres tumulaires.
Voyez Chaux carp.onatée grossière. (Brard.)
PIERRE DE LIMACE. {Conclu) C'est une coquille interne
qui se trouve sous le manteau de la plupart des limaces, et
que l'on avoit prise pour une simple concrétion. J'en ai fait
le genre Limacelle, dans mon Histoire des coquilles terrestres
et fluviatiles des environs de Paris, et j'en ai figuré quatre
espèces. (Brard. )
PIERRE DE LLMACE. {Conchjl.) Nom quelquefois em-
ployé anciennement pour désigner le rudiment de coquille
des limaces. (De B. )
PIERRE DE LIME. {Min.) Comme l'émeril raie et polit
le fer, on lui a donné ce nom qui conviendroit à presque
tous les grès. (Brard.)
PIERRE DE LIS. {Min.) C'est le nom donné à une espèce
d'encrinite fossile. (Brard.)
PIERRE LITHOGRAPHIQUE. {Min.) Jusqu'ici, la seule
pierre qui soit susceptible de se prêter à la pratique de Part
lithographique , est un calcaire excessiveme;it compacte
terne dans sa cassure et légèrement argileux, dont le type
26o PIE
existe à Pappenheim , mais dont on a trouvé Tanalogue sur
plusieurs points de la France. Voyez Chaux carbonatée com-
pacte. (Brard. )
PIERRE LUMACHELLE ou MARBRE LUMACHELLE.
(Min.) Calcaires pénétrés d'une quantité notable de coquilles
fossiles qui conservent quelquefois leurs couleurs et tout
l'éclat de leur orient : telle est la lumachelle de Carinthie.
(Brard.)
PIERRE LUMINEUSE. {Min.) Plusieurs variétés de baryte
sulfatée, étant calcinées et portées dans les ténèbres, y ré-
pandent une lueur phosphorique : telle est entre autres celle
qui se trouve , en masses arrondies, aux environs de Bologne ,
en Italie. (Brard. )
PIERRE DE LUNE. (Min.) Le beau reflet nacré et argen-
tin du felspath nacré du Saint-Gothard et de Ceilan , lui a
valu le nom de pierre de lune qu'il porte dans le commerce.
Voyez Felspath nacré. (Brard.)
PIERRE DE LA LUNE. {Min.) Voyez Météorite. (Brard.)
PIERPvE DE LYDIE. ( Min.) C'est une cornéenne noire,
qui sert de pierre de touche. Voyez Pierre de touche. (Brard.)
PIERRE DE LYNX. {Min.) L'un des noms de la bélem-
nile fossile. (Brard.)
PIERRE DE LYNX. {Bot.) Voyez Pierre a champignon.
(Lem.)
PIERRE DES MAGICIENS, (^cffnoz.) Le tubipore musique
de la mer Rouge a reçu ce nom. (Desm.)
PIERRE A MAGOT. {Min.) Voyez Pagodite. (Brard.)
PIERRE DE MALAC ou DE MALACCA. {Zool.) Un bé-
zoard qu'on apportoit des Indes étoit ainsi appelé. (Desm.)
PIERRE DE MANGANÈSE. (Mm.) Voyez Manganèse oxidb.
(Brard.)
PIERRE DE MANSFELD. {Min.) C'est le minerai exploité
dans le comté de Mansfeld en Saxe, et qui est composé d'un
schiste bitumineux, cuprifère avec empreintes de poisson.
(Brard.)
PIERRE DE MATRICE. {Foss.) Ce nom et celui de pierre
hystérique étoient donnés à des moules intérieurs de téré-
bratules fossiles , auxquels on attribuoit des propriétés médi-
cales imaginaires. (Desm.)
PEI 261
PIERRE DE MEMPHIS. (Min.) On ne sait point au juste
à quelle substance les anciens avoient attaché cette dénomi-
nation, on croit cependant que ce pouvoit bien être à l'agathe
onyx des environs de Memphis. (Brard.)
PIERRE MÉTÉORIQUE ou PIERRE TOMBÉE DU CIEL.
{Min.) Voyez Météorite. (Brard.)
PIERRE MEULIÈRE ou MOLAIRE. (Min.) Toutes les
substances minérales en masse, dont on peut faire des meules
de moulins, mériteroient déporter ce nom; mais les meil-
leures se font avec un silex particulier qui présente des ca-
vités favorables à l'art de moudre les grains, et c'est prin-
cipalement à lui qu'on l'a consacré. Voyez Sii-ex molaire.
(Brard. )
PIERRE DE MIEL; Honigstein, Wern. (Mm.) Voyez Mel-
LiTE. ( Brard. )
PIERRE DE MIERY. (Min.) Nom delà pierre d'appareil
que l'on emploie dans plusieurs villes du Jura, et qui est
un calcaire renfermant des gryphites. (Brard.)
PIERRE DEMOCCOou DE MOCHE. (Min.) Voyez Pierre
DE Moka. (Desm.)
PIERRE DE MOKA. ( Min. ) C'est notre agathe arbo-
risée , que l'on tire de Plnde , et dont le commerce se
faisoit dans la ville de Moka en Arabie. Voyez Silex agathe.
(Brard.)
PIERRE MOLAIRE. {Bot.) Voyez Pierre meulière. (Lem. )
PIERRE DE MORAVIE. {Min.) Roche granitoide, qui ren-
feruie des grenats et qui, étant polie , présente des zones ru-
banées et parallèles assez remarquables. OnPextrait à Namiest
en Moravie, suivant de Born. (Brard.)
PIERRE A MOUCHE. {Min.) L'arsenic natif, pulvérisé et
délayé dans Peau sucrée, attire les mouches et les fait périr
aussitôt qu'elles en ont goûté. Deux grains d'arsenic oxidé.
délayés dans un peu d'eau sucrée que l'on avoit soin de re-
nouveler, quand elle étoit évaporée, ont tué plus de six mille
mouches. C'est au reste une sottise de chercher à se débar-
rasser des mouches en les empoisonnant, leur nombre est trop
prodigieux pour que ce moyen soit efficace. (Brard.)
PIERRE MURIATIQUE. (Min.) Six centièmes de soude,
trouvés dans le jade tenace des bords du lac de Genève,
-26-2 PIE
ont engagé Haepfner. à lui donner le nom de pierre muria-
tique; cela ne valoit pas la peine de changer un nom insigni-
fiant contre un nom qui peut induire en erreur, et qui nous
force à faire un article de plus. (Brard.)
PIERRE NAUTIQUE. (Min.) On assure que les premières
boussoles étoient composées d'un morceau d'aimant (fer oxi-
dulé polaire), enfermé dans une boite à index qui surnageoit
sur l'eau ; ce qui explique assez bien cette dénomination de
pierre nautique. (Brard.)
PIERRE NAXIENNE ou DE NAXOS. {Min.) Ces noms
conviennent également à l'émeril que l'on exploite depuis
long-temps à l'ile de Naxos, et à une pierre à rasoir fort esti-
mée qui vient, dit- on, aussi du même point de l'Archipel.
(Brard.)
PIERRE NÉPHRÉTIQUE. (Min.) La faculté de soulager
les colinues néphrétiques, attribuée fort mal à propos à la
serpentine et surtout au jade, ont valu ce nom à ces deux
substances. Voyez Jade. (Buard.)
PIERRE NOIRE. (Min.) C'est le schiste alumineux noir,
dont on se servoit jadis pour dessiner et qui ne sert plus au-
jourd'hui qu'aux charpentiers et aux tailleurs de pierre pour
tracer leur ouvrage. (Brard.)
PIERRE NOVACULAIRE. (Min.) Surnom des pierres à
aiguiser schisteuses. (Bitard.)
PIERRE NUMISMALE. {Min.) Voyez Cambrine et Num-
MULTTE. (Brard.)
PIERRE NUMMULAIRE. {Min.) L'un des noms de la
camérine fossile. Voyez Camérine et Nummclite. (Brard.)
PIERRE OBSIDIENNE. {Min.) Voyez Obsidienne. (Brard.)
PIERRE OCULAIRE ou ŒILLÉE. ( Min.) Voyez Agathe
ONYX A COUCHES CONCENTRIQUES. (BrARD.)
PIERRE ODONTOÏDE. {Min.) Ce nom convient à toutes
les dents pétrifiées de poissons ou de mammifères, mais il
appartient surtout aux dents de requin pétrifiées. (Brard.)
PIERRE ODORANTE. {Min.) Ce nom convient encore à
toutes les substances minérales qui répandent une odeur
quelconque, soit naturellement, soit quand on vient à les
chantier, à les gratter ou à les casser. Nous connoissons des
minéraux à odeur de bitume, de soufre, d'hydro- sulfure, à
PIE 265
odeur de violette, de truffe, de pomme, de corne brûlée,
etc. (Brard.)
PIERRE DES OISEAUX. (Zool.) Des calculs trouvés dans
les viscères des oiseaux, ont été ainsi nommés. Voyez Pierre
ALECT0RIEN^E, PlERRE DE COQ, PlERRE DE CHAPON et PlERRE d'hI-
RONDELLE. (DeSxM.)
PIERRE D'OLIVE. ( Min. ) C'est à une pointe d'oursin
fossile, qui se termine en forme d'olive, que l'on a donné ce
nom, ainsi que celui de pierre judaïque. (Brard.)
PIERRE OLLAIRE. (Min.) Nom donné aux serpentines
et aux stéafifes, dont on fait des vases domestiques, en Val-
lais et ailleurs. (Brard.)
PIERRE DES ORCADES. (Min.) Il paroît que c'est un
fossile ou une concrétion calcaire qui abonde aux Orcades
et dans le pays de Galles, suivant Patrin. (Brard.)
PIERRE ORIENTALE. (Min.) Comme nous avons reçu et
que nous recevons encore nos plus belles pierres précieuses
de l'Inde et de l'Orient, il s'ensuit que l'on est à peu près
convenu d'ajouter l'épithète d'orientale aux gemmes les plus
dures et les plus précieuses; ainsi, l'on dit topaze seulement,
pour désigner la topaze du Brésil ou de Saxe, mais on dit
topaze orientale, pour désigner le saphir jaune. On dit qu'une
agathe a de l'orient, quand elle offre une pâte fine et sans
défaut , etc. ; au reste , cette expression vicieuse com-
mence à disparoître même chez les joailliers et les lapidaires.
(Brard.)
PIERRE DES OS ROMPUS, ou OSSIFRAGE, ou OSTÉO-
COLLE. (Min.) Une concrétion calcaire formée autour d'une
racine ou d'un rameau , ayant la forme cylindrique et tubu-
laire, fut considérée, au temps des amulettes, comme suscep-
tible de consolider les os fracturés; de là cette dénomina-
tion ridicule de pierre des os rompus. Voyez Chaux carbona-
tée, concrétionnée ou incrustante. (Brard.)
PIERRE D'OUTREMER. {Min.) C'est notre lapis, dont on ex-
trait en effet la couleur dite outremer. Voyez Lapis. (Brard.)
PIERRE OVAIRE. ( Mm. ) Calcaire oolitique que Ton
croyoit entièrement composé d'œufs de poissons. (Brard.)
PIERRE OXIPÈTRE. Voyez Pierre acide. (Brard.)
PIERRE DE PAILLE. (Mm.) On donne ce nom eu Aile-
magne à plusieurs minéraux composés d'aiguilles, entrelacés
en tous sens, et qui imitent quelquefois un assemblage de
brins de paille, croisée et jetée au hazard; c'est une mau-
vaise expression qui ne peut tout au plus s'employer que
dans sa description, et lorsqu'elle est éclairée par une pé-
riphrase. (Brard.)
PIERRE DE PANTHÈRE ou JASPE PANTHÈRE. {Min.)
Quelques jaspes tachetés, imitant plus ou moins bien la robe
mouchetée de la panthère, ont reçu ce nom ; je l'ai entendu
employer pour le palmier agathisé de Hongrie , dont on a fait
des bijoux et des objets d'ornement. (Brard.)
PIERRE DE PAON. {Conchyl.) Nom donné par les joail-
1ers au cartilage de la moule perlière , qui est susceptible de
poli, et reflefte les couleurs de l'arc-en-ciel. Ils en font des
bijoux. ( Desm. )
PIERRE DE PAPPENHEIM. {Min.) C'est le calcaire com-
p.icfe qui sert de type aux pierres lithographiques. (Brard.)
PIERRE DE PARANGON. {Min.) C'est encore un des noms
de la pierre rie touche. (Brard.)
PIERRE PEINTE, {Min.) Nom qui convient à toutes les
pierres qui offrent des dendrites ou arborisations , etc.
( Brarp. )
PIERRE DE PÉRIGORD ou PIERRE DE PÉRIGUEUX.
{Min.) Voyez Manganèse oxidb noir terreux. (Brard.)
PIERRE PESANTE. {Min.) Pour les François, c'est la ba-
ryte sulfatée , mais pour les Suédois, c'est une substance mé-
tallique, ]e schéelin calcaire. (Brard.)
PIERRE DE PHÉNICIE. {Min.) Encore un nom de la pierre
de touche. (Brard.)
PIERRE PHILOSOPHALE. {Chim.) Les alchimistes don-
noient ce nom à une préparation qui, suivant eux, avoit
la propriété de changer en or ou en argent des matières
communes de diverses natures. (Ch.)
PIERRE PHOSPHORIQUE. {Miii.) Voyez Pierre lumineuse
et Baryte sulfatée. Chaux phosphatée, Chaux fluatée, et
toute substance phosphorescente dans l'obscurité et à Paide
de différens moyens. (Brard.)
PIERRE PHRYGIENNE. {Min.) Il paroît que les anciens
tiroicct leur alun de PAsie mineure, et particulièrement d'une
PIE 2^5
pierre que l'on trouvoit en Phrygie; c'est la pierre dont il
s'agit ici. (Brard.)
PIERRE A PICOT. (Min.) Voyez Varioliïhe. (Brard.)
PIERRE DES PIERRES. (Min.) L'agathe onyx, réunissant
en apparence plusieurs pierres, différentes par leurs couleurs,
on lui avoit donné cette dénomination chez les anciens miné-
ralogistes. (Brard.)
PIERRE PLANTE, (^chn.) Traduction du mot lithophyte,
employé généralement pour désigner les polypiers calcaires.
(Desm.)
PIERRE A PLATRE. {Min.) La pierre à plâtre par excel-
lence est la chaux sulfatée grossière, combinée à une petite
dose de chaux carbonatée : telle est celle des environs de
Paris, qui produit du plâtre parfait; mais partout ailleurs
on fait du plâtre avec toutes les autres variétés de Chaux
SULFATÉE, Voyez cet article. (Brard.)
PIERRE A PLATRE CIMENT. {Min.) C'est une pierre à
chaux très-hydraulique de Boulogne sur mer. (Brard.)
PIERRE DE POIS ou PISOLITHE. ( Min. ) C'est notre
Chaux carbonatée concrétionnée globuuforme et notre Fer
hydraté Gr.oBUUFORME. Voycz ces deux articles. (Brard.)
PIERRE DE POISSONS. {Zool.) Ce nom a été donné à
quelques concrétions pierreuses, qui se forment adventive-
ment dans la tête de plusieurs poissons, et qui étoient autre-
fois employées, ainsi que les autres calculs et bézoards ,
comme remèdes dans certaines maladies. (Desm.)
PIERRE DE POIX , PICIFORME , RÉSINIFORME ou
PECHSTEIN. {Min.) Ce sont le plus ordinairement des silex
qui, dans leur cassure et leur aspect, rappellent assez bien
la cassure et le faciès particulier de l'intérieur des masses de
résine (voyez Silex résinite). Le pechstein de Werner étoit
fusible, et n'appartenoit point par conséquent à notre silex
résinite, c'étoit plutôt une roche feispathique. (Brard.)
PIERRE A POLIR. ( Min. ) Nous connoissons un grand
nombre de substances minérales, qui s'emploient journelle-
ment dans l'art de polir les métaux, les pierres, le bois, la
corne, Pécaillc, l'ivoire, etc.-, mais on nomme plus particu-
lièrement pierre à polir plusieurs espèces de schiste que l'on
prépare dans les environs de Nuremberg . de Sonnenberg et
266 PIE
de Cobourg en Saxe, et qui servent à dresser, à doucir et
à polir les gros bijoux d'or et d'argent. (Brard.)
PIERRE PONCE. (Min.) Matière volcanique très-voisine
des verres, et qui se fait remarquer par sa grande légèreté
qui lui permet de flotter sur Peau fort long-temps. Elle est
employée dans les arts mécaniques, dans la chapellerie, etc.
Voyez PuMiTE et Ponce. (Brard.)
PIERRE DE PORC. (Mm.) C'est notre chaux carbonatée
fétide qui dégage, quand on la frappe, une odeur d'hydro-
Sulfure très-sensible. (Voyez Chaux carbonatée fétide.)
Nous avons aussi un quarz fétide, mais Podeur qu'il répand
par le choc , est celle d'une matière animale qui brûle.
(Brard.)
PIERRE DE PORC. (ZooZ.) Calculs intestinaux ou bé-
zoards, qui se forment dans les viscères du cochon. (Desm.)
PIERRE DE PORC-ÉPIC. {Zool.) Un porc-épic des Indes
a souvent dans son eslomac des pierres ou concrétions cal-
caires, auxquelles on a attribué des propriétés merveilleuses
et donné un prix très-élevé. (Desm.)
PIERRE A PORCELAINE. (Mm.) Le felspath décomposé
ou kaolin fait la base de la pâte des porcelaines proprement
dites , et le felspath non décomposé en fait la couverte.
Voyez donc l'article Felspath. (Brard.)
PIERRE POREUSE. (Min.) Dénomination vague qui con-
vient aux minéraux les plus disparates , à la ponce et au
silex molaire, au grès à filtrer et au luf, etc. (Brard.)
PIERRE DE PORTLAND. (Min.) Pierre calcaire d'appa-
reil très-employée à Londres , où elle est apportée de Pîle
de Portland dans la Manche. (Brard.)
PIERRE DE PORTUGAL. {Min.) Nom donné au fer sul-
furé marcassite , qui est susceptible d'être taillé, poli et
monté en bijoux. Voyez Fer sulfuré. (Brard.)
PIERRE A POTS. (Min.) Voyez Pierre ollaire , Serpen-
tine, Stéattie. (Brard.)
PIERRE POURRIE. {Min.) Les artisans qui polissent les
métaux, donnent ce nom à un schiste friable jaunâtre ou
brun, qui vient, dit-on, d'Angleterre, et qui donne un fort
beau poli à Por, à Pargent et même à Pacier. On trouve
une pierre analogue à Menil-Montant près Paris, qui sert
PIE 2^7
de gangue au silex ménilite, c'est le polierscliiefer des Alle-
mands. (Brard.)
PIERRE DE LA PROVIDENCE. (Min.) On a donné ce
nom à certaines pierres calcaires qui renferment une mul-
titude de camérines ou nummulites. (Brard.)
PIERRE PUANTE. (Mm.) Voyez Pierre de porc ou Chaux
CARBONAÏÉE FETIDE, QcARZ FÉTIDE. ( BrARD. )
PIERRE A QUEUE DE PAON. ( Zool. ) Voyez Pierre de
PAON. (DeSM.)
PIERRE A RASOIR. [Min.) La pierre, qui porte ce nom,
s'appeloit cos dans l'ancienrfe minéralogie; elle est d'un Jaune
chamois, d'un grain imperceptible à l'œil ; elle fait partie des
schistes argilo-siliceux, schiste coticule, qui sont composés de
lits superposés, noirâtres, roussàtres ou violets. La partie
jaune est la seule qui soit propre à affûter la coutellerie
iine et surtout les rasoirs : cette pierre s'emploie à l'huile
d'olive. On nous l'apporte de Namur; mais la carrière est à
Salm-Chàteau près Liège. Voyez Schiste coticule. (Brard.)
PIERRE A RATS. (Min.) La baryte carbonatée naturelle
est un poison pour les rats, et l'on en fait usage en Angle-
terre. Voyez Baryte CARBONATÉE. (Bjiard.)
PIERRE A RAVET. {Min.) Pierre à chaux de Saint-Do-
mingue , remarquable par le grand nombre des cellules
qu'elle présente, et qui servent de refuge aux blattes ou ra-
vfts, insectes lucifuges. (Brard.)
PIERRE RAYÉE. ( {Min. ) Voyez Pierre de Moravie.
(Brard.)
PIERRE DES REINS. (Zoo/.) Nom donné aux calculs
qui se forment dans les reins des animaux. (Desm.)
PIERRE DES REMOULEURS. {Min.) Toutes les pierres
dont on fait des meules pour les rémouleurs, sont de grès plus
ou moins lins, et plus ou moins durs; les plus estimés sont
ceux de Marcilly et de Celle près Langres , de Passavant
près Vauvilliers, etc. 11 se fait un très-grand commerce de
ces meules , et l'on ouvre tous les jours de nouvelles carrières.
(Brard. )
PIERRE RÉTICULAIRE. {Min.) Pierre qui présente l'as-
pect d'un tissu croisé, tel que le Titane réticulaire , par
exemple. Voyez ce mot. (Brard.)
268 pi£
PIERRE DE RIZ ou plutôt PATE DE RIZ. (Min.) Subs-
tance dont on fait des vases à la Chine , que l'on a pris pen-
dant long-temps pour une pierre naturelle, et qui n'est qu'un
émail où l'oxide de plomb entre pour près de moitié.
(Brard.)
PIERRE DE ROCHE. ( Min. ) Nom de Tune des variétés
des pierres d'appareil de Paris, qui est d'une belle qualité,
mais qui a peu d'épaisseur. (Brard.)
PIERRE DES ROMPUS. {Mm.) Voyez Pierre «es os rom-
pus , ou OsTÉOCOLLE. (BrARU.)
PIERRE RUDE ou PIERRE A- L'EAU RUDE. (Min.) Elle
est schisteuse, mais sèche au toucher et d'un gris verdàtre.
Elle vient de Nuremberg et du banc de Craka près Paimpol
en Bretagne. On l'emploie avantageusement pour polir l'ar-
gent et le cuivre. (Brard.)
PIERRE DES RUINES. (Min.) Voyez Pierre de Florence
et Chaux carbonatée cOiMPACTE. (Brard.)
PIERRE DE SABLE. (Min.) Ce sont les grès qui, effec-
tivement, ont dû être à Pétat de sable, avant d'avoir été
consolidés. Voyez Grès. (Brard.)
PIERRE A SABLON. {Min.) Grès pouf, qui s'écrase faci-
lement et produit le sablon dont on se sert pour décaper
le cuivre et pour ébaucher le poli de quelques substances.
(Brard.)
PIERRE SACRÉE. {Min.) On assure que les anciens don-
noient ce nom à un porphyre vert à taches blanches r" (Brard.)
PIERRE DE SAINT -ETIENNE. {Min.) On a donné le
nom de ce martyr à une cornaline blonde qui présente des
taches rouges , que l'on a comparées à des gouttes de sang.
(Bkard. )
PIERRE SAINTE -MARGUERITE. {Conchjl.) C'est le nom
vulgaire d'une espèce de natice , aussi nommée nombril
marin. (Desm.)
PIERRE SxALÉE. {Min.) C'est le schiste noir graphique
qui sert aux charpentiers, et dont la surface se couvre d'efllo-
rescences salines (sulfate de fer). (Brard.)
PIERRE DE SAMOS. {Min.) L'un des synonymes du fer
oxidé hématite, dont on fait usage pour brunir les métaux
et qui porte aussi le nom de ferrct. (Brard.)
PIE ^69
PIERRE DE SANG. (Min.) Le jaspe vert taché de points
rouges et le fer oxidé rouge terreux , nommé sanguine, ont
reçu le nom de pierre de sang. Voyez Silex héliotrope et
Fer oxidé terreux rouge. (Brard.)
PIERRE DE SARCOPHAGE ou PIERRE ASSIENNE. {Min.)
On dit que les anciens se servoient de cette pierre pour
dessécher les cadavres et les changer en espèces de mo-
mies. Maintenant quelle est cette pierre P C'est ce qui n'est
pas facile à déterminer; cependant, si cette pierre assienne
est analogue à notre pierre d'alun , on pourroit concevoir
jusqu'à un certain point l'effet dont il s'agit. (Brard.)
PIERRE DE SARDE. (Mm.) C'est le nom de notre Silex
AGATHE SARDOINE. Voycz cct article. (Brard.)
PIERRE DE SASSENAGE. (Mm.) Petits galets blancs et
lenticulaires que l'on trouve dans les grottes calcaires de Sas-
senage près Grenoble, et dont on fait usage pour retirer de
l'œil les corps étrangers qui s'y introduisent accidentelle-
ment. (Brard.)
PIERRE SAVONNEUSE. (Min.) Ce nom convient également
aux argiles, aux talcs et aux stéatites , dont le toucher gras
et savonneux contribue à les faire reconnoitre. Voyez Talc ,
Stéatites, Argiles. (Brard.)
PIERRE A SCULPTURE. (Mm.) Voyez Pierre de lard,
Pierre a magots et Pagodite. (Brard.)
PIERRE DE SERPENT ou DE COBRA. ( Min. ) Prépa-
ration des moines et des charlatans de Plnde, qu'ils font pas-
ser pour s'être formée dans la tête d'un serpent du pays et
qui a, suivant eux, la propriété d'en guérir la morsure. Ce
n'est qu'une argile analogue à celle de PArchipel, et qui ab-
sorbe l'humidité sans miracle. (Brard.)
PIERRE DE SERPENTINE. (Min.) Voy. Serpentine. (Brard.)
PIERRE SMECTITE. {Min.) Voyez Stéatite. (Brard.)
PIERRE DU SOLEIL. {Min.) Belle variété du felspath
avanturiné à pluie d'or , fort estimée dans le commerce.
Voyez Felspath avanturiné. (Brard.)
PIERRE SONNANTE; KLingstein , Wern. {Min.) La pro-
priété sonore qui se manifeste quand on vient à frapper sur
certaines roches, leur a valu cette dénomination chez les
François comme chez les Allemands. Elle se remarque sur-
270 PIE
tout dans certaines roches pétrosiliceuses , les phonolifes et
même dans certains calcaires. Les Chinois font des instru-
mens de musique, des kings, avec le jade, qui produit aussi
un son particulier quand il est réduit en plaques. Voyez
Jade, Phonolite et Pierre de cloche. (Brard.)
PIERRE SONORE. (Min.) Voyez à rarticle Pierre son-
nante. (Brard.)
PIERRE SORCIÈRE. (Mm.) Le mouvement imprimé aux
petites camérines que Ton jette dans du vinaigre, lui ont
valu ce nom. (Brard.)
PIERRE DE SOUDE. (Min.) Voyez Soude. (Brard.)
PIERRE SPÉCULAIRE. [Min.) Le mica et la chaux sul-
fatée laminaire ont reçu ce nom par suite de la propriété
qu'ils ont de répéter les objets à la manière d'un miroir.
Voyez Fer oligiste, Mica et Chaux sulfatée. (Brard.)
PIERRE DE STÉATITE. (Min.) Voyez l'krticle Stéatite.
(Brard.)
PIERRE DE STOLPEN ou PIERRE EN COLONNE. (Min.)
Nom par lequel les Suédois, les Polonois et les habitans de
la Bohème désignent le basalte prismatique. (Brard.)
PIERRE SURNAGEANTE. {Min.) Voyez Silex nectique
et Pierre légère. (Brard.)
PIERRE DE SYÈNE. ( Min. ) C'est la belle roche rose qui
a été tant de fois mise en œuvre par les Égyptiens et qui
forme les cataractes du Nil; c'est le granité rouge antique des
marbriers, le syénite de Werner et de la plupart des miné-
ralogistes modernes. Voyez Syénite. (Brard.)
PIERRE DE SYRIE. (Mm.) Voyez Pierre judaïque. (Brard.)
PIERRE DE TAILLE. (Min.) Voyez Pierres d'appareil.
( Brard.)
PIERRE A TAMIS. {Foss.) Un milleporite a reçu ce nom.
(Desm.)
PIERRE THÉBAÏQUE. (Min.) C'est le syénite rouge d'E-
gypte. Voyez Pierre de syène et Svénite. (Brard.)
PIERRE DE THRACE. {Min.) C'est notre jciyet. Voyez
Jayet et Lignite. (Brard.)
PIERRE DE THUM; Thummcrsfein , AVern. {Min.) C'est
le nom de l'axinite chez les Allemands. Voyez Axinite.
(Brard.)
PEI 271
PIERRE DE TIBLE. ( Min. ) Nom des loses ou ardoises
grossières dont on se sert dans une partie du Limousin pour
couvrir les maisons de la campagne. (Brard.)
PIERRE DE TIBURON ou MANATl. [Zool.) Un os dur,
qu'on regarde comme l'os de l'oreille (le rocher) de la ba-
leine y étoit autrefois employé en pharmacie , comme les
pierres d'écrevisse et la corne de cerf pour la guérison de
certaines affections de l'estomac. ( Desm. )
PIERRE EN ÏIGE ou EN BAGUETTE, ou SCAPOLITE.
(Mm.) Voyez Wernérite. (Brard.)
PIERRE DE LA TOLFA. (Mm.) Voyez Pierre d'alun.
(Brard. )
PIERRE TOMBÉE DU CIEL. ( Min. ) Voyez Méti.orite.
(Brard.)
PIERRE DE TONNERRE. {Min.) On a donné ce nom au
fer sulfuré radié, aux béleranites et à des pierres taillées de
main d'homme , en forme de hache ou de coins, ouvrages
qui remontent à l'antiquité la plus reculée et qui semblent
antérieurs à l'art de travailler le fer. (Brard.)
PIERRE DE TOUCHE. {{Min.) On se sert de plusieurs
sortes de pierres pour essayer approximativement le titre des
bijoux d'or; il suffit, pour remplir le but que l'on se propose,
qu'une pierre soit noire , assez dure pour que l'or laisse sa
trace quand on vient à l'y frotter, et surtout que cette pierre
ne soit point susceptible d'être attaquée par l'acide nitrique
étendu , ou eau forte. Les cornéennes ou trapps noirs, cer-
tains schistes noirs endurcis et les jaspes noirs peuvent ser-
vir à cet usage. Les pierres de touche de Paris viennent de
Saxe, de Bohème et de Silésie : elles entrent en France par
Strasbourg. Voyez Cor?;éenne, Pierre de Lidye, etc. (Brard).
PIERRE DE TRASS. {Min:) C'est le nom de la pierre tuf-
feuse volcanique que Ton exploite à Andcrnach , que l'on
pulvérise en Hollande, qui s'emploie dans les cimens, en
place de pouzzolane. (Brard.)
PIERRE TRAVERTINE DE TIBUR, DE TIVOLI ou TO-
PHUS des anciens. (Min.) C'est un calcaire caverneux blanc ou
jaunâtre qui se forme à la manière des tufs, dont il existe
de vastes carrières au sud de la montagne de Tivoli , au point
où l'Anio entre dans la plaine qui s'étend jusqu'à Rome. Le
272 PIE
travertin de Tivoli, qui a son parfait analogue aux bains de
Vichy, est recherché par sa légèreté pour la construction des
voûtes; aussi la coupole de Saint-Pierre a-t-elle été bâtie en
travertin. Voyez Chaux carbonatée incrustante. ( Brard. )
PIERRE DE TRIPPES. (Min.) Voyez Chaux sulfatée an-
hydre. (Brard.)
PIERRE DE TRUFFE, TARTUFFOLl des Italiens. {Min.)
C'est un madrépore pétrifié qui répand cependant encore
une forte odeur de truffe dès qu'on le frappe légèrement avec
un morceau de fer: il se trouve , à Monteviale dans le Vicen-
tin , mêlé à des déjections volcaniques, et l'on remarque que
le terrain dans lequel on le trouve, répand aussi une odeur
de truffe après les pluies. (Brard.)
PIERRE TUBERCULEUSE. {Min.) Le silex ménilite a reçu
ce nom à cause de la forme arrondie et contournée qu'il
présente souvent. Voyez Silex ménilite. (Brard.)
PIERRE TUBULAIRE. {Min.) Tuf calcaire qui s'est dé-
posé sur des roseaux et qui semble composé de tubes. Voyez
Chaux carbonatée incrustante. (Brard.)
PIERRE DE TUF. ( Min. ) Voyez Pierre travertine et
Chaux carbonatée incrustante. (Brard.)
PIERRE DE TURQUIE. {Min.) Voyez Pierre du Levant.
(Brard.)
PIERRE TYPOGRAPHIQUE. {Min.) Voyez Pierre gra-
phique et Pegmatite. (Brard.)
PIERRE DE VACHE. {Zool.) Les vaches atteintes d'une
maladie appelée pommelière, ont très -souvent la substance
des poumons remplie de concrétions calcaires tendres, qui
ont reçu le nom de pierres de vaches. (Des.m.)
PIERRE DE VARIOLE ou DE LA PETITE VÉROLE. {Min.)
Roche particulière , dont la pâte est pétro-siliceuse et qui ren-
ferme des noyaux arrondis, aussi de pétrosilex, mais d'uiie
couleur plus ou moins différente de celle de la roche :1a plus
connue est celle que Pon trouve parmi les cailloux roulés
de la Durance. Cette pierre faisoit partie des amulettes.
Voyez Variolite. (Brard.)
PIERRE VÉGÉTALE. {Foss.) Ce nom a été quelquefois
donné aux pierres qui renferment de nombreuses empreintes
de plantes fossiles ou phytolithes. (Desm.)
PIE 27a
PIERRE DE VÉRONE. {Min.) C'est le calcaire compacte
et tabulaire qui renferme les plus belles empreintes de pois^
sons connues, et que l'on trouve à Vestena-Nova près Vérone*
Elle présente aussi des empreintes de plantes et des noyaux
de succin. (Brard.)
PIERRE VERTE DES AMAZONES. {Min.) Le jade assien,
dont on trouve des masses brutes ou travaillées dans les
alterrissemens du fleuve des Amazones, a reçu le nom de
pierre des Amazones. Mais on l'a également donné à une jo-
lie variété de felspalh vert céladon qui se trouve en Sibérie.
Voyez Jade et Felspath vert. (Brard.)
PIERRE DE LA VESSIE. {Chim.) Voyez Calculs uri-
NAIRES. (Ch.)
PIERRE A VIGNE. (Min,) Voyez Amfélite. (Brard.)
PIERRE DE VIOLETTE. {Min.) On ignore encore à quoi
l'on doit attribuer cette odeur dans certaines roches; mais
il est certain qu'elle est très-sensible dans le gneiss de Mittel-
berg en Allemagne et même dans le granité rose des Vosges.
M. Léman s'est assuré que cette odeur n'est point due à
la présence d'aucun lichen ou autre plante cryptogame-
(Brard.)
PIERRE VITRESCIBLE. ( Min. ) Le quarz ou le sable
quarzeux formant avec un alkali la base des différentes sortes
de verre. Voyez les Usages du quarz. (Brard.)
PIERRE VITRIOLIQUE. {Min.) C'est le schiste noir qui
se décompose en raison des pyrites qu'il contient et qui se
couvre d'efflorescences de vitriol ou sulfate de fer. Voyez Fer
sulfaté, AiviPÉLnE. (Brard.)
PIERRE VOLANTE. ( Min. ) Les mineurs allemands don-^
nent ce nom à une roche particulière siliceuse assez dure
qu'ils rencontrent dans leurs travaux et quis'écîiappe en éclats
quand on la touche. Dans les mines de plomb d'Angleterre
on rencontre une autre pierre volante, qui sert de salle-
bande a certains filons, dont la surface est polie et qui fait
explosion quand on la découvre. (Brard.)
PIERRE DE VOLCAN ou DE VULCAIN. {Min.) Nom
général que l'on donnoit autrefois aux substances qui avoient
été fondues ou simplement rejetées par les volcans. Ces ex-
pressions furent remplacées par le mot lave, également gêné-
40. 18
274 PIE
rique et vague, dont on ne fait presque plus usage que par
abréviation. Voyez Lave. (Brard.)
PIERRE DE VOLVIC. (Min.) C'est la pierre d'appareil
que l'on exploite à Volvic , près Clermont. et qui est un
produit des volcans d'Auvergne. Voyez Lave. (Brard.)
PIERRE DE VULPINO. (Min.) Pierre particulière, dont
on fait usage à Milan pour l'ameublement, qui prend un assez
beau poli et qui n'est autre chose que de la chaux sulfatée
mêlée à une forte dose de silice : elle se trouve à Vulpino ,
à quinze lieues au nord de Bergame. Voyez Chaux sulfatée
ANHYDRE QDARZIFÈRE. ( BrARD. )
PIERRERIES. ( Min. ) Les gens du monde désignent les
pierres fines, et les pierres précieuses en général, par cette
expression; on l'emploie même dans le style relevé. (Brard.)
PIERRES A AIGUISER. {Min.) Toutes les substances miné-
rales, qui sont susceptibles d'aviver le taillant des instrumens
tranchans, se rangent parmi les pierres à aiguiser. C'est cepen-
dant plus particulièrement aux grès qu'appartient cette dé-
nomination; tandis que celle des pierres à repasser est réservée
pour les substances qui servent à aiguiser ou à afuter les ins-
trumens plus délicats, tels que les lancettes, les bistouris, les
canifs, les rasoirs, etc. Les principales pierres à aiguiser
sont les grès de Langres, de Passavant près Vauviliers dans
la Haute-Saône, de Celles en Champagne, de Fleury , départe-
ment de la Manche, etc. (Brard.)
J'IERRES D'APPAREIL ou PIERRES DE TAILLE. (Mm.)
Je nomme pierres d'appareil, celles qui sont susceptibles de
servira l'exécution des édilices particuliers et des monumens
publics décorés.
Toutes les substances minérales en masse ou toutes les roches
ne sont point, comme on pourroit le croire, susceptibles de
se prêter à cet usage important, et il existe des provinces et
même des contrées entières qui en sont totalement privées.
On nomme appareil en architecture les pierres que l'on
destine à l'exécution des diverses parties d'un édifice quel-
conque, en les posant par assises régulières et successives, et
l'on dit que ces pierres sont de haut ou de bas appareil , sui-
vant qu'elles ont plus ou moins d'épaisseur. L'appareilleur en
chef d'un monument est chargé non-seulement de faire exé-
PIE ayS
cuter la taille suivant les règles de l'art du tracé ou de la
coupe, mais il veille aussi à ce que les pierres soient saines
et posées sur leur lit de carrière , et à ce sujet seulement nous
entrerons dans quelques détails qui se rattachent à la minéra-
logie , renvoyant pour le reste aux traités d'architecture et de
l'art de bâtir.
Les principales qualités des pierres d'appareil consistent à
ne point se détériorer par l'action de l'air, de l'humidité
et delà gelée; à soutenir la vive -arête sans s'égrainer par
l'action du ciseau , à se laisser tailler sans trop de difficulté,
et à fournir un appareil d'une hauteur telle que les assises né
soient pas trop multipliées. Quelques auteurs demandent
même, comme dernière condition, que ces mêmes pierres
résistent à l'action du feu des incendies : mais c'est par trop
exiger; car il n'est guère de roche qui, soumise à cette
épreuve, puisse y résister. Les magnifiques pierres qui for-
ment le plafond des vomitoires de l'amphithéâtre de Nîmes
ont presque toutes éclaté lors de l'incendie allumé par les
Maures retranchés dans ce vaste édifice romain et assiégés
par Charles Martel.
Les roches calcaires sont les pierres d'appareil par excel-
lence, et cela tient à leur abondance, à leur dureté moyenne
et à leur disposition dans les contrées dont elles forment la
masse solide ; disposition par couches parallèles assez uni-
formes et susceptibles de se détacher les unes d'avec les autres
au moyen des coins et des leviers.
Je dis leur abondance, parce qu'en elfet ce sont elles qui
se trouvent le plus communément dans la nature ; et que ce
Sont elles qui ont fourni la matière des principaux monumens
connus.
Je dis leur dureté moyenne , parce qu'elle varie depuis
celle qui permet de les débiter à la scie dentée, à la scie au
sable, jusqu'à celle qui s'exploite à la trace, à la poudre , et
qui ne peut s'ébaucher qu'à la pointe aciérée. Paris offre
dans la pierre que l'on extrait dans ses environs, ces trois
degrés de résistance : le premier , dans sa lambourde ; le
second, dans son liais ; le troisième, dans la pierre de Landon.
Les roches calcaires disposées en couches d'une moyenne
épaisseur ^ sont très-favorables à l'exécution d'un appareil uni-
276 PIE
forme, ])arce que tel banc que l'on exploite dans telle carrière ,
ne varie pas assez sensiblement d'épaisseur pour que l'on ne
.puisse pas toujours en extraire des blocs d'une hauleur don-
née , que l'on a soin de placer en bâtissant comme ils l'étoient
dans la carrière; c'est ce qui s'exprime par Ut de carrière, et
ici je dois entrer dans quelques dt-tails sur l'importance que
l'on doit attacher à cette précaution.
Tout semble prouver que la plupart des pierres calcaires
disposées en couches parallèles dans la nature, ont été déposées
au milieu d'un liquide qui en tenoit leséiémens en suspension;
que ces élémens se sont juxtaposés lit par lit , à la manière du
sable de nos plages, et qii'une force d'agrégation ou dépression
excessive les a consolidés sur place. Cela étant, on conçoit
combien il importe de replacer ces anciens dép6ts dans la
même situation où la nature les a consolidés, et combien il
seroit dangereux de les poser en délit ou sur le tranchant des
lits dont ils sont composés : c'est la différence de force entre
un livre posé à plat ou sur sa tranche.
Cette précaution indispensable pour toutes les pierres cal-
caiies grossières évidemment formées par dépôt, n'est point
de rigueur pour celles dont les élémens ont été tenus en
dissolution, et qui sont formées par cristallisation, et cette
simple faculté de pouvoir placer une pierre en délit dans
l'exécution d'un édifice, permet d'élever des monumens mono-
lithes , des pieds droits , etc., d'une seule pièce.
Les pierres calcaires qui forment des couches excessive-
ment épaisses de plusieurs mètres, par exemple, s'exploitent
à la trace, c'est-à-dire, au moyen d'entailles profondes qui
les isolent sur quatre ou cinq côtés, et que Ion parvient à
détacher à l'aide des coins, de la masse et des leviers. Ce
mode d'exploitation produit des blocs énormes en longueur
et en épaisseur; cependant il en résulte une grande perte de
matière, (jui est souvent indifférente, mais qui peui entrer
en considération dans certaine circonstance. Le marbre blanc
statuaire s'extrait à la trace et à la poudre.
Les principaux monumens de Rome , de Paris et de Londres
sont exécutés avec différentes variétés de pierres calcaires , et
on pourroit en dire autant de la plupart des grandes ville»
d'Europe. Mais, si cette roche se prête si heureusement aux
PIE 277
grands travaux de l'architecture et à l'exécution des orne-
mens dont on les décore, il faut dire aussi que c'est parmi
ces mêmes pienes calcaires que l'on rencontre le plus grand
nombre de celles qui ont la funeste propriété de s'altérer à
l'air par suite de l'action successive et combinée de l'iunni-
dité , de la chaleur et de la gelée.- effet qui est tel qu'en
peu d'années les édifices les plus soignés et les plus solides
d'ailleurs, se couvrent des marques de la vétusté, de la
dégradation la plus inquiétante et la plus désagréable à l'oeil.
Ici la pierre calcaire se détériore par éclats, là elle s'égraine,
ailleurs elle se corrode, et souvent elle tombe au pied même
de l'édifice pour lequel on avoit l'espoir d'une longue durée.
(Voyez Pierres gélives et Pierkes solaires.)
On ne doit point attacher trop d'importance à la couleur
des pierres d'appareil, et surtout aux veines et aux tâches
qui diversifient leur teinte générale ; cependant il faut avouer
qu'un édifice change d'aspect en changeant de teinte , et
sous ce raport je ne crois point qu'il soit tout-à-fait indiffé-
rent d'employer une pierre qui a la propriété de noircir,
et c'est pour cette raison que j'ai conseillé ailleurs de faire
usage d'un badigeon conservateur analogue à celui de Bache-
lier, et dont le choix de la teinte ne seroit pas sans impor-
tance. Nous voyons à Paris même, dans le palais du Louvre
et dans celui de l'Institut royal qui lui fait face, l'exemple
comparatif du défaut que je signale ici. Le Louvre, conser-
vant encore la teinte éclatante de la pierre nouvellement
grattée , contraste avec le gris sombre du palais des sciences
et des arts. Je voudrois une teinte moyenne sur laquelle les
ombres fussent moins crues qu'elles ne sont au Louvre , et plus
détachées qu'au palais de l'Institut. L'église de Saint-Sulpice ,
son portail et ses tours, me semblent avoir la teinte convena-
ble aux grands édifices.
On sait au resie aujourd'hui quelle est la cause acciden-
telle de ce changement de couleur dans les pierres calcaires :
il tient d'abord au travail d'une petite araignée qui se loge
dans les trous multipliés de la pierre, et qui file une toile de
quelques lignes de diamètre; ce tissu se multiplie, couvre
incessamment la surface des plus grands monumens; il arrête
la poussière que les vents y transportent, et le lichen commence
278 PIE
à végéter et à se multiplier avec d'autant plus de rapidité qu'il
est exposé à l'action du vent dominant de telle ou telle con-
trée. On peut donc remédier à cet inconvénient en en
détruisant la cause première, c'est-à-dire, en bouchant au
moyen d'un badigeon la retraite du petit insecte qui pro-
duit de si grands effets : c'est à quoi le peintre Bachelier étoit
parvenu, ainsi que l'on en a eu la preuve par une expérience
de cinquante-cinq ans laite sur l'une des colonnes de la coup
du Louvre, au-dessus du guichet de la rue du Coq.
Après les roches calcaires, je crois que les différentes espèces
de grès sont celles qui fournissent le plus grand nombre de
pierre d'appareil; mais comme les roches sont essentiellement
du genre de celles qui ont été formées par des dépôts successifs
de sable , qu'il n'y a point eu cristallisation , mais seulement
transport, suspension et dépôt des élémens , on doit avoir le
plus grand soin d'employer le grès suivant son lit de carrière,
et jamais en délit. Les exceptions sont peu nombreuses; il y
en a cependant : car nous connoissons des grès qui sont liés
par une espèce de ciment plus ou moins apparent qui a été
tenu en dissolution , qui a consolidé les grains du sable dont
ces roches sont formées, et qui permet de les emn]^oyer en délit.
Tel est par exemple celui de la Haute-Egypte. La force qui
a consolidé les grès, ne les met pas toujours à l'abri de l'action
désagrégeante de l'air et de la gelée. Le même banc fournit
souvent d'excellens appareils et des quartiers gélifs : les grès
ne soutiennent pas toujours la vive-aréte ; autre inconvénient,
qui , joint à l'impossibilité de les débiter à la scie , les met hors
de toute comparaison avec les différentes espèces de roches
calcaires dont nous avons parlé ci -dessus. Nous connoissons
cependant quelques grands monumens exécutés en grès. J'ai
déjà cité la roche arénacée de la Haute-Egypte qui a fourjii
la matière de plusieurs monumens remarquables de cette
contrée; j'ajouterai que les villes de Genève, de Lausanne et
de Berne sont construites en grès, et que c'est encore avec
une roche arénacée que l'on a exécuté les beaux travaux
du Fresquel sur le canal des deux mers.
Les granités, très-répandus dans la nature, fournissent aussi
des pierres d'appareil du plus grand prix, et nous devons
avouer que ce sont eux qui résistent le plus complètement,
PIE ^79
et le plus généralement aux intempéries de l'air. Cette belle
faculté de résister au temps et de porter dans l'avenir les
traces du génie et de lu civilisation, est payée, il est vrai ,
par la difficulté que l'on éprouve à vaincre l'excessive dureté
de cette roche. Mais ce qui peut arrêter ou entraver les cons-
tructions particulières, ne doit point entrer en considération
lorsqu'il s'agit d'un monument public et national: le granité
est la pierre des monumens.
L'on a remarqué que les granités à grains fins sont plus durs
et plus solides que ceux qui sont à gros grains, ou que ceux
qui contiennent une trop forte proportion de mica ; on s'est
également assuré que l'on éprouve moins de difficulté a pi-
quer et à tailler le griinile lorsqu'il est nouvellement sorti
du sein de la terre, ou qu'il est fortement humecté par de
fréquens arrosages.
Le granité et les roches congénères ont été formées par cris-
tallisation. Ce ne sont plus des élémens grossiers , simplement
agglutinés par cohésion ou par pression ; ce sont des élémens
qui tous ont été dissous, et qui ont cristallisé de concert et con-
fusément . de manière à former un tout excessivement solide :
aussi peut-on employer le granité dans tous les sens, pourvu
qu'il ne soit pas trop micacé; aussi peut-onobtenir des blocs im-
menses de cette roche, et en exécuter des obélisques et des
fû(s d'un seul jet. Les monumens gigantesques et monolithes
de rÉgypte et de la Syrie, l'immense appareil du Temple du
soleil a Balbec sont là ; les siècles ont passé , et le travail de
l'homme a conservé toute sa fraîcheur et toute son intégrité.
11 faut l'avouer cependant, si le granité est la pierre des mo-
numens , ce n'est point celle qui convient le mieux à la
construction des édifices particuliers; et qu'importe, en effet,
que les angles d'une maison soient indestructibles, quand tout
le reste du bâtiment est exécuté de manière à en limiter la
durée ! 11 existe cependant beaucoup de villes entièrement
bâties avec du granité; mais c'est par suite du manque absolu
de la pierre calcaire: telles sont pa.- exemple Limoges, Autun
et plusieurs autres que je pourrois citer.
Les laves ou les pierres qui ont été rejetées par les érup-
tions des volcans éteints ou par ceux qui brûlent encore,
fournissent d'excellentes pierres d'appareil, également propres
28o PIE
aux monumens publics et aux maisons particulières : leur
contexture, leur dureté et leurs couleurs sont excessivement
variées par la cause même qui leur a donné naissance; il en
existe de tellement dures que les meilleurs outils s'émoussent
à leur surface sans pouvoir les entamer , ce qui les fait
rejeter comme impropres à la construction, ou du moins ne
les considère -t-on que comme moellons ou blocaille. C'est
parmi les laves finement poreuses , que l'on a trouvé les quali-
tés les plus faciles à tailler et à sculpter. Ce sont elles qui
sont exploitées de temps immémorial dans les carrières sou^
terraines d'Andernach et dans celles de Volvic etd'Agde. Les
laves du Rhin, de l'Auvergne et du Languedoc s'exploitent
à la trace et à la poudre , et produisent df^s pièces et des
blocs d'un très-grand volume, dont on fait des meules de
moulin , des fûts de colonne, des bornes, etc., et ces produits
des vieux volcans viennent jusqu'à Paris concourirà la décora-
tion de cette belle et grande cité , et se mêler aux granités
de la Manche et des Vosges, aux calcaires marins du sol
même, et à celui qui semble s'être formé au milieu des eaux
douces et marécageuses qui succédèrent à l'invasion générale
des mers.
L'Italie, si riche en matériaux divers, a souvent mis en
œuvre les produits des volcans qui la ravagèrent à une époque
inconnue , et dont le V^ésuve sembleroit être la dernière fume-
rolle. Les pépérinos de Rome, ceux de Naples, peuvent être
considérés comme des grès volcaniques plus ou moins fins, qui
partagent avec le grès ordinaire les imperfections que nous
avons signalées en parlant de ces pierres arénacées non volca-
niques. Ces catacombes célèbres, réduits cachés des premiers
chrétiens, sont les carrières immenses d'où l'on a extrait le
pépérino et la pouzzolane de Rome antique, et ce fait suffit
pour donner l'idée de l'énorme consommation qui en a été
faite.
Les schistes ou les ardoises grossières sont rarement em-
ployés comme pierres d'appareil proprement dites, la facilité
avec laquelle ils s'éclatent dans le sens de leurs feuillets, en
réduit l'emploi aux encoignures des bâtimens , et avec la
condition expresse de ne jamais les placer en délit. Il est
vrai de dire , cependant, que ces schistes se prêtent à un usage
PIE . 281
qui touche de prés à l'architecture , en fournissanfdes loses ou
tablettes minces et d'une grande surface, qui s'adaptent
parfaitement aux balcons, aux bancs et à une foule d'autres
usages qui contribuent a la commodité et à la propreté des
maisons particulières. La ville de Gènes emploie les tables
de schistes provenant des ardoisières des environs, aune foule
d'usages, et pour terminer ce que j'avois à dire sur les pierres
d'appareil en général, je ferai remarquer que leurs natures
diverses influent jusque dans les usages domestiques ; je dirai,
par exemple, que l'excessive propreté des Genevoises tient
plus qu'on ne le pense à l'usage général de la molasse , dont
on ft'it une foule d'objets commodes et d'un bas prix ; que
la fac Ilité avec laquelle on se procure des dalles minces pro-
pres à former des séparations, peut contribuer à la prospérité
d'une contrée, en rendant à l'agriculture tout le tei'rain em-
ployé ailleurs par les haies, les fossés ou les murs de clôture.
(Brahd).
PIERRES ÉTOILÉES. {Foss.) On a nommé ainsi autrefois
les astrées et les portions de tiges d'encrinites à cinq pans.
(D. F.)
PIERRES FAUSSES. (Min.) Compositions vitreuses et co-
lorées, qui imitent, avec plus ou moins de vérité, toutes
les pierres précieuses naturelles. (Brard.)
PIERRES FIGURÉES. (Min.) Pierres qui imitent, par
leur forme ou leur couleur, un objet familier quelconque.
La plupart des pierres figurées sont des fossiles ou des pétri-
fications, dans lesquels on croit reconnoitre des pêches,
des poires, des figues, etc, (Brard.)
PIERRES FINES. (Mm.) Elles sont à la tête des pierres
précieuses , mais on réserve cette dénomination pour celles
qui, sous un très- petit volume, réunissent le plus brillant
éclat , les plus vives couleurs , la transparence la plus par-
faite et la dureté la plus grande : tels sont surtout le dia-
mant, le saphir, l'émeraude, le rubis, la topaze, etc. Voyez
Pierres précieuses. (Brard.)
PIERRES DE FLORENCE ou MARBRE DE FLORENCE.
{Min.) C'est un calcaire compacte, d'un gris roussàtre , qui
prend le poli et qui présente alors des taches anguleuses ,
imitant assez bien l'aspect des bàtimens ruinés et des murs
282 PIE
dégradés. On le taille en petites plaques que l'on encadre,
et qui ressemblent à des dessins faits au lavis. C'est la chaux
carbonatée ruiniforme d'Haiiy. Voyez Chacx carbonatée com-
pacte. (Brard.)
PIERRES GELISSES. (Min.) Voyez Pierres gelives. (Brard.)
PIERRES GELIVES ou GELISSES. (Mm.) Ce sont celles
dont l'agrégation n'est point assez forte pour résister à l'ac-
tion expansive de la gelée; il n'y a point de caractères exté-
rieurs qui puissent les faire distinguer; mais il résulte de
Pexpérience souvent répétée sur une foule de pierres cal-
caires, de grès, de schistes et de granités, que le sulfate de
soude produit sur ces pierres le même effet que la gelée. 11
suffit pour cela de les faire bouillir, pendant une demi-
heure, dans une dissolution de ce sel, saturée à froid , et de
laisser effleurir ensuite; si la pierre estgelive, elle s'égraine.
Voyez Pierres d'appareil. (Brard.)
PIERRES GEMMES. {Min.) On désignoit, et l'on désigne
même encore, sous ce nom, les pierres les plus précieuses qui
font l'objet du commerce de la joaillerie : on les appelle
indiflFéremment gemmes, pierres gemmes ou pierres fines. Ce
nom est collectif et s'applique aux pierres de couleur les plus
précieuses, ainsi qu'au diamant. Voyez Pierres fines. (Brard.)
PIERRES PRÉCIEUSES. (Mm.) L'on est convenu d'ap-
peler pierres précieuses , celles qui , par leur couleur, leur lim-
pidité, leur éclatant poli , la pureté de leur pâte et leur
grande rareté, sont recherchées comme objets de parure et
d'ornement. Ce sont elles qui font la partie principale des
joyaux de la couronne des rois et des princes; ce sont elles
qui réunissent le plus de valeur sous le plus petit volume:
un diamant de la grosseur d'un gland peut être le signe re-
présentatif de la valeur territoriale de toute une contrée,
l'équivalent de cent fortunes acquises par le travail le plus
pénible et les privations de tout genre.
Parmi ces pierres précieuses l'on est encore convenu de for-
mer une espèce de classe d'élite, à laquelle on a réservé le
nom àe pierres gemmes ou de pierres Jines , tandis que celui de
pierres précieuses est plus particulièrement donné aux substances
qui se présentent sous un volume plus considérable que celui
que ne dépassent jamais les pierres fines.
PIE ^"5
Les diamans , les saphirs, les émeraudes , les rubis, les
topases, les hyacinthes, les cymophanes, sont des pierres fines
ou des gemmes par excellence.
Le quarz cristal, l'améthyste, le lapis, la malachite , les
jaspes, lesagathes, etc. , sont compris dans la classe infiniment
plus nombreuse des pierres précieuses.
L'on conçoit bien qu'il ne s'agit point ici d'une méthode,
mais d'une simple convention d'usage, qui n'a rien de rigou-
reux. 11 est impossible de soumettre ces substances privilé-
giées à l'asservissement d'une méthode scientifique; il ne
faut considérer que la valeur qu'on y attache, et se défendre
simplement des méprises qui tendroient à faire confondre
deux pierres de la même couleur, et qui ne seroient point
égaleiiient prisées.
Or, comme il arrive le plus ordinairement que les pierres
fines ne nous sont présentées qu'après qu'elles ont été taillées
et polies, ou même enchâssées dans des anneaux d'or, il en
résulte que nous sommes privés des secours que l'on tire
de la plupart des caractères minéralogiques, puisque la taille
fait disparoitre la forme cristalline ; qu'elles ne se prêtent pas
toujours à l'observation de la double ou de la simple réfrac-
tion ; que l'essai du chalumeau devient également de toute
impossibilité, et qu'il ne nous reste pour toute ressource que
l'épreuve de l'électricité, qui est souvent négative et non con-
cluante, que fessai de la dureté qui demande une grande
habitude pour que l'on puisse en tirer une indication certaine,
et, enfin , fort heureusement l'essai de la pesanteur spécifique,
qui est a mon avis fun des moyens les plus certains de dis-
tinguer les pierres fines de couleur semblable. Cette épreuve
exige, il est vrai, que la pierre soit libre et non montée;
mais cela se pratique presque toujours ainsi, lorsqu'il s'agit
d'une pierre d'un grand prix.
Persuadé , comme je le suis , que la différence dans les pe-
santeurs spécifiques des pierres est un des meilleurs moyens
de les reconnoître , j'ai tâché de mettre ce caractère a la
portée de tout le monde, en le simplifiant et en donnant des
tables où les pierres fines sont classées par ordre de couleurs,
et où les différentes pertes en poids , qu'elles font dans l'eau ,
spnt rapprochées de leurs poids réels, de manière à ce que
284 PIE
l'on puisse, à l'aide de la couleur d'une pierre et de la difFé^
renée de son poids dans l'air et de son poids dans l'eau , trou-
ver immédiatement le nom de la gemme sur laquelle il se
seroit élevé une contestation. J'en citerai un exemple.
On veut acheter une pierre qui est d'un beau rouge cra-
moisi, et dont le poids réel est de i oo grains: le vendeur
assure que c'est un saphir, rubis oriental ; l'acheteur craint
que ce ne soit qu'une tourmaline de Sibérie, ef le témoin
du marché pense que ce pourroit être un rubis spinelle.
On pèse la pierre dans l'eau, et elle se réduit à 69 grains,
c'est-à-dire qu'elle a perdu 3i grains de son poids réel.
On cherche dans la table des pierres ronges, et l'on trouve:
1.° Qu'un saphir qui pèse 100 grains dans l'air, en pèse 76,6
dans l'eau;
2.° Qu'un rubis spinelle de 100 grains en pèse 72,2 dans
l'eau ;
3.° Enfin, que la tourmaline de Sibérie de 100 grains se
réduit à 6g dans l'eau.
La question est donc jugée sans réplique et en faveur de
l'acheteur. A l'appui de ces tables j'ai fait exécuter un petit
trébuchet, analogue à ceux dont on se sert pour vérifier les
monnoies, et l'épreuve des pierres fines n'exige qu'un simple
verre d'eau ordinaire, et se trouve ainsi réduite à sa plus
simple expression et placée à la portée de quiconque sait
peser un louis. '
Je n'ajouterai point d'autres considérations particulières au
sujet des pierres précieuses, elles se trouvent toutes décrites
en détail dans le courant de ce Dictionnaire ; je ne pourrois
répéter que ce qui est déjà dit ailleurs et plus complètement,
ou me jeter dans des détails purement technologiques, au
sujet de la taille, de la monture, du poli, ou de la valeur
relative de ces belles substances, et tout ceci n'est point du
ressort de cet ouvrage.
Les articles Electricité des minéraux, Cristallisation , ceux
de la Double RÉFRACTION , de la Pesanteur spécifique, etc., com-
1 Les tables dont il s'agit, sont placées à la fin du troisième vo-
lume de ma Minéralogie appliquée aux arts, et la figure du trébuchet
des joailliers se trouve planche 8 du même volume.
PIE =85
plètenl ce qui resteroit à dire sur les pierres précieuses , et
nous y renvoyons les personnes que ce sujet peut intéresser,
aussi bien qu'au Traité des caractères physiques des pierres
précieuses, publié par le célèbre Haiiy. ( Brard.)
PIERRES RÉFRACTAIRES ou APYRE. {Min.) Toutes les
substances qui résistent à une très-haute température, peuvent
être nommées réfractaires ; mais on désigne plus particulière-
ment par cette dénomination les roches que Ton peut em-
ployer à la construction des fourneaux de fusion, et surtout
a l'établissement de leurs chemises, de leurs creusets et de
toutes les parties qui sont exposées au feu le plus violent.
Les grès quarzeux satisfont généralement assez bien à cette
condition. (Brard.)
PIERRES SOLAIRES. (Mm.) Je propose de donner cette
dénomination aux pierres calcaires d'app;ireil qui ont le
défaut de s'égrainer pendant l'été, et stjrfout quand le soleil
vient à les échauffer fortement. L'effet du soleil sur ces pierres
est analogue a celui de la gelée, et il tient à la présence de
quelques molécules de sel marin (hydrochlorate de soude),
qvii sont interposées dans l'intérieur de ces pierres, que la
chaleur fait etHeurir vers 1-ur surface , et qui, en poussant
du dedans au dehors, désunissent leurs grains et les forcent à
se séparer de la masse. Ceci est évident pour toutes les pierres
solairs-s dont on se sert à Bordeaux , à Libourne , dans tous les
environs, et qui proviennent des carrières de Saint-Émillion
ou de celles qui sont situées sur le bord de la Dordogne. Il
suffit déporter la langue à la surface de celles qui s'émiettent
et qui se corrodent, pour se convaincre de l'exactitude du
fait que j'avance ici. Ce que le soleil produit, est tout-à-faif
conforme à ce qui se p;sse dans l'essai des pierres gélives
par le sulfate de soude. C'est également un sel qui tend à se
porter vers l'extérieur de la pierre, qui occupe plus de place
que quand il n'étoit point cristallisé , et pour aussi dire
latent et engagé dans l'intérieur de cette même pierre.
Toutes les parties mal agrégées cèdent ; tontes celles qni le
sont davantage résistent, et c'est pour cette raison qu'en étu-
diant les pierres solaires et les pierres gélives, on en trouve
qui se corrodent partiellement, qui conservent des espèces
de cordons aaillans droits ou contournés, qui ont pu donner
286 PXE
riflëe de ces ornemens vermiformes et de si mauvais goût
que Ton remarque dans plusieurs édifices qui datent de
l'époqiie où les architectes avoient horreur de la ligne
droite.
C'est particulièrement pour l'altération de nos pierres so-
laires que les bonnes gens de la campagne ont recours à Tin-
fluence de la lune ; suivant eux , la lune mange les pierres ; elle
les ronge-, elle les gruge, et tout cela se réduit comme on le
voit à l'action mécanique de quelques molécules de sel qui est
tout formé dans la pierre, ou pour lequel l'air extérieur n'est
peut-être pas étranger, ainsi qu'il n'en faut plus douter pour*
la formation du nitre. J'ajoute cependant, que l'on ne recon-
uoit point au goût la présence du sel dans toutes les pierres
solaires ; mais il suffit qu'elle soit bien constatée- dans plu^
sieurs de ces pierres, pour que l'on soit autorisé à la pré-
sumer dans les autres. Il conviendroit d'analyser quelques-
unes de ces pierres solaires avant qu'elles ne soient attaquées,
et au moment où elles tombent en efflorescence. Je suis cer-
tain que le sel marin n'y est pas seul; mais celui-ci se retire
en abondance par la simple lessivation.
Voyez, pour les pierres d'appareil qui attirent Thumidité
de l'air, l'article Pierres hygrométriques. (Brarp.)
PIERROT. (Ornith.) Ce nom vulgaire du moineau com-
mun , fringiLla domestica , est employé, par les matelots, pour
désigner en général les pétrels, procellaria, Linn.
Le grand pierrot d'Edwards est le puffin du cap de Bonne-
Espérance ; le petit pierrot du même est le pétrel oiseau de
tempête; le pierrot taclielé , encore du même ornithologiste,
est le pétrel damier tacheté. (Ch. D.)
PIERROT COUREUR. ( Mamm. ) Les Espagnols du Pérou
donnent le nom de Perico-Ugero au Paresseux ou Bradype aï.
(Desm.)
PIERRURES. {Mamm.) Les veneurs donnent ce nom aux
granulations osseuses, qui se forment à la base des bois des
quadrupèdes du genre des cerfs, et qui par leur réunion,
en forme de couronne, composent la meule de ces bois.
(Desm.)
PIESCÉPHALE, Piescephalus. (Ichthfol.) M. Rafinesque a
composé sous ce nom un genre de poissons, voisin de celui
PIE 287
des lëpadogastéres, ainsi caractérisé : Point d'opercules aux
ouïes; une membrane branchiostège à trois rayons; corps
conique, comprimé ; tête aplatie; nageoires pectorales réunies
sous la gorge sur une pbique transversale ; nageoires ven-
trales attachées a une autre plaque demi- circulaire, dont la
partie creuse est tournée du côté de la tête et parsemée de
suçoirs; anus un peu plus rapproché de la queue que de la
tête ; une nageoire dorsale opposée à Tanale et une nageoire
caudale.
La seule espèce de ce genre, que M. Rafinesque appelle
piescéphale adhérent, est nommée en Sicile, pesce campiscica.
Elle a le museau" obtus; la mâchoire garnie de dents ; la ligne
latérale commençant un peu avant l'anus : les nageoires
anale et dorsale, chacune à vingt rayons; la queue presque
en cœur et échancrée.
Ce poisson se fixe sur les rochers comme le lepadogastère.
(Desm.)
FIESEK-RÎEMNY. (Mamm.) Le zemni est, dit-on, ainsi
nommé en Pologne. ( F. C.)
PIESMYCUS. (Bot.) Voyez Piemycus. (Lem.)
PIESTE, Pieslus. (Entom.) Petit genre de coléoptères pen-
tamérés, que M. Gravenhorst a séparé de celui des staphy-
lins et qui renferme une seule espèce, originaire du Brésil.
(Desm.)
PIETERMANN. {Ichtliyol.) Voyez Niqdi. (H. C.)
PIETIN, Pedipes. (Malacoz.) Genre de malacozoaires sub-
céphalo - monoïques de la famille des pulmobranches ,
établi très -convenablement depuis long- temps par Adanson
(Sénég. , page 11), pour un petit animal de la côte du Sé-
négal , qui a les plus grands rapports avec ceux dont on a
fait depuis les genres Carychium, Auricule, etc., et que
Ton pourra conserver, en n'y laissant que les espèces de ce
dernier genre . qui ont le bor^^ droit toujours tranchant ,
c'est-à-dire, les Tornatelles et les Conovules de M. de La-
marck. C'étoient des espèces >!e volutes pour Linné , et des bu-
limes pour Bruguière. Voici les caractères que nous avons as-
signés à ce genre : Corps ovalaire , subspiral; pied partagé
en deux talons par un large sillon transversal ; tête avec deux
tentacules cylindriques, verticaux; yeux sessiles placés au
288 - PIE
côté interne de ces tentacules; botiche armée comme dans
les planorbes; coquille épaisse, solide, ovoïde, subinvolvée ;
spire très- courte; le dernier tour beaucoup plus grand que
les autres réunis; ouverture longue, ovale ou linéaire; les
bords non réunis; l'externe mince, tranchant, dentlculé in-
térieurement ; un ou deux gros plis décurrens à la columelle,
dont l'un sert à séparer les deux parties du pied.
Ce genre renferme déjà dix ou douze espèces vivantes .
et qui paroissent appartenir aux contrées équinoxiales. Elles
vivent sur les bords de la mer ou à peu de distance des rivages,
et sont pour les eaux salées ce que les limnées et les planorbes
sont pour les eaux douces.
Nous avons partagé les espèces de ce genre en trois sec-
tions, d'après la forme de la spire et le nombre des plis de
la columelle.
Celles dont la spire est pointue, et qui n'ont qu'un pli à la
columelle, constltuentle genre ÏORNATELLE de M. de Lamarck.
(Voyez ce mot.)
Celles dont la spire est tout-à-fait plate et qui ont la forme
d'un cône, forment le genre Conovule du même conchyliolo-
giste, qu'il a réuni aux toi-natelles.
Celles qui ont la spire pointue avec deux plis à la colu-
melle, dont un très-reculé, sont les véritables piétins. Nous
ne connoissons encore dans cette section qu'une espèce :
La P. d'Adanson : P. Adansonii , Adans. , Sénég. , page 1 1 ,
t. 1 , fig. 4 ; BuLimus pedipes , Brug. ; Tornatelle piéxin de
Lamk. , Anim. sans vert., tome 6, part. 2 , page 221 , n.° 6.
Très-petite coquille (trois lignes et demi de long sur trois
lignes de large) solide, ovale, renflée, ventrue, striée, sui-
vant la décurrence de la spire, qui est courte et obtuse; ou-
verture grimaçante ; un grand pli lamelliforme à la partie
supérieure de la columelle et deux autres plus petits vers
son milieu; deux plis correspondans au bord gauche. Cou-
leur d'un blanc sale, qut-lqiief'ois d'un fauve clair.
L'animal, qui habite cette coquille, est proportionnellement
très-petit; ce qu'il offre de plus remarquable, c'est que son
pied est partagé par un espace vide et creusé profondément
en deux talons ; ce qui lui donne un peu la forme d'un pié-
bot, dit Adanson. C'est entre ces deux talons que se loge
PIF 289
la grande dent du bord columellaire, lorsque l'animal rentre
dans sa coquille. Son mode de locomotion est tel, qu'il
marche beaucoup plus vite que les autres mollusques gasté-
ropodes, en ce qu'il fait des espèces de pas. «Lorsqu'il veut
« marcher, dit Adanson, il s'affermit sur le talon postérieur
« et porte l'antérieur en avant, et ainsi, lorsque la partie
« creuse interposée, qui est susceptible d'un relâchement
« considérable, peut le permettre, il rapproche ensuite le
ix talon postérieur, de manière qu'il touche l'antérieur, et
« fait avancer tout son corps d'un espace égal à celui qui la
(t tenoit séparés. Ce premier pas fait, il en recommence un
« second, en prenant pour point d'appui le talon postérieur,
« pendant que l'antérieur avance, et faisant réciproquement
« servir celui-ci de point d'appui au talon postérieur pour le
« ramener à lui. De cette manière il y a peu de grands
« coquillages, que celui-ci, tout petit qu'il est, ne devance
« de beaucoup, quand il veut se donner la peine de mar-
K cher. *
Le piétin est commun autour de l'ile de Corée, à l'em-
bouchure du Sénégal; il se tient caché dans les cavités des
rochers, et surtout dans ceux qui sont exposés aux grands
coups de mer. (De B.)
PIETTE. (Ornith.) Cette espèce de harle est le mero-us al-
lellus, Linn. (Ch. D.)
PIEUMART. (Ornith.) Voyez Picmar. (Ch. D.)
PIEUX DES ROCHERS. (Ornith.) L'oiseau qu'on appelle
ainsi à Nantua, est le bruant fou, emberiza cia, Linn. (Ch. D.)
PIÉZATES , Piezata. (Entom.) Nom donné par Fabricius à
Tordre des insectes hyménoptères, qu'il cousidéroit comme
une classe distincte, voulant indiquer par ce nom la forme
comprimée de leurs mâchoires, qui en effet, chez la plupart
des hyménoptères parfaits ou dans leur état adulte , forment
une sorte de gaine à la lèvre inférieure, laquelle s'alont^e
pour constituer une sorte de langue ou de canal flexible
propre à sucer le nectar des fleurs; du mot grec Truhco ou
■:Tii^ofjLcit -, je comprime, j'aplatis. C'est en effet sous ce titre
que Fabricius a décrit les hyménoptères dans son Sjstema
piezatorum , publié à Brunswic en 1804. ( C. D.)
PIFEX. (Ornith.) Tout ce qu'on trouve sur cet oiseau dans
40. 19
Aristofe, liv. IX, chap. i , c'est qu'il est ami de la harpaj e
et du milan. Les interprètes de cet auteur ne donnent au-
cune lumière à son sujet. ( Ch. D.)
PJG. (Mamm.) Les Anglois donnent ce nom au cochon.
(F. C.)
PIGACHE. (Vénerie.) Le sanglier a le pied pigache, quand
un de ses ongles est plus long que l'autre; ce que les chas-
seurs reconnoissent à la trace qu'il laisse en terre. (F. C.)
PIGAFETTA. ( Bot. ) Nom sous lequel Adanson désigne
Veranthemuin de Linnaeus. (J.)
PIGALE. (Bot.) Voyez Pichouline. (J.)
PIGAM. (Bot.) Nom hébreu de la rue, cité par Mentzel,
d'où dérive probablement celui de piganum , donné par Dios-
coride à la même plante. (J. )
PIGAMIER. (Bot.) Nom spécifique d'une espèce d'isopyre.
(L. D.)
PIGAMON; Thalictrum, Linn. (Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones polypétales, de la famille des renonculacées , et
de la polyandrie poljgjnie du Système sexuel, dont les prin-
cipaux caractères sont les suÎA^ans : Calice nul; corolle de
quatre ou quelquefois de cinq pétales ; étamines nombreuses,
à filameiis comprimés, portant des anthères droites et oblon-
gues ; ovaires supères, en nombre variable (de deux à
douze), n'ayant point de styles ou n'en ayant que de très-
courts, terminés par des stigmates épais; capsules en nom-
bre variable comme les ovaires, ovales ou oblongues, sillon-
nées ou anguleuses- ailées , monospermes et indéhiscentes,
réunies le plus souvent en une petite tête.
Lespigamons sont des plantes herbacées, cà feuilles alternes,
rarement entières , le plus souvent plusieurs fois ailées,
ayant leurs premières ramifications ternées ; leurs fleurs sont
disposées en grappe, en panicule ou en corymbe. On con-
noit cinquante et quelques espèces, parmi lesquelles douze
croissent naturellement en France. Ces plantes, par l'absence
de calice, ont plus de rapports avec les clématites qu'avec
aucun autre genre de la famille des renonculacées. La forme
de leurs capsules les distingue d'ailleurs suffisamment.
PiGAMON ruBÉREUX ; ThaUctrum tuberosum , Linn., Sp. 768.
Sa racine est composée de plusieurs tubercules ovales- alon-
PIG 291
gés, réunis en faisceau; elle produit une tige cylindrique,
striée, très-glabre, ainsi que toute la plante, droite, peu
rameuse, haute d'un pied et demi ou environ. Les feuilles
sont peu nombreuses; les inférieures pétiolées, trois fois ai-
lées, à folioles ovoïdes, un peu glauques, entières, ou in-
cisées à leur sommet en deux ou trois lobes ; les supé-
rieures ne sont que deux fois ailées ou même simplement
ternées. Les fleurs, d'un blanc jaunâtre, sont rapprochées au
nombre de deux à quatre au sommet de chaque rameau;
leur corolle, large de près d'un pouce et ressemblant à celle
d'une renoncule, est composée de cinq pétales ovales arron-
dis; les étamines sont droites, d'un tiers plus courtes que
les pétales. Cette plante croît dans les pâturages stériles et
pierreux des Pyrénées et des Alpes, en France et en Espagne.
PiGAMON FÉTIDE; TfiaUctrum fatidum, Linn., 5p., 768. Sa
racine est fibreuse, vivace ; elle produit une tige cylindri-
que, grêle, striée, haute d'un pied ou environ, rameuse,
revêtue, ainsi que toute la plante, d'un très - court duvet.
Ses feuilles sont trois fois ailées, à folioles menues, arron-
dies ou ovales, divisées à leur sommet en deux ou trois
lobes. Ses fleurs sont d'un blanc jaunâtre , penchées, portées
sur des pédoncules grêles, dans la partie supérieure de
chaque rameau, et formant dans leur ensemble une panicule
étalée, mais peu garnie. La corolle est de quatre pétales ,-
deux fois plus courts que les étamines, qui sont au nombre
de vingt ou environ. Les capsules sont ovales, pubescentes,
striées, réunies en tête au nombre de cinq à dix. Toute la
plante a une odeur fétide; elle croit dans les lieux pierreux
et exposés au soleil, en Languedoc, en Provence, en Dau-
phiné, en Piémont et en Suisse.
PiGAMON mineur: Thulictrum minus, Linn., Sp. , 76g; FI.
Dan., t. 732. Sa racine est fibreuse, à rejets rampans ; elle
donne naissance à une tige redressée, rameuse, haute d'un
pied ou un peu plus, peu feuillée , entièrement glabre. Ses
feuilles sont deux ou trois fois ailées, composées de folioles,
les unes presque arrondies en cœur à leur base, les autres
ovales ou cunéiformes, ayant, presque toutes, leurs bords
partagés en trois lobes. Ses fleurs sont jaunâtres, pédicellées,
penchées: elles forment une panicule très -lâche, et qui
292 . PIG
occupe souvent la moitié et plus de la tige; elles ont quatre
pétales rougeâtres extérieurement; seize étamines à filamens,
à peine plus longs que les anthères, et ordinairement trois
ovaires. Cette plante croît dans les bois et les pâturages mon-
tueux de la France et de la plus grande partie de TEurope.
PiGAMON GRAND : Thalictrum niajus , Jacq.. FI. Aust., t. 420.
Sa tige est cylindrique, haute d'environ trois pieds, très-
glabre. Ses feuilles sont trois fois ailées, d'un vert foncé en
dessus, d'un vert beaucoup plus pâle et presque glauque en
dessous. Ses fleurs sont d'un vert rougeâtre, penchées, com-
posées de quatre pétales, de quinze à vingt étamines, et de
trois à six ou même sept pistils. Ces fleurs sont portées en
grand nombre sur des rameaux grêles, étalés, plusieurs fois
divisés, et formant une large panicule. Cette espèce croit
sur les collines et dans les lieux montagneux en Suisse, en
Allemagne, en Angleterre, et dans quelques provinces de
France.
PiGAMON JAUNATRE , Vulgairement Rue des prés , Fausse
rhubarbe; Thalictrum Jlayum , Linn., Spec. , 770. Sa racine
est composée de fibres jaunâtres, dont le plus grand nombre
est réuni en faisceau, et dont quelques-unes rampent hori-
zontalement, et vont çà et là former de nouveaux pieds. Sa
tio-e est droite, sillonnée, simple inférieurement, rameuse
et paniculée dans sa partie supérieure , haute de trois à
quatre pieds. Ses feuilles sont trois fois ailées, à folioles
glabres, d'un vert luisant en dessus, entières ou à deux ou
trois lobes, ovales-oblongues , ou lancéolées. Ses fleurs sont
redressées, jaunâtres, formant une panicule bien garnie,
droite, un peu resserrée, cà ramifications opposées, et les
supérieures comme verticillées ; les corolles ont quatre pé-
tales, quinze a seize étamines, et quatre à six ovaires. Cette
plante croît dans les prés humides en France et en Europe.
P1GAM0N moyen; Thalictrum médium , Jacq. , Hort. Vind. ,
3, t. 96. Cette espèce a beaucoup de rapport avec la pré-
cédente ; la différence essentielle qu'elle présente , est dans
les folioles qui sont lancéolées, aigué's , peu nerveuses, et
toutes d'une consistance mince. Elle croît dans les prés ma-
récageux des montagnes, dans les Pyrénées, en Dauphiné,
en Hongrie.
PIG 593
PiGAMON A FEUILLES ÉTROITES : Thalictrum angustifolium ,
Linn , Spec, 769; Jacq., Hort. Vind. , 3, tab. 45. Cette
plante se distingue facilement au premier aspect de toutes
les espèces précédentes, par ses feuilles toutes divisées en
folioles linéaires très- étroites. La hauteur de ses tiges varie
depuis un pied jusqu'à trois. Les fleurs sont très-nombreuses,
redressées , d'une couleur un peu plus foncée que dans les
espèces précédentes, disposées en une panicule pyramidale,
dont les rameaux et les pédoncules sont comme dans le pi-
gamon jaunâtre. Le nombre des étamines varie de quatorze
à dix -huit, et celui des pistils de quatre à six. Cette espèce
croît dans les prés en France et en Allemagne.
PiGAMON A FEUILLES d'Ancolie, Vulgairement Colombine plu-
MACÉB : Thalictrum aquilegifolium , Linn., Spec, 670; Jacq.,
FI. Austr,, t. 3 18. Sa racine est composée de grosses fibres,
formant une sorte de faisceau; elle produit une tige droite,
cylindrique, très -glabre, assez simple, haute de deux pieds
ou un peu plus. Ses feuilles sont trois fois ailées, d'un vert
gai en dessus, d'un vert plus pâle et presque glauque en
dessous, munies de stipules membraneuses à la base de leurs
ramiCcation^principales ; leurs folioles sont larges, arron-
dies, découpées à leur sommet en trois lobes. Ses fleurs
sont blanches ou d'une légère teinte rougeâtre , disposées au
sommet de la tige en un corymbe formé de la réunion de
plusieurs petits bouquets ombelliformes. Leurs étamines sont
plus nombreuses que dans aucune des espèces précédentes ;
on en compte souvent soixante. Les ovaires, portées sur des
pédicules particuliers, sont au nombre de huit à dix; ils se
changent en autant de capsules à quatre angles saillans, en
forme d'ailes, et qui deviennent pendantes à mesure que
leur maturation avance. Cette espèce croit dans les bois et
les prairies ombragées des Alpes, des Pyrénées, et en géné-
ral des montagnes de l'Europe.
Thalictrum, ■d-âXiKrpov , dans les ouvrages des botanistes
anciens, est le nom d'une plante qu'on présume être une
de celles de ce genre {Thalictrum minus). Quelques auteurs
dérivent ce mot de ■3'ctXXiiv , verdir.
Les pigamons, dont la plupart des espèces appartiennent
à l'Europe , sont remarquables par l'élégance de leur port et
294 PIG
de leur feuillage. Ces avantages et le grand nombre de leurs
fleurs Jaunâtres en ont fait adopter quelques espèces pour
rornement des jardins.
Aucune ne mérite mieux d'être cultivée que le pigamon à
feuilles d'ancolie. La ressemblance de ses feuilles avec celle
des ancolies ou colombines , et les panicules serrées de ses
fleurs qui forment comme autant de panaches, lui ont fait
donner le nom vulgaire de Colombine plumacée. C'est une
plante rustique qui forme de belles touffes d'un vert glau-
que, et qui s'élève quelquefois à trois ou quatre pieds dans
les jardins. Elle demande une terre substancielle, mais lé-
gère, et peu de soleil. On la multiplie aisément en, divisant
ses racines en automne.
Le pigamon jaunâtre ou rue des prés a eu autrefois quel-
que réputation médicale. Il ne paroît point avoir la dange-
reuse énergie des autres végétaux de la famille des renon-
culacées. Sa racine, remplie d'un suc jaune d'une saveur
douce, mêlée cependant de quelque amertume , a été re-
gardée comme possédant des propriétés assez analogues à
celles de la rhubarbe, et comme pouvant mêmç la remplacer.
Murray dit, qu'autrefois en Allemagne on l'appeloit à cause
de cela rhubarbe des pauvres ; mais pour en obtenir les mêmes
effets que de la vraie, il faut en donner une dose trois fois
plus forte. Dodonœus avoit déjà écrit plus anciennement que
ses feuilles, mêlées aux herbes potagères, làchoient le ventre,
et que la décoction des racines agissoit de la même manière,
mais avec plus de force. On l'a encore regardée comme
diurétique, apéritive , et on l'a recommandée contre l'ictère,
la lièvre quarte, etc. Toutes ces vertus sont à peu près ou-
bliées aujourd'hui.
La racine d'or des Chinois, à laquelle ils attribuent de
grandes vertus, passe pour être celle d'une espèce de ce
genre.
On s'est servi des racines du pigamon jaunâtre pour tein-
dre les laines en jaune. Les feuilles donnent, dit- on, une
couleur semblable.
Cette plante, qui abonde dans les prés humides et que les
animaux rejettent ordinairement, altère la qualité du foin.
Les cultivateurs soigneux doivent chercher à la détruire, de
PIG 295
même que le& autres plantes nuisibles, en Tarrachant au prin-
temps avec la houe. ( L. D.)
PIGAMUM. (Bot.) Dodoèns et Daléchamps citent sous ce
nom latin le Lhalictrum Jlavum , qui, probablement, tire de
là son nom François pïgamore. (J.)
PIGARGUE. (Orn/7/u) Voyez Pvgargue. (Ch. D.)
PIGAU. [Bot.) Nom d'une variété d'olive, petite, ronde,
et panachée de rouge et de noir, mentionnée dans le Dic-
tionnaire économique. (J.)
PI GAZA. (Ornith.) Nom espagnol de la pie, corwus pica ,
Linn. (Ch. D.)
PIGDA. (Ornith.) Nom des oiseaux-mouches, trochilus,
Linn. , au Chili, suivant Molina, page 226 de la traduction
franco ise. (Ch. D.)
PIGEON, Columba. (Ornith.) Genre d'oiseaux, ainsi nommé
par tous les ornithologistes et qui fait le passage des gallina-
cés aux passereaux. Ce genre, très-nombreux en espèces,
dont une (celle du pigeon domestique) présente beaucoup
de variétés, n'a de liaisons bien marquées avec aucun autre:
il forme à lui seul un groupe distinct, auquel on a donné
tantôt le nom d'ordre, tantôt celui de famille; et ce gx'oupe
a été parfois réuni avec les gallinacés, et d'autres fois en a
été séparé. Belon le plaçoit parmi les oiseaux de son quin-
zième chapitre, ceux qui sont à. la fois pulvérateurs et amis
des eaux. Jonston les classoit avec ses oiseaux phytivores pul-
vérateurs et qui se lavent. Willughby et Rai en composoient
leur douzième groupe, et Frisch le dixième ordre de sa mé-
thode. Linné le réunissoit à son sixième ordre, celui des pas-
seres ou passereaux , et le rangeoit dans la section des passe-
reaux simplicirostres. Gmelin imita Linné. Brisson formoit
son premier ordre du seul genre des pigeons. Scopolile com-
prenoit parmi les gallinacés. Latham, en fit un ordre à part
dans la méthode de Linné, qu'il adopta d'ailleurs. Mauduyt
le plaça dans sa sixième classe, qui comprend les gallinacés
à quatre doigts. M. de Lacépède le fit entrer aussi, avec les
mêmes oiseaux, dans le vingt- unième ordre de sa classifica-
tion ornithologique. Dans ces derniers temps, M. Duméril
rangea les pigeons dans une famille particulière de Tordre
des gallinacés, celle des colombins ou péristères. MM. Meyer,
296 PIG
Wolf et Temminck les ont placés entre les chëlidons ou hiron-
delles et les gallinacés. Illiger nomma Coluwbini, la famille de
ces oiseaux qui fait partie de son ordre des Rasores. Enfin, M.
G. Cuvier, dans son Règne animal, traite des pigeons comme
par appendice à l'ordre des gallinacés, en faisant connoitre
les rapports qu'ils ont avec ceux-ci et avec les passereaux.
Les caractères génériques des pigeons sont les suivans.
Le bec est médiocrement alongé, droit, comprimé latéra-
lement ; la mandibule supérieure est plus ou moins voûtée
A-ers l'extrémité, et la pointe forme très-légèrement le cro-
chet; dans certaines espèces (les colombars) ce bec est un peu
plus court et plus gros que dans les autres (les colombes),
et dans plusieurs il est au contraire plus alongé et plus grêle
(les colombi- gallines). La base en est pourvue d'une peau
nue et souvent colorée en rouge, en rose ou en jaune, plus
ou moins verruqueuse, qui forme comme une sorte de cire
dans laquelle sont percées les narines, lesquelles sont recou-
vertes chacune par une écaille cartilagineuse ; dans un petit
nombre d'espèces cette peau nue s'augmente ou de caron-
cules qui se portent sur les côtés du bec , ou d'une protubé-
rance placée à la base supérieure de celui-ci : une seule a
des espèces de fanons colorés très-prolongés sous le cou.
Les narines, couvertes, ainsi que nous venons de le dire,
par un opercule cartilagineux, sont oblongues et placées un
peu en avant.
Les yeux, assez grands et latéraux, ont la pupille ronde et
l'iris ordinairement coloré en rouge, eu orangé ou en jaune,
et le plus souvent cette couleur est la même que celle des
pieds. Dans beaucoup de pigeons le four de l'œil est nu , et
la peau en est colorée en rouge on en bleuâtre.
La langue est demi- cartilagineuse, entière et pointue.
Les orifices des oreilles, qui sont de forme oblongue ,
sont constamment recouverts de plumes.
Les pieds, généralement assez robustes, ont toujours quatre
doigts, trois devant et un derrière , munis d'ongles assez longs ,
forts et obtus : ces pieds ont plus ou moins de longueur, selon
que les oiseaux sont plus ou moins disposés à vivre sur la
terre , ou à se tenir perchés (les colomhars les ont courts ; les
colombes, moyens, et les colombi- gallines assez alongés) : la
PIG 297
peau qui les recouvre, ordinairement rouge , quelquefois jaune
ou bleuâtre, est réticulée par écailles polygones, comme celle
des pieds de gallinacés. Les tarses sont tantôt nus, tantôt à
moitié emplumés, et quelquefois couverls de plumes jusqu a
l'origine des doigts." Ceux-ci n'ont d'autres membranes entre
leurs bases, que celles qui résultent de la continuation de
leurs rebords. Le pouce s'articule très- bas sur le tarse et
au niveau des autres doigts.
Les ailes sont tantôt longues et effilées, la première penne
étant à peu prés de la grandeur de la seconde (les colombars);
tantôt courtes et arrondies, la première penne étant de beau-
coup plus courte que la seconde, et celle-ci moins longue
que la troisième (les colombi-gallines) ; tantôt entre ces deux
dimensions et formes (les colombes et tourterelles). Dans quel-
ques espèces, les baguettes des grandes pennes de l'aile sont
légèrement fléchies en S , et les barbes extérieures de la pointe
sont échancrées de façon à rendre ces pennes pointues;
dans la plupart elles sont droites et arrondies au bout.
La queue est composée de douze ou quatorze pennes, tan-
tôt égales entre elles et assez courtes (les colombars et quel-
ques colombes), tantôt un peu plus longues et très-foiblemenl
étagées (d'autres colombes et les colombi-gallines); enfin,
d'autres fois fort longues et très-étagées (plusieurs colombes).
Dans le premier cas la queue est carrée ; dans le second elle
est arrondie , et dans le troisième elle est en cône. Une va-
riété de pigeon domestique peut étaler sa queue en roue
comme celle du dindon.
Les plumes de ces oiseaux ont les barbules fines et divisées.
Dans quelques espèces celles du cou, ou sont très-alongées et
minces, formant une touffe très-fournie, ou sont échancrées
au bout, avec les barbules prolongées en pointe de chaque
côté de la baguette, qui est comme tronquée, ce qui leur
donne un aspect particulier. Un seul de ces oiseaux a la tête
pourvue d'une crête longitudinale de longues plumes à barbes
décomposées, non susceptibles de s'abaisser : un autre a une
huppe plicatile comme celle du vanneau ; enfin certaines
1 Parmi les variétés domestiques, il y en a de palues -, ctsl-à-dire ,
(jui ont des plumes sur les doigts.
.98 PIG
variétés domestiques présentent des collerettes ou d'autres
ornemens de plumes relevées sur la tête et le cou.
Les couleurs du plumage sont souvent fort brillantes et à
reflets métalliques, ce qui a été remarqué et a fait donner le
nom de gorge-de-pigeon aux couleurs changeantes de certaines
étolfes de soie; mais ces couleurs brillantes ne se voient le
plus souvent que sur les parties supérieures du corps, sur la
tête ou sur la poitrine de ces oiseaux : le fauve ou Isabelle,
le gris violet ou vineux, le brun -marron clair, se remar-
quent le plus souvent sur les parties inférieures. Dans beau-
coup de pigeons le sommet de la tête est orné d'une calotte
de couleur différente de celle des parties avoisinantes. Un
assez grand nombre d'espèces ont des couleurs mates, c'est-
à-dire sans reflets, mais très-vives et très-pures, notam-
ment le vert -clair, le bleu d'azur, le gris -bleu et le blanc.
On voit souvent des taches maillées de diverses teintes sur
les côtés du bas du cou, ou des taches bleu d'azur, vertes
ou violettes, métalliques, sur les couvertures supérieures des
ailes: lorsque les plus grandes de celles-ci sont terminées
d'une même couleur, il en résulte une bande transversale
sur l'aile, qu'on remarque dans plusieurs colombes. La
queue présente parfois une large bande transverse de cou-
leur foncée dans son milieu, à l'exception des deux pennes
intermédiaires, qui ordinairement conservent pure et uni-
forme la couleur du dos.
La taille de ces oiseaux varie entre celle du dindon (une
seule espèce, le goura, atteint cette dimension) et celle d'une
caille; mais la longueur du corps la plus ordinaire, mesurée
depuis le bout du bec jusqu'au bout delà queue, est entre
quatorze ou quinze et neuf ou dix pouces.
Le sternum des pigeons est profondément et doublement
échancré, comme celui des gallinacés, quoique dans une dis-
position différente; leur jabot est extrêmement dilaté, et
souvent ils le gonflent d'air; leur gésier est musculeux; leur
larynx inférieur muni d'un seul muscle propre .- ils n'ont
point de vésicule du fiel, etc.
Leur chair est savoureuse et généralement estimée ; elle
s'aromatise par l'usage que les pigeons font de certains fruits;
et c'est ce qu'on remarque surtout dans celle de la colombe
PIG ^259
muscadivore , très-parfumée, lorsque cet oiseau mange la pulpe
du fruit du muscadier, et d'une amertume insupportable lors-
qu'il se nourrit des baies de certains arbres.
Leur genre, formé de plus de cent espèces, habite foutes
les contrées chaudes et tempérées de la terre. Les espèces à
bec court et assez robuste (les colombars), se trouvent dans
toute l'étendue de l'Afrique, dans les iles de l'archipel In-
dien, à la Nouvelle-Hollande et dans les îles de la mer du
Sud; aucune n'a été rencontrée en Europe, ni dans le nord
de l'Asie, ni dans les deux Amériques. Les pigeons à bec
moyen, ou colombes, sont les plus généralement répanflus
dans les deux continens. Ceux à bec grêle et à longues
jambes sont propres aux climats du nouveau monde , de
l'Afrique et de l'Asie, et ne se trouvent point en Europe.
Cette partie de l'ancien continent n'a que quatre espèces de
la division des colombes, savoir : le ramier, le petit rani-er,
le biset et la tourterelle ordinaire. De l'une d'elles (le biset)
sont descendues, à ce que l'on croit, les nombreuses races
qui peuplent nos colombiers et nos basses-cours, et dont on
trouvera ci-après l'énuméralion et la description.
Les pigeons sont des oiseaux diurnes et paisibles, vivant
uniquement de fruits pulpeux , de baies et de graines ; mais
rarement d'insectes et de limaçons. Ils sont éminemment mo-
nogames. Le mâle et la femelle concourent à la construc-
tion du nid, et le placent, selon les espèces, tantôt sur les
sommités des plus grands arbres, tantôt dans les buissons et
même à terre , d'autres fois dans des cavités de rochers. Ce
nid, assez grossièrement composé de petites branches et de
feuilles, est très -évasé et ne renferme ordinairement que
deux œufs, quelquefois quatre , six ou huit dans une espèce
seulement (le columbi -galline à barbillon), que la femelle
et le mâle couvent alternativement ou ensemble. Ils font
deux ou trois pontes dans l'année, et après la dernière ils
quittent les climats où ils nichent, pour se porter dans des
régions plus méridionales.- du moins ce fait ne souffre presque
point d'exceptions. Les lisières des forêts et le voisinage des
eaux paroissent leur convenir principalement : ils ne vont
guères en troupes nombreuses, que dans leurs émigrations.
Leur vol est lourd et bruyant, mais peut être soutenu long-
3oo PIG
temps. Comme ces oiseaux ne digèrent point les semences de
certains fruits, ils propagent les espèces végétales dans leurs
voyages, en répandant ces semences dans leurs excrémens;
et c'est ainsi qu'on explique la multiplication actuelle du
muscadier sur des îles oîi l'on n'en connoissoit pas de pieds
à des époques assez peu éloignées.
Les pigeons sont très- portés au plaisir de l'amour et font
connoitre les désirs qu'ils éprouvent par les accens de leur
voix, dont les modulations et le timbre particulier lui ont
valu le nom de roucoulement.
Lorsque les petits sont nés, les parens les veillent avec la
plus grande assiduité, et ils ont besoin de ces soins, car ils
sont presque nus, aveugles et très-foibles , et non pas prêts à
courir et chercher eux-mêmes leur nourriture comme les
jeunes gallinacés ; aussi le père et la mère leur dégorgent-ils la
nourriture qu'ils ont amassée et mise en réserve dans leur
jabot. Une seule espèce fait encore exception : c'est celle
du colombi-galline à barbillon, dont les six ou huit petits,
revêtus de duvet, se mettent immédiatement à la recherche
des insectes après leur naissance. Dans les pontes ordinaires
des pigeons, qui consistent en deux œufs, il y a presque cons-
tamment un œuf qui produit un mâle et le second une fe-
melle : les individus qui en naissent, élevés ensemble, ne
se quittent jamais, et montrent l'un pour l'autre l'attache-
ment le plus prononcé.
Levaillant a établi parmi les espèces de pigeons trois sec-
lions, qui ont été généralement admises par les ornitholo-
gistes, et qui sont fondées sur les différences de mœurs et
sur quelques caractères extérieurs.
La première est celle des Colombi-gallines : elle comprend
les pigeons qui ont le plus d'analogie avec les gallinacés
proprement dits, par l'habitude de se tenir presque cons-
tamment à terre, d'y nicher, ou du moins sur de très-basses
branches ; parce qu'ils font un plus grand nombre d'œufs
que les autres, et parce qu'ils ont quelquefois des petits qui
peuvent rechercher leur nourriture dès leur sortie de l'œuf.
Ces espèces ont le bec grêle et flexible, et les pattes plus
hautes que les autres.
La seconde est celle des Colombes ou pigeons proprement
PIG 3oi
difs, qui ont le bec moyennement grêle et flexible; la queue
tantôt droite ou arrondie au bout et tantôt très-étagée et
en forme de cône. Ces oiseaux nichent sur des arbres élevés
ou dans les cavités de rochers d'un difficile accès, font deux
ou quatre œufs et soignent long -temps dans le nid leurs
petits, qui naissent très-foibles et presque nus. Les tourte-
relles se rattachent à cette section.
La troisième, enfin, est celle des Colombars, qui se
reconnoissent à leur bec plus gros , de substance solide et
comprimé par les côtés; à leurs tarses courts, à leurs pieds
larges et bien bordés. Ils vivent tous de fruits et dans les
grands bois; leur naturel est très -farouche : ils nichent sur
les sommités des arbres ; letir nid est composé de petites bran-
ches; la femelle y dépose deux œufs, que le mâle couve
concurremment avec elle.
Il existe plusieurs travaux importans sur les oiseaux du
genre des pigeons; les uns sous le rapport de l'économie do-
mestique , et les autres sous celui de l'histoire naturelle.
Sous ce dernier point de vue, qui doit seul nous occuper
dans cet article, nous nous bornerons à citer le bel ouvrage
que M. Temminck a publié en 1811 , sous le titre (T Histoire
naturelle des pigeons, accompagné de figures coloriées par
Mad.* Knip ; ouvrage dans lequel il a décrit avec beaucoup
d'exactitude soixante -treize espèces de ce genre.'
Notre article ne sera, nous devons le déclarer ici, qu'un
simple extrait de ce beau travail , dans lequel nous inter-
calerons toutes les notions nouvelles que les quinze dernières
années ont dû nécessairement faire recueillir sur ce beau
genre d'oiseaux. On comprend que nous aurons le soin de
relater les caractères des espèces décrites et figurées ré-
I Les figures Hiagnifiquement peintes qui ornent cet ouvrage, ne
sont raalheureusenjent pas toujours en accord avec le texte; et nous ne
saurions expliquer ces différences autrement, qu'en rappelant que, la
plupart des pigeons ayant des couleurs changeantes, il se pourroit
que ces couleurs eussent été observées par le peintre sous un autre
aspect que par le naturaliste.
Un abrégé in-8.° de l'Histoire des pigeons a paru en 18 13, et fait
partie de [ .Histoire naturelle générale des gallinacés de M. Temminck.,
Il compose le tome premier de cet ouvrage.
302 PIG
ccmment par MM. Temminck et Laiigier daiii leur Recueil
de planches coloriées , destiné à compléter les planches en-
luminées de Buffon , ainsi que de celles qui ont été mention-
nées par MM. Quoy et Gaimard dans leur Zoologie du Voyage
de l'Uranie.
Enfin nous y ajouterons quelques espèces inédites, dont
MM. Lesson et Garnol , naturalistes de l'expédition de la
corvette la Coquille , ont bien voulu nous communiquer les
individus conservés et les descriptions , avec une obligeance
qui ne se retrouve que dans les véritables amis de la science.
i." Section.
COLOMB!- GALLINES; Columli-gallinœ , Levaill.
Tarses élevés et grêles ; doigts enlièrement divisés. Bec long et
menu, à mandibule supérieure peu ou point renflée. Ailes
courtes , généralement arrondies.
1. CoLOMBi-GALLiNE GOURA : Columbd coiotiata , Linn., Lath,;
le Pigeon COURONNÉ des Indes, Buff. , pi. enlum., n.° ii&; le
CoLOMBi-Hocco , Lcvaill. , Ois. d'Afr. ; le Goijra , ïemm., CoU-
galL, pi. 1 ; Lophjrus coronatus , Vieill. Cet oiseau, à peu
près de la taille du dindon, a deux pieds trois pouces, mesuré
depuis le bout du bec jusqu'à l'extrémité de la queue; le bec
a deux pouces, et le tarse trois pouces neuf lignes. Sa tête
est surmontée par une vaste liuppe verticale et comprimée,
formée de plumes longues, effilées et non susceptibles de
s'abaisser. Son plumage est généralement d'un gris-bleu d'ar-
doise, avec le tour de l'œil noir; les petites et les moyennes
couvertures des ailes, ainsi que les plumes du haut du dos
sont terminées par du beau brun marron, et une bande
blanche transversale se voit sur le milieu des grandes cou-
vertures alaires. Les pennes de la queue et des ailes sont
d'une teinte plus foncée que le corps. Le bec est noir, l'iris
rouge. Les écailles des pieds sont arrondies et la peau qui les
sépare est blanchâtre.
Cette espèce se trouve à la Nouvelle -Guinée, aux îles des
Papous, et aussi dans un grand nombre d'iles de l'archipel des
Moluques. Elle est nommée Mututu à Tomogui, Manipi chez
les Papous, et Goura Kroonvogel, par les colons hoUandois de
PIG 3o3
Java, qui se la procurent à Banda, et qui l'élèvent parfaite-
ment dans leurs basses-cours, en la nourrissant de grains, et
particulièrement de maïs. Ces gouras ont une analogie avec
le dindon, dans l'espèce de gloussement qu'ils font entendre.
C'est vainement qu'on a essayé de les faire propager en
Europe.
2. CoLQMBi-GALLiNE A BARBILLON : Columba carunculcta, Temm..
CoL-gall.,j)l. 1 1 ; le CoLOMBi-GALLiNE, Levain., pi. 278. Si la
première espèce se rapproche surtout des gallinacés par sa
grande taille, celle-ci leur ressemble par l'existence, dans le
mâle, d'appendices cutanés, semblables à ceux qu'on observe
chez quelques oiseaux du genre des Faisans, C'est une plaque
de peau nue et rouge, qui engage le front et le tour du bec,
avec un mamelon charnu et de la même couleur, qui se
dirige sur la gorge, et un autre sur les oreilles. Sa taille est
à peu près celle d'une perdrix, sa longueur totale étant de
dix pouces, La tête, le cou et la poitrine sont d'un gris ar-
doisé; les scapulaires et les couvertures supérieures des ailes
d'un gris argentin et terminées par un liséré blanc; le ventre,
le croupion et les couvertures supérieures et inférieures de
la queue, d'un beau blanc. La queue, qui est légèrement
étagée , est d'un brun roux en dessus, et noirâtre en des-
sous; le bec est rouge à sa base et noir à sa pointe. Les pieds
sont d'un rouge vineux; l'iris des yeux a un double cercle, l'un
jaune, l'autre rouge. La femelle, plus petite que le mâle, a
des couleurs plus ternes; elle est dépourvue de barbillons, et
ses cou,vertures alaires supérieures ne sont point lisérées de
blanc.
Cet oiseau a été trouvé par Levaillant en Afrique, au pied
des monts Hérisies, dans le pays des Namaquois. Il pond à
terre, dans un nid composé d'herbes sèches et de bucheiles.
Le mâle et la femelle couvent alternativement les œulis, qui
sont au nombre de six à huit et de couleur blanc roussà-
tre. Les petits, couverts de duvet, courent aussitôt après leur
naissance et se nourrissent d'insectes ; plus forts, ils y joignent
des grains et des baies. Ils ne se séparent par couples qu'au
temps des amours.
3. CoLOMBi-GALLiNE A CAMAiL : Columbu nicoburica , Linn.,
Lath., Temm. , Col.-gall., pi. 2 ; Pigeon de Nicobar, Buff. . pi.
3o4 PI G
enl. , n.** 491. Ce bel oiseau est à peu près de la taille d'un
fort ramier; sa longueur totale est de quatorze pouces et
demi. Son caractère le plus saillant consiste dans le camail de
longues plumes linéaires dont son cou est entouré, et qui
ressembknt par leur composition à celles des coqs. Tout le
plumage est d'un beau vert foncé , changeant en bleu pur-
purin et en rouge de cuivre de rosette : la queue seulement
est d'un blanc pur. Le bec est noir, l'iris de couleur noisette,
le tour de l'œil nu et d'un brun terne ; le tarse couvert
d'écaillés hexagones et d'un bleu noirâtre , ainsi que les
doigts. Le mâle , dont les couleurs sont plus vives que celles
de la femelle, en diffère encore parce qu'il a sur la base
de sa mandibule supérieure une petite membrane ou crête
charnue arrondie , qui s'élève d'environ deux lignes , et
dont elle est dépourvue. Cette espèce habite les îles Nicobar
et l'ile de Sumatra , ainsi que pljusieurs des Moluques.
On ne sait rien sur ses habitudes dans l'état de nature.
En domesticité cet oiseau paroît assez stupide, fait souvent
entendre un roucoulement sourd , et ne se perche que la
nuit seulement sur des juchoirs à peine élevés d'un ou deux
pieds au-dessus du sol.
4. COLOMBI-GALLINE A CRAVATE NOIRE ; Columba CjailOCC-
phala, Linn. , Lath. , Temm. , Col.-gall. , pi. 3 ; la Tourterelle de
LA Jamaïque, Buff. , pl.enlum., n.° 174. On ne trouve plus dans
cette espèce et les suivantes ces ornemens de plumes ou ces
crêtes charnues qui distinguent les premières. Le haut de
la tête et les côtés de la gorge sont bleus; le devant du cou
présente une espèce de cravate noire qui se prolonge jus-
que sur la poitrine, où elle est bordée par une ligne blanche
en demi-cercle transversal; une ligne blanche assez étroite
prend son origine au-dessous de la mandibule inférieure,
passe sous les yeux et aboutit derrière la tête, où un espace
noir, en forme de fer à cheval, occupe l'occiput. Toutes
les parties supérieures du corps sont d'un bistre vineux, qui
devient plus vif et plus brillant sur la poitrine ; la base du
bec est rougeàtre ; les yeux sont d'un brun roux; les tarses
ont des écailles rougeàtres très-petites et hexagones. La lon-
gueur totale est de dix pouces quatre lignes, et le bec a
onze lignes.
PIG 3o5
Ce colombi - galline habite les îles de la Jamaïque et de
Cuba, ainsi que plusieurs contrées de l'Amérique méridio-
nale. Il vit et trotte toujours à terre, comme les vraies per-
drix, et construit son nid à peu près de la même manière
que les gallinacés.
5. CoLOMBi-GALLiNE MONTAGNARD: Columha moutaïia , Linn. .
Lath. , Temm. , Col.-galL, pi. 4 ; Perdrix de montacnfî, Edw.,
tab. 1 1 9. Plus petit que le précédent , cet oiseau n'est que de la
taille delà tourterelle, sa longueur totale étant de neuf pouces
et demi. Son bec , long d'un pouce et mince , est peu renflé
vers le bout; et son tarse, long de treize lignes, est grêle ,
ainsi que les doigts. Le sommet de la tête et le derrière du
cou sont d'un vert doré à reflets légèrement pourprés; le
dos et les couvertures supérieures de la queue sont d'un beau
violet à reflets pourprés; le dessus des ailes et l'origine de
toutes les grandes pennes sont d'un brun roux, et le bout
de ces dernières est noirâtre; la queue est rousse; la base
du bec, le tour des yeux et les pieds sont d'un beau rouge;
l'iris est d'un brun clair; la poitrine est d'un blanc vinacé
tendre, qui passe au blanc jaunâtre sur le ventre et sur
les autres parties inférieures. Le mâle se distingue par deux
bandes blanches, dont l'une passe sous l'œil et se renl sur
la région de l'oreille; et l'autre, placée parallèlement au-
dessous de la première, se porte sur les côtés du cou.
Cet oiseau de la Jamaïque vit sur les montagnes élevées
et dans les bois, où il construit son nid sur les branches
basses : ce nid est composé de petites branches liées avec du
coton , et si petit , que les jeunes oiseaux le quittent de
très-bonne heure, et restent à terre, où ils sont nourris par
leurs parens.
6. CoLOMBi-GALLiNE Rocx-viOLET : Columha martinica , Linn.,
Lath. ; Temm., CoL-galL, pi. 5 et 6 ; le Pigeon violet de la
Martinique, BufT. , pi. enl. , n.° 162, elle Pigeon roux de
Cayenne, ejusd., pi. enl., n.° 141. Cet oiseau est long de huit
pouces dix lignes, et son bec a huit lignes et demie. Le màlc
a toutes les parties supérieures de la têts' et du corps d'un roux
cannelle, présentant, sous cerfains aspects, des reflets violels
pourprés; la gorge et les joues d'un roux clair blanchissant,
qui devient de plus en plus violacé en descendant sur la poi-
40. ao
3o6 PIG
trinc; le ventre et les couvertures inférieures de la queue an
même roux clair que la gorge; une tache roux-cannelle qua-
drangulaire, oblique, sur le bas de chaque joue; le tour de
l'œil nu et d'un rouge vif; une tache d'un roux-violàtre
foncé de chaque cAté de la poitrine : les grandes pennes alaires
d'un brun pourpré; le bec d'un jaune rougeàtre. La femelle
diffère par ce qu'elle a des teintes plus brunâtres et moins
lustrées de violet. Il a été trouvé à Porto- Rido par feu
Maugé. Il vit en petites troupes, fait son nid à terre, y pond
deux œufs et nourrit ses petits comme les autres pigeons. 11
ne se perche que la nuit, et pour cela il choisit les basses
branches. D'Azara a vu cet oiseau au Paraguay, et le décrit
sous le nom de Pigeon rouge et jaune.
7. COLOMBI-GALLINE A FACE BLAPÏCHE; Columha CrytllTOthoraX ,
Temni., CoL-gaZ/., pi. 7. Il a dix pouces et demi de longueur;
son hec,long de neuf lignes , est un peu renflé vers la pointe.
11 a la face d'un blanc grisâtre ; le tour de l'œil nu , papilleux
et rouge; le haut de la tête, le dessous du cou et la poitrine
d'unt- belle couleur vineuse; une sorte de collerette d'un
violet à reflets dorés sur la nuque du mâle; le ventre, le bas-
ventre et les cuisses d'une couleur de rouille foncée; le dos,
les ailes, les couvertures de la queue et les deux pennes in-
termédiaires de cette dernière partie de couleur de suie; les
grandes pennes des ailes noirâtres, bordées dé gris; les pennes
latérales de la queue en dessus, noires depuis leur origine
jusqu'aux trois quarts de leur longueur, le reste étant gris;
en dessous toutes les pennes de la queue noires , avec
Textrémité blanche; les pieds rouges; le bec noir. Sa patrie
est inconnue; mais on le croit de Surinam.
8. CoLOMBi-GALiiNE POIGNARDÉE : Columba crucTilata , Linn.,
Lath. ; Temm. , Col.- sali. , pi. 8 et 9. Cet oiseau est de la taille
du précédent. Il a le front et le haut de la tête d'un gris cendré;
l'occiput et la partie postérieure du cou d'un violet foncé à
reflets verts; le dos, les scapulaires, les petites couvertures
des ailes, ainsi que les parties latérales de la poitrine, d'un
gris d'ardoise, toutes les plumes de ces parîies étant termi-
nées par un liséré d'un vert brillant et métallique; la gorge,
les côtés du cou et la poitrine d'un blanc pur, avec une
tache rouge semblable à celle qui résulteroit d'une plaie
PÎG 507
fraiche, sur îe milieu de celte dernière partie; le ventre en
entier et les flancs, ainsi que les couvertures du dessous de .
la queue, couleur de chair: les moyennes couvertures supé-
rieures des ailes marquées dans leur ensemble de trois bandes
transversales cendrées, séparées par deux bandes d'un roux
pourpré; les grandes pennes alaires d'un gris-brun cendré,
finement liséré deroussàtre; les deux pennes intermédiaires
de la queue d'un gris brun; toutes les latérales grises à leur
origine, traversées d'une bande noire vers leur milieu et ter-
minées de gris cendré; le bec , les yeux et les pieds rouges.
Une variété toute blanche, avec la tache rouge du milieu
de la poitrine, a été décrite et figurée. Quoique blanche,
on voit sur son plumage de très-foibles teintes qui sont cor-
respondantes, par leurs limites, aux couleurs de l'espèce.
Cette espèce habite les Philippines. Sonnerat l'a trouvée à
Manille : il la nomme tourterelle grise ensanglantée et sa va-
riété tourterelle blanche ensanglantés.
9. CoLOMBi-GALLiNE A FRONT GRIS! Columbajamaicensis, Lath.,
Linn., Gmel. ; Columba frontalis , Temm., CoL-galL, pi. 10.
Ce colomhi- galline a dix pouces et demi de longueur. Son
front et le dessus de sa tête sont d'un beau gris, se nuan-
çant dans quelques individus en teintes plus ou moins bleues ;
son dos, ses ailes et les couvertures supérieures de sa queue
sont de couleur olive foncée, à légers reflets pourprés; les
pennes de ses ailes sont d'un gris noirâtre en dehors et rousses
en dedans, depuis leur origine Jusqu'aux trois quarts de leur
longueur, la première étant la plus courte détentes, et ayant
ses barbes extérieures échancrées en pointe; la qtieue est d'un
brun olivâtre, avec les trois pennes de chaque côté termi-
nées de blanc: la gorge est d'un roux clair; la poitrine et le
ventre sont de couleur vineuse ; le bas-ventre et les couvertures
inférieures de la queue sont blancs ; le bec est noir et les pieds
sont rouges. Le mâle a sur le dos une tache de couleur vi-
neuse à reflets pourprés, qui manque à la femelle, dont les
teinies sont en général plus ternes,
La figure qui accompagne la description de M* Temminck,
présente du blanc sous le cou, et une large tache arrondie
jaune- fauve au-dessous des yeux, dont il n'est pas fait meU'
tion dans cette desdriptioti.
3o8 • PIG
Cet oiseau habite la Jamaïque, la Guiane et le Paraguay.
D'Azara l'a décrit sous le nom de pigeon brun.
10. CoLOMBi- GALLiNE TAi.PACOTi : Columba taipacoti ,TLemm. ,
Col.-galL, pi. 12; Pigeon rougeatre, d'Azara. Cette petite
espèce n'a que six pouces et demi de longueur; son bec est
très-mince et non renflé vers la pointe, avec Texlrémité de
sa mandibule supérieure un peu recourbée. Elle a le haut
de la tête et la nuque d'un gris bleu, qui s'éclaircit sur le
front. Tout le corps est généralement d'un roux foncé , nuancé
de légères teintes vintuses; les moyennes et grandes couver-
tures des ailes ont quelques petites taches d'un beau noir sur
leurs barbes extérieures, tandis que les intérieures sont d'un
roux uniforme; les rémiges et les pennes secondaires sont
d'un brun noirâtre; les couvertures inférieures alaires et les
flancs sont noirs; les pennes moyennes de la queue d'un brun
roussâtre, les latérales noires, et l'extérieure de chaque côté
est rousse à sa pointe; le bec est d'un brun rougeàtre, et
les pieds sont d'un rouge orangé.
Il habite l'Amérique méridionale.
11. CoLOMBi-GALLiNE cocoTziN : CoIumba passcrina, Lath. ;
Temm., Col.-galh, pi. i5 et 14; la Petite tourterelle de la
Martinique, Buff. , pi. enl., n." 243, tig. 2. La taille de cet
oiseau ne dépasse pas de beaucoup celle de l'alouette huppée ,
sa longueur totale étant d'un peu plus de six pouces; son
bec a sept lignes. Les parties supérieures de la tête et du cou
sont d'un beau cendré, plus bleu dans le mâle que dans la
femelle ; les parties supérieures du corps sont d'un brun-
cendré foncé ; le front , la gorge , le dessous du cou et la
poitrine sont de couletir vineuse , avec quelques taches brunes
au milieu de chaque plume; les côtés et le ventre sont d'un
vineux très-clair; le dessous des ailes est roux ; leurs cou-
vertures supérieures sont d'une couleur mélangée de cendré
et de vineux, et l'on voit sur plusieurs de ces plumes des
taches d'un bleu d'émail; les dtux pennes intermédiaires de
la queue sont d'un brun- cendré très-foncé , et les latérales
sont presque noires; l'iris est orangé; le bec d'un rouge pâle
à sa base et noirâtre vers l'extrémité; les pieds sont rouges.
La femelle a ses couleurs plus ternes et les feintes de sa poi
trine plus blanchâtres.
PIG 3o.j
Le cocotzin habite Saint-Domingue, Porto-Ricco, la plupart
des autres îles Caraïbes, et la partie du continent de l'Amé-
rique la plus voisine. Il a les haîùtudes des perdrix, cherclie
sa nourriture à terre et ne s'élève que par vols très- courts.
Les lieux qu'il préfère, sont les endroits rocailleux et où se
trouvent des buissons, ce qui l'a fait nommer Pigeon des
pierres par les Hollandois. A Porto-Ricco les colons françois
le nomment Ortolan, et les Anglois, dans leurs îles, rappellent
Pigeon de terre. C'est un très-bon gibier.
12. CoLOMBi-GALUNE HOTTENTOT : Columbu liottentota, Temm.,
CoI.-galL, pi. i5; le Colombi- caille, Levaill., Ois. d'yVfriq.
Dans cette charmante espèce , à peine de la taille de la caille ,
et que Levaillant a trouvée dans les montagnes du pays des
grands JNamaquois, où il ne la croit que de passage, le mâle
a toutes les parties supérieures du cou et du corps d'un beau
roux-cannelle, chaque plume de ces parties étant terminée de
brun; le front, le sommet de la tête et la gorge d'un beau
blanc ; les côtés du cou et la poitrine couverts de plumes
écailleuses généralement d"un gris-vineux clair , les supérieures
étant noires et lisérées de blanc ; le ventre en entier et les
cuisses d'un roux clair; les pennes des ailes, dans leur partie
visible, du roux-cannelle du dos, et noirâtres sur leurs barbes
intérieures; la queue très- courte, d'un roux cannelle en des-
sus et d'un gris noirâtre en dessous; le bec brun-jaunâtre;
les yeux et les pieds roux. La femelle est plus petite que le
mâle, et ses couleurs sont moins brillantes.
lo.CoLOMBi-GALLiNE vygmée: Columba minuta , Lath.;Temm.,
Col.-galL, pi. 16; le Pigeon nain, d'Azara ; Petite tourterelle
DE Saint-Domingl'e, Buff. , pi. enlum. , n° 143, fig. 1. Cet
oiseau n'a que cinq pouces et demi de longueur totale. Tout
le dessus de sa tête et de son corps est d'un brun -cendré
très- brillant ; les couvertures supérieures de ses ailes seu-
lement ont un peu de roussàtre , et préseutent sept ou huit
taches d'un bleu d'émail; le front et la gorge sont d'un blanc
roussàtre; les parties inférieures du cou et la poitrine sont
d'un vineux clair; le ventre et bs flancs sont d'un blanc
mêlé de roussàtre ; les deux pennes intermédiaires de la
queue sont brunes, et toutes les latérales cendrées et termi-
nées de noir, à l'exception de la première de chaque côté,
3:o PIG
qui l'est de blanc; les pieds sont rouges; le bec est brun. La
femelle ne diffère du mâle que par des teintes plus pâles.
On trouve cette espèce à la Guiane et au Paraguay.
14. CoLOAiBi-GALLiNE Picui : Columba Picui , Temm., Pig-,
in - 8." , pag. 43 5 ; le Picui de d'Azara , Voy. , t. 4, P- 1 56. Il a
sept pouces trois lignes de longueur; le front et les côtés de
la tête blanchâtres ; le dessus de la tête , du cou et du
corps d'un brun pur; les couvertures supérieures des ailes
de la même couleur, avec de petites taches d'un bleu d'émail;
toutes les parties inférieures blanchâtres, avec une teinte
vineuse sur la poitrine , et une légère nuance de brun sur
le devant du cou et les côtés du corps; les couvertures infé-
rieures des ailes noires ; les pennes d'un brun noirâtre ,
et l'extérieure de la queue de chaque côté blanche ; les
deuxième , troisième et quatrième terminées de blanc ; le tarse
d'un rouge- violet obscur; un espace nu et bleuâtre autour
de l'œi] , qui est d'un bleu foncé. Cet oiseau du Paraguay
vit par paires ou par bandes. Son nid, placé dans les buissons
ou sur les basses branches des arbres, est formé de petites
branches : il est très -évasé, et ne contient que deux œufs.
1 5. CoLOMBi-GALLiNE DE Jamieson ; Columbu J amicsonii , Quoy
et Gaimard, Zool. de l'expéd. de la corvette l'Uranie, p. 1^3
note. Cet oiseau , moins gros qu'une poule, en a le port et la
marche rapide. La tête, les ailes, le dos et la queue sont
d'un ardoisé clair; la poitrine et le ventre blancs, marqués
de taches triangulaires ardoisées; deux lignes blanches vont
du cou au ventre, et circonscrivent un plastron ardoisé.
Cet oiseau , que nous plaçons ici comme par appendice
à la section des colombi-gallines, a été vu à Régent-ville,
maison de campagne du docteur Jamieson, auprès du port
Jackson.
2.° Section.
COLOMBES ou PIGEONS proprement dits.
Bec mince 5 tarses courts, lisses ou emplumés; ailes longues; queue
carrée, étagée, ou en forme de coin.
* Queue carrée ou légèrement étalée.
16. Coi.ojiBE GÉANTE: Columha spadicea, Lath.; Temm,, CoL^
pi. 1. Cet oiseau a dix-ue^if pouces de longueur totale, sur
PIG 3ii
quoi la queue prend sept pouces et demi. Cette queue a un
caractère particulier, c'est que les pennes latérales sont de
deux lignes plus longues que les internes, ce qui la rend un
peu fourchue. L'occiput et le derrière du cou sont d'un vert
rembruni ; le devant et les côtés de la tête et du cou , ainsi
que le haut de la poitrine, sont d'un beau vert foncé, à
reflets éclatans ; les scapulaires et le haut du dos sont mor-
dorés à reflets métalliques; le ventre et toutes les parties in-
férieures du corps sont d'un blanc pur; les pennes de la
queue sont en dessus d'un brun bistre, à reflets verts et pour-t
près foncés, avec l'extrémité de couleur d'ocre, et en dessous
d'un gris blanchâtre, changeant légèrement en vert métal-
lique , avec une large bande d'un brun bistre vers l'extré-
mité ; les pennes des ailes, qui atteignent la moitié de la
longueur delà queue , sont, dans leur partie extérieure, cou-
leur gris de lin foncée , à reflets d'un vert éclatant ; les grandes
couvertures et les pennes moyennes sont d'un gris plus clair
et à reflets verdàtres; les moyennes couvertures sont vert-
doré.
Ce beau pigeon habite l'archipel des îles des Amis et vrai-
semblablement d'autres iles de la mer du Sud.
Je n'ose considérer comme espèce distincte de celle-ci une
colombe de la Nouvelle-Zélande, que MM. Lesson et Garnot
«m'ont communiquée sous le nom de Koukoupa , qui lui est
donné par les habitans de cette île. Toute sa description s'ac-
corde avec celle de la colombe géante ; si ce n'est qu'elle la
représente comme moins longue de deux pouces et demi,
et comme ayant les pennes de l'aile d'un vert métallique
obscur, ainsi que les couvertures, avec la queue en dessous
d'un gris passant au brun, sur les pennes intérieures et sur
l'extrémité de toutes , sans bande transverse. Sa chair est
excellente.
17. Colombe a lunettes; Columba perspicillata, Temm. et
Laug. , Ois. col., pi. 246. Elle est de la taille de la colombe
géante, Columba spadicea (dix -huit pouces). Ses formes sont
très-semblables à celles du ramier. Elle a la tête, les joues et
la nuque d'un cendré très-foncé: le front ceint d'un bandeau
blanc; un cercle de petites plumes blanches autour de l'œil;
le bas du derrière 4" cou , le dos et les ailes d'un vert mé-
312 PIG
tallique; les pennes des ailes d'un bleu métallique dans les
vieux individus, et d'un bleu noirâtre dans les jeunes-, les
côtés du cou cendrés avec des reflets chatoyans; la poitrine,
le ventre et les cuisses, le bas-ventre et les couvertures in-
férieures de* la queue d'un cendré clair; le bec blanc; les
pieds rouges.
Elle habite les Philippines et quelques-unes des Moluques.
18. Colombe a double huppe; Columba dilopha , Temm. ,
Trans. soc. linn., tome i3, page 124; Temm. et Laug. , Ois.
col. , pi. 162. Cette belle espèce a été trouvée à la Mouvelle-
Hollande, dans l'intérieur des terres, près de Red-point. Sa
longueur totale, qui est de quinze pouces, et ses formes gé-
nérales le rapprochent particulièrement de la colombe géante
et du ramier. Ce qui la caractérise à la première vue, c'est
la double huppe verticale qui couronne sa tête : lu pre-
mièi'e ou l'antérieure, et la plus basse, commence à la base
du bec; elle est formée de plumes de couleur grise, com-
primées et fortement recourbées en arrière sur les plumes
qui composent la seconde : celles-ci , beaucoup plus alongées,
sont couchées sur le sommet de la téte^ et un peu relevées
en avant dans leur bout; elles forment une ligne verticale
•qui se prolonge jusqu'à l'occiput; leur couleur est le roux
foncé; leurs barbes sont déliées, étroites à leur origine, et
un peu plus larges vers le bout , où elles présentent une
double échancrure. La tête et presque tout le plumage sont
d'un gris cendré, plus foncé aux parties supérieures qu'aux
inférieures; les pennes alaires et caudales sont noirâtres; la
queue, qui a toutes les siennes de longueur égale, présente
vers son extrémité une large bande d'un blanc grisâtre
(marquée roussàtre dans la figure); les tarses, à moitié em-
plumés, sont dans leur partie nue rougeâtres, ainsi que les
doigts; le bec, fort, légèrement renflé près de son extrémité,
est également rougeàtre ; l'iris est rouge.
1 y. Colombe ramier : Columba Palumbus , Linn. , Lath. : Tem. ,
Col., pi. 2; le Pigeon ramier, Buff. , pi. enlum., n.° 5 16. Le
ramier a dix-sept pouces et demi de longueur totale, et son
envergure est de deux pieds cinq pouces. Sa tête et son cou
sont d'un cendré bleuâtre , avec des reflets de vert et de pour-
pre, et il y a une tache blanche assez grande rie chaque côté
PIG 5'5
du cou ; le manteau et les petites couvertures des ailes sont
d'un cendré bleuâtre; les grandes pennes alaires noires, avec
un liséré blanc ; et les couvertures les plus rapprochées du
bord de l'aile forment ensemble une tache blanche fort éten-
due; la poitrine est d'une couleur vineuse; le ventre, les
flancs, les plumes des cuisses et les couvertures supérieures
de la queue sont d'un gris très- clair, presque blanc; les
pennes de la queue sont d'un cendré foncé en dessus, qui
passe au noir vers l'extrémité, en dessous elles sont noires,
avec une bande transverse grise; le genou est recouvert de
plumes; le reste du tarse et les doigts sont d'un beau rouge;
le bec est d'un blanc rougeàtre à sa base, et la peau molle
qui le garnit est comme saupoudrée de blanc ; l'iris est
d'un jaune claii*. La femelle est plus petite que le mâle,
et les jeunes se font remarquer par une teinte gris -cendré
très-foncé et par l'absence des taches blanches du cou, qu'ils
ne prennent qu'après leur première mue.
Le ramier paroît habiter la plus grande partie de l'ancien
continent : c'est la plus forte espèce de celles qui sont pro-
pres à l'Europe. Il est voyageur et quitte nos contrées dans
le mois de Novembre, pour y revenir vers le commencement
de Mars; mais quelques individus restent néanmoins pendant
l'hiver. Ce n'est qu'en Avril qu'il retourne dans les climats
les plus septentrionaux. Sa première ponte , composée de deux
œufs et rarement de trois, a lieu chez nous en Avril, dans
un nid placé à la sommité des plus hauts arbres et grossière-
ment composé de branches sèches entrelacées. La seconde se
fait en Août, et les petits ou ramereaux, qui mettent seize
à dix-huit jours' à éclore , prennent leur essor lorsqu'ils ont
six semaines d'âge.
Ces oiseaux , dans leur migration d'automne , se portent
des contrées du Nord dans celles du Sud , et notamment dans
la France méridionale , en Italie et en Espagne. Les vallées
des Pyrénées sont alors traversées par les troupes nombreuses
qu'ils forment, et ils y sont l'objet d'une chasse très-active.
En général, ils sont très-méiians et se laissent rarement ap-
procher. Leur nourriture consiste en faines, glands et baies
1 M. Vieillot dit (quatorze.
3i4 PIG
sauvages de diverses espèces, en fraises et, dit-on, dans les
temps de disette , t- n bourgeons d'arbres. Les ramiers ont
pour ennemis naturels les petits quadrupèdes carnassiers du
genre des martes, qui dévorent leurs œufs et leur jeune
famille, et surtout les oiseaux de proie, tels que le milan et
l'épervier.
En captivité, même pris très-jeunes, les ramiers ne pro-
duisent jamais, ce qui semble repousser Topinion que Butïbn
a émise, et selon laquelle cet oiseau seroit l'une des souches
de nos races de pigeons domestiques : il est bien plus vrai-
semblable, ainsi que l'admettent les ornithologistes, que' le
vrai type primitif de ces races est l'espèce du biset.
20. Colombe Zoë ; Columba Zoeœ , Lesson. (Espèce nou-
velle.) Elle est de la taille de nos pigeons de volière; sa lon-
gueur étant de seize pouces, sur quoi la queue, qui est carrée,
en a quatre. Le front, le sommet de la tête et les joues sont
d'un gris- cendré un peu foncé; le dessous de la gorge est
blanchâtre ou d'un cendré clair; le cou jusqu'au dos, et la
poitrine, sont d'un gris-vineux de teinte égale; une bande
étroite, noire, entoure le corps en dessous, et tranche au haut
du ventre avec le gris cendré qui le recouvre; les plumes du
bas -ventre, et celles du dessous de la queue, sont d'un roux
vineux, et terminées, au milieu de leur extrémité, chacune
par une tache blanche, ce qui leur donne un aspect maillé ;
le dos et la partie moyenne des ailes sont d'un rouge-brun
foncé; les grandes pennes des ailes, le croupion et le dessus
des pennes de la queue sont d'nn vert éclatant et doré; les
barbes internes de ces pennes sont brunes ; le dessous de la
queue est d'un fauve rougeàtre; le bec et le tour de l'œil,
qui est nu, sont noirs; les pieds sont d'un rouge de sang;
les tarses sont robustes et emplumés dans la moitié de leur
longueur.
Cette belle espèce, que M. Lesson consacre à la mémoire
d'une épouse chérie , a été découverte par lui aux environs
du village de Dorery à la Nouvelle- Guinée. Elle se nourrit
de fruit d'eugenia. Les Papous la nomment Manangore.
2 1 . Colombe leucomèle : Columba leucomela, Temm. , Trans.
soc. linn., t. i3, p. 126; Temm. et Laug. , Ois. col., pi. 186.
Ce pigeon, qui habite l'intérieur de la Nouvelle- Hollande,
PIG 3i5
au- delà des montagnes Bleues, est à peu près de la taille du
ramier d'Europe, et en présente généralement les propor-
tions. Sa tête , son cou , sa poitrine , sont d'un blanc très-foi-
blement nuancé de teintes pourprées ; le ventre et le bas-
ventre sont aussi blancs; mais cette couleur prend une légère
nuance cendrée, particulièrement sur les côtés du corps et
sur les plumes qui garnissent les jambes; le dos et le crou-
pion ont leur ligne moyenne couverte d'une très-belle cou-
leur pourpre foncée à reflets ; les scapulaires et les plumes
des couvertures alaires les plus rapprochées du dos sont
noires et lisérées de pourpre ; les autres plumes et les pennes
de l'aile, ainsi que celles de la queue, sont d'un brun noi-
râtre ; le bec et les pieds sont jaunâtres.
2'j. Colombe muscadivoke : Coiumha œnea , Linn. , Lath. ;
Temm. , Col., pi. 3 et 4; Columba pacifica, Gmel. ; le Pigeon
RAMIER DES MOLUQDES, Buff., pi. eul. , n.° 1 64 ; PiGEON CUIVRÉ
MANGEUR DE MUSCADES, SoUUerat, Voy. , tab. 102; C. MUSCA-
DivoRE, Quoy et Gaimard , Zoolog. du Voyage de l'Uranie ,
pi. 2g. Cet oiseau, assez voisin de notre ramier par sa taille,
a la tête, le cou, la poitrine et le ventre en entier d'ua
gris bleuâtre, avec de légers reflets de couleur vineuse; tout
le manteau et les couvertures supérieures des ailes et de la
queue d'un beau vert-foncé à reflets métalliques; les grandes
pennes des ailes d'un bleu verdoyant; la queue en dessus
d'un beau bleu-de-roi , changeant en vert-doré , et en des-
sous noirâtre ; les couver(i(|res inférieures de la queue d'un
roux ferrugineux ; les pieds rouges; le bec noir et l'iris d'un
rouge orangé.
La femelle, plus petite que le mâle, a son cou et son
ventre d'une couleur vineuse, une grande lâche d'un rous-
sâtre foncé sur la nuque et le derrière du cou , et en général
les autres teintes semblables à celles du mâle , mais plus ternes.
Les jeunes sont d'un roux plus ou moins foncé, partout où
le mâle adulte a du gris; d'un brun bistr* sur le dos, où
celui-ci a du vert; et d'un noir grisonnant sur les pennes des
allés et de la queue, en remplacement du bleu.
MM. Quoy et Gaimard ont fait connoitre un caractère du
mâle de cette espèce , qui n'avoit pas encore été remarqué ,
et qui consiste dans une grosse excroissance charnue, lisse,
5, G piQ
noire et sphérique, placée sur la base du bec, laquelle est
remplie d'une graisse fluide jaune, et qu'on suppose avec
raison devenir plus saillante au temps des amours.
Ces naturalistes ont également signalé quelques différences ,
qu'ils ont observées dans les individus qu'ils ont examinés;
notamment le nombre des pennes de la queue, au nombre
de quatorze au lieu de douze, et le bas-ventre teint de roux
au lieu d'être gris comme les autres parties inférieures.
Cette espèce habile les Moluques, la Nouvelle- (îuinée ,
lile de Java, et M. Temminck dit qu'on lui a donné l'assu-
rance qu'elle existoit aussi dans quelques îles de la mer du
Sud. D'ailleurs elle paroît voyageuse, car on a observé qu'elle
émigroit dans certaines saisons de l'année. Les Papous la
nomment Manroua.
Sa nourriture aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée con-
siste dans la pulpe et dans le macis ou enveloppe extérieure
des muscades; mais comme elle avale ces muscades entières,
et que celles-ci n'éprouvent point d'altération dans son corps ,
elle en rend les noix telles qu'elle les a avalées, et répand
ainsi les muscadiers dans les diverses îles où elle se trans-
porte, de même que les grives propagent le gui. A Java,
selon M. Leschenault , elle mange les fruits du ficus reli-
giosa.
23. Colombe océanique; Columba oceanica, Lesson et Gar-
not. Celle-ci pourroit être la colombe muscadivore , men-
tionnée par Forster comme se É^-ouvant aux nouvelles Hé-
brides et aux lies des Amis. Cette variété, nommée moi//oMes5c
ou mouleux par les naturels d'Oualan , diffère par sa taille,
qui e&i d'un tiers moindre, et par la distribution de ses cou-
leurs : elle a le front, les joues et la gorge d'un blanchâtre
mêlé de gris; le dessus de la tète et le derrière du cou d'un
gris ardoisé assez foncé; le manteau, le croupion, I^es couver-
tures des ailes, leurs grandes pennes et celles de la queue,
d'un vert métallique uniforme, passant au brun à l'intérieur
des grandes plumes; la poitrine et le haut de l'abdomen d'un
gris teint de rouille: le ventre, les plumes anales, les plumes
des cuisses et les couvertures inférieures de la queue d'un
roux ferrugineux foncé ; le dessous de la queue d'un brun
clair avec de légers reflets verdâtres. Le inàle a un tuber-
PI G 3i7
culc cà la base du bec, comme celui de la colombe mus-
cadivore.
Elle se trouve abondamment à l'île d'Oualan , l'une des
Carolines, et aux îles Pelew, où elle porte le nom de cyco.
Elle ne mange point de muscades, mais elle se nourrit d'une
petite baie très-abondante dans ces parages.
24. Colombe magnifique : Columba magnifica, Temm. , Tratis.
soc. linn., tome i5, page 126; Temm. et Laug. , Ois. col.,
pi. i63. Sa longueur totale est de quinze à seize pouces; les
formes de son corps sont exactement semblables à celles de
la colombt muscadivore, si ce n'est que son bec n'a pas de
tubercule charnu à sa base. La tête et le cou sont d'un blanc
cendré, qui sur le dos se change insensiblement en un vert
très- brillant ; ce vert se retrouve sur les côtés du bas du
cou, sur le haut des flancs, sur la queue et sur les ailes,
dont les couvertures supérieures sont marquées de taches
d'un beau jaune pur; une très -grande plaque d'un violet
pourpre , présentant à certains aspects des reflets bleus et
verts, occupe tout le ventre, et se prolonge en pointe sur
la poitrine et jusque sous la gorge, où elle finit; les plumes
du bas-ventre, des jambes et des couvertures inférieures de
la queue sont d'un jaune foncé; les pennes de l'aile et de la
queue sont d'un vert chatoyant en dessus; ces dernières, eu
dessous, sont d'un cendré uniforme; les couvertures infé-
rieures des ailes sont d'un jaune d'or: les pieds sont bleuâtres ;
le bec est noir, et a sa pointe un peu rougeâtre; l'iris et le
tour de l'œil , qui est nu, sont rouges. Ce pigeon, trouvé à
Red-point, sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, a
une chair d'un très -bon goût. Sa nourriture consiste prin-
cipalement en fruits du câblage- tree.
MM. Lesson et Garnot nous ont montré un pigeon, dont
les couleurs sont exactement distribués comme dans celui-
ci, mais dont le violet du ventre n'offre point de reflets bleus
ni verts. Sa longueur n'est que de dix pouces.
25. Colombe mantelbe ; CoLumba lacernulata , Temm. et
Laug., Ois. col., pi. 164. Celle-ci provient de l'île de Java,
où elle a été découverte par M. Reinwardt. Sa taille (quinze
pouces^ et ses formes sont celles du ramier d'Europe. Efle
a tout le dessus de la tête d'un cendré bleuâtre; la gorge
5i8 PIG
d'une couleur rosée vineuse ; la nuque et le haut du dos d'un
vineux foncé; le bas du dos et les trois premiers quarts des
pennes caudales d'un cendré noirâtre ; la terminaison de celles-
ci, couleur de plomb; le devant du cou et la poitrine d'un
vineux cendré ; le ventre de la même couleur , avec une légère
teinte pourprée; les couvertures inférieures de la queue
rousses ; les ailes noirâtres , avec des reflets verdâtres et
bronzés; le revers de la queue d'un gris uniforme, avec le
bout des pennes blanchâtre; le bec noir; les pieds rouges.
26. Colombe capistrate ; Columba capislrata , Temm. et
Laug. , Ois. col., pi. i65. Celle-ci est très- voisine de la pré-
cédente, soùs le triple rapport de la taille, des formes et de
la distribution des couleurs ; les ailes en sont cependant plus
longues; le sommet de la tête est aussi d'un gris bleuâtre,
qui s'étend moins que dans la colombe mantelée ; la gorge
est blanche; le derrière de la tête et la nuque sont d'un gris
pourpré; toutes les autres parties inférieures du corps sont
d'un cendré vineux, uniforme, les couvertures du dessous
de la queue seulement étant d'un blanc jaunâtre; le haut du
dos et les couvertures supérieures des ailes sont d'une cou-
leur pourprée très- foncée, sans reflets; les pennes et les
autres plumes de ces parties sont d'un noir légèrement cen-
dré, avec de très-foibles reflets verdâtres; le bas du dos et
les trois premiers quarts du dessus des pennes de la queue
sont d'un cendré noirâtre, et le reste de ces dernières est
couleur de plomb; en dessous elles sont généralement grises,
avec leur bout blanchâtre; les pieds sont d'un beau rouge.
Elle est des îles de l'Archipel indien. M. Temminck l'a reçue
de Java ; mais il ignore si elle vit dans cette île.
27. Colombe rameron : CoUimha arquatrix , Temm., Col. .
pi. 5: le Rameron, LevailL, Ois. d'Afr. Le rameron est plus
petit que le ramier, puisqu'il n'a que quinze pouces de lon-
gueur totale. Il a le front, le haut du dos et toutes les par-
ties inférieures d'un rouge vineux, seulement un peu plus
clair sur le cou et la poitrine qu'ailleurs, chacune des plumes
de ces dernières parties ayant du noir dans son milieu, ce
qui leur donne l'aspect maillé ou écailleux; le haut de la
tête et l'occiput d'un gris bleuâtre ; les couvertures ala;res , les
plus rapprochées du corps, d'un roux vineux, et celles du
PIG 5i9
bord de l'aile grises, toutes étant parsemées de petites taches
Llanches de forme arrondie; le ventre marqué de semblables
taches, mais triangulaires ; une partie du tarse couverte de
plumes, et le reste d'un jaune clair, ainsi que les doigts; le
bec jaune foncé, et la cire qui est à la base, de couleur
orangée ; les yeux d'un brun orangé.
Levaiilanf a découvert cette espèce dans le pays d'Ante-
niquoi en Afrique, et il a observé que ses habitudes natu-
relles se rapprochent beaucoup de celles des ramiers. En
volant, le rameron décrit une suite de paraboles irrégulières
et fait entendre une voix fort agréable. Il est chassé avec
activité par l'aigle blanchard.
28. Colombe grivelée ; Cvlumha armillaris , Temm., Col.,
pi. 6. Cet oiseau , dont les formes sont semblables à celles du
ramier, est plus petit, puisqu'il n'a que quinze pouces et
demi de longueur totale; toutes les parties supérieures de
son plumage et le devant de son cou sont d'une couleur gris-
d'ardoise très-foncée; le front et la gorge sont d'un gris blan-
châtre; un collier blanc descend de la région de l'oreille de
chaque côté du cou, et entoure la couleur gris- foncé de
cette partie, en décrivant un arc alongé; la poitrine est
blanche; le ventre est aussi de cette couleur, mais les plumes
qui le couvrent sont chacune marquée dans son milieu ci'une
tache noire oblongue ou en forme de fer de lance: 1 s grandes
pennes des ailes sont d'un brun terne et lisérées de brun-
roux ; les pennes de la queue sont de la mêrije couleur, et
les quatre premières de chaque côté ont leur bout blanc;
la cire de la base du bec est de couleur rosée, et paroit sau-
poudrée de blanc.
La figure de cet oiseau , par Mad.* Knip , a des teintes
beaucoup plus foncées que ne les indique la description de
M. Temminck. , et elle présente un entourage nu et rouge
à l'œil, dont il n'est pas fait mention dans cette description.
Ce pigeon est de l'Asie australe. M. Temminck , en dernier
lieu, lui a réuni, comme variété, la Colombe goad-goang
de la INouvelle -Hollande. (Voyez ci -après page ôyS.)
2g. Colombe marine : Columba littoralis, Temm. , Col. , pi. 7 ;
Columba alba, Lath., Gmel. ; Pigeon blanc mangedr de mus-
cades, Sonn., Voy., pi. io3. Cette espèce a été confondue à
320 PIG
tort avec la colombe muscadivore décrite ci-dessns. A Java
elle porte le nom de bouron dora-louv , qui signifie pigeon
de mer parce que c'est dans les cavités des rochers qui
bordent la mer , qu'elle fait son nid. Elle vole par troupes
et se nourrit principalement des fruits du palmier poukio-le-
lau des habitans de Java. Lorsque ses petits sont élevés, elle
émigré, et vraisemblablement se porte vers la Nouvelle-Gui-
née , où elle se nourrit de muscades ou plutôt de maïs.
Cet oiseau a treize pouces de longueur totale; tout son plu-
mage est blanc, à l'exception des grandes pennes alaires, qui
sont entièrement noires; des pennes moyennes, qui ont seu-
lement les trois derniers quarts de cette couleur, et des extré-
mités des pennes caudales; ses pieds et son bec sont d'un gris
livide, ainsi que la peau nue du tour de l'œil, dont l'iris est
jaune.
3o. Colombe luctuose : Columba luctuosa , Reinw. , Temm. , et
Laug. , pi. 247. Elle ressemble beaucoup à la colombe marine,
mais est un peu plus grande. Tout son plumage est blanc, à
l'exception des grandes pennes des ailes, qui sont cendrées et
bordées de noir, et du bout de celles de la queue, qui est
noir, la plus latérale de ces pennes étant néanmoins toute
blanche : un caractère qui lui est propre, consiste aussi dans
le noir qu'on remarque sur la ligne moyenne du bas-ventre
et sur les plumes des cuisses; le bec est blanc. La figure de
cet oiseau montre une teinte jaune à la base de la face in-
férieure des pennes caudales, dont il n'est pas fait mention
dans la description.
M. Reinwardt a trouvé cette colombe sur plusieurs îles de
l'archipel des Indes; elle y est sédentaire et non de passage,
comme la colombe marine. Elle se tient sur les l'ives cou-
vertes de rochers. Sa nourriture consiste principalement en
fruits d'eugenia crassiformis.
3i. Colombe Pinon ; Columba Pinon , Quoy et Gaimard ,
Zool. de Fexpéd. de la corvette l'Uranie, pi. 28. Cette belle
espèce a été trouvée dans File de Rawak, l'une de celles des
Papous, par les naturalistes que nous venons de citer. Elle
porte dans Pidiome des habitans de cette iie le noui d'am-
phaène, et dans celui de l'ile de Guebé, la dénomination de
hioutine. Ses formes sont celles du ramier. Sa longueur totale
PIG Sai
est de dix -sept pouces un quat-t; sur quoi la queue prend
environ cinq pouces et demi; les ailes, dans le repos, ont
dix pouces et demi; le bec a quatorze lignes; la tête, le cou,
la poitrine et la partie supérieure du dos sont d'un gris brun ,
avec de légers reflets rougeàtres; le dessus et le dessous des
ailes et le dessus de la queue sont d'un gris ardoisé; une large
raie blanche traverse cette dernière plus près de son extré-
mité que de son origine; le ventre est d'un roux ferrugi-
neux, de même que les couvertures inférieures de la queue
(la figure montre le ventre d'un brun pourpre) ; des plumes
d'un brun ferrugineux , garnissent les tarses et elles sont
mélangées de plumes blanchâtres , dont la pointe est rousse ;
le bec, noir à sa base, est couleur de corne; sa mandibule
supérieure a deux sillons longitudinaux, que sépare une
arête assez saillante ; l'œil est rougeâtre, entouré de quelques
plumes blanchâtres et courtes , que l'on retrouve aussi à la
base du bec.
32. Colombe ldmachelle: Columha chalcoptera, Lath.;Tem.,
Col., pi. 8. Ce beau pigeon a quinze pouces et demi de lon-
gueur totale; les parties supérieures de son plumage sont d'un
cendré brun , et chaque plume du dos est bordée de jaune
terreux; le front est d'un blanc pur, qui se nuance de rose
sur le sommet de la tête; derrière chaque œil et sur la région
de l'oreille se voit une tache blanche, alongée et oblique : la
gorge est d'un gris rosacé clair; les couvertures supérieures
des ailes offrent, dans une partie de leur étendue visible,
tous les reflets les plus vifs de l'opale ou de la lumachelle
chatoyante ; les grandes pennes des ailes sont d'un cendré
brun, et les secondaires présentent de grands miroirs d'un vert
pourpré. La queue, composée de dix-huit pennes, est cen-
drée, à l'exception des deux pennes intermédiaires, qui sont
de la couleur du corps, et son extrémité est traversée par une
barre noire; les parties inférieures du corps sont grises, avec
des teintes vineuses sur la poitrine; le dessous de l'aile est
roux de rouille, et le dessous de la queue, gris cendré, est
marqué d'une bande brune; le bec est noirâtre au bout et
rougeâtre à la base; les pieds sont rouges.
La femelle a tout le corps et la tête généralement d'un gris
cendré, avec le bord des plumes d'un blanc jaunâtre , et n'a
/jO. 21
522 PIG
point de blanc sur le front; les taches de ses ailes sont moin»
grandes et moins brillantes que celles du mâle ; elles man-
quent surtout de retlels rouges de rubis. Les jeunes, d'un
cendré noirâtre, ont toutes leurs plumes bordées de cou-
leur terre -d'ombre; le front et la gorge blanchâtres, et les
miroirs sombres avec de légers reflets verdàtres.
Celte espèce habite la Nouvelle- Galles du Sud, la terre
de Van-Diémen, et on l'a aussi rencontrée dans Tile de Nor-
folk. Elle vit par paire et voyage, et ce n'est que depuis le
mois de Septembre jusqu'au mois de Février qu'elle réside
aux environs du port Jackson ; elle se tient à terre ou sur le
basses branches dans les endroits arides et sablonneux. Elle
fait son nid dans des trous d'arbres ou même sur la terre et
y pond deux œufs blancs. Sa nourriture consiste principale-
ment en petits drupes assez semblables à des cerises et dont
elle avale les noyaux. Son roucoulement, très-sonore, s'en-
tend de très-loin et ressemble au beuglement de la vache. Les
naturels du pays lui donnent le nom de goad-gang , et les
Anglois l'appellent Pigeon de terre.
35. Colombe laiigx.p : Colurnba cristata, Temm., Col., pi. g;
Columha pacifica, Lath. Ce beau pigeon, des îles des Amis,
est remarquable par une huppe large et fournie, composée
de plumes occipitales et analogue à celle qu'on trouve dans
beaucoup d'espèces de pics. 11 a la tête (la huppe comprise),
îe cou. la poitrine et le ventre d'un gris légèrement nuance
de pourpre clair , avec des reflets métalliques sur le cou et
la poitrine; une large moustache jaune terne, qui se pro-
longe, en s' élargissant, au-dessous de l'oeil, depuis la com-
missure du bec jusque sur la région de l'oreille; une tache
de la même couleur sous la gorge; le manteau, les scapi;-
laires et les petites couvertures des ailes d'un violet pourpré
à reflets; les grandes couvertures et les pennes secondaires de
l'aile noirâtres; le bas du dos et les pennes caudales d'un noir
à reflets verdàtres; les plumes des cuisses, le bas -ventre et
les couvertures inférieures de la queue d'une belle couleur
ferrugineuse; les grandes pennes des ailes d'un roux vif; les
pieds rouges et le bec brun ; celui-ci étant fortement courbé
vers la pointe. Sa longueur totale est de treize pouces.
54. Colombe pigazuro : Colurnba pigazuro , d'Azara; Temm.j
PIG 3^3
Pig., in-S.", p. 111. Long de treize pouces et demi, ce pi-
geon a la tête et la partie antérieure du cou d'un rouge vi-
neux; les plumes du haut et des côtés du cou noirâtres, et
terminées de blanc; le dos et le croupion d'iin bleu plombé
vif; les ailes et la queue bruns, avec cette dernière termi-
née de noirâtre; le dessous du corps bleuâtre»; le bec bleu;
les tarses rouges -violets ; l'iris et le tour de l'œil rouges.
Il est du Paraguay. Sa chair est très-amère.
35. Colombe a queue annelt^^e ; Columla carihœa , T.inn. .
Temm., Col. , pi. lo. Elle est très-voisine du colombin. Sa lon-
gueur totale est de quinze pouces et son bec a neuf lignes.
Elle a la tète, le dessous du cou et la poitrine pourprés; le
ventre présentant des teintes de gris foncé à reflets pourprés;
la partie supérieure du cou d'un pourpre changeant en vert
avec des reflets éclatans; tout le dos et les couvertures supé-
rieures de la queue d'un bleu cendré; les ailes, les scapu-
laires et les grandes pennes alaires d'un gris rembruni ; les
pennes de la queue d'un gris d'ardoise dans la première
moitié de leur longueur, puis traversées d'une large bande
d'un gris clair, et terminées de gris noirâtre; la base du bec
charnue, de couleur rougeàtre avec la pointe jaune; les pieds
et l'iris rouges.
C'est une des espèces représentées par Mad.* Knip , dont
Ja ligure contraste le plus avec la description. Dans cette
figure la couleur pourprée de la tête et du dessous du cou
est remplacée par du gris, et la teinte grise foncée du ventre
l'est par du roux.
La colombe à quewe annelée se trouve à la Jamaïque, où
elle a été observée par P. Browne , et à Porto -Ricco, où
elle a été vue par Maugé. Elle forme des troupes compo-
sées d'une centaine d'individus, qui se tiennent dans les
lieux bas et cultivés : elle se nourrit de graines et recherche
surtout les baies de café. Il ne paroît pas qu'elle émigré.
56. Colombe colombin ou Petit ramier ; Columla œnas ,
Linn., Lath. ; Temm., Col., pi. ii. Cet oiseau de notre pays
est intermédiaire pour la taille eutre le ramier et le biset.
Sa longueur totale est de quatorze pouces, et son vol est de
deux pieds deux pouces : son bec a onze lignes. Sa tête est
d'un cendré bleuâtre; le dessus et les côtés du cou sont d'un
324 PIG
beau vert changeant en violet et en rouge cuivreux; le haut
du dos et les couvertures des ailes sont d'un cendré obscur ;
le bas du dos, le croupion, le ventre et les couvertures
supérieures et inférieures de la queue d'un gris clair ; le
dessous du cou, dans sa première moitié, est cendré; le bas
du cou et la poitrine sont de couleur lie-de-vin ; les grandes
pennes de faite sont noires, avec le bord extérieur blanc,
et les suivantes, cendrées à leur origine, sont noires vers le
bout; chaque aile est marquée de deux taches noires, l'une
sur les couvertures et l'autre sur les moyennes pennes ; la
queue en dessus est cendrée jusque vers les deux tiers de sa
longueur, et le reste est noir ; en dessous une bande gris-
clair se voit à un pouce avant l'extrémité ; la moitié des barbes
de la penne la plus extérieure est blanche ; le bec est d'un
rouge pâle; les pieds sont rouges et les ongles noirs.
Les différences les plus remarquables entre le ramier et
cet oiseau, c'est que le premier a du blanc au croupion,
sur les côtés du cou et sur les ailes, tandis que le second
n'a de blanc que ce qui se voit sur les barbes des pennes
leç plus latérales de sa queue.
Les habitudes naturelles de cette espèce sont en général
très- semblables à celles des ramiers. Elle vit dans les bois
sur les sommités des plus grands arbres et par paires. Plus
rare que celle du ramier , elle est encore plus défiante ;
aussi est- il très- difficile de l'approcher.
37. Colombe biset : Columha livia^ Linn. , Lath. ; Temra. ,
Col., pi. 12; le Biset, Buff., pi. enlum. , n.° 5 10. Cet oiseau,
considéré comme le type de toutes nos races de pigeons do-
mestiques, est un peu plus petit que le colombin , puisqu'il
n'a que treize pouces de longueur totale, et que son enver-
gure est seulement de vingt -six pouces. Il a la tête, la par-
tie supérieure du dos, les couvertures des ailes, la poitrine
et le ventre d'un cendré bleuâtre ; la partie inférieure du
dos blanche ; le cou d'un beau vert à reflets ; les grandes
pennes des ailes noirâtres; les secondaires et les grandes cou-
vertures supérieures d'un cendré bleuâtre et terminées de
noir; cette dernière couleur, formant sur chaque aile deux
bandes transversales parallèles , dont l'inférieure est la plus
large; toutes les pennes alaires terminées de noir, et la plus
PIG 325
latérale des primaires à barbes extérieures blanches; le bec
d'un rouge pâle ; les pieds rouges et les ongles noirs.
Le biset sauvage habite tout l'ancien continent. Il vit en
troupe, et niche dans les trous d'arbres et de rochers, ce qui
lui a fait donner le nom de Pigeon de roche et de R.ocherais.
Dans la domesticité, il a conservé une variété qui présente
toutes les couleurs que nous venons de décrire, mais plus
brillantes, et cette variété est d'une plus forte taille. Les
bisets de colombiers reprennent quelquefois leur liberté,
lorsqu'ils se trouvent à portée des bisets sauvages, et ce sont
de pareils individus que nous voyons nicher au milieu des
villes, dans les cavités des vieilles murailles et des arches de
ponts. Le contraire arrive aussi , et l'on voit assez souvent
des bisets sauvages quitter leur état d'indépendance, pour
venir se mêler aux troupes de pigeons de colombiers , et
continuer à vivre avec ceux-ci.
Les variétés domestiques du biset, qui sont très-nombreuses,
seront décrites ci-après dans un article particulier.
53. Colombe jaseuse : Columba locutrix, Prince Maxim, de
Neuw. ; Temm. et Laug. , Ois. color. , pi. 166. Cette espèce
du Brésil a douze pouces et demi de longueur; et les formes
semblables à celles de nos pigeons sauvages. Ses couleurs sont
peu brillantes-, ses teintes générales cendrées et vineuses;
la gorge et le tour du bec d'un vineux jaunâtre ; la Xèie et
le cou ont des nuances pourprées; le ventre est gris; les
ailes et la queue sont d'un brun cendré, légèrement vineux;
la nuque du mâle est couverte de plumes échancrées , dont
les barbes de chaque côté de la tige sont terminées par une
petite tache ovale d'un vineux pourpre ; ce qui fait que
toutes ces taches sont disposées par rangées régulières : la
nuque de la femelle a de semblables taches, mais moins mar-
quées ; elles n'existent point dans les jeunes mâles: le tour
de l'œil est nu et d'un rouge violet ; les pieds sont rouges et
le bec est noir ; les pennes de l'aile et de la queue sont brunes,
avec des reflets violâtres.
Cette espèce, qui habite les forêts du Brésil, fait entendre,
au rapport du Prince de Neuwied , un roucoulement doux et
sonore, modulé sur quatre tons; sa chair est très-amère;
ce q.ui l'a fait nommer par les Portugais, pom&a margosQ.0
326 PIG
09. Colombe a calotte blanche : Colurnba leucocephala, Linn.,
Lath. ; Temm. , Col. , pi. 1 3 ; le Pigeon de roche de la Jamaïque ,
Buff. Cet oiseau a treize pouces de longueur. Tout le dessus
de sa tête, lorsqu'il est adulte, est d'un blanc très-pur. et
son occiput est entouré d'une ligne pourprée; le dessus
de son cou est couvert de plumes inaillées d'un beau vert
changeant et bordées de noir; tout le reste du corps est d'un
bleu ardoisé (Mad." Knip figure , sous le cou et sur la j)oi-
trine, des reflets pourpres dont M. Temminck ne parle pas);
les pennes des ailes et de la queue sont brunes ; les yeux sont
entourés d'une peau blanchâtre; leur iris est jaune; ie bec est
rose à sa base et blanc à sa pointe; les pieds sont rouges.
On le trouve à Saint-Domingue , à la Jamaïque, aux iles
Bahama et à Porto-Ricco. Il habite et niche dans des trous de
rochers. Il vit de baies; et, selon les saisons où les fruits
qu'il iTlange sont doux ou amers , sa chair est bonne ou
désagréable à manger.
40. Colombe RAMiRET: Columlaspcciosa, Linn., Lath. ;Temm. ,
CoL, pi, 14 ; le Ramiheï ou le Pigeon ramier de Cayenne,
BuflF. , pi. enlum. , n." 2 1 3. Ce pigeon , long de treize pouces ,
a la tête d'une couleur brune violacée; le cou et la poitrine
couverts de plumes maillées, dont le centre est plus ou moins
blanc et entouré d'un demi-cercle d'un beau pourpre chan-
geant en violet et en vert à reflets violacés ; le dos et les cou-
vertures supérieures des ailes d'un beau roux pourpre ; les
pennes alaires d'un cendré brun; la queue d'un noir brunis-
sant; le ventre elles flancs blanchâtres, à plumes maillées,
bordées de violet; les pieds rouges; le bec rougeàtre à sa base
et blanc-jaunâtre vers le bout. La femelle a des teintes moins
brillantes, le dos d'un gris terreux, et les pennes alaires d'un
brun grisonnant; la poitrine sans reflets, et le ventre d'un
blanc saie nuancé de vioiâtre. Celte espèce est de la Guiane.
41. Colombe a nuque écaillée; Colurnba corensis , Lath.,
Gmel. ; Colurnba portoricensis , Temm., Col., pi. i5. Le pigeon
qui porte ce nom est d'un gris-bleu foncé sur toutes les par-
ties supérieures du corps et sur les couvertures des ailes;
d'un pourpre vineux sur le devant du cou, sur la poitrine
et sur la tête; de couleur mordorée sur l'occiput; sa nuque,
ainsi que la région de ses épaules, oifre une large tache com-
PIG 327
.posée de plumes maillées, à reflets violets, pourpres et verts ,
avec une bordure mordorée; la queue, composée de douze
pennes, est carrée et de couleur d'ardoise , ainsi que les
pennes alaires. U» espace nu assez considérable entoure l'œil
et est parsemé de petites papilles; l'iris et les pieds sont
rouges et les ongles jaunes. On le trouve à Porto-Ricco, d'où
jl a été rapporté par Maugé.
42. Colombe roussard : Columha guinea , Linn., Lath. ; Tem.,
Col., pi. 16; le Pigeon de Guinée, Buff., Ornilh. , tome 2,
pag. 558; Ramier, roussard, Levaill., Afr. La longueur du
corps de cet oiseau est de douze pouces et demi. Sa tête, sa
gorge, son ventre en entier, son croupion et les couvertures
.supérieures et inférieures de sa queue sont d'un gris- bleu
très -clair; un espace nu et dont la peau est d'un beau rouge,
entoure l'œil; le haut du dos, les scapulaires et toutes les
couvertures supérieures des ailes sont d'un roux cannelle
pourpré, et une tache blanche triangulaire est vers le bout de
chacune de ces dernières plumes, d'où il résulte une sorte
de grivelure sur cette partie; les pennes alaires sont d'un brun
cendré, et les caudales grises et terminées de noir ; les plumes
de la gorge et de la poitrine sont échancrées au bout, ce qui
est dû à l'interruption subite de leur baguette et au manque
<le barbes terminales; les pieds sont d'un rouge pâle; le bec
est noirâtre et l'iris orangé. La femelle a des couleurs moins
vives que celles du mâle, les taches blanches de l'aile plus
petites et moins pures.
Le roussard se trouve dans la partie la plus méridionale
de l'Afrique, ainsi que sur les côtes de Guinée et d'Angole.
Il niche- indifféremment sur la sommité des arbres ou dans
des trous de rochers. Il vit de graines et se porte souvent en
troupes innombrables dans les champs cultivés. Au Cap il est
connu sous le nom de Pigeon de bois. ^^
40. Colombe founingo : Columha madagascariensis , Hlftin. ,
Lath.: Temm., CoL, pi. 17 ; le Founingo, Buff., Ois., tom. 2,
pag. 539; Ramier bleu de Madagascar, pi. enlum. , n.° 11.
Cet oiseau a la majeure partie du plumage d'un très-beau
bleu foncé, nuancé de violet; une peau nue et d'un beau
rouge entoure ses yeux; les parties inférieures sont comme
saupoudrées d'une poussière grisâtre; les pennes de la queue
328 PIG
et leurs couvertures inférieures sont d'un pourpre éclatant;
les piedssont rouges etles tarses sont emplumés dans une grande
partie de leur longueur; le bec est rouge, avec la pointe
noirâtre ; les plumes de la poitrine sont longues et effilées.
Sa longueur est de dix pouces et demi. Il est de Madagascar
et des côtes orientales du Midi de l'Afrique et paroît se ren-
dre alternativement de l'une aux autres. C'est à Madagascar
qu'il niche.
44" Colombe jounud : Columha gjmnophthalmos , Temm. ,
pi. 18; Columha leucoptera , Lath. La tête et le corps de cette
colombe sont généralement d'une couleur vineuse claire, avec
la nuque et les côtés du cou nuancés de bleu clair et de
pourpre tendre, les plumes de ces parties étant maillées ou
bordées de deux lisérés, l'un blanc et l'autre bleuâtre; une
tache noire peu apparente se trouve au-dessous de l'oreille-;
le haut du dos, les scapulaires et les couvertures du dessus
de l'aile sont d'un gris-brun clair; le bord extérieur des
ailes est marqué d'une grande tache blanche ; les grandes et
moyennes pennes alaires sont noires et bordées de gris exté-
rieurement ; le croupion et le bas du dos sont d'un gris-bleu
clair; la queue est grise en dessus et blanchâtre en dessous;
les couvertures inférieures sont d'un blanc pur; le bec et l'iris
sont rougcâtres; les pieds et les doigts sont d'un rouge rem-
bruni.
Dans le mâle , dont la longueur est de treize pouces, on ob-
serve un espace considérable nu et de couleur bleue foncée
foiblement violacée autour des yeux, et cet espace est cou-
vert de papilles charnues. La femelle , dont la taille est moin,
dre, a cette partie dénudée beaucoup moins grande et ses
couleurs sont plus ternes.
Les mœurs et les habitudes naturelles de cet oiseau des
indes,,prientales sont tout-à-fait inconnues.
4 âpCoLOMBE HÉRISSÉE; Columbu Frunciœ , Linn., Laih.;Tem.,
pi. 19. Cet oiseau singulier, qui habite l'IsIe-de-France, Ma-
dagascar et l'Afrique méridionale, est remarquable par les
longues plumes étroites, lustrées, d'un blanc argentin et hé-
rissées, qui garnissent sa tête et son cou; ces plumes sont ter-
minées par une petite palette cornée, analogue à celle des
plumes alaires du jaseur de Bohème; celles du bas du cou
PIG 329
ont seules un peu de noir dans leur milieu; le tour de l'œil,
jusqu'à la commissure du bec, est nu et lisse, et d'une cou-
leur rouge très-vive, ainsi que la base et la pointe de ce bec,
dont le milieu est noir; le reste du corps, les ailes et le des-
sous de la queue sontd"un beau bleu-violet (que Mad.* Knip
a rendu par du vert foncé); les grandes pennes alaires sont
noirâtres et bordées de bleu- violet; la queue est d'un cramoisi
vif en dessus, avec les baguettes des pennes intermédiaires
d'un bleu foncé; les pieds sont emplumés jusque près de
l'origine des doigts et d'un noir bleuâtre. La taille est de
douze à treize pouces.
On ne sait rien sur les habitudes naturelles de la colombe
hérissée.
46. Colombe ROUGE-CAr; Columha rulricapiLla, Linn. , Lath.;
Temm., pi. 20. Sa longueur totale est de dix pouces. Il a le
tour de l'œil nu et rouge, ainsi que des caroncules qui sont
à la base du bec (celui-ci est noirâtre) ; le sommet de la tête
recouvert de plumes fines à barbes déliées, d'un très -beau
Touge; les plumes du cou et de la poitrine longues de quinze
lignes, à baguettes courtes, mais à barbes très-longues, très-
lâches , désunies et soyeuses, de couleur grise et formant
comme une sorte de perruque , surtout lorsque l'oiseau
les relève; les plumes du corps d'un beau noir bleuâtre à
nuances violettes (Mad.* Knip représente le corps vert);
les pennes alaires et caudales de la même couleur , mais
comme saupoudrées de grisâtre ; les tarses , emplumés jus-
qu'à moitié de leur longueur , et d'un gris cendré ; l'iris
eiûtouré de deux cercles , l'un gris clair , et l'autre d'un
beau rouge ; le bec noii'âtre à sa base et jaunâtre à sa
pointe.
Cette espèce se trouve aux îles Panay, et Sonnerat l'a re-
trouvée à Antigue.
47. Colombe oricou; Columha auricularis , Temm., CoZ., pL
21. Ce bel oiseau a douze pouces de longueur environ ; son
plumage est d'un blanc uniforme, avec la queue grise à la
base et noire au bout, les grandes et moyennes pennes des
ailes d'un gris blanc à leur origine et noires vers l'extrémité,
la première ou la plus extérieure étant même en entier de
cette couleur; ses pieds sont d'un beau rouge; ses tarses sont
53o PIG
nus et son bec est noir; mais ce qui le caractérise principa-
lement, c'est l'existence de prolongeniens chiirnus , adhé-
rens à la peau' nue qui recouA-re largement le devant du cou,
et qui y forment trois barbillons à peu près«emblables à celui
que porte le dindon , l'un d'eux prenant son origine à la base
de la mandibule inférieure < t formant plusieurs plis sur le
devant du cou, les deux autres commençant au-dessous Hes
yeux. (La figure représente la peau du cou nue, d'une belle
coule|Ur bleue claire , les barbillons rouges avec la bordure
blene; le tour de l'œil rouge.) Entin une carnosité arrondie ,
de la grosseur d'une crrise, d'un rouge vif, et couverte de
tubercules, est placée à la base de la mandibule supérieure.
Dans une variété il n'y a de noir que sur la queue; dans
d'autres le plumage est tacheté de gris et de noir, mais ce
sont peut-être des attributs du jeune âge.
Cet oiseau provient des lies de la mer du Sud.
48. Colombe Labrador; Columhaelegans, Temm., CoZ., pi. 2l>.
Le nom françois de cette espèce ne lui a pas été donné, ainsi
qu'on pourroit le croire, parce qu'elle se trouve dans le pays
de Labrador; mais bien parce que son plumage reflète des
couleurs brillantes comme celles de la pierre dite Felspath de
Labrador. Son aspect est un peu semblable à celui de la tour-
terelle, parce que sa queue alongée dépasse de beaucoup
les ailes; son front est roiissàtre; son occiput marqué d'une
tache ovale gris -clair; ses yeux sont placés au milieu d'une
ligne brune qui se porte de la commissure du bec à l'oc-
ciput, et au-dessous de cette ligne, sur la région des oreilles,
il en existe une autre, qui est blanche- et qui la borde; une
tache assez large sur la gorge, la nuque et les scapulaires
sont de couleur brune; les côtés du cou, la poitrine et tout
le dessous du ventre sont d'un beau gris foncé; le dos, le
croupion et les petites couvertures des ailes sont d'un brun
olivâtre; les couvertures moyennes ont deux bandes paral-
lèles qui offrent les reflets métalliques les plus éclafans ,
rouges, bleus et verts; les pennes alaires sont brunes dans
leur partie visible, et rousses sur leurs barbes intérieures; le
dessous de l'aile est en entier de cette dernière couleur. Les
penriesde la queue sont généralement grises, avec une bande
noire transversale vers les trois quarts de leur longueur, et
PIG 351
elles sont lerininées de brun; cette couleur couvre en entier
les harbcs des deux pennes intermédiaires et le bord des
barbes extérieures; les pieds sont rouges et le bec est noir.
Ceite espèce habite sur la côte méridionale de la terre de
Diémen.
4g. Colombe A CEiiSTURON noir; Colunihacincta, Temni., Col.,
pi. 20. Ce pigeon, qui a treize pouces de longueur, a la tête
blanche; le cou en entier et le haut de la poitrine d'un jaune
clair; le dos, les scapulaires, les couvertures des ailes et le
dessus de la queue d'un noir velouté plus ou moins teinté
de vert, cette couleur passant sur les flancs et formant un
large ceinturon sur le bas de la poitrine et le haut du ventre;
celui-ci d'un beau jaune; les plumes des couvertures in-
férieures de la queue grises et bordées de jaune; les pennes
alaires d'un vert foncé presque noir; la queue, formée de
quatorze pennes, grise en dessous et terminée par une zone
d'une teinte plus claire; le croupion verdàtre; les plumes qui
garnissent le tarse, jusqu'à l'origine des doigts, d'un gris
cendré; les pieds jaunes; l'iris orangé; le bec blanchâtre.
Ses formes sont celles de la tourterelle. Il habite l'Asie
australe.
5o. Colombe roussette; Columba rujma , Temm. , Col., pi. 24-
Celle-ci est de la Guiane françoise et des Antilles. Sa lon-
gueur totale est de près de douze pouces; ses formes géné-
rales sont celles du biset. Le haut du dos, le dessous du cou
et les petites couvertures dts ailes sont d'un roux foncé, lé-
gèrement nuancé de violet; cette dernière teinte domine sur
le ventre, et passe au gris vineux sur les cuisses; les couver-
tures inférieures de la queue sont grises; les pennes primaires
et secondaires des ailes, ainsi que les pennes de la queue , sont
d'un gris cendré, et les premières sont liserées de gris plus
clair; le dos, le croupion et les couvertures inférieures des
ailes sont d'un gris bleuâtre; la gorge est blanche. Dans les
mâles, l'occiput présente une large tache verte à reflets do-
rés; cette tache est d'un roux violet dans les femelles. Les
pieds sont rouges, les tarses nus, et le bec est de couleur
livide.
5i. CoLOMRE A OREiLLox BLEU : Coliimhu aurita , Temm.. Col.,
pi. 25 et ii5 his; Columba marlinica et indica, Briss. Elle n'a
532 PIG
que dix pouces de longueur totale. Sa tête, son cou et sa
poitrine sont d'une couleur marron tirant sur le pourpre;
les plumes du bas du cou sont d'un violet doré trés-éclatant;
de chaque côté, au-dessous du trou auditif est une petite
tache de forme alongée, formée de huit ou dix plumes d'un
bleu violacé à reflets d'or; le dos, le croupion et les cou-
vertures des ailes et de la queue sont d'un brun roux avec
quelques taches noires sur les grandes couvertures alaires;
le ventre en entier est d'un fauve clair et vineux: les grandes
pennes des ailes sont noirâtres avec leur bord extérieur blan-
châtre ; les moyennes , de la même couleur , sont terminées
de blanchâtre; les deux pennes intermédiaires caudales sont
de la couleur du dos; les latérales sont, jusqu'aux deux tiers
de leur longueur, d'un brun roux du côté extérieur et d'un
cendré foncé à l'intérieur, puis elles sont marquées d'une
bande transversale noire et leur bout est gris-blanc ; les pieds
sont rouges, le bec est noir.
Les figures de Mad.*^ Knip offrent quelques différences ,
lorsqu'on les compare à la description de M. Temminck, que
nous venons d'extraire.
La planche 25Ziis qui représente un jeune individu, n'a
pas les oreillons bleus des côtés du cou , ni les plumes bril-
lantes du bas de cette partie, et elle a un espace nu et bleu
autour de l'œil.
Cet oiseau est de la Martinique.
52. CoroMBE TURVERT : Columbajavanica , Lalh.;Temm., Col.,
pi. 26 ; Columbacyanocephala, Gmel.; Columbacceruleocephala^
C. albicapilla, et Columba indica, Lath. ; le Turvert, Buff. ,
Ois., tome 2, pag. 556; la Tourterelle de Java, ejusd., pi,
enlum., n." 177. Sa longueur totale est de dix pouces. Le
devant de sa tête est blanc, et cette couleur s'étend en un
trait qui passe de chaque côté au-dessus de l'œil; le sommet
de la tête est le plus souvent d'un bleuâtre foncé; les joues,
le cou et la poitrine sont rougeâtres ; le dos et toutes les
couvertures des ailes sont d'un beau vert -doré, changeant
en couleur de cuivre de rosette ; les petites couvertures de
l'aile sont toutes blanches ou ont du blanc ; le bas du dos et
les couvertures supérieures de la queue sont cendrés ; le
ventre; les cuisses et les couvertures inférieures de la queue
PIG 333
sont bfuns, avec une légère nuance de rouge; les couver-
tures du dessous de l'aile sont rousses; les pennes alaires d'un
brun foncé extérieurement et rousses en dedans; les pennes
de la queue noires, excepté les deux plus latérales, qui sont
cendrées et terminées de noir; le bec est rougeàtre et la
membrane de sa base bleuâtre; les pieds sont rouges.
Dans quelques individus le blanc du front manque, et tel
est celui que Mad/ Knip a figuré; d'autres, qui en sont
également dépourvus, ont leur tête toute noirâtre. Cette
espèce paroît répandue sur toutes les îles de l'Asie australe
et de l'Océan indien; elle est très-commune à Ceilan, à Java
et à Sumatra. Son nom chinois est jaupuan, et celui qu'elle
reçoit des Javans, bouron glimouhane.
53. Colombe jAMBoo; Columba jambos , Linn., Lath. ; Tem.,
Coi., pi. 27 et 28. Cette jolie espèce a des caractères fort tran-
chés. Dans le mâle, la tête en dessus et latéralement est d'un
rouge violet ; le dessous de la gorge noir ; le dessous du cou et
le ventre sont d'un blanc pur, et la poitrine, qui est aussi de
cette couleur, est marquée d'une large tache rose clair ou
lilas ; les couvertures inférieures de la queue sont brunes ;
tout le dessus du corps, depuis et y compris l'occiput, les
ailes et la queue sont d'un beau vert; les pennes caudales en
dessous sont noirâtres dans la plus grande partie de leur éten-
due et terminées de blanc ; des plumes grises se voient sur
la première moitié des tarses; les pieds et le bec sont d'un
rouge pâle. La longueur est de neuf pouces et demi.
La femelle a le dessus et les côtés de la têle d'un brun ver-
dàlre; la gorge brune; le ventre en entier blanchâtre; le
dessus et le dessous du cou , la poitrine , le dos, les ailes et
la queue en dessus, d'une belle couleur verte.
Cet oiseau se trouve à Java et à Sumatra.
54. Colombe marquetée : Columba scripta, Temm. et Laug.,
Ois. col., pi. 187. Celle-ci, dont les formes sont les mêmes
que celles de la colombe jamboo , a été trouvée à Schoalwater-
bay, vers le vingt -deuxième degré latitude sud, sur la côte
orientale de la Nouvelle -Hollande. Le dessus de la tête et du
cou, le dos, la plus grande partie de la face supérieure des
ailes et les deux pennes intermédiaires de la queue, sont d'un
brun cendré; la gorge est blanche, et cette couleur s'étend
334 PIG
sur chaque joue, de façon à comprendre l'œil et l'oreille;
sur cette surface, qui est entourée inférieurement d'une
ligne noire, sont plusieurs taches noires, de forme alongée
et irrégulière, qui convergent autour de l'œil; la poitrine et
le milieu du ventre sont d'un cendré bleuâtre, très- clair;
les flancs, le bas-ventre et le dessous de l'aile sont blancs;
on voit sur quelques-unes des grandes couvertures du dessus
de l'aile des taches vertes à reflets métalliques pourpres et
violets; les pennes caudales, toutes d'égale longueur, sont
(les deux intermédiaires exceptées) d'un brun terreux dans
la plus grande partie de leur étendue , avec leur extrémité
noire; les pennes alaires sont d'un brun terreux, comme le
dos; les pieds sont bruns et le bec est noir.
Les jeunes individus et les femelles ont les taches de cou-
leurs changeantes de l'aile moins grandes que celles des mâles.
II y a lieu de croire, comme le remarque M. Temminck.
que dans le premier plumage elles n'existent point.
55. Colombe A NOQUE violette; Colunrba violacea, Temm., Col.,
pi. 29. Cette espèce a, dans la distribution des couleurs de
son plumage, de la ressemblance avec le colombi-galline roux
violet; mais ses formes sont celles des vraies colombes. Sa
taille est svelte ; sa queue alongée et étagée ; ses ailes sont
longues et ses tarses courts. Sa longueur totale est de neuf
pouces ; toutes ses parties supérieures , y compris les ailes et
la queue, sont d'un beau roux-pourpre foncé; les grandes
pennes alaires sont rousses; la nuque a des plumes brillantes,
qui y forment comme une espèce de collier d'un beau violet
à reflets dorés; le front , la gorge et le ventre sont d'un blanc
pur; la poitrine a une teinte claire, nuancée de violet pour-
pré à reflets bronzés; les yeux sont entourés d'un espace
nu et de couleur rouge; le bec et les pieds sont rougcàtres.
La patrie de ce pigeon est inconnue; mais il est probable
qu'il habite l'Amérique.
56. Colombe turgris; Columla melanocrphala , Linn., Lath.:
Temm., CoL, pi. 5o ; Turvert , BulT., Hist. des Ois., tom. 2 ,
pag. 555; Tourterelle de Batavia, Ejusd. , pi. enlum. , n.°
214. Ce joli pigeon a le front et les côtés de la tête et
du cou d'un gris-cendré clair; le sommet de la tête et l'oc-
ciput noirs; le dessous de la gorge jaune; toutes les plumes du
PIG 355
«orpS, des aiies et de la queue en dessus d'un beau vert, à
reflets dorés; Les plumes du croupion jaunes et les couver-
tures inférieures de la queue d'un rouge de sang; toute la
face inférieure de la queue d'un gris cendré uniforme, avec
Texlrémité bordée d'une ligne assez étroite d'une teinte plua
claire; les pattes d'un jaune rougeàtre; le bec couleur de
corne, et les yeux, qui sont placés dans un petit espace de
p«au nue et rouge, avec l'iris d'un brun rougeàtre. La lon-
gueur totale est de huit pouces.
Cet oiseau se trouve à Java, où il habite les grands bois.
67. Colombe a masqte blanc : Coluniba larvata, Temm. ,
Col., pi. 01; ToURTEfiELLE A MASQUE BLANC, Lcvaill. , AfHq. ,
pi. 26g. Elle a le front, les joues et lu gorge blancs; le cou, la
poitrine, le dos et le croupion, d'un brun roux, montrant,
sous différens aspects, des reflets pourprés, verts ou bleus; le
dessous du corps, ainsi que les couvertures inférieures de la
queue, d'un roux uniCornie ; les nennes des ailes noirâtres
et bordées extérieurement de gris bleuâtre , ainsi que celles
de la queue; le bec bleuâtre ; les pieds d'un rouge vineux et
les yeux orangés.
La femelle ne difî'ère du mâle que par des couleurs moins
nettes et u-oins brillantes.
Levaillant'a trouvé ce pigeon dans les grandes forêts de
l'Afrique méridionale, et ce naturaliste a remarqué que sts
habitudes naturelles le rapprochent des colombi -gallines ,
surtout en ce qu'il se tient ordinairement à terre et qu'il fait
son nid dans les buissons: néanmoins ses caractères extérieurs
doivent le faire placer dans la division des colombes propre-
ment dites.
58. Colombe vlouvlou ; Columba holo$ericea, Temm., Col.,
pi. 02. Ce pigeon a la tête, le cou , les scapulaires, le dessus
dç la queue et les flancs d'une jolie couleur verte comme
veloutée; Iji gorge marquée d'une bande longitudinale d'un
blanc pur; le ventre d'un jaune verdàtre, séparé du vert
de la poitrine par deux lignes étroites, transverses, l'une
blanche et l'autre noire; les plumes du bas-ventre et les cou-
vertures inférieures de la queue jaunes ; le dessous de la
queue gris; les grandes pennes d s ailes j;rises extérieurement,
sur une partie de leur longueur, et noirâtres dans le reste;
536 PIG
"une large bande grise sur les couvertures des aîles; les Jambes
et les tarses couverts de plumes blanchâtres jusqu'à la nais-
sance des doigts; les doigts gris et le bec noir. Sa longueur
totale est de dix pouces quatre lignes.
Ce qu'il offre de très- singulier , c'est que les couvertures,
tant supérieures qu'inférieures de ses ailes, s'étendent jusqu'à
l'extrémité des pennes, et que celles-ci sont courbées en
forme de sabre dans les trois quarts de leur longueur, la
convexité en dehors, avec leur dernier quart décrivant une
courbe en sens inverse, qui fait revenir la pointe en dehors j
le bout de ces pennes est profondément échancré.
La colombe vlouvlou est des lies Sandwich. Ses habitudes
naturelles sont inconnues.
59. Colombe porphyre ; Columla porplvyrea , Reinwardt ,
Temm. et Laug. , Ois. col., pi. 106. Dans cette espèce les
individus des deux sexes présentent les mêmes caractères.
Ils ont la tête, le cou et la poitrine d'un pourpre, plus
pâle sur la tête, et au contraire plus foncé et de couleur de
laque sur le cou; la poitrine ceinte d'un collier blanc, au-
dessous duquel on voit du noir plus ou moins mêlé de vert}
le bas du cou marqué par derrière d'un autre demi- collier
blanc, souvent mêlé de rose, séparant le pourpre de la nuq.ue
du vert du dos; le milieu du ventre et les flancs cendrés ou
nuancés de vert et de jaunâtre ; le bas-ventre en partie
jaune; les couvertures inférieures de la queue vertes et bor-
dées de jaune ; le dos, les ailes et les deux pennes moyennes
de la queue d'un vert foncé; les pennes latérales de celle-
ci en dessus d'un vert bouteille et terminées de gris verdàtre,
et grises en dessous; le bec jaunâtre; les doigts rouges. Leur
longueur totale est de dix à onze pouces.
Les jeunes ont la tête, le cou, la poitrine et toutes les par-
ties supérieures d'un vert foncé, et les plumes du dos termi-
nées par un croissant jaune; le bas- ventre d'un vert jaunâtre
clair. Ils n'ont point de collier blanc, ni de demi-collier rose.
Les individus qui passent d'un plumage à l'autre, sont ta-
pirés de plumes pourprées et de plumes vertes.
Cette espèce est des îles de la Sonde et des Moluques.
Go. Colombe érythroptère ; Columha erjthroptera , Lath.;
Temm. , Col., pi. 55. Dans cette espèce, le front, la gorge, le
PICt 537
devant du cou et la poitrine sont d'un beau blanc ; un pro-
longement de cette couleur se remarque derrière Tail, et
se porte jusque sur la région de Toreille ; le derrière de
la tête et du cou , le dos et les couvertures des ailes sont
d'un violet-pourpré changeant, très -brillant; le ventre est
noir à reflets pourprés ; les grandes couvertures des ailes
et les rémiges sont noires; la queue, dont toutes les plumes
sont d'égale longueur, est d'un gris foncé à son origine, et
terminée par une bande noire; les pieds sont orangés, et le
bec est noir. La longueur totale est de neuf pouces et demi.
Quelques individus n'ont point de blanc sous la gorge ni
sur la poitrine.
On a trouvé cette espèce aux Nouvelles -Hébrides et aux
îles de la Société.
61. Cot.oMBE A MOUSTACHES BLANCHES; Col. w^'itacea, Temm..
Col., pi. 66. Cet oiseau, dont la longueur totale est de onze
pouces et demi , a le sommet de la tête , les couvertures
alaires, le dos, le croupion et les deux pennes moyennes de
la queue d'un brun foncé à reflets métalliques: le haut du
dos et les côtés du cou d'un vert- doré qui passe insensible-
ment au violet-pourpre très- éclatant ; sous la poitrine, cette
couleur s'affoiblit considérablement, et prend une teinte vi-
neuse; le ventre est d'un vineux terne qui passe insensible-
ment au blanchâtre sous le bas-ventre et les couvertures
inférieures de la queue; les pennes alaires, le fouet de l'aile
et toutes les pennes latérales de la queue, qui est carrée,
sont d'un roux très-vif; l'œil est entouré d'un petit espace
nu et rouge ; les pieds sont rouges; la base du bec est aussi
de cette couleur, et son extrémité a du jaune.
Ce qui caractérise principalement cette espèce, c'est une
moustache d'un beau blanc qui prend à la commissure des
mandibules du bec , se porte sous l'œil, et se prolonge jusque
sur lu région de l'oreille, où elle finit en pointe.
Celte colombe est américaine.
62. CoLOMhE POUKioBOU : Columha superhu, Temm., Col., pL
53. Cette jolie petite espèce n'a pas plus de rn^uf pouces et
demi de longueur totale. Le sommet de sa tête est d'une belle
couleur violette fleur de pêcher; les joues et l'occiput sont
d'un vert clair; la nuque et tout le derrière du cou sont
40. 22
d'une belle couleur brune roussâtre ; la gorge et le dessous
du cou sont couverts de plumes blanche?, avec un peu de vio-
let dans le milieu de chacune ; le dos est vert, ainsi que le
dessus des pennes de la queue, mais celles-ci sont terminées
de A'ert beaucoup plus clair; les trois pennes latérales de cha-
que côté sont noires. Les petites couvertures supérieures vers
le pli de l'aile forment une belle tache d'un bleu violacé; les
autres plumes des couvertures sont verles dans leur contour,
bleues à leur centre, et quelques-unes des plus grandes ont
une zone roussâtre entre ces deux teintes; la poitrine est mar-
quée d'une large bande transverse d'un bleu foncé; les flancs
sont couverts de plumes vertes , finement bordées de blanc ; le
ven tre en entier est blanc ; les plumes qui couvrent la première
moitié des tarses, sont verdàtres, et la partie nue de ceux-ci
et les doigts sont de couleur rougeàtre ; les grandes pennes
des ailes sont noirâtres et bordées de blanchâtre; la queue
est alongée et arrondie au bout; le bec est couleur de corne.
On croît que le nom de poukiobou est donné à cette espèce
par les habitans de l'île Otaïti, oîi elle se trouve.
63. Colombe oreillon- blanc ; Columha leucotis , Temm. et
Laug. , Ois. col., pi. 189. Cette espèce, qui se rapproche
des colombi-galliues par ses formes, a les ailes et la queue
courtes, el cette dernière arrondie. Du cendré, qu'on voit
sur le front, se change successivement en olivâtre vers l'oc-
ciput, en passant sur le sommet de la tête ; une ligne noire
et étroite part de la commissure des mandibules du bec,
passe sous l'œil, sur la région de l'oreille, et se rabat sur le
côté du COU; en dessous et au-delà de l'œil est une tache
blanche triangulaire; la nuque et les côtés du cou sont cou-
verts de pluuies à reflets métalliques verts, bleus et pour-
pres très-brillans ; la gorge est rousse; la poitrine et le ventre
sont d'un roux olivâtre à reflets, et cette couleur s'éclaircit
sous le bas -ventre; les couvertures inférieures de la queue
sont cendrées; le dos et les ailes sont olivâtres, et présentent
quelques légers reflets verts; les pennes de la queue, bru-
nâtres et à roflets pourprés, ont une bande noire transverse
assez près de leur extrémité, qui est cendrée.
Ce pigeon, dont la longueur totale est de neuf pouces et
demi, a été trouvé aux environs de Manille dansTile de Luçoi!,
PIG 539
64. CoroMBE KDRUKURU : Columha purpurutu , Linn., L;ilh.;
Temm. , Col., pi. 34. Cette espèce n'a guère plus de huit
pouces de longueur, et quoiqu'elle ressemble à la précédente
parla disposition générale de ses couleurs, elle en diffère par
une queue plus courte, et parce qu'au lieu d'avoir seize
pennes à cette queue, elle n'en a que quatorze. Dans les ku-
rukurus adultes, les plus communs dans les cabinets (ceux
d'Otaïti), le sommet de la tête est d'une belle couleur
rose violette, entourée d'un liséré jaune; l'occiput, le cou
et la poitrine sont d'un gris cendré, nuancé de teintes ver-
dàtres ; tout le dessus du corps est d'un beau vert lustré,
marqué de taches vertes plus foncées sur les couvertures des
ailes les plus' proches du corps; les couvertures moyennes
sont frangées de jaune; les pennes alaires sont noires inté-
rieurement et bordées de vert sur leurs barbes extérieures,
et la dernière, qui est noire, a ses barbes tronquées, ce qui
la rend pointue; la queue a toutes ses pennes vertes exté-
rieurement et noires intérieurement, et leur extrémité est
d'un vert très -clair; le ventre est nuancé de jaune et d'o-
rangé; les flancs sont verts; les couvertures inférieures de la
queue sont jaunes; les tarses sont à moitié couverts de plumes
vertes et jaunes; les doigts noirs; les yeux d'un jaune pâle;
le bec, noirâtre, est terminé de blanc.
M. Quoy s'est assuré que la femelle ne diffère en rien du
mâle, du moins dans le kurukuru des îles Marianes ; ainsi
l'oiseau que M. Temminck a figuré comme femelle, pi. a54
des Ois. col. , doit sans doute être considéré comme apparte-
nant à une espèce ou tout au moins à une variété distincte.
Il ressemble presque sous tous les rapports aux individus
d'Otaïti ; mais il en diffère seulement parce que le chaperon
du sommet de sa tète est cendré, au lieu d'être d'une belle
teinte couleur de rose : ce chaperon est aussi entouré d'une
bande jaune étroite; la gorge est jaune ; le dos vert; le cou
blanchâtre avec des taches nombreuses d'un jaune clair; le
bas de la poitrine et le ventre sont d'un beau jaune, ainsi
que les couvertures inférieures de la queue. Il a été trouvé
dans l'île des Célèbes par M. Reinwardt.
Dans le jeune âge, le kurukuru a le front d'un gris lilas
entouré de jaune olivacé; le derrière delà tête, le cou et la
340 p 1 G-
poitrine d'un gris-jaunàtre terne; les ailes , le dos et la queue
d'un vert foncé, peu brillant; les couvertures frangées de
couleur d'ocre ; les pennes de la queue marquées d'une lé-
gère bande de gris foncé; le ventre et les couvertures infé-
rieures de la queue nuancés de couleur olive et de gris ver-
dàfre; le bec gris et les pieds bruns.
Un caractère propre à toutes les variétés de cette espèce
consiste à avoir les plumes du cou échancrées à leur ex-
trémité.
Une variété est d'un vert plus paie , et assez uniforme sur
toutes les parties supérieures; dans une autre le ventre esl
moins bigarré de jaune et d'orange, que dans le kurukuru
d'Otaïti.
Le nom de 'kurukuru est, dit on, celui que cette espèce
porte dans l'île de Tongatahoo, la principale de l'archipel
des Amis. A Otaïti elle est appelée oopa ou oopara.
On ne sait rien sur les habitudes naturelles de cette espèce.
Latham dit qu'elle vit des fruits du bananier.
65. Colombe de Forster ; Columba Forsteri , Nob. (Oiseau
dont on a trouvé la ligure parmi les dessins originaux du
naturaliste Forster, sous le nom de Columba porplijracea.) 11
avoit d'abord été donné par M. Temminck , Col., page 78.
pi. 55, comme une simple variété du kurukuru ; mais cet or-
nithologiste, après avoir d'abord reconnu dans son Mémoire
sur des nouvelles espèces d'oiseaux, inséré au tome i3 des Trans-
actions de la société linéennc de Londres, qu'il devoit en
être distingué spécifiquement, l'y a néanmoins réuni de
nouveau comme simple variété dans ses Oiseaux coloriés.
JXous la considérerons néanmoins comme appartenant à une
espèce distincte, et nous lui aurions conservé le nom de C
porphyracea , que lui a donné Forster, si ce nouL ne se trou-
voit en double emploi avec celui de notre colombe n." 59.
La colombe dont il s'agit se trouve à Timor et aux iles des
Amis. Elle a, selon M. Temminck, le front et le sinciput d'un
violet-pourpré très-foncé, sans être entouré d'une bande jaune
(bande qui existe cependant dans la figure de Rlad.^ Knip ,
jointe à cette description). Le vert de toutes les parties supé-
rieures est plus foncé et plus bleuâtre que dans le kurukuru
proprement dit; les couvertures ne sont pas frangées de jaune :,
le ventre, ainsi que l'abdoinen, est vert; les pieds sont d'un
brun rougeàtre; le bec est noir.
66. Colombe ïambourf.tte ; Columba lympùnistria, Temm. ,
CoL, p]. 56. Cette espèce africaine, et du pays des Cafres, a
neuf pouces un quart de longueur totale. Son nom lui a été
imposé par Levaillant, à cause de la singularité de son rou-
coulement, qui ressemble beaucoup au bruit d'un tambourin
qu'on entend dans le lointain. Elle est vive dans ses mouve-
niens, et place son nid dans les grands bois, sur les sommi-
tés des plus hauts arbres.
Elle a le haut de la tête , le derrière du cou et tout le man-
teau, d'un brun terreux; les couvertures des ailes les plus
rapprochées du corps, marquées de quelques taches noirâtres
à reflets verts foncés; les pennes des ailes de couleur rousse
sur leurs barbes intérieures et brunes sur les extérieures , la
première étant la plus courte de toutes et tronquée sur l'ex-
trémité de ses barbes intérieures; le croupion d'un gris brun,
traversé de deux bandes plus foncées; les six pennes du mi-
lieu de la queue d'un brun roux, et les trois latérales de
chaque côté grises à la base , marquées de noir vers leur extré-
mité, avec l'extrême pointe grise; le front et un sourcil qui
s'y joint et passe sur l'œil de chaque côté, sont de couleur
blanche, ainsi que toutes les parties inférieures du corps; les
pieds sont jaunes; le bec et l'iris bruns.
La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que les parties in-
férieures de son corps sont d'un blanc sale, au lieu d'être d'un
blanc pur.
67. CoLOMBF, azurée; Columha ccvrulca, Temm., Col., pi. 07.
Cette charmante espèce a le front, tout le sommet de la
tête, le derrière du cou, le manteau, le croupion et la face
supérieure de la queue d'un bleu d'azur; l'œil entouré d'une
peau nue et rouge, ainsi que la partie charnue de la base
du bec, dont la corne est d'un blanc jaunâtre; une moustache
blanche, parlant de la commissure du bec et se portant eu
dessous et un peu au-delà de l'œil; la poitrine d'un brun-
clair mêlé de couleur vineuse; le ventre et les coiivertures
inférieures de la queue blanchâtres ; les tarses nus et de couleur
rouge ; l'iris jaune.
La figure de Mad.'^ Knip représente la gorge de la même
542 PIG
couleur brunâtre vineuse que la poitrine, et M. Tcraminck
dit que cette gorge est blanche.
Cet oiseau trés-rarq, et dont M. Temminck ne connoissoit
qu'un individu du cabinet de M. Holthuysen à Amsterdam,
habite, dit-on, le Bengale.
68.C0LOMKE émeraudine: Columha afra, Linn., Lath.; Temm.,
pi. 38 et 39 ; la Tourterelle du Sénégal, Buff. , pi. enl., n.° 1 60.
Ce pigeon a huit pouces de longueur totale; le sommet de
sa tête est d'un joli gris-clair qui y forme comme une petite
calotte ; sa gorge est blanche (ce que ne fait pas voir la figure
de Mad.* Knip); le dessous de son cou et sa poitrine sont
d'une très - légère couleur vineuse, qui blanchit encore
davantage sur le bas-ventre et les couvertures inférieures de
la queue; le derrière du cou, le manteau et les couvertures
des ailes sont d'un gris brun, et quelques-unes de ces der-
nières ont des taches d'un vert d'émeraude éclatant; les
pennes secondaires de l'aile sont rousses; les primaires sont
d'un gris brun ; le croupion est d'un gris cendré et tra-
versé de deux bandes noirâtres, dont on trouve deux pareilles
sur les couvertures supérieures de la queue; les pennes cau-
dales sont noires en dessous , excepté la plus latérale , qui a ses
barbes extérieures blanches dans les deux premiers tiers de
sa longueur; en dessus, les deux du milieu sont brunes, et les
latérales, d'un gris brun à leur origine, sont noirâtres vers le
bout: cette queue est très- courte et arrondie; le bec est noir-
brun; les yeux sont rougeâtres et les .pieds d'un rouge vineux.
La femelle, plus petite que le mâle, a les taches vertes des
couvertures de ses ailes moins grandes que celles de ce der-
nier.
Dans la variété décrite et figurée pi. 39 dans l'ouvrage
de M. Temminck, le plumage est d'une teinte plus claire, et
a plus de couleur vineuse ; les taches des couvertures des ailes
sont très-grandes et ont des reflets pourprés; enfin, les cou-
vertures inférieures de la queue sont noires.
Cette espèce se trouve dans la partie la plus méridionale de
l'Afrique, jusqu'au pays des Cafres, et se rencontre aussi au
Sénégal. Elle se tient le long des rivières, niche dans les buis-
sons et dans les ramifications du gaulis. Elle pond deux œufs
blancs.
PIG 343
Buffon a réuni à tort à cette espèce sa tourterelle à collier
du Sénégal (notre colombe blonde), et aussi la tourterelle à
gorge tachetée du Sénégal de Brisson , qui est notre colombe
«aillée.
6g. Cor.OMBE bleu-verdin; CoLumba cj'anovirens , Lesson et
Garnot (espèce inédite). Cette petite espèce, dont la des-
cription nous a été communiquée par MM. Garnot et Lesson,
a huit pouces six lignes de longueur totale; la tête, le des-
sus du corps, le croupion, les ailes et la queue en dessus
d'un vert-pré agréable ; l'occiput couvert dune sorte ('e
calotte d'un beau bleu indigo ; la gorge d'un gris cendré; la
'poitrine d'un vert grisâtre; le haut du venire et les flancs
d'un vert mêlé de queltiues petites bordures jaunes ; le bas-
ventre d'un blanc jaunâtre, qui s'étend de chaque côté de
manière à figurer une ceinture ; les plumes de l'anus blan-
ches et jaune -pâle; les couvertures du dessous de la queue
jaunes, mélangées de vert; des taches bleues, alongées sur
le centre des couvertures supérieures de l'aile, qui sont bor-
dées d'un liséré jaune ; les rémiges entièrement brunes et
bordées extérieurement par une étroite ligne d'un jaune
serin ; la queue, carrée, a quatorze pennes, vertes comme
le dos à leur origine , noires dans leur milieu, et ayant cha-
cune près de son extrémité et en dedans une tache blanche j
les deux plus latérales brunes, et bordées de jaune du côté
externe, ainsi que les trois suivantes; toutes brunes en des-
sous avec l'extrémité blanche; le bec mince et noir; l'iris
d'un brun rouge ; les tarses courts et presque entièrement
emplumcs ; les doigts d'un jaune- orangé vif.
Un individu plus petit que celui qui vient d'être décrit,
et qui étoit peut-être la femelle ou le jeune mâle de cette
espèce, avoit le plumage entier d'un vert - pré mêlé de
quelques nuances bleues sur les ailes, sans tache bleue à
l'occiput; le front cendré comme la gorge; une tache d'un
rouge ferrugineux au milieu de la poitrine; quelques plumes
•d'un gris blanc sur les grandes couvertures des ailes; l'ab-
domen d'un vert uniforme , mêlé de jaunâtre ; le bec jau^
nâtre et les doigts orangés. Du reste la disposition des teintes
générales du corps et des ailes, de la queue et de ses cou-
vertures inférieures, ainsi que des plumes anales, étoit par-
^44 PIG
faitement analogue à ce qui existe dans Viiidividu iiiàle.
Cette tourterelle habite les forêts de la Nouvelle- Guinée.
Elle a été observée aux environs du havre Dorery.
70. Colombe hyogastre : Coliimba hyogastra , Reinvv. ; Temm.
et Laug., Ois. color., pi. 262. Elle n'a que huit pouces de
longueur. Son front, ses joues et son menton sont d'un gris
cendré; le derrière de la tête, le cou, la poitrine, le dos en
entier, les flancs, les plumes des cuisses et la face supérieure
de la queue et des ailes sont d'un beau vert ; quelques
pennes alaires sont lisérées de jaune; le milieu du ventre est
marqué d'une large tache pourpre; le bas- ventre et les cou-
vertures inférieures de la queue sont jaunes; les pieds sont
rouges.
Elle provient de l'île des Cclèbes.
71. Colombe MOINE : Columba monacha, Reinw.; Temm. et
Laug., Ois. color., pi. 266. Cette jolie petite colombe, dont
la longueur est de sept pouces, a tout le sommet de la tête
et une tache oblique sur la partie des joues qui avoisine le
bec, d'un bleu-d'azur très- brillant ; un sourcil jaune ou une
bandelette passant sur l'œil et entourant l'occiput; une tache
jaune alongée sous la gorge; les joues, le cou en entier, le
dos et la poitrine, d'un beau vert, qui passe insensiblement
au jaune sur les flancs et le bas- ventre; une tache bleue
de moyenne étendue sur la poitrine; les pennes de l'aile
vertes et finement lisérées de jaune du côté extérieur; les
pennes caudales cendrées sur les barbes intérieures et ayant
une tache d'un vert -bleuâtre foncé vers le bout des plus
latérales, non visible lorsque la queue est fermée; les pieds
rouges.
Elle habite File des Céièbes.
72. Colombe A double collier; Columba bitorquata, Temm.,
Col., pi. 40. Elle a le front et le sommet de la tête d'un gris
cendré; les joues, la gorge, le cou, la poitrine, le haut du dos
et toute la partie antérieure du ventre d'une couleur vineuse
claire; un double collier formé d'une ligne blanche et d'une
ligne noire sur la nuque; le bas-ventre et les couvertures in-
férieures de la queue de couleur blanche; les couvertures
supérieures cendrées près du bord de l'aile; les rémiges secon-
daires et primaires, le bas du dos et les flancs d'un gris foncé:
PIG 345
Je croupion et les couvertures supérieures de la queue d'un
gris terreux, ainsi que les pennes intermédiaires caudales; les
trois plus extérieures de celles-ci noires en dedans, et d'un
gris blanchâtre en dehors; la seconde d'un gris foncé; les
tarses nus; les pieds rouges; le bec noir, à mandibule su-
périeure très -crochue; le tour de l'œil dénudé et rouge. La
longueur totale de cet oiseau est de onze pouces. Il est de l'Inde.
73. Colombe vineuse ; Columha vinacea , Temm. , pi. 4 1 • Cette
espèce, qu'il ne faut pas confondre avec le Columha vinacea
de Gmelin , a dix pouces de longueur totale; son bec a huit
lignes; sa queue est étagée comme celle de nos tourterelles
ordinaires, mais ses ailes sont plus courtes à proportion. La
tête, le cou, ainsi que toutes les parties inférieures du corps,
sont d'une belle couleur lie-de-vin ou pourpre foncé; les ailes,
le dos et la queue sont d'un brun de bistre uniforme; le bec
est noir; les pieds sont d'un rouge brun.
Elle habite la Guiane françoise.
74. Colombe Pampdsan : Columha Pampusan, Quoy et Gaim.,
Zool. du Voy. de la corvette l'Uranie , page 121, pi. 3o;
Colombe Rousseau; Columha xanthonura , Temm. et Laug. ,
Ois. col., pi. 190. Cette colombe, dont la longueur totale
est d'environ dix pouces, a la tête petite, d'un roux-foncé
tirant sur le rougeàtre ; le cou , la poitrine et le ventre
simplement roux; les plumes du dos roussàtres, à reflets mé-
talliques verdàtres; les scapulaires et les couvertures supé-
rieures et inférieures des ailes et de la queue , bordées de
roux vif; l'extrémité des grandes pennes de l'aile d'un brun
clair; la queue, assez longue, à peu près carrée, formée de
douze pennes, dont les deux latérales sont un peu plus
courtes que les autres, d'un roux - doré très-vif, avec une
large ligne noirâtre vers l'extrémité ; les deux pennes du
milieu étant d'un roux olivâtre, sans barre noire; le bec,
long de neuf lignes, noir, mince, effilé, un peu courbé à la
pointe, qui a une couleur de corne; les jambes longues et
rousses.
Elle a été rapportée de l'ile de Guam, l'une des Marianes,
par les naturalistes de l'expédition aux ordres du capitaine
Freycinet.
7S. CoLOMEE Tourterelle : Columha Turfur , Linn. , Lath.,
346 PIG
Tcmm., pi. 42; la Touiîtereile , Buff. , pi. en!., n." og^. La
longueur totale du corps de cet oiseau est de onze pouces; les
ailes s'étendent jusqu'aux trois quarts de la longueur de la
queue, et celle-ci, qui est assez grande, est foiblement éta-
gée. La tourterelle a le dessus de la tête et le derrière du cou
d'un gris cendré; les côtés du cou marqués d'une tache com-
posée de petites plumes noires, ferniinées de blanc; le dos,
le croupion et le dessus de la quene bruns; les plumes des
couvertures supérieures des ailes d'un brun noirâtre et large-
ment bordées de roux- clair; les petites couvertures du poi-
gnet de l'aile grises; les pennes des ailes d'un brun noirâtre,
avec une étroite bordure blanchâtre; la gorge, le dessous du
cou et la poitrine d'une belle couleur vineuse; les flancs gris;
le ventre en entier et les couvertures inférieures de la queue
d'un beau blanc ; les pennes de la queue d'un gris brun en
dessus, et noirâtres en dessous, toutes étant (moins les deux
intermédiaires) terminées de blanc ; la première de chaque
côté blanche aussi sur ses barbes extérieures; le tour des
yeux nu et rouge; l'iris d'un rouge jaunâtre; le bec brun-
bleuâtre; les pieds rouges.
Une variété de cette espèce, qui a été vue à la Chine et
au cap de Bonne - Espérance , a les taches maillées de noir et
de blanc des côtés du cou beaucoup plus larges que celles de
la tourterelle de notre pays. Dans une autre (la tourterelle
de Portugal, Buff.) tout le corps est d'un brun foncé; le cou
a des taches composées de quelques plumes noires, terminées
de blanc; les petites couvertures alaires sont noires, bordées
de blanc, et toutes les autres sont brunes, bordées de jaune;
les pennes des ailes sont noirâtres, lisérées de blanchâtre: les
deux moyennes de la queue sont cendrées et terminées de
blanc, et les latérales ont du blanc sur leur côté extérieur:
l'iris est jaune, le bec noir, et les pieds sont rouges.
L'espèce de la tourterelle appartient à toutes les contrées
méridionales et tempérées de l'ancien continent, de l'ouest à
l'est, depuis la France jusqu'à la Chine, et du nord au sud,
depuis l'Angleterre jusqu'en Afrique, où elle passe l'hiver.
Elle arrive dans notre pays vers le commencement de Mai, et
ne se rend que vers la fin du même mois dans les climats plus
septentrionaux. Après avoir niché et élevé sa nouvelle fa-
PIG 547
mille, elle nous quitte à la fin de l'été, pour se rendre dans
le Midi.
Cet oiseau va par petites troupes et vit en monogamie.
II est d'une complexion très -amoureuse et fait retentir les
bois de ses roucoulemens plaintifs. Il place ordinairement
son nid sur les sommités des plus hauts arbres dans la partie
des bois la plus fraîche et la plus sombre ; mais quelquefois
néanmoins il l'établit dans lés taillis. Ce nid, composé de
petites bûchettes, est fort plat et renferme deux œufs blancs,
rarement trois. Le nombre des couvées est de deux ou
de trois; le mâle et la femelle partagent alternativement les
soins de l'incubation.
La tourterelle d'Europe s'unit à la tourterelle à collier,
mais les petits qui résultent de cette union sont inféconds.
1^ 76. Colombe A NiiQUE perlée: CoZumia //gri/ia, Temm., CoL,
pi. 40; Columba suratensis, Linn., Lath.; Col. risoria, Varr.,
Lafh. ; la Tourterelle grise delà Chine, Sonnerat, Voyag.
aux Ind., tab. 102, et la Tourterelle de Surate, ejusd., Voyag.
aux Ind., p. 17g. Cette colombe, qui a beaucoup d'analogie
avec notre tourterelle, a dix pouces et demi de longueur. Le
haut de sa icte est d'un gris vineux ; sa gorge, blanchâtre,
prend une teinte vineuse sur le devant du cou ; la poitrine est
d'un vineux clair: la nuque est couverte de plumes échancrées
dans leur bout, dont l'ensemble forme un large demi-collier
noir et parsemé de taches quadrangulaircs blanches dans le
haut , et de taches pareilles mais de couleur terreuse dans le
bas, chacune de ces plumes étant noire et portant une de ces
taches ; le haut du dos est couvert de plumes d'un gris brun
et terminées de jaune -d'ocre ; les grandes couvertures rap-
prochées du corps sont d'un gris brun, et les petites du poi-
gnet d'un gris de cendre, la plupart ayant du noirâtre le
long de leur baguette, et du jaune- d'ocre sur leurs bords;
les grandes pennes alaires sont uQiràtres, légèrement frangées
de gris^:tre; les pennes moyennes , le croupion, les couver-
tures supérieures de la queue et les quatre pennes moyennes
de celle-ci sont d'un gris brun; les autres sont grises à leur
base , ensuite marquées d'une bande noirâtre transversale
dans leur nùlieu , et les trois latérales de chaque côté sont
terminées de blanc ; en dessous la queue est noire dans les
5/,8 PI G.
trois quarts de sa longueur, et le reste est blanc. (Mad/Knip
représente l'extrémité de la penne la plus extérieure blan-
châtre, et celle des trois suivantes de chaque côté de couleur
roussàtre.) Le ventre, les cuisses et les couvertures inférieures
de la queue sont blancs; les flancs ont une teinte de gris et
de vineux; le bec est noir, les yeux sont rouges et les pieds
jaunes.
La colombe à nuque perlée se trouve non-seulcmcnt à la
Chine, mais encore dans l'ile de Timor et dans celle de Java.
Dans cette dernière elle porte le nom de Frecoucou . elle y
est commune dans les forêts, et en habite de préférence la
lisière. On l'apprivoise aisément.
77. Colombe a collier roux : Columba humeralis , Temm. ,
Trans. soc. linn. , tome i5, page 128; Temm, et Lau<^. , Ois.
col., pi. igi. Cette nouvelle espèce, trouvée à Broad-Soundl|l
sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, par M.Robert
Brovvn , a dix pouces environ de longueur; elle a de la res-
semblance avec la colombe à nuque perlée, et surtout avec
la colombe peinte, par la forme de ses ailes et de sa queue.
Sa tcte , sa gorge et sa poitrine sont d'un cendré bleu ; le
large demi-collier qui orne sa nuque, est composé de plumes
d'un roux orangé et terminées chacune par une petite bande
noire; le ventre est blanchâtre, à reflets vineux surtout ap-
parens sur les flancs; le bas-ventre est d'un blanc pur, ainsi
que les couvertures inférieures de la queue; le dos, le crou-
pion , les couvertures supérieures des ailes sont d'un brun
cendré, et toutes les plumes de ces parties sont bordées de
noir; la queue, large à sa bas€ , est longue et étagée; toutes
ses pennes latérales sont en dessus brunes et terminées de
blanc, et les deux intermédiaires seulement sont d'un brun
cendré uniforme dans toute leur longueur; les pennes alaires
sont brunes extérieurement , et rousses intérieurement ; le
tour des yeux est nu et rougeâtre ; les pieds sont jaunes, et
le bec est d'un jaune bleuâtre.
La femelle ne diffère pas sensiblement du mâle.
78. Colombe Dussumier ; Columha Dussumieri , Temm. et
Laug. , Ois. col., pi. 188. Les formes générales rapprochent
cette colombe de la tourterelle d'Europe; mais elle en dif-
fère en ce que sa faille est un peu plus forte, et que les
PIG %
plumes qui forment le demi-collier de sa nuque , sont comme
gaufrées et un peu à reliefs métalliques, ce qui ne se voit
jamais dans les plumes qui composent de pareils colliers. La
tête est d'un cendré vineux, et la couleur vineuse devient
plus pure sur le cou, et particulièrement sur la poitrine;
le ventre présente la même teinte , mais très-affoiblie et
passant au blanchâtre; enfin, le bas -ventre et les couver-
tures inférieures de la queue sont presque blancs. Le demi-
collier qui orne le bas du cou en arrière ou la nuque, est
formé de plumes d"un cendré noirâtre et terminées chacune
par une petite bordure d'un vert métallique ; le dos, les
scapulaires et les couvertures alaires supérieures, les plus
rapprochées du corps, sont d'un gris-brun terreux; les pennes
caudales ont cette même couleur, à l'exception de la plus la-
térale de chaque côté , qui est blanche sur ses barbes exté-
rieures, et noirâtre sur les intérieures.
Cette espèce nouvelle se trouve auprès de Manille, dans
l'ile de Luçon.
79. CoLOMiiE BLONPE OU ToURTERELLE A COLLIER : Columha H-
soria, Linn., Lath.; Teinin., CoZ. , pi. 44 ; la Tourterelle a col-
lier, Buff. , pi. enl. , n." 244; la Tourterelle a collier du Se-!
NÉGAL, ejusd., pi. enl., n." lui ; la Tourterelle blonde, Levaill.,
Afriq. , pi. 268. Cet oiseau, qu'on nourrit fréquemment en
domesticité, est originaire d'Afrique et de l'Inde. En Egypte
on l'élève en liberté comme nous élevons les pigeons de
colombier. On le trouve communément sauvage au Sénégal,
et ce n'est que sur les contins du pays des grands Namaquoisi
que Levaillant en a rencontré l'espèce dans le Midi de l'A-
frique. Ses mœurs sont absolument semblables à celles de
notre tourterelle d'Europe.
Cette tourterelle a dix pouces et demi de longueur. Son
corps est d'un très -léger gris rosé, passant au blanc presque
pur sur les régions inférieures du corps, et prenant un ton
fauve- isabelle sur le dos et les ailes; les grandes pennes de
celles-ci sont noirâtres et bordées de fauve; les pennes de
la queue sont cendrées sur leur face supérieure, et toutes,
à l'exception des deux du milieu , terminées de blanc, la plus
latérale ayant ses barbes extérieures aussi blanches; la partie
postérieure du cou a un demi- collier noir de deux lignes
35o PIG
de largeur; le bec est noirâtre ; l'iris et les pieds soiit rouget.
Dans la femelle, le collier est plus étroit que dans le mâle,
et la poitrine est plus pâle.
Une variété blanche est distinguée de la colombe blanche
(voyez l'espèce n.° 82) par M. Temminck , parce que ses
plumes conservent toujours une très-légère teinte isabelle, et
que les plumes de la place du collier, quoique blanches, en
laissent néanmoins distinguer la trace.
M. Vieillot considère cette tourterelle blanche comme étant
de l'espèce de la blonde, malgré les différences que signale
M. Temminck , et il se fonde principalement sur ce que ces
deux oiseaux produisent ensemble, et que les petits qui
résultent de leur union sont féconds, ce qui n'a pas lieu pour
les métis de la tourterelle d'Europe et de la tourterelle blonde.
Le nom de risorla, donné à la tourterelle blonde, lui vient
de ce que le roucoulement du mâle a quelque ressemblance
avec un éclat de rire.
80. Colombe terrestre; Columha humilis, Temm. et Laug. ,
pi. 268 et 25g. Cette espèce, un peu plus grande que la co-
lombe blonde, en diffère par sa queue, qui est plus courte, et
par les couleurs du plumage, qui ne sont pas les mêmes dans
les deux sexes.
Le mâle, dont la longueur est de neuf pouces, a le dessus
de la tête, les joues et la nuque d'un cendré bleuâtre pur; un
demi-collier noir assez large, sans indice de taches blanches,
sur le bas du cou : le haut du dos , les scapulaires et toutes les
couvertures supérieures des ailes, d'une couleur lie-de-vin ou
pourpre rougeâtre ; le devant du cou , la poitrine et le ventre
delà même couleur, mais plus claire: les flancs, le bas du dos
elle croupion d'un cendré bleuâtre; le bas-ventre d'un cendré
blanchâtre: la queue grise en dessus, noire en dessous dans
ses deux premiers tiers, et blanchâtre dans le reste, la penne
extérieure de chaque côté étant blanche en dehors, et toutes
les latérales terminées de blanchâtre.
La femelle a un collier comme le mâle; mais tout son plu-
mage est d'un brun cendré ou couleur de terre; le front et les
grandes couvertures des ailes sont d'un cendré plus pur; le
bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue blan-
châtres; les rémiges noirâtres; le bec est noir.
PîG 35i
On trouve cette espèce au Bengale et dans Tîle de Lu-
yon. Elle vit habituellement à terre , où elle cherche sa
nourriture.
81. Colombe maillée : Columba cambayensis , Linn. , Lath. ;
Temm., Col., pi. 46; la Tourterelle a gorge tachetée du Sé-
négal, BulF. La Tourterelle maillée de Levaillant (Afr. , pK
270) est répandue dans une grande partie de l'Afrique, de-
puis le pays des grands Namaquois jusqu'au Sénégal , et se
trouve aussi dans l'Inde; car on ne sauroit la méconnoître
dans la tourterelle grise de Surate de Sonnerai ( Voy. aux
Indes, pag. 180). Elle a dix pouces de longueur. Sa tête et
le haut de son cou sont d'une belle couleur vineuse; sa poi-
trine, garnie de plumes échancrées au bout, est roussàtre et
variée de nombreuses petites lignes noires; le haut du dos
est d'un brun mêlé de roux, chaque plume y étant de la
première couleur à sa base, et terminée parla seconde; les
couvertures alaires les plus rapprochées du corps présentent
les mêmes teintes, et celles qui sont vers le poignet sont
grises; les grandes pennes de l'aile sont noirâtres et les
moyennes cendrées; le ventre a une légère teinte vineuse,
qui blanchit sous le bas-ventre et les couvertures inférieures
de la queue; les pennes de celle-ci sont noires en dessous,
depuis leur origine jusque vers la moitié de leur longueur, et
le reste est blanchâtre; en dessus les six pennes intermé-
diaires sont d'un brun cendré, et les trois latérales de chaque
côté sont plus foncées à leur origine, avec le bout blanc ; le
bec est d'un noir brun, jaunissant vers la pointe; les yeux
sont orangés et les pieds d'un rouge clair.
La femelle , plus petite que le mâle, a ses couleurs moins
vives.
Cette colombe niche sur les arbres, roucoule comme la
tourterelle et pond deux œufs blancs.
82. Colombe blanche; Columha alha, Temm., Col., pi. 46.
Cette espèce est plus petite que la colombe blonde, avec la
variété blanche de laquelle M. Vieillot la confond ; sa queue
est plus courte et ses ailes sont plus longues à proportion;
tout son plumage est blanc de lait, sans teinte vineuse ou
isabelle, ni collier noir; les pieds sont d'un rouge rosé; l'iris
est rouge et le bec d'un rouge noirâtre.
35a piQ
Elle paroît être originaire de la Chine. En domesticité
elle redoute beaucoup le froid de nos climats.
83. Colombe longup; Columba Icphotes, Temm. et Laug. ,
Ois. Color. , pi. 142. Elle a été trouvée récemment dans l'in-
térieur de la Nouvelle-Hollande, au-delà des montagnes
Bleues qui ceignent le comté de Cumberland. Ses caractères
généraux la rapprochent du groupe des tourterelles. Sa lon-
gueur totale est de douze pouces environ; ses formes sont'
sveltes.
Elle est surtout remarquable par une longue huppe hori-
zontale de plumes effilées, qui garnit son occiput et qui est
tout -à- fait semblable, par sa forme et la direction de ses
plumes, à la huppe du vanneau d'Europe. Sa tête, le devant
de son cou, sa poitrine et son ventre, sont d'un gris cendré;
sa huppe est d'un gris noirâtre; le derrière du cou ou la
nuque est d'un cendré vineux; son dos et les petites cou-
vertures de ses ailes sont d'un brun cendré; sur les couver-
tures, chaque plume a une petite barre noire, transverse
dans son milieu, et le bout est d'un cendré roussàtre, d'où
il résulte un grivelé très -agréable de gris, de noir et de
Toussàtre ; chacune des grandes couvertures alaires est ter-
minée par une plaque d'un vert métallique très-brillant et
lisérée de blanc; les pennes sont d'un gris-cendré très-foncé,
et chacune des secondaires porte une tache d'un pourpre
brillant, à reflets métalliques sur ses barbes extérieures, qui
sont, comme les grandes couvertures, lisérées de blanc; les
pennes caudales sont d'un noir à reflets verts et violets, avec
leur extrémité blanche ; les pieds sont rouges ; le bec est
noir, petit et mince.
84. Colombe peinte : CoZumia picturala, Temm. et Laug. .
Ois. col., pi. 242; Temminck, Pig. , in- 8.", page ii5; Co-
lumba picturata et CoL Dufresnii, Shaw. Cette espèce , dont la
longueur est de onze à douze pouces, a la queue longue,
foiblement arrondie; la tête, la gorge et la nuque d'un gris
cendré ; le bas du cou, la poitrine et le haut du ventre
d'une couleur vineuse claire : les côtés du cou couverts de
plumes échancrées, noires à leur base, et terminées de cou-
leur vineuse ; le manteau et les petites couvertures des aileSt
d'un vineux assez foncé; le dos, le croupion et les flancs
PIG 353
gris ;le bas- ventre et les couvertures inférieures de la queue
blanchâtres; les pennes des ailes et les deux intermédiaires
de la queue d'un brun cendré, et les latérales d'un gris noi-
râtre à la base, noires vers les trois quarts de leur longueur
et terminées de cendré; toutes les pennes caudales noires en
dessous et terminées de blanc grisâtre; le bec et les pieds
d'un bleu cendré ou couleur de plomb. •
Elle est de passage à l'Isle- de -France. M. Temminck pense
qu'elle doit aussi se trouver à Madagascar.
85. Colombe a large queue : Columba malaccensis et Co-
lumha hantamensis , Lath. ; Columba striata. Mus. Carlson. ,
tab. 67; la Petite TOURTERELLE de Queda, Sonnerat , Voyage
aux Indes, tome 2, page 177 ; Tourterelle rayée des Indes,
Buff. Elle a huit pouces de longueur, sur quoi sa queue
en prend Ja moitié; ses ailes, courtes, dépassent à peine
l'origine des pennes caudales; sa queue est composée de qua-
torze pennes, dont les deux latérales sont très-étagées et
les dix du milieu presque égales; l'oiseau l'étalé très-sou-
vent en forme d'éventail; le front et la gorge sont d'un gris
bleuâtre clair; le dessus de la tête jusqu'à l'occiput est bru-
nâtre; la nuque et les côtés du cou sont couverts de plumes
écailleuses ou maillées roussàtres et terminées par un petit
liséré noir; le dos, les couvertures des ailes et le croupion
sont d'un gris terreux, toutes les plumes de ces parties étant
bordées de noir dans leur extrémité ; les grandes et moyennes
pennes alaires sont d'un brun noir en dessus ; le milieu
de la poitrine est de couleur vineuse ; le ventre et le bas-
ventre sont blancs (et maillés de brun dans la ligure de
Mad.*" Knip , ce que n'indique pas la description) ; les pennes
de la queue sont généralement d'un noir brun et terminées
de blanc ; les deux intermédiaires sont en entier d'un brun
terreux; le bec est noir et lavé de jaune à sa base et à sa
pointe; l'iris et les pieds sont de couleur d'orpiment. Dans
la femelle les couleurs sont plus ternes et les raies transver-
sales noires des extrémités des plumes moins tranchées que
dans le mâle.
Cette espèce se trouve dans la presqu'île de l'Inde , au-delà
du Gange , aux Moluques et dans les iles de la Sonde. Elle
a été transportée à l'Isle-de-France, où elle a pullulé. A Java,
40. 25
-554 PICx
selon les observations de feu M. Lesclienault, elle fréquentt
les lisières des grands bois et établit son nid sur les arbres
élevés. Les Javans la considèrent comme de bon augure
et se la procurent à prix d'argent pour l'élever en domes-
ticité, persuadés que le roucoulement de cet oiseau empêche
les maléfices dont ils peuvent être l'objet. Us lui donnent
le nom de houron - percoutoute. A la Chine elle est appelée
foivat.
Les pennes latérales de la queue , étagées dans cette espèce ,
tandis que celles du milieu ne le sont pas, montrent en elle
un passage à la seconde division de la section des colombes
proprement dites. Les deux espèces, Columba malaccensis et
hantamensis de Latham , placées par cet ornithologiste, la pre-
mière parmi les colombes à queue non étagée, et la seconde
parmi les colombes à queue très-étagée , doivent être réunies
pour constituer l'espèce que nous décrivons.
86. Coi.OiMBE Geoffroy; Columba GeoJJ'roji, Temm. , Col.,
pi. 57. Cette jolie colombe est originaire du Brésil. Sa lon-
gueur totale est d'environ huit pouces. Elle a le dessus de
la tête et le devant du cou d'un gris blanc, qui se change
en gris-de-perle mat sur tout le reste du corps ; sa queue,
dont les pennes sont foiblement étagées, est d'un blanc-bleuâ-
tre très-cldir; ses épaules présentent cinq ou six taches d"un
noir- violet changeant en bleu ou en vert; d'autres taches
pareilles sont sur les grandes couvertures alaires, et il y en
a aussi de rousses, couleur de tabac d'Espagne; chacune de
celles-ci est terminée postérieurement par une ligne noire;
le bec est noir; les pieds sont rouges.
87. Colombe SOURIS ; Columba cinerea, Temm., pi. 58. Cette
autre petite espèce du Brésil n'a que sept pouces de lon-
gueur; sa queue est un peu plus étagée que celle delà pré-
cédente, quoique fort peu. Le mâle a le front, la gorge, le des-
sous du cou, la poitrine et le ventre en entier d'un blanc lé-
gèrement teint de gris-bleu; le dessus de la tête, le derrière
et les côfés du cou, ainsi que le haut du dos, d'un gris-bleu
plus foncé; le manteau, les couvertures des ailes, le crou-
pon et les deux pennes intermédiaires de la queue, ainsi
que l'origine des latérales, d'un gris de souris; les grandes
pennes alaires d'un gris brun; les pennes latérales de la queue
PIG 355
noires extérieurement dans les trois quarts de leur longueur:
le bec jaune et les pieds rouges.
La figure de Mad/ Knip présente de petites taches bleues
sur les couvertures supérieures de l'aile, dont la description
ne fait aucune mention.
La colombe souris femelle diffère beaucoup du mâle. M.
Temminck l'a figurée pi. 260 des Oiseaux coloriés. Sa gorge,
son ventre, son bas-ventre et ses flancs sont d'un blanc lé-
gèrement teint de cendré; la poitrine et les côtés du cou
sont d'un brun cendré ; toutes les parties supérieures d'un
brun foncé; les taches des ailes d'un brun pourpre; les deux
pennes intermédiaires de la queue d'un brun roussàtre , les
autres noires, avec un peu de roussàtre à la base et, sur les
barbes extérieures et la plus latérale de chaque côté, bordées
de roux -clair.
88. Colombe ÉCAILLÉE iColumha squamosa , Temm., Col., pi. 5i.}.
Cette colombe est des environs de Bahia au Brésil. Sa longueur
totale ne dépasse guère huit pouces, sur quoi sa queue en
prend trois; cette queue , composée de quatorze pennes, a
les dix intermédiaires d'égale grandeur, et les deux latérales
de chaque côté beaucoup plus courtes et étagées entre elles.
Tout le plumage est écailleux ou maillé, chacune des plumes
étant entourée d'une bordure noire ou noirâtre qui en des-
sine le contour; le fond de celles de la tête et du derrière
du cou est d'un gris vineux; celui des plumes du devant
du cou et de la poitrine d'un vineux très- clair; celui des
plumes du ventre blanchâtre, etc. La couleur des plumes
du dos , du croupion , des grandes couvertures alaires et
des pennes moyennes de la queue est le gris terreux; celle
des pennes moyennes et d'une partie des petites couvertures
est le blanc; les grandes pennes de l'aile sont noires, ainsi
que le commencement de celles de la queue , dont les quatre
latérales de chaque côté sont terminées par un grand espace
blanc; le bec est noir et les pieds sont rouges.
** Colombes à queue fortement éiagée dans la forme d'uu cône.
89. Colombe voyageuse : Columba migratoria , Linn. , Gmel. ;
Temm., Col. , pi. 48 (mâle) et 4g (fem.) ; Columba canadensis ,
Linn., Lath. (fem.); Tourterelle de Canada, Buff. , pi. enl.
556 PIG
n." 176 (fcm.); Pigeon de passage, ejutd. Cet oiseau a^^té
mal connu par les ornithologistes, q\ii la plupart ont décrit
le mâle et la femelle comme appartenant à deux espèces dis-
tinctes.
Le mâle a seize pouces de longueur totale. Sa ttte , le der-
rière de son cou, son croupion et les moyennes couvertures
de ses ailes, sont d'un gris-cendré bleuâtre; le bas du cou
de chaque côté présente plusieurs plumes violacée's , à reflets
dorés ; le dos et les grandes couvertures des ailes sont d'un gris
terreux, et les dernières ont quelques taches noires, dispo-
sées irrégulièrement sur leurs barbes extérieures; les grandes
pennes de l'aile sont noirâtres et bordées de blanc-roussâtre ;
la poitrine, le devant du cou et le ventre sont d'un rouX
vineux, passant au blanchâtre et au^ blanc sous le bas- ventre
et les couvertures inférieures de la queue; celle-ci est étagée
et les ailes arrivent à peu près au milieu de sa longueur;
les deux pennes intermédiaires sont noirâtres, et toutes les
autres d'un gris blanchâtre en dessus, tandis qu'en dessous
elles présentent une gi^ande tache rousse, suivie d'une tache
noirâtre sur leurs barbes intérieures et près de leur origine;
le tour de l'œil est nu et rouge; l'iris d'un rouge orangé; le
bec noir et les pieds sont rouges.
La femtUe est d'un pouce plus petite que le mâle. Sa tète,
son cou, sa poitrine et son dos sont d'un gris brun; le bas
des côtés du cou a des plumes violettes , mais sans reflets
dorés comme dans le mâle; les grandes couvertures des ailes
sont grises et marquées irrégulièrement de taches noires; le
croupion est d'un gris cendré, avec les couvertures supérieures
et les deux pennes intermédiaires de la queue d'un brun ter-
reux, toutes les autres étant d'un gris blanc; en dessous ces
pennes ont à leur base les taches rousses et noires qu'on voit
sur celles des mâles; le ventre en entier est d'un blanc grisâtre.
Une variété, regardée par Brisson comme la femelle de la
tourterelle du Canada, a toutes les plumes de la tête , du cou ,
de la poitrine et du haut du dos terminées par une bande d'un
blanc grisâtre.
Cette espèce , qui voyage en Amérique, entre les 20.* et 60."
degrés de latitude septentrionale, c'est-à-dire entre la Loui-
siane et le Canada, se porte du sud au nord et du nord au
PIG 357
sud, de manière à éviter les trop grands froids et les trop
fortes chaleurs : ses troupes sont quelquefois si nombreuses,
qu'elles obscurcissent l'air. Elle fait son nid sur les grands
arbres et y pond deux œufs blancs.
Comme sa chair est très -bonne à manger, on lui donne la
chasse à l'époque de ses migrations. On en tue beaucoup alors,
parce qu'il n'est pas difficile de l'approcher. M. Temminck.
rapporte qu'à la Louisiane , lorsque des chasseurs se sont assu-
rés qu'une troupe de ces pigeons a pris possession d'un arbre,
pour s'y reposer, ils l'entourent d'herbes odoriférantes et y
mettent le feu; les colombes, suffoquées par la fumée , ajoute-
t-il, tombent de l'arbre et deviennent pour eux une proie
facile.
go. Colombe phasianelle : Columha phasianella, Temm. ,
Trans. soc. linn. , t. i3, p. 129; Temm. et Laug. , Ois. col.,
pi. 100; la Tourterelle d'Amboine, BufF. , Ois., tome 2 ,
page 557; Columha amboinensis, Lath., Index ornith., vol. 2,
sp. 74. La taille (quatorze à quinze pouces) et les formes de
cette colombe sont semblables à celles de la colombe voya-
geuse; sa queue, plus longue à proportion, est étagée comme
celle des faisans ; la tête, le devant du cou et toutes les parties
inférieures du corps, ainsi que la face inférieure de la queue,
sont d'un rougeàtre-bai très -vif; la gorge est blanchâtre ou
jaunâtre; le derrière du cou ou la nuque est d'un violet
pourpré, à reflets dorés; le dos, les ailes, le croupion, la
face supérieure de la queue sont d'un brun rougeàtre; il y a
du noirâtre vers le bout des pennes latérales de cette queue;
les pieds et le bec sont d'un brun rougeàtre; le tour de l'œil
est rouge. Dans les jeunes de l'année, les parties supérieures
du corps, d'un brun rougeàtre, sont rayés transversalement
de noir ; les inférieures le sont aussi sur un fond roux jau-
nâtre. Plus tard les bandes du dos sont plus larges et moins
nombreuses; il y a du vert à reflets métalliques pourprés
sur le bas du cou; le dessous, excepté la poitrine, est de
couleur vineuse et rayé de nombreuses bandes noires en
zigzag.
Cette espèce habite les îles de la Sonde, les Moluques , les
Philippines et quelques points de la Nouvelle- Hollande. Elle
se nourrit du fruit du pimentier.
358 PIG
91. Colombe Reinwardt; Columha Reinaardtii , Temin. et
Laug., O'S. col., pi. 248. Elle est plus grande que la colombe
phasianelle. Sa queue est plus longue et plus étagée. Son bec
est remarquable en ce que les deux mandibules sont renflées
un peu avant le bout. La tête et la nuque sont d'un cendré
clair ; la face et le devant du cou blancs ; la poitrine et le
ventre d'un blanc légèrement teinté de gris; les cuisses et
les couvertures inférieures de la queue d'un blanc gris de
plomb ; le dos, les scapulaires, les couvertures des ailes, les
quatre pennes moyennes de la queue (beaucoup plus grandes
que les autres), de couleur cannelle; les petites et les
moyennes couvertures de l'aile, prés du poignet, et les ré-
miges , d'un noir plein ; les quatre pennes latérales de la queue,
de chaque côté et en dessus, noires à leur base, cendrées dans
leur milieu, et terminées de noir ou de roux ; l'extérieure
est bordée de blanc. La ligure montre en dessous toutes ces
pennes de couleur cannelle , moins les deux latérales de
chaque côté, qui sont grises sur leurs barbes internes et tra-
versées d'une bande noire vers le bout, le bord de la pre-
mière étant blanc, et une petite tache de cette couleur se
trouvant vers la pointe externe de la seconde et en dehors*
Le tour de l'œil et un espace qui se porte jusqu'à la base
du bec, sont dépourvus de plumes, et rouges; les pieds sont
de cette même couleur. La longueur totale de l'oiseau est
de dix- huit à dix- neuf pouces.
Cette espèce vit dans l'île des Célèbes.
92. Colombe tourte : Columha carolinensis , Linn., Lath. ;
Temm. , Col., pi. 5o; Columha marginala, Lath.; la Tourte ou
Tourterelle de la Caroline, Buff., pi. enlum. , n.° lyS (fem.) ;
la Tourterelle d'Amérique, ejusd., Ois. , tom. 2 , pag. 662 ; la
Tourterelle a longue queue, Edwards, Birds, tab. i 5 (mâle).
Le mâle et la femelle de cette espèce ont encore été décrits
comme appartenant à deux espèces différentes. Le premier
est long de onze pouces, sur quoi sa queue en prend cinq ,
et sts ailes, ployées , n'atteignent qu'au quart de celle-ci.
Il a la partie antérieure de la tête et la gorge d'un brun
roussàtre; l'occiput d'un cendré bleu; le manteau d'un gris-
brun foncé , avec des taches noires ovales sur les scapu-
laires et sur les grandes couvertures alaires les plus rappro-
PIG 359
chées du corps; le bas du dos, le croupion et les couver-
tures supérieures de la queue d'un brun cendré; le devant
du cou et la poitrine d'un rouge vineux, qui s'éclaircit sous
le ventre et sur les flancs. Le bas du cou offre quelques re-
flets dorés et violets; une ligne blanche étroite va de la com-
missure du bec à l'œil, et au-dessous de l'orifice de l'oreille
est une petite tache composée de plumes noires, lustrées de
violet; les pennes de l'aile sont brunes, avec leur bord ex-
térieur roussàfre; la penne de la queue qui vient après l'in-
termédiaire, est d'un brun cendré; les deux qui suivent sont
cendrées, avec du noir dans leur milieu ; les trois latérales sont
cendrées depuis leur origine jusqu'au milieu , ensuite elles ont
du noir, et toutes sont terminées de blanc; le tour des yeux
est nu et de couleur terne; l'iris est brun; le bec couleur de
corne ; les pieds sont rougeàtres.
La femelle, un peu plus petite, n'a pas de tache violacée
au-dessous de l'oreille, ni de reflets dorés au bas du cou;
tout le dessous de son corps est d'un cendré brun.
Cet oiseau se trouve à la Caroline, dans les îles du golfe
du Mexique et au Brésil.
93. CotOMBE A MOUSTACHES NOIRES : Columha dominicensis ,
Linn., Lath.; Temm,, Col,, pi. 5i ; la Tourterelle de Satm-
DoMiNCUE, Bufl'. , pi. enl., n." 487. Cette jolie colombe a onze
pouces de longueur totale. Son front, sa gorge , ses joues et
le derrière de sa tête sont blancs; une moustache, de cou-
leur noirâtre, prend à l'angle du bec, se porte sous l'œil et
se prolonge un peu en arrière; le sommet delà tête, et d'un
œil à l'autre , est traversé par une bande noire ; un collier
noir entoure le cou ; la poitrine est d'une couleur vineuse
pourprée et à reflets métalliques; le ventre d'un brun cendré;
toutes les parties supérieures sont d'un brun terreux; les sca-
pulaires et les couvertures des ailes d'un gris brun, avec «ne
tache alongée, pointue et noire, le long de la baguette de
chacune ; les pennes alaires noirâtres, et extérieurement bor-
dées de gris-blanc ; les neuf pennes intermédiaires de la queue
grises, et toutes, à l'exKeplion de celles du milieu, sont ter-
minées de blanc ; les pieds, dont le tarse est nu , sont rou-
geàtres ; le bec est noir.
La figure de Mad.'' Knjp diffère de cette description, en
3Co PIG
*ce que du vineux se remarque derrière la bande noire Irans-
verse du dessus de la tête; en ce que la poitrine est rouge,
le ventre jaune, et que les huit pennes intermédiaires de la
queue sont entièrement grises , avec les trois latérales de
chaque côté toutes blanches.
Cette espèce américaine paroît habiter les îles du golfe
du Mexique et la terre ferme circonvoisine.
94. Colombe Maugb; Columha Maiigei, Temm., Col., pi. Si.
Ce pigeon a surtout de l'analogie avec la colombe large-
queue; mais il est plus grand et en diffère à plusieurs égards,
ainsi qu'on pourra en juger par la description suivante. Sa
taille est de dix pouces, et sa queue , composée de douze
pennes, est fortement étagéc; le front et la gorge sont d'un
gris de plomb ; le devant du cou , la poitrine , les flancs et le
ventre sont rayés de bandes étroites, transverses et alterna-
tives, de noir et de blanc; le dos est gris terreux, avec des
tnches irrégulières plus foncées ; les deux pennes intermé-
diaires de la queue sont d'un gris terreux dans toute leur lon-
gueur, et les latérales noires avec le bout blanc; le bec et
les pieds sont noirs.
La figure de Mad.'' Knip nous paroît défectueuse , en ce
qu'elle montre précisément le caractère que M.Temminck in-
dique comme propre à la colombe à large queue : c'est-à-dire
d'avoir les pennes caudales égales, excepté les deux latérales
de chaque côté, qui sont plus courtes et étagées: une queue
fortement étagée , telle que M. Temminck l'indique pour la
colombe Maugé, devroit avoir toutes ses pennes latérales de
grandeur progressivement décroissante, depuis la plus inté-
rieure jusqu'à la plus extérieure.
Cette espèce a été trouvée par feu Maugé dans une des iles
de l'Australasie.
96. Colombe tourtelette : Columha capensis , Linn., Gmel. ;
Temm. , Co/., pi. 53 et 64; la Tourtelette, Buff., Ois. , vol. 2,
p. 554; IS' Tourterelle a cravate noire, Buff., pi. enlum. ,
n." 140, mâle. Cette espèce, à peine de la taille du moineau,
a une taille svelte et une longueur assez considérable, puis-
qu'elle est de neuf pouces et demi; mais cette longueur est
due à celle de la queiie , qui n'a pas moins de cinq pouces un
quart, et qui est très- étagée : les ailes n'atteignent que son
premier tiers,
PIG 36i
Le mâle a la face, le devant du cou et le milieu de la
poitrine d'un beau noir , que Mad/ Knip a ch.mgé en
pourpre dans sa figure; le sommet et le derrière de la tête,
la partie postérieure du cou et le manteau, les couvertures
supérieures des ailes et de la queue, d'un cendré terreux;
quelques taches d'un noir violacé à reflets dorés sur les cou-
vertures alaires; les rémiges rousses sur leurs barbes inté-
rieures, et noirâtres sur les extérieures et vers le bout. (La
figure montre du rouge vif sur la base extérieure de ces
pennes, quoiqu'il n'en soit pas fait mention dans la descrip-
tion. ) Les pennes caudales sont grises à leur origine; les
six intermédiaires terminées de noirâtre ( ces six pennes sont
brunes dans la figure), et les latérales ont une bande noire
vers leur extrémité, dont la pointe est grise ; la plus exté-
rieure de chaque côté a ses barbes extérieures blanches; en
dessous cette queue est entièrement noire; le ventre et
le bas-ventre sont d'un blanc pur; le bec est jaunâtre et les
pieds sont rouges.
La femelle a la tête, le cou, la poitrine, le dos en en-
tier, les grandes couvertures des ailes, et le dessus des deux
pennes intermédiaires de la queue d'un gris terreux; les pe-
tites couvertures alaires d'un gris cendré; le croupion tra-
versé, comme dans le mâle, par trois petites bandts noires;
le ventre et le bas-ventre blancs.
Un jeune individu, figuré par MM. Temminck et Laugier,
Ois. color. , pi. 541, a le dessus de la tête d'un gris rous-
sâtre, avec de petites ondes brunes transversales; le front et
la gorge grisâtres ; la poitrine et le dessous du cou blanchâtres,
avec des taches transversales brunes, placées à l'extrémité des
plumes de ces parties; le ventre blanc; les plumes des cou-
vertures des ailes grises, puis terminées par une petite barre
transverse noire , suivie d'une barre rousse et d'une tache
blanche; les grandes pennes rousses, avec une bordure noire
dans leur extrémité, au-delà de laquelle est un liséré fauve;
le dos et le croupion gris terreux; les longues pennes du mi-
lieu de la queue de la même couleur , et les latérales gi'ises,
avec du noir et du blanc au bout.
Cette espèce habite le Sénégal et les parties plus méridio-
nales de l'Afrique.
562 PIG
96. CotOMBE TOURTELINE; Columha turturina , Nob. ; Temm.
et Laug. , Ois. color. , pi. 041. Celle-ci, qui ne nous est
connue que par la seule figure qu'en ont donnée MM. Tem-
minck et Laugier, paroît être est la plus petite de toutes
les colombes. Son front est d'un gris d'ardoise ; son dos d'un
gris-brun de fauvette ; sa poitrine d'un vineux très -clair; sa
gorge roussâtre; son bas-venlre blanchâtre ; ses ailes sont de
la couleur du corps, avec les grandes couvertures alaires
terminées par des taches blanches, précédées de taches noires,
qui donnent lieu à deux doubles lignes de ces couleurs en
travers de l'aile; les six pennes intermédiaires de la queue
(qui est très -longue) sont du gris- brun du dos ; toutes les
latérales noires du côté interne et bordées de blanc, qui va
en s'élargissant depuis leur base jusqu'à leur pointe. Sa patrie
ne nous est pas connue.
97. Colombe Macquarie ; Columha Macquarie , Quoy et Gai-
mard , Zool, de l'expédition de la corvette l'Uranie, pi. 01.
Cette espèce, de la Nouvelle -Hollande, est décrite d'après
un dessin remis à MM. Quoy et Gaimard par M. Macquarie,
ancien gouverneur de la Nouvelle-Galles du sud. Sa longueur
totale est d'un peu plus de sept pouces, sur quoi la queue en
prend trois et demi. La tête, le cou et la poitrine , sont d'un
cendré bleuâtre; le ventre est d'un blanc sale; le dos et le
croupion sont d'un brun clair; les petites couvertures des
ailes brunâtres et irrégulièrement parsemées de nombreuses
taches oculaires, blanches, bordées de noir dans la moitié
de leur contour; les grandes couvertures sont cendrées, avec
des taches comme ci -dessus à leur extrémité. Quelques lu-
nules brunes se font remarquer sur plusieurs des pennes
alaires, qui sont d'un brun rougeâtre ; la queue est étagée et
pointue; les couvertures supérieures et les premières ])ennes
sont d'un cendré bleuâtre, comme la gorge; les pieds sont
rougeàtres , assez longs; le bec est noir; l'œil entouré d'un
cercle aurore, au milieu duquel se dessine le rebord noir
et piqueté des paupières; l'iris rougeâfre.
PIG 363
3/ Section.
COLOMBARS, Levaill. -,' Vinago , Cuv.
Bec épais, un peu gros, comprimé par les côtés et sensiblement
renflé vers la pointe; tarses courts 5 doigts réunis à leur base.
98. CoLOMBAR commandeur: ColumhcL militaris, Temm., Col.^
pi. 1 ; Colurnba Sancti Thomœ , Lath., GmeL; Pigeon de l'îi.e
Saint-Thomas, Buff. , Ois., tome 2. Cette grande espèce a
douze pouces et demi de longueur totale; son bec n'a que
onze lignes et est très-robuste. Le mâle a la tête d'un gris-bleu
clair; le cou jaune en devant et un peu en arrière, où cette
couleur est séparée de celle du dos par une bande trans-
verse d'un gris -bleu cendré; le dos d'un vert-pomme sale ,
qui se change en gris sur le croupion; une tache d'un brun
pourpré sur les petites couvertures du poignet de l'aile ;
les pennes alaires noires, les plus grandes étant frangées sur
leur côté extérieur de jaune blanchâtre, et les dernières do
jaune olivacé; le ventre d'un gris bleuâtre; les plumes des
cuisses d'un jaune de paille; les couvertures inférieures de la
queue rousses et terminées de bleu; le dessus des deux pennes
intermédiaires de la queue vert comme le dos; la base de
toutes les latérales de la même couleur , avec l'extrémité grise ;
le dessous de ces pennes noir, avec l'extrémité d'un gris blan-
châtre; les tarses nus et rouges.
Dans la femelle, le plastron jaune du mâle est remplacé
par du vert-jaunâtre sale; la nuque est d'un olive foncé, la
bande transverse du haut du dos d'un gris clair; les épaulettes
sont d'un pourpre passant au lilas; les scapulaires d'un vert
grisâtre; le ventre est verdâtre ; les pennes latérales de la
queue sont grises dans toute leur longueur, et les deux
moyennes vertes ; les plumes du bas-ventre jaunes à leur
pointe. Les jeunes sont plus ou moins grisâtres en dessus et
olivacés en dessous.
Ce colombar est des Indes.
9g. Coi.oMBAR MAiTsou : Columha australis , Lath. , Linu, ;
Temm., CoL, pi. 3; le Pigeon ramier vert de Madagascar..
BufiF. , pi. enl. , n." 111. Il est de la taille du précédent. Sa
tC-le, sou cou, sa poitrine et son ventre sont d'un vert-oli-
364 PIG
vàtre clair; son dos, son croupion, les couvertures du dessus
de l'aile et du dessous de la queue sont d'un vert foncé;
l'épauletfe porte une petite tache d'un brun pourpre; une
bande transverse jaune se voit sur Taile, et est formée par
les extrémités des grandes couvertures , qui sont de cette
couleur; les grandes pennes alaires sont noires et bordées
d'une ligne jaune; la face supérieure de la queue est d'un
gris foncé dans ses trois premiers quarts , et d'un gris clair
dans le reste; en dessous elle est noire à sa base et termi-
née de blanchâtre; les plumes des tarses sont vertes et pro-
longées jusqu'tà l'origine des doigts ; le bas-ventre est de
cette couleur, avec des taches blanches ; les couvertures in-
férieures de la queue sont rousses, avec l'extrémité blanche;
la peau nue de la base du bec est rougeàtre, la corne en est
grise; les doigts sont rouges.
Cet oiseau est de Madagascar, oii les naturels le nomment
Fo«rnmgo-maiY50«. Il diffère spécifiquement du Fourningo-me-
narabou {Columha. rnadagascariensis , Lath.), espèce n.°43 , avec
lequel Buffon l'a confondu.
loo. CoLOMBAR Capelle; Columbd Capellei , Temm. et Laug. ,
Ois. color. , pi. 145. Cette espèce a été découverte récem-
ment, dans l'intérieur de l'ile de Java et de la presqu'île de
Sumatra, par M. Reinwardt. Elle est de la taille des plus
grandes espèces de colombars; c'est-à-dire, que sa longueur
totale est de treize pouces environ. Son bec présente les ca-
ractères bien marqués des oiseaux de cette division ; il est
plus fort et plus comprimé que celui d'aucun d'entre eux.
Le mâle a le front cendré verdàtre ; le restant de la tête,
la gorge, le croupion et toutes les parties inférieures du
corps, la poitrine exceptée, d'un vert clair, et comme sau-
poudré de gris cendré ; la poitrine est d'un jaune mordoré;
la nuque, le dos et les ailes sont d'un A'ert foncé; les grandes
pennes alaires d'un noir profond; les secondaires et quel-
ques couvertures, du même noir, et bordées extérieurement
de jaune pur; les pennes latérales de la queue, en dessus,
grises à leur base, puis marquées d'une large bande trans-
versale noire et terminées de gris clair, noires et à pointes
blanchâtres en dessous ; les couvertures inférieures de la
queue d'un roux marron; les pieds rouges.
PIG 365
La femelle a plus de cendré que le mâle mélangé au vert
de son plumage; la tache jaune -mordoré de la poitrine
remplacée par une teinte verte jaunâtre ; un peu de ver-
dàtre dans les couleurs de la queue, qui sont d'ailleurs les
mêmes que celles de la queue du mâle; les couvertures in-
férieures de cette partie blanchâtres et tachetées de vert;
quelques plumes blanchâtres au bas -ventre, etc.
ICI. CoLOMBAa A QCEUE POINTUE: Columba oxyura, Reinw. ;
Laug, etTemm., pi. col., n.° 240. Cette espèce de pigeon
diffère de toutes les autres, en ce que. les deux pennes in-
termédiaires de la queue sont pointues et plus longues d'un
pouce que les latérales, qui sont assez foiblement, mais très-
également étagées. Sa longueur totale est de treize pouces.
La tête, le dos, le cou et le ventre sont d'un vert un peu
cendré sur les parties supérieures, et plus pur et plus clair
sur les inférieures; le bas- ventre est jaune ; les plumes des
couvertures inférieures sont vertes sur leur côté interne et
jaunes sur l'extérieur. Les plumes des jambes et des tarses
sont vertes ; les pennes de la queue sont grises en dessus
dans leur première moitié, puis traversées par une bande
noire, et terminées de gris clair; les deux intermédiaires
seulement sont d'un gris brun , qui s'éclaircit insensiblement
depuis leur base jusqu'à leur pointe; en dessous toutes sont
noires et terminées de cendré clair ; les pennes alaires sont
noires, et les secondaires sont lisérées de cendré ; le bas du
tarse et les doigts sont rouges, ainsi que le tour de l'œil; le
bec est d'un bleu foncé à la base, et d'une teinte plombée
à l'extrémité.
La figure de cet oiseau diffère de sa description; en ce
que la poitrine est traversée par une bande orangée , que
le bout du bec est jaune, et que la peau nue du tour de
l'œil est violette.
Dans la femelle ce vert du coi-ps est plus terne et le bas-
ventre est vert- jaunâtre au lieu d'être d'un jaune pur.
On trouve ce colombar à Java.
102. CoLOMBAa unicolore; Columla psittacea , Temm., CoL.
pi. 4. 11 a dix pouces et demi de longueur; tout le corps d'un
beau vert clair; les pennes de l'aile noires, et les moyennes
frangées de jaune ; les deux pennes intermédiaires de l<i
566 PIG
queue vertes en entier; les deux suivantes aussi vertes sur
leurs barbes extérieures, et toutes les autres grises à leur
origine, noires au milieu et blanches dans le reste de leur
étendue; les couvertures inférieures de la queue vertes, avec
leur extrémité blanche; le bec couleur de corne avec la par-
tie charnue de sa base rougeàtre; les pieds d'un bleu noi-
râtre.
La figure de Mad.^ Knip montre les tarses emplumës et
les couvertures supérieures des ailes noires et bordées de
jaune, caractères dont la description ne fait pas mention.
Dans les individus qu'on peut regarder comme des jeunes,
à cause de la petitesse de leur taille , le corps est parsemé
de plumes d'un gris cendré; le bout du fouet de l'aile et
quelques-unes des grandes couvertures aiaires sont d'un gris
noirâtre.
Cet oiseau se trouve à Java et à Timor.
io3. CoLOMBAR aromatique: Columbu aromutica, Lath. ,Linn.:
Temm. , CoL, pi. 6 et 6; le Pigeon vert d'Amboine, Buff. , pi.
enl., n." 1 56. Cet oiseau, que BufFon a voulu considérer comme
une variété du biset, en diffère non-seulement par ses cou-
leurs, mais encore par toutes les formes qui distinguent les
colombars des colombes proprement dites. Sa longueur est
de neuf pouces environ; le dessus de sa tête est d'un gris
cendré; la nuque d'un verdàtre cendré; le cou, la poitrine,
le ventre en entier et les plumes des jambes sont d'un vert
sale , et les dernières terminées de blanc ; le milieu du
dos, les scapulaires et les petites couvertures des ailes d'un
brun pourpre; les autres couvertures, c'est-à-dire les grandes
et les moyennes, brunes et bordées de jaune extérieurement;
les grandes pennes noires ; le croupion , les deux pennes
moyennes de la queue en entier, et les barbes extérieures
des deux pennes les plus voisines, d'un vert-olive; toutes
les autres, c'est-à-dire les cinq latérales de chaque côté,
d'un gris foncé uniforme; en dessous, toutes les pennes cau-
dales, noires dans leurs trois premiers quarts, sont d'un gris
clair dans le dernier; l'iris est rouge; le bec verdàtre, avec
sa base charnue rougeàtre; les tarses et les doigts sont de
cette dernière couleur.
Une variété, décrite par M. Temminck et figurée pi. G di-
PIG 36;
son ouvrage, a la tête, le cou et la poitrine d'un roux car,-
ntlle; le haut du dos, les scapulaires et les petites couver-
tures des ailes d'un brun pourpre, comme dans l'espèce pro-
prement dite; le ventre et le croupion d'un gris bleu; les
plumes des jambes et le bord des couvertures des ailes de
couleur jaune ; les pennes moyennes de la queue vertes en
dessus ; les latérales à peu près de cette couleur : toutes
ces pennes noires et terminées de blanc sale en, dessous.
Le pigeon Pompadour de l.atham et de Sonnini [Columba
Pompadora, Lath., Gmel.) n'est, selon M. Temminck, qu'une
variété du pigeon aromatique , caractérisée principalement
par les petites plumes de couleur de paille qui entourent la
base du bec, et qui se trouvent placées entre cette partie et
les yeux. Il faut remarquer que la ligure de cet oiseau don-
née par M. Brown , ne peut pas inspirer plus de confiance
que la plupart de celles que ce naturaliste a publiées, et dont
les défauts sont bien reconnus : cette figure représente les
ailes beaucoup trop courtes. Vyellowfaced pigeon doit au con-
traire être rapporté comme variété à l'espèce du colombar
aromatique.
Une seconde variété est le pigeon à bec courbé, de Son-
nini, hook-hilled pigeon [Col. culvirostra, Lath., Gmel.), qui
ne diffère de notre espèce que par sa taille plus petite de
deux pouces, par une bande noire traversant les pennes la-
térales de la queue vers leur extrémité, et par la couleur
jaune du bec ; ce dernier caractère pouvant d'ailleurs pro-
venir de l'état de conservation de l'individu décrit.
Le purple-shouLdered pigeon de Latham , regardé par cet au-
teur comme une variété de son pigeon pompadour, ce qui le
rapporteroit à l'espèce du colombar aromatique, n'est au sen-
timent de M. Temminck, qu'une variété du colombar com-
mandeur.
Le colombar aromatique porte à Java le nom de bouron-
jouane.ll se nourrit des fruits du figuier des pagodes. Ficus
religiosa, Linn. , et se tient sur les lisières des grands bois.
104. Colombar a front nu; Columba calva, Temm., Col.,
pi. 7. Cet oiseau a onze pouces de longueur totale, et son
bec n'a que dix lignes. Sa tête, son cou et toutes les parties
inférieures sont d'un beau vert clair; le haut de son dos est
368 PIG
d'un gris cendré, et le bas d'un vert foncé; son poignet est
marqué d'une tache violette; les pennes de ses ailes sont
noires et bordées d'un liséré blanc jaunâtre, à l'exception
des primaires; les deux pennes moyennes de la queue sont
vertes, et les autres, d'un gris clair dans la plus grande partie
de leur longueur, ensuite d'un gris foncé, sont terminées de
gris clair; en dessous, toutes ces pennes sont noires et ter-
minées de gris: les couvertures inférieures de la queue sont
d'un roux cannelle , avec du blanc à leur pointe ; les plu-
mes qui couvrent la moitié supérieure du tarse sont jaunes,
et la partie nue de celui-ci est orangée.
Ce qui caractérise principalement cette espèce et lui a fait
donner le nom qu'elle porte, c'est que son bec, dont le bout
corné est d'un gris argentin , a la peau jaune orangée de sa
base trcs-proîongée sur le front et y formant une plaque dé-
nudée très-analogue à celle qu'on voit sur le front des foul-
ques ou morelles.
Cette espèce habite les côtes de Loango et d'Angole, en
Afrique.
io5.Colombar"VVaalia : Columha ahjssinica , Lath., Temm. ,
Col., pi. 8 et 9 ; le Colomrar, Levaill. , Afr. , pi. 276 et 277;
TVaalla pigeon, Bruce. Le mâle de cette espèce a onze pouces
et demi de longueur totale; son bec est très-épais. Il a la
tête, le cou et la poitrine d'un gris nuancé de vert clair;
toutes les autres parties supérieures du corps d'un vert jau-
nâtre; les petites couvertures du poignet d'un violet tendre;
les grandes couvertures, les pennes primaires et secondaires
noires et bordées de jaune; le ventre d'un beau jaune; le
bas -ventre et les plumes de la base du tarse d'un blanc
pur; les couvertures inférieures de la queue d'un roux mar-
ron et bordées de roux très - clair ; les quatorze pennes
caudales d'un gris bleuâtre en dessus, et noires, terminées de
gris clair, en dessous: la partie nue du tarse et les doigts
rouges : les yeux orangés. La femelle est d'un vert olivâtre
assez clair, uniforme, sans jaune sous le ventre, ni blanc sur
le bas-ventre; du reste ses ailes et sa queue sont semblables
à celles du mâle, mais les couleurs en sont moins vives. Sa
taille est au si plus petite.
Le voyageur Bruce a trouvé ce pigeon dans les parties basses
PlQ iGé
de l'Abyssiriie, qu'il quitte en grandes troupes dans îa saisori
pluvieuse , pour se rendre dans les contrées plus méridio-*
iiaJes , où il niche. 11 se tient perché sur les grands arbres
et dans le plus profond silence durant la chaleur du jour. Le-
vaillant l'a retrouvé dans le Sud de l'Afrique, et ce natura-
liste a observé qu'il vit par paire et qu'il établit dans les creux
d'arbres son nid, où il pond quatre œufs d'un blanc fauvd
ou Isabelle.
106. ColomBar jojoo : Columba vernans, Lath., Linn.; Temiri.,
Col., pl. 10 et 11; le Pigeon vert des Phillipines , Buff. , pL
enl. i38. Le nom de Jojoo est celui que les habitans de l'ile
de Java donnent à cette belle espèce de colombar. Il a dix
pouces de longueur totale; son bec est court et beaucoup
moins épais que celui des autres oiseaux de la même division ^
ce qui le rapproche surtout des colombes proprement dites;
Le mâle a la tête, la gorge et toutes les parties postérieures
du cou d'un gris bleuâtre (la planche de Mad.*" Knip ne donne
cette couleur qu'au derrière du cou seulement, et la tête,
ainsi que le devant du cou, sont d'un vert clair) ; la poi-
trine présente deux larges bandes transverses, placées l'une
au-dessus de l'autre, et dont la supérieure est lilas clair,- tan-
dis que celle de dessous est d'un jaune orangé; le dos, les
Scapulaires et les couvertures des ailes sont d'un vert- olive
foncé; une bande jaune transverse est formée par toutes les
taches de cette couleur qui terminent les grandes couvertures ;
toutes les pennes alaires noires , et les secondaires seule-
ment lisérées de jaunâtre; le ventre est gris cendré; le bas-
ventre jaune; les couvertures inférieures de la queue sont
rousses ; les douze pennes latérales de cette partie en dessus
d'un gris foncé à leur origine , puis marquées d'une large
bande noire et terminées de gris assez clair, et les deux pennes
intermédiaires d'un gris uniforme; les pieds d'un beau rouge;
î'iris a un cercle extérieur rouge, et un autre, en dedans de
celui-ci , de couleur bleue* La femelle est dépourvue des
deux bandes lilas et jaune-orangé qu'on voit sur la poitrine
du mâle; tout son corps est d'un vert- jaunâtre clair; sa tête
et la partie postérieure de son cou sont d'un gris bleu*
Cette espèce se trouve aux îles de Luçon et d'Antigue,
ainsi qu'à Java, dans une seule saison de l'année.
Ô10 PIG
307. CoLOMBAa odorifère; Columha olax , Temm. et Laug.^
Ois. color. , pi. 241. C'est le plus petit des colombars. Sa lon-
gueur totale est de sept pouces et demi. Le mâle , que Ton
connoît seulement, est d'un cendré clair sur la tête, le cou ,
la nuque, et les côtés du corps recouverts par l'aile. Sur la
poitrine est un large plastron de couleur rousse-, le ventre
est vert, et le bas-ventre , ainsi que les couvertures inférieures
de la queue , sont d'un brun marron ; le dos est de cette cou-
leur, ainsi que les scapulaires et une partie des couvertures
de l'aile ; les pennes alaires sont noires , et les secondaires
seules sont lisérées de jaune clair; le croupion et la plus
grande partie du dessus des pennes caudales sont d'un noir
ardoisé, et les dernières seulement ont le bout cendré; en
dessous ces pennes sont d'un noir plein avec l'extrémité
blanchâtre; les pieds et le tour de l'œil sont rouges; la base
du bec est bleue et sa pointe verdâtre.
Cette espèce, dont les formes sont très-semblables à celles
du colombar aromatique, habite l'île de Sumatra.
Espèces peu connues ou douteuses.^
108. Colombe aux ailes tachetées : Columha poiciloplera ,
Vieill.; Columha rhaculosa, Temm. D'Azara , qui fait connoître
cet oiseau du Paraguay sous le nom de paloma cohijas mancha-
das, lui donne douze pouces de longueur, un plumage géné-
ralement gris de plomb, avec les couvertures supérieures des
ailes brunes et marquées de petites taches blanches vers leur
extrémité, les petites ayant de plus une petite bordure exté-
rieure blanche; les plumes du cou sans reflet; les pieds d'un
violet foncé; l'iris blanc; le tour de l'œil rouge; les pennes
alaires bleues et terminées de noirâtre : les sexes ne diffèrent
pas sensiblement l'un de l'autre.
10g. Colombe bartavelle; Columha tetraoides, Lath., Linn.
Scopoli ne dit rien autre chose de ce pigeon , si ce n'est qu'il
ressemble à la perdrix bartavelle par sa tête et son cou noir
entouré de blanc sur la gorge. Il n'en indique point la patrie.
i La dénomination de Colombes, que nous donnons à ces oiseaus, est
prise dans l'acception gt'ncrique du nom de Columha, telle que l'a
employée Linné.
PIG 57f
î 10. Colombe blanc - verdatre ; Columba pallida , Lath. ,
Vieill. Elle est de la Nouvelle-Hollande. Son plumage, tota-
lement d'un blanc verdatre, passe au cendré sur la tête et le
cou; ses rémiges sont bordées de brun sombre, et les autres
pennes de ses ailes sont irrégulièrement tachetées de noirâtre-,
les deux pennes moyennes de sa queue sont seules noirâtres;
son bec et ses pieds sont bruns.
111. Colombe bleue du Mexique : Columla cœrulea, Lath.,
Linn., Vieill.; Pigeon bleu du Mexique, Buff. , Hist. des ois.,
p. 525. Il a la tête, le cou, le dessus du corps et les plumes du
tarse bleus ; le front marqué de rouge ; la poitrine, le ven-
tre, les flancs, les couvertures supérieures des ailes et infé-
rieures de la queue de couleur rouge; les rémiges et les rec-
trices bleues; le bec, Tiris et les pieds rouges; sa taille est celle
du pigeon domestique. Cet oiseau n'a aucun rapport avec
notre Colombe azurée, Columha cœrulea , Temm. (Voyez
n." 67.)
112. Colombe prune de Carthagène; Columba fusca, Vieill.
Selon Jacquin , cet oiseau, de la taille de la tourterelle, a le
plumage bran; le cou et la poitrine ondulés de noir et de
blanc ; les yeux noirs.
11 5. Colombe brune de la Nouvelle-Hollande; Columba me-
ridionalis , Lath. , Vieill. La longueur de ce pigeon est de
neuf pouces et demi. Il est d'un brun rougeâtre, plus pâle
en dessous qu'en dessus, et blanchâtre en arrière ; les pennes
de ses ailes sont d'un brun foncé, et leurs petites couvertures
marquées de trois ou quatre taches d'un pourpre noirâtre;
sa queue est courte, arrondie, brune, avec toutes ses pennes
pointues et terminées par une lunule blanche, excepté les
deux intermédiaires, qui le sont par une bande noire ; les
yeux sont bruns , entourés d'une peau nue et d'un blanc
bleuâtre; son bec est noir; ses pieds sont rouges.
114. Colombe brun -ROUGEATRE : Columba rubescens, Vieill.;
Krusenst., Voy. , pi. 17. Sa tête et son cou sont cendrés; l'occi-
put est noirâtre; tout le reste du corps est d'un brun rou-
geâtre; les pennes intérieures de l'aile et la base des exté-
rieures sont blanches. Ce pigeon , dont la taille est de huit
pouces, a été trouvé, par les naturalistes de l'expédition de
Krusenstern, sur les montagnes de File Moukakiv.a.
57^ PI G
11 5. Colombe eruvert : Columba Irunnea, Lath. : Temm.,
Col., pag. 12 1 ; Pigeon brun et vert, Vieill. Elle a le dessus
de la tête , le derrière du cou , le dos et les couvertures
alaires d'un rouge brun; le devant du cou , la poitrine et le
croupion d'un be'au vert: le bec et les pieds d'un rouge de
sang. On l'a trouvée à la Nouvelle-Zélande.
Si l'on ajoutoit à cette description que le ventre est blanc,
on ne sauroit méconnoître dans cette espèce la Colombe
Géante.
ii6. Colombe a collier blanc : Columla asiatica, Lath.;
Temm., Col., in-8.°, page 467 ; Tourterelle a collier blanc,
VieilL Ce pigeon de l'Inde n'a que onze pouces de longueur*
Il a la tête, le devant du corps et la queue cendrés; le cou
d'un vert jaunâtre^ avec un collier blanc vers le bas; le mi-
lieu et le dessous de l'aile blancs; les pennes alaires noires et
bordées de blanchâtre; les pieds bleuâtres ou jaunes; le bec
bleuâtre à sa base et blanchâtre à la pointe.
117. Colombe égyptienne: Columba œgyptiaca, hath. iTemm.,
Col., pag. 119, et in -8.°, page 370. Celle-ci a la tête vio-
lette; le devant du cou couvert de longues plumes échancrées
au bout, noires à leur base et de couleur de rouille sur les
barbes de leur extrémité; le dos gris; la poitrine violacée;
le ventre blanchâtre; les ailes généralement brunes; les deux
pennes intermédiaires de la queue brunes; celle d'à -côté
irune, avec le milieu noirâtre; la troisième et la quatrième
d'un gris brun à leur base, noires ensuite, avec un peu de
blanc au bout; les plus latérales avec les mêmes couleurs,
mais plus de blanc; les pieds couleur de chair-, le bec noir;
le tour de l'œil nu et bleuâtre.
Cette espèce vit en Egypte, au voisinage des lieux ha-
bités.
1 18. Colombe Fermîn : Columba siirinamensis -, Lath.; Temm. ,
Col., page 121 ; Tourterelle de Surinam, Fermin, Surin.,
2, page i65. Cette colombe, dont la longueur totale est de
dix pouces, a la tête et le dos cendrés; le cou varié de vert
et de noir; les grandes pennes des ailes brunes; les secon-
daires grises; la poitrine et le ventre blanchâtres; les pieds
rouges. •
Au rapport de Fermin, elle est très-commune à Surinam)
PIG 573
niche sur les sommilés des plus grands arbres, et fait deux
pontes par année. Sa chair est très-estimée.
ijg. CoLOMiîE DV Mexique: Columha mexicana, Linn., Gmel.,
Lath. ; Colurnba fusca , Briss. ; le Pigeon du Mexique, Buff. ,
Hist. nat. des ois., page 525. Cet oiiseau , auquel Fernandez
rapporte le nom de cehoilotl, a le plumage brun, la poitrine
et la pointe des ailes blanches; le tour des yeux et les pieds
d'un rouge vif; l'iris noir.
120. Colombe de montagne du Mexique : Oolumha hoilotl ,
Lath., Linn., Gmel.; Buff., Ois., 2, page 525. De la taille
de notre pigeon romain , cette espèce a le corps d'un roux
pourpré, avec les petites couvertures des ailes blanches, le
bec et les pieds rouges. Une variété est d'un fauve pâle, au
lieu d'être rousse, et a le bec et les pieds rougeâtres.
121. Colombe hagarrero : Colurnba zelandica , Temm., CoL^
pag. 120; Colurnba Novœ Zeelandiœ, Linn., Gmel. Longue de
dix -sept pouces deux lignes, cette colombe a toutes les par-
ties supérieures d'un rouge brun, qui se change sur le devant
du cou en teintes vertes ; le croupion bleu ; les pennes alaires
noirâtres; le ventre blanc; la queue noire; les couvertures
inférieures de celle-ci bleuâtres; le bec rouge, ainsi que les
orbites.
Elle habite la Baie obscure (Dusky-Bay), à la Nouvelle-
Zélande. Elle y porte , dans le langage des habitans , le non*
de hagarrero; nous lui trouvons beaucoup d'analogie avec la
Colombe Géante.
122. Colombe goad-goang : Colurnba armillaris , Temm.,
Col., pag. 118 ; Colombe moire et blanche, Yieill.; Colurnba
melanoleuca , Lath. Cet oiseau , qui , ainsi que le croit M.
Temminck, paroît n'être qu'une variété de la Colombe gri-
velée , n." 28 , a treize pouces de longueur. H a le devant de
la face blanc; une tache noire triangulaire entre le bec et
l'œil; une tache rouge derrière celui-ci; le sommet de la
tête et l'oceiput d'un gris clair; le cou d'un gris brun; toutes
les parties supérieures du corps d'un brun verdàtre ; la poi-^
trine et le ventre en entier blancs ; les plumes du poignet
d'un brun verdàtre; des taches noires irrégulièrement distri
buées sur les flancs; le bec et les pieds rouges.
On la trouvé à la Nouvelle-Hollande,
^74 PIG
120. Colombe mordorée : Coiumba miniata , Lath., 'iemm,,
Col., p. iig; Grainde tourterelle de la Chine, Sonn. ; Tour-
terelle A TÊTE grise, Vieill. A peu près de la taille du ramier,
celle-ci a la tête grise; le devant du cou , le A^entre et le bas-
ventre d'un gris-vineux clair; la partie postérieure du cou et
le dos d'un violet-pourpré foncé ; les plumes latérales du cou ,
très-échancrées vers leur extrémité, noires et terminées de
gris vineux; les plumes de l'épaulette d'un mordoré foncé;
les couvertures alaires d'un brun terreux; le croupion d'un
gris lilas; les deux pennes intermédiaires de la queue d'un
noir terreux; les latérales d'un gris noir à leur base avec
leur dernière moitié blanche; le bec jaunâtre; l'iris rouge;
les pieds bruns. Elle est de la Chine.
124. Colombe plombée; CoUtmba plumbea, Vieill., Nouv,
Dict. Cette espèce, rapportée du Brésil par feu Delalande, a
le plumage entièrement d'un brun plombé , moins foncé en
dessous qu'en dessus, avec quelques reflets verts sur les côtés
du cou, et des taches d'un A'ineux clair sur le dessus de celte
partie; les premières pennes des ailes lisérées de gris à l'exté-
rieur; le menton blanchâtre; la queue arrondie; le bec noirâ-
tre ; les tarses rouges. Sa longueur totale est de douze à treize
pouces.
125. Colombe pourprée de Java : Coiumba purparea, Lath.,
Sjyn. , 2, page 628; Gmel. : Purple pigeon, Brown , III. zooL,
Xàh. 18. Elle a le front vert; la tête et le cou d'un beau
pourpre; la poitrine orangée; le dos, les scapulaires et le
ventre verts ; le bas- ventre rouge et* les pennes noirâtres.
Sa taille est celle du biset. On la nomme Jooaii à Java et aux
Célèbes. M. Teinminck, Col., in-S.", page 443, rapporte cet
oiseau à l'espèce du Colombar Jojoo , Co/umio vernans, n.°io6,
malgré les différences que présente son plumage.
126. Colombe a collier pourpre : Coiumba eimeensis, Lath.,
Linn. ; Temm., Col., pag. 120; Pigeon ramier a collier pour-
pre, Vieill. Elle a quatorze pouces de longueur, le sommet
de la tête et la nuque bruns ; le front, la gorge et le devant
du cou d'un roux pâle ou couleur lie-de-vin; les côtés du cou
d'un rouge brun (et cette couleur, en se changeant en pour-
pre , forme une bande transversale sur la poitrine , laquelle
est bordée postérieurement par une bande blanche); les cou-
PIO 375
vertures supérieures des ailes pourpres; les pennes noirâtres;
le ventre gris noirâtre; les pieds rouges; le bec noir.
Elle a été trouvée dans l'ile d'Eimeo, dans la mer du Sud.
Nous lui trouvons quelque ressemblance avec la Colombe Zoè',
dont MM. Garnot et Lesson nous ont communiqué la descrip-
tion; mais elle en diffère suffisamment pour en être distinguée
spécifiquement.
127. Colombe sauvage du Mexique: Columha nœvia , Lath.,
Linn., Gmel. ; le Pigeon sauvage du Mexique, Buff. , Hist.
nat. des ois., p. 525. Cette espèce, qui a été aussi désignée
par Fernandez sous le nom de hoilotl, est en dessus d'un bruit
tacheté de noir; sa poitrine et son ventre sont d'un fauve
clair; les couvertures inférieures de ses ailes et de sa queue
sont cendrées; ses pennes alaires sont d'un brun uniforme,
ses pieds rouges, et son bec est noir. (Voyez ci- avant Co-
lombe DU Mexique, n.° 119, dont celle-ci pourroit n'être
qu'une variété, ainsi que le soupçonne Buffon.)
128. Colombe sauvage du Paraguay: Columha melanoptera,
Molina , Linn., Gmel., Temm. ; le Pigeon aux ailes noires,
Col. sjli'estris, Vieill. Le devant de sa tête, le cou , la gorge,
les petites couvertures supérieures de l'aile, sont d'un rouge
violet; le derrière de la tête est d'un roux foncé, à reflets
d'or, verts et cramoisis; les ailes et la queue sont noirâtres, et
celle-ci est terminée de blanc; le reste du plumage est d'un
bleu roussâtre plus clair sous le ventre qu'ailleurs ; le bec est
noir, Tiris cendré, et les pieds sont rouges. Sa longueuif
totale est de douze pouces. D'Azara, qui a fait connoître cet
oiseau sous le nom de paloma montes , dit qu'il se tient dans
les grands bois, qu'il est sauvage et qu'il ne forme que de
petites troupes. Sonnini et M. Temminck pensent qu'on pour-
roit le rapporter à l'espèce de la Colombe aux ailes noires
de Molina , mais ce rapprochement n'est pas adopté par M,
Vieillot.
129. Colombe verte tachetée: Columha maculata , Lath.,
Linn., Gmel.; Temm., Col., in-8.°, pag. 465. Cette espèce,
dont la patrie est inconnue, est d'un vert brillant, avec le
ventre et le bas-ventre noirs ; les plumes du col étroites et
alongées; les plumes scapulaires et celles des ailes marquées
de taches blanchâtres vers leur extrémité; les rémiges et les
§7^ PIG
pennes caudales noires et bordées de blanrhàire ; les der>
niéres terminées de celte couleur; le bec noir, avec le bout
jaune; les ongles noirs; les pieds bruns, avec le tarse à demi
emplumé. Sa longueur est de douze pouces.
i5o. Colombe A TÈTE et cou blancs de Norfolk; Columha nor-
folcensis, Lath. , Vieill. La tête , le cou et la poitrine sont
blancs; le dessous du corps et les pennes alaires noirs; le dos
et les couvertures supérieures des ailes pourprés et marqués
de taches d'un pourpre encore plus foncé; la queue est d'un
pourpre terne et bordçe de noir. Sa longueur totale est de
treize pouces,
Une variété a la tête, le cou et la poitrine ferrugineux; les
^iles et le dos verts ; les pennes alaires noirâtres; le reste
du dessous du corps d'un brun pourpre; les deux pennes
moyennes de la quçue ferrugineuses, et les autres de la cou-
leur du croupion.
Cette espèce a été trouvée dans l'île de Norfolk.
i3i. Colombe a tête et cou gris; Columha cuneata , Lath.
Elle n'a que sept à huit pouces et se trouve à la Nouvelle-
Hollande. Sa tête , son cou et sa poitrine sont d'un gris pâle;
son ventre , ses jambes et les couvertures inférieures de la
queue sont blancs; son dos et les couvertures supérieures de
ses ailes sont d'un brun -roux clair, les premières étant ta-
chetées de blanc; les pennes sont d'un gris-brun foncé; lu
queue est étagée , et toutes ses pennes sont terminées de
ilanc , cette couleur s'étendant davantage sur celles du
milieu.
3 52. Colombe tourterelle de la côte de Malab\r ou Coi, omet,
brame: Columha malabarica , Lath.; Temm, , Col,, page 122.
Sa taille est celle de la tourterelle à collier du Sénégal. Elle
îi la tête, le dessus du dos et les ailes d'un gris - brun clair;
3a poitrine et le devant du cou d'un gris vineux; des taches
ovales d'un beau blanc sur les moyennes couvertures des
jiiles; les deux pennes caudales intermédiaires grises, les au-
tres noires dans leurs deux premiers tiers , et blanches dans
le dernier; le ventre blanc; le bec, les pieds, et l'iris rpuges.
Elle est de l'Inde.
i33. Colombe tourterelle a gorge pourphée, Buff. -. le Ti r-
vkrt, ejiisd., llist. des ois. , t. 2 , p. 555; Columha riridis, Latin
PIG 377
Temm. , CoL, pag. 121. Elle a huit pouces de longueur ; le
front et la gorge gris - cendré; le derrière de la tête et du
cou , le dos, le croupion , les ailes, les couvertures supérieures
de la queue, la poitrine et le ventre, d'un beau vert foncé;
la gorge et le devant du cou d'un beau violet pourpré; les
pennes des ailes noires; celles de la queue en dessus d'un
bleu verdàtre , bordées de vert et terminées de gris-brun,
les deux du milieu étant entièrement vertes; en dessous,
toutes les pennes noires et terminées de blanchâtre; les tarses
rouges, à moitié cmplumés; le bec rougeàtre. Elle est des
Moluques.
i34« Colombe A VENTRE RotrcE: Columha sinica, Lath.,Linn.,
Gmel. ; Temm., Col., pag. 120; la Tourterelle rayée de la
Chine, Buff. Celle-ci n'a que dix pouces et demi de longueur.
Elle a le dessus de la tête d'un gris cendré; les joues et les
côtés du cou jaunes, avec des taches ronges placées à l'extré-
niité des plumes de cQiUi dernière partie; l'occiput, le der-
rière du cou , le dos, le croupion et les couvertures supérieures
de la queue bruns et marqués de raies noires transversales
1res- nombreuses; tout le dessous du corps, depuis et y com-
pris la poitrine, d'un rouge rosé; les petites couvertures
alaires supérieures brunes, avec des raies transversales blan-
ches et noires; les grandes pennes noires, bordées de blanc;
les pennes de la queue d'un brun pâle; le bec couleur de
corne et les pieds rouges. Elle est de la Chine.
i35. Colombe tourocco : Columha macroura, Lath. , Linn.,
Gmel. , Temm. ; la Tourterelle tourrocco ou a large queue ,
Buff., pi. enlum., n.° 32r). Cet oiseau, long de douze pouces .
a les pieds et le bec rouges , et la membrane de la base de
relui -ci blanche; sa tête, son cou, le dessus de son corps,
ses ailes et sa queue d'un brun roux, tirant sur le vineux;
son ventre et les plumes de ses jambes d'un blanc sale ; sa
queue, longue de six pouces, arrondie et terminée de blanc.
Il habite l'ile de Ceilan. (Desm.)
PIGEON DOMESTIQUE. {Omith.) Sous cette dénomina-
tion j'entends parler et des pigeons de volière, et des pigeons
de colombier, q<ii ne sont encore ai'rivés qu'à une demi-r
domesticité.
Je pe me restreindrai pas de mon plein gré aux seuls pigeons
378 PIG
domestiques de l'Europe, qu'ils soient réellement originaires
de cette contrée, ou qu'ils y soient seulement acclimates. Si
je laisse beaucoup trop à désirer sur les pigeons vivant en
servitude volontaire près de l'homme dans les autres parties
du monde, ce ne sera qu'à regret, et parce que je manquerai
de renseignemens nécessaires pour satisfaire une louable cu-
riosité.
Qu'il me soit permis à ce sujet de demander comment il
se fait que ces voyageurs qui partent incessamment pour
les pays lointains, dans le dessein d'y chercher des connois-
sances nouvelles en histoire naturelle, ne tournent pas aussi
leur attention vers des objets dont l'intérêt repose sur leur
utilité. Est-ce qu'ils pourroient dédaigner , dans leurs re-
cherches, l'étude de ces animaux et de ces plantes dont
l'homme civilisé est soigneux de s'entourer en quelque lieu
qu'il habite? Au premier aperçu, un grand nombre de ces
êtres ont un air de ressemblance avec ceux qui sont com-
muns en Europe; cela est vrai. Mais, en les considérant
plus attentivement, chaque plante, chaque animal, a perdu
ou gagné en utilité depuis son changement de climat; et,
d'où dépend alors, et en quoi consiste cette modification?
Il faut l'étudier, et il arrivera fréquemment que les objets
qu'on croyoit si semblables à d'autres bien connus, offrent
des différences très- remarquables avec ces derniers.
11 est un fait ; c'est qu'en plusieurs régions de la terre fort
éloignées les unes des autres, on voit des pigeons domestiques;
que ces pigeons , nous dit-on , ont beaucoup de rapports avec
nos pigeons européens; et cependant on sait, à n'en pouvoir
douter, que d'autres espèces animales, transportées dans d'au-
tres climats, ont éprouvé des changemens très -singuliers.
Ici, ils ont acquis une taille plus grande, des couleurs plus
vives, des mœurs dont on ne les croyoit pas susceptibles ; là,
au contraire, leur taille est changée, des appendices cornés
ou charnus disparoissent , les couleurs du pelage ou des plumes
sont également altérées; enfin, d'autres mœurs se sont dé-
veloppées. Je serois assez porté à le croire, on n'a encore
rien découvert de spécial dans les pigeons de l'Amérique
et des Indes, parce qu'on ne connoissoit pas bien les variétés
des pigeons d'Europe, sauvages ou domestiques.
PIG Syy
Mais ces oiseaux méritent-ils donc une étude suivie? S'ils
n'ont pas pour l'homme ce degré élevé d'intérêt qu'obtien-
nent à juste titre le bœuf, le cheval , le mouton , etc., ils
ont des qualités qui doivent leur attirer toujours nos soins.
Cette question est jugée d'ailleurs. Dans l'antique Egypte ,
en Grèce, chez les vieux Romains, et chez presque tous les
peuples modernes, le pigeon se trouve avec le chien, le
bœuf, le mouton, le cheval, les oiseaux gallinacés, uu com-
mensal de l'hiibitalion de l'homme.
Il la rend plus agréable, plus animée. Il est utile, il four-
nit une chair nourrissante et un engrais souvent indispen-
sable à la fécondité de quelques terrains.
Des auteurs graves en ont fait le sujet de leurs observa-
tions; ont consigné ces observations dans leurs ouvrages; et
ces auteurs sont un Aristote, un Pline, un Varron , un Co-
lumelle , et les plus dignes successeurs de ces hommes célèbres*
§. I." On a dans tous les temps, et avec raison, regardé
comme la meilleure introduction à l'étude d'un objet, un
exposé des travaux entrepris à son occasion. Dans cet article
je crois préférable de remettre successivement sous les yeux,
dans une note succincte, ce que l'on doit, pour la connois-
sance des pigeons domestiques, à divers auteurs; en ayant
soin de le présenter, sans essayer pour le moment d'expri-
mer une opinion : Suum cuique. Cette marche a bien quel^
ques inconvéniens : mais quelle marche que je pourrois
adopter, qui n'en auroit pas? Elle paroîtra peut-être entraî-
ner dans des longueurs surtout, et dans des répétitions quel-
quefois; mais ce désavantage sera, ce me semble, de beau-
coup compensé par l'instruction qui pénétrera graduellement
dans l'esprit , et le préparera à saisir la pensée particulière,
à quiconque tentera de payer à son tour un tribut à lu
science.
Aristote, cet anciru et habiie historien des animaux, a
placé le pigeon domestique (T£p/ç-epct, ») au quatrième et
dernier rang de son genre Péristéroeide, qui d'ailleurs ne se
compose en outre que du pigeon sauvage {olvaç) , du ramier
((pstTTa, «), et de la tourterelle {rp'jysèv, «). Il a fait con-
noître plusieurs faits concernant l'organisation anatomique
de ces oiseaux; il parle des divisions principales du tube di-^
S8o PIG
geslif , du jabot qui est plus large à sa partie moyenne qu'à
ses deux orifices, et qui est renfermé dans un grand pli de
la peau du col; du gésier, organe musculeux et robuste,
revêtu à son intérieur d'une membrane épaisse, ferme, etc.;
fJe la forme globuleuse, et de la petitesse du volume de la
rate, etc. Ce qu'il dit de la durée de la vie du pigeon
domestique, qui est de huit à neuf ans ; des alimens qu'il
recherche, et ce sont des graines végétales; de ses goûts, de
ses passions, de ses mœurs, de la manière dont il se repro-
duit, dont il couve, dont il élève ses petits, dont il s'en
sépare dans la suite, etc., a été confirmé, à peu de chose
jirès , par Tassentiment des naturalistes de tous les temps
(Hist. des anim., liv. G).
On doit à PRîie , dans son Histoire naturelle, un chapitre
très-court dans lequel il a reproduit et resserré les connois-
sances acquises par Aristote sur les oiseaux columbacés. II
n'y ajoute rien à proprement parler ; mais l'auteur grec
n'avoit indiqué de différence parmi les pigeons que celle
qui résultoit entre ceux de la Grèce et ceux de l'Lgypte, de
lapins grande fécondité des derniers, qui faisoient jusqu'à
douze pontes par an; et le naturaliste italien donne lieu de
penser, que les Romains avoient appris à distinguer quel-
ques races différentes dans les pigeons domestiques. Il signale
incidemment, mais à propos de leur intelligence, la variété
de ces oiseaux dont Brutus et Hirtius se servirent, pendant
le siège de Modène , pour correspondre ensemble. Il s'arrête
aussi aux variétés à grande taille de la Campanie, parce que
de son temps elles étoient devenues un objet de passion folle
pour beaucoup de citoyens de Rome. « Columbarum amore
« insaniunt niulii ; super tecta exasdificant turres iis, nobi-
« litatcmque singularum et origines narrant veteres. Jam
<' exemplo L. Axius, cques romanus,antè bellum civile Pom-
« peianum , denariis quadringentis singula paria venditavit,
« ut M. Varro tradit; quin et patriam nobilitavere, campanià
« grandissimœ provenire exislimatae ^> {Hist. nat., l. X^cSy.)
Il est une remarque qui ressort du travail d'Aristote et de
celui de Pline, et que je ne puis omettre de noter ici. C'est
que c'est surtout du pigeon de volière en général que leSk
anciens ont décrit les mœurs et les habitudes..
PIG 581
Sur ce poînt, on n'est pas redevable à Aldrovancîc {Orni^
iJiologia , lib. i5, Bonnoniœ, i525) de quelque connoissance
nouvelle. Il n'a pas non plus enrichi son ouvrage d'observa-
tions qui lui soient propres, sur la disposition anatoinique
des organes, ni sur la physiologie des pigeons. Cependant,
comme il a recueilli avec un soin extrême tout ce qui avoit
été écrit sur ce sujet; comme il traite successivement, à la
vérité un peu en désordre et avec une prolixité effrayante,
de l'anatomie , du sexe, des sens des pigeons, du colombier,
du vol, de l'âge, de la voix, de la nature, des mœurs, de
l'esprit, de l'accouplement, de la ponte, de l'incubation,
des combats, des sympathies et antipathies, des maladies, de
l'histoire, des noms et surnoms de ces mêmes oiseaux; des
présages et des augures qu'on tiroit dans l'antiquité de leur
vol et de l'inspection de leurs entrailles, etc.; des préjugés
sacrés à leur égard ; des hiéroglyphes dans lesquels ils en-
troient; de leur usage dans les sacrifices des Hébreux, dans
les funérailles, etc.; des allusions morales, des allégories, em-
blèmes , énigmes , proverbes , apologues , auxquels ils ont
donné lieu; de leur usage en médecine et dans les alimens,
etc.; cependant, dis- je, comme Aldrovande a recueilli un
si grand nombre de renseignemens variés sur l'Histoire géné-
rale des pigeons, il ne me semble pas mériter l'oubli assez
profond dans lequel il est tombé. On ne doit pas taire aussi,
pour être juste, qu'il a donné dans un second chapitre la
description de quelques variétés du pigeon domestique. Dans
le nombre il en avoit observé plusieurs par lui-même.
1. Le Pigeon domestique, Columba domestica {Col. Tronfo
vel Asturnellato) , dont les pieds sont nus, et les couleurs du
plumage et la taille très- variables.
2. Le Pigeon dojie*iiqce a pieds velus ou emplumés , Co-
lumba domestica alia, lequel varie également pour les couleurs
et la taille.
5. Le Pigeon huppé, Columha nostra cristata. Il a les pieds
BUS ou emplumés, une taille et un plumage qui peuvent
offrir de grandes différences.
4. Le Pigeon a plumes frisées , Columha crispis pennis.
6. Le Pigeon a capuchon, Columba cjpria cucullata. Il peu»,
avoir les pieds nus ou emplumés. Il présente plusieurs sous-
582 PIG
variétés, a) Columha cypriaalia : noir à la iète et à la queue t
manteau blanc, b) Columha cjpria alla [Tronfo) : c'est une
variété à large poitrine, c) Columha cypria alla ■ bec un peu
long; forme du corps également alongée.
C. Le Pigeon indien, Columha vulgo indica. Il est semblable
à la variété précédente, moins la cucuUe. Sa couleur est
noire; le bec court; le tour des yeux rouge,
7. Columha vulgo cretensis. Cet oiseau a le bec court et le
plumage entièrement, d'une couleur bleu -cendré; il paroît
congénère des deux variétés précédentes, 5 et 6.
8. Le Pigeon grosse- gorge , Columha perperam gutturosa
dicta. Peut-être est-ce le pigeon de Crète, ou plutôt le vé-
ritable cypria.
9. Le Pigeon persan et turc , Columha persica et turcica.
10. Columha indica rostro anatis. 11 a les pieds et la taille
du pigeon commun ; les rémiges et la queue remarquables
par leur brièveté; le bec rougeâtre autour des narines, avec
une teinte bleue , etc.
11. Columha saxatilis , M. Varro.
Un siècle et demi environ après Aldrovande , un ornitho-
logiste, Willughby, s'occupa des pigeons, rappela avec con-
cision les principaux traits de leur histoire, qu'il avoit re-
cueillis dans ses lectures, et apprit à distinguer un bien plus
grand nombre de variétés, quon ne l'avoit fait jusqu'à lui,
dans les pigeons domestiques {cap. i5 , De columbis in spccie).
Il a décrit ou donné des renseignemens sur dix-sept va-
riétés parmi ces derniers : 1.° sur les grands Pigeons domes-
tiques, Columhœ domesticœ majores : ce sont les pigeons de
Campanie, de Pline, et les pigeons romains de ce temps- ci.
On les appeloit aussi quelquefois pigeons russes; on en ignore
le motif. 2." Sur les Pigeons grosses- gorges, Columhœ guttu-
rosœ; Croppers , des Anglois. 3." Sur les Pigeons trembleurs
A large quede, Columhœ tremulœ laticaudœ ; ils ont vingt-six
pennes à la queue; leur nom usuel actuel est pigeon-paon.
4." Sur les Pigeons trembleurs a queue étroite-, Columhœ an-
gusticaudœ seu acuticaudœ. Viennent ensuite
5.° Les Pigeons messagers ^ Columhœ tahellariœ ; en anglois
Carriers. "Willughby pense que ce pourroit bien être le pi-
geon turc ou de Perse, signalé par Aldrovande.
PIG 385
- G," Les Pigeons a capuchon ou Jacobins, Columhœ cuciiU
latœ sive Jacobinœ ; en anglois, Jacobines ; Columhœ cjpriœ ,
AIdr.
7.° Les Pigeons cravates , Columhœ turhitœ; en anglois ,
Turhits.
8." Les Pigeons de Barbarie ou de Numidie, Columhœ Bar-
laricœ seu Numidicœ; semblables aux précédens par le bec,
et probablement les mêmes que les pigeons Cretois d'Aldro-
vande.
9.° Les Pigeons claquarts , Columhœ pcrcussores; Smiters ,
des Anglois.
10.° Les Pigeons TOURNANs, Columhœ gyratrices seu Vertagi;
en anglois Tumblers. On en connoît de couleur et de grosseur
différentes.
ii.° Les Pigeons casqués ou armés, Columhœ galeatœ; en
anglois, Helmets.
12.° Les Pigeons CAVALIERS, Columhœ équités ; Lighthorsemen
des Anglois. Genre faux, dit Willughby ; car il provient du
pigeon messager et du grosse -gorge.
13." Les pigeons appelés Bastards-Bills par les Anglois. Leur
nom est tiré de leur bec ni court ni long; ils sont plus grands
que les pigeons de Numidie, ont le bec court, lés yeux
rouges, le plumage de couleurs différentes.
14.° Les pigeons appelés en anglois Turners. Willughby
leur donne pour caractère : Cirro à vertice rétro dependenle ,
et hifariàm jubœ equinœ in modum djV/so insignes.
i5,° Les pigeons nommés Finihins , qui ressemblent aux
précédens, mais seulement sont plus petits.
16.° Les Pigeons mahométans , Columhœ mahometanœ ; en
anglois Mawmets. Ils doivent peut-être leur nom à la Tur-
quie, dont ils ont été rapportés. Leurs yeux sont grands ,^
noirs, et semblables aux yeux des pigeons numides.
17.° Les pigeons que les Anglois appellent Spots. Ce sont
les pigeons auxquels on donne en France actuellement le nom
de heurtés. (Ornithologiœ lihri très, etc., 1676.)
Les descriptions des diverses variétés, reconnues par Fau-
teur, laissent sans doute beaucoup à désirer. Mais il est re-
marquable que la plupart des variétés qu'il a signalées ainsi
plus ou moins imparfaitement, n'en ont pas moins été adop-
584 . PIG
tées par les ornithologistes plus modernes , et sans 4^ë
ceux-ci rappellent le plus souvent le travail de leur pré-
décesseur.
Brisson est un des naturalistes qui a perfectionné plusieurs
de ces descriptions. Il commence l'exposition de son genre
Pigeon par les cinq espèces suivantes : i.° le Pigeon domes-
tique ou DE colombier; 2." le Pigeon romain, sous l'espèce
duquel il comprend seize variétés; 3.° le Pigeon biset; 4«° 1^
Pigeon de roche, avec une variété; et 5." le Pigeon sauvage
( Ornithologie). Sa dixième espèce est le Pigeon du Mexique ,
Columha fiisca ( Cehoilotl de Fernandez ) , race domestique
d'ailleurs.
Quant aux seize variétés qui sont réunies à la suite du
pigeon romain, en voici les noms : a) le pigeon patu ; b) le
pigeon huppé; c) le pigeon de Norwége; d) le pigeon de
Barbarie; e) le pigeon nonnain ; /) le pigeon à gorge frisée;
g) le pigeon frisé; h) le pigeon turc; i) le pigeon messager;
fc) le pigeon grand- gosier: /) le pigeon cavalier; m) le pigeon
batteur; n) le pigeon culbutant; o) le pigeon cuirassé; p) le
pigeon paon; q) le pigeon trembleur. En lisant cette nomen-
clature , on aperçoit aisément ce que Brisson a choisi dans
celle de "VVillughby et d'Aldrovande.
Il n'est personne qui puisse s'étonner que Buffon ait éclairé
et avancé l'histoire. des pigeons domestiques; tout ce qu'il a
traité , à peu d'exceptions près , a été étendu et perfec-
tionné par lui. 11 a fait ressortir par un heureux rapproche-'
ment les difficultés plus grandes que l'homme a dû vaincre,
lorsqu'il a voulu soumettre à son empire des oiseaux capables
d'un vol rapide. En faisant remarquer que le pigeon domes-
tique et le pigeon romain sont certainement de la même es-»
pèce . puisqu'ils produisent ensemble des individus féconds , et
en ajoutant encore diverses autres considérations, il se croit
fondé à réduire les cinq espèces de pigeons admises par quel-
ques-uns de ses devanciers, à deux, le biset et le pigeon do-
mestique qui, Pun et Pautre , selon lui, ne font qu'une seule
et unique espèce. Ce seroit difficilement qu'on ne se laisseroit
pas séduire par la manière dont il montre que le biset sau--
vage peut devenir esclave de Phomme et pour toujours; et
bientôt après, on le suit, saps trop hésiter, lorsqu'il enti'e
PIG 385
daùs le détail des races de pigeons asservis. Le pigeon des
colombiers n'est qu'a demi domestique.
Les pigeons tout- à-fait domestiques peuvent être divisés
en douze races ou variétés principales.
].° Les pigeons grosses- gorges , qui tirent leur nom de la
faculté qu'ils ont d'entier prodigieusement leur jabot en aspi-
rant et retenant l'air, et qui se sous-divisent en treize varié-
tés de couleur au moins.
2." Les pigeons mondains, recommandables par leur fécon-
dité, et qui peuvent être sous- divisés en sept variétés de
couleur et dr formes.
3.° Les pigeons-paons, qui ont la faculté d'élever et d'étaler
leur queue large.
4.° Les pigeons polonois, plus gros que les pigeons paons,
et pourvus d'un bec gros et court, etc.
5.° Le pigeon-cravate ou à gorge frisée.
6." Le pigeon-coquille hollandois».
7." Le pigeon -hirondelle.
8.° Le pigeon -carme , remarquable par ses jambes très-
courtes.
g.° Le pigeon heurté.
10.° Les pigeons suisses.
11.° Le pigeon culbutant.
12.° Le pigeon tournant ou batteur.
Buffon n'a pas cru, quelques nombreuses que fussent déjà
les races qu'il sig^iale, devoir passer sous silence cinq autres
races, qui peut-être ne sont que secondaires. Ce sont: 2."
le pigeon de Norwége , blanc comme la neige, patu,
huppé et a>sez gros; 2.° le pigeon de Crète, qui a le bec
très-court , les yeux entourés d'une large bande de peau nue,
le plumage bleuâtre, etc.; 3.° le pigeon frisé, et qui est tout
blanc ; 4." le pigeon messager, assez semblable au pigeon
turc; et 5.° le pigeon cavalier, qui provient du pigeon grosse-
gorge et du pigeon messager.
Ainsi l'illustre naturaliste françois adopte , avec peu de
modification, la moitié des races^de Willughby, et rappelle
encore cinq an 1res , mais en émettant des doutes à leur égard :
enfin il en propose trois nouvelles.
Un des ornithologistes anglois auquel la science doit le
40. 3^
58Ô PIC
plus, ne semble pas avoir avancé les connoissances acquises
sur les pigeons domestiques. Latham les range dans la sec-
tion de ses colombes à queue égale, immédiatement après
la première espèce , le pigeon sauvage , columba œnas. Il
donne les deux premières places dans ses vingts variétés de
l'espèce du pigeon domestique, au biset, columba livia, et
au pigeon de roche , columba rupicola. Les autres variétés
sont celles, à peu de chose près, admises par Brisson et "VS'il-
lughby. Il rapproche aussi , dans la même variété , le pigeon
paon et le trembleur à queue étroite : et quoiqu'il fasse deux
variétés du pigeon turc et du messager , il lui semble que
celui-ci ne diffère pas beaucoup du précédent. {Sjstema orni-
'hçlogiœ.)
M. Témminck (Histoire naturelle générale des pigeons et
des gallinacés, Amsterdam , i8i5) établit trois divisions dans
la famille d'oiseaux désignés par les noms de colombes et de
pigeons. Il range dans la première les colombars, parmi les-
quels on ne connoit encore aucune espèce domestique.
Toutes les colombes vraies entrent dans la seconde diA'i-
sion. Elles ont les caractères essentiels suivans : Bec mince et
dont la pointe est plus ou moins renflée ; narines recouvertes
d'une peau molle; tarse court, lisse, ou emplumé; ailes lon-
gues; queue carrée, étagée ou en forme de cône. Cette di-
vision est elle-même partagée en deux sections, d'après la
forme de la queue. Dans la première section sont réunies les
colombes à queue carrée ou légèrement étagée, et par consé-
quent nos pigeons d'Europe, sauvages ou domestiques.
M. Temminck pense avec Buffou que c'est de la Colombe,
Biset sauvage {Columba liyia, Lath.), une des espèces qu'il
admet, que descendent les pigeons de colombier et les races
de volière, le pigeon domestique des naturalistes, la pré-
tendue espèce de pigeon romain , et le pigebn de roche ou
rocherais.
II distingue parmi tous ces oiseaux, dont l'origine com
mune paroit être surtout le biset sauvage, plusieurs races.
A. D'abord le Pigeon domestique, Columba domestica, Lath.
on doit le croire le premier descendant du biset. Cet oi-
seau, qui offre beaucoup de variétés, sous le rapport de la
couleur de son plumage , a la partie inférieure du dos blanche .
PIG 387
le bec brun , la membrane de la base du bec rougeàtre et
comme saupoudrée de blanc ; les pieds rouges, etc.
Viennent ensuite :5. le Pigeon romain, Columhn kispanica ,
La<h., dont quelques individus sont ou patus ou huppés; C.
le Pigeon grosse- gorge; D. le Pigeon turc ou bagadais; E.
le Pigeon nonnain. M. Temminck veut que les Pigeons- co-
quilles HOLLANDois obtiennent place dans cette race, dont ils
paroissent, selon lui, être originaires. F. Le Pigeon-cravate,
Columha turbita, Lath. , lui semble constituer une race dis-
tincte , et d'après les caractères de laquelle il ne peut soup-
çonner qu'elle provienne du biset sauvage; car les pigeons
à cravates ont le bec extrêmement court, gros, dur; et en
outre , ils ne propagent que difficilement avec les autres pi-
geons domestiques. G. 11 en est de même du Pigeon -paon.
L'honorable naturaliste hollandois, en comptant les plumes
de la queue de cet oiseau qui sont au nombre de trente,
voit dans ce caractère de la race un trait qui l'éloigné beau-
coup du pigeon biset dont la queue a seulement quatorze
pennes. Les pigeons trenibleurs sont d'ailleurs de la race des
pigeons-paons. H. Enfin , une dernière race comprend et le
Pigeon culbutant, et le Pigeon tournant.
La troisième des divisions en lesquelles M. Temminck
partage la grande famille des oiseaux colouibacés, est celle
qu'il intitule Columbi-gallines. Il lui donne, comme essen-
tiels, les caractères suivans : Bec long et menu; mandibule
supérieure peu ou point renflée à son extrémité; tarses longs
et grêles; doigts entièrement séparés; ailes courtes, généra-
lement arrondies.
Un oiseau domestique est renfermé dans cette division, et
c'est le motif qui me fait y arrêter un moment. Pigeon remar-
quable par sa grande faille, la couleur de son plumage, l'ai-
grette qu'il porte sur la tête, le Colombi-galline Goura, Co-
lumha coronata^ Lath., est apporté de l'ile de Banda par les
Hollandois à Java, oîi il est très-commun, et de la en beau-
coup d'auires lieux.
M. Vieillot, dans un article du J^ouveau Dictionnaire à''his~
toire naturelle, a placé les pigeons domestiques a la suite du
pigeon biset ou de colombier {columba liAa^ Var. ) dans la
première section du genre Pigeon, section caractérisée parue
388 PIG
bec droit, grt-îe, flexible et renflé vers le bout; par des tarses
courts ; des ailes longues et pointues. Il a imité en cela Buf-
fon, et il ri mite encore en adoptant ses douzes races pures.
Mais il fait à la plupart quelques additions , ou il expose sur
plusieurs d'entre elles quelques remarques.
Ainsi il pense que l'on doit ranger dans la race des pigeons
grosses- gorges .■ i." le pigeon lillois; 2.° le pigeon plongeur,
et 3.° le pigeon claquart.
A la race des mondains, M. Vieillot ajoute, i." la nouvelle
variété de pigeon, dite bâtarde, ou mieux hatave^ parce que
les premiers individus ont été apportés de Batavia; 2." une
variété, apportée de Berlin vers 1808, dont le plumage étoit
d'un beau noir, avec un rang de poils blancs sur les ailes;
variété qui ne paroît pas avoir pu multiplier en France; 3.° le
pigeon volant, qui tient beaucoup du biset, mais dont les yeux
offrent un iris d'un blanc de perle; 4.° le pigeon maurin, qui
est tout noir, avec la tête et le bout des ailes blancs, etc.
Une variété curieuse, appelée pigeon paon de soie, est
réunie à la troisième race pure de Buffon. Les barbes des
plumes de cet oiseau sont sans adhérences et retombent
comme de la soie, ou plutôt comme des fils de coton.
Enfin, une jolie variété, qui paroit avoir été produite en
Angleterre, est venue augmenter la onzième race de Buffon.
Son nom anglois est Tumhler.
M. Vieillot a fait des essais pour mélanger ces diverses
races ou variétés. Il croit que deux caractères dominent dans
ces mélanges, celui de la race et celui du mâle. On lui doit
aussi quelques considérations sur les mœurs des pigeons dans
lesquelles sont exposés plus d'un motif pour ne pas adopter
sans restriction le portrait séduisant que fait Buffon de leur
amour vif et constant.
§. II. Les pigeons domestiques n'offrent pas moins que les
pigeons sauvages les signes caractéristiques de la tribu d'oi-
seaux qu'ils composent en commun.
Ils ont le bec voûté et comprimé latéralement; les narines
percées dans un large espace membraneux et couvertes d'une
écaille cartilagineuse qui forme un renflement à la base de
la mandibule supérieure; le sternum osseux, profondément
et doublement échancré; quatre doigts articulés sur le tarse
PIG 389
à peu prés à la même hauteur, et parfaitement séparés; la
queue composée de douze pennes, etc. Mais il ne faut pas
oublier surtout qu'on leui* attribue généralement un bec
grêle, flexible, et dont la mandibule supérieure est plus ou
moins renflée vers le bout.
Je dois sur ce point faire faire une remarque. Le bec du
pigeon de volière est grêle, si on le compare au bec de cerf-
tains oiseaux carnassiers ou frugivores. Il cessera de paroitre
tel , lorsqu'on fera attention d'une part à sa longueur, à son.
volume dans quelques variétés, par exemple le pigeon bâtard
ou de Batavia ; et d'autre part à son usage , car il n'est des-
tiné qu'à ramasser et saisir des graines. Il ne seroit pas non
plus très- exact d'admettre avec quelques ornithologistes que
ce bec est droit, car assurément deux variétés au moins des
pigeons de volière présentent une véritable courbure à leur
bec. Cet organe est aussi fort court dans plusieurs variétés, e^
en même temps fort gros et presque conoïde au moins dans
une race, le pigeon polonois.
Quelques détails anatomiqu es trouveront leur place ici, et
d'une manière utile. Us rendront souvent compte, parleur
simple rapprochement, de la manière dont s'exécutent la plu-
part des fonctions des pigeons domestiques, de leurs moeurs,
et nullement de leur intelligence.
La peau du pigeon domestique n'a pas la même épaisseur
dans toute son étendue : là , oii des plumes nombreuses y
sont insérées, elle est moins mince que dans les portions qui
ne donnent pas naissance à des plumes, ou au moins qui ne
donnent naissance qu'à un petit nombre.
Une disposition symétrique des plumes sur plusieurs par^
ties du corps, mérite également d'être remarquée. Implan-
tées comme sans ordre à la tête, à la partie supérieure du
cou, au croupion, etc., on les voit ensuite alfecter de former
sur le corps des bandes plus ou moins larges, et, qui ici,
s'éloignent les unes des autres, et là, se rapprochent et se
confondent. Dans l'intervalle des deux bandes pectorales,
la peau est lisse et privée de plumes.
C'est principalement aux régions du corps où la peau porte
des plumes en grand nombre , que s'accumule le plus de
graisse dans le tissu cellulaire sous-cutané» Il n'y a d'excep-
59<^ PIG
tion que pour la tête et les extrémités des membres. Lors-
ue l'embonpoint commence à se développer au corps d'un
jiîseau , il se montre d'abord dans le tissu cellulaire situé
sous les bandes de peau emplumées, et à leurs points de
jonction. A la vérité, l'humeur graisseuse ne se dépose jamais
ou que très -rarement sous la peau des extrémités des ailes,
et aux jambes; mais là on trouve la peau épaisse, et les
tissus sous-jacens sont pour l'ordinaire imprégnés d'une séro-
sité assez abondante et rosée. La graisse y est donc remplacée
à quelques égards par un autre liquide et une certaine dis-
position organique. Ces diverses remarques ne pourroicnt-
elles pas suggérer la question suivante. L'accumulation de la
graisse dans le tissu cellulaire qui correspond aux portions
très-emplumées de la peau , auroit-elle une relation quel-
conque avec la production des plumes? Je n'ose croire qu'il
fût raisonnable de ne voir dans les faits qui sont l'occasion
de cette demande, qu'une simple coïncidence entre deux
conditions de l'organisme.
Peut-être les considérations qui suivent, paroîtront forti-
fier ce doute. Lorsque dans la captivité, un oiseau, par
exemple, une fauvette à tête noire, un tarin, etc., prennent
lin embonpoint considérable, leurs plumes deviennent telle-
ment fines, douces au toucher, soyeuses, que le vol est im-
possible, quand les grandes pennes des ailes ont elles-mêmes
subi la même altération. Un tel phénomène tient-il à la graisse
sous-cutanée P Toujours il est certain que les mammifères et
les oiseaux sauvages, lorsqu'ils jouissent de la santé la plus
robuste, mais sans que beaucoup d'humeur grasse soit dépo-
sée dans leur tissu cellulaire, ont le pelage et les plumes
dans un état qui a quelque chose de rude et de sec; des
plumes et des poils soyeux ne peuvent donc pas dépendre
seulement d'une bonne santé pour leur production, il faut
une exubérance de graisse; mais lorsqu'elle a lieu, mammi-
fères et oiseaux ne sont pas seulement pourvus de cet em-
bonpoint si bien célébré par Boileau , chez les chanoines, la
nature les enveloppe encore de la plus moelleuse hermine.
Puisque j'ai été amené à parler des plumes, et des plumes
soyeuses, j'ajouterai quelques mots sur ce sujet. Les plumes
molles, sont l'effet, selon toute appa-
PIG 391
rence, d'une santé florissante avec accumulation de graisse
dans le tissu cellulaire. On rencontre aussi des oiseaux qui
ont des plumes molles, impropres au vol, comme coton-
neuses, sans aucun lush-e; ces oiseaux là, sont dans un état
qui rappelle la condition organique des albinos.
Si on examine sur un oiseau sain, le pigeon par exemple,
la manière dont les plumes sont fixées chacune dans la cavité
oblongue de la peau qui les reçoit; ] .° on observe que les
unes sont arrêtées simplement par le collet de cette cavité,
qui presse plus ou moins le tuyau de la plume; et dans ce
cas, que ce même tuyau resserré vers son extrémité, est fer-
mé par une cloison membraneuse, alors la plume est deve-
nue véritablement un corps étranger à l'animal. 2.° D'autres
plumes sont retenues par l'adhésion d'une membrane mince
qui recouvre le tuyau, avec les parois de la cavité du derme,
et déjà le cylindre creux de ces plumes, diminué de calibre
à son extrémité, y est clos encore par une cloison membra-
neuse. 3.° Toutes les autres plumes sont attachées par le pour-
tour du cylindre de leur tuyau à une portion de la surface
de la cavité du derme, disposition comparable à l'union d'un
placenta avec un ombilic. C'est alors que l'on rencontre les
parois du cylindre plumacé plus ou moins flexible , et l'inté-
rieur de ce même cylindre renfermant une pulpe molle, des
liquides et des vaisseaux sanguins. Lorsqu'un jour je décrirai
les phénomènes de la mue des pigeons, j'essaierai de donner
une idée de la production des plumes.
Sous la peau, à la région pectorale, sur le sternum, d'ail-
leurs profondément et doublement échancré, sont étendus
de chaque côté de la crête de ce même os, deux couches
épaisses de chair musculaire, ou deux muscles puissans,
agens principaux du mouvement en général de chacune des
ailes. L'un et l'autre muscle s'attachent par un tendon à
l'humérus, mais d'une manière diff'érente; et ils sont compo-
sés de faisceaux musculaires assez distincts, même par la cou-
leur. Il y a une disproportion très-grande de volume, entre
les muscles qui servent aux mouvemens des ailes, et ceux
qui sont destinés à mouvoir l'appareil osseux des membres
pelviens. Aussi, les pigeons sont -ils peu aptes à marcher, à
courir avec une certaine vitesse; et ce n'est qu'avec le se-
392 PIG
cours de leurs ailes qu'ils peuvent accélérer ce genre de pro-
gression. Chez ceux d'entre ces oiseaux qui sont privés de la
faculté de voler par l'une ou l'autre altération des plumes
dont j'ai parlé précédemment, on ne voit pas que les muscles
des cuisses et des jambes aient sensiblement un volume aug-
menté; cependant ces pigeons courent très-bien, mais il m'a
paru que les muscles pectoraux pouvoient avoir une épaisseur
moindre. Le colombi-galline goura, oiseau marcheur et à
tarses longs, a l'appareil musculaire des membres pelviens
probablement dans un état de développement plus parfait.
L'appareil osseux du pigeon ne présente les attributs d'une
certaine force que dans les parties qui concourent au vol,
surtout le sternum, les humérus, le sacrum. Les pigeons, cou-
verts de plumes impuissantes pour le vol, ont les os de la
cuisse et des jambes à peine plus forts que les individus doués
de la faculté de voler. Le goura, toutes choses égales d'ail-
leurs, a sans doute les mêmes os plus volumineux; il les a,
proportion gardée, certainement plus longs.
Les os qui composent la cavité de la poitrine, ont de si
étroites relations d'organisation avec les poumons , que je
rappellerai maintenant la situation fixe de ces derniers sur la
colonne vertébrale et sur les deux rangées des côtes. Ces vis-
cères sont d'ailleurs peu épais, mais larges, longs, et fort
étendus; ils ne sont pas enveloppés d'une membrane séreuse.
C'est à l'appareil osseux du crâne qu'il faut attribuer seu'
lement la tête assez grosse, ronde, et présentant assez dis-
tinctement trois bosses, des pigeons à bec court et gros, du
polonois, du nonnain et du cravate. Les deux cavités orbi-
culaires, très-grandes, et ayant leur partie supérieure rele-
vée et arrondie, forment deux de ces bosses; la troisième
est due aux os de la partie postérieure du crâne, surtout à
l'occipital, qui ont une épaisseur remarquable. On ne peut
pas dire que ces oiseaux à tête grosse et ronde, aient un
encéphale plus volumineux que les autres pigeons, propor-
tion gardée, pour le taille des individus. Néanmoins, les
grandes variétés du pigeon domestique, telles que le pigeon
romain, le batave, etc., n'ont pas, selon toute apparence,
un encéphale aussi développé que les petites variétés , eq
ayant égard aux tailles res|iectives de ces divers oiseaux,
piCt 395
De tous les organes des sens, ceux qui sont chargés de la
vue, offrent dans leur organisation les proportions d'étendue
les plus considérables et probablement les plus en rapport
avec la plus grande puissance possible d'action. Les cavités
nasales viennent ensuite, puis celle des oreilles. La portion
cornée du bec, et les plumes, transmettent peut-être des
sensations par un tact beaucoup plus susceptible qu'on ne
l'imagine. La langue est entière, pointue , molle, médiocre-
ment charnue, et néanmoins reçoit des vaisseaux sanguins et
des cordons nerveux d'un certain calibre.
Avant de passer aux organes de l'appareil digestif , je
dirai que le larynx inférieur est muni d'un seul muscle
propre.
L'œsophage est long, fort dilatable; sa portion musculaire
a peu d'épaisseur, et sa membrane muqueuse, mince et molle,
est parsemée ça et là de cryptes muqueux et blanchâtres. Il
se continue avec le jabot, et à proprement parler ne feroit
qu'un avec lui, si ce dernier ne présentoit quelques diffé-
rences. Eu effet, le jabot a des parois un peu plus épaisses,
et sa membrane muqueuse un aspect pulpeux et blanchâtre;
elle renferme des cryptes muqueux en grand nombre , et
d'autant plus apparens qu'ils sont situés plus près de l'esto-
mac ; la cavité du jabot offre aussi plusieurs sinus. L'estomac
ou le gésier, composé principalement d'un muscle puissant,
tapissé d'une membrane robusie , blanchâtre , s'unit dans
deux points très-rapprochés avec le jabot, qui se resserre en
ce lieu et avec la première portion de l'intestin; celui-ci a
une longueur et une capacité médiocre; à la fin de l'iléon
et sur un de ses cotés, est situé le premier appendice du
cœcum ; l'autre se rencontre un peu plus loin et sur un autre
côté. Ces appendices paroissent d'ailleurs varier d'étendue :
en général, très -courts, ils n'excèdent pas en longueur le
quart du doigt. Galien est le premier qui ait annoncé que la
vésicule du fiel manque chez les pigeons. La rate toujours
très -petite, et de forme ronde, a son siège entre l'estomac
et le foie. ( Aristote.)
Quant aux organes de la reproduction, je rappellerai seu-
lement que les testicules, toujours assez petits, sont attachés
à la colonne vertébrale , de chaque côté , à l'endroit où
^94 PIG
finissent les poumons. Il en est de même pour les ovaires
dans les femelles.
Peu de mots suffiront également pour exposer ce qu'il est
utile d'avoir présent à la mémoire , touchant les vésicules
aériennes, ordinairement au nombre de trois : la première
existe sous l'os sternum, reçoit l'air des poumons par des
ouvertures, et s'étend jusqu'à l'estomac; en ce lieu, la se-
conde commence et c'est la plus petite; puis vient la troi-
sième qui est la plus grande de toutes, et située à la partie
antérieure du ventre; c'est également des poumons, mais
par un canal membraneux , qu'elle tient l'air qu'elle ren-
ferme.
§. III. Les pigeons et les tourterelles sont granivores (Aris-
tote). Ils mangent nos diverses graines céréales, le sarrazin,
le maïs, les pois, les lentilles, les féveroles, les graines des
baies de raisin, le chenevis , l'alpiste , le millet, etc.; mais
en domesticité , dans les volières , surtout la vesce. Cette
dernière est à la fois leur nourriture la plus économique et
la plus saine. Ils la digèrent très-bien; si elle les incommode
quelquefois, c'est seulement dans certaines dispositions ma-
ladives. Au contraire, on a remarqué, i.° que le blé, lors-
que ces oiseaux sont enfermés dans une volière, les relâche
beaucoup, peut leur donner un dévoiemcnt dangereux, re-
tarder la ponte des femelles, et rendre inféconds les œufs;
2." que les grains de raisin, dont ils sont friands, relèvent
leurs forces et leur sont très-utiles en hiver; 3." que les se-
mences de l'alpiste et le chenevis sont un stimulant énergique
pour eux; et même un échauffement maladif, ou une irrita-
tion inflammatoire du tube digestif peuvent naître de l'usage
un peu prolongé d'une pareille nourriture.
D'après les effets différens de chaque espèce de graines sur
l'organisme des pigeons, on sera à même de juger quand on
devra préférer celle-ci à cellc-Là, et corriger les inconvéniens
des unes par l'action opposée des autres. Il n'est pas super-
flu d'ajouter ici, que la vesce la meilleure est pesante, dure,
d'un noir luisant et foncé, et qu'elle doit avoir au moins ira
an, et mieux deux ans. Lorsqu'elle est très-nouvelle et qu'elle
est récoltée depuis moins d'un an, elle peut troubler la santé
des pigeons, et surtout des jeunes pigeons, et amener un
PI G 5y5
dévoiement dangereux, mortel même, sî l'on n'y apporte un
reinéde prompt et presque sûr, le sel marin.
Mais les goûts , les appétits divers que montrent pour
chaque espèce de substance alimentaire, les pigeons que Ton
retient enfermés dans les volières , doivent engager à varier
de temps en temps leur nourriture. La seule précaution à
prendre est de leur laisser habituellement celle qui, d'après
l'expérience, leur est le plus ordinairement salutaire; on
peut aussi les accoutumer, et cela est facile, à manger delà
mie de pain, de la pâtée préparée avec le pain, le son, et
diverses matières végétales.
Plusieurs espèces de pigeons sauvages, soit par un goût
naturel, soit par nécessité, mangent des insectes, divers
petits coquillages. On ne -.oit pas le pigeon domestique les
imiter dans l'usage de pareils alimens, s'il n'y est poussé par
le besoin; mais on a pu en accoutumer à prendre habituel-
lement de la viande hachée. Leur tube digestif ne paroît pas
au reste diposé pour agir sur une semblable matière alimen-
taire; tout dans ce tube et dans ses annexes annonce qu'il
doit spécialement agir sur des substances végétales, sur des
graines le plus ordinairement.
La laitue cultivée et très-tendre, et l'oseille sont assez re-
cherchées par les pigeons; surtout les feuilles d'oseille parois-
sent leur être très-agréables. Ce sont pour eux moins un ali-
ment qu'une sorte d'assaisonnement. Il en est de même du sel
marin.
Cette dernière substance ne sauroit être nutritive, mais
elle est salutaire aux pigeons. Elle facilite leurs digestions,
et devient souvent un véritable remède pour plusieui's de
leurs maladies. Aussi a-t-elle pour eux un puissant attrait.
Ces oiseaux entreprennent de véritables voyages pour satis^
faire leur goût le plus vif. On les voit prendre leur vol pour
aller, quelquefois jusqu'à six lieues de leur demeure, gagner
les bords de la mer; là, ils cherchent du sel dans les falaises,
et pendant des heures entières ils sont uniquement occupés à
becqueter les détritus des matières nombreuses et variées
qui peuvent en offrir des efflorescences. Les fontaines d'eau
salée qui existent dans plusieurs pays, sont également visi-
tées, comme les rivages de la mer, par les pigeons des contrées
59S PIG
environnantes. Cetfe observation et rexpérience ont engagé
depuis un temps immémorial, à donner du sel marin aux
pigeons de colombier et de volière. Mais l'on a appris aussi
que, s'il leur est très-avantageux lorsqu'ils en prennent une
quantité modérée, il peut leur devenir fréquemment nui-
sible, s'ils en usent trop souvent et en quantité trop grande
a la fois. Alors ont été imaginées plusieurs manières de leur
présenter le sel, presque toutes plus ou moins bizarres, dé-
goûtantes, ou mal entendues, ou nuisibles. Parler des pre-
mières seroit tout-à-fait superflu. On doit regarder comme
nuisibles, celles qui consistent à confectionner une pâte avec
un mélange de semences, telles que vesce, cumin, ou autres
graines farineuses, de terre un peu grasse et de sel, dans
certaines proportions. Les substances nutritives et l'espèce de
terre employées dans ces préparations sont alors amenées à
un état contraire à la santé des pigeons; les premières sont
devenues difficiles à digérer, l'autre ne peut plus aider l'es-
tomac dans son action compressive sur les graines; aussi les
oiseaux, à la conservation desquels les pâtes dont je parle
étoient destinées, trouvent souvent dans leur usage, des
causes de maladies quelquefois mortelles.
La manière qui paroit la meilleure , de leur présenter le
sel, est de leur donner à becqueter un morceau de poisson
desséché et fortement salé , comme seroit une queue de morue
ou un maquereau, etc., destinés à être conservés long-temps.
Une queue de morue suffît pour cinquante pigeons. Lorsque
les localités ne permettent pas de recourir à de pareilles
substances, soit à cause de leur prix, soit à cause de leur
odeur forte et désagréable, -on doit placer dans les colombiers
et dans les volières, des vases qui contiennent une bonne
terre de potager, et à laquelle on mêle de temps en temps
à la surface, une quantité de sel ou d'eau salée, en propor-
tion du nombre des oiseaux, et en rapport avec l'espèce de
graines dont ils mangent habituellement. On doit penser en
effet, que si on est forcé de donner pour principale nourri-
ture une graine qui soit très-rafraîchissante ou indigeste , etc. ,
une plus grande quantité de sel devient nécessaire; au con^.
traire, il sera convenable d'en diminuer la quantité, si des
semences échauffantes sont surtout employées comme aliuiens»
PIG 397
La situation du lieu où est élevé le colojnbier et placé la
volière, exige encore quelque attention relativement à la
quantité de la matière saline qui doit être employée. Si une
température basse y règne habituell-ement, il faut donner da-
vantage de sel. L'observation a appris que c'étoit en hiver,
que les pigeons montrent le pl«s d'avidité pour lui; on en
a la preuve, lorsqu'on les voit dans cette saison, attaquer
de leur bec, des pâtes préparées et desséchées qui leur ont
répugné en tout autre temps, mais qui alors leur présentent
seules la matière saline dont ils éprouvent un pressant besoin.
L'espèce de nourriture sèche dont habituellement le pigeon
domestique fait usage , et son goût décidé pour les choses qui
ont une saveur salée, contribuent sans doute à lui rendre
nécessaire une boisson abondante. Par les mêmes raisons,
l'eau qu'il boit, lui devient d'autant plus salutaire, qu'elle
est plus douce, plus aérée, plus pure. L'eau de rivière doit
lui être donnée de préférence à toute autre; à son d.°faut,
que ce soit celle que l'homme emploie pour lui-même. Enfin,
si l'on n'a que de l'eau de puits, toujours plus ou moins
chargée de sels terreux, les pigeons consentiront à la boire,
mais on doit s'attendre pour l'ordinaire qu'ils en seront in-
commodés. Cependant il semide que l'habitude rende, pour
eux, moins fréquens les inconvéniens d'une mauvaise eau.
La température à laquelle le pigeon peut prendre sa bois-
son, varie beaucoup. En hiver, il boit l'eau que l'on vient
de débarrasser de la couche de glacf dont elle étuit cou-
verte; mais il en boit moins très-certainement, et ilneparoit
pas se plaire à y enfoncer le bec , ou bien il faut qu'il soit
sollicité par une soif vive. En été, une eau fraîche est fort
recherchée par lui, et il en prend beaucoup à la fois. Alors
celle qui a été chauffée par le soleil lui répugne, et cepen-
dant j'ai vu des pigeons de volière que j'avois accoutumés
à boire de l'eau très-chaude , continuer à prendre avec avi-
dité de cette dernière.
Au reste, le goût marqué des pigeons sauvages, de colom-
bier et de volière pour l'eau chaude, à un degré assez élevé,
a été observé dans tous les temps. Les fontaines naturelles
d'eau chaude ont toujours été en possession d'attirer les ra-
miers et les fuyards, et les hôtes des colombiers. Il est amu-
^y8 PIG
sant d'habituer, dans les volières, les pigeons à boire de l'eau
chaude et de s'y baigner. Cela ne se fait que par degrés. Les
oiseaux , qui d'abord montrent de la crainte pour la vapeur
qui s'élève du liquide, finissent par la braver, et viennent,
après quelques essais, plonger leur bec dans une eau presque
brûlante , et ils en boivent arec lé plus grand plaisir au mi-
lieu de cette même vapeur très-abondante qu'ils avoient tant
redouté précédemment. Il n'est pas douteux que, dans plu-
sieurs de leurs maladies, la boisson et les bains d'eau chaude
n'aient des avantages pour eux.
J'ai accoutumé des pigeons de volière à boire des eaux
minérales, naturelles et factices. Ils en éprouvent des eflTcls
analogues à ceux que chacune de ces eaux exerce commu-
nément sur l'homme; remarque singulière, si on considère
les différences d'organisation , et moins étonnante si on fait
attention à l'espèce de composé que présente chaque eaii
minérale. J'ai vu l'eau de Seltz naturelle exciter d'une ma-
nière très-marquée l'appétit des oiseaux auxquels j'en ai fait
prendre; etc. 11 n'est pas douteux que les eaux minérales ne
puissent entrer utilement dans la médecine et l'hygiène des
pigeons domestiques.
On peut et on doit laisser constamment de la boisson aux
pigeons de volière et même de colombier , parce que l'ob-
servation a appris qu'ils en ont besoin à des époques diffé-
rentes de la journée, selon que la digestion s'opère chez eux.
On pourroit également leur laisser toujours des aliuiens ,
mais cela a souvent des inconvéniens sou le rapport de l'é-
conomie et sous celui de leur santé. Alors il faut se régler
encore sur l'observation pour les heures auxquelles on leur
jettera de la graine. Or, elle fait découvrir que c'est particu-
lièrement à leur réveil le matin, et une heure avant que la
clarté du jour ne commence à baisser, que ces oiseaux mon-
trent un besoin plus grand de prendre de la nourriture. On
doit alors leur en donner des quantités plus considérables;
une demi-poignée de vesce , par exemple, est suffisante par
chaque individu. Cependant il faut faire encore une dlstz-i-
bution de graines dans le milieu du jour, vers les deux heures
après midi. Elle est destinée aux femelles qui couvent. Elles
q^uittent assez régulièrement leurs œufs tous les jours de dix
PIG 595
â onze heures du mnlin jusqu'à trois heures du soir; mais,
eomme à midi elles ont l'habitude de sommeiller, il est plus
convenable de reculer de deux heures environ leur repas.
II n'est personne qui n'ait vu les pigeons saisir et avaler
la graine dont ils se nourrissent. Peut-être n'est-il pas ce-
pendant tout-à-fait superflu de dire par quel moyen ils la
font passer du bec dans la gorge; c'est en retirant la tête en
arrière, et en lâchant en même temps la graine, qu'ils la
poussent aussi en arrière et dans leur pharynx. Quand ils ne
sont pas mus par un appétit trop grand , un besoin trop pres-
sant, ils reconnoi^serit, parmi les graines qu'on leur offre,
celles qui leur sont bonnes, a l'aide du sens de la vue, de
celui des saveurs, et même souvent par le simple toucher
qu'exercent alors les extrémités des deux mandibules en
saisissant l'aliment. La manière dont les pigeons boivent, a
fourni aux naturalistes un assez bon caractère pour distinguer
cette nombreuse famille d'une autre famille très-voisine,
celle des passereaux. Lorsque ces derniers veulent étancher
leur soif, ils prennent de l'eau dans la mandibule inférieure
de leur bec, et la font cou li:;r dans la gorge en élevant avec
promptitude la tête presque verticalement. Les pigeons, au
contraire , plongent le he : dans l'eau , et aspirent pour l'or-
dinaire d'un seul trait toute la quantité de boisson dont ils
ont besoin.
Lorsqu'ils ont fait ainsi passer dans leur jabot et des graines
et de leau , la digestion commence. Les matières solides se
laissent pénétrer, gonfler, amollir par les liquides. Une sorte
de macération , puis de première divisipn , ont lieu , non tout
à la fois, mais successivement, et par |)etites portions de la
masse alimentaire. Au bout d'une à deux heures, de foibles
quantités de cette même masse alimentaire sont dirigées vers
l'estomac. Là, elles éprouvent une trituration véritable, une
extrême division par les contractions puissantes des couches
musculaires et épaisses qui forment les parois de la cavité
stomacale. L'action de l'estomac devient d'autant plus efficace
et complète , que l'oiseau aura été à même d'ingérer dans
la cavité de ce viscère, des petits fragmens de pierre, des
grains de sable. C'est pour cela qu'il est d'une véritable im-
portance pour la santé des pigeons de volière de leur donner
400 PIG
des vases remplis de terre végétablc. Le sel marin agit alois
aussi , -mais comme substance stimulante et du jabot et de
l'estomac. Après l'action de l'estomac , la pâte alimentaire
éprouve celle des diverses portions de l'intestin ; elle est con-
vertie en chyme, puis une partie en chyle, et l'autre partie,
toujours plus considérable, parcourt tout le tube digestif, et
est à la fin rejctée au dehors à l'état de fiente, ou de ma-
tière fécale et d'urine.
C'est de cette manière que tous les alimens , qui avoient
été introduits dans le jabot, sont ensuite soumis, par por-
tions, aux. diverses régions du tube digesti/, et que la diges-
tion s'en opère successivement. Il faut pour l'ordinaire plu-
sieurs heures pour qu'elle soit complète; quoiqu'elle s'exé-
cute néanmoins assez promptement, eu égard à la nature des
matières à digérer. Le pigeon a l'estomac chaud, est un pro-
verbe vrai , et qui exprime l'espèce de célérité avec laquelle
les divers temps de la digestion s'accomplissent chez lui.
Pendant la première période de l'acte digestif, lorsque
les graines sont encore toutes dans le jabot, l'oiseau sent
évidemment ses forces remontées , et ses actions le témoignent
souvent. Mais si la quantité de graines ingérée est un peu
considérable, ou si rien ne stimule, n'inquiète, ne tour-
mente l'animal, il paroît alors assez disposé au repos, même
au sommeil. Plus tard, lorsque la digestion tire à sa fin, que
l'appétit commence à se réveiller, alors surtout il commence
à exercer d'une manière spéciale ses organes des sens, à
manifester des phénomènes d'intelligence et de sentiment,
et à exécuter diverses actions locomotrices.
Le mobile principal de toutes les exertions organiques qui
ont lieu en lui, est de satisfaire ses besoins, et un certain
penchant à vivre dans la société de ses semblables, penchant
qui dérive et du degré d'intelligence, et de l'étendue des
affections dont il est susceptible.
Pour lui, le premier des sens est, sans aucune contesta-
tion possible, le sens de la vue. Obligés, par leurs besoins,
de parcourir les airs, de descendre à terre pour y chercher
leur nourriture, de se rendre au bord des eaux pour se
désaltérer et se baigner, le pigeon de colombier, ainsi que
le pigeon sauvage, dépourvus d'armes réelles, soit pour atta-
PIG 401
quef , soit pour se défendre, resteroient exposés aux dangers
trop assurés de la poursuite des oiseaux de proie, s'ils ne
possédoient, dans l'étendue, la vivacité, la perfection de
leur vue, un moyen de conservation. Leurs yeux jouissent
en outre d'une mobilité très -grande dans les cavités orbi-
taires , et se dirigent, à la volonté de l'animal, dans toutes
les directions. Mais la vue trouveroit encore des obstacles à
s'exercer vers tel ou tel point, obstacles qui proviennent
surtout de la situation des yeux sur les côtés de la tête, si
l'oiseau ne savoit prendre certaines attitudes, et s'il n'étoit
le maître de faire mouvoir les deux paupières de chaque
Ceiî ; ce qui lui fournit de nouveaux moyens d'écarter les
rayons lumineux qui troubleroient la vision , et en même
temps de recevoir seulement ceux qui lui apportent l'image
des objets qui peuvent être dans certaines directions. Ainsi ,
pour reconnoitre si au-dessus de sa tête, mais en arriére,
dans les airs, il ne plane pas quelque ennemi, le pigeon
alonge et abaisse un peu le cou , relève en même temps la
tête sur le cou, et dirigeant alors ses yeux en haut et der-
rière lui , peut ainsi découvrir de quel danger il est menacé.
Après le sens de la vue, celui de l'ouïe prend rang pour
l'importance. Il paroît cependant peu développé, pourroit-
on dire. On ne ferait pas attention alors qu'il laut distinguer
entre l'étendue et la délicatesse d'action d'un appareil d'or-
ganes. Des yeux, des oreilles, une langue, etc., peuvent
être capables, les premiers, d'une vue longue, perçante;
les seconds , d'une ouïe qui perçoivent les sons les plus
éloignés, les plus foibles , etc., et cependant avoir une struc-
ture très -simple; mais, s'ils dévoient avoir en outre une
action assez délicate pour percevoir une foule de modifica-
tions dont la lumière, dont les vibrations de l'air sont sus-
ceptibles, dès- lors l'organisation des sens devient plus com-
plexe. L'ouïe du pigeon peut donc lui rendre de grands
services, quelle que soit l'unité, qu'on me permette cette ex-
pression , de son organisation ; puisque c'est pour ainsi dire
de bruit seul dont il s'agit pour lui. Ce n'est que, dans un
âge déjà avancé , que cet oiseau apprend qu'il ne doit pas
s'émouvoir pour le sifflement du vent , pour le choc des
branches d'arbres , mais réserver ses craintes et ses moyens
40. a6
4oâ PIG
de salut quand le claquement des ailes, le cri aigre, ou le
sifflement de ses ennemis parvient à son oreille. On ne cite
que quelques exemples de pigeons adultes, qui se soient
montrés sensibles à la musique ; probablement à cause de
la simplicité de l'aiiparcil auditif. La musique ne paroît
faire sur le plus grand nombre que TelTet d'un bruit confus.
Qu'arrive-t-il donc lorsqu'un de ces oiseaux devient sensible
aux sons d'un instrument , comme ce pigeon qui ne man-
quoit jamais d'être attiré sur la fenêtre de l'appartement
où une jeune fille jouoit sur un piano un air de Handel.
Chaque fois qu'il l'entendoit, il quittoit tout, même son nid;
et c"étoit bien uniquement pour la musique, car nulle autre
chose n'avoit le droit de le faire venir, ou de le retenir.
Le chant spere si agissoit sur l'organe de l'oiseau , à la ma-
nière d'un son unique , mais agréable et séduisant.
Je n'ai pas été à même de faire d'obsei'vations sur l'odorat
des pigeons, sinon que je n'ai jamais pu recounoître par
aucun signe quand ils recevoient quelque sensation par les
fosses nasales.
Mais ils perçoivent assurément de nombreuses impressions
par le contact avec les objeJs environnans, et par l'organe
des saveurs, la langue. Ils n'en tirent pas un parti moins
important pour leur conservation, quoique ces deux sens
n'agissent que sur des objets très -rapprochés. Ainsi on les
voit se comporter différemment, selon que pèse sur eux line
atmosphère sèclie ou humide, calme ou orageuse, chaude
ou froide, etc. Us montrent toujours beaucoup de défiance,
lorsqu'on leur présente une espèce de graines qu'ils ue con-
noissent pas. Mais si le besoin ou la curiosité, éveillée par
la gourmandise, les presse un peu , on les voit saisir, lâcher,
resaisir à différentes fois cette graine, et ne l'avaler enlin
qu'après de longs tàtonnemens , beaucoup d'hésitation, une
sorte d'essai par une application répétée à l'organe du goût.
On ne les habitue à boire des eaux minérales qu'en les
privant tout-à-fait d'eau commune. Us montrent une répu-
gnance extrême pour les substances vireuses ou amères. J'ai
choisi plusieurs fois des pigeons pour sujets d'expérience de
différentes matières dont les moindres qualités étoient une
amertume désagréable. Us témoignoient par leurs mouveraens^
PIG 4o3
généraux, par leur soin d'essuyer sans relâche leur bec, par
des efforts pour repousser cette matière , par le rejet ou
même le vomissement du corps si péniblement savoureux,
combien l'organe du goût étoit afTecté vivement. 11 y a plus,
lorsque je faisois prendre un extrait amer à un biset adulte,
mâle, robuste, fort intelligent , mais extrêmement ardent,
plein de feu, et je l'ai possédé long-temps, il entroit dans
une fureur si grande, que je ne la peindrai pas en disant
qu'il se jetoit avec transport sur tous les objets renfermés
dans la Volière, et sur mes mains, et de préférence sur ses
compagnons d'esclavage, les frappoit à coups redoublés de
son bec, faisoit voler en grand nombre les plumes, et clier-
choit à les déchirer de ses morsures, jusqu'à ce qu'enfin , par
le fait de toutes ses violences, le bec ne conservât plus au-
cune trace de la matière amère , et qu'il fût parfaitement
essuyé.
Le même oiseau a été un de ceux qui m'ont fourni le plus
de faits , ou si l'on veut le plus d'indices sur le degré d'in-
telligence dont est douée sa race. Comment juger que les
animaux ont de l'intelligence? Par analogie , et l'analogie est
quelquefois si forte, qu'on ne sauroit en repousser les con-
séquences. D'abord les pigeons ont un cerveau, d'une orga-
nisation à la vérité bien moins compliquée que celui de
l'homme; mais, enfin, ils ont un cerveau, cet organe qui
ne pense pas, comme on l'a dit, chez l'homme, mais qui est
uu intermédiaire si nécessaire à la manifestation de la pensée,
que cette manifestation cesse d'avoir lieu, du moment que
l'action du viscère est troublée par une lésion organique de
quelque intensité. Ensuite les pigeons exécutent des mouve-
mens, prennent des attitudes, font entendre des sons de
voix sous l'influence de certaines causes, qui tous rappellent ,
qui tous sont une image sensible , et des gestes et des inflexions
de la voix que l'homme offre d'ordinaire lorsqu'il doit com-
muniquer ses idées, ses émotions. Il faut l'avouer, voilà nos
seuls moyens de reconnoitre, d'apprécier , de juger l'intelli-
gence, l'entendement de ces oiseaux. Jusqu'à quel point ces
moyens pourroient-ils nous faire tomber dans l'erreur, lors-
qu'ils nous démontrent les limites de l'intelligence des pi-
geons, assez resserrées, mais d'ailleurs proportionnées aux
4o4 PIG
besoins de leur organisme, aux soins de leur conservation,
et à ces germes premiers de sociabilité qu'ils laissent aper-
cevoir.
Ils se souviennent, ils ont de la mémoire; ils en ont tous,
certaines races plus que d'autres, et quelques-unes trans-
mettent cette faculté de leur intelligence même à leur pro-
géniture adultérine. Ainsi , le pigeon cavalier conserve en-
core à un haut degré le souvenir des lieux qu'il a habités,
et montre un penchant à y retourner qui est difficile à
vaincre. Il ne s'agit pas seulement de la mémoire des lieux,
mais de celle des actions des êtres avec lesquels ils ont
quelque contact. Par exemple, adopte-t-on pour les prendre
dans la volière tel ou tel procédé, ils le gravent dans leur
mémoire, et sitôt que quelque geste annonce le commen-
cement de la mise en pratique de l'un de ces procédés, ils
le reconnoissent si bien qu'ils prennent leurs mesures pour
en éviter l'effet. Toutefois, il faut le dire, s"ils se rappellent
re qui peut leur être désagréable ou dangereux , et pendant
long-temps, ils ne paroissent pas se souvenir aussi long-temps
de la main qui les a nourri, qui leur a donné des soins.
Après une courte absence, on peut se présenter à eux, ils
ne témoignent en aucune façon qu'ils reconnoissent la per-
sonne qui les rendoit heureux. Peut-être la nature n'a-t-elle
voulu les douer que de la modiiication de la mémoire qui
a trait directement à éviter un danger, à conserver l'indi-
vidu exempt de toute atteinte funeste, parce que cela sufll-
soit au rôle qu'elle a départi à ces oiseaux.
Si l'on admet que les rêves soient un phénomène qui dé-
rive de fimaginalion , il sera difficile de refuser, au moins
jusqu'à un certain point, cette faculté aux pigeons. Ils rêvent:
la nuit, les yeux fermés , ils font entendre des sons de voix ,
ils font des mouvemens qui rappellent quelques-unes de
leurs passions, surtout la tristesse, la colère ou l'amour. Ils
sont si bien plongés dans le sommeil, qu'on s'en saisit sans
peine.
Sont - ils le résultat d'un jugement ou de l'instinct seul,
ces mouvemens combinés , et presque toujours variés selon
le besoin , qu'on voit exécuter aux pigeons lorsqu'ils veulent
«ne chose, accomplir un désir, recoanoître les lieux où il§
PIG 4o5
se trouvent, choisir la direction dans laquelle ils doivent
prendre leur vol, ralentir et modifier leurs mouvemens à
rapproche du point sur lequel ils vont se reposer, ou d'a-
près les différences qui existent entre les objels qui les
effraient , etc. Est-ce linstinct seul qui leur apprend à feindre
des intentions, à distinguer l'espèce de danger pour y op-
poser le moyen de salut le plus sûr. Mais, est-ce que l'ins-
tinct est susceptible de se perfectionner? Le jeune pigeon,
sous la sauve-garde unique definstinct, tombe, toutes choses
égales d'ailleurs, bien plus souvent dans le piège qui lui est
tendu, que ses vieux compagnons. Ceux-ci, instruits par
leurs souvenirs, reconnoissent les objets et le concoui's des
circonstances qui ont été déjà pour eux l'occasion d'une
crainte, la cause d'un danger, l'instrument d'une douleui".
Sans doute ils ne se rendent pas un compte fort exact des
objets qui les ont effrayés , mais il s'éîablit chez eux une
relation entre la vue de certaines choses, et une crainte
fondée pour leur liberté ou leur vie.
Si les vieux pigeons, mieux que les jeunes, savent éviter
les embûches, les poursuites de l'homme et des animaux;
s'ils devinent, pour ainsi dire, les projets de leurs ennemis,
s'il» en préviennent les effets , en opposant ruse contre ruse,
leur intelligence a donc éprouvé avec le temps un perfec-
iionnement ; elle en est donc susceptible. On a entendu faire
à ce sujet une objection. Si l'intelligence de ces oiseaux étolf
ainsi capable d'une sorte de perfectionnement, comment ne
s'appliqueroient-ils pas à dresser mieux le nid qui doit rece-
voir leur progéniture P Et d'abord les jeunes ne se montrent
pas à cet égard aussi adroits, aussi prévoyans de tous les
dangers qae les pigeons qui ont fait déjà plusieurs couvées.
Ensuite lorsqu'on trouve si simple la construction de pareils
nids, lorsqu'on dédaigne cet assemblage de petites bûchettes,
lâchement entre - croisées, lorsqu'on lui préféreroit un nid
plus dense, plus chaud, plus mollet et couvert, on désire
un perfectionnement dont ne pourroit s'accommoder la cons-
titution , le mode d'existence du pigeonneau. L'expérience
l'a démontré. L'homme a essayé de construire des nids sem-
blables, et les jeunes oiseaux en ont toujours été les victimes;
ils y deviennent malades. Pour des êtres dont le corps a beau-
4o6 PIG
coup de chaleur, dont les perspirations cutanées et les éva-
cuations alvines ont toujours une odeur très-forte , des nids
qui se prêtent à une continuelle ventilation ne devoient-ils
pas être les plus convenables ?
Quoi qu'il en soit, la curiosité, toujours si active, que ma-
nifestent les pigeons, ne permet guère de supposer que leur
intelligence reste stationnaire. S'ils recherchent de nouveaux
lieux, s'ils viennent reconnoitre de nouveaux objets, ils eu
gardent le souvenir; ils le témoignent très-bien par les ten-
tatives adroites qu'ils font pour les revoir. C'est dans cette
même curiosité qu'ont sans doute leur origine une foule
variée de phénomènes légers, fugaces, qui peignent le déve-
loppement de leur intelligence, lorsqu'on la cultive avec
soin.
Plus on s'occupe des pigeons domestiques, plus ils parois-
sent susceptibles d'idées et de sentimens ; plus leur entende-
ment et leurs affections semblent capables de répondre aux
causes par lesquelles on essaie de les mettre en jeu. Il est
cependant des bornes qui, à cet égard, ne sauroient être
franchies, et elles résultent de l'organisme de ces oiseaux,
de leur rang dans l'échelle des animaux. Le sentiment de la
conservation domine en eux tous les autres; il se manifeste
par des phénomènes différens , selon les idées dont il est ac-
compagné , lorsqu'il est excité. Tantôt il sera tel que le pigeon
courra la chance du combat avec son ennemi, de quelque
espèce qu'il soit. Alors il montrera un courage opiniâtre ,
■une colère vive, quelquefois si aveugle qu'elle lui devient
funeste; quelquefois dirigée avec une intelligence évidente.
Vainqueur, il célèbre sa victoire avec orgueil, par des rou-
coulemens, et par des saints vis-à-vis de sa femelle.
Tantôt le sentiment de conservation, dirigé par des idées
différentes, inspire à l'oiseau de se préserver de son ennemi
par la retraite ou la fuite complète. Les actions courageuses
sont alors mises plus ou moins de côté; la colère, qui pro-
voque à attaquer, est remplacée par la crainte, par l'atten-
tion extrême de se dérober aux coups. Si la frayeur est très-
grande , est aveugle , le pigeon semble ne voir, ni entendre ;
il se perd souvent lui-même. La crainte laisse-t-elle quel-
que liberté à son intelligence, il parvient pour l'ordinaire
à se sauver, soit par un vol rapide et bien dirigé, soit en
se précipitant dans les branches des arbres, ou par quelque
ruse en général. Le sentiment de la crainte agit d'ailleurs,
comme dans quelques autres espèces animales, sur le tube
digestif; mais l'évacuation alvine qui se répète plusieurs fois
est toujours très-peu abondante.
L'oiseau est-il marié, sa compagne suit des yeux les évé-
nemens. Lorsque le combat doit, selon l'apparence, se ter-
miner heureusement et promptement, elle se montre tran-
quille , et seulement gontle un peu la gorge , signe de colère ,
d'amour et de plaisir. Elle approchera du combattant aimé,
ou témoignera une grande tristesse, ou s'enfuira avec ter-
reur, si la longueur de la lutte, si des signes d'infériorité
en force présagent la défaite et la mort.
La faim, la soif, la gourmandise, le désir de se baigner,
d'occuper une certaine place dans le colombier ou dans la
volière, sont des occasions sans cesse renaissantes de rixes,
de colère, puis d'animosités , d'antipathies. L'instant de la
ponte, la durée de l'incubation, l'éducation des petits, sont
des époques où les goûts belliqueux et le courage sont le
plus exaltés. La femelle les partage alors presqu'à l'égal du
mâle.
La colère d'abord, puis l'ennui, la tristesse, sont les affec-
tions qui se développent, quand on prive ces oiseaux delà
liberté à laquelle on les a habitue's.
Ceux pour qui la volière est la demeure la plus conve-
nable paroissent éprouver le besoin de la société de leurs
semblables et celle de l'homme. Un pigeon seul, un couple
isolé ressentent l'ennui, mangent peu, font entendre assez,
rarement leur voix. L'homme vient-il les visiter, leur vie
est aussitôt remarquablement plus animée ; ils jouent autour
de lui, ils l'attaquent, ils attirent son attention par leurs
provocations. C'est alors qu'ils se montrent le plus suscep-
tibles d'éducation , de contracter des habitudes particulières .
de donner des signes d'intelligence , de rechercher des ca-
resses.
Je dois maintenant parler d'une passion ,1a plus forte chez
les pigeons avec le sentiment de conservation ; car l'amour
de la famille n'a pas toujours assez d'énergie pour contre-
4o8 PIG
balancer les deux autres affections, et il a d'ailleurs de lon-
gues intermittences. L'attachement, ou l'amour du mâle et
de la femelle, a très-rarement cette douceur, cette fidélité,
cette chasteté . dont on les a voulu parer ; mais alors qu'il se
fait sentir, il s'annonce par une propreté plus grande, par
un soin de soi-même, qui suppose l'envie de plaire ; par un
certain art de se donner des grâces qui le suppose encore
plus; par les accens de la voix, qui, d'abord modérée, gé-
missante, devient ensuite pleine et forte; par des caresses
tendres, des mouvemens doux et des baisers timides, qui
ne deviennent intimes et pressans qu'au moment de jouir.
Ce moment même est ramené quelques instans après par de
nouveaux désirs, de nouvelles approches également nuan-
cées , également senties.
Une passion qui s'annonce avec de pareilles démonstra-
tions d'affection, devroit, sans doute, mériter toujours les
éloges que l'on accorde à la constance , à la fidélité. Elle
les obtient cependant bien moins souvent que quelques
auteurs ne l'ont avancé. Alors, quoique des querelles légères
viennent troubler de temps en temps une liaison étroite ,
une harmonie heureuse, toute la vie n'en est pas moins em-
ployée an service de l'amour et au soin de ses fruits. Alors
toutes les fonctions pénibles sont également réparties, et le
mâle, aimant assez pour les partager, et pour se charger des
soins maternels , couve régulièrement à son tour, et les œufs
et les petits.
Mais, dans l'état de domesticité, un amour, qui avoit pris
naissance avec toutes les apparences de la durée, s'affoiblit
assez ordinairement par les torts réciproques des deux époux,
et une coquetterie évidente , en blessant la constance , amène
à sa suite l'infidélité. Quelquefois ce n'est pas assez pour le
mâle de porter à une autre femelle ses plus intimes caresses,
il oblige sa première épouse à vivre avec celle-ci: étrange
exemple de ce que peut l'asservissement domestique sur les
mœurs; des oiseaux monogames offrent des exemples de biga-
mie! Quelquefois la rupture est entière et l'infidélité conduit
à une séparation complète. Un mâle devient-il vieux ou in-
firme , rarement sa femelle continue à vivre avec lui , et il
reste sans compagne, dénué qu'il est désormais et des grâces
PIG ^.09
et surfout de la vigueur de la jeunesse. Un autre genre de
désordre peut avoir lieu. Il n'est pas abandonné de sa fe-
melle; mais celle-ci se livrant à un amant, introduit dans
le ménage des petits adultérins, auxquels le mari prodigue,
dans son erreur, tous les soins de la tendresse paternelle.
Enfin on a vu des individus du même sexe, mâles ou fe-
melles, se livrer entre eux à des caresses , dont un plaisir las-
cif étoit l'unique objet. Quelle image repoussante d'une autre
société, qui de l'abrutissement où elle consent à descendre,
peut au moins se relever par des vertus d'un ordre supérieur.
L'amour ne se développe que rarement sans une autre
passion , la jalousie. Les pigeons , et surtout les mâles , y
sont fréquemment livrés, en aveugles, et d'une manière ef-
frénée. Ils accourent alors près de leurs femelles, si elle est
pressée par un autre pigeon, combattent celui-ci et con-
traignent celle-là à retourner à son nid, en la poussant,
en la frappant légèrement du bec. Mais, s'ils ont été les té-
moins d'une infidélité complète, les coups ne sont plus mé-
nagés; ils sont tout ce que la fureur peut leur donner de
force et de cruel. Il est vrai que la femelle ajoute, pour
l'ordinaire, à l'adultère une révolte ouverte, et qu'elle
livre à son mâle un combat acharné. Mais de ce combat,
terminé par la défaite de la coupable, renaît une nouvelle
ardeur entre les époux ; la paix se fait et l'amour recom-
mence pour eux une nouvelle ère, comme il avoit com-
mencé la première fois , j'ai oublié de le dire , par des coups
de bec, par de petits combats pendant plusieurs jours de
suite.
Est-ce aussi la jalousie qui pousse les pigeons à trouljler
les caresses d'un couple étranger, chaque fois que l'occasion
s'en présente ?
Mais, à coup sûr, c'est un fort vilain sentiment que celui
qui porte beaucoup de pigeons, surtout les mâles, à saisir
l'instant où un couple s'est écarté de son nid , pour y entrer et
y casser les œufs, ou pour y battre les petits, les déchirer
et les tuer à coups de bec. Voici qui est bien plus mal. Il
ariive aussi, à la vérité très-rarement, que de jeunes pigeons
sont abandonnés par leurs parens. Lorsqu'ils ont ce malheur
et qu'ils sont inhabiles encore au vol , ils peuvent mourir
410 PIG
de faim, et s'ils cherchent, pour éviter ce danger, à des-
cendre au milieu de la volière, ils peuvent être tués par les
autres pigeons, à moins, et les exemples sont loin d'en être
fréquens,^ que quelque pigeon n'ait pitié d'eux, ne les pro-
tège et ne les nourrisse comme ses propres petits.
J"aurois voulu m'arrêter ici dans l'exposition des différentes
dispositions affectives des colombes domestiques. Un trait
honorable de leur caractère eût un peu relevé leur espèce;
mais je ne puis taire des actions de leur part , dans lesquelles
on ne peut reconnoître qu'un mélange odieux de cruauté et
de lasciveté. Quand un pigeon, tombé malade, est arrivé à
un degré extrême de foiblesse ; et si, pour surcroît de mi-
sère, il se trouve lancé au milieu de la volière, sans moyen
de faire retraite vers un coin où il puisse se tenir blotti , il
est bientôt assailli par les autres pigeons, même par l'oiseau
auquel il étoit marié. Celui-ci le frappe d'abord doucement
pour le faire regagner le nid ; mais, lorsqu'il voit ses compa-
gnons de volière tour à tour lui porter des rudes coups de
bec et lui faire éprouver les assauts d'un amour brutal; alors
lui-même s'irrite : la colère et la jalousie lui font méconnoître
le triste état de celui qui est pour lui ou un époux , ou une
femme, et il se joint aux autres bourreaux, assouvissant
tantôt sa fureur, tantôt sa lasciveté atroce. Ces excès conti-
nuent même sur le corps privé de vie.
Les besoins, les idées, les scntimens qui animent les pi-
geons, se manifestent par la voix, par des actions en géné-
ral, par des mouvemens de locomotion.
Eprouvent- ils la faim, la soif, ils se montrent inquiets,
allant, venant, jusqu'à ce qu'ils rencontrent l'objet de tant
de démarches. S'ils ne réussissent pas , et que la faim devienne
plus pressante, plus insupportable , ils volent sur la personne
qui entre dans le colombier, et lui témoignent leur tourment
par les gestes le^ plus expressifs. Ils cherchent avec leur bec
quelque aliment dans les mains, entre les doigts, dans la
î)ouche, pourvu qu'on ne les effraie pas et que Ton se prête
à leurs perquisitions. On peut faire servir cette observation
à rendre ces oiseaux très -privés et privés au dernier point.
Lorsqu'ils souffrent du froid , ils le font connoître d'abord
en ce qu'ils sont plus silencieux et en ce qu'ils se réfugient
PIG 411
tlâïjs leurs nids ou dans les endroits de la volière, le plus ù
l'abri du vent, renonçant ainsi à ce besoin de mouvement,
«u'ils satisfont presque sans cesse en tout autre temps. Mais,
quand le froid enfin les gagne dans le repos, ils se mettent
à battre des ailes avec force ; ils se soulèvent un peu de dessus
le sol par bonds alternatifs , et continuent quelques momens
ce manège.
Mais, parfois, ces mouvemens ne suffisent pas, et les pi-
geons désirent de la chaleur, en éprouvent le besoin. Alors,
si le soleil vient à luire, ou si on les laisse approcher de
quelque chose de chaud, ils s'accroupissent, étendent leur
queue , et se plaçant un peu sur un côté, ils lèvent et ou-
vrent Taile, qui est libre.
La chaleur les incommode quand elle est très- forte ; dans
ce cas, ils tiennent le bec ouvert, et leur gorge présente un
mouvement singulier et alternatif de dilatation et de resser-
rement.
La chaleur, lorsqu'elle les fatigue, fait naître chez eux
un besoin, qui reconnoît d'ailleurs encore plus d'une cause,
le besoin de se baigner. Il se reproduit souvent, sans doute
par l'utilité dont est le bain pour des oiseaux incommodés
par la température de leur corps, par deux espèces din-
sectes , etc. Il est tel ce besoin , que le pigeon se plonge dans
l'eau, non -seulement en été et dans les saisons douces, mais
encore l'hiver, quand on vient de casser la glace qui la cou-
vroit. Toutefois l'eau chaude en bain lui plaît beaucoup.
J'en ai accoutumé à entrer dans ce liquide, chaud à 28 ou
29 degrés. J'ajouterai que, si l'on imaginoi^; que leur épais
plumage met obstacle à l'absorption cutanée , on se trouipe-
roit. Je crois m'être assuré par des expériences, que leur
peau a une force absorbante, assez libre et assez active
pour que, toutes choses égales d'ailleurs, de jeunes pigeons,
plongés jusqu'au cou ou tout-à-fait dans une eau saturée do
gaz acide carbonique , périssent par asphixie en moins de
temps qu'ils ne le feroient s'ils étoient simplement immergés
jusqu'au cou , ou submergés dans une eau de rivière. 11 ne
me paroit pas non plus possible de douter que de l'eau sulfu-
reuse n'agisse, si elle est appliquée suffisamment de temps à
la peau , sur l'économie des mêmes oiseaux.
412 PIO
En général , les divers besoins que j'ai plutôt indiqués que
décrits tout à l'heure , ne s'annoncent jamais par l'action des
organes de la voix, et lorsqu'ils viennent d'être satisfaits, les
pigeons gardent encore le silence pour l'ordinaire. Ceci est
remarquable, surtout en ce que ces animaux font dans tous
les autres instans de leur vie un emploi très- fréquent, pres-
que continuel des organes vocaux. Très -mobiles , irritables,
querelleurs, amoureux, jaloux, inquiets, ils expriment
foutes les affections auxquels ils s'abandonnent sans frein
et tour à tour, soit par des sons brefs ou prolongés , aigus
ou pleins, soit par un roucoulement, qui varie beaucoup
aussi par la vivacité ou la lenteur, la foiblesse ou la force,
et ses nombreuses inflexions en général.
En même temps que la voix se fait entendre, on remarque
un gonflement plus ou moins considérable de la peau du
cou. La voix, sous le rapport de sa force, paroit proportionnée
à la dilatation de la gorge; ainsi, elle est d'autant plus so-
nore et retentissante que le volume de cette dernière est
plus grand.
Des mouvemens de locomotion accompagnent la plupart
des inflexions que le pigeon donne à sa voix, et concourent
ainsi à exprimer les affections, dont il est ému. Par exemple
est-il prêt à combattre , mais avec une sorte d'hésitation
dans l'idée qu'il se forme de ses forces comparées à celles
de son adversaire, il se place de côté, serre ses plumes sur
le corps, de manière à diminuer son volume, élève l'aile
opposée au côté le plus rapproché de l'ennemi , gonfle lé-
gèrement la gorge, et menace du bec et de l'aile, qui est
fermée.
Onpourroit certainement trouver des caractères très-distinc-
tifs des races, au moins pour plusieurs d'entre elles dans la
manière de combattre, qui leur est la plus familière. Les pi-
geons à bec puissant marchent droit à l'ennemi , l'attaque
de front et presque uniquement du bec. Les pigeons à bec
court combattent du bec aussi, mais davantage avec l'aile,
dont ils frappent des coups redoublés. Les pigeons grosse-
gorge, trop vulnérables du côté de leur jabot, toujours enflé,
attaquent ou se défendent de préférence à coups d'aile; mais
leurs adversaires essaient toujours de s'approcher d'eux et
PIG 4i5
de les saisir prés du bec, ou nume dans le bec. Il est des
petits pigeons patus, qui rarement emploient le Jiec et l'aile
dans le combat; ils se contentent de se précipiter sous le
corps de leur ennemi, de le soulever , de lui faire perdre
pied et de le jeter ainsi de côté. Assez souvent, au moment
où ils passent la tête sous le corps de leur adversaire, ils
lui mordent la peau dans la partie où elle est dénuée de
plumes. Une autre variété se rue sur son ennemi, et le
chasse par le seul choc de son corps. Au contraire, le pigeon
tournant nuit surtout aux autres oiseaux colombacés en venant
se cramponner sur leur dos.
Les mouvemens locomoteurs qu'exécutent les pigeons lors-
qu'ils s'abandonnent à l'amour, présentent aussi des diffé-
rences. En général , dans cet instant, ils gonlleiit leur gorge ,
relèvent les plumes du croupion et étalent en éventail les
grandes pennes de la queue. Mais, en faisant ce mouve-
ment, plusieurs variétés abaissent en même temps la queue
et la traînent à terre; une ou deux variétés la tiennent
presque droite. Les pigeons- paons la relèvent assez pour la
renverser un peu sur le dos.
Il seroit superflu de dire que les pigeons font un grand
nombre de mouvemens, d'actions, hors le temps où ils
éprouvent quelque passion. Ils doivent aller chercher leur
nourriture, les maféx'iaux dont ils composent leurs nids,
poursuivre de leur bec les insectes qui se cachent dans leur
plumage, nettoyer ce dernier, lisser leurs plumes, etc. Mais
il est une remarque à faire ici à ce sujet. L'humeur, sécrétée
par les deux glandes du coccix , diffère, à ce qu'il paroît ,
selon les variétés, pour l'odeur et la saveur. Peut-être est-
ce cette humeur qui communique en partie au pigeon l'o-
deur qu'exhale son corps. Certainement la perspiration cu-
tanée est pour beaucoup aussi dans ce phénomène. Au reste,
l'odeur du corps des pigeons varie certainement, et elle n'est
pas la même chez certaines races que chez d'autres. Si on pou-
voit caractériser chaque nuance d'odeur, elle deviendroit un
bon caractère pour distinguer plusieures races d'entre les
autres. L'odeur du biset de colombier est très- douce. Celle
qu'exhale le pigeon romain, une des plus grosses variétés, est
quelquefois fétide et aloi's approche beaucoup de l'odeur de
4i4 PIG
]a matière fécale, jfiune et bilieuse, de la poule et du chaî.
§. IV. Ce n'est pas un des phénomènes les moins intéres-
sans que présentent les pigeons, que cette disposition à vivre
en société qui les anime tous, quoique à un degré plus ou
moins grand. La structure anatomique du corps nesauroit,
par quelque particularité remarquable, rendre compte de la
sociabilité de ces animaux. Certaines circonstances de l'éduca-
tion des petits exerceroient peut-être là quelque intervention,
mais, en y réfléchissant bien , on trouveroit probablement
que ces mêmes circonstances sont plutôt un effet qu'une
des causes de la vie en société. L,a cause d'un tel genre de
vie est primitive; on doit le présumer. 11 faut qu'elle soit
forte, permanente , puisque le sentiment de la jalousie et le
caractère querelleur , si dominant chez les pigeons , n'en
détruit pas l'action. Les avantages seuls de la servitude
volontaire près de l'honime ont pu Taffolblir, mais non
l'anéantir. A cette cause primitive de sociabilité, il s'en
joint d'autres, secondaires sans doute, mais évidentes, mais
réelles. Les pigeons n'ont que leur vol rapide pour moyen
«le se préserver de leurs ennemis; et ce moyen ne leur sert
qu'à fuir, parce que, avec un appareil puissant pour le vol ,
ces oiseaux ne possèdent aucune arme réelle d'attaque ou
de défense. Leurs coups de bec, leurs coups d'aile ont une
certaine force sans doute, plus grande peut-être qu'on ne
devroit s'y attendre, et cependant pourroit- on avec raison
les comparer à ce bec, à ces serres, dont le plus foible oi-
seau de proie est pourvu.
Si les colombes se réunissent en troupe, ce n'est pas non
plus pour résister de front , pour combattre des adversaires si
bien armés et pleins de ce courage que donne la. confiance
dans ses moyens d'agression. C'est pour multiplier pour chacuii
des membres de la troupe, les yeux, les oreilles, tous les
organes des sens qui peuvent l'avertir à temps d'un danger,
de l'approche d'un ennemi.
Mais si les pigeons vivent en société, afin d'être plus sû-
rement à l'abri des atteintes des animaux carnassiers, ils
doivent aussi , en marchant en troupe, chercher leur nour-
riture. Tout dans leur réunion ne sera donc pas calculé pour
la défense, mais aussi pour les perquisitions, dont le but est
PIG 4i5
(le trouver des alimens, et sur un espace de terre d'une
grandeur modérée.
En observant ces oiseaux lorsqu'ils agissent en troupe, on
reconnoît qu'il est certains d'entre eux qui ont les fonctions
de sentinelles, de, vedettes; d'autres mangent moins qu'ils
ne sont occupés à chercher des alimens, et le reste de la
compagnie est presque uniquement livré à satisfaire ses be-
soins, la faim et la soif. Ces derniers reçoivent , quant à leur
marche, l'impulsion des oiseaux qui cherchent; et les uns
et les autres se reposent sur les sentinelles pour être avertis
du danger , s'il en paroît un. Mais les surveillans ne sau-
roient remplir leurs fonctions, qu'en prenant des positions
qui leur rendent possibles les services sur lesquels se repose
la société : ils se tiennent donc sur des arbres et de petites
éminences du sol, ou planent presque immobiles dans les airs.
Eux-mêmes ne prennent de la nourriture que lorsque
rien ne leur paroit inquiétant; et encore ils ne le font qu'à
la hâte. Ils ne pourront remplir bien leurs fonctions que s'ils
ont déjà quelque expérience , toujours acquise par l'âge.
Leur rang dans la société vient de ces sources, âge et expé-
rience. Ils ont encore une autre prépondérance, celle de la
force, au moins par rapport aux très -jeunes pigeons. Ces
derniers ne sont que des étourdis, des imprudens, que la
société protège, que les adultes battent quelquefois , mais
qui sont presque déchargés de toute surveillance, et dont
la vie entière est employée à satisfaire les besoins de leur
organisation.
Mais parmi les autres membres de la communauté il ea
est encore auxquels des soins de conservation sont confiés.
Lorsque les vedettes donnent le signal de riuimlncnce d'un
danger, lorsqu'ils poussent un cri fort , prolongé, dur, lors-
qu'en volant ils font claquer leurs ailes; ces différentes ac-
tions sont répétées par les membres de la troupe, dont je
parle; et comme ils sont au milieu même de la compagnie,
il n''est pas d'oiseau qui ne soit averti.
Mais existe-il dans ce cri, dans ces mouvemens bruyans
des ailes, deux ou plusieurs nuances, que l'oreille de l'homme
ne sait pas distinguer, mais que le pigeon est apte à perce-
voir? Quelque doute que Ton puisse avoir à cet égard, il
4i6 PIG
est certain toujours que l'alarme étant donnée, on voit la
société, tantôt fuir à tir d'ailes, soit dans les airs, soit vers
des broussailles, selon la manière de chasser de Tennemi ;
et tantôt serrer les rangs , pour ainsi dire, et se diriger vers
une autre troupe d'oiseaux. Ce sont des pigeons. Et pour-
quoi ?
Les deux compagnies se mêkiil. Quelquefois il est évident
que rien d'hostile n'a lieu entre elles. Quelquefois, au con-
traire, on combat, des plumes tombent, des mouvemens
brusques, des chocs se remarquent entre les individus. Alors
cette mêlée, selon ce qui s'y est passé, se termine de l'une
ou l'antre de ces manières. Ou l'une des troupes est devenue
plus nombreuse , ou l'une d'elles fuit en désordre, en pro-
longeant ou non le combat.
Lorsqu'une des troupes est plus nombreuse, c'est qu'elle
s'est recrutée des membres de l'autre ; c'est que son noyau
primitif étoif formé de pigeons que nul autre besoin que
celui de se distraire mcttoit en mouvement.
« En Perse, dit Chardin, c'est un plaisir du peuple de
« prendre des pigeons à la campagne par le moyen de pi-
« geons apprivoisés et élevés à cet usage. On les fait voler
« le long du jour après les pigeons sauvages; ils les mettent
« dans leur troupe et les amènent ainsi au colombier. "'>
Mais ce stratagème ne réussit guère que sur les individus
jeunes et non mariés; eux seuls presque sont entraînés.
Lorsqu'une des troupes fuit et qu'elle exécute sa retraite
franchement, sans continuer le combat, on peut être assuré
qu'elle n'habite pas ordinairement la contrée. Elle y avoit
fait une invasion, soit pressée parla faim, soit poussée par
cet esprit de recherche, de curiosité, dont j'ai parlé précé-
demment. Mais si, dans sa retraite, la troupe continue à
se défendre, si ce n'est pas le courage, ni l'opiniâtreté,
mais réellement la force qui manque aux vaincus, ceux-là
étoient les usufruitiers depuis long -temps du canton où ils
ont été attaqués, d'où ils sont contraints de se retirer, qu'ils
n'abandonneront qu'après des combats dans lesquels ils met-
tront la persévérance du désespoir : c'est que les pigeons ,
comme la plupart des autres animaux, semblent fonder un
droit viager de propriété, par l'usage, sur les lieux qui
PIG 4ir
Jcur servent ordinairement de retraite et dans l'étendue
desquels ils vont à la recherche de leur nourriture depuis
un certain temps.
Telle est la société colombine ; tels sont ses liens, son ré-
gime intérieur, son but, ses prétentions. Tout y est calculé
pour sa durée, sa conservation , et assez bien pour qu'on ne
puisse supposer que ses besoins ont seuls déterminé ses
membres à se rapprocher des habitations de l'homme et à se
soumettre à une sorte de servitude. Si la société colombine
ne renfermoit pas dans la manière dont elle est constituée
des moyens sufîjsans de préservation, on ne verroit pas les
pigeons, ces oiseaux qui montrent des sentimens si tendres
pour leurs petits, aussi long- temps que ces derniers ne peu-
vent voler , passer en moins de cinq à six jours à des dis-
positions très- différentes. Non -seulement ils ne veulent plus
les nourrir, mais encore, après avoir excité leur progéni-
ture à essayer ses ailes, ils finissent par la chasser du nid.
Les jeunes pigeons suivent alors la troupe : c'est à elle que
désormais ils appartiennent. Ils ont les leçons de l'exemple ,
et l'obéissance du foible. Pourroit-on penser que la nature,
si prévoyante quand il s'agit de conserver les espèces, eût
mis le terme si court de trois semaines à un mois à la ten-
dresse des parens pour leurs petits parmi les pigeons, si elle
n'eût préparé un asile assez sûr pour assurer leur vie à ces
mêmes petits, foibles , inhabiles, sans prévoyance ?
Il est donc probable, ce semble, que la famille des co-
lombes renferme des espèces, des races, qui non -seulement
aiment à vivre en société , mais encore qui éprouvent de
l'entraînement vers Thomme, qui le recherchent, qui se
plaisent avec lui , qui sont susceptibles de sentir le désir
d'attirer son attention , de se concilier sa bienveillance.
Sans doute les avantages que l'homme leur offre , le loge-
ment, la nourriture, l'éloignement de beaucoup d'inquié-
tudes qu'il assure à ces oiseaux , ont pour eux un puissant
attrait. Mais cet attrait n'a pas été seul décisif. Que les
hommes ne se targuent pas trop de l'influence qu'ils exer-
cent sur diverses classes d'animaux ; une main plus puissante ,
plus habile a préparé leurs succès en ce genre, si même elle
ne les a produits seule. Autrement, si l'espèce humaine de-
40. 27
4i8 PIG
Voit à elle-même de pareilles conquêtes, pourquoi donc n'a-
t-elle pas augmenté ses richesses en ce genre. Et pour ne
parler ici que des pigeons, pourquoi ne s'est- elle adressée
qu'à des races médiocres par la taille et la beauté ; pour-
quoi ne s'est -elle pas soumis ces belles et grandes espèces
qui habitent, à l'état sauvage, si près d'elle, autour de ses
habitations champêtres? Elle l'a tenté plusieurs fois; elle n'a
■pas réussi.
Les animaux, et en particulier, les pigeons devenus do-
mestiques, sont passés à cet état en vertu d'une disposition
spéciale , première, et par les soins de l'homme. Quel chan-
gement a amené la servitude dans la sociabilité des pigeons!
Ici on découvre encore les bornes étroites que ne peut dé-
passer l'influence des soins de l'homme sur ces oiseaux. Il
leur donne un logement qui les abrite contre les intempé-
ries des saisons et les attaques de leurs ennemis. Ils n'ont
donc plus de motif de crainte sous ce rapport. Une nour-
riture en quantité nécessaire pour satisfaire leurs besoins,
est mise à leur portée. Il leur devient donc inutile de marcher
en troupe et avec beaucoup de précautions, pour aller au
loin chercher desalimens. Enfin , l'homme écarte de son ha-
bitation tous les animaux ennemis; dès-lors le pigeon ap-
prend par expérience qu'il peut s'aventurer dans la plaine
sans les secours d'une surveillance auxiliaire de la part des
autres pigeons.
Le but de la sociabilité des pigeons n'existe donc plus, en
grande partie , lorsqu'ils se sont soumis à être domestiques.
Voilà l'effet des soins de l'homme , c'en est aussi les limites.
Car les pigeons apprivoisés, libres ou renfermés dans une vo-
lière, continuent à offrir à l'observateur ces phénomènes
de leur intelligence et de leurs affections., qui, dans la vie
sauvage ou demi - domestique , concourent à la formation et
au maintien des sociétés. Ainsi , on en remarque qui sont
constamment des avertisseurs, par un cri prolongé et fort,
pour leurs camarades, et d'autres qui ne prennent jamais
cet emploi. On s'aperçoit aussi qu'il y a des individus qui
font toujours claquer leurs ailes en volant; tandis qu'il en
est dont on n'entendra jamais un pareil bruit. Enfin il
existe, sans aucun doute, entre certains de ces oiseaux une
PIG 419
grande différence sous le rapport de leur esprit d'enquête,
de leur curiosité, de leur industrie.
§. V. Tout semble donc avoir été prévu par la nature, afin
que les êtres qu^elle a créés, puissent subsister, se conserver,
et se perpétuer au milieu des conditions variées où ils peuvent
être placés par une foule de causes accidentelles. Ce ne sera
pas pour produire d'autres preuves de cette vérité que je
Vais m'arrêter encore à quelques considérations de ce genre;
tnais parce qu'elles me conduiront à proposer une division
nouvelle des pigeons domestiques en variétés et sous-variétés.
Il est aisé de reconnoitre que ces oiseaux offrent des signes
communs à. tous, et des traits particuliers qui proviennent
de l'âge, du sexe, ou de la constitution, ou de modifications
des mêmes parties sous le rapport de l'organisation , de la
forme, des proportions; et de la manière différente dont
s'exécutent certaines fonctions, et dont la santé et la maladie
se manifestent le plus souvent , etc.
Dans tous ces phénomènes ne se rencontre pas celui qui
pourroit, d'après l'opinion adoptée des naturalistes, faire
admettre, entre tous les pigeons apprivoisés, plusieurs es-
pèces; car tous ces oiseaux, accouplés diversement, donnent
naissance à des individus féconds. Si tel est véritablement le
seul , l'unique caractère de l'espèce , il ne reste plus qu'à
se rendre compte comment des causes secondaires ont pu
amener dans certains pigeons ces différences si remarquables
d'un bec extrêmement court et gros, ou long et crochu;
d'un appareil fibreux qui est capable de redresser et ren-
verser sur le dos les pennes caudales; du nombre doublé et
plus de ces mêmes plumes. On ne connoît pas encore une
seule cause qui ait la puissance de produire de tels phéno-
mènes. Il seroit donc très -possible que l'on fût dans le cas
un jour de se former une idée différente de l'espèce; et
lorsqu'on voudra méditer ce sujet, on lira avec fruit plus
d'un passage de l'ouvrage de M. Chevreul, sur l'analyse chi-
mique des corps organisés.
Mais si l'opinion régnante ne permet pas de voir plusieurs
espèces dans le groupe domestique de la tribu des colombes,
on possède assez de faits pour y distinguer des variétés nom-
b^reuses. Comme signes des unes , on prendra d'abord les
A20 PIG
phénomènes dont il n'est pas sûr qu'on ne pût se servir pour
marquer des espèces; les autres seront déterminées d'après
quelques traits de moindre valeur; mais jusqu'ici on n a pas
marqué les limites que l'on devoit s'imposer à cet égard. Eh
bien! pour les pigeons du moins, il faudra, outre quelque
signe particulier et assez remarquable, que ces oiseaux pré-
sentent des formes générales, une allure, des mœurs, quel-
que chose de spécial dans tout leur être; et que ce tout soit
constamment transmissible par la génération à leurs petits,
sans quelque altération notable.
Voilà la rapide exposition de ce que j'entendrai dans cet
article par variété et par espèce. Je dois maintenant répondre
à une autre question. Parmi les pigeons domestiques, les
tourterelles et le goura exceptés, on ne reconnoît pas d'es-
pèce; mais alors à quel oiseau faut-il rattacher toutes leurs
variétés? Buffon l'a dit, et avec son admirable talent. Seule-
ment que l'on me permette de représenter, avant de citer
ses propres paroles j et pour prévenir l'impression qu'elles
ont toujours la puissance de produire, que peut-être on ne
peut rapporter au seul biset toutes les variétés à bec court
et gros, à bec crochu et fort, à queue de paon, etc.
« Supposant une fois nos colombiers établis et peuplés , ce
« qui étoit le premier point et le plus difficile à remplir
« pour obtenir quelque empire sur une espèce aussi fugitive,
« aussi volage, on se sera bientôt aperçu que, dans le grand
« nombre de jeunes pigeons que ces établissemens nous pro-
« duisent à chaque saison, il s'en trouve quelques-uns qui
« varient par la grandeur, la forme et les couleurs. Ou
^< aura donc choisi les plus gros, les plus singuliers, les plus
« beaux; on les aura séparés de la troupe commune, pour les
« élever à part avec des soins plus assidus et dans une cap-
« tivité plus étroite : les descendans de ces esclaves choisis
« auront encore présenté de nouvelles variétés, qu'on aura
<< distinguées, séparées des autres, unissant constamment et
« mettant ensemble ceux qui ont paru les plus beaux ou les
« plus utiles. Le produit en grand nombre est la première
« source des variétés dans les espèces; mais le maintien de
« ces variétés^ et même leur multiplication, dépend de la
« main de l'homme et par ces attentions suivies on
PIG 421*
« peut, avec le temps, créera nos yeux, c'est-à-dire, ame-
*« ner à la lumière une infinité d'êtres nouveaux , que la
« nature seule n'auroit jamais produits. Les semences de
« toute matière vivante lui appartiennent, elle en compose
« tous les germes des êtres organisés; mais la combinaison,
</ la succession, l'assortissement, la réunion ou la séparation
« de chacun de ces êtres, dépendent souvent de la volonté
« de l'homme • dès lors il est le maître de forcer la nature
« par ses combinaisons, et de la fixer par son industrie; de
« deux individus singuliers qu'elle aura produits comme par
« hazard, il en fera une race constante et perpétuelle, et
« de laquelle il tirera plusieurs autres races, qui, sans ses
« soins, n'auroient jamais vu le jour. ^^
Il est certain que tout observateur attentif peut suivre
avec assez de facilité dans beaucoup de variétés du pigeon
domestique ces altérations diverses des caractères auxquels
on reconnoît le bistt. Celui-ci peut donc être considéré
comme le type originaire de beaucoup de nos pigeons de
volière.
Rester dans le doute à cet égard , sera sage pour les va-*
riéJés connues sous les noms de pigeons polonois, à cravate,
batave, etc.
Mais ne seroit-ce pas à des pigeons sauvages et étrangers^
d'Asie ou d'Afrique, par exemple , qu'elles devroient leur
origine? 11 en est, le pigeon de Barbarie ou de Crète, qui
ont le bec court- et les yeux entourés d'une bande de peau
nue; dlautres, le pigeon de Guinée, de Brisson , ou le rous-
sard, ont la taille à peu près d'un pigeon ramier, avec une
peau nue et rouge autour des yeux , le bec noir, et cependant
la membrane des narines est cendrée; certains sont patus;
quelques-uns patus et huppés; plusieurs espèces agitent leur-
queue comme la bergeronnette , tels sont certains pigeons
dts îles Philippines, et notre ramier, etc. Voilà une large
porte ouverte à des conjectures. Quel moyen de détruire
tant d'incertitudes ! D'abord faire venir en France autant
d'espèces de pigeons sauvages et étrangers que l'on pourra
s'en procurer de vivans , les étudier et cherchera les faire
produire pendant long -temps, et sans se hâter d'en faire
«.aître dçs races adultérines. Les naturalistes voyageurs ont dâ
4?.' PIG
commencer par recueillir et nous transmettre les dépouilles
des êtres naturels ; mais ce n'est plus assez maintenant : le dé-.'
nombrement des espèces animales est presque fait; l'instruc-
tion quedonnentleursdépouillesmortes, sansétre encore épui-
sées , ne peut être complétée que par l'observation et l'élude
des êtres vivans. Eh pourquoi n'a-t-on pas encore apporté de la
Barbarie, de la Guinée, du cap de Bonne-Espérance, delaNor-
■wége, de l'Asie, des Indes occidentales, du Mexique, etc ,
<5ette foule d'espèces de colombes, les unes demi-sauvages, les
autres remarquables par quelque phénomène bien tranché?
Le temps en est cependant venu. Puissent des hommes zélés
et industrieux entendre cet appel !
En attendant cette époque d'une instruction fort désirable,
51 ne sera pas inutile de noter ici quelques idées sur les causes
qui ont pu amener dans les pigeons les altérations des formes,
des signes, des mœurs propres à certaines races, que ces
races soient primitives ou secondaires.
Les climats, qui changent tout, à peu d'exceptions prés,
seroient-ils sans puissance sur la constitution d'oiseaux sen-
sibles au froid, à la chaleur, à la* sécheresse , à l'humidité,
etc.? Quoi, les pays dont les températures et les conditions
climatériques sont isotermes, n'auroient pas de l'infiuence et
une influence analogue sur les animaux mammifères ou oi-
seaux, etc.] Ainsi, lorsque les contrées très-froides et plus ou
moins humides sont habitées par plusieurs espèces animales,
dont le pelage et les plumes sont blancs, au moins une cer-
taine partie de l'année; dont les extrémités des membres
sont abondamment pourvues de poils ou de plumes, etc.,
pourroit-on taxer d'une grande erreur, l'idée qui attri-»
])ueroit à une cause analogue les pigeons blancs et patus,
•tel que le pigeon de Norwége , etc. Si en Afrique ou dans
quelques autres parties du monde, voisines de l'équateur,
on rencontre des pigeons dont les pieds soient emplumés,
cela ne proviendroit-il pas de ce que ces oiseaux se retirent
à certains temps de l'année ou de la période nyctémérique
dans des lieux élevés et froids. Tel seroit le c.is du pigeon
roussard. D'un auîrecAté, Ica régions très -chaud es pi'ésentent
une population animale remarquable parla beauté, surtout
des oiseaux à plumage brillant de couleurs vives et variées.
PI G 4^5
t^)ue l'on examine les plumes du pigeon roussard ou à taches
dEdwards, et celles de nos beaux pigeons maillés; n'aper-
cevra-t-on aucun rapport entre elles? Les espèces d'oiseaux
<à taille gigantesque ont pour patrie, le plus grand nombre,
des contrées très-chaudes, quelques-unes les sommités glacées
des montagnes; qu'est-ce qu'il y auroit d'étrange à penser
que des conditions pareilles de température ont développé
les grandes races de pigeons. On ne sauroit oublier les pi-
geons de la Campanie, de Rome, de l'Espagne, de la Perse
etc., ni le pigeon de Norwége. Selon les lieux qu'ils sont des-
tinés à habiter, ou qu'ils habitent depuis un temps très- long,
les animaux n'ont-ils pas une conformation et des mœurs
particulières? Chez les oiseaux qui doivent surtout fréquenter
les plaines, tout est disposé pour une locomotion rapide, et
exécutée plus ordinairement par les membres pectoraux que
par les membres pelviens. Ainsi l'on voit des races de pigeons
douées au plus haut degré de la faculté de voler ; d'autres , peu
aptes au vol, courent avec rapidité, tels que le goura, cer-
tains bagadais, etc.; plusieurs se montrent plus habiles à fuir
à travers des branches d'arbres nombreuses, qu'à soutenir un
vol long et élevé dans l'espace libre des airs. De là des diffé-
rences de longueur, de formes et de force dans les ailes eÉ
les jambes des oiseaux colombacés.
Si l'on poursuivoit ainsi la recherche des causes qui ont
pu produire ou concourir à produire des modifications im-
portantes et durables dans la tribu des pigeons, on verroif
que l'espèce de nourriture , la facilité ou la difficulté de la
saisir, son abondance ou sa rareté, etc., ont dû influer sur la
taille des pigeons, sur la longueur et la force de leur bec, etc.;
on reconnoîtroil que l'air, les eaux , les lieux, lesalimens, ont
dû exercer également une véritable influence sur leur consti-
tution. Mais qui voudroit nier encore que ces mêmes causes ,
en amenant des maladies, deviennent avec ces dernières une
autre source d'altérations de formes et de force, qui peuvent
durer toute la vie des individus et être transmises par eux, à
la vérité d'une manière peu marquée, à leurs petits. Ainsi,
c'est certainement un vice de conformation, presque maladif,
mais surtout contraire à la conservation de quelques variétésr
de pigeons, que le bec si excessivement court dont sont doués
424 PIG
ces mêmes variétés. En effet, elles ont le bec court à ce
point que les oiseaux peuvent très -rarement élever eux-
mêmes leurs petits. Conviendroit-il encore de rapporter à
tout autre cause qu'à un état maladif, le plumage soyeux ou
cotonneux et impropre au vol que l'on observe chez plu-
sieurs variétés secondaires de pigeons, etc.?
Il faut l'avouer, l'action de ces diverses causes est lente
sur les animaux et en particulier sur les colombes; mais, pouf
être lente, elle n'en est pas moins réelle, efficace; et à sa
lenteurse joint la permanence: elle est donc toujours instante,
elle continue donc à modifier sans cesse et ce qu'elle a pro-
duit , et ce que les besoins , les goûts, les caprices de l'homme
ont su créer à leur tour de variétés. De là est arrivé, ou a
dû arriver, que des variétés, ou pour le moins des variétés
secondaires ou tertiaires , se sont perdues , et que d'autres ont
été développées. Au nombre des variétés perdues, on doit
compter, entre autres, presque toutes celles que Buffon a
signalées parmi les pigeons grosses-gorges, etc. Il neseroit pas
facile de dire qu'elles sont au contraire celles qui ont été for-
mées , mais il est plus curieux de savoir comment on a obtenu
la plupart d'entre elles. Or, de tous les moyens mis à la dispo-
sition de l'homme , ceux qui exigent une longue suite tl'an-
nées, tels que seroient les changemens de climat, de nour-
riture, dans le genre de vie, ont été négligés, quoique les
plus instructif^, et probablement les plus féconds en résultats
dignes de remarque. On a eu presque uniquement recours
au mélange des races déjà connues, moyen à la portée de
l'ignorance et favorable à la paresse de l'homme éclairé;
moyen qui ne pouvoit que jelcr une pâle lumière sur la
physiologie des animaux : moyen, enfin, qui ne pouvoit
procurer Texisfence qu*à des êtres doués de qualités mixtes,
presque toujours prévues, et ne sortant jamais du cercle de ce
que l'on connoissoit déjà.
Le principal avantage du mélange des races est d'avoir des
métis qui, toutes choses égales d'ailleurs, font beaucoup plus
de petits que leurs parcns.
Par ce moyen aussi on multiplie les nuances de couleur
qui peuvent décorer le plumage des pigeons; on ajoute ou
on retire à des variétés une huppe; les plumes du tarse; tçUo.
PIG 42S
ou (elle coloration de l'iris; la peau nue, rougeàtre, caron-
culée du pourtour des yeux et du bec ; ou certaines propor-
tions dans le bec, dans les tarses, dans les ailes, dans la taille
et la forme du corps, sous le rapport de la longueur, de
Tépaisseur, de la largeur , de l'agrément.
Dans le développement de pareils changemcns , y a-t-il
quelques conditions qui exercent une influence assurée ? Il
le paroitroit. On a remarqué que deux caractères dominoient
dans chaque mélange, celui de la race et celui du mâle. Ainsi
de l'union de deux oiseaux différens de race, naissent des
petits qui , pour l'ordinaire , offrent les traits du mâle et des
pigeons de sa race.
Par exemple, la queue du pigeon-paon mâle ou femelle est
transmise aux petits métis, à la vérité moins belle, moins
ërectilf. De même le capuchon du nonain , la coquille de cer-
tains mondains, les tarses emplumés des pigeons patus, passent,
en partie au moins , à leurs métis. Quelquefois le mâle ne
donne que la forme générale du corps et les couleurs du plu-
mage.
Mais il est une condition commune de l'organisation qui
joue également un grand rôle dans la production des effets
du mélange de race : c'est la constitution forte ou foible de
chacun des oiseaux qu'on a apparié. Si le mâle est plus ro-
buste que sa femelle, il imprimera bien plus certainement
les traits qui le distinguent à ses petits. Si, au contraire, c'est
la femelle dont là constitution est la meilleure, la plus forte,
elle communiquera à sa jeune famille, en grande partie, les.
signes de sa race, les formes de son corps et ses mœurs; le
mâle n'aura donné que la couleur de son plumage et quel-
que chose de sa taille.
Il faut ajouter encore que, dans ces unions mixtes, la race
la plus anciennement existante, celle qu'on ne sauroit ac-
tuellement créer de toutes pièces, pour ainsi dire, l'empor-
tera ordinairement sur la race qui déjà est uniquement le
produit d'un mélange de race antérieur et d'une date peu
ancienne. Ainsi la race du biset a plus de force pour se re-
produire, malgré les causes qui peuvent l'altérer, que celle-
du nonain, ou du cravate, ou du polonois, et cette dernière
plus de force que celle du pigeon miroité, du cavalier, etc.
426 PIG
En réfléchissant à ces considérations sur l'influence de la
race, du sexe, et de la constitution dans les résultats des croi-
semens de races, en accordant encore une certaine puis-
sance à l'âge et aux conditions actuelles dans lesquelles on
place les oiseaux qu'on apparie, on sentira aisément comment
il se fait qu'on ne peut jamais être sûr absolument d'obtenir
tel ou tel eff'et d'un mélange de race; l'état dans lequel se
trouve chacun des deux oiseaux qu'on a unis, décide des
caractères que les petits offriront.
§. VI. D'après ce qui précède, et par suite de l'examen
attentif des individus qui forment la nombreuse tribu des
pigeons domestiques, columbœ domesticœ, j'ai classé ces oiseaux
en quatre sections, qui ne renferment que quatre espèces,
et beaucoup de variétés et de sous-variétés.
En attachant un numéro à chaque espèce et à chaque va-
riété, je n'ai en vue que de rappeler ainsi commodément le
nombre des unes et des autres. Mais il est arrivé par la na-
ture des choses que la série des variétés ne commence qu'après
la troisième espèce; que, dans deux sections, on ne compte
pas d'espèces, et que l'on continue à n'y rencontrer que la
suite et la fin des variétés. Il faut excuser cette dérogation
aux usages reçus touchant les classifications. Elle repose sur
les considérations générales qui précèdent, et qui font dou-
ter de la réalité des rapports étroits que l'on avoit cru aper-
cevoir d'abord entre les pigeons à bec grêle eux-mêmes,
-puis entre eux et les pigeons soit à bec court, soit à bec ro-
buste; en sorte que l'on a pu supposer ici, que l'on ne pos-«
sédoit plus que des variétés de certaines espèces ignorées.
1." Section,
Bec d-roit, grêle, flexible et foiblement renflé vers le bout; tarses courts j
ailes longues et pointues, forme alongce du corps et de toutes ses
parties.
1." Espèce.
La Tourterelle a collier, Columha risoria, Lath., est un
peu plus grosse que la tourterelle des bois, columha turtur^
Elle a la tête oblongue; l'iris rouge orangé; le bec gris blanc ^
et noirâtre à la pointe; un collier noir, assez étroit, sur le
PIG 427
dessus du cou ; les parties supérieures du corps d'un blanc
rougeâtre; le devant du cou, la gorge et la poitrine de la
nit'ine couleur , mais avec une légère teinte de vineux ; 1*
reste du dessous du corps blanc; les pennes des ailes d'un
gris brun et bordées de blanchâtre; les rémiges cendrées et
terminées de blanc, à l'exception des deux intermédiaires*
Les pieds sont rouges.
Le mâle et la femelle sont parés des mêmes couleurs. Leurs
petits offrent des teintes plus claires, et le collier ne se voit
chez eux qu'à la première mue. Ces oiseaux sont très-com-
muns en Egypte , où l'on en prend un soin particulier: ils sont
f.urfout en grand nombre à Alexandrie et dans les villes;
ils y vivent en pleine liberté, et sont aussi apprivoisés que
nos pigeons de volière. On en a fait l'essai en France, et il
a réussi pour deux ou trois couples à un honorable natura-
liste.
Leur roucoulement est ennuyeux et fatigant à entendre;
c'est certainement une des causes qui fait renoncer à élever
en plus grand nombre les totirlerelles à collier. Elles font une
ponte à peu près tous les mois; leurs petits, très-faciles à en-
graisser, ont alors une chair assez délicate.
Cette espèce de colombe se trouve probablement à l'état
sauA^nge en Afrique et aux Indes: telle est la tourterelle à
collier du Sénégal.
Elle présente une variété toute blanche, la Tourterelle
Br.ANCHE, Columba risoria alba. Elle est entièrement blanche,
et douée des mêmes mœurs , du même instinct que la pré-
cédente, fait entendre le même roucoulement, etc. Ces deux
oiseaux produisent ensemble, et les petits qui naissent de
leur union, se montrent par la suite aussi féconds que leurs
parens, et leurs générations successives conservent la même
puissance de multiplier. On a donc eu tort de vouloir recon-
noitre dans la tourterelle blanche une espèce distincte; il ne
faut voir en elle qu'une race particulière.
Cette tourîerelle et une tourterelle à collier étant appariées
ensemble, donnent la vie à des tourtereaux, ou totalement
de la couleur de l'une, ou tout-à-fait de la couleur de l'autre.
Celui qui est tout blanc n'atteint jamais , et ni plus ni
moins que Içs oiseaux de sa race, une grosiseur égale à celle
4.8 piG
de la tourterelle à collier; il n'a point aussi de collier noir^
mais le collier blanc, qui lui est naturel, est remarquable
par une teinte blanche particulière d'un blanc plus dé-
cidé que celui du reste du corps. Enfin , comme ceux de leur
race, ces tourtereaux blancs ont une constitution plus déli-
cate que la tourterelle à collier, et témoignent plus de sen-
sibilité qu'elle pour le froid.
Si on apparie les deux variétés de tourterelles dont il vient
d'être question, avec la tourterelle grise des bois, et cela
n'est pas difficile, on obtient des mulets absolument infé-.
ronds. Ils se comportent cependant en tout comme leurs pa-
rens, s'accouplent, pondent et couvent; mais jamais les œufs
n'ont le germe indispensable pour le développement d'un
petit. D'ailleurs ces mulets ont toujours le plumage d'une
teinte uniforme plus ou moins foncée; vineuse à la tête, au.
cou et à la poitrine; cendrée rougeàtre au dos; brune sale au
ventre, sur les^ ailes, à l'extrémité de la queue; brune aux
pennes. Ils ont aussi les pieds rouges.
Je suis persuadé que l'on peut parvenir aussi à apparier
les deux variétés de tourterelles à collier à de petits pigeons
mondains; il est présumable que les petits qui naîtroient de
cette union, resteroient tout-à-fait incapables de se repro-
duire.
On ne sauroit nier d'ailleurs que les tourterelles grises de
nos bois, et les deux variétés de tourterelles blanches à col-
lier, ont avec les pigeons la plus grande analogie. Il y a ce-
pendant entre eux une véritable différence : c'est que les
petits qui naissent de l'alliance des tourterelles entre elles,
ont toujours un plumage uniforme, tandis que les pigeon-
neaux, dès que l'on croise les races des pigeons entre elles,
présentent des livrées variées qui rappellent les teintes du
plumage de leurs père et mère. Le chant ou roucoulement
des tourterelles n'est pas le même non plus des pigeons pro-
prement dits.
■2.^ Espèce.
Le Pigeon boussard ( Columba guinea , Lath. ; Pigeon à
taches, d'Edw. ; Colomhe roussard, Temm.), est de la taille
du ramier d'Europe ou plutôt de notre biset. Il a les yeux
PIG 429
cnîourés d'une peau rouge; l'iris d'un beau jaune; le bec noi-
râtre; la tête, la gorge, le ventre, le croupion et les cou-
vertures du dessus et du dessous de la queue d'un gris -bleu
clair; le haut du dos, les scapulaires et les couvertures des
fliles d'un roux cannelle et pourpré. Une tache blanche, de
forme triangulaire, termine le centre de chacune de ces
plumes de recouvrement , de manière que l'oiseau paroît
marqué de taches triangulaires sur les ailes, disposition de
couleur que rappellent jusqu'à un certain point nos pigeons
maillés. Mais toutes les plumes du cou et de la poitrine sont
échancrées vers le bout en forme de fer de lance. Les tarses
sont à demi garnis de plumes.
Le roussard paroit susceptible d'être élevé comme nos pi-
geons de colombier, et se montre en Afrique ce que sont en
Europe nos bisets, c'est-à-dire à demi domestique; au moins
il le semble d'après les foibles renseignemens que l'on possède
sur ce pigeon, digne cependant d'être étudié, et bien étudié
à beaucoup d'égards. Mais c'est surtout des individus vivans
qu'il seroit à désirer qu'on apportât en Europe.
3.* Espèce.
I .'^ Variété. Le Pigeon biset de colombiek, Columba lis'ia,Var.,
a treize pouces de longueur totale; le bec rougeâtre; l'iris
d'un rouge brun; la tête, le haut du dos, les couvertures
des ailes, la poitrine, le ventre, les flancs et toutes les cou-
vertures de la queue d'un cendré tirant sur le bleu; la par-
tie inférieure du dos blancte, ou d'un bleu cendré plus paie
que sur le reste du corps. J'ai examiné un grand nombre de
bisets decolombier, et j'ai rencontré ces deux manières d'être
du dos sous le rapport de la couleur. Ils ont le cou d'un
vert doré à reflets; les pennes primaires des ailes d'un cen-
dré noirâtre; les autres d'un cendré bleu et terminées de
noir; deux bandes transversales de cette couleur sur l'aile;
les pennes de la queue d'un cendré plus foncé que le corps
et terminées de noir; les plus extérieures de chaque côté
blanches; les pieds rouges et les ongles noirs.
II est quelques naturalistes qui admettent comme espèce
distincte du biset sauvage, 0;va;, Arist., Columhaœnas, Lath.,
ce même biset de colombier redevenu sauvage. Mais il ne
43o PIG
font pas attention que le biset sauvage, le biset de colombiei*
à l'état de liberté, et le biset de colombier que je viens de
décrire, ne sont que le même oiseau , différant par les
mœurs et quelques nuances de couleur dans le plumage et
aux tarses. Ainsi le biset sauvage a presque constamment la
partie inférieure du dos blanche, tandis que celui de colom-
bier a cette même partie plus rarement blanche, et plus
ordinairemen^d'un cendré bleu pâle, etc. De plus, ce der-
nier a éprouvé dans ses mœurs primitives un notable chan-
gement, il a renoncé à une liberté entière, qui u ses dan*
gers, pour une liberté limitée, mais volontaire, et qui a
moins d'embarras apparens. Il a un toit, une retraite assu-
rée , et dans les mauvais temps une nourriture suffisante à
raison de sa sobriété native.
Son nom de biset lui paroît venir de sa couleur plus bise
que celle des pigeons tout-à-fait domestiques; mais, si son.
plumage est moins éclatant, il a conservé, en se maintenant
dans une demi-domesticité, plusieurs avantages précieux. Il
est plus robuste et plus courageux; il sauroit , en cas de né-
cessité, satisfaire à ses besoins, ou supporter une nourriture
peu abondante, presque sans souffrir. Comme il a conservé
beaucoup de ses habitudes premières, il retrouveroit promp-
tement toutes celles qui lui seroient nécessaires pour faire
partie des troupes de bisets sauvages.
Les premiers effets de la vie demi-domestique sont d'ame-
ner des variétés de plumage; les ailes se couvrent de quel-
ques taches noires, ou le plumage devient plus pâle, blanc
même par place ou en entier, selon l'espèce d'altération qui
a pu s'opérer par des mœurs moins dures dans la constitu-
tion de l'oiseau. On doit se rappeler à ce sujet que beaucoup
de mammifères et d'oiseaux sauvages ou demi-sauvages per-
dent leurs couleurs normales et que leur manteau offre une
couleur blanche. Les autres variétés de couleur ne survien-
nent que plus tard.
On peut s'en faire une idée sous le rapport du nombre et
des nuances, en examinant les variétés de couleur que pré-
sente le plumage des pigeons bisets fuyards , des pigeons
de roche, etc. Ces derniers oiseaux ne sont en réalité que
des bisets de colombier, qui portent à perpétuité les stigmates
PIG 45i
d'une demi -domesticité très-ancienne. Leurs mcéurs offrent
Timage de coupables qui ont rompu leur banc. Ils étoient
domestiques à demi, ils n'ont pas su recomposer une troupe,
ni osé se réunir à des pigeons de tout temps sauvages; ils
n'ont pas repris l'habitude de se percher, ni de construire
leurs nids sur des arbres. Ils font un plus grand nombre de
pontes que le biset de colombier, lorsqu'ils trouvent aisé-
ment de la nourriture, etc.
Si on observe ce dernier, le biset de colombier, on ne
peut méconnoitre qu'il aime toujours à vivre en société: mais
cette société n'est plus réunie par des liens que la nécessité,
la sûreté de chaque oiseau réclament. Chacun de ses mem-
bres en est plus indépendant, parce qu'il possède un abri assez
sûr contre ses ennemis, contre les intempéries de l'air, contre
la faim. La protection de l'homme s'étend loin de l'habita-
tion; il y a une sorte de sécurité pour la troupe, lorsqu'elle
s'est élancée dans les plaines : dès-lors, pourquoi reconnoîlre
des chefs qui tiennent leur autorité de la force ou de l'âge?
Dans une commune servitude, il ne peut y avoir de préé-
minence. Dès-lors, pourquoi s'assujettir les uns à faire sen-
tinelle, puisqu'il y a peu de danger; les autres à chercher
les lieux où il y a le plus de nourriture, une eau pour se
désaltérer, puisque ni la faim ni la soif ne sont pressans.
Les bisets produisent souvent trois fois l'année j pondent
à deux jours de distance, presque toujours deux œufs, rare-
ment trois, et n'élèvent presque jamais que deux petits , dont
ordinairement l'un se trouve mâle et l'autre femelle. 11 y en
a même plusieurs, et ce sont les plus jeunes, qui ne pondent
qu'une fois. Le produit du printemps est toujours plus nom-
breux , c'est-à-dire la quantité des pigeonneaux dans le
même colombier plus abondante qu'en automne, du moins
dans nos climats.
Ils aiment les lieux paisibles, la belle vue, l'exposition du
levant, la situation élevée où ils puissent jouir des premiers
rayons du soleil. C'est surtout au printemps et en automne
qu'ils semblent rechercher les influences du soleil, la pureté
de l'air et les lieux élevés.
11 suit de leurs mœurs que les meilleurs colombiers , ceux,
où ils se plaisent et multiplient le plus, ne doivent pas être
0^ PIG
trop près des habitations, qu'ils seront placés avec avantage
sur un monticule , et à l'exposition du levant en été et
en hiver.
Une remarque mérite d'être consignée ici , et vient à l'appui
de l'opinion que le biset de colombier est la souche de beau-
coup de pigeons domestiques. C'est que ces derniers recher-
chent toujours avec empressement et une préférence mar-
quée, lorsqu'ils sont amoureux, les pigeons bisets pour sac-
:coupler avec eux.
Je décrirai ici, comme une sous- variété du biset colora*
Jbier, mais sans une grande conviction, le Pigeon brun du
Mexique, Columhafusca [Cehoiloll de Fernandez). 11 est brun
partout, excepté la poitrine et les extrémités des ailes, qui
sont blanches. Il a le tour des yeux d'un rouge vif, ce
qui le rapproche du pigeon mondain ; l'iris noir ; les pieds
rouges.
Il vit en domesticité au Mexique. On le trouve aussi à l'état
siuvage, ou du moins on trouve un oiseau qui a avec lui
assez de ressemblance.
Pourquoi les pigeons domestiques du Mexique ne sont-il pas
-mieux connus? Pourquoi n'en avoir pas apporté en Europe
de vivans? Combien d'années s'écouleront-elles encore avant
qu'on cesse de se contenter d'à peu près, de notions incom-
plètes, sur une foule de points de l'histoire naturelle des oi-
seaux domestiques?
2.* Variété. Le Pigeon mondain, Columha mansuefacta. C'est
Je biset de colombier, mais modifié heureusement dans les
couleurs du plumage, dans sa taille, dans ses formes, par
certaines causes auxquelles il a été soumis.
Pourquoi faut-il que l'on ne connoisse rien de particulier
sur ces causes? Si l'on n'étoit pas dans une ignorance pres-
que complète à leur égard, que de points de l'histoire natu-
relle des colombes seroient éclairés! On ne peut que décrire
leurs effets d'une manière générale, sans même signaler les
rapports, qui, sans doute, \es lient les uns aux autres.
, Les mondains ont une forme élégante, une taille alongée,
et toutes les parties du corps bien proportionnées; leur plu-
mage rappelle pour sa couleur tantôt le bleu cendré du biset
de .colombier, tantôt et plus souvent les altérations de ce
PIG 435
hleu cendré en rougeâtre, en fauve, en jaune, en gris, etc.
Mais la couleur la plus commune est le blanc.
Le volume de leur corps ne surpasse pas toujours celui du
biset; quelquefois il égale en grosseur un poulet commun
de trois mois; mais il peut atteindre aussi le volume d'une
petite poule; tel est:
A. Le Pigeon gros mondain (PT^hite rumped pigeon, Lath.).
Il a, comme la plupart des mondains, un lilet rouge autour
des yeux. Son plumage est blanc , ou bleu cendré, ou rou-
geâtre, etc. ; le tarse uu. Cet oiseau produit très -peu, parce
qu'il casse souvent ses œufs, ou qu'il étouffe ses petits.
B. Le Pigeon iMondain de Berlin est de petite taille, et ii
a un filet rouge autour des yeux. Son plumage est d'un beau
Jioir, avec un rang de pois blancs sur les ailes, et quelques
autres taches de même couleur sur les ailes.
On connoit des pigeons sauvages qui sont patus. Comment
anive-t-il que des mondains aient également des plumes
implantées le long du tarse, et même sur les doigts? quel
seroit le moyen de produire ce phénomèn e sans recourir à
des unions adultérines?
On doit se faire la même demande pour la huppe et la
cape de certains mondains.
C. Le Pigeon aionoainfatu ordinaire, Columha mansuefac'a
plumipes. Sa taille est un peu plus forte que celle du biset do-
mestique. Sa forme en général rappelle celle des mondains
à tarses nus : il produit beaucoup.
Le pigeon patu limousin diffère du précédent par un corps
très-gros, très- long et porté sur de hautes jambes. Il produit
beaucoup.
Le Pigeon mondain patu et huppé, Columha, mansuefacta plu^
mipes et cristata {Columha menstrua seu cristata , Frisch ; vul-
gairement Pigeon de mois ). Il produit presque tous les mois,
et ressemble beaucoup au précédent.
D. Le Pigeon mondain patu plongeur , ou mieux Planeur,
Il aà peu près la taille du biset domestique, les tarses gar-.
nis de plumes, et une sorte de gaine, formée de plumes,
qui reçoit le ta'on. Dans son vol il plane assez long-temps
dans les airs sans battre des ailes, à la manière des oiseaux
de proie. Ce pigeon conserve ainsi, à ce qu'il paroit, une de
40, 'jM
454 PIG
ces facultés 5 mais isolément, qui, dans Fétat sauvage ou demi-
sauvage, est exercée pour Tavatitage de tous dans les troujcs
de pigeons par plusieurs d'entre eux , par ceux qui ont la
fonction de surveiller.
E. Le Pigeon mondain frisé , Columba crispis permis , Aldro-
vande ; Columba crispa; Columba hispida , Vieillot. Blanc;
très-patu, ses plumes ayant les barbes séparées et frisées.
Quelle est la cause de ce phénomène? est-ce un état maladif?
Il est des mondains qui ont une cape ou coquille à la région
occipitale de la tête, laquelle est formée par des plumes sor-
ties à rebours. Je puis citer d'abord un exemple de cette sous-
variété.
F. Pigeon mondain café du Mans, ColumLa mansuefacta ga-
leata cenomanensis. Taille à peu près du pigeon romain; une
cape large et très-fournie déplumes; poitiinc large; corps
court, trapu. Le plumage varie pour les couleurs; et la
mode, qui intervient en tout, a fait donner tour à tour
la préférence aux amateurs, à un fond noir, mêlé de peu de
blanc, et à un fond couleur de rouille, également mêlé d'un
peu de blanc. Cette variété, productive d'ailleurs, fournit
de très-bons pigeonneaux; mais elle est difficile à conserver
dans sa beauté.
On me reprochera de placer ici, au nombre des sous -va-
riétés du mondain , le pigeon hollandois; mais il a beaucoup
des attributs de cette variété, qu'on n'auroit pas eu tort de
méconnoître, si on l'avoit établie ainsi que je l'ai fait.
G. Pigeon mondain coquille hollandois, Columha mansue-
facta galeata hatava. Un peu plus gros que le biset , il a le
corps alongé , dégagé , élégant et gracieux des plus jolis
mondains de petite taille. Un léger lilet nu est autour des
yeux; riris de couleur perlée. Mais la tête, le bout des ailes
et la queue, ont toujours la même couleur, bleue, jaune ou
noire, tandis que le reste du corps est blanc. Ses tarses sont
nus.
Autres pigeons coquilles: l'un, plus gros que le précédent,
est noir, avec un peu de gris à la gorge et deux barres grises
sur chaque aile; l'iris d'ailleurs est jaune, et le tarse velu.
Un autre a toujours la partie supérieure de la tête blanche ;
dans le reste du corps la distribution des couleurs est à peu
PIG 435
près la même que dans le coquille hollaiidois; l'œîl est noir
et sans filet. Un pigeon coquille, assez semblable à celui de
Hollande, est constamment blanc sur tout le corps, mais la
tête est noire; il a l'iris jaune; le tarse nu. Il y en a aussi
à tête rouge, à tête bleue, à tête jaune; tous ayant le corps
blanc, et le vol et la queue de la couleur de la tête.
On ignore par quelle cause les plumes occipitales et de la
partie supérieure et postérieure du cou sortent à rebours de
la peau. On n'ignore pas moins d'où provient un phénomène
remarquable de couleur dans l'iris. Cette partie de l'œil est
noire ou d'un jaune orangé, ou bien jaune et tachetée de
noir, quelquefois d'un blanc semblable à celui de la perle.
Un tel phénomène ne sauroit servir seul à caractériser une
race; mais c'est quelquefois un bon signe distinctif de sous-
variétés.
H. La première à laquelle je m'arrêterai, est celle des pi-
geons volans. Ces mondains ont beaucoup de ressemblance
avec le biset; cependant ils ont une taille plus svelte, plus
alongée, une tête plus élevée, plus fine que ce dernier. Un
léger filet rouge est autour des yeux , et l'iris est d'un blanc
de nacre de perle. Cet oiseau se montre très- léger au vol,
et s'élève très -haut dans les airs. En outre il est doué de
la sagacité précieuse de reconnoître et de retrouver toujours
le colombier où il est né. Il se recommande encore par une
grande fécondité.
Le Pigeon mondain volant messager , Columha mansuefacta
altivolans. Blanc, gris, bleu, rouge, noir, jaune, mélangé
de noir et de blanc, etc., comme tous les mondains. Il est
probablement le pigeon dont on s'est servi jadis pour porter
des messages. Son vol rapide et élevé, et la faculté qu'il pos-
sède , de retrouver toujours sa demeure première, ont dû
le faire choisir à cet effet.
Une variété secondaire est toute blanche, mais avec une
espèce de collier de plumes rouges. Elle s'élève beaucoup
dans les airs. Les petits, presque rouges dans leur premier
âge, blanchissent en approchant de l'âge adulte. Une autre
variété secondaire, d'origine angloise, est noire, avec les ailes
blanches, et a les tarses très-emplumés. Une autre, venue
de Hollande, a le plumage blanc, teinté de rose au soleil et
435 PIG
la barre noire. Il est des volans noirs à barres blanches; de
huppés; de noirs, et à queue blanche : ceux-ci proviennent
d'un volant noir ujarié.à un pigeon-paon, etc.
Le Pigeon volant soie , Columba mansuefacta altivolans
setacea. Les plumes ont les barbes séparées pendantes et
soyeuses, ce qui rend le vol impossible. Cette disposition des
barbes est due probablement à un état maladif particulier,
et analogue à celui des mammifères albinos. Cependant ces
pigeons albinos sont très-productifs.
I. Si, par la forme du bec, par la taille, par le port et
quelques autres signes, il a paru convenable de ramener les
pigeons volans à la variété du mondain, c'est-à-dire, du biset
de colombier, perfectionné par une domesticité entière; il
sera bien plus convenable encore de lui rapporter les Pigeons
SUISSES, Columla mansuefacta Helyetice. Ceux-ci sont plus petits
que les pigeons ordinaires et pas plus gros que les pigeons
bisets; ils sont de même tout aussi légers de vol. 11 y en a de
plusieurs sortes, savoir : des panachés de rouge, de bleu, de
jaune, sur un fond blanc saline, avec un collier qui vient
former nn plastron sur la poitrine , et qui est d'un rouge
rembruni. Ils ont souvent deux rubans sur les ailes, de la
même couleur que celle du plastron. D'autres pigeons suisses
ne sont pas panachés, mais de couleur d'ardoise uniforme
sur tout le corps , sans collier ni plastron. D'autres sont appe-
lés colliers jaunes dorés ou jaspés, ou maillés, etc., parce
qu'ils portent des colliers de celte couleur. Il ne me reste
plus à citer que le pigeon suisse azuré: Fherminé, qui a le
manteau blanc, avec des marques brunes; et le pigeon suisse
barré- orangé , à cause de deux barres oi-angées et étendues
sur les ailes, dont le fond est blanc.
Un honorable naturaliste a dit que le pigeon suisse à collier
doré, pouvoit être obtenu de l'union du culbutant anglois
avec de petits mondains riches des plus belles couleurs. Cette
assertion mérite d'être vérifiée.
K. Mais combien peu est éloigné de ces mondains suisses un
autre groupe de pigeons, les Pigeons maillés , Columba man-
suefacta maculât a? Ces derniers, en effet, ont tous les traits des
' précédens, mais la taille un peu plus forte , et les plumes du
manteau et du dessus des ailes marquées de trois couleurs,
PIG 437
dont une barre noire , et deux autres barres bleue et blanche ,
bleue et rouge, bleue et fauve ou de couleur de bois de
noyer, etc. On en distingue autant de variétés que les cou-
leurs peuvent être associées dilTéremment. D'ailleurs tous ces
oiseaux sont très-beaux, très-productifs , et peu sujets à être
malades. Ils ont le tarse nu et plus court que les pigeons
grosse- gorges.
Les dix sous-variétés du mondain que je viens de décrire,
se perpétuent par la génération. Cependant il faut des soins
pour les conserver pures; autrement, même sans aucun mé-
lange adultérin, elles s'altéreroient peu à peu et fîniroient
par se rapprocher beaucoup du mondain ordinaire, de ce
mondain qui n'est que le biset tout- à- fait apprivoisé. Ainsi
le pigeon maillé ne donne pas toujours naissance à des petits
qui lui ressemblent par le plumage , mais à des petits dont
les plumes ne présentent qu'une seule couleur, le gris- bleu
avec deux barres noires sur les ailes. 11 en est de même du
pigeon suisse, etc.
Lorsque l'on a voulu ne voir dans les mondains que les
bâtards de toutes les races, on a eu évidemment tort. Les
vrais bâtards donnent la vie à des petits qui tantôt leiir res-
semblent, et qui tantôt rappellent, ainsi que leurs parens ,
des traits sensibles, des unions adultérines dont ils tirent
leur origine. Ce ne sont que des bâtards, et non des bisets
apprivoisés, tout-à-fait domestiques ou des mondains.
o.'' Variété, Le Figeov^ yiiRonÉ, Columbaspecularis , est assez
rare, quoiqu'il soit une de ces races que l'on crée par le croi-
sement successif au moins de trois races distinctes. Il consti-
tue une variété constante, puisqu'il ne peut se croiser avec
aucune autre variété , sans perdre son signe caractéristique.
Il a d'ailleurs tous les dehors des mondains, l'iris ordinaire-
ment jaune, une taille moyenne ou égale à celle du biset,
le plumage d'une couleur uniforme , rouge ou jaune , ou
grise , excepté à huit lignes du bout des grandes plumes des
ailes et de la queue , où cette couleur est interrompue par
une barre grise- blanche , et large d'un demi-pouce. Le bout
de ces mêmes plumes est de la même couleur que tout le
plumage, mais seulement pâle.
4.'' Variété. Le Pigeon grosse- gorge , Columba gutturosa, a
438 PIG
pour caractère principal et très-évident, la faculté d'enfler
son jabot en aspirant et retenant l'air dans cette cavité, qui
se dilate beaucoup , quelquefois au point d'acquérir un vo-
lume presque égal à celui du reste du corps. Lorsqu'il enfle
ainsi sa gorge , et c'est presque dans tous les instans du jour,
il est obb'gé de se tenir droit perpendienlairement et semble
prêt à tomber en arrière. Dans cet état il ne peut voir de-
vant lui, ni se défendre ou se préserver des attaques de ses
ennemis. Le vent même, quand il est un peu fort, peut le
renverser et l'emporter avec violence.
Il est très -productif, mais d'une constitution délicate. La
maladie dont il est atteint très-souvent, est la rupture du
jabot , et elle devient presque toujours incurable.
Il y a des grosse -gorges à tarses nus; d'autres à tarses un
peu emplumés ; et plusieurs avec une seule rangée de petites
plumes sur le bord externe du tarse et du doigt médian.
Les premiers offrent un plumage de couleur uniforme,
noir, roux, bleu, etc.; ou blanc et gris , ou blanc et jaune,
etc.; ou bien jacinthe maillé, etc.
Les seconds ont le plumage de couleur chamois et panaché,
tout blanc , gris panaché, gris ardoisé, etc.
Les derniers, et ce sont les Piceons grosse- gorges lillois,
Columba gutturosa insulana, ont la tête petite, le bec mince,
le corps svelte et porté sur des jambes longues, et dont le
genou se dégage du plumage lorsque l'oiseau se tient droit.
Ils sont très-productifs, ne souffrent jamais de la rupture du
jabot, volent très-bien et souvent en planant. Leur plumage
est bleu , avec des barres noires , blanc , blanc hermine ,
rouge vineux, etc., uniforme ou panaché.
Une sous -variété du pigeon grosse - gorge , le Claquart,
Columha percussor , "Willugb. ( Pigeon batteur, Briss. ) , a un
filet autour des yeux, les ailes longues et croisées, comme
le précédent; le plumage blanc ou chamois, ou bleu , avec
les épaules blanches. Son nom lui vient de l'habitude qu'il
a de faire beaucoup de bruit, en battant des ailes au com-
mencement de son vol. Ce caractère indique qu'il tire son
origine d'oiseaux avertisseurs dans les troupes sauvages ou
demi-sauvages. Ses tarses garnis de plumes l'éloignent des
pigeons lillois.
PIG 439
Le pigeon grosse-gorge et le gros mondain produisent le
cavalier. Le pigeon lillois, croisé avec un patu , a donné nais-
sance au patu plongeur et au claquart.
6/ Variété. Le Pigeon cvlt^viant , Coliimba gyrafrix , a beau-
coup de rapports avec les mondains volans; et c'est à regret
que je les ai séparés dans la description. 11 a Fœil, la taille, eu
la forme générale et les couleurs de ces derniers; mais le corps
doit être trapu. Son vol est très-rapide, très-élevé, mais
très -inégal, comme saccadé. Enfin, cet oiseau, pendant qu'il
vole, tourne sur lui-même de deux à cinq fois, la tête en
arrière. On croiroit qu'il tombe ; c'est , dit-on , un moyen pour
lui d'éviter l'atteinte des oiseaux de proie : cependant à la
campagne il perd une pareille habitude. Il est fort souvent
employé pour attirer les pigeons des autres colombiers , parce
qu'il vole au loin, le plus haut et le plus long- temps de tous
les pigeons peut-être.
Entre autres sous- variétés , je citerai le Pigeon culbutant
ANGLOis {Tumbler ). Son bec est très-petit; la tête ronde et
assez grosse; le col mince; le corps trapu, mais plus petit que
celui des pigeons volans. Son plumage offre presque toutes
les couleurs, le blanc, le noir, le brun, le jaune, simple ou
panacjié. Les tumblers sont très -productifs; si on les apparie
avec d'autres petites variétés, ils donnent de jolis métis ; mais
ces derniers ne font pas de petits semblables à eux-mêmes,
ni à leurs parens.
6.^ Variété. Le Pigeon tournant , Columha gyrans, a la taille
plus forte que le culbutant; l'œil garni d'un filet léger;
l'iris noir ou jaunâtre; les pieds chaussés; le plumage ordi-
nairement gris , avec des taches noires sur les ailes, ou
rouge, ou bleu, mais avec un fer à cheval blanc sur le
dos. Son car<ictère distinctif est un vol bruyant, comme une
claquetle par le battement des ailes, et en décrivant des
cercles à la manière des oiseaux de proie.
Le pigeon tournant trouble les volières par son caractère
querelleur et jaloux. Voit -il un mâle caresser sa femelle,
ou une femelle couver, il se précipite sur eux, se cram-
ponne sur leur dos et les bat sans que ceux-ci puissent se
défendre. De ià beaucoup d'œufs non fécondés et cassés.
•j.^ Variété. Le Pigeon tremblecr ou Paon , Columha laticauda ,
440 PI G
est remarquable par sa queue large, étalée et composée au
moins de vingt- huit pennes, et par le tremblement con-
v.ulsif dont il est habituellement agité, surtout lorsqu'il est
en amour. D'ailleurs il a la taille du pigeon volant; il est
peu propre au vol, s'apprivoise aisément, produit beaucoup,
etc. Il redresse et renverse sa queue sur le dos par un effort
particulier, annoncé par un tremblement pour l'ordinaire 5
et exécuté par un appareil fibreux, qu'il n'est pas toujours
facile de découvrir à l'aide du scalpel. En même temps
qu'il relève la queue, il porte la tête assez en arrière pour
qu'elle touche presque les pennes caudales.
Lorsqu'on marie un mâle de pigeon glou-glou avec une fe-
melle paon, on obtient le pigeon tremblant à queue étroite,
qu'il ne peut en outre relever, c'est-à-dire qu'on n'obtient
plus un pigeon-paon, mais uniquement tremblant, et trem-
blant à un plus haut point.
Le Pigeon tremblant de la Guiane. Cette variété, très-
belle , prend son nom du pays d'où elle a été apportée.
Elle est d'un blanc mat, avec les ailes d'un bleu nuancé,
d'espèces d'yeux plus clairs et avec des barres noires.
Le pigeon-paon d'Europe est susceptible de devenir soyeux.
Alors les barbes des plumes sont séparées et tombent comme
un efliié de soie ou de coton. L'oiseau ne peut voler et s'ap-
privoise bien. Sa chair a un goût sauvage, analogue à celui
de la chair des oiseaux de rivière.
8.^ Variété. Le Pigeon hirondelle, Columbaliirundinina, a
la taille et le corps alongé de la tourterelle. Il est fort re-
marquable par le contraste agréable de ses couleurs et très-
élégant , quoiqu'il soit porté sur des jambes basses et des
tarses emplumés. Son corps est blanc. Sur la tête existé une
calotte oblongue , absolument pareille pour la forme à celle
de la fauvette à tête noire, et composée de plumes colorées
en noir, eu gris ou bleu cendré, en rouge ou en jaune. Les
ailes et les pattes sont de la même couleur que la calotte
de la tête.
Cet oiseau, très-léger au vol, aime à planer au-dessus
des arbres et des bàtimens , comme l'hirondelle, dont il
imite la rapidité dans le voK et un peu la manière de porter
les ailes dans le repos.
PIG 44t
11 éprouve quelque gêne dans sa marche par suite des plumes
longues et nombreuses qui couvrent ses tarses et ses doigts;
mais il n'est alors ni lent ni pesant , comme on Ta dit
et répété. On lui trouve aussi le défaut d'avoir quelquefois
l'iris panaché : ceci est affaire de goût et de mode; et les
hommes qui lui adressent ce reproche, et qui le repoussent
lorsqu'il présente ce prétendu défaut, le rechercheront peut-
être un jour par le même motif.
Les variétés secondaires qu'il peut offrir, ont été établies
par les couleurs du plumage. J'en marquerai encore deux,
dont on a fait à tort deux races distinctes. La première est
caractérisée par une huppe et des jambes très-courtes; par
la petitesse du corps; par un bec moins long; par la grande
longueur des plumes qui garnissent les tarses. C'est le pigeon
carme, dont les couleurs, distribuées comme dans le pigeon
hirondelle, sont le gris de fer, le chamois, le soupe- en-vin,
et le jaune.
L'autre variété secondaire que j'ai annoncée, est formée
par le pigeon heurté , quoiqu'il ne soit pas patu. Il se recon-
nqit à une tache colorée en bleu, en jaune, en noir, ou
en rouge, qui est située au-dessus du bec, sur le front et
jusque sur le milieu de la tête, et à la queue, qui est de la
même couleur que la tache frontale. Tout le corps est blanc ;
l'iris noir; la mandibule supérieure du bec colorée comme
le front ; la mandibule inférieure blanche. Ce pigeon rap-
pelle par la longueur, la coloration et la forme du hec et
par son port, les pigeons hirondelles , et par quelques autres
traits, par les tarses nus, le pigeon mondain.
9.^ Variété. Le Pigeon taiMbour ou Glou - Glou, Columba'
fj'inpanotriba.{Col. tjmpasnians , Frisch) , a le bec alongé et assez
semblable pour la forme à celui du pigeon hirondelle, et la
tête deux fois huppée, d'abord sur le front , ensuite à la ré-
gion occipitale ; cette dernière étant une véritable cape ou co-
quille , tandis que l'au tre est une touffe en couronne ; le corps ,
la taille, le port à peu prés de l'hirondelle; l'iris d'un blanc
de perle ; les paupières rouges ; les tarses fort emplumés et
courts. Enfin il se reconnoîtsurtoutàsa voix , dont le roucoule-
ment a quelque rapport avec le bruit du tambour entendu de
loin, et il fait entendre souvent ces deux sons, glou-glou. Son
442 PIG
plumage est blanc d'ailleurs, blanc entremêlé de noir, blanc
et rouge, blanc et jaune, blanc et bleu , noir, noir avec la
tête grise, blanc et bleu, avec des barres orangées.
Ce pigeon, très-fécond, fait huit à neuf pontes par an,
est assez délicat et souvent malade à l'époque de la mue.
Des figures gravées et coloriées m'ont présenté le Pigeon
TATU DE NoRWÉGE, Columha norwegica plumipes, comme très-
semblable au pigeon tambour blanc. J'ignore s'il est doué de
la voix de ce dernier; mais il a une taille beaucoup plus
forte.
Le pigeon patu crapaud -volant est un métis obtenu d'un
glou-glou et d'un volant. Sa tête est aplatie et carrée; la
paupière sans filet coloré; l'iris noir ; le tarse très-emplumé;
le plumage gris. De la taille du glou-glou et d'une forme
agréable, cet oiseau produit beaucoup, comme la plupart
des métis.
Mais il a perdu le trait distinctif de la variété des pigeons
tambours, la voix, de même que tous les métis qui pro-
viennent de ces derniers. Une fois que celte voix singulière
a disparu par un croisement, on ne peut plus la faire repa-
roître, quelques essais que l'on tente.
2." Section.
Bec court, gros, quelquefois très-gros; peau nue et quelquefois colorée
autour des yeux; tète arrondie et assez forte; corps court; poitrine
ou plastron large; tarses peu élevés, quelquefois épais ainsi que les
doigts.
lo.* Variété. Le Pigeon nonnain^, Columha cucullata, se re-
connoît très -aisément à un capuchon épais, situé à la région
occipitale de la tête et sur chaque côté du cou, descendant
jusqu'à la hauteur des épaules, puis se rapprochant vers le
milieu du plastron. Ce capuchon est plus relevé que celui
des pigeons capes, et formé à l'occiput de plusieurs rangs,
sur les côtés du cou de deux rangs, et au plastron d'un seul
rang de plumes; ces dernières sont ordinairement teintes de
couleurs changeantes, qui produisent un efl'et 1res- agréable.
La tête du nonnain, la queue et les grandes pennes des ailes
sont toujours blancs, ou au moins d'une couleur plus pâle que
le ri'Ste du corps. Le plumage est noir, rouge, chamois, quel-
PI G 445
Jquefois panaché, quelquefois entièrement blanc ;l'irls est d'un
hianc de perle; la taille petite, mais élégante; le tarse nu.
Le nonnain n"a pas le vol rapide; on croit que c'est son
capuchon qui met obstacle à ce genre de progression. Cet
oiseau devient très- familier et paroît spirituel. Sa fécondité
est remarquable.
Outre les différences de couleur qu'il présente, on doit
noter encore des différences de taille. Les plus ordinaires sur-
passent un peu en grosseur le biset de colombier; mais le
Pigeon maurin, Columba galerita , Frisch, approche pour la
taille des pigeons grosse- gorges ; comme eux, il a l'habitude
d'enfler sa gorge. Il est tout noir, avec la tcte, le vol et la
queue blancs; son bec est court; l'aile petite; la forme élé-
gante : une fraise de plumes relevées décore la tête et le cou.
Le pigeon maurin provient du nonnain et du grosse-gorge.
Il est loin d'être aussi fécond que ces deux oiseaux.
Lorsqu'on unit un nonnain vrai avec un mondain, on ob-
tient le nonnain cape. Celui-ci n'a qu'une simple coquille, qui
ne s'étend pas au-dessous de la tête. On ne l'estime pas, quoi-
qu'il soit assez productif.
Les caractères de la variété des pigeons nonnains se perdent
très-facilement et dès le premier ci'oisemenf. Peuvent-ils se
reproduire avec beaucoup de soins et de temps? On ne de-
vroit pas l'assurer ni le nier, mais dire seulement que jus-
qu'ici, quelque mélange que l'on ait fait des races voisines
avec celles des nonnains, quelques multipliées qu'aient été
les générations , on n'a pas réussi. Ces essais conduisent à
croire au moins que les nonnains forment une race assez
distincte de foutes les autres.
On rencontre rarement une variété très-secondaire de pi-
geons qui tire son origine, d'un côté certainement, du pigeon
nonnain, peut-être de l'autre côté d'un mondain jacinthe, et
en troisième ligne d'un pigeon patu. Chez elle, il ne reste
du nonnain que la tête, la queue et le vol blancs. Le plastron
noir, les couvertures des ailes noires et grivelées de blanc, et
deux barres blanches, sont les autres traits qui la distinguent.
Il faut ajouter que les plumes au tarse sont blanches. Dans
cet oiseau il n'y a nulle trace de capuchon, la tttc est en-
tièrement nue; mais la taille et la forme générale du corps
444 PIG-
rappellent très-bien le nonnain. Lorsqu'on a créé cette variété
très-secondaire, on a probablement rapproché des races qui
s'éloignent d'une manière notable les unes des autres ; car
on n'a donné naissance qu'à une tribu d'oiseaux peu nom-
breuse, parce qu'elle est réellement très-peu féconde.
11.* Variété. Le Pigeon a cravate, Columha turhita, est un
des plus petits pigeons; il ne dépasse guère en grosseur la
tourterelle. La tête est conformée de manière que l'on y
remarque trois protubérances, deux qui correspondent aux
cavités orbitaires, et une à l'occiput. Le tour des yeux est
tantôt nu et (antôt empîumé : cette dernière disposition dé-
pend d'une adultération dans l'individu qui la présente. Le
bec est très-petit tt très-court. Le caractère le plus tranché
du pigeon cravate est offert par le cou et le plastron; à leur
partie médiane, depuis le dessous du bec jusqu'au bas du
plastron, s'étendent deux ou trois rangées de plumes rebrous-
sées. D'ailleurs le corps a une forme élégante et agréable; les
tarses sont nus; et le plumage varie pour les couleurs. On
connoit des pigeons à cravate tout-à-fait blancs, tout-à-fait
noirs, ou gris bleuâtre; mais alors avec deux barres noires
sur les aîles (pigeon à cravate anglois), ou gris avec des taches
noires. D'autres ont le corps, la queue, et les grandes pennes
des ailes blancs, avec les couvertures des ailes noires, rouges,
bleues cendrées ou chamois, avec ou sans panaches. Enfin il
en est de huppés.
Ces oiseaux, accusés d'être lourds, soutiennent cependant
leur vol très-long temps en ligne droite, peuvent franchir,
par exemple, en quatorze heures, soixante et douze lieues,
et finissent toujours par revenir à leur colombier, quelles que
soient les distances qui les en séparent. Aussi ont-ils obtenu
la faveur de servir de messagers.
Ils ne s'unissent pas volontiers avec les autres pigeons do-
mestiques, ce qui annonce en eux une disposition originelle
et particulière. Ils sont très-féconds, mais ils élèvent diffici-
lement leurs petits, à cause de leur bec très court.
Buffon assure qu'on a vu ces pigeons se marier avec des
tourterelles, et avoir des petits de cette union-, mais ces
petits étoient probablement incapables de se reproduire.
i'.>.' Variéié. Le PigeOxV roLONois, Columha IrevirostraUi , égale
PIG A45
à peu près en grosseur le pigeon-paon, mais il est plus trapu.
Sa tête doit présenter quatre protubérances, une à l'occiput,
une au-dessus de chaque cavité orbitaire, la quatrième à la
racine du bec. Un large cercle d'une peau nue, mamelonnée,
et nuancée de rouge et de jaune , est étendu autour des yeux.
Les couvertures des narines et le dessous de la mandibule
inférieure ont également une peau mamelonnée et rougeàtre.
Quant au bec, il est très-gros et très-court, et d'une manière
fâcheuse, puisque cette disposition met un tel obstacle à ce
que ce pigeon nourrisse ses petits, que ceux-ci meurent fort
souvent de faim. Pour les conserver, il devient prudent de
les faire adopter et nourrir par des pigeons à bec long. Le
cou du pigeon polonois a une certaine grâce; les plumes y
ofTrent toujours des teintes brillantes. Noir, blanc, roux,
chamois, gris; tel est coustauiment le plumage. Enfin, les
jambes sont très-basses, et les tarses et les doigts sont épais
et parsemés de petites plumes.
Lorsqu'on apparie le pigeon polonois à quelque pigeon
huppé, on obtient des oiseaux assez semblables au pigeon
polonois, et dont l'occiput est garni d'une huppe.
Le Pigeon poiomois eenin , Columba hrevirostrata lenis, pro-
vient d'un mâle polonois et d'une femelle de pigeon à cra-
vate. Il a le bec un peu plus long que son père, une taille
qui se rapproche de celle de sa mère, et un air doux, qu'il
tient encore de cette dernière. Il est très-fécond et nourrit
bien ses petits.
Je rappellerai ici une variété de pigeon qui a été signalée
sous la dénomination de columha viilgo cretensis par Aldro-
vande; de columba barbarica seu numidica par Willughby.
Son bec est très -court; ses yeux sont entourés d'une large
bande de peau nue et recouverte de mamelons farineux, eî
son plumage est bleuâtre, avec deux taches noires sur les
ailes.
La Crète, la Barbarie, la Numidie, existent-elles donc si
loin de la terre ferme européenne pour que l'on n^ait aucun
renseignement exact sur cet oiseau , et pour qu'il n'en ait
pas été apporté de vivans ? Esl-ce qu'il vit dans ces contrées
à l'état sauvage et domestique ; est-ce qu'il seroit la souche
du polonois; est-ce qu'il donneroit, en l'unissant à nos va-
4i6 P[G
Tiétés domestiques , la naissance à une postérité féconde ?
Lorsqu'on élève des pigeons à bec court, on remarque
que les uns ont cette partie moins brève , et les autres plus
courte. Si on laisse parvenir à l'âge adulte les premiers, ils
nourriront moins difficilement leurs petits que les seconds,
et ils pourront communiquer à ces nicmes petits des pro-
portions plus favorables dans la forme du bec. Quelles sont
donc les causes qui agissent sur les pigeons de manière à
modifier une partie aussi importante que le bec ? Il ne paroît
pas qu'on s'en soit occupé. Cette question est-elle donc sans
intérêt? En la traitant, on la verroit se lier probablement
à plusieurs points importans de l'histoire de l'organisation
animale, et par là mériter un degré d'attention qu'on n'eût
pas cru devoir lui accorder.
Dans cette section des pigeons à bec court, on eût pu
faire entrer quelques autres variétés secondaires ou tertiaires
du pigeon domestique. Je pourrois citer entre autres le pi-
geon culbutant anglois (le tumbler). En effet, il a le bec
court, la tête assez ronde et un peu grosse, le corps court
et trapu. Par ces caractères, ce joli oiseau pourroit servir
d'intermédiaire entre les pigeons à bec grêle et long, et
ceux à bec court.
De même le bec, à la fois court et gros, et la peau mame-
lonnée et tuberculeuse des narines et du pourtour des yeux,
établit un passage des oiseaux de la seconde section à ceux
de la troisième.
3.^ Section.
Bec long, gros, robuste, droit ou crochu; une peau nue, rouge,
épaisse, mamelonnée , tuberculeuse autour des yeux ; narines égale-
ment recouvertes par une peau épaisse, rouge ou blanchâtre, ridée,
mamelonnée, caronculée ; tète ovoïde; corps gros et long; tarses
robustes; vol lourd.
i3.^ Variété. Le Pigeon romain, Columba campana , se dis-
tingue très- bien de tous les autres pigeons domestiques par
un cercle de peau nue, rouge et ridée, situé autour des
yeux; par ses paupières rougeàtres , et par la membrane
qui recouvre ses narines, laquelle est épaisse, ridée et de la
forme de deux fèves, La tête est oblongue , l'iris blanchâtre,
le cou médiocrement long, la voix sourde, le corps toujours
Ï^IG 447
gros, le vol lourd, la marche pénible et embarrassée. Quant
au plumage , ses couleurs varient beaucoup ; il est brun .
noir, rougeàtre, bleu, bleu avec des taches noires, etc.
Pigeon roiMain ordinaire, Columba campana {Col. hispanica
seu romana ; — Col. domestica major, WiHughby). C'est uu
des plus grands pigeons de volière, dont les jambes sont
basses et les pieds nas. Il vole mal, produit médiocrement,
et nourrit avec peu de soin ses petits.
On indique comme plus productifs les romains à plumage
gris piqueté, ceux à plumage argenté, ou minimes à taches
blanches ou noires. L'observation ne m'a pas paru confirmer
cette assertion. Le premier a le tarse un peu emplumé.
Le PiGKON ROMAIN cAFÉ-AU-LAiT est Ic plus petit de la race.
Il a un filet autour des yeux, l'iris jaune, la membrane des
narines peu épaisse, le tarse nu. D'une taille et d'une cou-
leur agréables , cet oiseau se recommande encore par sa
fécondité.
Peut-être faut-il rapporter à la variété campanienne le
Pigeon messager de WiHughby, Columba taheltaria. Toujours
est -il qu'on lui attribue, entre autres caractères, une peau
nue autour des yeux , une membrane épaisse étendue sur les
narines, etc.; mais il a le corps très-long, et porté sur des
jambes longues aussi.
On a apparié le romain avec des pigeons des autres variétés.
La première que je citerai est le Pigeon romain coupé, Co-
lumba campana mista. Il provient du romain ordinaire et du
bagadais batave. Quelques caroncules autour du bec , l'iris
de couleur nacrée, le cou mince et alongé, le corps assez
élégant et leste , des jambes longues , sont les traits princi-
paux qu'il offre. Avec des ailes d'une moindre envergure
que le romain, il vole mieux. Il produit beaucoup.
Le Pigeon cavalier , Columba eques , tire probablement son
origine du romain et du grosse-gorge. Il enfle plus ou moins
sa gorge; un filet rouge cerne les yeux; une membrane
épaisse , fongueuse , avec un peu de morille , couvre les na-
rines, etc. Le plus commun est blanc, haut sur ses jambes,
et très-productif.
On a, dit -on, croisé aussi ce même cavalier avec un ba-
gadais qui a Pœil du mondain , et on a obtenu le Pigeon
448 PIG
cavalier farraud. Élégant, de couleur ordinairement blanclie ,
cet oiseau enfle sa goi'ge de manière qu'elle forme une espèce
de cylindre; il porte une coquille à la partie postérieure de
la tête, a des jambes longues et vole très-bien. Il fait beau-
coup de petits.
14.* Variété. Le Pigeon turc, Columba carunculata {Col. tur^
cica des auteurs), présente, autour des yeux, un large ruban
caronculeux, qui va rejoindre la base du bec; ses narines
sont surmontées d'une très -grosse morille; le rouge, le
jaune, le bleuâtre, se montrent sur toutes ces excroissances.
Il est d'une très- grande taille. Par ses jambes courtes, ses
ailes alongées, son cou assez court, il se rapproche du cam-
panien ou romain. Il a le vol lourd et son plumage est brun,
minime, gris, chamois, etc.
Une variété secondaire a la tête nue , c'est le Pigeon turc
ORDINAIRE , Columba carunculata vulgaris. Il est d'une gi'ande
taille, d'une beauté réelle et assez fécond.
Une autre sous-variété est huppée, Columha carunculata
çristata : c'est le pigeon turc des auteurs. On ne le trouve
plus en France.
^5." Variété. Le Pigeon bagadais , Columha fortirostrata, se
reconnoît au premier coup d'oeil, tant ses traits sont partie
culiers. Un large ruban caronculeux et rouge entoure les
yeux et vient rejoindre les caroncules tuberculeuses ou ma-
jnelonnées en forme de morille qui couvrent les narines. Le
bec est long, courbé, crochu, robuste. La longueur du cou
n'est pas moins remarquable. La taille peut dépasser en gran-
deur celle de tous les autres pigeons domestiques à tarses
courts. Il en est de même de la longueur des jambes. Le
plumage offre communément la couleur noire, rouge, mi-
nime, noire avec du blanc, etc.
Oiseau farouche, difficile à apprivoiser, le pigeon bagn-.
dais est souvent inutilement fécond: car, lorsqu'on Tapprot
çhe, ses mouvemens sont si brusques pour fuir, qu'il casse
ses œufs ou écrase ses petits, Dans les volières, il se rend re«
doutable et y cause parfois du désordre.
Le Pigeon bagadms batave , Columba fortirostrata maxima,
paroît, quoique adultéré, l'oiseau qui offre le mieux le type
de la variété bagadaise. Ce n'est pas parce qu'il est le plus
PIG 4/.9
grand de taille et de volume, mais sa forme générale, son
aspect très -particulier, ne rappellent aucun trait sensible
des pigeons des autres variétés, et ressemblent plutôt a celles
d'un tétras. La peau qui entoure les yeux et qui couvre
les narines, est épaisse, caronculée et tuberculeuse, mais
sans trop d'excès. Au contraire, le bec, très-alongé, atteint
jusqu'à quinze à dix-huit lignes de longueur , et le cou aussi
est fort remarquablement long; l'iris est d'un blanc perlé.
Un corps gros , court, très -élevé sur ses jambes; une queue
courte; des pattes d'un rouge de sang, assez longues pour
dépasser la queue d'un bon doigt, lorsqu'on les étend, sont
de bons signes distinctifs. Il faut y ajouter encore que la
démarche est pénible et lourde , ainsi que le vol , ce qui
s'explique bien pour ce dernier, puisque les ailes ont peu
de longueur et sont imparfaitement emplumées. La rareté
des plumes laisse voir à nu l'articulation proéminente de
l'épaule.
Cet oiseau, le plus grand des pigeons, est aussi un des
moins féconds. Un médecin de Vienne, Hieronymus Pata-
vinus, le fit connoître le premier en Europe par un dessin
assez inexact, mais qui cependant rendoit à peu prés, quoi-
qu'en charge, son aspect singulier. ]N'auroit-on pas pris, par
une singulière méprise, le nom de ce médecin, défiguré par
une mauvaise traduction ou une mauvaise prononciation ,
pour celui d'un pays d'où l'on auroit présumé dès-lors que
le grand pigeon batave avoit été apporté ?
Un autre pigeon bagadais, surnommé ridiculement têtard,
à cause de sa tête blanche, et qu'il valoit mieux appeler
bagadais à tête blanche, offre assez bien encore les caractères
de sa race. Il a le cou brun , et le reste du corps de couleur
de tabac d'Espagne.
Le bagadais à tête grise présente assez bien aussi les traits
de famille, le bec long, surmonté d'une morille; le tour
des yeux caroncule; l'iris perlé; la tête forte , le cou alongé
et mince ; le corps large , court, porté sur des jambes hautes,
etc. ; un caractère farouche à l'excès; mais il est d'une fécon-
dité remarquable. D'ailleurs la tête est d'un blanc grisâtre,
et le reste du plumage noir.
Le Pigeon bagadais petit batave , Columha fortirostrata
40. 29
45o PI G
m j/uma, ressemble par les formes aux précédens, mais il est
plus petit et fécond.
Les varii'tps secondaires qui suivent ont perdu, ce semble,
quelques signes purs de leur origine. Ainsi le pigeon baga-
dais pierre, a moins de morille, de peau nue et tubercu-
leuse que les précédens ; son bec est plus court , eu égard à
sa taille, il ne dépasse pas quatorze lignes. Du reste, cet
oiseau, ordinairement noir et blanc, est très-beau, produit
beaucoup, et devroit être plus commun.
Le Pigeon bagadais à grande morille a les portions nues de
la peau, autour des yeux et du nez, trop grandes, trop
tu!)erculeuses, pour qu'il ne laisse pas soupçonner quelque
méhinge dans son origine avec le pigeon domestique à grandes
caroacules par excellence, le pigeon turc. Il a aussi lœil
noir. Quant aux autres signes distinctifs de cet oiseau, ils se
rapportent très-bien à sa race. Son sternum est constamment
d'un rouge enflammé. Noir, rouge, noir et blanc, minime,
etc. , telles sont les couleurs de cette variété , qui est deve-
nue très-rare , en grande partie par son peu de fécondité.
Deux autres bagadais, dont l'œil se rapproche de celui du
mondain par la moindre étendue de la peau nue, et des
tubercules qui y existent, et sur les narines, s'éloignent par
ces signes du type de la race. L'un est blanc , ou blanc mêlé
de noir; l'autre, semblaLle parle même plumage, a toujours
la queue noire. Tous les deux ont le sternum rouge.
On a croisé les pigeons bagadais de moyenne taille avec le
biset de colombier, et on a obtenu une race de pigeons métis
qui mérite d'être recherchée pour son utilité. Elle vole bien ,
est robuste , capable de pourvoir d'elle-même à sa nourriture ,
et d'une fécondité remarquable.
Enfin, on rencontre des pigeons bagadais à plumage soyeux.
Les barbes de leurs plumes n'ayant aucune adhérence entre
elles, ils sont jirivés de la faculté de voler.
Il faut le dire, si, par des croisemens de races on est
parvenu à créer quelques variétés utiles, le bien qu'on a
obt(^nu ne compense pas certainement le mal de n'avoir pas
conservé intacte une seule des variétés premières; quand
il est cependant évident que chacune d'elles avoit des
qualités qui pouvoient satisfaire à des goûts convenablement
PIG 45i
réglés, et à tous les genres d'intérêts à peu près que l'homme
peut «ivoir à élever, à soigner, à multiplier les pigeons do-
mestiques.
4/ Section.
Bec long et menu; mandibule supérieure peu ou point renflée à son
extrémité; tarses longs et grêles; doigts entièrement divisés; ailes
courtes , généralement arroudies.
4.' Espèce.
Le Pi(?EON COURONNÉ, Columba coronata, Latham {Goura.
à Java; KroonvogeL, Oiseau couronné des HoIIandois ; Faisan
couronné de Brisson ; Colombi-hocco de Vaillant; Lophjrus
coronalus de M. Vieillot), est bien réellement de la famille
des pigeons, quoiqu'il soit presque aussi gros qu'un dindon.
11 porte sur la tête une huppe composée de plumes à barbes
désunies et un peu frisées, longues de cinq à six pouces et
de la couleur du plumage. Lorsqu'il n'est agité d'aucune pas-
sion , il l'abaisse, l'aplatit sur les côtés, et elle prend alors
la forme d'un croissant; mais l'oiseau fait -il mouvoir cette
huppe, il peut l'étaler en aigrette demi - circulaire j aussi
large que belle. Le bec est noir, long de deux pouces, droit,
grêle, flexible, très-peu renflé vers le bout. La mandibule
supérieure, sillonnée latéralement, s'incline vers la pointe.
La mandibule inférieure est plus courte. Les narines, petites
et orbiculaires , s'ouvrent dans une rainure. Dans un tel bec
se meut une langue charnue et entière. Tout le plumage est
d'un cendré bleu, rembruni sur les pennes des ailes et de la
queue ; les couvertures supérieures des ailes offrent un mar-
ron pourpré; une partie des grandes couvertures est bleue,
seulement un trait d'un noir velouté part du bec et traverse
l'œil. Le goura a les ailes courtes et arrondies; la première
rémige plus courte que la cinquième; la troisième la plus
longue de toutes; douze rectrices; les tarses alongés, garnis
d'écaillés rondes, isolées, etc. La longueur totale de cet oi-
seau va jusqu'à deux pieds et trois pouces.
L'île de Banda, la Nouvelle - (iuinée, plusieurs îles de
l'archipel des Moluques, l'ile de "Waigiou , Tomogui , la terre
des Papous, enfin , Java , tels sont les lieux où il se rencontra
452 PIG
le plus souvent. Dans l'état sauvage , il niche sur les arbres,
et sa ponte est de deux œufs. Il se comporte de même dans
les volières, place son nid sur les arbres, le compose de foin
et de paille, et pond deux œufs aussi gros que ceux de la
poule commune. Lorsque le mâle de ce grand pigeon veut
témoigner sa tendresse à sa femelle, qu'il la provoque, qu'il
l'invite à lui répondre, il incline la ttte sur la poitrine, et
fait entendre une voix grave et sourde , triste et plaintive.
On doit regretter beaucoup que le pigeon couronné, qui
est élevé dans les basses -cours de Java et de l'Inde, n'ait
point encore voulu se propager en France ni en Hollande. On
devroit réitérer les tentatives jusqu'à ce qu'elles soient cou-
ronnées de succès. 11 y a une telle ressemblance entre le
mâle et la femelle, qu'on ne peut distinguer les sexes , lors-
qu'ils ne sont émus d'aucune passion. (E. H. Desportes.)
Table synonymique des espèces du genre Pigeon.
CoLOMBARs : aromatique, espèce n." io3; Capelle, loo ; Comman-
deur, 98; à front nu, 104; Jojoo, 106; Maitsou, 99; odorifcre , 107;
Ponipadour, io3; à queue pointue, ici; unicolore, 102; Waalia, io5.
Colombe : aux ailes tachetées, 1 08 ; azurée, 67; Bartavelle, 109; Biset,
37, et page 429 ; blanche, 82; blanc- verdàtre , 1 10; bleue du Mexique,
1 1 1 ; bleu-verdin, G9; blonde ,79, et page 426; brame, i32; brune de
CartUagène, ii2;brune de la Nouvelle-Hollande, ii3; brune rougeâtrc,
114; Bruvert, ii5; à calotte blanche, 89; capistrate, 26; à ceinturon
noir, 49; à collier blanc, 116; à collier pourpré, 126; à collier roux,
77; Colorabin, 36; de la côte de Malabar, i32; à double collier, 72;
à double huppe, 18; Dussumier, 78; écaillée, 88 ; égyptienne, ii7;éiue-
raudine, 68; erythroptère, 60; Fermin, 1 18 ; de Forster , 65 ; Foumugo ,
43 ; Géante , 16; GeolVroy , 86; Goad-goang, 122; à gorge pourprée d'Am-
boine, i33 ; grivelée, 28; Hagarrero, 121; hérissée, 46; hyogastre, 70;
Jamboo, 53; Jaseuse, 38; Jounud, 44; Kurukuru , 64; Roupoupa, 16;
Labrador , 48 ; à large queue , 85 ; Largup, 33 ; leucomèle ,21; Longup ,
83; luctuose, 3o; Lumachelle, 32 ; à lunette, 17 ; Macqiiarie , 97 ; magni-
fique , 24; maillée, 81; mantclée, 25; marine, 29; marquetée, 64; à
masque blanc, 67; Maugé, 94; Mélanoptère , 128; du Mexique, 119;
Moine, 7 1 ; de montagne du Mexique, 120; mordorée, 123; à moustaches
blanches,6i; à moustaches noires , 93 ; muscadivore, Temm. , 22; musca-
divore , Forst., 23; noire et blanche, 122; à nuque écaillée, 41 ; à nuque
perlée, 76; à nuque violette, 55; océanique, 23; oreillon blanc, 03;
oreillon bleu, 5i ; Oricou, 47; Pampusan, 74; peinte, 84 ; phasianelle,
go; Pinazuro, 34 ; Pinoc, 3i ; plombée. 124J Porphyre, 59 ; Poukiobou,
PIG 453
62 j pourprée de Java, 124; à queue annelée, 35; Rameron , 27; lla-
luier, 19; Raniiret, 40; Reinwardt, 91; Rouge-cap, 46; Roussard, 42
(et page 428); Rousseau, 74; Roussette, 5o; sauvage du Mexique, 127;
sauvage du Paraguay, 128; Souris, 87 ; Tanibourette, 66 ; terrestre, 80 ; à
tète et cou blancs de Norfolk, i3o; à tête et cou gris, i3i ; Tourocco, i35;
Tourte, 92; Tonrteline, 96; Tourtelette, 95; Tourterelle, 75; Turgris,
56; Turvert, 52 et i33; à ventre rouge, i34; verte tachetée, 129; vi-
neuse, 73; Vlou-vlou, 58; voyageuse; 89; Zoë, 20.
CoLoMBi-GALLiKEs : proprement dit, Levaill., 2 ; à barbillon , 2; à camail,
3; Colonibi-caille, i2;Cocotzin, 1 1 ; à cravate noire, 4; à face blanche,
7; à front gris, 9; Goura, 1; Hottentot, 12; de la Jamaïque, 9; de
Jaraieson, 1 5 ; montagnard , 5; Picui , 14; poignardé, 8; Pygmé , i3;
roux-violet, 6; Talpacoti, 10.
PiGECKs : aux ailes bleues ; Vieill. , 16; aux ailes bronzées, Vieill.,
32; aux ailes noires, Vieill., 128; aux ailes rouges, Sonnin., 60; aux
ailes variées, Vieill., io8; à l'aile verte, Edw., 52; azuré, Vieill., 67;
barré, Edw. , 85; Bartavelle, Vieill., 109; à bec recourbé, Sonnin.,
io3; bicolor, Vieill., 73; blanc, mangeur de muscades. Sonner., 29;
blanc-verdàtre, Vieill., 110; bleu du Mexique, Buff. , 1 1 1 ; brun de Car-
thagène, 112 ; brun à couvertures inférieures des ailes rouges, d'Azara,
9; brun de la Nouvelle - Espagne , Vieil!., 127; brun de la Nouvelle-
Hollande, 1 13; brun-rougeàtre, Vieill., 114; brun et vert, Vieill. , 11 5;
Bruvert, ii5; à camail, 3; caraïbe, 35; à ceinturon noir , Vieill., 49;
cendré ferrugineux, Sonnin., 33; Cncotzin , Buff., ii; à collier blanc,
Vieill., 116; Colombar, Levaill., io5; Colombi - galline, Vieill., 2; à
couronne blanche, Vieill., 39; couronné de Banda, i; couronné des
Indes, Buff., 1 ; à couronne pourpre, Vieill., 64; à cravate noire, 4;
cuivré, mangeur de muscades, 21; à double collier, 72; égyptien, 117;
à face blanche de Surinam , Vieill. , 7; Founingo, 43 ; à front nu , Vieill.,
104; Geoffroy, Vieill., 86; de Guinée, Vieill., 42, Hagarrero, 121;
hoUandois , Sonn., 45; Janiboo, Vieill., 53 ; à longue queue, 89; Mait-
sou, Vieill. , 99 ; de la Martinique, 5 1 ; Maugé , Vieill., 94 ; du Mexique,
Buff., Jig; de montagne, Vieill., 5; de montagne du Mexique, 120;
des mornes, Vieill., 41; à moustaches blanches , Vieill. , 6i; nain d'Az.,
i3; de Nicobar, Buff., 3j noir et blanc, Vieill., 28; de la Nouvelle-
Guinée, 1; à nuque violette, Vieill., 55; Oricou, Vieill., 47; de pas-
sage, Buff., 89; peint, 84; Perroquet, 106 ; Picazuro, d'Azara , 34; Picui,
d'Azara, 14; plombé, Vieill., 124; Poukiobou, Vieill., 62; Pompadour,
Lath., Vieill., io3; pourpre de Java, Sonn., 125; à queue annelée,
Vieill., 35 ; Rameron, Vieill. , 27; Ramier, 19; Ramier d'Amboine, Briss.,
Vieill., 52; Ramier blanc muscadivore, Vieill., 29; Ramier bleu de
Madagascar, 43 ; Ramier deCayenne, Buff. ,40, etBonnat. , 5o ; Ramier à
collier pourpre, Sonn., 126; Ramier de la Guadeloupe, Bonnat., 41;
Ramier des Moluques, Buff., 2 <; Ramier vert de Madagascar, Buff., 99;
454 PIG
Fiamiret, Vifill., 40; Je roclie, 3-j; de roche de la Jamaïque, Buff. ,
39; Rocherais, .ly; rougeàtre d'Azara, 10; rouge et jaune d'Azara,6;
Roussel, Vieill., 5o; roux de Cayonne, Buff. , 6; de Saint-Thomas, Buff.,
98; sauvage, Vieill., 35; sauvage d'Amérique, 89; sauvage du Mexique,
Buff., 127; sauvage du Paraguay d'Azara, 128; à taches triangulaires,
Edw., 42; à tète bleue, Vieill., 4; à tôte et cou blancs de Norfolk, i3o;
à tète et cou gris, Vieill., i3i; à tête grise, Vieill., i23; à tête jaune
olive, Vieill., io3; unicolore, Vieill., 102; à ventre blanc (petit),
Browne, 9; vert d'Auiboine , Buff., io3; vert de l'île de Luçon,Sonn.,
106; vert de l'île Saint-Thomas, Vieill., 98; vert des Philippinrs, Vieill.,
106; vert tacheté, Vieill., 129; vert à tête grise d'Antigue, Sonn., 52;
violet de la Martinique, Buff., 6; violet à tête rouge d'Antigue , Sonner.,
46; Vlou-vlou, Vieill., 58; voyageur, V^ieill. , 89; Waalia , Vieill. , io5.
Tourterelles : proprement dite ou d'Europe, ^5; aux ailfs dorçes,
Sonnin.,32; d'Amboine, Buff., 90; d'Amérique , Buff., 92; d'Amérique
(petite),! i;de Baiitam , Vieill., CS; de Batavia, Buff., 56; blanche, Vieill.,
82; blanche ensanglantée, 8; blonde, Levaill., 9 et p. 426; des bois , 75 ;
brune d'Amérique (petite), i3; brune de la Chine, Sonner., 75; du
Canada, 89; du cap de Bonne- Espérance, Sonner., 42; de la Caroline,
Buff., pi. 92; de la Chine (grande). Sonner. , i23;de la Chine , Sonner,
(variété de la Tourterelle propre^^uent dite), 75; Cocotzin, Vieill., 11;
à collier, 79 et page 426; à collier blanc, Vieill., 116; à collier du
Sénégal, 79 et p. 426; de la côte de Malabar, i32 ; à cravate noire, Buff.,
95 ; écaillée, Vieill., 88; Emeraudine, Levaill., 68; ensanglantée, Vieill.,
8; d'Europe, 75; à gorge pourprée, Vieill-, i33; à gorge tachetée du
Sénégal, Buff., 81 ; grise de la Chine, Sonn., 76; grise ensanglantée, 8;
grise de l'ile de Luçon ,Sonn., 75; grise de Surate, 76; Hottcntote, Vieill.»
12; de la Jamaïque, Buff., 4; de Java, Buff. ,52; à large queue du Sénégal»
j35 ; à longue queue, Edw., 92; de Malacca, 85; maillée, Levaill. , 81 ;
du Malabar, «32; de la Martinique (petite), Buff., 11; à masque blanc»
Levaill., 77; naine, Vieill., i3; à nuque perlée, Vieill., 76; Picui ,
Vieill., 14; de Portugal (var. de la tourterelle d'Europe), 75; de Queda
(petite), Sonn., 85; rayée de la Chine, Buff., 184; rayée des Indes,
Buff., 85; rougeàtre, Vieill., 10; de Saint-Domingue, Buff., 93; de
Saint-Domingue ( petite ), Buff., i3 ; du Sénégal, Buff., 68; de Surate,
Sonner., 76; de Surinam, Ferniin , ii8; Tambourette, Levaill., 66; à
tête grise, Vieill., i23; Tourte, Buff., 92; Tourtelette , 95; Tourteline,
Temm>, 97; Tourocco, i35; verte d'Amboine, i33; Yaupan, q.
Table synonymique des espèces et des variétés de pigeons domes-
tiques.
Biset de cOLOMBrER, page 429.
PiGEOH couRONAÉ, 45 1 ; PiGEow DOMESTIQUE : Bagadais, 448; Bagadais
batave , 448; Bagadais petit batavc , 449; Bagadais pierre, 45o; Baga^
PIL 455
dais à grande moillle, 460; Bagadais têtard, 449; de Barbarie, 445;
batteur, 438 jbrun du Mexique , 432 ; Carme, 441 ; Cavalier, 447 ; Cava-
lier faraud, 448; Claquart, 438; Cravate, 444; de Crète, 446 ; Crapaud-
volant, 442; culbutant, 439; culbutant anglois,439 et 446; gros Mondain,
433 ; grosse-gorge , 437 ; grosse-gorge lillois, 438; grosse -gorge Claquart ,
438; Glou-glou,44i ; beurté, 441 ; Hirondelle, 440; maillé, 436; Maurin,
443; de mois, 433; messager de "Willughby, 447 ; miroité, 437 ; Mondain,
432 ; Mondain de Berlin , 433 ; Mondain cape du Mans, 434 ; Mondain co«
quille hollandois, 434 ; Mondain palu et huppé, 433; Mondain patu ordi-
naire, 433 ; Mondain patu plongeur, 433; Mondain volant, 435; Mondain
volant messager, 435; Mondain volant soie, 436; Nonnain,442; Nonnain
cape, 443 ; de Numidie , 445; Paon , 439 ; planeur, 433; patu (Mondain),
433 ; patu Crapaud-volant, 442; patu de Norwége, 442 ; Polonois, 444;
Polonois bénin, 445; Romain, 446; Romain café-au-lait, 447; Romain
coupé, 447; Tambour, 44»; Suisse, 436; trembleur, 439; trembleur à
queue étroite, 440; trembleiir de la Guiane,44o; tournant, 439 ; Tum-
bler, 439 et 446; Turc, 448.
Pigeon roussard, 428.
Tourterelle a collier, 426.
PIGEON ou PIGEONNEAU BLANC. (Conchjl.) Les mar-
chands donnent quelquefois ce nom au stroivbus epidrow'.s ,
Linn., strombe aile relevée de M. de Lamarck. (De B. )
PIGEON ou PIGEONNEAU BLANC PAPYRACÉ. (Conclu)
Variété du strombe aile relevée, Strombus epidrotnis , Linn.
(DeB.)
PIGEON ou PIGEONNEAU FAUVE. {Conchjl.) C'est le
strombus gibberulus , Linn.; le strombe bossu de M. de La-
marck, et quelquefois le strombus lichenarius jL.inn. , le strombe
bouche de sang de M. de Lamarck. (De B, )
PIGEON COUVANT ou PIGEONNE COUVANTE (Conch.);
Voluta mercatoria, Linn. C'est le type du genre Colombelle
de M. de Lamarck. (De B. )
PIGEON DU GROENLAND. [Ornith.) Nom donné impro-
prement au petit guillemot, colymhus niinor et grylle. (Ch.D.)
PIGEON DE MER. ( Ornith. ) L'oiseau ainsi appelé par
les marins est le pétrel damier, procellaria capensis , Linn.,
qui est aussi nommé pigeon plongeur dans certains livres de
navigation. (Ch. D.)
PIGEONNEAU. {Ornith.) C'est le nom qu'on donne au
jeune pigeon. (Desm.)
PIGEONNEAU. {Conchjl.) Nom vulgaire de la colombelle,
456 PIL
Voluta mercaforia, appelée aussi pigeon couvant ou pigeonne
couvante. (Desm.)
PIGEONNIERS. (Bot.) Petit groupe établi par Paulet dans
le genre Agaric, qui comprend deux espèces, les Ailes de
PIGEON et le Blanc d'argent (voyez ces mots), qui se font re-
marquer par leur couleur d'un blanc d'argent, par leur
stipe élevé, et surtout par l'irrégularité de leur chapeau,
disposé à peu près en manière d'ailes de pigeon. (Lem.)
PI GEO UN. (Ornith.) Nom du pigeon en Provence, où le
pigeon ramier est appelé pi geoun fa^'as. (Ch. D.)
PIGLIAMOSCHE. {Ornith.) L'oiseau ainsi nommé dans les
environs de Bologne est le traquet, motacilla ruhicola, Linn.
(Ch.D.)
PIGLO. (Ichthjyol.) L'un des noms donnés à une espèce de
cyprin , le Cyprin pigo. ( Desm. )
PIGNAN-COIN. (Ornith.) Le toucan à gorge jaune , repré-
senté par Levaillant, pi. 7 des promérops , etc., est désigné
à Cayenne par ce nom, qui s'écrit aussi pignen-coin ou pi-
nien-coin, et qui lui a été donné d'après son cri. ( Ch. D.)
PIGNATOXERIS. {Bot.) Un des noms grecs de l'ellébore
blanc, veratrum, selon Mentzel. (J.)
PIGNE. {Bot.) Nom du fruit des pins en Languedoc. Pi-
gnier est celui de ces arbres. (Lem.)
PIGNEUX. {Ornith.) Un des noms vulgaires que Salerne,
page 294, dit avoir été donnés à l'ortolan de roseaux, Emhe-
riza Sohœniclus , Linn., à cause de son cri pign, pign. (Ch. D.)
PIGNON. {Bot.) C'est au Sénégal le nom qu'on donne au
fruit du corossol à fruit hérissé. ( Lem. )
PIGNON DOUX. (Bot.) C'est le fruit du pin cultivé. (L. D.)
PIGNONS. {Bot.) On donne ce nom à des graines de familles
différentes et douées de propriétés très-opposées. La graine
du pin cultivé , appartenant à la famille des conifères , et
nommée pignon doux, est employée dans les émulsions ra-
fraîchissantes. Celle que l'on connoît sous le nom de pignon
d'Inde ou de Barbarie, produite par le jatropha curcas de la
famille des euphorbiacées, est au contraire un purgatif assez
actif, mais moins que celui qui est fourni par la graine du
croton tiglium de la même famille, que l'on nomme graine de
tilli et quelquefois aussi pignon d'Inde. (J.)
PIL 457
PIG-NUT. (Bot.) Nom donné dans le New-Jersey en Amé-
rique, suivant M. Michaux fils, à un noyer, qu'il cite sous
celui de juglans miiiima. Les Anglois donnent le même nom a
la terre-noix, hunium hulhocastanum, plante ombellifère. (J.)
PIGO, Cyprinus pigus. [Ichthjol.) On donne ce nom à un
poisson du genre Cyprin, qui habite plusieurs lacs d'Italie
et spécialement le lac majeur et le lac de Côme. Sa chair
est d'une saveur agréable et son poids monte quelquefois à
six livres. Son dos est d'un bleu mêlé de noir; son ventre
d'un rosé pâle. Au temps du frai, il pousse sur les écailles
des individus mâles des piquans pyramidaux et d'une appa-
rence cristalline. Voyez Cyprin. (H. C.)
PIGOT. (Ornith.) Nom que, suivant Barrère , les Catalans
donnent au grand pic varié, picus majoi\ Linn. (Ch. D.)
PIGOUIL. {Bot.) Lefestucaqiiadridentata de M. Kunth est
ainsi nommé dans les environs de Quito. (J. )
PIGOZO. (Ornith.) Un des noms italiens, suivant Aldro-
vande, du pic vert, picus viridis, Linn. (Ch. D.)
PIGRA. [Ornith.) La mésange penduline, parus pendulinus ,
Linn., est ainsi nommée dans plusieurs endroits de la Crau.
(Ch. d.)
PIGRIÈCHE. (Ornith.) Voyez Pxe-grièche. (Desm.)
PIGRITIA. (Mamm.) L'aï ou paresseux à trois doigts est
ainsi désigné en latin par quelques auteurs. (F. C.)
PIGROLIER. (Ornith.) C'est un des noms vulgaires du
pic vert, picus viridis, Linn. , dans le département des Deux-
Sèvres, selon M. Guillemeau. (Ch. D.)
PIGUS. (IchthjoL.) Voyez Pigo. (H. C)
PIHtÎLMBURU. (Bot.) Nom de l'acrostichum lanceolatum
dans l'île de Ceilan. (J.)
PI HAU HAU. (Ornith.) Ce nom, qui a beaucoup de
rapport avec celui de piauhau , est donné, suivant le Nou-
veau Dictionnaire d'histoire naturelle , à une grive de
Cayenne , d'après le cri qu'elle exprime d'un ton lent et
plaintif. (Ch. D.)
PIHE LERKE. ( Ornith. ) C'est en danois le nom de
l'alouette pipi, alauda trivialis, Linn. ( Ch. D.)
PIHIGUAO. (Bot.) Voyez Pirijao. (J.)
PIKA ou PICA. (Mamm.) Les Tongous d'au-delà du lac
458 PIL
JBaïkal donnent ce nom à une espèce de lièvre à oreilles
courtes, qui est devenue le type d'un genre particulier. Ce
genre a reçu le nom de Pika par Lacépéde. MM. G. Cuvier
et Geoffroy l'ont nommé Lagomys, et .c'est sous ce nom que
nous l'avons fait connoitre, ainsi que les espèces qu'il con-
tient à la suite du genre Lièvre. Voyez ce mot. (F. C.)
P1KC-HEADED-\A/HALE. (Afflmm.) Nom anglois qui si-
gnifie baleine à tête pointue, et qu'on donne en Angleterre
à la baléinoptère museau pointu des naturalistes. (F. C.)
PIKILIS. {Ornith.) Nom grec du chardonneret , /ringi7/a
carduelis , Linn. ( Ch. D.)
PIKIS. {Ornith.) Nom du vanneau commun, Iringa vanel-
lus, Linn., au Kamtschatka. (Ch. D.)
PIL^GHAS. ( Bot. ) Dans l'ile de Ceilan on donne ce
nom, suivant Hermann et Linnseus, à trois plantes légumi-
neuses; savoir : un indigo, le galega villosa de Linnaeus, et
son galega purpurea. Ces deux dernières sont aussi nommées
pUœharel. ( J. )
PILAIS^A et PILAISIA. {Bot.) Voyez Pvlais.ea. (Lem.)
PILART. {Ornith.) Le bouvreuil, loxia pjrrhula , Linn.,
est ainsi nommé dans le Brabant. ( Ch. D.)
PILAT. {Bot.) C'est le nom d'une variété d'orge cultivée
en Basse-Bretagne. (>L. D. )
PILAU, TSJAKAMARAN. (Bot.) Noms mala'oarcs, selon
Rhéede, du jaquier, artocarpus jacca, grand arbre de la
famille des urticées , congénère de celui qui donne le fruit
à pain. Ce jaquier est nommé ponossora par les Brames , ja-
qiieira par les Portugais du Malabar. (J. )
PILAW. {Bot.) Préparation du riz, usitée chez les Turcs.
Après Pavoir lavé dans plusieurs eaux , ils le font cuire
dans du jus de viande et Passaisonnent avec du sel et du sa-
fran : c'est un mets vanté parmi eux. ( J. )
PIJ^CHARD. {Iclithfol.) Nom spécifique d'un Cldpanodon,
que nous avons décrit dans ce Dictionnaire, tome IX, page
/^2S. (H. C.)
PILEANTHUS. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs complètes, polypétalécs, de la famille des myrtées , de
Vicosanàrie monogynie de Linnœus, offrant pour caractère
essentiel : LTne coiffe qui renferme chaque fleur avant son
PIL 459
ëpanouissement; à cette époque elle s'ouvre vers son milieu
en boite à savonnette; la partie inférieure, semblable à une
petite cupule, persiste; la supérieure se divise en deux valves
entières et caduques. Le calice est entier, avec dix lobes or-
biculaires à son limbe; la corolle composée de cinq pétales,
une fois plus longs que les lobes du calice , insérés à son ori-
fice ; les étamines, au nombre d'une vingtaine, ont les lila-
mens courts, attachés sous les pétales, à deux anthères uni-
loculaires, séparées par un connectif; Fovaire est inférieur;
le style courte le stigmate obtus; le fruit inconnu : il paroît
devoir être une baie à plusieurs semences.
Le nom de ce genre est composé de deux mots grecs qui
en expriment le caractère, TriXiov {bonnet)^ uvôoç [fleur).
Il est en etfet très- remarquable par la coiffe qui enveloppe
les fleurs avant leur épanouissement, parle Clament q_ui se
bifurque à son sommet, chaque partie soutenant une anthère
uniloculaire. Malgré ces anomalies , M. de Labillardière ,
auteur de ce genre, n'a pas cru devoir l'écarter de la famille
des myrtées , dont il offre d'ailleurs tous les autres caractères.
PiLEANTHus EN LIMAÇON : PUcanthus limucis, Labill. , A^of.
Holl., 2, pag. 1], tab. 149; Zérami, Poir. , Encycl. Arbris-
seau dont la tige se divise en rameaux opposés en croix ,
courts, presque simples, un peu tubercules, revêtus d'une
écorce cendrée. Les feuilles sont épaisses, sessiles , opposées,
presque en massue, glabres, un peu velues dans leur jeu-
nesse, convexes sur le dos, creusées en dessous par un sillon
longitudinal, dilatées presque en limaçon à leur base, char-
gées partout de points tubercules et anguleux, longues d'en-
viron cinq à six lignes. Les fleurs sont solitaires, axillairesvers
l'extrémité des rameaux, portées par un pédoncule simple,
court, cylindrique; la coiffe est globuleuse, un peu ovale,
avec les deux valves de la partie supérieure conniventes
avant leur séparation ; les dix lobes du calice sont médio-
crement crénelés; les pétales sessiles, oblongs , tronqués à
leur base ; les fîlamens plus courts que la corolle. L'ovaire
est ovale, enveloppé par la partie entière du calice. Il ren-
ferme des ovules aplatis, en forme de rein. Cette plante a
été découverte par M. De Labillardière à la terre de Van-
Diéme«. (Poir.)
4?o PIL
PILENTE. (Ornîih.) Nom donné, par les Misnicns, sui-
vant Gesner et Aidrovande, à la guignette, tringa hjpoleu-
cos, Linn. , qui est aussi appelée, dans le même pays, pil-
wencgen ou pilivegichen. (Ch. D.)
PILEOLE. {Bot.) Dans les graines monocofylédones la plu-
mule de l'embryon est quelquefois cachée dans une cavité
rofylédonaire, sorte d'étui que M. Mirbel nomme coléoplile.
Lorsque la plumule n'a pas de coléoptile, les rudimens des
feuilles qui forment sa gemmule sont recouverts par une fo-
liole extérieure, parfaitement close, qui tient lieu de coléop-
tile. C'est cette foliole, conformée comme un éteignoir, que
M. Mirbel nomme piléole. On a des exemples de plumule
coléoptilée dans les alismacées, les liliacées, etc., et de gem-
mule piléolée dans le scirpus, le zostera, les graminées, etc.
Parmi ces deriiiéres, le riz offre l'exemple remarquable d'une
plumule coléoptilée dont la gemmule est, en outre, pourvue
d'une piléole. Il n'est pas aisé de distinguer la piléole de la
colcopfile avant la germination, à moins que, dès l'origine,
la tigclle qui porte la gemmule ne soit apparente, comme
dans le zostera et quelques graminées. (Mass.)
PILËOLE. (Foss.) Ce genre, qui ne se présente qu'à l'état
fossile, porte les caractères suivans : Coquille patelliforme,
régulière, elliptique, ou circulaire, conique; sommet droit
ou légèrement en spirale, incliné en arrière; face inférieure
concave, tranchante surses bords; ouverture entière , petite,
à peine du tiers de la face inférieure ; bord columellaire
denté ou strié; bord droit lisse. Sow., Min. conch., tom. 6,
pag. 4],
Piléole lisse : Pileolus lœvis , Sow. , ioc. c. , pi. 43 2 , fig. 5 — 8 ;
Desh. ; Ann. d'hist. natur. , tom. 1, pag. 191, pi. i3, fig. 1.
Coquille conique, déprimée, lisse, suborbiculaire , à sommet
subcentral concave en dessous , marginée ; ouverture très-
petite , demi-ronde et à columelle lisse. Diamètre, deux lignes.
Cette espèce , ainsi que la suivante , ont été trouvées par M.
Miller dans l'oolite à Anclift en Angleterre , avec des cérites ,
des sabots, des toupies, et des térébratules.
La présence des coquilles de ce genre dans un terrain plus
ancien que la craie, tel que l'oolite, est un fait très -remar-
quable et rare.
PIL 461
PiLÉOLE PLISSÉ : Plleolus plicatus , Sovv. , loc. cit. , même pi.,
fig. 1 — 4; Desh., loc. cit. , même pi., fig. 2. Coquille conique,
couverte de côtes rayonnantes, à sommet subcential, convexe
en dessous, marginée; à ouverture arrondie et portant des
petites dents à la colunielle. Diamètre, deux lignes.
PiLÉOLE néritoïde; PHeolus neritoides , Desh., loc. cit., même
pi., fig. 3. Coquille ovale , oblongue, conique, lisse , à sommet
pointu et recourbé en arrière ; ouverture demi-ronde et por-
tant de petites dents à la columelle. Diamètre, trois lignes et
demie. On trouve cette espèce à Mouchy-le-Cliùtel, départe-
ment de l'Oise, et près de Houdan.
PiLÉOLE DE Hauieville : PUcolus ultayUlensis , De Gerv. ; Cre-
pidula altavillensis , Dict. des se. nat., tom. XI, p. Sgy. En signa-
lant cette espèce à l'article Crépidule , nous avions dit que
nous pensions qu'il étoit douteux qu'elle appartînt au genre
Crépidule. Voyez cet article. (D. F.)
PILÉOPSIS [Cabochon]. {Malacoz.) M. de Lamarck a donné
ce nom latin au genre Cabochon, que Denys de Montfort
avoit également établi sous la dénomination de Capulus. Quoi-
que nous en ayons déjà donné la caractéristique sous ce der-
nier mot, en citant l'espèce la plus commune, nous allons
indiquer ici les autres espèces, établies par M. de Lamarck,
dans son Ouvrage sur les animaux sans vertèbres, qui a paru
depuis l'impression du 3." volume de ce Dictionnaire. Nous
ferons d'abord l'observation que nous ne conservons dans le
genre des véritables cabochons, que les espèces qui n'ont pas
de support ou de plaque testacée sous le pied ; celles qui en
ont, constituant le genre Hipfonyce de M. Defrance , dont
il a parlé à cet article.
Il paroit qu'il existe des cabochons dans toutes les mers.
Malheureusement , comme leurs coquilles sont peu remar-
quables , elles ont été généralement assez peu recueillies.
Voici celles que j'ai observées :
Le C. BONNET chinois: p. ungarica, Palella ungarica, Linn.,
Gmel., page 3709, n.° 89; Martini, Conchjl. , j , t. 12, fig.
107 et 108. Coquille assez mince, épidermée, conique, acu-
minée, striée verticalement , à sommet recourbé, un peu con-
tourné; Pouverture plus large transversalement, plus ou
moins irrégulière. Couleur blanche ou d'un blanc roussàtre
4G2 PIL
en dehors sous l'éplderme, blanche en dedans, quelquefois
un peu rosée.
C'est cette espèce, commune dans la Méditerranée et dans
l'océan Atlantique , et, par conséquent, dans les collections,
dont on connoît l'animal. M. de Gerville en a trouvé un in-
dividu sur une huître dans la baie de Cherbourg.
Le C. FEUILLETÉ : P. mitrulu , P. mitrula, Linn. , Gmel., p.
5708, n.° 82: Martini, Conchj^l. , n , t. 12 , fîg. 1 1 1 et 1 1 2.
Coquille solide, ovale -arrondie, obliquement conique, à
sommet crochu ; le bord évasé ; les stries d'accroissement en
forme de lamelles transverses, lâchement imbriquées.
Cette petite espèce vient des côtes de la Barbade. Elle est
fort irrégulière. J'en possède une variété, dont les lamelles
sont rebordées et striées dans toute leur étendue. Ce pour-
roit bien être une espèce distincte.
Le C. TORTILLÉ ; P. intorta , de Lamarck , PI. du Diction.
Coquille ovale-arrondie , obliquement conique, avec des
stries décurrentes du sommet à la circonférence; sommet sur-
baissé, latéral et tortillé. Couleur toute blanche.
Cette coquille, dont on ignore la patrie , pourroit bien ne
pas appartenir à ce genre, et devoir être rapprochée des
sigarets et surtout du genre Velutine.
Le C. roussatre: P.subrufa, de Lamarck; INIartini, Conch.y
1, t. i2,fig. 1 1 3. Petite coquille ovale-arrondie, obliquement
conique, à sommet saillant, infléchi, avec des sillons lon-
gitudinaux, coupant à angle droit des stries transverses.
Patrie inconnue.
Le C. RADIÉ, P. radiata. Petite Coquille presque circulaire,
voûtée, à sommet presque médian, surbaissé; des côtes peu
nombreuses, denticulant le bord. Couleur d'un gris ver-
dàtre en dehors , châtaine en dedans , si ce n'est suY les
bords, qui sont blancs.
Cette espèce, dont je possède un individu dans ma col-
lection, sans en connoitre la patrie, est presque symétrique,
de manière a ressembler à une véritable patelle, dont le
sommet seroit en arrière.
Le C. COULEUR DE CHAIR, P. carnicolor. Petite coquille
épaisse, solide, irrégulière, conique, à sommet très -pro-
noncé j surbaissé et dépassant fortement le bord j ouverture
PIL 465
uîï peu plus large que longue ; surface comme tricotée. Cou-
leur générale : couleur de chair pâle en dehors, plus rouge
en dedans.
Cette espèce, dont j'ignore la patrie et que je posséda
dans ma collection , me paroit distincte.
Le C. TRiCARÉNÉ : P.'tricarinata, P. tricarinata, Linn., Gmel.,
page 37 j G, n." 92; Schroter, Einl. in Conch., 2, page 417,
lab. 5, lig. 2. Coquille subovale, inégalement striée, can-
nelée vers le sommet, qui est obtus et postérieur, trica-
rénéc en avant. Couleur d'un vert sale en dehors, blanche
en dedans.
Patrie inconnue.
Le C. LiRi; P. memlranacea , Kàanson , Sénëg. , p. 32, pi. 2.
Coquille très-petite, extrêmement mince , transparente, sub-
cartilagineuse, couverte d'un périoste membraneux. Couleur
de rouille; sommet au tiers postérieur en crochet recourbé.
Adanson , qui a trouvé cette espèce sur les rochers du
cap, Vert, dit que l'animal diffère de celui des patelles; que
ses tentacules sont plus longs, ainsi que son pied, qui dé-
borde le corps en arrière, et que la frange du manteau est
formée par trente filets fourchus.
Le C. soRON : P. nivea , Linn., Gmel., page 0727 , n." 287;
Adanson, Sénég. , 1 , page 32 , t. 2 , fig. 3. Coquille tiès-pe-
tite , fort épaisse, subconique, à base subcirculaire, creusée
en dehors de sept à huit sillons circuh.ires; sommet obtus,
tout près du bord postérieur. Couleur d'un blanc de neige.
L'animal de cette espèce, qui est rare sur la côte du Sé-
négal, a sa tête fort courte, considérablement aplatie, plus
large que longue, bordée par une membrane; les tentacules
la dépassent à peine ; les yeux sont placés sur leur partie
postériX-ure ; le pied est exactement rond ; les bords du
manteau sont extrêmement courts et garnis d'une rangée de
petits points élevés. Sa couleur est d'un blanc sale.
Le C. GADiN : P. afra , Linn., Gmel., page 3716, n.° 122 j
Adanson, Sénég., 1 , t. 2 , lig. 4. Coquille fort épaisse, assez
régulièrement conique ; sommet vertical , subcentral , d"où
partent environ cent côtes peu élevées, arrondies et presque
égales; ouverture subcirculaire, à bords un peu irréguliers.
Couleur extrêmement blanche.
464 PIL
Très -commune sur les rochers de l'ile de Corée et du
cap Manul au Sénégal.
Il existe sans doute encore dans les collections plusieurs
espèces de coquilles, que l'on pourra rapportera ce genre,
du moins provisoirement; car ce ne sera que, lorsqu'on en
aura examiné l'animal que l'on pourra le faire d'une ma-
nière décisive. Il y a peut-être même plusieurs des espèces
caractérisées plus haut , qui ne sont pas de véritables ca-
bochons.
On trouve encore confondues sous ce nom , dans les col-
lections, les coquilles qui constituent le genre Siphonaire, et
qui ne peuvent guères être distinguées des cabochons que par
la forme de l'impression musculaire. Voy, Siphonaire. (De B.)
PILESTE. (Bot.) Un des noms vulgaires de l'arum com-
mun. (L. D.)
PILET. {Ornitli.) Nom picard du canard à longue queue,
anas acuta , Linn, On appelle, dans la même contrée, pilet
tanné, le canard milouin , anasferina, Linn. (Ch. D.)
PILGA. {Bot.) Nom hébreu du raifort, suivant Mentzel. (J.)
PILI. (Ornith.) Ce nom et celui de hégul désignent, en
sanscrit, le paon, pavo cristatus, Linn., suivant Paulin de
Saint-Barthelémi , tome i.*"' de son Voyage aux Indes orien-
tales, pag. 421. (Ch. d.)
PILIDION. {Bot.) Nom donné au conceptacle des lichens,
lorsque, comme dans le caljcium, par exemple, il est orbi-
culaire ou hémisphérique et que sa superficie se réduit en
une poussière régénératrice. (Mass.)
PILIDIUM. {Bot.) Genre de la famille des champignons ,
-établi par Kunze. Il est caractérisé par son périthécium
simple, sessile, hémisphérique, d'abord fermé, puis se par-
tageant par son centre en plusieurs fentes rayonnantes et
contenant une masse formée par une multitude de sporidies
fusiformes. Ce genre, ainsi que le Leptothjyrium et ÏActijio-
thjrium, également de Kunze, appartiennent à celui appelé
Phoma par Pries, et tous, réunis à quelques autres genres,
ont plus de rapports avec la famille des hypoxylées qu'avec
^elle des champignons , où la plupart des mycologues les
placent.
Le pilidium acerinum, Kunze, Mycol. , 2 , page 92. pi. 3,
PIL 4(55
iîgs 5, est la seule espèce du genre. On la trouve en quan-
tité sur les feuilles mortes d'érables: elle n'est pas plus grosse
qu'un point. (Lem.)
PILIET. (Bot.) C'est une- variété de l'orge cultivée. (L, D.)
PILIGNO. (Min.) On nomme ainsi dans le Siennois , dit
le docteur Santi, un scliiste noir très-bitumineux. Voyez Am-
vÉLiTE et Schiste. (B.)
PILILA. (Bot.) A Ceilan, suivant Hermann, on nomme
ainsi le lorantlius loniceroides. (J.)
PILINGRE. (Bot.) Dans l'Anjou, on donne ce nom à la
rénouée persicaire. ( L. D.)
PILITSCHEL (IchthjoL) Nom spécifique d'un Caranxomore ,
décrit dans ce Dictionnaire , tome VU , page 3o. (H. C.)
PILLE. (Ornith.) Voyez Pillu. (Ch. D.)
PILLEO. (Ornilh.) Nom péruvien du colibri piqueté ou
zitzil, trochilus punctiilatus, Lath. (Ch. D.)
PILLO. (OrniLh.) Voyez Pillu. (Ch. D.)
PÏLLOLET. (Bot.) Nom vulgaire du serpolet. ( L. D.)
PILLORILLA. (BoL) Suivant Frézier, on nomme ainsi le
i-icin dans le Chili. (J, )
PILLU. ( Ornith.) Cet oiseau du Chili est le lantalus pillas,
Gmel. et Lath. , dont le corps est de la grosseur de celui
d'une oie y selon Molina , pag. 224, et au sujet duquel on
devra consulter l'article Ibis, page 427 du tome XXII de ce
Dictionnaire. Le nom àe pillu est aussi donné, dans le dépar-
tement de la Somme, à la barge à queue noire, scolopax li-
mosa, Linn., et limosa melanura ^ Leisler. (Ch. D. )
PILLURION. [Ornith.) M. Vieillot a formé sous ce nom.
françois et sous celui de cissopis, en latin tiré du grec, un
genre particulier dans sa famille des colhirions ou pie-
grièches (lanius, Linn.), lequel correspond aux héthyles de
M. Cuvier, qui n'ont clé qu'indiqués au Supplément du
tome IV de ce Dictionnaire, pag. 82. Les seuls caractères
génériques donnés par le célèbre Professeur, consistent dans
un bec gros, court, bombé de toute part, légèrement com-
primé vers le bout; M. Vieillot y ajoute les suivans : Mandi-
bule supérieure échancrée et courbée à sa pointe ; Pinférieure
plus courte, droite ; les narines rondes et ouvertes; la bouche
ciliée sur les angles; les doigts extérieurs réunis à leur base.
40. 3o
466 PIL
La seule espèce dont ce genre soit composé jusqu'à pré-
sent, le pillurion bicolor de M. Vieillot [lanius picatus , Lath.,
et lanius leverianus, Sliaw), dont Illiger fait un tangara, est
représentée dans les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, pi. 60.
sous le nom de pie pie-grièche. Ce savant ornithologiste, que
la science vient de perdre , l'a décrite au tome 2 , pag. 26 , du
premier de ses ouvrages , comme étant à peu près de la lon-
gueur de notre pie-grièche grise d'Europe, mais un peu plus
épaisse de corps : son plumage n'est composé que de deux
couleurs, le noir lustré et le blanc pur, distribués comme
sur notre pie commune , que le béthyle représente en petit.
Cette espèce, qui se trouve à la Guiane et au Brésil, y est
fort rare. ( Ch. D.)
PILOBOLUS. {Bol.) Genre de la famille des champignons,
voisin des thelebolus et sphœrobolus. Tous les trois établis par
J'ode et adoptés par les botanistes.
Les caractères du genre Piloholus sont ceux-ci : Filamens
simples, tubuleux , membraneux, évasé parle haut en forme
de vessie, portant une vésicule ou corps charnu ou mem-
braneux, qui finit par éclater et lancer au loin les sporidies;
celles-ci sont distinctes et globuleuses.
Les espèces sont peu nombreuses, très-fugaces ; on les
rencontre en été ou en automne sur la fiente des animaux,
sur les fumiers; elles ressemblent à des moisissures : on peut
les comparer, pour l'aspect, à des épingles très-petites et
courtes. Link explique la cause qui produit l'éclatement de
la vésicule , par une explosioti due, selon lui, à la contrac-
tion qu'éprouve la partie supérieure du filament ou la vessie.
Le P. CRISTALLIN : P. cristalUnus , Tode; Pers. , Obs. myc. , 1 ,
page 76, tab. 4, fig. g — 11 ; Flor. Dan., pi. 1080; Link,
Berl. Mag., 3, page 22, pi. 2 , fig. 5o; Nées, SjsL, fig. 80;
Hjydrogora , Wigg-, Hols. , page 1 10 ; Mucor urceolatus, Bull. ,
Ch., pi. 480, fig. 1. Filament jaunâtre ou blanc, s'évasant en
une vessie obovale pleine d'eau, qui porte elle-même
une vésicule charnue, hémisphérique, noirâtre, d'abord
droite, puis penchée, après que la vessie a éclaté. Dans cet
état les filamens semblent être autant de petits champi-
gnons couronnés d'un chapeau. Le pédicelle et la vessie
sont remplis d'une eau limpide et transparente, et couverts
PIL 467
de gouttelettes brillantes , qui leur donnent une apparence
cristalline. On trouve cette espèce en Europe et en Amé-
rique, en automne et en été, sur la fiente des vaches, des
chevaux, des bêtes fauves, etc. Elle est très-fugace ; cepen-
dant la vessie, après sa chute, se durcit et se conserve quel-
que temps.
Le P. ARROSÉ: P. roridus , Pers. , Pries ; Mucor roridàs , Relh.,
Boit., tab. i32, fig. 4. Fungus, Pluk. , Phjt. , 1 , pi. 116,
fig. 7. La vessie est globuleuse , portée sur un filament
alongé, filiforme et surmontée d'une vésicule noire, fauve
en dessous , ponctiforme. Cette espèce sV rencontre avec
la précédente. Elle est plus petite, plus délicate, extrême-
ment fugace, pâle, brillante, transparente et semblable à
une petite épingle.
Le genre Didjmocrater de Martius est voisin du Pilobolus;
mais, comme il s'en distingue par Pabsence de la vésicule
qui couronne la vessie, il ne peut lui être réuni. Voyez
Particle Mycologie, tom. XXXIIl , pag, 492. (Lem.)
PILOCARFE, PUocarpus. {Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fieurs complètes, poîypéfalées, de la famille des
rutacées, de la pentandrie pentagynie de Linnœus, offrant pour
caractère essentiel .- Un calice très-petit , à cinq dents ; cinq
pétales; cinq étamines alternes avec les pétales ; cinq ovaires
très-petitis , enfoncés par leur base dans un disque, unilocu-
laires, monospermes ; autant de styles très-courts, connivens^
attachés à un angle central au-dessus dii sommet des ovaires;
le stigmate à cinq lobes; cinq coques , souvent une ou deux,
s'ouvrant en deux valves à Pangle central; une semence sans
périsperme.
PiLOCARPE EN ÉPI; PHocarpus spicata , Aug. S. Hil. , Mém. du
Mus., 10, pag. 060. Arbrisseau très-glabre, haut d'environ
deux pieds; sa tige est droite, garnie de feuilles alternesj
les supérieures quelquefois opposées ou ternées, oblongueSj
elliptiques, rétrécies à leur base, longues de six ou sept
pouces; les pétioles rougeàtres; un épi terminal, puis latéral,
presque sessile, étroit, long de six à treize pouces; les fleurs
un peu pédicellées, munies chacune d'une petite bractée;
la corolle verte; le disque comprimé, à cinq angles; les
coques ovales, obtuses, un peu comprimées, striées, d'un
4Cd PIL
gris ferrugineux : une semence ovale et noirâtre. Cette plante
croit au Brésil, dans les forêts, proche de Sébastianopolis.
PiLocAni'E PAUCiFi-ORE; PHocarpus paucï/lorus , Aug. S. Hil.^
loc, cit., pag. 36 1. Arbrisseau grêle, de trois pieds, médiocre-
ment rameux; son écorce blanche; ses rameaux pubescens.
les feuilles pétiolées, alternes, souvent les supérieures oppo-
sées, lancéolées, obtuses, aiguës à leur base, glabres, longues
de trois ou quatre pouces; les fleurs pédicellces , disposées
en grappes terminales, longues de quatre ou cinq pouces,
munies à leur base d'une petite bractée pubescente. Cette
plante croît dans les forêts, au Chili, dans la province de
Sainte-Catherine. (Poir.)
PILOMYCl. {Bot.) M. Persoon, dans sa Mycologie euro-
péenne , désigne ainsi le troisième ordre de sa famille des
champignons, parce que les plantes qui en font partie, of-
frent un chapeau distinct, le plus souvent porté sur un pied
comme un parasol. Les genres les plus remarquables sont
les MeruUus , Foljporus , Boletus , Hydniim , Agaricus , etc.
(Lem.)
PILON. {Bot.) Un des noms vulgaires de l'arum commun.
(L. D.)
PILON. {Chim.) Voyez MoRTiEii , tome XXXIII, page 29,
(Ck.)
PILON ou FAUSSE ARAIGNEE FE^MELLE. {Conchjî.) II
paroît que les marchands désignoient autrefois ainsi le jeune
âge du sLromltis chiragra, Linn., le ptérocère araignée de M-
de Lamarck, et quelquefois le pterocerus lamlis. (De B.)
PILON DE LIMACE. {Bot.) Voyez Limax. (Lem.)
PILONS. ( Bot. ) Pauïet nomme peths Pilons ou petites
Quilles , le Clavaria ccespitosa , Jacq. , et gros Pilon le Clavaria
pistillaris , Linn. ( Lem. )
PILOPHORA, {Bot.) Jacquin désigne sous ce nom le
palmier, tourloury de la Guiane, remarquable par sa syathe
d'une seule pièce, en forme de cône alongé ou de chausse
employée pour filtrer , et par son fruit composé de deux
coques sphériques, accollées et tuberculeuses à leur surface.
Ce genre a beaucoup de rapports avec le manicaria de Gœrtncr.
(J.)
PILORI. ( Marnm. ) Espèce du genre Rat qui se trouve
PIL 469
ùans les Antilles, et à laquelle les François donnent ce nom.
(F. C.)
PILORIOT. ( Ornilh. ) Ce nom est donné , dans quelques
départemens, au loriot commun, oriolus gnlbula , Linn.
(Ch. D.)
PILOSELLA. (Jiot.) Ce nom a été donné chez les anciens
à diverses plantes dont le feuillage étoit parsemé de poils;
au gremillet , myosotis scorpioidcs, par Gérard; au draha verna
et à Varahis thaliana , par Thalius ; au tlilaspi perfoliatum , par
Camerarius ; au pied de-chat, gnaphalium dioicum , par Do-
doëns; à divers hieracium, par Matthiole, Morison, C.Bauhin,
et particulièrement à celui qui Fa conservé comme nom spé-
cifique, hieracium pilosel la, en François la piloselle ou oreille-
de-souris. (J. )
PILOSELLE A FLEURS BLEUES. (Bot.) Nom vulgaire
de la myosotide annuelle. (L. D.)
PJLOSELL-E [Petite-.]. {Bol.) La drave prinfanière et le
gnaphale dioïque portent vulgairement ce nom. ( L. D.)
PILOSELLE SILICULEUSE. (Bot.) C'est le thlaspi ou
tabouret perfolié. ( L. D.)
PILOSELLE SILIQUEUSE. (Bot.) Nom vulgaire de Fara-
bette rameuse. ( L. D. )
PILOTE. {Iclilhjol.) Nom spécifique d'un Centronote. Voyez
ce mot. (H. C. )
PILOTRICHUM, Cappe-poil. {Bol.) Genre de plantes de
la famille des mousses , établi par Palisot - Beauvois , qui
ii'avoit pas d'abord été adopté par les botanistes, et que
Bridel a établi et caractérisé ainsi : Péristome double : l'ex-
térieur à seize dents droites et libres; Fintérieur à seize cils
alternes, avec les dents du péristome externe-, coiffe conique
ou en forme de mitre et velue, ce que Beauvois a voulu
exprimer par le nom de pilotrichum.
Les espèces de ce genre ont été rapportées par les bota-
nistes d'abord à Yhypnum, puis au genre Neclcera, et quel-
ques-uns au Crjphœa (voyez Occultine) de Weber. Beauvois
en indique une quinzaine; mais Bridel n'en compte que
neuf, qu'il divise en deux sous-genres, le Pilotrichum et le
Lepidopilum : dans Fun la coiffe est velue et dans le second
elle est recouverte de petites écailles, caractère trop fcible
470 PIL
pour en faire un genre distinct, comme Bridel éfoit porté
à l'établir. Les espèces sont étrangères à l'Europe : elles rap-
pellent les neckera par leur port et leurs habitudes : elles
vivent principalement sur les écorces des arbres; leurs fleurs
sont latérales; leurs feuilles offrent deux nervures, carac-
tère qui ne se trouve point dans le crjphœa, avec lequel ces
espèces ont beaucoup d'affinités. Dans le crjpliœa les feuilles
s^nt à demi nerveuses.
§. 1." Coiffe velue, — Pilotrichiim.
P. A DEUX .CÔTES : P. hiductulosum , Beauv. , Mth. , page 82;
Brid., Musc., Suppl., t, 4, page 141 ; Nectera ^ Schwaegr. Tige
rameuse, droite; rameaux ailés irrégulièrement; feuilles
ovales- lancéolées, très-acuminées, dentelées sur les bords,
marquées de deux nervures, qui s'évanouissent vers la
pointe; capsule ovale, penchée, par suite de ce que le pé-
dicelle est arqué. On ne connoît point la patrie de cette es-
pèce.
P. fougère: p. Jilicinum , Beauv., L c. ; Neclcera fiUcina y
Hedw. , Musc. Frond., 3, tab. 18. Tige rampante, divisée, à
divisions droites, rameuses et ailées; rameaux rapprochés,
cylindriques et un peu comprimés; feuilles imbriquées,
ovales, pointues, concaves, étalées; capsules ovales, recou-
vertes par les feuilles du périchèze, très -longues et poin-
tues; opercule conique. Cette mousse se rencontre sur les
troncs d'arbres , dans les hautes montagnes de la Jamaïque ,
près Colospring, de Saint-Domingue et de lile de Bourbon.
§. 2. Coiffe couverte d'écaillés, -r- Lepidopilum.
P. A PÉDiCELTE CHAGRINÉ : P. scalrisetum , Brid., Musc, 4,
page 141 ; ISeclcera scabriseta , Schwaegrich. , Suppl. , 1, part.
2, page i53, pi. 82. Tige rampante, à rameaux presque
simples et droits; feuilles distiques, ovales -lancéolées, con-
caves, dentelées, à deux nervures; pédicelles très-rudes;
capsule cylindrique un peu penchée. Cette espèce a été dé-
couverte à la Guiane sur les arbres par feu M. Richard.
M. Beauvois rapportoit à ce genre : 1.° le fontinalis pen-
nala^ Linn. , ou neclcera pennata, Hedw. ; 2°l''hj^pnum Smithii,
PIM 47i
Hed^v. , ou lasia Smilliii , Brid. ; 3.° le neckera pumiîa, Brid.,
et le sphagnum arboreuni. Mais toutes ces mousses, qui crois-
sent en Europe, ne peuvent être considérées comme des
pilotrichum , d'après les caractères génériques exposés plus
haut : ainsi ce genre ne contient que des espèces étrangères.
(Lem.)
PILULAIRE. (Entom.) Nom donné par Geoffroy à cer-
taines espèces de scarabées, qui déposent leurs œufs dans
des houles de bouse de vache ou de matières stercorales
d'autres mammifères, qu'ils roulent et transportent à certaines
distances, pour les enterrer dans des cavités naturelles de la
terre ou dans de petites fosses qu'ils ont creusées d'avance
dans le sable ou dans le terrain adjacent. Tels sont les géo-
trupes ou les bousiers, et surtout quelques espèces d'ateuches
et d'onites. (C. D.)
PILULAIRE, Pilularia. (Bot.) Genre de plantes crypto-
games, de la famille des rhizospermes , voisin du marsilea^
Linn., et qui, comme lui, avoit été placé provisoirement
avec les fougères par M. de Jussieu. Ce genre est caractérisé
par la fructification, qui consiste en de petits involucressphé-
riques, de la grosseur d'un petit pois quadrivalve, divisés in-
térieurement en quatre loges; les deux loges supérieures
renfermant chacune douze à vingt corpuscules, considérés
comme des ovaires par Adanson , et les deux loges inférieures
contenant environ trente-deux autres corpuscules, qui sont
des étamincs pour Adanson. Linnasus considère ces involucres
comme des fleurs femelles polyspermes. Les séminulcs sont
tuniquées.
Linnaeus admet que la poussière qu'on remarque à la sur-
face des feuilles , remplit les fonctions de poussière fécon-
dante ; mais les botanistes ne sont point de cet avis.
La PiLijLAiRE A GLOBULES : PU. glohiiUfera , Linn. , Flor. Dan. ,
tab. 223;Lamk., I//.,pl. 862; Bull.,Herb., pi. 576 ; Schkuhr ,
CrjpL, pi. 173 ; Vaill., Par., pi. i5, fig. 6; DilL , Musc,
pi. 79 , fig. 1 ; Juss. , Mém. de l'Acad. de Par. , 1759, page 240 ,
pi. 1 1 ; Pétiver , Herb. , pL 9 , lig. 8 ; Pluk. , Alm. , pi. 48 , fig.
1 ; Moris. , Hist., 3, sect. i5, pi. 7 , fig. 49- Cette espèce, la
seule du genre, est une herbe fine, que l'on prendroit pour
un gazon naissant. Sa tige est grêle, rampante, de deux h
hr^ PIL
trois pouces de longueur, fixée à la terre par des fibres ei
des radicules qtii y tiennent fortement et qui forment des
touffes de distance en distance, d'où partent des feuilles
très-lines, cylindriques, longues de deux à quatre pouces,
géminées ou trigéminées. Près de leur base et sur la tige
naissent les involucres. Ceux-ci sont presque sessiles, coriaces,
velus, d'un brun rougeâtre. Leur forme et leur couleur les
A fait comparer à des grains de poivre par Pétiver, Rai,
Morison , et à des petites pilules par Vaillant, Dillen , Jus-
sieu , d'oij le nom de Pilularia a été donné au genre.
La pilulaire cà globules croît sur la terre dans les lieux
marécageux et sujets à être inondés. Elle forme des gazons
frais d"un vert gai. Elle se rencontre communément en
Suède, en Danemarck , en Angleterre, dans diverses parties
de l'Allemagne, en France. Elle n'exisle point dans les par-
ties les plus méridionales de l'Europe. (Lem.)
PILULARIÉES. (BoL) Voyez Rhizospermes. (Lem.)
PILULE, (Entom.) Nom spécifique d'une espèce de coléop-
fères pentamérés , de la famille des hélocères , du genre Birrhe
de Linnseus , Birrhus pilula. C'est la cistèle satinée de Geof-
froy , tome 1 , page 116, pi. 1 , fig. 8. ( C. D, )
PILUMDUVVA. (Ornith.) Lachesnaye- des -Bois dit, dans
^son Dictionnaire universel des animaux, que ce nom a été
donné au grand ispida des Indes, parce qu'il prend les pois-
sons, et il commet deux fautes dans ce seul article, où il
renvoie au n," 80 du Fauna suecica de Linné, i."' édition,
lequel est consacré aux guêpiers, merops , qui ne sont pas
ichthyophages, et qui étoient alors désignés par ce natura-
liste sous le nom à'ispida., devenu ensuite la dénomination
spécifique de l'alcyon commun, alcedo ispida. (Ch. D.)
PILUMNE, Pilumnus. {Crust.) M. Leaeh a créé sous ce
nom un genre de crustacés décapodes macroures, qui ren-
ferme plusieurs espèces de Cancer de Linné et de Fabricius.
Voyez à l'article Malacostracés , tome XXVIII, page 233.
(Desm.)
PILWENCKGEN. {Ornith.) Voyez Pilente. (Ch. D.)
PIMALOÏ. (Ornith.) Fernandez parle, au chap. 224, de
cet oiseau, sous le nom de pitzmalotl, qui a été abrégé par
Buffon • et, malgré la largeur de son bec, d'autres circQus-.
PIM 473
lances font penser qu'il appartient à la famille des êtour-
neaux. (Cii. D.)
PIMART. {Ornith.) Ce nom est rapporté, par les uns
au loriot , en lui donnant l'épithète jaune , et par d'autres
au pic noir, comme dérivé de picus martius , ainsi que pic-
mart et pieumart. ( Ch. D.)
PIMBERAH. (Erpét.) Séba a parlé sous ce nom d'un énorme
serpent de Ceilan , qui semble être une espèce de Boa , et
qui dévore souvent des daims et des chevreuils. {H. C.)
PIMELA. (Bot.) Loureiro a fait sous ce nom un genre,
qui paroît devoir être réuni au canarium de Linnaeus et qui
renferme plusieurs canarium de Rumph , ainsi que le nana-
rium du même. Il a les mêmes caractères et diffère seule-
ment par un calice à cinq divisions au lieu de deux ou trois ^
six étamines au lieu de cinq , et un stigmate divisé plus pro-
fondément. Ce genre peut aussi avoir de l'aflinité avec le
lursera -. ce qu'il faudroit vérifier sur les plantes vivantes.
Voyez Canari. (J. )
PIMELEA. {Bot.) Uolin, Encycl. Genre de plantes dico-
tylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des thymélées,
de la diandrie monogjnie de Linnaeus, offrant pour caractère
essentiel : \Jn calice (une corolle) tubulé, persistant, à qua-
tre divisions à son limbe; point de corolle; deux étamines
insérées à l'orifice du calice, opposées à ses divisions; un
ovaire enveloppé par le calice à sa partie inférieure; un style
latéral ; un stigmate presque en tête ; une noix à écorce mince ,
coriace; une seule semence.
Ce genre est très-voisin des passerina; il n'en diffère essen-
tiellement que par deux étamines au lieu de huit. Son fruit
consiste en une seule semence, revêtue d'une écorce mince,
coriace. Les modernes lui donnent le nom de raoï'.r .- le calice
qui l'enveloppe en partie, semble converti en péricarpe, et
donner à ce fruit une forme capsulaire ; quelques espèces de
passerina à deux étamines doivent être rapportées à ce genre,
qui d'ailleurs a acquis une nouvelle consistance par plusieurs
belles espèces nouvelles, rapportées de la Nouvelle-Hollande
par M. De Labillardière , et qu'il a fait connoitre. Toutes ces
espèces, d'après l'observation de ce savant voyageur , ont
leur tige et leurs rameaux revêtus d'une écorce tenace, iila'.
474 PIM
menteuse, propre à fabriquer des cordes, et employée sou-
vciit à cet usage par les habitans de plusieurs contrées de la
Nouvelle-Hollande.
PiiViELEA A FEUILLES DE i.iN : Pimeka UnifoHa , Smith , Now.
HolL, 1 , pag. 3i , tab. ii ; Botan. Magaz., tab. 891. Arbris-
seau dont les rameaux sont glabres, filiformes, chargés d'as-
pérités, garnis de feuilles sessiles, linéaires, lancéolées, gla-
bres, entières, longues d'environ cinq a six lignes; les fleurs
sont réunies en tête à l'extréuiité des rameaux, portées sur
un pédoncule commun, long de trois à quatre lignes, épaisses
au sommet; l'involucre a quatre folioles ovales, oblongues;
chaque fleur est sessile, soyeuse, plus longue que Tinvolucre.
Cette plante croit à la Nouvelle-Hollande.
PxMELEA A FELiLLES DE troh:ne ; PimeLeu ligustrina, Labill. ,
Nov. HolL, 1, pag. 9, tab. 3. Cet arbrisseau s'élève à la
hauteur de cinq à six pieds sur une tige glabre , cyliaidrique,
divisée en rameaux alternes, quelquefois dichotomes à leur
somoiet. Les feuilles sont sessiles, opposées, glabres, ovales-
lancéolées, longues de deux pouces. Les fleurs sont réunies
en un paquet globuleux, en tête, pédicellées; l'involucre
a quatre folioles ovales, assez grandes, un peu pileuses en
dedans; le calice estalongé, tubulé, renflé à sa base, velu en
dehors; le limbe a quatre lobes ovales, oblongs; les deux éta-
mines sont saillantes ; l'ovaire est velu vers son sommet. Le
fruit est une noix enveloppée par la base du calice, ovale,
acuminée, à une seule loge et une seule semence. Cette
plante croît dans la Nouvelle-Hollande, au cap Van-Diémen.
PiMELEA A FEUILLES sPATULÉEs : Pïmelca spatulata , Labill., loc.
cit., tab. 4; Poir. , J//. gen. , Suppl. , tab. 902, fîg. 1 . Arbuste
rapproché du précédent, dont il diffère par la forme de ses
feuilles, par sa tête de fleurs moins serrée et point globu-
leuse. Sa tige est droite, haute de quatre à cinq pieds; les
rameaux sont grêles, alternes, élancés: les supérieurs dicho-
tomes; les feuilles opposées, sessiles, oblongues , presque en
spatule, longues d'environ un pouce, larges de deux lignes,
glabres, entières. Les fleurs sont terminales , réunies en une
tête un peu étalée; l'involucre a quatre, quelquefois huit
folioles ovales - oblongues ; les pédoncules sont très-courts.
Souvent du milieu d'une bifurcation s'élève un pédoncule
PIM 475
long d'environ un pouce soutenant plusieurs fleurs. Cette
plante croît au cap Van-Diémen.
PiMELEA ROUILLÉ; Pimelca femiginca , Labill. , loc. cit., tab. 5.
Arbrisseau d'un port élégant, qui s'élève à la hauteur de cinq
à six pieds sur une tige glabre, cylindrique, munie de ra-
meaux épars, très-droits, presque simples. Les feuilles sont
petites, sessiles, opposées, fermes, ovales, nombreuses, gla-
bres, entières, vertes en dessus, d'un jaune de rouille en
dessous, obtuses au sommet, un peu rétrécies à leur base.
Les fleurs sont réunies en petites têtes à l'extrémité des ra-
meaux, accompagnées d'un involucre à quatre ou huit folioles
ovales, presque orbiculaires, glabres, entourées de cils roides
et caduques. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande, au
cap Van-Diémen.
PiMELEA A FEUILLES BLANCHES ; Pimelca n'ivca, Labill. , loc. cit.,
tab. 6. Cette espèce diffère de la précédente par son port,
par le duvet blanc qui revêt la plupart de ses parties. Ses
tiges sont dures, ligneuses, hautes de six à sept pieds; les
rameaux droits, alternes; les supérieurs dichotomes, chargés
vers leur sommet d'un duvet blanc, tomenteux. Les feuilles
sont sessiles, nombreuses, opposées, roides, ovales, un peu
arrondies, un peu roulées à leurs bords, d'un vert foncé en
dessus, tomenteuses et d'un blanc de neige en dessous, ob-
tuses à leurs deux extrémités; les fleurs sont réunies en une
petite tête terminale , munies d'un involucre à deux ou quatre
folioles semblables aux feuilles. Le calice est un tube long,
cylindrique; les quatre lobes du limbe sont ovales, oblongs,
un peu aigus; les étamines saillantes. Cette plante croit au
cap Van-Diémen.
PiMELEA DRUPACÉ : Pimeleu drupacea, Labill., loc. cit., tab. j ;
Poir., m. gen., SuppL, tab. go2 , fig. 2. Arbrisseau dont les
tiges sont droites, hautes de sept à huit pieds ; les rameaux
opposés, velus, alongés, très-simples; les feuilles sessiles, op-
posées, ovales, oblongues, entières, longues de deux pouces,
glabres, parsemées en dessous de quelques poils rarto et cou-
chés. Les fleurs sont velues, réunies en tête, les unes ter-
minales, d'autres axillaires, quelquefois solitaires, munies
de deux ou quatre folioles; le tube du calice est renflé; les
lobes du limbe sont ovales, obtus; les éîamines non saillantes.
47*5 PIM
Le fruif est un petit drupe en forme de baie, noirâtre, pul-
peux, à une seule loge; il renferme une noix luisante, dans
laquelle est contenue une semence d'un blanc pâle. Cette
plante croît à la terre Van-Diémen.
PiMELEA GNIDIEN : Pimelea gnidia, Willd., Spec; Passerina
gnidia, Linn., Suppl.; Banclcsia gnidia, Vorst. , Gen., 8. Cet
arbrisseau a des tiges droites, divisées en branches alternes
et en rameaux très-glabres, garnis de feuilles oblongues, lan-
céolées, médiocrement pétiolées, roides, luisantes, rétrécies
a leur base, glabres, entières, aiguës, sans nervures sensi-
bles; celles qui accompagnent les fleurs sont elliptiques. Les
fleurs sont sessiles , situées à l'extrémité des rameaux, de
moitié plus courtes que les feuilles; le calice velu à Texté-
rieur. Cette plante croît dans les fentes des rochers , le long
des rivages de la mer, et sur le sommet des montagnes, à
la Nouvelle-Zélande.
Pimelea a baguettes; Pimelea virgata , Vahl , Enum., i , p. 3o6.
Arbrisseau dont la tige se divise en rameaux grêles, sôi.ples,
élancés, glabres à leur partie inférieure, hérissés d'aspérités
et de cicatrices, chargés vers leur sommet de poils touffus,
un peu roides. Les feuilles sont à peine pétiolées, nom-
breuses, très- rapprochées, principalement vers l'extrémité
des rameaux, lancéolées, entières, aiguës, parsemées, sur-
tout à leur face inférieure , de longs poils blanchâtres. Les
fleurs sont réunies en tête à l'extrémité des rameaux, velues
en dehors, plus courtes que les feuilles. Cette plante croît
à la Nouvelle-Zélande.
Pimelea velu : Pimelea pilosa , Willd., Spec, i, pag. 5o ;
Passerina pilosa, Linn. , Suppl., 226; Bancksia tomentosa ,
l'orst., Gen., pag, 8. Arbuste chargé de rameaux élancés,
revêtus d'une écorce purpurine, couverts d'aspérités et de
cicatrices, chargés de poils blanchâtres et touffus, glabres à
leur partie inférieure. Les feuilles sont médiocrement pé-
tiolées, étalées, longues d'environ six lignes, tendres, lan-
céolées, entières, glabres, parsemées en dessous de poils
longs, rares et couchées. Les fleurs sont sessiles, solitaires,
situées dans l'aisselle des feuilles, à l'extrémité des rameaux,
rapprochées au nombre de quatre ou cinq ; les lobes du
ealice obtus. Cette plante croit à la Nouvelle-Zélande.
PIM 477
PiMELEA A FLEURS ARQUEES : PimeUa curvijlorq, Rob. Brown;
Noi'. HolL, 36 1 ; Rudg., Trans.soc. linn. , lo, p. 283 , tab. i3 ,
Jfig. 1. Arbrisseau grêle, très-rameux et diffus; les rameaux
cylindriques, étalés, chargés de poils toulTus. Les feuilles sont
éparses, alternes, presque sessiles, ovales, très- entières, gla-
bres en dessus, velues en dessous, longues de trois ou quatre
lignes. Les fleurs sont réunies en petites têtes dans les aisselles
de presque toutes les feuilles, médiocrement pédonculées,
contenant six ou huit fleurs; le tube du calice est velu, un
peu courbé vers sa base, blanchâtre; les lobes du limbe sont
ovales, alongés, obtus; les filamens non saillans; les anthères
en cœur; l'ovaire est glabre , alongé ; le style courbé, plus
court que le tube; le stigmate en tête. Cette plante croit à la
Nouvelle-Hollande, (Poir.)
PIMÉLEPTÈRE, Pimelepterus. {Ichlhf oL) M. de Lacépède
a créé sous ce nom un genre de poissons acanthoptérygiens ,
très- voisin de celui desKyphoscs, qui paroît appartenir,
comme lui, à la famille des leptosomes de M. Duméril, et
que M. Cuvier range dans la deuxième tribu des squami-
pennes.
On reconnoît les poissons de ce genre à leur corps ovale,
comprimé; à leurs dents tranchantes, obtuses , serrées , disposée::
sur un seul rang, dont la base fait une saillie du côté de la bouche,
et que des lèvres membraneuses peuvent recouvrir ; à leurs na-
geoires verticales revêtues d'écaillés dans leur partie molle; à leur
membrane branchiostège soutenue seulement de quatre rayons , et,
de même que les nageoires pectorales , garnie également d'écaillés;
à leurs catopes abdominaux.
On ne connoit encore qu'une espèce de piméleplère 5
c'est :
Le Piméleptère bosquien ; Pimelepterus Bosquii. Lacép. Na-
geoire caudale fourchue, et, comme la dorsale et l'anale,
en grande partie adipeuse et écailleuse ; tête petite; langue
ovale; écailles arrondies, larges, argentines, brunes sur les
côtés; un grand nombre de raies longitudinales brunes.
La taille ordinaire de ce poisson est d'environ sept pouces.
II habite l'Amérique septentrionale et nage à la suite des
vaisseaux qui traversent l'Océan atlantique boréal, où il a
été vu et dessiné par M. Bosc, qui l'avoit d'abord regardé
A78 PiM
comme un gasférostée , voisin du centronote pilote. Les An-
glois le dédaignent ; mais les François recherchent sa chair.
(H. C.)
PIMÉLIATRES. {Entom.) M. Latreille a formé sous ce nom
une tribu d'insectes coléoptères hétéromérés , dont le genre
Pimélie est le type, et qui correspond à la famille des Photo-
phyges de M. Duméril. (Desm.)
PIMELIE, Pimdia. (Entom.) Genre d'insectes coléoptères
a cinq articles aux tarses de devant, quatre à ceux de der-
rière; à élytres durs, soudés, embrassant Pabdomen ; sans
ailes membraneuses, et par conséquent de la famille des pho-
tophyges ou lucifuges, caractérisés en outre par leur corps
ovale, bossu, étroit en devant f par leur corselet arrondi,
rebordé, et par leurs pattes antérieures dentelées.
Ce genre, établi sous ce nom par Fabricius, semble avoir
été emprunté de leur conformation, qui offre beaucoup plus
d'étendue respectivement en largeur et en épaisseur, que
sur le sens delà longueur, et surtout de leur démarche, qui
est lente et comme rendue difficile à cause de la grosseur
de leur corps; le mot TrtfXiXng signifiant gras, qui a trop
d'embonpoint.
Il est facile de distinguer les espèces de ce genre d'avec
celles de la même famille, par la considération do la forme
générale du corps, du corselet, des élytres et des pattes,
ainsi qu'on peut le voir en consultant l'article des photo-
phyges et le tableau synoptique que nous y avons inséré.
On ne connoit pas les mœurs de ces insectes, on n'a pas
observé leurs larves. La plupart des espèces ont été recueillies
dans les pays chauds ou dans les parties méridionales de
l'Europe. Très-peu d'espèces ont été indiquées comme trou-
vées en France. Nous avons fait figurer la seule qu'ait dé-
crite Geoffroy comme observée en Languedoc par l'abbé de
Sauvages, c'est
1.° La PiMÉi.iE MURTQUÉE, Pimelia miiricata.
Voyez dans l'atlas de ce Dictionnaire, planche 14, n.° 2,-
C'est le ténébrion cannelé de Geoffroy, tome 1 , pag. 352,
Car. Noire, élytres à trois côtes longitudinales et à canne-
lures parsemées de points élevés, comme chagrinés,
2." Pimélie lissée, Pimelia Iteyigata,
PIM 479
Car. Noire , à élytres très-lisses , alongés , d'une même cou-
leur.
Fabricius décrit cette espèce comme se trouvant en Hon-
grie ; toutes les autres espèces décrites par le même auteur,
au nombre de trente, sont étrangères à l'Europe. (C. D.)
PIMELITE. {Min.) Il est assez dillicilede trouver des motifs
de quelque valeur, pour admettre comme espèce le minéral
auquel on a donné, avec trop d'empressement peut-être,
le nom de pimelite ; car doit- on regarder comme espèce un
minéral en masse , sans structure ni texture qui indique
vne combinaison réelle des parties, même presque toujours
hétérogène, qui paroît être un mélange de serpentine avec
plus ou moins de silice, de talc et d'eau, et dans lequel
le nickel oxidé, en quantité peu abondante et variable, est
partie colorante P
Telle est cependant le pimelite; c'est Karsten qui, le pre-
mier, a introduit cette espèce, en la plaçant parmi les pierres
siliceuses aquifères, et dans le passage de ces espèces à celles
qui renferment en outre de l'alumine. 11 en distingue même
deux variétés : l'une terreuse ou friable , et l'autre solide ou
endurcie.
Klaproth est le premier et le seul qui en ait donné l'ana-
lyse, et cette analyse, que nous allons rapporter plus bas,
indique une quantité de nickel assez considérable pour avoir
fait soupçonner à M. Berzelius, dans son premier système de
minéralogie, que le pimelite pouvoit bien être un silicate de
nickel avec de l'eau. Dans son ouvrage sur l'emploi du
chalumeau , il le considère comme un talc, c'est-à-dire
comme une pierre magnésienne renfermant du nickel. Il
confirme cette opinion dans son système de 1825, en plaçant
le pimelite parmi les talcs , mais sans le caractériser par
aucune composition définie.
M. Beudant , adoptant l'analyse de Klaproth et la compo-
sition définie qu'en avoit conclu M. Berzelius en 1821 , regarde
le pimelite comme une espèce; M. Philipps le considère de
même. Ainsi , parmi les minéralogistes , les uns placent le
pimelite parmi les silicates de nickel aquifères; les autres
parmi les talcs et serpentines nickélifères. Il faudroit, non pa^
seulement pour se décider, mais pour établir la discussion d&
48o PIM
cette question sur des bases solides, avoir d'autres analyste
que celles de Klaproth, et savoir si les substances qu'il a trou-
vées dans ce minéral d'apparence si hétérogène, s'y présen-
teront deux fois les mêmes dans les mêmes proportions.
Le pimelite, tel que Ta décrit Karsten , a l'aspect terne, la
texture terreuse, plus ou moins compacte, une couleur vert-
pomme ou vert-poireau, d'une intensité très -inégale; il est
tendre, onctueux au toucher (de là son nom).
Exposé au feu dans le matras, il noircit et dégage une eau
qui sent le pétrole. M. Berzelius attribue la couleur qu'il
prend, à la présence d'un peu de charbon, et l'odeur empy-
reumalique ou bitumineuse , à celle de la magnésie. Il est in-
fuslble, mais il se scorifie dans les parties minces et devient
gris sombre.
Il se dissout dans le borax en manifestant la présence du
nickel. La soude y démontre également la présence de ce
métal.
Composition.
Silice. IVickel. Eau. Magnésie. Alumine.
55. i5,62. 07,91. 1,25. 5.10. Klaproth.
Le pimelite se trouve en petits nids ou rognons , dans la
serpentine qui renferme le silex chrysoprase à Kosemitz et
à Baumgarten en Silésie; il est quelquefois traversé de veines
noirâtres, formées de cristaux aciculalres d'amphibole? On
le considère, et peut-être avec raison , comme une chry-
soprase altérée, pénétrant la roche de serpentine qui enve-
loppe ce silex.
« Le docteur Macknight a observé dans le trapp secondaire
« de Tento , en Lanarkshire, une terre qu'il croit analogue
« au pimelite. ^> Léman, Die t. d''hist. nat. (B.)
PIMÉLODE, Pimelodus. (Ichth^^'ol.) On donne aujourd'hui
ce nom à un genre de poissonrs osseux holobranches, abdo-
minaux, de la famille des oplophores, et reconnoissable aux
caractères suivans :
Opercules des branchies mobiles; louche au hout du museau et
garnie de barbillons; dents en velours aux deux mâchoires; les
ititermaxillaires sur un seul rang; deux nageoires dorsales, la se-
PIM 48i
conde adipeuse; corps conique, sans cuirasse et couvert seulement
d'une peau nue sur les flancs.
On isolera sans peine les Pimélodes des Asprèdes, qui ont
les opercules immobiles ; des Loricaires et des Hypostomes ,
qui ont la bouche sous le museau; des Silures, des Schilbés,
des Mackoptéronotes et des Malaptérures, qui n'ont qu'une
nageoire dorsale; des Cataphractes, des Pogonathes, des
Plotoses, des Tachysures , des Macroramphoses, des Cory-
DORAs, des Centranodons , dont la seconde nageoire dorsale
n'est point adipeuse; des Doras et des Hétérobranches , qui
ont le corps cuirassé; des Bagres, dont les dents intermaxil-
laires sont disposées sur deux rangs; des Schals, qui ont celles
de la mâchoire inférieure crochues et rassemblées en un pa-
quet ; enfin, des Agénéioses, dont la bouche est dépourvue
de barbillons. (Voyez ces diflerens noms de genres et Oplo-
PqORES.)
Parmi les espèces de ce genre nous citerons :
Le PiMÉLODE NŒUD : Pimelodus nodosus, Lacép.; Silurus nO'
dosus, Bloch , 568, fig. 2. Une plaque sillonnée, distincte
et bien marquée sur la nuque; nageoire de la queue four-
chue; bouche à six barbillons; un nœud ou une tubérosité
à la racine du premier rayon de la première dorsale.
Ce poisson vit dans les eaux de Tranquebar ; sa ligne
latérale est ondulée ; son dos et sa nageoire anale sont
bleus ; ses autres nageoires brunes; ses côtés et son ventre
argentés.
Le PiMÉLODE CASQUÉ : Pimclodus galeatus , Lacép. ; Silurus
galeatus, Bloch , 069, fig. 1. Nageoire caudale arrondie; tête
couverte d'une plaque osseuse, ciselée et découpée; six bar-
billons; dents petites et semblables à celles d'une lime; pa-
lais rude; langue lisse; premier rayon de chaque nageoire
pectorale dentelé sur les deux bords ; ligne latérale ondulée;
dos bleuâtre; ventre gris; nageoires d'un brun foncé.
De PAmérique méridionale.
Le PiMKLODE CHAT : Pimelodus felis , Lacép. ; Silurus felis ,
Linn. Six barbillons; dos bleu; ventre argenté; base des na-
geoires rougeâtre.
Ce poisson vient des grandes rivières du Brésil et des eaux
douces de la Guiane françoise. A Cayenne, en particulier;
40. 5i
/482 PIM
on le nomme machoiraii blanc, passani ou petite gueule. Sa
chair est ordinairement d'une saveur peu agréable.
Le PiMÉLODE scHEiLAN : Piiuelodus clarius ; Silurus clarias ,
Bloch.Six barbillons, dont les deux des commissures sont d'une
étendue égale à peu près à la longueur totale de l'animal;
mâchoire suj)érieure plus avancée ; yeux grands et ovales ;
une plaque distincte et bien marquée sur la nuque; ligne
latérale courbée vers le bas; le premier rayon des catopes,
de la première nageoire dorsale et des deux nageoires pecto-
rales, osseux, très-fort et denticulé; nageoire anale falciforme.
La teinte générale de ce piniélode, dont le ventre est
blanchâtre, est le gris noir. On le pèche dans les eaux douces
du Brésil, et, dit-on, aussi dans celles du Nil. Mais celte
dernière indication de localité est le résultat d'une erreur
commise par plusieurs ichthyologistes , qui ont confondu le
poisson, dont nous parlons avec le silurus clarias d'Hasscl-
quist, qui est le silurus scluil de Schneider et de Sonnini , et
le pimélode scheilan de M. Geoffroy Saint- Hilaire (Égypt. ,
pi. i3, fig. 5 et 4). Ce dernier est un Schal ou Synodonte.
(Voyez ces mots.)
Le PiMELODE ^KGENTÉ : Piinclodus argeutêus, Lacépède: Si-
lurus Herlzhergii , Bloch , 3Gj. Six barbillons; bouche petite;
mâchoires égales; ligne latérale presque droite; plaque de
la nuque peu apparente.
Ce poisson, qui brille de Péclat de Targent , a seulement,
le dos brunâtre et les nageoires variées de jaune. Les eaux
de Surinam le nourrissent.
Le Pimélode quatre -taches : Pimelodus quadrimaculalus ;
Silurus quadrimaculatus, Eloch , 568, fig. 2. Plaque de la nu-
que peu marquée; six barbillons; nageoire adipeuse très-
loiiffue; quatre taches grandes, arrondies, rangées longitu-
dinalem^nt de chaque coté du poisson, dont le dos est d'un
brun nuancé de violet, le ventre gris, la première nageoire
dorsale jaune à la base, bleuâtre à l'extrémité; mâchoires
é'^ales ; un seul orifice à chaque narine.
11 vit en Amérique.
Le PiMÉLODË MATOU : Piinelodus catus, Lacép. ; Silurus catus,
Linnseus. Plaque de la nuque peu marquée ; huit barbillons;
dos d'une couleur obscure et noirâtre.
PIM 483
Ce poisson, qui parvient à la taille de vingt-deux à vingt-
trois pouces, paroit habiter à. la fois l'Amérique et l'Asie.
Le PiMÉLODE jioi'CHETÉ : Pimelodus guttatus , Lacépède. Huit
barbillons; nageoire anale courte et arrondie; adipeuse
longue; première nageoire dorsale sans aiguillon dentelé;
niàclioire supérieure plus avancée ; premier rayon de chaque
nageoire pectorale dentelé du côté intérieur.
M. de Lacépède a fait connoître ce poisson d'après une
collection de peintures chinoises. Tout son corps est parsemé
de petites taches noirâtres.
Le PiMÉLODE RAYÉ : Pimelodus vittatus ; Silurus vittatus ,
Bloch, 56 1 , fig. 2. Huit barbillons ; plaque de la nuque peu
prononcée; niâclioires d'égale longueur; deux, orifices à
chaque narine; ligne latérale très-droite; premier rayon de
chaque nageoire pectorale et de la première nageoire du
dos, dentelé.
Ce poisson , remarquable par le châtain de sa couleur géné-
rale et la teinte cendrée de son ventre, habite Tranquebar.
Le PiMÉLonE Thcneerg : Pimelodus Thunherg , Lacépède;
Silurus maculatus, Thunb. {Act. SLockh., 1792 ). Plaque de
la nuque peu marquée; six barbillons; une tache noire sur
la nageoire adipeuse, un aiguillon à chaque opercule.
De la mer des Indes orientales.
Le Pi.MÉLODE ÉRYTHROPTÈRE : Pimelodus crythropterus , Lacép. ;
Silurus erythropterus . Bloch, 069, fig. 2; Silurus clarias , Gro-
now , Linnœus. Huit barbillons ; nageoire adipeuse longue ;
nageoire caudale à deux lobes très-alongés et rouge comme
les autres; nageoire adipeuse très -longue; barbillons des
coins de la bouche fort prolongés; langue courte, cartilagi-
neuse et lisse; dos et c6(és brunâtres; ventre gris.
De l'Aniériquc.
On doit encore ranger dans le genre Pimélode , le Pimelodus
cyclopum , observé par M. le baron de Humboldt dans les
eaux thermales des volcans en activité de la chaîne des
Cordillères; le Silurus hemioliop ter us de Schneider, et le Pime-
lodus hisculatus de M. Geoffroy, ainsi que le Tachysure chinois
de M. de Lacépède. (H. C.) ,
, PIMÉLODE BAGUE. (Ichthjol.) Voyez Bagrê, dans le
Supplément du tome III de ce Dictionnaire. (H. C. )
484 PIM
PIMÉLODE BAJAD ou BAYAD. (Ichthjol.) Voyez Bavad
dans le Supplément du tome JV , page 62, de ce Diction-
naire. (H. C.)
PIMÉLODE BARBU. (IcMijol.) Voyez Bagre dans le Sup-
plément du tome III de ce Dictionnaire. ( H. C. )
PIMÉLODE CHINOIS, (/chf/ijo/.) Voyez Tachvsure. (H. C)
PIMÉLODE DE COMMERSON. (Ichthj^ol.) Voyez Bagre
au même endroit. (H. C.)
PIMÉLODE DOCMAC. (IchthjoL) Voyez Bayad, au lieu
précité. (H. C.)
PIMÉLODE MEMBRANEUX. {IchthjoL) Voyez Shal.
(H. C.)
PIMÉLODE SYNODONTE. (Ichthjol.) Voyez Shal. (H. C.)
PIMENT, Capsicum. {Bol.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalées , de la famille des solanées ,
de la pentandrie monogfnie, offrant pour caractère essentiel;
Un calice persistant, d'une seule pièce, à cinq découpures;
une corolle en roue; le tube très-court ; le limbe à cinq lobes ;
cinq étamines ; les anthères oblongues . s'ouvrant dans leur
longueur; un ovaire supérieur; un style; un stigmate obtus;
une baie sèche, enflée, soutenue par le calice, à deux ou
trois loges; les semences nombreuses.
Ce genre, intéressant par l'usage que Ton fait des fruits
de la plupart de ses espèces, toutes originaires des Indes, est
tellement naturel, que la réforme la plus subtile n'a pu en-
core le démembrer : il en résulte aussi que ces mêmes espèces
sont tellement rapprochées, qu'il est, pour la plupart, diffi-
cile de les bien caractériser. La forme des feuilles, même
celle des fruits, est souvent A^ariable. Ces plantes sont herba-
cées, bien plus souvent ligneuses; les feuilles entières, éparses
ou géminées; les pédoncules uniflorcs, hors de l'aisselle des
feuilles, solitaires ou quelquefois fascicules; les fruits vésicu-
leux, d'un beau rouge de corail, d'une saveur acre et brû-
lante , d'où vient le nom de capsicum , mot tiré du grec ')(jt7rm ,
je mords.
Piment annuel : Capsicum annuum , Linn. , Spec, Lamck.,
Jll. gen. , tab. 1 1 6 , fig. 1 : l.oh^l , Icon. , 3 1 6 ; Rhéed . , Malah. ,
2 , tab. 35, vulgairement le Poivre long, Corail des jardins.
Plante herbacée, annuelle, haute d'environ un pied. Sa tige
PIM 485
est cylindrique, presque simple; ses feuilles sont alternes,
pétiolées, ovales, aiguës, très-entières, quelquefois réunies
deux à deux; les pétioles très-longs, un peu pubescens, ainsi
que les tiges. Les fleurs sont solitaires, latérales; les pédon-
cules fort longs, plus ou moins courbés; le calice est très-ou-
vert; la corolle blanchâtre, à cinq lobes aigus, ouverts en
étoile; les anthères sont bleuâtres parla dessication. Le fruit
est une baie sèche , très- lisse , alongée , d'un rouge vif oU
jaunâtre, vésiculeuse, renfermant, dans deux loges, beau-
coup de semences aplaties : la forme de ce fruit est très- va-
riable ; il est alongé , étroit, aigu ou court, très-renflé, ob-
tus et même quelquefois échancré au sommet. Cette plante
croît naturellement dans les Indes , d'où elle a été trans-
portée en Amérique et en Europe.
Toutes les parties de cette plante ont une saveur extrême-
ment acre et brûlante, particulièrement les fruits, qu'on ne
peut essayer d'avaler sans éprouver à la gorge une saveur
piquante et douloureuse. Ces fruits sont cependant la seule
partie employée tant dans les alimens qu'en médecine, et
malgré leur grande activité dans les organes salivaires , les
Indiens les préfèrent au poivre ordinaire et les mangent crus.
On les confit aussi au sucre , et Ton en porte sur mer pourser-
vir dans les voyages de long cours : i!s excitent l'appétit, dis»
sipent les vents et fortifient l'estomac , à ce que l'on prétend ,
suptout dans les pays chauds; mais la sobriété, comme je l'ai
éprouvé moi-même, est le meilleur moyen de rendre les di-
gestions faciles, et non ces substances brûlantes, qui ne
peuvent être considérées que comme remèdes pour des esto-
macs trop surchargés de nourriture. On cueille aussi les pi-
mens en vert, et lorsqu'ils ne font que nouer; on les fait ma-
cérer quelques mois dans le vinaigre, et on s'en sert ensuite,
en guise de câpres et de capucines, pour relever les sauces
par leur saveur piquante.
La plupart des autres espèces de piment sont en usage chez
les Indiens, qui en mêlent dans leurs ragoûts : elles sont en-
core plus acres que celle dont nous venons de parler; néan-
moins ces peuples en font des espèces de bouillons ou de
décoctions très-fortes, qu'ils boivent avec plaisir. Un Européen
ne pourroit seulement en avaler une cuillerée sans se croire
486 PIM
empoisonné. Les Portugais établis dans ces contrées appellent
ces potions stomachiques caido di pimento. En Europe les vi-
naigriers en mettent quelquefois dans leur vinaigre pour le
rendre plus fort .- on les mêle aussi aux cornichons que l'on
confit dans le vinaigre.
Voici la manière dont les Indiens préparent ces fruits pour
leur usage , et qu'ils nomment beurre de cajan ou pots de
poivre. D'abord ils les font sécher à l'ombre, puis à un feu
lent, avec de la farine , dans un vaisseau propre à cela; en-
suite ils les coupent bien menus avec des ciseaux, et sur
chaque once de fruits ainsi coupés, ils ajoutent une livre de
la plus fine farine pour les pétrir avec du levain comme
de la pâte. La masse étant bien levée , ils la mettent au four;
quand elle est cuite, ils la coupent par tranches, puis ils la
font cuire de nouveau comme du biscuit ; enfin , ils la ré-
duisent en une poudre fine, qu'ils passent par un tamis. Cette
poudre est admirable, selon eux, pour assaisonner toutes
sortes de viandes : elle excite l'appétit ; elle fait trouver les
viandes et le vin agréables au goût; elle facilite les diges-
tions, et provoque les évacuations de l'urine, etc.
Les vapeurs que répandent les fruits mûrs des différentes
espèces de capsicum , lorsqu'on les jette sur un brasier ardent ,
sont très - pernicieuses ; elles occasionnent des étcrnuemens ,
une toux violente et même des vomissemens, à tous ceux
qui y sont exposés. Quelques personnes se sont fait^un jeu
de mêler de la poudre de piment avec du tabac ; mais cette
plaisanterie est très-dangereuse: car, si la dose est trop forte,
elle excite des éternuemens si violens, qu'ils occasionnent
souvent la rupture de quelques vaisseaux.
Piment frutescent: Capsicum frutescens, Linn.,Sp., Lamck.,
JU. gen., lab. 116, fig. 2; Rumph., Amb., 5, tab. 88, fig. 3;
Clus. , Exot. , 040 , fig. 2. Cette espèce a des tiges ligneuses,
un peu rudes au toucher, légèrement pubescentes, ainsi que
toutes les autres parties de cette plante; les rameaux sont
roides, nombreux, anguleux; les feuilles alternes ou gémi-
nées, ou opposées aux jeunes rameaux, ovales, lancéolées,
aiguës; les supérieures plus étroites, un peu ciliées à leurs
bords; les pétioles plus courts que les feuilles. Les fruits
sont solitaires, latéraux; les pédoncules droits, renflés vers
PIM 487
leur sommet; les dents du calice très-courtes; la corolle est
petite, blanche ou jaunâtre; les lobes de son limbe lancéolés^
aigus; une baie oblongue, obtuse, de la grosseur d'une pe-
tite olive, d'un jaune roussàtre. Cette plante croît dans les
Indes et à l'ile de Ceilan. On la cultive dans plusieurs jar-
dins.
Piment cerise : Capsicum cerasiforme , Poir. , Encycl.; AVilld.,
Enum. ; Piper siliqiia parva, J. Bauh. , Hist. , 2 , pag. g44« Celte
espèce , qui n'est probablement qu'une variété de la précé-
dente, s'en distingue par ses baies arrondies, globuleuses,
presque de la grosseur d'une cerise. Sa tige est médiocre-
ment ligneuse , glabre, rameuse, un peu quadrangulaire;
les feuilles sont éparses , alternes , glabres , lancéolées , un
peu ovales, pétiolées, acuminées à leur sommet. Les fleurs
sont solitaires , latérales , supportées par des pédoncules
redressés, longs d'un pouce ; leur calice est court, cam-
panule, comme tronqué, à peine denté; la corolle d'un
blanc jaunâtre, à cinq découpurcis un peu aiguës; les fruits
rouges ou jaunâtres. Cette plante croit au Brésil. On la cul-
tive au Jardin du Roi.
Piment a petites baies : Capsicum laccalum, Linn. , Sjjcc;
Rumph . , Amboin. f 5, tab. 88, fîg. 2; Clus. , Car. post. , 55;
J. Bauh., 2, page 944; Sloan., Jam. Hist., 1, tab. 146,
£g. 2, vulgairement Poivre de poule. Poivre d'oiseau. Cette
plante a une tige rameuse, haute de plusieurs pieds, striée,
presque glabre; les rameaux divariqués, flexueux à leurs ar-
ticulations. Les feuilles sont alternes, pétiolées, presque en
cœur, glabres, tendres, acuminées, solitaires ou géminées;
les fleurs sont, la plupart, deux à deux, un peu au-dessus
de l'aisselle des feuilles; les pédoncules droits, pubescens,
ainsi que les pétioles: le calice à cinq dents; la corolle est
d'un blanc jaunâtre, fort petite, à cinq lobes courts, obtus.
Le fruit est une baie globuleuse, un peu ovale, glabre, à
peine de la grosseur d'un pois, rouge ou un peu jaunâtre.
Cette plante croit dans les Indes: on la cultive au Jardin du
Roi.
Piment a gros fruits : Capsicum grossum , Linn., Spec. ;Besl.,
Hort. eyst, aut., 2 , tab. 2 , fig. 1 , vulgairement le Poivre de
GuiKÉE. Sa tige est un peu ligneuse, médiocrement pubes-
488 PIM
ceute , anguleuse, comprimée à son sommet. Les feuilles
sont molles, un peu pendantes sur leur pétiole, alternes,
ovales, lancéolées, aiguës, à peine plus longues que leur pé-
tiole; le calice est presque glabre, à cinq dents subulées; la
corolle fort petite, d'un blanc jaunâtre, à cinq lobes ; le
fruit une baie globuleuse, mais variable dans sa forme et sa
grosseur , d'un beau rouge vif, à peu près de la grosseur
d'une orange; les pédoncules sont renflés vers leur sommet.
Cette plante croît dans les Indes : on la cultive au Jardin
du Roi.
Piment conique ; Capsicum conicum , Poir. , Encycl. , n.** 7.
Cette espèce a tant de rapports avec les autres de ce genre,
qu'on ne peut guère la distinguer , peut-être comme variété,
que par la forme de ses fruits , longs d'environ un demi-
pouce, d'un rouge très-vif, très-gros et un peu ventrus à
leur base, rétrécis à leur sommet en un cône obtus, très-sou-
vent redressés sur leur pédoncule; les tiges sont ligneuses, un
peu angiileuses; les feuilles plus petites que dans les autres
espèces, lancéolées, aiguës; les fleurs solitaires; le calice est
campanule, divisé à son orifice en cinq dents courtes; la
corolle d'une grandeur médiocre, d'un blanc jaunâtre, très-
ouverte. Cette plante croît dans les Indes orientales : on la
cultive dans plusieurs jardins. (Poir.)
PIMENT DES ABEILLES. (Boi.) C'est la mélisse officinale.
(L. D.)
PIMENT DES ANGLOIS. {Bot.) Nom d'une espèce de
myrte , mjrtus pimenta. ( L. D. )
PIMENT AQUATIQUE , PIMENT D'EAU. {Bot.) C'est la
renouée poivre d'eau. ( L. D.)
PIMENT DES MARAIS. (Bot.) Nom vulgaire du gale odo-
rant. ( L. D. )
PIMENT DES MOUCHES. {Bot.) C'est encore la mélisse
officinale. ( L. D. )
PIMENT ROYAL. {Bot.) C'est encore le gale odorant.
(L.D.)
PIMENTA. {Bot.) Voyez QaivA. (J.)
PIMENTO DE CHAPA. {Bot.) L'espèce de myrte, indi-
quée par Plukenet sous ce nom espagnol , avoit été rap-
portée par Linneeus à son mjrtus carjopJvyllata. Swartz a re-
PIM 489
connu qu'elle étçit différente , et l'a nommée mjrtus acris.
Une autre espèce voisine, nommée toutépice dans les colonies ,
parce que toutes ses parties sont aromatiques, est le myrtus
pimenta de Linnaeus. Plusieurs espèces de poivre, piper, sont
nommées pimento dans les colonies espagnoles. (J. )
PJMENTO A CHAPEAU CONCAVE. (Bot.) Pallas (vol. 1 ,
pages 69 et 90) donne ce nom aux peziza cochleata, scutel-
lata et pedunculata, communes dans les forêts de pins des en-
virons de Mourum , en Russie. (Lem.)
PIMINA. (Bot.) Les Canadiens nomment ainsi une variété
de l'obier, vihurnum opulus , qui, selon Duhamel, est précoce
et porte de grandes fleurs. (J.)
PIM-LAM. [Bot.) Nom chinois, cité par le père Boyne ,
missionnaire jésuite, du palmier arec, areca c athée u , qui est
\e faiifel des Arabes: le pinanga des Malais, suivant Rumph.
(J.)
PIMOUCHE. {Bot.) Dans l'Anjou, on donne ce nom à
l'ivraie vivace. (L. D.)
PIMPANELO. {Bot.) La pivoine porte ce nom en Langue-
doc. (L. D.)
PIMPERNEAU. {Ichthfol.) Les pêcheurs de la Basse-
Seine donnent ce nom à une variété de l'anguille, dont la
teinte est brunâtre. Voyez Anguille. (H. C.)
PIMPILIM. {Bot,) Voyez Fulful. (J.)
PIMPINELLA. {Bot.) Sous ce nom C. Bauhin et d'autres
confondoient deux genres de familles très-différentes ; savoir :
le sanguisorba de Fuchs et Cordus, qui est la pimprenslle,
pimpinella de Tournefort , sanguisorba de Linnaeus, de la fa-
mille des rosacées, et le fragoselinum de Taberna;montaiu)s
et de Tournefort, qui est le boucage , auquel Linnaeus a res-
titué ou conservé le nom de pimpinella. Un autre genre , voisin
du sanguisorba, est le polerium , auquel se ra'pportent , soit
la pimprenelle sauvage , pimpinela des Languedociens , soit
la pimprenelle épineuse, nommées l'une etV autre pimpinella
par C. Bauhin, Morison et Tournefort. Voyez Boucage. (J.)
PIMPINICHI. {Bot.) Voyez PiNmMCHi. (J.)
PIMPLA. {Entom.) Fabricius a formé un genre d'insectes
hyménoptères sous ce nom pour placer les espèces d'ichneu-
mon à abdomen sessile et cylindrique. (Desm.)
A90 PIM
PIMPRENELLE: Poterium, Linn. (Bot.) penve de plantes
dicotylédones de la famille des rosacées, Jiisf., et de la mo-
noécie polyandrie . Linn., dont les fleurs sont monoïques . dioï-
ques ou polygames, et présentent les caractères suivatis :
Dans les fleurs niàles : un calice nionophylle , partagé jusqu'à
moitié en quatre divisions ovales, conciives, persistantes,
et muni extérieurement de trois écailles: point de corolle;
environ trente étamines à filamens plus longs que le calice.
Dans les fleurs femelles: calice et corolle comme dans les
ïnàles ; deux ovaires supères, surmontés de deux styles ca-
pillaires, terminés par des stigmates en pinceau. Ces ovaires
deviennent deux graines, renfermées dans le calice, qui
prend l'apparence d'une capsule ou d'une iîaie.
Les pimprenelies sont des plantes herbacées ou des ar-
bustes, à feuilles ailées avec impair, et à fleurs rapprochées
en tête terminale. On en connoît huit espèces, dont trois
croissent naturellement en Europe.
PiMPFENELLE COMMUNE : Poteriiiin sanguisorba, Linn., Spec. ,
3411 ; Lamk., lllustr.^ t. 777. Sa racine est alongée , rou-
geâtre , vivace, divisée en plusieurs fibres; elle produit une
tige droite, haute d'un pied ou un peu plus, légèrement an-
guleuse, un peu rameuse , garnie, surtout à sa base, de
feuilles ailées, légèrement velues sur leur pétiole, compo-
sées de onze cà vingt- une folioles presque égales, arrondies
ou ovales, glabres, dentées assez profondément. Les fleurs
sont verdàtres, disposées à l'extrémité de la tige ou des ra-
mea-ix en épis courts, resserrés en tête ovale ou arrondie.
Ces fleurs sont sessiles, les unes mâles, à trente ou quarante
étamines beaucoup plus longues que les calices, les autres
femelles à stigmates plumeux et rougeàtres. Cette espèce
croît dans les prés secs, et dans les bois montueux en France
et en Europe.'
La pimprenelle a une saveur astringente et légèrement
amère. Elle a passé pour apéritive , diurétique, vulné-
raire, et on l'a conseillée dans la gravelle, les obstructions,
l'hémoptysie, la dyssenterie , etc. ; mais elle n'a jamais été
très- usitée en médecine et aujourd'hui surtout elle l'est
encore moins.
Comme assaissonnement dans les salades, ses feuilles sont
PIM A9t
d"im «sage assez fréquent, et par leur qualité un peu toni-
que, elles relèvent agréablement le goût, et lacilKent lu di-
gestion des autres herbes, ordinairement plus fades, aux-
quelles on les joint. On les met aussi quelquefois dans les
bouillons aux herbes.
On cultive la pimprenelle dans les jardins à cause de son
emploi comme assaisonnement, et le plus souvent on la
plante en bordures qu'on fait, soit de semis, soit en éclatant
en automne Its rac'iies des vieux pieds.
Les moutons, les bœufs et les vaches aiment beaucoup la
pimprenelle, et cela a engagé quelques agronomes à culiiver
cette plante comme fourrage. Elle a l'avantage de venir dans
les terrains les plus maigres, la où la luzerne et le sainfoin
ne peuvent réussir ; eile a aussi celui de résister aux grandes
sécheresses . et de conserver ses feuilles pendant que celles
des autres j)lantes sont desséchées et grillées par la chaleur du
soleil, et sous ce rapport elle pourroit être d'un grand se-
cours pour les troupeaux pendant lété , surtout dans les
pays du Midi.
Pimprenelle hybride, Linn., Spcc, 1412. Ses tiges sont ra-
meuses, un peu velues, hautes de deux pieds ou euvirou.
Ses feuilles sont composées de cinq à onze folioles ovales,
pubesccntes, dentées; dans les feuilles radicales, les folioles,
toujours plus nombreuses (tue dans celles tiges, sont entre-
mêlées de deux paires de folioles arrondies, beaucoup plus
petites que les autres. Les ileurs sont réunies au soinmet des
tiges et des rameaux en petites têtes arrondies, et leurs éta-
mines sont à peine plus longues que le calice. Cette plante
croît naturellement dans le Midi de la France et de l'Eu-
rope.
Pimprenelle épineuse; Paterium spinosnm , Linn., Sp., 1412.
Sa tige est ligneuse, frutescente, haute de trois à quatre
pieds, divisée en rameaux tortueux, très- étalés, pubescens,
chargés d'épines rameuses, très - piquantes , et garnis de
feuilles ailées , composées de folioles plus ou moins nom-
breuses, ovales, crénelées, glabres en dessus, souvent très-
velues, et presque cotonneuses en dessous. Ses Heurs for-
ment par leur rap[/rochemeiit de petites têtes ovales, dis-
posées au sommet des rameaux. 11 leur succède de petites
492 PIM
baies charnues et arrondies. Cette plante croît naturelle-
ment dans lile de Candie, dans plusieurs îles de l'Archipel,
du Levant et en Italie. (L. D.)
PIMPRENELLE D'AFRIQUE. (Bot.) On cite sous ce nom
le mélianthe. ( J. )
PIMPRENELLE AQUATIQUE. {Bot.) Dans quelques can-
tons on donne ce nom au samole de Valerandus. (L. D.)
PIMPRENELLE BLANCHE. (Bot.) C'est le boucage saxi-
frage. (L. D.)
PIMPRENELLE COMMUNE ou PIMPRENELLE D'ITALIE.
(Bot.) Nom vulgaire de la sanguisorbe officinale. ( L. D. )
PIMPRENELLE DE LA NOUVELLE ZÉLANDE. {Bot.)
Ce nom a été donné à I'Ancistre. (Lem. )
PIMPRENELLE SAXIFRAGE. {Bot.) C'est encore le bou-
cage saxifrage. (L. D.)
FIN DU QUARANTIEME VOLUME.
ÇTRASBOLAG, de rimprimerie de F. G. Levrault, impr. du Rc
CARTE GÉNÉRALE
DE LA GRÈCE
ou
TURQUIE D'EUROPE,
PARTIE MÉRIDIONALE,
Présentant, d'après les meilleures cartes et les documens les plus récena,
les divisions, tant de cette partie de l'empiré Ottoman, que de la Grèce
ancienne et moderne.
A L ECHELLE DE"
1,600,000
Une feuille grand colombier vélin. Prix : 3 francs.
Cette carte, lithographiée avec un grand soin, indique, sur
une échelle double de presque toutes les cartes existantes, tous les
lieux qui sont le théâtre de la guerre actuelle entre les Grecs et les
Turcs, tant sur terre que sur mer. Les provinces , villes , fleuves et
montagnes remarquables y sont désignés par leurs noms anciens et
modernes.
Une seconde carte, qui paraîtra prochainement , comprendra In
partie septentrionale de la Turquie d'Europe, depuis Constantinople
jusqu'aux frontières des empires d'Autriche et de Russie,
^Urroùrw d& ^.= ^ .t£e'i/ramr,
EXTRAIT
b^s ^^&>Xi^ ^i ^^0ttb5
ET D'ASSORTIMENT.
^.
i^t-rej 'n(H(/v^ai/^.
A PARIS, RUE DE LA HARPE, W" 8l.
A STRASBOURG, rue des juifs, n» 33.
AVRIL 182.5.
Imprimerie de Marchand du BREtii^,
Rue Je la Harpe, n° 80.
(Âj ùv^v^ /wiùr ùeâfde aoj jcicnccs UrtiurcffcS, Âai(/r
['(trt miltiaire.
fy^/trciie/i/e ai/Jj//iu^j(,eM7tf occ/f^'aaeJ cie /i/uioJo/incej
i./mJ. (0(H/Ji9t/ /cj '^■f'a^^&f ae ty/S. .2/). t/cewar/'j eàc.
oS-ne caUec/con de dv^^&j mta^ccuj j ecâàcond eù&
au M c(//ef<a/a^'e e/ CO' Mrcoue CMiauc^ufe dori/
en. /^u(^ c^cuc^'^e&f en- <^^'rance.
.tz^O' maujon ^z.ev^'au// ■f'e/nAu^'a avec em/irelde-
meJi/j <5C acùv concùûonà /ej ///aà /avof'ci^/e^ Âa/jw^j
/oiic&f IcJ com'?na/fu/eJ a-uc wc àe^'O'??/ aar^eeJ.
£l)ej ^eui/to9iJ àrcj'di/cviej avec c iy^uemaane et
C tiy&^taceàer/<e Âa. aonnen/ /e 'mo?y^n ae /mM'^^i^r
/iromA/e?nen/^j a aeJ concaào7U a/i/a/?daa€ajej , U'J &a-
0ue acjâ?^wue, àaoj IcJ niaufj ane na/ics acj cw-reJ
noiwecuav ata Âa^a^ef^i/ en ^ra//tce ^ ÔC âoiùf ccj
auaére moùf a?z (ûa^au>aae c^ aiùV'?'aaeJ rece?n?ne?ï/
/uwu^ en. >L/^Cùe^iaa?ie.
TABLE DES DIVISIONS DU CATALOGUE.
Dictionnaires, Traités, Journaux scientifiques, etc P^^g^ i
Physique et Astronomie. 5
Chimie 7
Géologie 10
Cristallographie, Minéralogie, Métallurgie i3
Botanique, Agriculture i5
Anatomie et Zoologie , . . 22
Divers ouvrages sur la Médecine 27
Philosophie, Littérature, Voyages 28
Éditions classiques à l'usage des collèges 32
Livres de fonds pour l'étude des langues 33
Livres anglais 34
Ouvrages de fonds sur l'art militaire 36
Nota. L'astérisque (*) distingue les livres de fonds de ceux d'assortiment.
Liste par noms cl' Auteurs , pour faciliter la recherche des livres de
Sciences naturelles.
Pages.
Accum "
Ampère 6
Avago 7
AuLuisson (d') io> 12
Bailly 6
Beithollet 7' ^°
Bertiaiid-Roux 12
Beudant 6, i/f,
Berzelius 8, 10,
Biot 6
Blainville 24, 25
Bonpland 1^
Bouillon-Lagiange 7
Braid i4
Breislack 10
Bioccbi ij
Brochant de Villiers i3, 14
Brongniart ( Ad.) 4j i»
Brongniart(Alex.) la, i3,
Biiffon 3
Cadet 7
Casslni 17
Caventou 8
Chaptal 10
Charpentier 1 1
Chevreul 8, 9
Conybeare 12
Curtis 17
Cuvier (G.) 4' "»
Cuvier (F.) 22
Davy 8
DecandoUe 16
Defrance 12
Deleuze 5
Desmarest 26
Despretz 6
Duhamel 19
Duméril 4? 25^
Faujas 1I5 i'^
Fée 18, 19
Férussac 4
Fourcroy 7
Gay-Lussac 6, 7
Gmelin 9
Pages.
Graffenauer 10
Gueiiyveau i5
Guyton-Morveau 7, 10
Haùy 5, 1 3
Hermann 26
Hnmbohlt 10, 11
Julia Fontenelle lo
Jussieu ( L. A. ) i5, 16
Jussieu iils ■ 18
Ket'crstein 12
Karsten i5
Kunth i6
Lacépède 22
Lamarck 24, 25
Latreille 24
Lavoisier 7
Leonhardt 1 1
Lepelletierde St.-Faigeau. 26
Linnée 4
Loljstein 24
Loiseleur-Deslongchamps. 17, i^
Lucas 14
Manson i5
Marcel de Serres 24
Mérat 18
Mirbel 16
Mohs 14
Orfila 7
Parkinson • 12
Parmentier 9
Pelletan d, j
Persoon 16, 18
Poiret 16
Philips 12, 14
Poiteau 19
Rozier 19
Richard 16
Thénard 6, 7
Thomson 7
Turpiu 19
Ure.. 7
Vaucher 1»
Villars o> '<»
Virey H
^
HMiiMiiiiiiiUH|wwMiin|ÉigTiniinMj|mnimM
umWM tO^ÊkmimMmmiHtJKm mSm .■niJTii WM ■ ■■ iiiWi ■ tr (Ji^ '
OUVr,AGES NOUYEAUX
Qui seront prochainement publies chez les mêmes libraires
à Strasboiirg et à Paris :
TRAITÉ DES ARBRES FRUITIERS , par DUHAMEL DU
MONCEAU. Nouvelle édition, augmentée J'un grand nombre
de fruits, les uns échappés aux recherches de Duhamei, les
autres obteuiis depuis des progrès de la culture, par A. POrfEAU
et P. TURPIN ] ouvrage orné de figures imprimées en couleur et
relouchtes au pinceau sur les originaux peints d'après nature par
les auteui~ mêmes. Il se composera de 68 livraisons in-folio,
format nom de Jésus, contenant chacune 3 à 4 feuilles de texte ,
imprimé sur papier vélin d'Annonay, et 6 figures coloriées avec
le plus graad soin. Dans le double but de satisfaire à l'impa-
tience des anciens souscripteurs et de donuer toute facilité pos-
sible aux nouveaux amateurs qui voudront acquérir l'ouvrage,
les at) livraisons déjà publiées sont remises en souscription et
paraissent avec les nouvelles, alternativement de mois en uaois-,
la 8.' (comprenant le 33.* cahier), paraîtra le 3o Avril, et les
suivantes le 3o de chaque mois, sans interruption.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALESSUR LACLASSEDES t-R^'g.
TACÉS , et Description des espèces de ces animaux qui vivi-n?
dans la mer, sur les côtes, ou dans les eaux douces de la Fra'tice ,
par Anselme-Gaétan DESMARESTj un volume in-S.", grand
papier, cartonné, et avec 56 planches (noires ou coloriées).
MANUEL DE MALACOLOGIE ET DE CONCHYLIOLOGIE ;
par H.M.Dbcbotay DEBLAIIN VILLE, i vol. in-S.'de texte, avec
,o«'T*»"««*«^înoîi'es «u coloriées), dessinées par M. PRÊTRE,
et gravées en taille-douce avec le plus grand j^oîn sous la direc-
tion de M. TtJKriw.
CARTE GÉNÉRALE DE LA GRÈCE, ou Turquie J'Europe ,
partie méridionale, prtscntaiit, d'après les meilleures cartes et
les documens les plus récens, les divisions, tant de cette partie
de l'Empire oltornan , que de la Grèce ancienne et moderne,
à l'échelle de 7—-^; une feuille grand colombier yélin.
JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ DF.S SCIENCF.S , AGRICUL-
TURE ET ARTS , du département du Bas-Rhin.
Ce Journal est divisé en quatre parlics : Linérature, Sciences
et ArlSf Médecine et Agricuhure, qui contiennenl les travaux
des quatre sections de la Société qui y correspoudent. Un article
Farit'.cs conlicnt les nouvelles littéraires et scientifiques et des
annonces d'ouvrages marquais.
11 paraît par irimeslrc un or.hicr de 6 à 8 feuilles, avec des
planches, quand la matière le comporte. ,
L'abonnement annuel est de jo f:ancs , jranc de port par la poste.
On peut se procurer au même prix les s-^truées 1824 et i8;;5.
1!
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